Catégorie : Politiques

Guadeloupe : enquête après des faits présumés de «violence policière»

En Guadeloupe, une enquête a été ouverte afin de déterminer si l’usage de la matraque par un gendarme était « justifié » lors de l’interpellation d’un jeune homme dans le cadre d’un contrôle pour non port du masque mercredi à Terre-de-Haut, aux Saintes. 

Une enquête a été ouverte en Guadeloupe pour déterminer si l’usage de la matraque par un gendarme était « justifié » lors d’une interpellation mercredi à Terre-de-Haut, aux Saintes, dans le cadre d’un contrôle pour non port du masque, a-t-on appris de source judiciaire.S’il apparaît à l’issue de cette enquête, ouverte vendredi, qu’une infraction a pu être commise, le parquet de Basse-Terre entamera « des poursuites judiciaires » contre ce gendarme, indique le vice-procureur de la République de Basse-Terre, Emmanuel Delorme, dans un communiqué.

« Plusieurs coups » portés au jeune homme

Deux gendarmes procédaient, mercredi en fin de matinée, à un contrôle du port du masque dans le bourg de l’île, où circuler masqué est obligatoire depuis le 15 août. À l’injonction de mettre un masque, un jeune homme « a refusé de s’exécuter, tout en leur tenant des propos outrageants », a rapporté le vice-procureur.

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La députée Danièle Obono représentée en esclave dans «Valeurs Actuelles» : condamnation générale

Le premier ministre Jean Castex parle d’«une publication révoltante». Le journal répond qu’il s’agit «d’une fiction» et s’excuse.

Représentation «abjecte et inacceptable», «apologie du racisme» : la «politique fiction» du magazine conservateur Valeurs Actuelles sur la députée LFI Danièle Obono, dépeinte en esclave, a suscité samedi 29 août une vague de condamnations, jusqu’à Emmanuel Macron.

Dans ce récit de sept pages publié cette semaine, la députée de Paris «expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l’esclavage» au XVIIIe siècle, selon la présentation qu’en fait le magazine. Des dessins de Danièle Obono, collier en fer au cou, accompagnent ce «roman de l’été».

Selon les services de l’Elysée cités par BFMTV, le chef de l’État a appelé la député pour condamner la publication du journal.

«Cette publication révoltante appelle une condamnation sans ambiguïté», a tweeté plus tôt Jean Castex, qui «partage l’indignation de la députée» et «l’assure du soutien de l’ensemble du gouvernement». «La lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages», a ajouté le chef du gouvernement.

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Le bateau de Banksy en Méditerranée appelle à l’aide après un sauvetage massif de migrants

Un navire humanitaire affrété dans le plus grand secret en Méditerranée par le street artiste Banksy a lancé un appel à l’aide dans la nuit de vendredi à samedi après un sauvetage massif de migrants, affirmant déplorer au moins un mort à bord et se trouver dans une situation désespérée.

Le bateau, le Louise Michel, a récupéré vendredi 130 migrants à la dérive à bord d’un canot pneumatique qui prenait l’eau, ont tweeté les organisateurs de la campagne sur le compte @MVLouiseMichel, ouvert pour l’occasion.

Après un premier sauvetage jeudi, le navire compte désormais 219 naufragés survivants à son bord pour seulement dix membres d’équipage, ont-ils précisé. Il est, du fait de sa surpopulation, incapable d’avancer, et 33 personnes sont par ailleurs restées sur un radeau de sauvetage amarré au bateau, ont-ils ajouté.

« Nous avons besoin d’assistance immédiate », a imploré l’équipage du bateau, affirmant avoir passé plusieurs appels de détresse aux autorités italiennes et maltaises, sans recevoir de réponse.

« Il y a déjà une personne morte sur le bateau. Les autres présentent des brûlures au carburant, ils sont restés pendant des jours en mer et maintenant ils sont laissés pour compte dans une zone de recherche et de sauvetage de l’UE », ont-ils déploré.

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Banksy au secours des migrants, affrète un navire en Méditerranée

Le street artiste Banksy a financé un nouveau navire pour porter secours aux migrants en Méditerranée, qui est déjà sur zone et a secouru 89 personnes.

Baptisé du nom de Louise Michel, anarchiste française du XIXe siècle, le navire décoré d’un graffiti de l’artiste britannique est parti le 18 août du port espagnol de Borriana, près de Valence, a révélé dans la nuit de jeudi à vendredi le journal britannique The Guardian. Il a été affrété dans le plus grand secret, et a récupéré jeudi 89 personnes, dont 14 femmes et deux enfants, en Méditerranée centrale selon ce journal, qui ne précise pas la position exacte du bateau.

« Il recherche maintenant un port maritime sûr pour débarquer les passagers ou les transférer sur un navire des garde-côtes européens ». Un compte Twitter à son nom (@MVLouiseMichel) a par ailleurs diffusé une photo, « dans une mer très agitée », d’une opération d’assistance au Sea-Watch 4, autre navire humanitaire des ONG Médecins sans Frontières et Sea-Watch, présent dans la zone depuis la mi-août. « ALLEZ ! (en français dans le texte) un bateau sponsorisé par Banksy et peint par lui, une équipe expérimentée venue de toute l’Europe, le Louise-Michel a déjà sécurisé deux opérations de sauvetage du Sea-Watch4 et a maintenant sauvé 89 personnes par lui-même.

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Jean-Paul Brighelli :  « Comment peut-on enseigner avec un masque ? »

Pour les enseignants, un bien cruel dilemme… Jean-Paul Brighelli nous livre son analyse dans FigaroVox 

Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a finalement annoncé que l’obligation de porter le masque concerne tous les enseignants, y compris en maternelle. Les relations entre les élèves et leur professeur s’en trouveront affaiblies, regrette l’enseignant et essayiste Jean-Paul Brighelli.

Jean-Paul Brighelli¹  :

Peut-être vous rappelez-vous les travaux de Gregory Bateson² et de l’École de Palo-Alto, qui ont renouvelé grandement la théorie de la communication. Ils ont fait émerger la notion de « double bind³ », la double contrainte — même si la traduction française évacue le nœud qui était central dans l’expression américaine. C’est bien dommage, parce que la double contrainte est au cœur des processus tragiques : si Phèdre parle, elle meurt, et si elle ne parle pas, elle meurt. Ou, si l’on préfère un exemple moins dramatique, c’est ce qui arrive à ce légionnaire romain sommé, dans « Astérix en Corse », de dire que la sœur du chef corse lui plaît — et alors on le tue — ou qu’elle ne lui plaît pas — et alors on le tue.

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Dans « La puissance des mères », Fatima Ouassak politise la maternité

Fatima Ouassak est politologue, cofondatrice et porte-parole de Front de Mères, premier syndicat de parents d’élèves des quartiers populaires.  Elle préside également le réseau Classe/Genre/Race, qui lutte contre les discriminations subies par les femmes descendantes de l’immigration postcoloniale.  Dans son livre « La puissance des mères », à paraître le 27 août 2020, elle invite les mères « à se muer en sujets politiques ». 

Connaître Fatima Ouassak par ses propres mots : ci-dessous un court extrait d’interview 

« Je suis née au Maroc puis j’ai grandi à Lille Sud, l’un des quartiers les plus populaires de la ville, dans une cité autour d’une usine. Mon père est arrivé le premier en France, comme beaucoup d’immigrés. Il a travaillé dans une usine de métallurgie. Ensuite, dans les années 1970, il a fait venir sa famille dans le cadre du regroupement familial. J’étais petite, j’ai grandi dans cette cité ouvrière où vivaient beaucoup de Marocains, notamment de notre région du Rif.

Était-ce une enfance heureuse ?

Oui, très. Même si j’ai vraiment grandi dans le béton.

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Le monde d’après ne se fera pas sans les peuples dits d’Outremer

— Par Les invités de Mediapart —

Le 27 août 2020, se tiendra à Fort-de-France en Martinique, le procès de militants poursuivis pour avoir dénoncé l’empoisonnement de terres, de l’eau ainsi que des populations Martiniquaise et Guadeloupéenne au chlordécone, pesticide organochloré, toxique, persistant et perturbateur endocrinien.

Un empoisonnement à l’origine de conséquences gravissimes et irréversibles tant sur le plan sanitaire (record mondial de cancer de la prostate, prématurité, retard de développement psychomoteur chez les enfants, endométriose sévère…) qu’écologique (rémanence de 7 siècles dans les sols, …), économique (zone de pêche interdite, sols impropres à la production agricole…), social (perte de revenus, chômage…) et culturel (méthode de culture des potagers privés remise en cause, alimentation traditionnelle en péril…).

Un empoisonnement consécutif au système de profit mis en place par de grands planteurs issus des familles esclavagistes qui bâtirent leur fortune à l’ombre du CODE NOIR de Colbert. Un empoisonnement criminel qui aura duré des décennies avec la complicité de l’État français accordant des dérogations pour un pesticide interdit en France.

Nous, acteurs et collectifs de la société civile, apportons notre soutien aux militants violentés et harcelés par les forces de l’ordre.

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Le 27 août 2020, se tiendra en Martinique le procès de militants anti-chlordécone

Indignation et colère face au procès du 27 août ! — Groupe Révolution Socialiste
Les empoisonneurs coulent des jours tranquilles. L’État qui en fait partie reconnaît « sa part de responsabilités » mais refuse des mettre des moyens à la hauteur des besoins pour faire face aux terribles conséquences de ce  » crime d’État » typiquement colonial.
Mais ce sont les militants qui crient leur indignation et expriment la colère de la population qui sont convoqués devant les tribunaux ce jeudi 27 août.
Le GRS s’insurge contre cette injustice, réclame la relaxe pure et simple des inculpés, le châtiment des coupables et la réparation de l’ ensemble des dégâts causés.
Le comportement violent de gendarmes infestés par le racisme du système pose le problème déjà mis en avant par le peuple de décembre 1959.
Les forces coloniales de répression doivent quitter ce pays.
Groupe Révolution Socialiste


Combat Ouvrier Communiqué de presse

Le jeudi 27 Août 2020, quatre jeunes activistes comparaitront devant le tribunal de Fort de France.

Ils sont poursuivis dans le cadre des échauffourées et des violences policières intervenues à la suite de manifestations anti-chlordécone de Juin et juillet dernier.

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En hommage à Jean-Claude William

— Par Germain Beautin (*)
Le président Jean-Claude William m’a fait l’honneur de préfacer mon premier livre sorti en septembre 2019 aux éditions L’Harmattan. Ce livre est la biographie d’un des prédécesseurs de Jean-Claude William à la présidence de l’université des Antilles-Guyane, le Guadeloupéen Roland Thésauros. Cette biographie est aussi un historique du mouvement nationaliste guadeloupéen de sa création à nos jours. J’ai souhaité que la préface du livre soit faite par un intellectuel de la Martinique car Roland Thésauros, enseignant sur le campus de Fouillole et de Schoelcher est très connu par plusieurs générations d’étudiants martiniquais. Le choix de Jean-Claude William s’imposait à nos yeux. Il avait une longue relation d’amitié avec Roland Thésauros et ils avaient tous deux été responsables de l’université aux Antilles.

Mon ami Judes Duranty, ancien responsable de la bibliothèque municipale de Schoelcher, essayiste, chroniqueur dans plusieurs médias de Martinique, a contacté Jean-Claude William qui a répondu oui sans hésitations. Malgré ses problèmes de santé, il s’est prêté à cette tâche, manière pour lui de rendre hommage à Roland Thésauros qui avait, nous a-t-il dit, été le maître d’oeuvre de la transformation du Centre Universitaire des Antilles-Guyane en Université des Antilles et de la Guyane.

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Journée Internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition est célébrée le 23 août de chaque année. C’est dans la nuit du 22 au 23 août 1791 qu’a commencé à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti et République Dominicaine) l’insurrection qui devait jouer un rôle déterminant dans l’abolition de la traite négrière transatlantique.

La route des esclaves

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition vise à inscrire la tragédie de la traite dans la mémoire de tous les peuples. Conformément aux objectifs du projet interculturel « La route de l’esclave », elle doit offrir l’occasion d’une réflexion commune sur les causes historiques, les modalités et les conséquences de cette tragédie, ainsi que d’une analyse des interactions qu’elle a générées entre l’Afrique, l’Europe, les Amériques et les Caraïbes.

Le Directeur général de l’UNESCO invite les Ministres de la culture de tous les États membres à organiser des actions en associant l’ensemble des populations de leurs pays et en particulier les jeunes, les éducateurs, les artistes et les intellectuels.

En ce 23 août, nous honorons la mémoire des hommes et des femmes qui, en 1791 à Saint-Domingue, se soulevèrent et ouvrirent la voie de la fin de l’esclavage et de la déshumanisation.

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L’insurrection des esclaves de Saint-Domingue (22-23 août 1791)

Ce volume réunit les actes de la table ronde qui s’est tenue à Port-au-Prince, en décembre 1997, autour de la commémoration de l’événement fondateur de la révolution haïtienne, la cérémonie du Bois Caïman, censée s’être déroulée dans la nuit du 22 au 23 août 1791, sur l’habitation Choiseul, dans la grande plaine du nord de Saint-Domingue. Cette rencontre reçut le soutien de nombreuses associations et institutions de la République de Haïti.

Mais, d’abord, cet événement eut-il bien lieu ? Nous sommes en droit de nous interroger, car nous sommes entre mythe et histoire. David Geggus s’efforce de démêler les deux plans ; sur le plan historique, il y eut bien réunion des chefs du futur soulèvement le 14 août, ce dernier devenant effectif le 22 août. Entre les deux dates, si les rares témoignages laissent penser qu’il y eut une (ou plus vraisemblablement plusieurs) cérémonies pour sceller le pacte conspiratif, on en est réduit aux conjectures. Robin Law rappelle les rituels initiatiques de la côte africaine, et particulièrement le « pacte de sang » dahoméen ; mais, là encore, aucun témoignage direct (ceux qui nous sont parvenus relèvent majoritairement de la tradition orale, et sont largement postérieurs) ne permet de dire que nous ayons eu affaire à des rituels de ce type.

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Génocide par substitution ? Ainsi s’adressait Delépine aux « faux-monnayeurs du césairisme »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Dans ma précédente chronique « Edouard Delépine : une intelligence et un caractère », j’indiquais que par son expression « génocide par substitution« , Césaire ne faisait pas référence à la Martinique. Certains lecteurs ont voulu en savoir davantage.

Aimé Césaire a utilisé cette expression le 13 novembre 1975 à l’assemblée nationale (Ecrits tome I) pour s’opposer au projet mort-né de faciliter la migration des Français en Guyane. Plus largement, Césaire s’en était pris à la politique globale du gouvernement en outre-mer et fait en quelque sorte un costume au secrétaire d’État en donnant sa définition du « stirnisme ». Le 3ème point de son discours a fait référence uniquement à la Guyane.

En voici l’extrait :

« ….

Aimé Césaire – … « La Guyane, c’est donc la grande pensée, sinon la grande ambition de votre règne. Vous éventrez la forêt, vous abattez les arbres – j’espère que vous songerez à en replanter – vous industrialisez le pays et, dans un premier temps, vous installez trente mille personnes qu’il faut bien appeler par leur nom trente mille « colons », qui reçoivent, pour s’installer, toutes les facilités que vous avez constamment refusées, depuis vingt ans, aux Guyanais indigènes et à leurs cousins antillais.

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Nommer son espace pour se l’approprier: À quoi servent les statues? 1. Matinik

— Par Véronique Hélénon —

Le déchoukaj des deux statues de Victor Schœlcher le 22 mai 2020 en Martinique par des militants, est révélateur de tensions profondes, issues des périodes esclavagiste et coloniale.A –

Le 22 mai 2020 les manifestations commémorant l’abolition de l’esclavage en Martinique ont été marquées par le déchoukaj de deux statues de l’abolitionniste français Victor Schœlcher par des militants, en dehors des célébrations officielles. Pour comprendre ces gestes, penchons-nous sur l’histoire coloniale et esclavagiste de la Martinique. 

L’anonymat comme instrument de domination coloniale

Doué de parole, l’être humain s’inscrit dans une lignée, nommant ses enfants, adoptant les noms de ses aïeuls, forgeant ainsi un arbre généalogique qui est la matrice de son histoire personnelle. L’apprentissage et la reconnaissance de son environnement exigent également un vocabulaire spécifique. Ce sont des actes fondateurs, permettant de se déployer au sein d’une famille, d’une collectivité, et marquer sa présence dans son environnement à travers les âges. 

Lire aussi : Martinique : Histoire & Mémoire

C’est ce que firent les colons français lorsqu’ils arrivèrent sur l’île aujourd’hui appelée Martinique. Désireux d’apposer leur empreinte sur des paysages qui leur avaient été étrangers, ils baptisèrent leur environnement de noms familiers.

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Corruption: la Cour supérieure des comptes étrille le pouvoir haïtien

L’institution met en cause la gestion frauduleuse et souvent illégale de centaines de millions de dollars d’aide offerts par le Venezuela entre 2008 et 2016.

La Cour supérieure des comptes d’Haïti déplore, dans un nouveau rapport publié lundi 18 août, la gestion frauduleuse et souvent illégale, par les divers ministères et administrations, de centaines de millions de dollars d’aide offerts par le Venezuela entre 2008 et 2016.

Projets engagés sans une évaluation des besoins ou même une estimation des coûts, violations répétées des normes de passation de marchés publics: sur plus de 1000 pages, les juges n’épargnent aucune institution. «Les projets d’investissement et les contrats liés au fonds PetroCaribe n’ont pas été gérés en respectant les principes d’efficience et d’économie», accuse la Cour des comptes.

Mis en place à l’initiative de l’ancien président Hugo Chavez, ce programme a permis à plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes de bénéficier de prêts du Venezuela dans le cadre d’un mécanisme de livraison de pétrole à des conditions préférentielles.

Les six gouvernements haïtiens qui se sont succédé depuis 2008 ont lancé pour près de deux milliards de dollars de projets sans, le plus souvent, se soucier des principes de base de la gestion de fonds publics, accuse l’audit.

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Édouard Delépine : une intelligence et un caractère

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La rigueur et la recherche permanente de la vérité conduisaient souvent Edouard Delépine à l’insatisfaction et l’autocritique. On pourrait lui appliquer le mot de Benjamin Constant : « constant dans l’inconstance ». Les anticolonialistes qui n’ont jamais voulu remettre en question les vérités de leur jeune âge n’ont pas compris l’évolution politique d’Edouard Delépine. Ils ne se sont pas aperçus qu’en gardant les utopies des années soixante, ils n’avaient pas cessé d’être eux-mêmes de parfaits assimilationnistes. Cette évolution rappelle la décision de Christiane Taubira, en 1983, de tourner le dos à l’indépendance. La future garde des Sceaux prenait acte de l’évolution de la société, des échecs de la décolonisation en Afrique et de l’avènement de la décentralisation en outre-mer.

Un cluster au Lycée Schoelcher : amoureux d’histoire et militants politiques

Homme politique, Edouard l’était jusqu’au bout des ongles et ne s’était pas privé de l’être déjà lorsque, jeune professeur, il forçait l’admiration de ses élèves par la qualité de son enseignement, certes, mais aussi par la force de ses convictions qu’il savait communiquer. On ne parlait pas encore de fan, mais il en est résulté un véritable cluster au Lycée Schoelcher où vit le jour une génération de jeunes amoureux d’histoire et de politique.

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« Non, la jeunesse n’est pas irresponsable »

— Collectif —

« Le rebond de l’épidémie de coronavirus aura entraîné avec lui une nouvelle flambée d’un mal auquel la jeunesse française n’est que trop habituée : il fallait manifestement un bouc émissaire, les jeunes feront bien l’affaire. Depuis quelques jours, on endure alors tribunes et interventions qui condamnent la jeunesse, se complaisent dans des commentaires faciles ou se targuent de la raisonner, oubliant manifestement que les jeunes aussi lisent les journaux et regardent la télévision. Qu’on nous permette aujourd’hui une réponse à nous, jeunes gens qui soufflons pour la plupart nos vingt-cinq premières bougies et qui, malgré la diversité de nos profils et de nos fonctions, sommes ces jeunes, si souvent jugés responsables des maux de notre société.

Permettez-nous, bien chers vieux, de commencer par récuser le vocabulaire : pas plus que vous n’apprécierez l’apostrophe, il nous est difficile de souffrir cette réduction sous une formule qui confine à l’amalgame. Qu’entendez-vous par jeunes ? Sont-ce ces étudiants en médecine et en école d’infirmier ou ces professionnels de santé de moins de trente ans, qui, nombreux d’ailleurs dans les services d’urgences, furent en première ligne pendant le gros de l’épidémie ?

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Lettre à Édouard

— Par Dominique Taffin, Ancienne directrice des Archives de Martinique —
Quelques mots, quelques touches de souvenirs, qui s’accrocheront peutêtre à la mémoire que tant de Martiniquais qui t’ont bien mieux connu que moi garderont, je l’espère, longtemps. Bizarrement, c’est un tutoiement qui me vient, alors que nous nous sommes dit vous tout au long des quelque trente années qui mesurent l’écart entre notre première rencontre et la dernière, début 2018. Pardonnez-moi d’abandonner la neutralité professionnelle de l’archiviste et de naviguer entre les deux ! C’était, je crois, à la fin des années 1980, aux Archives d’outre-mer où, jeune conservatrice, je rencontrais un petit homme, à l’œil clair et au ton sans réplique qui exigeait d’avoir accès sans délai et sans restriction à toutes les archives concernant Césaire. Il aura fallu que je vienne travailler en Martinique pour que je comprenne les tenants et aboutissants de ce comportement péremptoire qui m’avait tant indisposée à l’époque : au-delà d’un trait de caractère forgé par ton parcours individuel et par la haute idée de ta mission, c’était aussi une posture d’attaque face à la culture du secret qui pesait sur tout ce qui relevait de l’histoire contemporaine de la Martinique.

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Non à la répression des militants anti-chlordécone ! Jugez les empoisonneurs ! Indemnisez les victimes !

— Déclaration du CNCP —

Que notre cri soit unanime ! Qu’il soit puissant ! Il est temps de mettre fin au scandale. Sous la houlette de l’État colonial français, des tonnes de poisons ont été sciemment déversés sur notre sol et ont provoqué une catastrophe sanitaire qui concerne 95 % de notre peuple. Les appels à justice et réparation ont été mis au placard par leurs tribunaux depuis plus de trente ans. Des ouvriers agricoles ont été tués et blessés par les balles de leurs forces armées en 1974 alors qu’ils réclamaient l’interdiction des produits toxiques dans les bananeraies. Et aujourd’hui, pour avoir exigé que les coupables de l’empoisonnement soient jugés, des militants pacifiques sont gazés, matraqués, raflés, gravement violentés, poursuivis par leurs tribunaux ! Nous devrions accepter cela sans taper du poing sur la table ? Quel que soit le prétexte qu’on pourrait prendre, se tapir dans le silence reviendrait à se faire complices des empoisonneurs.
Le jeudi 27 août, le pouvoir colonial a décidé de tenir un énième procès de la honte. En exerçant leur violence policière et judiciaire contre des militants anti-chlordéconne, choisis arbitrairement, le gouvernement français et la caste qu’il protège, veulent détourner l’attention de la cible principale.

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La Martinique parle le présent

— Par Monchoachi
« A travers l’action RVN (Rouge Vert Noir) de ces dernières semaines, la Martinique parle le présent. Elle le parle doublement : elle parle le présent de son histoire coloniale. Elle parle en même temps le présent de la terre entière dont l’espace est au même titre dévasté par un technicisme productiviste débridé et le temps embrigadé dans l’historiographie, pressuré par l’exigence d’un développement (d’un progrès) dont la seule destination est la marchandisation complète du monde, son nivellement et son engloutissement dans le totalitarisme technologique. Elle le fait dans un langage qui lui est propre faisant écho à un contexte qui lui est propre : celui d’un colonialisme qui s’exaspère avec la cristallisation de deux phénomènes parallèles : d’un côté une jeunesse émigrée massivement, en quête d’emplois vers la métropole coloniale (un peuple une nouvelle fois déraciné, désertant sa terre, mué en ombre) ; d’un autre côté, une active colonisation de peuplement qui ne cesse de se renforcer depuis deux décennies. S’ajoute à cela, le resserrement colonial d’un encerclement administratif et répressif.

Par conséquent, s’entêter de renvoyer à tout prix à l’histoire et à ses chères études ce qui parle le présent avec une telle insistance, c’est, contre toute évidence, prendre option de tourner la tête, de se voiler la face pour ne pas voir la présence de ce présent certes suffoquant, continuer de s’abuser à bon compte et préférer en quelque sorte se raconter des histoires.

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Profanation de la statue de Gandhi

— Par Pierre Catayée —
Dimanche 26 juillet 2020… Quelle triste journée ! Après avoir démantelé les statues de Joséphine et de d’Esnambuc, des manifestants « activistes », en se dirigeant vers le Parc Aimé-Césaire, ont profané la statue de Gandhi en la piétinant et en y inscrivant des insanités du genre « Gandhi, le négrophobe ! »

Comment peut-on écrire une telle ineptie quand on sait que Gandhi a mené une lutte sans concession contre le colonialisme britannique, une campagne nationale pour l’aide aux pauvres, pour la libération des femmes, pour la fraternité entre les communautés de différentes religions ou ethnies, pour la fin de l’intouchabilité et de la discrimination des castes ! Et pour parvenir à ce but, il s’est fait l’apôtre de la non-violence : « Je suis prêt à souffrir n’importe quelle humiliation, n’importe quelle torture, un ostracisme absolu et la mort même, pour empêcher ce mouvement de devenir violence ou précurseur de violence…

La profanation de sa statue en ce dimanche de juillet n’est rien moins qu’une hérésie, un nonsens. En réalité, à travers cet acte répréhensible, nous mesurons tout le mépris et la haine que certains affichent et entretiennent (encore !)

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Quelle mission pour les activistes ?

— Par Guy Lordinot, ex-député —
Les événements violents que nous vivons depuis quelques mois nous invitent à une réflexion sur le devenir de la Martinique. S’il est vrai selon Frantz Fanon que « chaque génération doit, dans une relative opacité, trouver sa mission, la remplir ou la trahir » quelle est celle des acteurs qui sous l’étiquette de « Martiniquais éclairés » ou de « militants RVN » (rouge vert noir) ont conduit les récentes opérations-commando ? La réponse à cette question peut être éclairée par les missions des trois générations qui se sont succédé depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Au sortir de cette guerre, juste après l’administration cruelle de l’amiral Robert, les Martiniquais vivent pour l’immense majorité dans un état préoccupant de grande pauvreté et de précarité. Sur ce terreau favorable, le Parti Communiste prospère. Il mène vigoureusement les luttes syndicales et politiques pour conquérir l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Dans la même période, les instituteurs œuvrent sans relâche pour aider leurs élèves à acquérir des diplômes leur ouvrant l’accès à une meilleure situation sociale.

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Sur la situation politique que nous vivons

— Par Philippe Pierre-Charles et Gilbert Pago —
Lorsqu’une situation est complexe, la prise en compte de la totalité de ses aspects est la seule façon de voir clair et d’éviter de sombrer dans un opportunisme ou un autre. Voyons ces éléments sans les hiérarchiser ni oublier leur imbrication.

1). Un mouvement martiniquais et mondial de dénonciation du grand mensonge colonial européen (pour l’essentiel), de rétablissement de quelques vérités occultées par les dominants secoue la planète. Nous disons Eya ! Woulo ! Bravo ! Nous en sommes partie prenante comme bien d’autres de nos prédécesseurs. Mener ce travail de vérité ne peut aller sans débats et controverses. Refuser ces débats, en se prétendant détenteur unique et prétentieux de la vérité, reviendrait à accepter le risque que des contrevérités soient légitimées en lieux et place (et à la manière de l’encrage) du mensonge colonial. Rarement la petite phrase de Lénine a été aussi importante : seule la vérité est révolutionnaire !

2). Ce contexte idéologique enveloppe des sociétés dans lesquelles le colonialisme est maintenu sous toutes sortes de déguisements avec son cortège de domination sociale, de dépossession politique, de maldéveloppement chronique.

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«Les Trois âges du constitutionnalisme haïtien», de Claude Moïse

Indépendance, occupation étrangère, démocratie : ruptures et continuités

— Par Thomas Lalime —

Depuis près d’une quarantaine d’années, l’historien haïtien de renommée internationale, Claude Moïse fait de la constitution haïtienne son principal objet de recherche. Il s’est jeté à cette eau par nécessité éditoriale en 1983 quand il avait été sollicité par la direction de la revue Collectif Paroles, éditée à Montréal, en vue de faire le point sur le prompt changement de Constitution opéré en une nuit par le gouvernement de Jean-Claude Duvalier. N’étant pas un juriste de formation, il s’attache plutôt aux aspects historiques et politiques des Constitutions haïtiennes. Comme en témoignent ses différents ouvrages : Constitutions et luttes de pouvoir en Haïti, Tomes 1 et 2, (1988, 1990); Une Constitution dans la tourmente (1994) ; Le Pouvoir législatif dans le système politique haïtien (1999) ; Le Rapport au président de la République sur la question constitutionnelle (2007) en collaboration avec Cary Hector, de regrettée mémoire ; La question électorale – Jeux de pouvoir, péripéties et enjeux démocratiques (2015).

Plus récemment, en 2019, le professeur Claude Moïse a livré au grand public : «Les Trois âges du constitutionnalisme haïtien».

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« La rue ou la société civile peut jouer son rôle de contre-pouvoir… »

Marcelin Nadeau, maire du prêcheur, accorde une interview à Hervé Brival à lire dans France-Antilles du 10 août 2020, dont on trouvera ci-après les premières lignes. Il réaffirme sa volonté de dialogue avec  » un mouvement spontané et non encarté »

Entretien mené par  Hervé Brival

Ces dernières semaines il y a eu des destructions de plaques de rue et des déboulonnages de statues au nom de la décolonisation de notre espace. Marcelin Nadeau, co-président de Péyi-A et maire du prêcheur, livre sa vision sur ces événements.

Marcelin Nadeau, le devoir de mémoire doit-il passer par ces destructions ?

Comme Péyi-A a eu l’occasion de le préciser dans un communiqué, les méthodes d’expression ou de résolutions des questions politiques ont toujours opposé les militants de générations différentes. Celle utilisé dans le cadre de la destruction des statues n’est pas la nôtre, mais ce désaccord sur la forme ne peut occulter le fond, c’est-à-dire les légitimes questions sur les clés de lecture des événements passés, les aménagements mémoriels et le modèle économique à construire. Il faut indiquer également que si nous assistons depuis quelques mois à une recrudescence d’actes militants paraissant violents à certains, c’est parce que la dernière génération d’élus a été particulièrement négligente par rapport à notre devoir de mémoire laissant perdurer cette trop flagrante surreprésentation des symboles coloniaux dans l’espace public martiniquais.

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La traite négrière, passé occulté par les entreprises françaises

— Par Julien Bouissou —

Axa, Banque de France, Marie Brizard… A un degré moindre que leurs homologues britanniques, des entreprises françaises ont elles aussi bénéficié plus ou moins directement du commerce des esclaves.

 Illustration : Récolte de la canne à sucre dans une plantation de la Compagnie des Antilles au XIXe siècle. Collection KHARBINE-TAPABOR

Bien avant son apparition dans les rayons de supermarchés, la célèbre anisette Marie Brizard, née à Bordeaux au milieu du XVIIIe siècle, remplissait les cales des navires négriers. Elle s’échangeait sur les côtes africaines contre des esclaves, transportés ensuite de l’autre coté de l’Atlantique pour travailler de force dans des plantations de canne à sucre. La liqueur figurait sur la liste des « marchandises de traite » chargées dans les ports français. La traite négrière n’a pas laissé en héritage que des statues ou des plaques de rue. Elle a donné naissance à des fortunes discrètes, dont la trace a été perdue au gré des fusions, acquisitions et changements de nom.

Pour la première fois, la Royal Bank of Scotland, la Lloyds Bank, la Bank of England (BoE) ou encore le brasseur Greene King ont reconnu en juin, dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, qu’une partie de leurs fondateurs ou ex-administrateurs avaient bénéficié de la traite des Noirs.

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