Catégorie : Politiques

Le passé hante le présent

— Par Max Pierre-Fanfan, Journaliste à la revue « Esprit » (revue littéraire et philosophique) Écrivain —

Le passé passe mal…Le passé mal passé, mal vécu devient la condition de notre cécité quant au présent…Le passé s’il est mal dit offre la meilleure façon de se tenir dans un état de cécité quant au futur…

Le passé n’est jamais un moment de coupure claire et définitif ; il revient et re-mord. Ainsi les divergences apparurent au 19ème siècle concernant la figure complexe de Victor Schœlcher rencontre derechef un écho aujourd’hui ; au point de relancer la bataille des symboles.

Lors du 22 mai 2020, jour de commémoration du soulèvement des esclavagisé-es et qui a abouti à la proclamation anticipée de l’abolition de l’esclavage en 1848 à la Martinique, deux statues de Victor Schœlcher ont été jetées à bas et brisées par des militants qui se disent « contre l’héritage colonial » dans ce pays. « Nous assumons pleinement notre acte parce que nous en avons assez, nous jeunes martiniquais d’être entourés de symboles qui nous insultent(…) Victor Schœlcher était complètement favorable à l’indemnisation des colons » a déclaré Jay Assani, jeune activiste, dans une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux.

→   Lire Plus

Déboulonner les statues « reste une victoire à la Pyrrhus, un acte purement symbolique »

— Par Marie-Louise Ryback Jansen
Directrice du projet « Contested Histories », Institute for Historical Justice and Reconciliation, La Haye, Pays-Bas
&
Steven Stegers
Directeur exécutif d’EuroClio, association européenne de professeurs d’histoire
Le retrait symbolique de certaines statues ne suffit pas à effacer les griefs qui divisent une société soulignent, les historiens Marie-Louise Ryback Jansen et Steven Stegers. —

Tribune. Un mouvement « monumental » secoue le monde. La mort de George Floyd et l’indignation générale du public face au racisme systémique et à la brutalité policière ont provoqué la dégradation, le renversement ou le piétinement de statues qui, jusqu’alors, se fondaient dans le paysage pour le commun des mortels.

Le déboulonnage, le 7 juin à Bristol (Royaume-Uni), de la statue d’Edward Colston, négociant négrier du XVIIIe siècle, traînée dans les rues et jetée dans les eaux du port par des manifestants, en est un exemple parmi d’autres. Ces actes semblent avoir mis fin à des années de débat à propos de ces statues – elles doivent tomber. Mais est-ce la mesure la plus efficace pour atteindre les objectifs recherchés par les manifestants ?

Peu après la destitution de Colston, un manifestant, à Oxford, a laissé un panneau sur les portes de l’Oriel College sur lequel on pouvait lire, à propos de Cecil Rhodes (1853-1902), donateur de cet établissement et homme d’affaires, mais surtout colonisateur britannique et créateur de la firme diamantaire De Beers, « Rhodes, you’re next » – « Rhodes, tu es le prochain ».

→   Lire Plus

Le chagrin et les larmes sont les mêmes de chaque côté de l’Atlantique

Ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui fut elle-même victime d’attaques racistes, livre dans le Journal Du Dimanche du 6 juin, son analyse sur le mouvement contre les violences policières et le racisme.

JDD : 20.000 personnes ont manifesté mardi devant le Palais de Justice, à Paris, pour demander « Justice pour Adama », quelles différences et quelles similitudes repérez-vous entre les situations américaine et française?

Quand Adama Traoré ou George Floyd meurent, c’est pareil : ce sont des hommes noirs qui meurent de leur rencontre avec des policiers. Le chagrin et les larmes sont les mêmes de chaque côté de l’Atlantique. Les différences résident dans l’organisation de nos systèmes : République fédérale contre État central jacobin. La consanguinité qui existe dans certains corps de police aux États-Unis n’a pas lieu chez nous. En France, il y a une institution judiciaire compétente sur l’ensemble du territoire et des enquêtes systématiques sur ces cas. Chez nous, des personnes meurent d’avoir rencontré des policiers, pas d’avoir rencontré la police.

JDD : En tant qu’ancienne garde des Sceaux, comment jugez-vous la façon dont la justice française traite ces affaires?

→   Lire Plus

La Santé est l’affaire de tous

Manifestons avec les travailleurs de la Santé le mardi 16 juin 2020

Mardi 16 juin, les travailleurs et les travailleuses de la santé sont appelés faire grève. Ils manifesteront pour réclamer des moyens pour que le système de santé public fonctionne correctement, mais aussi pour défendre leurs droits. Ils n’ont que faire des breloques et autres miettes que le gouvernement s’apprête à leur lancer en guise de remerciements.
Pendant toute la période du confinement, ils ont été applaudis chaque soir. Les télévisions sont même allées jusqu’à diffuser en direct les applaudissements de gens depuis leur balcon.
Le confinement est levé et le Conseil d’Etat a entériné le 13 juin 2020 une situation de fait constatée depuis plusieurs jours : les manifestations publiques se déroulent.
Renouons donc avec nos traditions et montrons concrètement notre solidarité active en descendant dans la rue nombreux aux côtés des personnels de Santé.
La santé, ce n’est pas que l’affaire des soignants. C’est l’affaire de tous

G. Jean-Marie

→   Lire Plus

Et si le noir était un blanc comme un autre….

— Par Emmanuel Argo —

France, le 12 juin 2020, par Emmanuel Argo, afro-caraïbéen né à la Martinique, auteur du concept de la NégroÉvolution, agressé et blessé 2 fois par des racistes en 2000 et 2015 sur la voie publique, en France continentale. Il est actuellement Conseiller municipal d’un petit village du centre de la France.

Á cause de l’assassinat de Georges FLOYD, afro-américain, par un policier blanc : une protestation mondiale et sans précédent contre la banalisation du racisme et de la négrophobie.

Il y a deux nuances de « noir » : celle de ceux qui réussissent et qu’on croise à l’université, à la banque, à l’hôpital, dans un centre de recherches… et celle de ceux qui galèrent, concentrés dans le métro, dans le quartier et à la ceinture des métropoles pour ne pas s’éloigner des poubelles à vider, tard dans la nuit ou très tôt le matin. C’est surtout la couleur de ces derniers qui détonne par rapport au blanc caucasien, la couleur de l’authenticité.

Depuis des siècles, l’idéologie occidentale conquérante a établi que la couleur universelle de référence était le blanc : quiconque est blanc, du haut de cette supériorité de façade, peut juger, représenter l’ordre, l’intelligence, l’autorité, le pouvoir, au nom d’une évolution d’un degré supérieur.

→   Lire Plus

Mettre fin au racisme, de toute urgence !

À Fort-de-France, deux âges, deux formes d’expression

 Aimé Césaire : « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n’ont point de bouches. Ma voix la liberté de celles qui s’affaissent au cachot du désespoir. »

Des jeunes Martiniquais se mobilisent contre le racisme

À Fort de France, le mercredi 10 juin, à midi sur la place de l’Enregistrement, devant le centre commercial Perrinon, on a pu applaudir une trentaine de jeunes étendus par terre, les mains dans le dos. Ils étaient accompagné de tanbouyés. La mise en scène était organisée mercredi par des collégiens, lycéens et étudiants, de Rivière-Salée et de Sainte-Luce. 

Ils dénonçaient les violences policières perpétrées contre les Noirs. Un flashmob de 8 minutes et 46 secondes — le temps où le policier a maintenu son genou sur le cou de sa victime, le temps pendant lequel sa victime a suffoqué avant de mourir… Un flashmob pour faire écho à la mort de George Floyd, aux États-Unis, pour lui rendre hommage, mais aussi pour interpeller le public : « C’est un autre moyen d’occuper l’espace public : on a choisi d’occuper la rue car George Floyd est mort dans la rue.

→   Lire Plus

« Mémoires et Partages », pour que nos villes changent

Karfa Diallo : « La France a débaptisé des rues qui portaient des noms de collabos, pourquoi pas celles qui portent des noms de négriers ? » 

En marge des manifestations contre le racisme, après la mort de Georges Floyd, des statues de négriers sont déboulonnées aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Belgique etc. Et en France, qu’en est–il du passé négrier de certains grands ports de la façade atlantique ? Pourquoi certaines rues n’ont-elles jamais été débaptisées ? France Inter a demandé à Karfa Sira Diallo son avis sur la question. Karfa Sira Diallo est essayiste, éditorialiste, et consultant franco-sénégalais, né à Thiaroye en 1971. Engagé depuis de nombreuses années sur les questions de la diversité culturelle et du travail de mémoire, en particulier autour de l’esclavage et de la colonisation, il est actuellement directeur fondateur de l’association internationale « Mémoires et Partages », basée à Bordeaux et à Dakar.

Beaucoup de rues portent encore les noms des familles qui ont prospéré sur le commerce d’esclaves. Square Rasteau, square Giraudeau, rue Admirault en sont un exemple à la Rochelle, où six lieux portent le nom d’armateurs qui ont bâti fortune et renom sur la traite négrière au 18e siècle.

→   Lire Plus

Voir, revoir, ne jamais ou ne plus voir, lire ou ne pas lire la saga « Autant en emporte le vent »

Un livre, un film qui font aujourd’hui polémique

Participant à un stage de formation à l’analyse filmique, alors toute jeune enseignante, il me fut donné de travailler sur ce film… et de partager l’émerveillement purement cinématographique et esthétique, de ressentir l’émotion qui fut celle du formateur nous expliquant, outre le procédé technique, la force incomparable du dernier plan long, qui voit de dos, dans un superbe travelling arrière, Scarlett s’éloigner seule vers son domaine de Tara. Dans mon innocence, je regardais d’abord l’histoire de Scarlett et Rhett, Scarlett comme une de ces héroïnes à la recherche de sa liberté de femme, déterminée à s’imposer dans un monde d’hommes, où elle tracerait son chemin, fière et résolue. Il est certain que mon regard, nourri d’autres lectures et d’autres enseignements, sur l’ensemble du film ne saurait être tout à fait le même aujourd’hui. Cependant je ne voudrais me priver de certaines séquences culte à la sauvage beauté, ainsi de Scarlett et Retth traversant avec leur petite fille la ville d’Atlanta en feu…

→   Lire Plus

Où il est question du « plan de soutien aux médias »

La lettre du « Club Presse Martinique » à  Édouard Philippe, publiée sur RCI, le 10/06/2020

Le président du « Club Presse Martinique », Adams Kwateh, a interpellé le Premier Ministre sur la situation des médias privés. Dans un courrier adressé le 9 juin à Édouard Philippe, il lance l’alerte sur la situation des journalistes pigistes, qui souffrent des effets de la crise du Covid-19 sur les médias privés.

Dans son rôle de promotion des activités des médias et la défense de la pluralité de l’information, le « Club Presse Martinique » veut ainsi attirer l’attention  sur « les menaces de disparition de la presse et les médias privés dans notre île »,  en espérant très fort et très vite un arbitrage favorable.

L’annonce par Annick Girardin, le 1er juin dernier, d’un plan de soutien aux médias locaux n’a pas échappé à la sagacité des membres du « Club presse Martinique ». Mais ces derniers ont aussi entendu que ce plan qui consiste en la diminution des cotisations sociales, l’attribution d’aides directes et l’ouverture d’un « crédit d’impôt communication » pour les annonceurs, est toujours en arbitrage à Matignon.

→   Lire Plus

Faut-il brûler les Panthéons?

L’actualité m’amène à reproduire une tribune parue en 2005 et qui ne paraît pas sans intérêt au moment où, en mode d’effet boomerang de l’esclavage et la colonisation, prospère un vent propice au déboulonnage des statues. A cet égard, les incidents iconoclastes qui se sont déroulés le 22 mai 2020 en Martinique ne constituent-ils pas le phénomène déclenchant d’un mouvement mondial qui pourrait n’être qu’à ses débuts ? Seize ans plus tard nul n’est besoin d’en rajouter, sauf à considérer qu’on ne s’achemine pas vers l’érection de nouvelles statues et que ceux qui voudraient que celle de Césaire trouve bonne place à Fort-de-France pourrait en avoir pour leurs frais. N’est-ce pas la première entorse avérée faite à l’aura du Nègre fondamental que de l’associer au rejet de Schoelcher ?

Yves-Léopold Monthieux, Fort-de-France – 10 juin 2020

cembre 2005

Toussaint-Louverture au Panthéon, c’était le sujet de ces derniers jours1. Mais au moment où les remises en question ainsi que les revers de médailles tourneboulent l’histoire et où les héroïsmes révèlent la part d’ombre qu’ils portent inévitablement en eux, la question se pose de savoir ce que valent encore les panthéons.

→   Lire Plus

Pas de justice, pas de paix. Manifestons le 9 juin !

Une Colère légitime et salutaire

Depuis lundi 25 mai 2020, c’est une véritable onde choc qui parcourt le monde entier. En effet, aux Etats-Unis, dans la ville de Minneapolis, état du Minnesota, une jeune femme a filmé l’assassinat de sang-froid d’un afro-américain de 46 ans, George Floyd, par un policier blanc sous les yeux de trois autres Il a maintenu son genou sur le cou de FLOYD durant 9 minutes jusqu’à son asphyxie. Cet acte ignoble ne peut être qualifié autrement que d’assassinat.

Depuis, et tous les jours, des centaines de milliers de personnes manifestent dans des dizaines de villes dans tout le pays. Dans plusieurs états, Trump a appelé au déploiement de la Garde nationale. Mais les manifestants ne reculent pas, et ne respectent pas non plus le couvre-feu. Au contraire, ils maintiennent la mobilisation et la pression avec le slogan : « No justice, no Peace » (Pas de justice, pas de paix).

Ce qui est arrivé à George Floyd, de très nombreux de Noirs l’ont subi aux Etats-Unis. Avec la période de la ségrégation et des lynchages bien sûr. Mais aussi même quand la ségrégation a « disparu ».

→   Lire Plus

Le dilemne : rouvrir les écoles, ou pas ?

En Martinique, des établissements scolaires fermés depuis cinq mois

— Marie Piquemal, dans le journal « Libération » du 4 juin 2020 — 

Une grande partie des écoles, collèges et lycées sont fermés depuis décembre, d’abord en raison du mouvement de grève contre la réforme des retraites. Puis de la crise sanitaire. Aujourd’hui, seules 15 écoles ont rouvert (1).

Tout en parlant, elle feuillette son cahier d’appel. « La dernière fois que j’ai vu mes élèves en classe… C’était le 15 janvier. Oui, c’est bien ça. Depuis bientôt cinq mois, mon collège est fermé et toujours pas de date de reprise ! ». Florence Lapierre, professeur d’EPS à Sainte-Marie en Martinique, est passée par tous les stades : la patience, l’incompréhension, la colère, la résignation. « À présent, je suis blasée. Comme tout le monde. Comment ne pas l’être ? ». Partout sur le territoire, l’année scolaire a été particulière, hachée comme jamais, avec le mouvement de grève contre les retraites, une grève très suivie dans le domaine de l’éducation, puis cette crise sanitaire et la fermeture inédite des écoles. Mais en Martinique, encore plus qu’ailleurs, la situation interpelle.

→   Lire Plus

À Fort-de-France, deux manifestations pacifiques contre le racisme

— par Janine Bailly — 

Alors que le monde entier — ou presque — bougeait, porté par son indignation après la mort de George Floyd, que l’onde de choc gagnait de ville en ville, certains attendaient impatiemment une réaction massive des citoyens de la Martinique… Puisque, comme le disait Martin Luther King, « il vient un temps où le silence est trahison » ! Une affirmation reprise sur la page web de « Jodia » : on pouvait en effet y lire, légendant la photo de ce pasteur américain, militant non-violent pour la reconnaissance des Droits civiques des Noirs aux États-Unis, lui-même assassiné le 4 avril 1968, le commentaire suivant : « Cette citation devrait résonner dans les îles muettes ». C’est fait, au soir de ce samedi 6 juin, la vague est arrivée, qui a brisé le silence ! À Fort-de-France, deux actions ont été organisées, deux manifestations bienvenues pour protester contre l’assassinat de George Floyd par des agents de police, le 25 mai 2020 à Minneapolis. Deux manifestations qui entendaient dénoncer le racisme de façon plus générale. Une occasion aussi de manifester contre les violences policières, où qu’elle soient !

→   Lire Plus

Schœlcher : Coupée Bouche

— Par Zakhyé —

La statue n’eut pas le temps de s’échapper. Malgré sa résistance d’aplomb, son socle armé et la force de ses années, la jeunesse eut raison d’elle. Fracassée, démembrée, décapitée, elle n’eut pas le temps de crier. Elles ne put se libérer de ces sangles bon marché vendues par le béké. Le Schœlcher de plâtre, de pierres, d’agrégats, de mémoire, de maçons, de paradoxes, de France, d’Alsace et de porcelaine, se mit à supplier :
Vous ! Vous parlez, vous écrivez, votre verbe est haut et doux. Il chante à mes oreilles de béton et de mauvais marbre. Sachez qu’il méprise, votre verbe, car il ne libère pas, il statufie. Ce n’est pas eux que je voulais fuir. Je voulais m’échapper de Vous. Je ne voulais pas entendre vos voix, et me voilà maintenant obligé. J’ai tant de fois tenté de Vous souffler à l’oreille que Vous n’aviez que peu de temps, mais Vous passiez devant moi, dans vos voitures climatisées. D’autres passaient à pieds avec leurs espoirs désenchantés ou réprimés. Combien de fois ai-je tenté de me libérer pour ne plus Vous regarder comme un produit que je ne pouvais imaginer alors.

→   Lire Plus

Contrôles au faciès en France: le défenseur des droits propose des solutions

Après la mobilisation de mardi 2 juin pour demander la vérité pour Adama Traoré et la fin des violences policières, le défenseur des droits Jacques Toubon a fait plusieurs propositions pour restaurer la confiance entre la police et la population.

L’idée de mieux encadrer les contrôles d’identité pour limiter les contrôles au faciès et in fine recréer de la confiance entre une partie de la population et les forces de l’ordre, n’est pas nouvelle. En 2012, déjà, le président François Hollande avait promis qu’il mettrait en place un système de récépissé pour éviter qu’un même individu soit contrôlé plusieurs fois dans la même journée. La promesse n’a jamais été concrétisée, mais elle ne serait pas idéale non plus, selon le défenseur des droits.

Dans un entretien accordé à l’agence France Presse, Jacques Toubon préconise plutôt une « traçabilité des contrôles » pour lutter contre les arrestations au faciès qui, selon lui, sont une réalité sociologique en France. Une étude publiée par son institution en 2017 révélait en effet qu’un individu perçu comme noir ou arabe a 20 fois plus de probabilités d’être arrêté qu’un autre.

→   Lire Plus

« Travailler les imaginaires est une action politique » 

La phrase-titre est d’Abd Al Malik. Au micro d’Arnaud Laporte, sur France-Culture, le rappeur, écrivain et réalisateur évoque son enfance et ses études à Strasbourg, ses débuts dans la musique et sa passion pour la littérature. D’Abd Al Malik, venu à Tropiques-Atrium, le 9 novembre 2019, présenter « Le Jeune Noir à l’épée », un spectacle chanté et chorégraphié, créé à l’occasion de l’exposition « Le Modèle Noir » au Musée d’Orsay, nous savons l’authenticité des engagements, l’importance de l’ œuvre artistique, l’humanisme dont il se réclame. Nous savons aussi qu’Aimé Césaire fait partie de son panthéon littéraire : « Sénèque, Camus, Césaire sont devenus mes potes ». C’est pourquoi nous intéressent les prises de position qu’il revendique, après les manifestations contre la mort de George Floyd là-bas, la mort d’Adama Traoré, ici, où les atermoiements de la justice risqueraient bien de mettre le feu aux poudres.

« La mort de George Floyd ne doit pas masquer nos réalités franco-françaises »

Abd Al Malik, rappeur, slameur, écrivain et réalisateur participait mardi à la manifestation devant le tribunal de grande instance de Paris, organisée pour Adama Traoré.

→   Lire Plus

Aux États-Unis, la ville de Richmond va déboulonner sa statue du général Lee

Sur décision du gouverneur de l’État de Virginie, la ville de Richmond renonce à son monument le plus célèbre et le plus controversé : la statue équestre du général Robert Lee, commandant en chef des États confédérés, opposé à l’abolition de l’esclavage.

Le maire afro-américain de Richmond, Levar Stoney, entame la conférence de presse avec des mots très forts. « Nous avons deux pandémies dans ce pays : le Covid-19 et le racisme. L’une a seulement six mois, la seconde a 400 ans », dit-il. « Il est temps de guérir ».

Levar M. Stoney

✔ @LevarStoney

It is time to show our community how much love we have. It is time that we embrace our diversity. It is time that we remove barriers that hinder the dreams of Black children. It is time for healing – through changes to our symbols and our systems. #1RVA https://twitter.com/ABC7News/status/1268570859255533569 …

Quelques minutes plus tard, le gouverneur de Virginie, Ralph Northam, annonce le déboulonnement de la statue équestre du général Lee, installée en plein cœur de la ville depuis 1890, mais aussi le passage d’une loi qui permettra dans un mois à toutes les villes de l’État de disposer comme elles le souhaitent des monuments de ce type. « 

→   Lire Plus

De quoi des statues brisées sont-elles le nom ?

— Par Georges Trésor—

Le 22 mai 2020, date de commémoration de l’abolition de l’esclavage en Martinique, deux statues de Victor Schoelcher ont été détruites. Parallèlement, les auteurs de cet acte ont fait connaître leurs motivations dans une lettre non signée. A la lecture, Il ressort une volonté de leur part de démontrer que Schoelcher, en prenant la décision de signer le décret d’abolition de l’esclavage le 27 avril 1848, n’a été en rien « le sauveur du peuple noir martiniquais ». C’est sous la pression de la résistance séculaire des esclaves contre l’ordre esclavagiste qu’il aurait été contraint d’abolir l’esclavage. Pour cette raison, il conviendrait selon ces activistes de se montrer en phase avec la vérité historique en honorant dans l’espace public, non pas Schoelcher, mais les figures emblématiques de la résistance chez les esclaves.

La destruction des statues a provoqué des réactions spontanées dans les milieux politiques et intellectuels martiniquais. Dans l’ensemble, les avis convergeaient dans le sens de l’indignation ou au contraire de la compréhension, dans un climat d’échange, il faut le dire, relativement apaisé. Sans doute, parce que les auteurs de ces réactions avaient en partage un sentiment confus, selon lequel déboulonner des statues de Schoelcher, 172 ans après l’abolition de l’esclavage, ne pouvait être simplement interprété comme un acte de pur vandalisme.

→   Lire Plus

Pénurie d’essence historique au Venezuela : « Il faut faire jusqu’à trois jours de queue pour obtenir 20 litres »

Le Venezuela connaît actuellement la pire pénurie de carburant de son histoire. Pour obtenir quelques litres d’essence, les habitants sont contraints de faire la queue pendant des heures, voire des jours, aux abords des stations-services, ou de s’approvisionner sur le marché noir. Alors que les bus et les taxis se font également rares, plusieurs Vénézuéliens racontent comment ils font pour se déplacer et pour économiser le carburant. 

Les pénuries d’essence ne sont pas nouvelles au Venezuela, mais le problème a empiré ces derniers mois. Depuis la mi-mars, et la mise en place du confinement pour lutter contre le Covid-19, la capitale Caracas est aussi touchée, alors qu’elle avait été largement épargnée auparavant. 

À quoi est due cette pénurie d’essence ? 

Cette situation peut surprendre, puisque le Venezuela dispose des plus grandes réserves de pétrole connues au monde. Problème : le pays ne produit plus que 622 000 barils par jour, soit un cinquième de son volume d’il y a dix ans, selon l’OPEP. La faute à la détérioration de ses infrastructures pétrolières, du fait du manque d’investissement et de la corruption.

→   Lire Plus

L’appel d’Omar Sy : « Réveillons-nous. Ayons le courage de dénoncer les violences policières en France »

Après la mort de George Floyd aux États-Unis, le comédien, personnalité préférée des Français, s’engage dans le combat contre les discriminations et les violences policières. Il demande justice pour Adama Traoré et appelle de ses vœux une « police digne de notre démocratie ».

— Par Omar Sy—

Comme beaucoup de personnalités du monde de la culture et du spectacle, Omar Sy a marché pour dénoncer la mort de George Floyd lors de son arrestation par la police à Minneapolis. Mais il a aussi été la première personnalité à avoir manifesté son soutien à la famille d’Adama Traoré, deux jours après son décès à la gendarmerie de Persan, le 19 juillet 2016. Le comédien n’a jamais cessé depuis d’accompagner Assa Traoré dans sa quête de vérité et de justice. En publiant « Réveillons-nous », il a décidé de prêter sa voix à une cause qui lui tient à cœur, qu’il juge universelle. Il vous invite toutes et tous à le suivre dans une démarche qu’il veut « fédératrice » en signant son appel.

L’appel d’Omar Sy

Réveillons-nous.
George Floyd, alias « Big Floyd », un Afro-Américain âgé de 46 ans, père de deux enfants, est allé s’acheter le 25 mai un paquet de cigarettes à Minneapolis.

→   Lire Plus

Contre le racisme et les violences policières

—Collectif —

La colère et l’indignation mondiale ne retombent pas après les images, vues en direct, choquantes et insupportables de l’assassinat de George FLOYD, noir américain, par un policier blanc.

La colère et l’indignation sont de retour en France après qu’une information, non démentie, a conclu qu’une contre-expertise médicale de Adama TRAORÉ a confirmé sa mort par asphyxie, lors de son arrestation brutale en banlieue parisienne par la gendarmerie.

Ces deux morts nous interpellent aujourd’hui comme hier.

L’une violente, dépassant toute imagination, s’inscrit dans un racisme enraciné dans la police américaine à l’encontre des Noirs.

L’autre, tout aussi violente, à la suite de l’arrestation sans ménagement d’Adama TRAORÉ, exemple de l’homme africain ou d’origine africaine pour lequel certain-e-s n’ont que mépris.

l’homme-famine, l’homme-insulte, l’homme-torture on pouvait à n’importe quel moment le saisir le rouer de coups, le tuer

parfaitement le tuer – sans avoir de compte à rendre à personne sans avoir d’excuses à présenter à personne

Aimé Césaire

Ces deux morts scandalisent. Elles appellent à ne pas accepter l’insupportable, à ne pas laisser bafouer les droits des êtres humains par la police de quelque pays qu’elle soit.

→   Lire Plus

Mobilisons-nous

Samedi 6 juin 2020 à 17H. Maison des Syndicats à Foyal

Pour George Floyd, pour soutenir nos frères noirs des USA et tous les manifestants

— Communiqué de Combat Ouvrier —

Combat ouvrier appelle :

Au rassemblement organisé par le MIR et d autres organisations samedi 9h sur la savane à Fort de France

A la marche unitaire de solidarité avec les luttes anti-racistes aux Etats unis et en hommage à George FLOYD

Au rassemblement Samedi 6 juin 2020 à 17H à la maison des syndicats

Avec respect des gestes barrières et du port du masque

Combat Ouvrier appelle aussi à une manifestation large le mardi 9 juin, le jour de l’enterrement de George Floyd à Houston. Il y aura des manifestations monstres ce jour-là aux USA. Mardi 9 juin, accompagnons George Floyd tous ensemble en Martinique par une pensée commune mobilisatrice !

Nous lançons l’appel :

→   Lire Plus

D’où vient le cri de ralliement «Black Lives Matter»?

FOCUS – Au cœur de la contestation historique en cours aux États-Unis après la mort de George Floyd, un slogan: «Black Lives Matter». D’où vient cette phrase utilisée depuis plusieurs années ?

— Par Laura Andrieu —

Trois mots scandés par la foule. Inscrit sur les pancartes, parfois sur des visages, même, le slogan «Black Lives Matter» («Les vies noires comptent» ou «La vie des noirs compte») était partout mardi 2 juin, lors des rassemblements organisés en mémoire d’Adama Traoré – jeune homme noir de 24 ans mort en juillet 2019, deux heures après son arrestation. Rassemblements qui font écho à la contestation historique en cours aux États-Unis, après le meurtre de George Floyd à Minneapolis, un Afro-Américain asphyxié par un policier blanc. Cri de ralliement, mouvance, mouvement… D’où vient le slogan «Black Lives Matter» (BLM) ?

À lire aussi : À Minneapolis, la contestation se politise

À l’origine, il s’agit d’un hashtag utilisé sur les réseaux sociaux et imaginé par trois activistes noires. Le 13 juillet 2013, Alicia Garza, écrivaine et militante, apprend l’acquittement de George Zimmerman, qui a abattu Trayvon Martin, un Afro-Américain de 17 ans.

→   Lire Plus

Pour une clarification du débat

— Par Marie-Laurence Delor —

La très grande majorité des réactions et commentaires pêchent d’abord sur la qualification de l’acte: ce n’est pas un déboulonnage mais une mise à sac. Ils se trompent, ensuite, sur ce qui devrait être le principal objet du débat: la réception, c’est à dire les commentaires et réactions qui transforment l’acte en évènement, qui l’instituent comme tel. Ils se méprennent, enfin,  en présumant une l’ignorance justifiant l’acte: les activistes rouge, vert, noir ne sont pas sur un registre historique mais mémoriel. Ceci dans une logique de « tyrannie de la mémoire » qui aujourd’hui menace la liberté intellectuelle des historiens en cherchant à imposer des cadres d’interprétation du passé, « un nouveau régime d’historicité », conformes à leur idéologie; une logique qui corrélativement tend à escamoter l’évidence de la relativité et de la multiplicité des mémoires (1). 

Les révoltes des esclaves ont été largement documentées au cours de ces 40 dernières années. Sans doute n’a t-on pas insisté suffisamment sur les différences entre Grandes et Petites Antilles et avec le continent (notamment Brésil, Colombie et Guyane). Le « nègre marron » n’est pas partout une « figure héroïque ».

→   Lire Plus

Statues de Victor Schoelcher détruites en Martinique: «Le totalitarisme des vandales»

– Pour le directeur de La Tribune de l’art Didier Rykner, la destruction de deux statues de Victor Schoelcher à Fort-de-France par des manifestants relève d’une volonté idéologique de réécrire l’histoire de la lutte contre l’esclavage.

— Par Didier Rykner —

Didier Rykner est journaliste et historien de l’art français. Engagé pour la défense du patrimoine, il publie régulièrement ses enquêtes et analyses sur La Tribune de l’art.

La statue de Victor Schoelcher, que l’on pouvait voir il y a quelques jours encore devant l’ancien Palais de Justice à Fort-de-France, était due à Anatole Marquet de Vasselot. Il s’agissait, tout autant que de la célébration d’un grand homme de notre histoire, d’une œuvre d’art. Certes, cet artiste ne bénéficie pas d’une aura comparable à certains de ses contemporains comme Auguste Rodin, mais il s’agit d’un sculpteur très honorable dont les œuvres sont conservées notamment aux musées des Beaux-Arts de Lyon et d’Angers, au Petit Palais à Paris ou encore à la Maison de Balzac, écrivain qu’il a souvent représenté.
Ce préambule paraît nécessaire pour expliquer que les destructions le 22 mai dernier des deux sculptures représentant Schoelcher (nous ne connaissons pas l’auteur de la seconde, de nettement moins grande qualité, qui se trouvait dans la ville ayant pris le nom de l’abolitionniste), jetées au sol et brisées en plusieurs morceaux d’une telle manière qu’elle ne seront pas restaurables, sont en réalité des actes de vandalisme guère différents de ceux qu’on a connus encore récemment en Syrie et en Iraq, qui ont touché des chefs-d’oeuvre mais également des objets plus courants et moins importants.

→   Lire Plus