— Par Anne-Sophie Chazaud, philosophe, haut fonctionnaire et auteur d’un livre à paraître aux éditions L’Artilleur consacré à la liberté d’expression, à paraître en avril 2020.—
« Il suffit d’écouter chaque matin une déclaration de Sibeth N’Diaye, et l’on peut être sûr que la réalité démontrera l’inverse le soir même. »
La crise sanitaire que nous traversons est la révélatrice de toutes les autres : sociale, économique, financière, politique, culturelle, idéologique. Elle fonctionne, à ce titre, non seulement comme une maladie collective (ne jamais oublier que pandémie et démos partagent, par nature, le même radical étymologique) mais aussi comme un symptôme dont il importera, le moment venu, d’analyser ce qu’il a à nous dire et d’en tirer tous les enseignements.
Une parole disqualifiée
Or, s’il est un aspect de la gouvernance actuelle dont cette crise manifeste avec fracas l’ineptie, c’est bien celui de la parole publique et de ses choix communicationnels, totalement et durablement disqualifiés, à la fois cause et conséquence d’un immense déficit de confiance, particulièrement préjudiciable en la circonstance.
Plus précisément, le choix de la communication en lieu et place de l’action publique, en leurre ou en dissimulation de celle-ci, produit désormais le spectacle d’un pathétique et coupable naufrage.