— Par Serge Letchimy —
Le débat politique actuel en France sent le renfermé et la moisissure. La chevauchée infernale de l’extrême droite laisse derrière elle une gangrène qui infecte les esprits. Une nuit sans lumière. Une impasse dont beaucoup peinent à trouver l’issue.
C’est dans cette nuit bien sombre que de rares éclairs viennent zébrer le ciel obscurantiste.
Récemment, lors d’un débat face à un candidat de l’extrême-droite, référence a été faite à la notion de « créolisation » pour signifier l’actuelle situation culturelle et sociétale de la France. On ne peut que saluer, chez un homme politique français, cette sensibilité à ce précepte si peu présent dans le débat occidental. C’est pourtant l’une des idées les plus fécondes de la pensée du monde contemporain.
Les poétiques de Césaire et de Glissant, la réflexion planétaire de Fanon, proviennent de la Martinique — laquelle fait partie de ces pays dits « d’Outre-mer », parcelles de l’ex-empire colonial, collectivités territoriales aux extrémités du monde, et que beaucoup connaissent si mal, quand ils ne les ignorent pas.
Il est très rare qu’en France, on puisse seulement envisager qu’il existe dans les « Outre-mer », une quelconque pensée conceptuelle, un hypothétique ferment de créativité culturelle et artistique.