Catégorie : Politiques

2023, oser notre dernière chance ?

-Par Guy Lordinot

Un peuple occupait la Martinique lorsque des aventuriers venus d’Europe, l’ont exterminé et pris possession de l’île.

Afin de l’exploiter, ils ont fait venir des Africains mis en esclavage, ensuite des travailleurs engagés, et enfin d’autres ouvriers. Ainsi s’est constituée une population composée d’hommes et de femmes sans passé commun jusque-là. Cette population ne constituait donc pas un peuple.

Au fil du temps, une identité martiniquaise s’est construite mais elle n’a jamais pu se constituer en peuple à cause notamment de son statut de colonie de la France.

La Martinique, colonie française, sa population allait-elle un jour devenir un peuple ?

Beaucoup l’ont espéré lorsque du statut de colonie, elle avait fait le choix d’un statut de département. Ce choix était-il une erreur ?… Il s’expliquait par le fait que l’État promettait aux populations concernées qu’elles deviendraient des Français à part entière. A l’époque, il paraissait inconcevable que la « généreuse mère patrie » n’honore pas sa promesse.

Pourtant, à l’occasion des discussions relatives à la loi de départementalisation, le ministre des Finances de l’époque, André PHILIP, exprimait déjà clairement des réserves sur l’aspect budgétaire.

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L’Europe relance péniblement ses relations avec l’Amérique Latine et les Caraïbes

— Par Fabienne Schmitt —

Le Sommet entre l’UE et la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes a mis en évidence les querelles qui opposent les deux blocs sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Le Sommet entre l’Union européenne (UE) et la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac), qui s’est tenu ces deux derniers jours à Bruxelles, aura permis de renouer le dialogue entre les deux blocs qui ne s’étaient pas réunis depuis huit ans.

Mais il a aussi et surtout mis en évidence les querelles qui les opposent et le long chemin qu’il reste encore à faire pour reconstruire des relations fructueuses entre les deux régions.

Principal point de discorde, la rédaction des conclusions du Sommet concernant l’invasion de l’Ukraine par la Russie a tourné au casse-tête, avant d’accoucher d’une version très édulcorée par rapport à ce que souhaitait l’UE, à l’origine.

Bruxelles voulait une condamnation forte de cette guerre, ce à quoi se refusaient catégoriquement des pays comme Cuba, le Venezuela ou le Nicaragua, bloquant toute position dure. Au final, le Nicaragua est le seul pays à avoir refusé de soutenir la déclaration commune à l’issue du Sommet en raison du paragraphe sur l’Ukraine.

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Comment faire en commun, « métropole » et « outre-mer » ?

La situation critique des régions, départements et collectivités ultramarins appelle une action volontariste de l’État pour engager un programme solidaire inédit de développement économique et humain. Avec:

  • Pierre Lacaze, Membre de l’exécutif du PCF.
  • Marcellin Nadeau, député de Martinique (groupe GDR-NUPES).
  • Davy Rimane, député de Guyane (groupe GDR-NUPES).

On les appelle, au sens large, les territoires d’outre-mer : Guadeloupe, Mar­tinique, La Réunion, Guyane, Nouvelle-Calé­donie, Mayotte, Polynésie française, Saint-Pierre-et-Mique­lon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Wallis-et-Futuna… Leurs noms évoquent, en dehors des événements de l’actualité, des terres lointaines où, pour la plupart, il ferait bon vivre sous une météo qui tranche, surtout en hiver, avec celle de la «métropole». Leur situation est en réalité loin d’être idyllique.

Vie chère, taux de chômage élevé, niveau bas des dépenses d’investissement pour les infrastructures de base… les indicateurs économiques et sociaux vécus douloureusement dans la chair des habitants de ces territoires se doublent de situations de précarisation et de prolétarisation liées aux conséquences de la colonisation et du désintérêt manifeste à leur égard, de politiques animées par l’esprit du centralisme néolibéral avide d’économies d’échelles.

Les territoires ultramarins souffrent de la fracture territoriale qui s’est exacerbée en France.

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CIOM sur la vie chère : le gouvernement propose 70 mesures pour les Outre-mer

Promis avant l’été mais reporté plus d’une fois, le Comité interministériel des Outre-mer s’est finalement réuni ce mardi 18 juillet à Matignon afin de présenter des mesures concrètes visant à améliorer la vie quotidienne des habitants des territoires ultramarins. Sous la présidence de la Première ministre Élisabeth Borne, cette réunion avait pour objectif de mettre en place des ajustements administratifs et des réformes législatives adaptées aux spécificités de chaque département d’outre-mer.

Au cours de ce CIOM, une vingtaine de ministres ont dévoilé environ 70 mesures réparties autour de quatre axes majeurs. Tout d’abord, il s’agit d’encourager la création de valeur dans les territoires ultramarins, favorisant ainsi le développement économique local. Ensuite, l’objectif est d’améliorer le quotidien des Ultramarins en répondant à leurs besoins spécifiques, que ce soit en matière de logement, de santé, de transport ou d’accès aux services publics.

La lutte contre le réchauffement climatique est également une préoccupation essentielle, avec des mesures visant à promouvoir la transition énergétique et à préserver l’environnement dans les territoires ultramarins.

Enfin, une attention particulière est portée à la jeunesse, avec des mesures destinées à favoriser l’éducation, l’emploi et l’épanouissement des jeunes Ultramarins.

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« Face à la culture de haine que diffuse l’extrême droite, il faut défendre avec énergie les valeurs humanistes et démocratiques »

Dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités, parmi lesquelles l’académicien Erik Orsenna, les anciennes ministres Aurélie Filippetti, Elisabeth Moreno et Françoise Nyssen, l’ancien ministre Jack Lang, l’ancien ministre et ancien défenseur des droits Jacques Toubon, apportent leur soutien au ministre de l’éducation Pap N’Diaye, déplorant qu’il soit « si peu et si mal défendu » après ses déclarations au sujet de CNews.

L’affirmation du ministre de l’éducation, Pap N’Diaye, selon laquelle le média CNews « était clairement d’extrême droite » a suscité des réactions violentes, notamment des journalistes et éditorialistes de cette chaîne. Celles-ci mêlent attaques ad hominem, confusion dans l’argumentation et absence d’objectivité de manière consternante, dans une rhétorique familière à l’extrême droite. Ce qui ne peut que rappeler le climat d’extrême droite des campagnes de presse visant à abattre un adversaire dans l’entre-deux-guerres.

L’enjeu dépasse la situation d’un ministre si peu et si mal défendu face à ce genre d’attaque. En premier lieu, il faut rappeler que l’existence d’une presse indépendante (en interdisant la concentration des pouvoirs entre les mains de quelques financiers et en garantissant l’indépendance des rédactions), est un des piliers nécessaires d’une société démocratique.

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Faute d’argent, le Programme alimentaire mondial réduit son aide à Haïti

(San Juan) Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a annoncé lundi qu’il fait face à une pénurie de fonds et qu’il ne sera pas en mesure d’aider ce mois-ci 100 000 personnes en Haïti qui ont des besoins urgents.

Par habitant, le nombre d’Haïtiens confrontés à une insécurité alimentaire urgente est le deuxième plus élevé au monde, avec près de cinq millions de personnes qui peinent à manger chaque jour, selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies.

(Photo Odelyn Joseph, archives Associated Press)

La réduction de 25 % survient alors qu’un record de 4,9 millions de personnes dans le pays de près de 11 millions d’habitants a besoin d’aide pour trouver de la nourriture, a indiqué l’agence.

Jean-Martin Bauer, le directeur de l’agence pour Haïti, affirme que cela ne pourrait pas arriver à un pire moment, tandis que les Haïtiens sont confrontés aux violences, à l’insécurité, aux perturbations économiques et à des chocs climatiques.

L’agence a prévenu que son plan d’intervention en Haïti n’est financé qu’à 16 % et qu’elle ne sera pas en mesure de fournir de la nourriture à un total de 750 000 Haïtiens si elle n’obtient pas 121 millions US d’ici la fin de l’année.

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Il y a 80 ans, l’entrée en Résistance de la Martinique. Nous avons encore du chemin à faire !

— Par Marie-Hélène Léotin —

1943 – 2023 : 80 ans de la Médaille de la Résistance

En Martinique, c’est le 29 juin 2023 qu’il fallait déposer une gerbe devant le monument aux morts de Fort-de-France

La Martinique, les Antilles ont porté leur contribution au grand combat du XXe siècle contre la barbarie et le fascisme, lors de la Seconde Guerre mondiale. On se rappelle la résolution votée par le Conseil général de Martinique, le 24 juin 1940, deux jours après la signature de l’armistice par le gouvernement français du maréchal Pétain qui capitulait devant les Allemands :

« Les Maires et Conseillers Généraux de la Martinique, réunis à Fort-de-France, proclament au nom de la population de l’île son indéfectible attachement à la France, sa volonté de consentir les derniers sacrifices pour parvenir à la victoire finale, par la continuation de la lutte aux côtés des alliés avec l’empire français d’Outre-mer, font un appel pressant à tous les citoyens pour assurer la continuité de la vie économique et administrative du pays dans l’ordre, par le travail, par l’esprit de solidarité et de sacrifice ».

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Le 14 juillet 1953, la police tuait des Algériens et un militant CGT à Paris

La manifestation du 14 juillet 1953 à Paris est le traditionnel défilé organisé par le PCF et la CGT pour célébrer les « valeurs de la République » le jour de la fête nationale, au cours duquel la police tira sur le cortège algérien, faisant sept morts et environ 50 blessés graves.

Contexte

Depuis 1936, avec une interruption sous Vichy et l’occupation allemande, le Parti communiste français (PCF), la Confédération générale du travail (CGT) et divers mouvements proches organisaient à Paris, le 14 juillet, un défilé pour célébrer les « valeurs de la République » le jour de fête nationale.

Depuis le début des années 1950, les indépendantistes algériens du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), dirigé par Messali Hadj, prenaient part au défilé, malgré leurs divergences avec des communistes français alors défavorables à l’indépendance de l’Algérie.

En 1953, le contexte est tendu. Les manifestations de la fête du Travail le 1er mai ont été l’occasion de violences policières. Un an plus tôt, le 28 mai 1952, le communiste algérien Hocine Bélaïd a été tué lors de la manifestation contre la venue en France du général américain Matthew Ridgway, accusé d’utiliser des armes bactériologiques dans la guerre de Corée.

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Un comité interministériel pour « l’Outre-mer » prévu mardi 18 juillet

L’an dernier, les élus des territoires des Outre-mer avaient demandé « un changement profond de politique », pouvant aller jusqu’à une réforme constitutionnelle

Il était fort attendu par les élus ultramarins. La Première ministre Elisabeth Borne réunira mardi un comité interministériel des Outre-mer (CIOM) qui doit permettre de rendre plus efficace l’action des collectivités ultramarines en actant un certain nombre de mesures législatives ou réglementaires.

En mai 2022, les présidents des régions de Guadeloupe, Réunion, Mayotte, Martinique, Saint-Martin et Guyane, avaient signé l’« appel de Fort-de-France », demandant à rencontrer le président pour discuter d’ « un changement profond de politique » d’aide au développement de leurs territoires frappés par la pauvreté, et de solutions aux problématiques spécifiques aux Français d’outre-mer pouvant aller jusqu’à une réforme constitutionnelle.

Des « solutions sur mesures »

A l’issue d’une réunion en septembre avec une cinquantaine d’élus des collectivités de l’océan Atlantique et de l’océan Indien, Emmanuel Macron avait indiqué qu’il comptait donner à ces collectivités « les marges d’action nécessaires à l’invention de solutions sur mesure » aux problèmes de sécurité et de vie chère, qui touchent leurs territoires.

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Martinique : « Il faut en finir avec cette vieille tradition de la République paternaliste »

— Tribune de Serge Letchimy, Président du conseil exécutif de Martinique —

Alors qu’un comité interministériel des outre-mer, initialement prévu le 6 juillet, a été reporté, le président du conseil exécutif de Martinique, Serge Letchimy, appelle l’Etat français, dans une tribune au « Monde », à reconnaître par les « actes » la différenciation régionale, et à redonner aux outre-mer la « pleine capacité de maîtrise » de leur destin.

En 2023, Aimé Césaire (1913-2008) aurait eu 110 ans. Il y aura des festivités et des célébrations partout dans le monde, car, au-delà des frontières de la Martinique et au-delà des frontières de la France, sa pensée a atteint le cœur et les esprits de millions de personnes. Mais que puiser dans la pensée de Césaire aujourd’hui, quinze ans après sa mort ? Quels seraient ses combats aujourd’hui, dans ce monde où chacun cherche son émancipation individuelle dans la foison des inégalités grandissantes que la mondialisation ne cesse de reproduire ?

La crise climatique s’ajoute désormais aux outrances d’un monde globalisé et inégalitaire. Nous faisons ce que nous devons à nos échelles régionales, mais le monde semble courir droit à sa perte.

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SOMADICOM : un protocole d’accord a été signé

— Communiqué du  Comité de grève de SOMADICOM Soutenu par la CGTM —

Notre lutte a payé.

Nous les chauffeurs-livreurs de SOMADICOM (Groupe Bertrand Clerc) étions mobilisés du 6 au 13 juillet 2023 pour exiger de notre employeur des réponses concrètes à des revendications que nous portons depuis 2018.

SOMADICOM est une société créée le 1er juillet 2010 par Bertrand Clerc qui y a transféré des chauffeurs de la SOMES, pour transporter et vendre, dans toute la Martinique, l’eau produite par la SOMES (Chanflor, Lafort, Eau de Source), mais également d’autres boissons importées. Elle compte 9 chauffeurs.

Pour défendre ces revendications, nous avons élu un Comité de grève et étions soutenu par la CGTM.

Le 13 juillet, nous avons signé un protocole d’accord avec le directeur. Ce protocole a mis fin au conflit. Nos revendications portaient sur les conditions matérielles et commerciales de travail, mais également sur la rémunération.

Sur le premier point, des engagements ont été pris. Nous serons vigilants pour suivre leurs mises en application.

Sur le second point, le directeur a refusé de revaloriser notre taux de commissionnement.

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Construire une nouvelle cohésion sociale

— Par Charles Célénice, militant associatif, directeur préfigurateur de l’Observatoire de la parentalité de Martinique —
Une fois encore, des violences urbaines (mais pas seulement) agitent la France et la Martinique. Un jeune de plus est décédé, victime d’un tir de policier, dans le « 9.3 », un département cumulant bien des misères. Embrasements, pillages, affrontements, arrestations… s’en sont ensuivis. Le désordre s’est installé durant quelques jours. Puis, le soufflé est retombé. Une fois encore… jusqu’à la prochaine. L’âge des jeunes engagés dans ces événements, souvent de moins de 18 ans, attire fortement l’attention. On a l’impression que la peur des enfants, des jeunes, s’est propagée. Faut-il se résigner, s’en accommoder, dénoncer, combattre, approuver, attiser, appuyer… comprendre ? C’est en tout cas un fait bien établi, désormais. Mais au fait, de quel fait parlons-nous ? D’une autodestruction ? De quelles solutions s’agit-il ? Comment changer cela, passer d’un cercle vicieux à un cercle vertueux ?

La Martinique est confrontée depuis longtemps à bien des maux, très ancrés dans la vie des gens, malades du mal-être post-esclavagiste et colonial, subissant un chômage structurel depuis plus de 60 ans maintenant, entrainant un échec scolaire massif, sans oublier le récent scandale du chlordécone… il n’y a que l’embarras du choix pour s’enflammer !

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Angela Davis selon Valérie Pécresse : le sens politique d’une négation

— Par Jérôme Beauchez, professeur de sociologie et d’anthropologie, directeur du Laboratoire interdisciplinaire en études culturelles CNRS, Université de Strasbourg.—

Le 5 juillet, alors même que les feux de la révolte qui a embrasé la France suite à la mort de Nahel M. ne sont pas encore éteints, on lit dans la presse que Valérie Pécresse, Présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, a fait débaptiser le lycée Angela-Davis de Saint-Denis. Contre l’avis des enseignants qui l’ont choisi, le nom de cette philosophe, écrivaine et icône de la lutte afro-américaine, est tout simplement apparu à Madame Pécresse comme évocateur de valeurs « contraires » à celles de la République française.

Lorsqu’à l’instar de Valérie Pécresse, on fustige à tout-va le « wokisme » et la « cancel culture » consistant à effacer de l’histoire comme des espaces publics les noms de celles ou ceux jugés indignes d’y figurer, n’est-on pas tenu de s’abstenir d’employer le même type de procédés ? Au-delà de cette contradiction, débaptiser un lycée situé à Saint-Denis, dans une ville où la richesse du cosmopolitisme et l’épreuve des discriminations entrent en résonnance forte avec les luttes d’Angela Davis, ne saurait relever du simple fait anecdotique.

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Le crime chlordécone : la mobilisation se met en place

— Le n° 307 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

La Simenn Matinik Doubout se déroulera du 22 au 28 octobre, mais les mois qui précédent font déjà partie de la mobilisation, autant qu’ils permettent d’en assurer un réel succès.

La conférence de presse du 28 juin n’a attiré qu’une partie des médias et aucune télévision. C’est malgré tout un succès grâce à RCI, France-Antilles, Antilla, mais aussi aux nouvelles participations individuelles audelà de la trentaine d’organisations.

Commencée par la rencontre avec le Conseil Municipal de Fort-de-France, la tournée des villes se poursuit. Au Prêcheur, une première intervention de Simenn Matinik Doubout avait eu lieu lors du séminaire des organisations de Cluny sur l’écologie décoloniale. Dans la foulée, ce vendredi 7 juillet, c’est le conseil municipal de la ville qui faisait un bon accueil à Simenn Matinik Doubout.

Auparavant, ce fut un long entretien avec le maire du Saint-Esprit.
Ce lundi 10
, c’est au tour du conseil municipal des Trois-Ilets de recevoir SMD.

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Empêcher l’accès à la bassine quel qu’en soit le coût humain

« Le gouvernement persiste dans une logique liberticide et autoritaire de criminalisation et de répression des mobilisations sociales. »

Communiqué et rapport des observatoires des libertés publiques et des pratiques policières sur la mobilisation contre le projet de méga-bassine à Sainte-Soline (24-26 mars 2023).

Le samedi 25 mars 2023, en dépit d’intimidations de la part des autorités publiques, 18 observateur·ice·s indépendant·e·s étaient présent·e·s à la manifestation contre le projet de méga-bassine à Sainte-Soline.

Après un travail de plusieurs mois fondé sur des observations de terrain, recoupées à l’aide de témoignages et d’éléments matériels, les observateur·ice·s versent au débat public un rapport minutieux relatif à la stratégie de maintien de l’ordre déployée ainsi que le récit précis du déroulement de la manifestation.

Dès le 24 mars 2023, le ministre de l’Intérieur avait averti que l’on verrait « […] des images extrêmement dures, parce qu’il y a une très grande mobilisation de l’extrême gauche et de ceux qui veulent s’en prendre aux gendarmes et peut-être tuer des gendarmes et tuer les institutions ». Les autorités publiques ont alors mis en scène un maintien de l’ordre spectaculaire d’une très grande violence.

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Le CIOM, le GPMLM, le Chlordécone, le peuple…

— Tribune de Rèspé —
Le Comité Interministériel des Outremers (CIOM), est une nouvelle fois renvoyé. Bien malin celui ou celle qui pourrait dire à quand. Il est vrai que la chef d’orchestre en la matière, la première ministre, a en ce moment d’autres chats à fouetter.
Et bien sûr, la perspective d’une privatisation du Grand Port Maritime de La Martinique (GPMLM) n’aurait logiquement rien pour déplaire au président de la CCIM, ancien patron du Médef local. Celui-ci rappelle quand même, avec un certain réalisme et une modestie contrainte, que le port est un organisme public non destiné à privatisation. Encore que… D’ailleurs, à quoi bon privatiser ? Le patronat n’est-t’il pas passé maître dans l’art de gérer, avec ses stratégies propres, les affaires de l’État ? Il le fait couramment sous les habillages les plus anodins : « délégation de service public » ou « partenariat public-privé », des artifices toujours au bénéfice des intérêts privés !
Nous, qui ne sommes pas aveuglés par les échauffements politiciens à forts relents électoralistes, ne perdons pas nos boussoles. Nous préférons avoir à régler nos divergences sur la gestion de port avec un élu, dont le pouvoir est issu d’un vote populaire, plutôt qu’avec un responsable de chambre consulaire dépendant uniquement de la volonté de ses pairs.

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Notre pays est en deuil et en colère

Notre pays est en deuil et en colère. Le meurtre de Nahel tué par un policier à bout portant à Nanterre, a mis à nu les effets de décennies de politiques publiques discriminatoires et sécuritaires ciblant notamment les quartiers populaires et la jeunesse qui y grandit et particulièrement les personnes racisées et précarisées. L’escalade des violences est une impasse et doit cesser. La conception essentiellement répressive de la police, et l’évolution législative de 2017 sur l’usage des armes de service, aggravent ce que la population vit et subit que ce soit en termes de discriminations et de pratiques racistes.

Les tensions entre population et police viennent de loin et s’inscrivent dans une histoire marquée d’injustices, de préjugés, de violences, de discriminations, de sexisme… et d’un racisme systémique qui traverse l’ensemble de la société et qui n’est toujours pas éradiqué.

Les habitant·es des quartiers concernés et notamment les femmes pallient bien souvent seul·es les carences en termes de services publics. C’est bien la régression de ceux-ci, l’école, les lieux de partage et de culture, sportifs, la poste, les administrations etc. et le recul du soutien de l’État au tissu associatif qui ont largement contribué à marginaliser ces quartiers et des territoires entiers bien au-delà, particulièrement dans les Outre-mer.

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Petits meurtres entre amis !

— Par Marie-Laurence Delor —

Reprenons les termes du problème pour en prendre toute la mesure et ne pas en rester au jeu des postures des « nèg-maron pleurnichards » et au bavardage du « nationalisme mondain ».

Commençons par le commencement. Le Conseil de surveillance du Grand Port est composé de 17 membres dont 13 martiniquais et 4 représentants de l’Etat. Les 5 années de mandature précédentes étant échues ; le 26 juin dernier il y a eu, comme le prévoit les textes, un vote du Conseil pour élire un nouveau Président. Deux candidats briguaient la fonction : le président sortant, Président par ailleurs de la CCIM, et le Maire du chef-lieu – qualifié pompeusement de « ville capitale », soutenu par le Président de son parti et actuel Président de l’exécutif de la CTM. L’argument de campagne du maître de plateau Roy était « la cohérence », autrement dit, comme pour la CACEM et l’ex Conseil général, à l’époque, la mise du port sous sa tutelle par personne interposée. Le vieil adage qui nous préservait de l’autocratie, « ne pas donner trop de pouvoirs à un seul », a laissé place depuis à une « logique boulimique du pouvoir » : l’homme veut contrôler toutes les institutions locales majeures.

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Quand la France s’embrase

— Le n° 306 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Il est bien facile de parler de mimétisme pour expliquer les troubles dans quelques cités de Martinique et de Guyane, troubles surgis après le déclenchement des émeutes que l’on sait en France ! Nous préférons souligner la sensibilité de fractions de la population à des événements liés au tir policier à bout portant qui a mis fin brutalement à la vie du jeune Nahel. Le motif de ce meurtre, le « refus d’obtempérer » d’un jeune à un contrôle policier, parle évidemment à beaucoup dans les colonies.

Chacun peut constater que plus le Pouvoir s’indigne que l’on parle de « violences policières », de racisme systémique, de police gangrenée par l’extrêmedroite, plus les drames révoltants comme celui de Nanterre se répètent, ou encore celui d’Alhoussem tué par un policier toujours pour refus d’obtempérer, le 14 juin à Angoulème. Et comme presque toujours, ce sont les vidéos (et pas le collègue à côté !) qui révèlent et documentent les circonstances de l’abominable, ainsi que le mensonge systématique.

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Meurtre de Nahel et révolte des quartiers populaires : le déni du racisme systémique en France

Après que ce sont produits ces derniers mois plusieurs tirs policiers tuant ou blessant des personnes coupables de « refus d’obtempérer », une vidéo montrant le meurtre à Nanterre le 27 juin 2023 de Nahel, 17 ans, a déclenché une violente révolte des quartiers populaires dans toute la France. Alors que l’ONU l’appelait à traiter sérieusement la question du racisme dans la police française, le président Emmanuel Macron a affirmé que cette révolte était causée « par les réseaux sociaux et les jeux vidéo » et mis en œuvre une répression qu’il a qualifiée de « sans tabous ». Nous publions un texte publié dans Télérama de l’écrivaine et sociologue Kaoutar Harchi qui évoque « le risque permanent de la peine de mort » qui pèse sur les jeunes hommes racisés.

Kaoutar Harchi, écrivaine, sur la mort de Nahel M. : “Si eux vont sans honte, nous n’irons pas sans révolte”

—Par Kaoutar Harchi, publié dans Télérama le 30 juin 2023.—

Dans Comme nous existons (2021), récit autobiographique d’une grande puissance littéraire, Kaoutar Harchi passait de l’intime au politique, pour dire son refus de l’assignation identitaire et sa révolte face à « l’injustice de race et de classe ».

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Antonio Guterres lance un appel à aider Haïti, en proie aux ravages des gangs

Le secrétaire général de l’ONU a rencontré le Premier ministre Ariel Henry et des membres du Conseil de la transition, des acteurs politiques et de la société civile, lors de sa visite, samedi en Haïti. Des échanges francs, selon Antonio Guterres, autour de la grave crise qui sévit dans le pays depuis quelque temps.

Avec [la] correspondante de RFi à Port-au-Prince, Marie-André Bélange

La visite du secrétaire général de l’ONU aura duré quelques heures. Comme pour donner chair à cette solidarité qu’il vient exprimer au peuple haïtien, Antonio Guterres a débuté son intervention en créole lors d’une conférence de presse au salon diplomatique de l’aéroport.

« La guerre des gangs a exacerbé la vulnérabilité des Haïtiens. La situation en Haïti est préoccupante », constate Antonio Guterres. « Une personne sur deux en Haïti vit dans une extrême pauvreté et est confrontée à la faim, n’ayant pas un accès régulier à l’eau potable. »

Il faut de l’aide

Haïti ne peut pas s’en sortir toute seule, il lui faut de l’aide. À Port-au-Prince, le secrétaire général de l’ONU a donc réitéré ses appels à l’endroit de la communauté internationale.

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Le roi des Pays-Bas présente ses excuses pour l’esclavage

“Aujourd’hui, je me tiens devant vous en tant que roi et membre du gouvernement. Aujourd’hui, je vous présente mes excuses personnellement”, a déclaré Willem-Alexander sous les acclamations lors d’un événement marquant les 150 ans de l’affranchissement des esclaves dans les anciennes colonies.

Des milliers de descendants de personnes réduites en esclavage dans l’ancienne colonie sud-américaine du Suriname ainsi que dans les îles caribéennes d’Aruba, Bonaire et Curaçao assistaient à ces célébrations.“Je ressens cela profondément dans mon coeur et dans mon âme”, a déclaré le roi, avant d’ajouter: “La traite des esclaves et l’esclavage sont reconnus comme crimes contre l’humanité”.

“Les rois de la maison d’Orange (dont descend le monarque actuel, ndlr) n’ont rien fait pour l’empêcher. Aujourd’hui, je demande pardon pour cette inaction”, a encore ajouté Willem-Alexander.

Les commémorations marquant la fin réelle de l’esclavage dans les colonies ont lieu chaque année à Amsterdam, une célébration appelée “Keti Koti”, soit “briser les chaînes” en sranantongo (l’une des langues du Suriname).

Ces commémorations sont les premières de ce type depuis la présentation en décembre par le gouvernement d’excuses officielles pour le passé esclavagiste des Pays-Bas.

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Présidence du Grand Port de Martinique

 — Par Alfred Marie-Jeanne, Président du Mouvement Indépendantiste Martiniquais —

II y a des comportements qui m’horripilent particulièrement, dans la forme et dans le fond. Se taire, ce n’est pas toujours approuver. Mais vraiment là, il y a telle démagogie que je me dois de dénoncer.

Ces temps derniers le Président du Conseil Exécutif se plaint de n’avoir la gestion du Grand Port. Tout bonnement parce que ce ne sont pas « ses alliés » qui en sont à la Direction.

Je me permets de rappeler pour celles et ceux qui auraient la mémoire défaillante, qu’en tant que Président du Conseil Régional j’avais proposé, dans le cadre de la « disposition offerte à toutes les Régions de France et d’Outremer », que l’aéroport et le port soient sous la gestion de la Collectivité régionale.

Que n’ai-je pas entendu à l’époque ! Le Parti dit progressiste s’est arc-bouté contre cette proposition comme de coutume, sans fondement réel.

Même si j’estime que nous avons perdu du temps dans la rationalisation de nos démarches et de notre gestion de ces outils indispensables pour notre économie, cela ne m’a pas empêché de poursuivre le partenariat, de contribuer au financement du développement de ces infrastructures.

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Narcotrafic en Martinique : en finir avec la politique de l’autruche

— Francis Carole, président du Palima (Parti pour la libération de la Martinique) —

Saisies records de cocaïne, fusillades au Paparazzi ou à l’Oasis, trafiquant de drogue uruguayen qui « s’évade » du CHUM grâce à des complices lourdement armés, patient kidnappé dans le même centre hospitalier par des malfrats, sans laisser de traces, jeunes servant de « mules » au prix de leur vie, corps criblés de balles dans les rues de nos quartiers, blanchiment de l’argent sale, la Martinique s’enfonce, jour après jour, dans l’enfer du trafic de cocaïne — qui détruit et zombifie les sociétés — avec son lot de corruption, de criminalité et de banalisation de la violence.

Si « décivilisation » il devait y avoir, elle serait fille de ce naufrage-là… Ce phénomène, à l’évidence, ne naît pas d’une génération spontanée. Depuis au moins une trentaine d’années, le désastre a commencé à s’ancrer sans que ni l’État français ni nombre de nos collectivités ne lui accordent l’intérêt qu’il aurait mérité. Certains ont même cru devoir instrumentaliser ces dérives à des fins politiciennes…

Un trafic mondial qui explose

Il n’est pas trop tard pour tenter d’éliminer ce mal existentiel qui mine le futur de notre pays.

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Capitalisme et santé mentale du petit patronat martiniquais

— Par Max Dorléans (GRS) —
Une récente étude de l’ARACT (agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail) portant sur le moral des chefs d’entreprise en Martinique a été, entre autres thématiques, l’une des bases de réflexion du salon « OSE » organisé par Martinique Développement (CTM) les 26 et 27 avril. Une étude faisant ressortir que près de la moitié (43 %) des chefs d’entreprise martiniquais avaient un état de santé plutôt moyen…et pour certains avaient fait ou frôlé un burn-out. Une situation à l’évidence inquiétante pour la CTM dans son effort, depuis des années, d’accompagnement des chefs d’entreprise, des jeunes notamment, puisque l’on a le souvenir de subventions proposées il y a quelques années, aux jeunes diplômés pour leur retour et installation sur place avec la création de leur propre entreprise.

Si évidemment l’étude a mis en avant les éléments concourant à ce constat (temps et charge importants de travail, difficultés financières, poids exorbitant des formalités administratives et réglementaires…), ainsi que les solutions à apporter, on ne sera nullement surpris de l’impasse relative à la cause essentielle des problématiques mises en évidence, à savoir l’existence du capitalisme, et de son fonctionnement mortifère et dévoreur d’hommes et de femmes !

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