Catégorie : Philosophie

L’esprit, le corps et les affects dans « L’Éthique » de Spinoza

Par Michel Pennetier

Parcours des livres 2, 3 et 4 de l’Éthique

Je commencerai par une comparaison qui vous paraîtra peut-être un peu bancale et bizarre. Pendant que je m’efforçais de comprendre les livres 2,3 et 4 de l’Éhique, j’entendais à demi consciemment le battement régulier de mon horloge comtoise qui a bien deux cents ans et peu à peu son tic-tac se mêla dans mon esprit à ma lecture et rythma le défilement des concepts et des démonstrations sur les pages de mon livre ( de mes livres car je me suis servi de trois traductions) . L’horloge a un corps qui évoque le corps humain, le cadran serait la tête et le boîtier du balancier qui s’évase à mi-hauteur évoque quelque peu les hanches d’une femme. Le cadran et les deux aiguilles indiquent l’heure et à chaque demie heure et heure pleine elle sonne vigoureusement, le tic-tac régulier m’indique le temps qui passe. Si je la remonte chaque semaine à midi pile, son balancier ne s’arrêtera jamais. L’horloge dit le temps et l’éternité. Elle me transmet un message.

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Edgar Morin : « Le Front populaire a besoin de formuler une voie nouvelle »

Par Edgar Morin —

Pour l’ancien résistant et créateur du concept de « pensée complexe », qui aura 103 ans en juillet, les élections législatives déclenchées par le président Macron ont conduit à un confusionnisme généralisé, mais aussi à une revitalisation politique.

Cet article est une tribune, rédigée par un auteur extérieur au journal et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.

La dissolution de l’Assemblée nationale est un pari pascalien et pokérien.

Pascalien, pour donner foi en sa présidence ; pokérien en offrant sa carte maîtresse au hasard. Les risques courus par le président sont considérables ; mais ne pas dissoudre aurait conduit à la décomposition du macronisme et, à terme, au risque fatal d’une élection présidentielle en faveur du Rassemblement national (RN).

Pensée novatrice

La dissolution a suscité de façon inattendue une sortie de léthargie, une revitalisation politique et une nouvelle configuration : à gauche, à partir d’un émiettement politique, la constitution d’un Front populaire. A droite et à l’extrême droite, c’est la crise des Républicains, de Reconquête, et la polarisation autour du RN. Deux blocs tendent désormais à écraser le centre macronien.

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Michel Foucault : l’intellectuel rebelle

« Michel Foucault, le philosophe et le poisson rouge », de Lise Baron (Fr., 2024, 53 min). Vendredi 21 juin 2024 à 23h42 sur France 5
— Par Hélène Lemoine —
Dans la collection « Rebelles ou l’art de bousculer », nous plongeons dans la vie fascinante de l’un des philosophes les plus influents de la fin du XXe siècle : Michel Foucault. Le documentaire « Michel Foucault, le philosophe et le poisson rouge » diffusé sur France 5 le vendredi 21 juin en troisième partie de soirée, nous offre un voyage inédit à travers l’existence tourmentée et engagée de cet intellectuel hors du commun.

Un voyage inoubliable en Californie

En 1975, Michel Foucault, figure emblématique de la philosophie contemporaine, s’apprête à vivre une expérience marquante en Californie. Avec deux jeunes Américains à ses côtés et du LSD dans la boîte à gants, il part en direction de la Vallée de la Mort. Cette aventure psychédélique illustre la dimension initiatique et pop de son parcours, depuis ses débuts à Poitiers jusqu’au prestigieux Collège de France, en passant par les événements de mai 68 en Tunisie et les luttes pour les droits des prisonniers en France.

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« L’Éthique », de Spinoza

— Par Michel Pennetier —

Introduction

C’est l’œuvre majeure de Spinoza dans laquelle il a réuni l’ensemble de ses idées sur Dieu, la nature, la place de l’homme au sein de cette nature et sa destinée. Cette œuvre n’a été publiée qu’après sa mort et a suscité dès sa parution et dans tout le cours du XVIIIe siècle d’immenses polémiques notamment en Allemagne où les esprits se sont divisés entre Leibniz et Spinoza. Goethe a manifesté son adhésion à la conception spinoziste de la nature et toute son œuvre poétique en est le reflet. Cependant la pensée moniste de Spinoza ( dans le sens où la réalité est constituée d’une seule substance) n’a pas eu de descendance comme si l’Éthique était une œuvre tellement achevée et sans faille qu’il fallait pour continuer à penser partir sur de nouvelles bases, sous un angle différent ainsi Kant, Hegel ou Nietzsche. Ainsi on ne peut polémiquer avec Spinoza, on le met de côté comme un monument indestructible et solitaire de la pensée occidentale. Or il se trouve aujourd’hui que la pensée de Spinoza provoque un regain d’intérêt de la part notamment des neuro-biologistes en ce qui concerne les rapports du corps et de l’esprit : en effet on ne peut trouver de lien causal entre l’activité biologique des cellules du cerveau et la pensée qui l’accompagne ( ce serait absurde puisque ce sont deux domaines différents de la réalité, deux essences différentes).

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Spinoza : un bloc philosophique indépassable?

1re conférence : Spinoza en son temps

— Par Michel Pennetier —

Hegel disait : «  Tout philosophe a deux philosophies : celle de Spinoza et la sienne », comme si la pensée de tout philosophe après Spinoza devait repartir sur de nouvelles bases selon les préoccupations de son temps et son propre tempérament sans pour autant faire fi ou ignorer ce bloc philosophique qui se dresse comme un rocher solitaire à l’orée de la modernité. Rien ne symbolise mieux cette présence absolue et solitaire de la doctrine spinoziste que la statue gigantesque du philosophe, un homme vêtu d’un ample manteau qui se dresse sur une place d’Amsterdam, sa ville natale.

Cependant ce serait ne rien comprendre à la doctrine de Spinoza que de croire que cette pensée serait née uniquement d’une réflexion solitaire. Spinoza est tributaire d’une part de ses origines juives ibériques ( les « marranes »), d’autre part des controverses politiques et religieuses très vives au sein des provinces unies des Pays Bas qui viennent de se libérer de la tutelle espagnole. C’est au sein de la diversité culturelle que s’élabore une pensée originale.

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« Qui a peur d’Angela Davis ? », une série documentaire de Sébastien Thème

Angela Davis, née en 1944 en Alabama, est une figure majeure des combats pour la justice sociale et l’égalité. Devenue une militante communiste et une intellectuelle renommée, elle met en lumière les formes de domination, de racisme et d’injustice. Son engagement politique s’est développé dès son enfance, influencé par le racisme et l’injustice qu’elle a constatés dans son environnement.

Elle est connue pour sa pensée radicale, recherchant les racines des inégalités et des discriminations. Ses écrits, tels que « Femmes, race et classe » et « Blues et féminisme noir », explorent les enjeux de race, de genre et de classe aux États-Unis et dans le monde. Elle prône un changement global du système, critiquant le capitalisme et l’impérialisme comme sources d’oppression.

Angela Davis a été confrontée à des défis majeurs, notamment son implication présumée dans une prise d’otages à la prison de Marin County, ce qui l’a conduite à une incarcération. Cependant, elle a été acquittée en 1972 et est devenue une icône de la lutte pour les droits civils et la justice.

En France, son nom a suscité des débats politiques.

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Passer des beaux discours au tumulte de la rue !

— Le n° 307 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

La tribune de Serge Letchimy dans le journal Le Monde, audelà de ses envolées littéraires, est un acte politique révélateur des limites de « l’appel de Fort-de-France » lancé par les responsables des collectivités territoriales de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Saint-Martin, et Réunion, à l’initiative du même.

 Il apparaît clairement que la stratégie s’appuie fondamentalement sur « le poids des élus » qui l’ont signée ou validée.

Ce poids serait suffisant pour provoquer la « sagesse » supposée du colonialisme, sermonné par la force de l’héritage césairien surabondamment convoqué par Serge Letchimy.

Ainsi, nous obtiendrions du gouvernement, selon l’auteur, l’application de principes fondamentaux (droit à la différence et principe dégalité), dont le contenu concret reste assez vague pour le commun des mortels.

On voit bien le vice fondamental de cette stratégie : elle ne s’appuie pas sur la mobilisation des masses. Cellesci n’ont pas été associées à la définition des contenus, pas plus quà la définition des tactiques.

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« L’Imposture du théologico-politique », de Géraldine Muhlmann

Présentation
Le « théologico-politique », c’est l’idée selon laquelle au « fond » des choses politiques, il y a toujours quelque chose de religieux : quelque chose ayant à voir avec notre rapport au sacré. Même à l’heure où la politique moderne s’est « sécularisée » (séparée des pouvoirs religieux) et où les références religieuses, parfois présentes en elle, ont infiniment moins de poids que par le passé, la pensée théologico-politique est formelle : le fond de l’affaire serait encore et toujours « religieux ».

Depuis une trentaine d’années, le théologico-politique est en plein triomphe dans la philosophie contemporaine. Très au-delà de la mode « Carl Schmitt », c’est une vague qui passe par Giorgio Agamben, Charles Taylor, le dernier Jürgen Habermas, le dernier Richard Rorty… et qui fait revivre, aussi, certaines œuvres du passé : celles de Jacob Taubes et d’Eric Voegelin, ou certains écrits de Karl Jaspers. Toute une myriade d’auteurs contemporains la nourrit (Gianni Vattimo, Marcel Gauchet, Luc Ferry…), non sans échos à un air du temps général (dont témoigne, par exemple, le succès des thèses de René Girard).

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« Il est grand temps de monter en compétence et de se former à ce qu’Edgar Morin appelle ‘la pensée complexe’ »

Nelly Pons, écrivaine et essayiste, autrice de « Océan plastique » et « Débuter son potager en permaculture », a répondu aux questions de WE DEMAIN sur l’urgence climatique.

Elle est l’autrice de Océan plastique et Débuter son potager en permaculture, tous les deux publiés chez Actes Sud. Depuis toujours, Nelly Pons entretien une vraie sensibilité pour l’environnement. Outre ses propres ouvrages, elle a également collaboré aux ouvrages Animal de Cyril Dion (2021) et Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi (2010). À l’occasion de l’Université de la Terre, qui s’est tenue les 25-26 novembre dernier, WE DEMAIN a interrogé l’autrice sur la question de l’urgence climatique actuelle.

De votre point de vue et à titre professionnel, quelles actions devraient être menées en priorité face à l’urgence climatique et écologique ?

Nelly Pons : Au niveau individuel, il y a tant de choses à faire qui touchent à tant de domaines. J’invite chacun à aller vers ce qui a du sens pour lui, vers ce pour quoi il est doué. Viser le zéro déchet, revoir ses habitudes alimentaires, renouer avec le vivant, s’essayer à la permaculture… Je ne veux pas poser de hiérarchie entre les actions individuelles.

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Le désir et «Les Lumières » / Désir de lumière

— Par Michel Pennetier —

Wolfgang von Goethe (1749 Francfort, Weimar1832)

Illustration : Goethe dans la campagne romaine (Tischbein – 1786)

Goethe, né en 1749, est un enfant du Siècle des Lumières, celles de la Raison. Mais ses poèmes de jeunesse et tout le « Faust » exprime la puissance du désir ( à la fois celui de l’amour et celui de la connaissance absolue) qui dépasse les limites de la Raison et peut conduire au tragique. Toute son œuvre ultérieure tendra à concilier ces deux tendances en l’homme et à s’ouvrir à plus de « lumière » conjuguant celle du cœur et celle de la raison.

Son dernier roman «  Les années de voyage de Wilhelm Meister » (vers 1820 ) s’ouvre sur les transformations sociales, économiques, spirituelles du début du 19e siècle et sur les possibilités de nouvelles Lumières pour l’humanité.

C’est de cette œuvre dont il sera question à travers deux lectures ( celle de ma jeunesse et celle d’aujourd’hui). En conclusion : que peut nous apporter aujourd’hui la Lumière de l’esprit goethéen ?

Vous vous souvenez sans doute de la lapidaire définition de Kant dans son opuscule «  Was ist Aufklärung ?

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Peut-on transformer nos contraintes en opportunités ?

Par Marie-Laurence Delor

J’ai reçu courant mois de Mai une invitation du Conseil de Sages de Fort-de-France à venir exposer, à la suite de quelques autres personnalités, dans le cadre d’une réflexion autour du thème « Peut-on transformer nos contraintes en opportunités ? ». J’y ai répondu favorablement et il était convenu que ce serait les vacances scolaires de Toussaint. N’ayant eu ni confirmation, ni relance j’ai considéré que ce n’était plus à l’ordre du jour. J’ai alors pensé que les notes que j’avais consignées à cet effet pourrait être rendues publiques et contribuer, je l’espère, à alimenter le débat.

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La question soumise à la réflexion par votre Conseil est la suivante : « Peut-on transformer nos contraintes en opportunités ? ». Pour mieux en discerner les limites je l’ai reformulée comme suit en spécifiant les déterminations de temps (« aujourd’hui ») et de lieu (la « Martinique ») : « Peut-on aujourd’hui en Martinique transformer nos contraintes en opportunité ? ». Il en ressort que l’objet est la « société globale martiniquaise contemporaine ». J’use de la notion de « société globale » par opposition aux groupes ou catégories sociales particuliers qui la composent.

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Mort du sociologue Bruno Latour, figure de la pensée écologiste

L’un des plus éminents penseurs français est mort. Le philosophe Bruno Latour est décédé dans la nuit de samedi à dimanche 9 octobre, à Paris, à l’âge de 75 ans. Il est l’un des premiers à réfléchir sur la question politique en lien avec les enjeux écologiques. Pourtant, c’est dans le monde anglo-saxon que Bruno Latour est d’abord encensé.

Pour le New York Times, « il était le plus célèbre et le plus incompris des philosophes français ».

Bruno Latour, né en 1947 à Beaune, dans une famille de négociants en vin de Bourgogne, a passé son agrégation en philosophe après s’être formé à l’anthropologie en Côte d’Ivoire.

Il est l’un des premiers intellectuels français à percevoir l’enjeu de la pensée écologiste.

Nous avons changé de monde, expliquait-il dès les années 1990, depuis que nous sommes entrés dans l’anthropocène. Tournant ainsi la page des Modernes qui depuis le XVIIᵉ siècle soutiennent que les non-humains nous sont étrangers.

Il traduit sa pensée dans plusieurs ouvrages et ne se limite pas à la pure pensée climatique. Parmi eux : La fabrique du droit.

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Edgar Morin : « Soyons conscients du risque historique pour la France »

Par Edgar Morin. Sociologue et philosophe —

Dans une tribune au « Monde », le sociologue dit nécessaire de soutenir Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle, mais il demande au candidat président d’amorcer un virage en faveur d’une voie nouvelle, qui place l’écologie en son cœur contre l’hégémonie du profit.

Tribune. Quelle terrible coïncidence ! Simultanément : une élection présidentielle, où se joue le sort de la France humaniste et républicaine, et une guerre de plus en plus sanglante en Ukraine, cause d’énormes bouleversements géopolitiques et économiques avec le risque d’un conflit mondialisé où l’Europe naufragerait.

Deux menaces sont liées : celle d’une régression en France qui conduirait à un État autoritaire et à une société de soumission, celle du retour massif du monde à la barbarie.

Il aurait suffi que…

Le tragique est qu’en France, comme dans le monde, prévoyance et lucidité auraient pu modifier le cours des événements. En France, il aurait suffi que Fabien Roussel, Yannick Jadot, Anne Hidalgo se désistent en faveur de Jean-Luc Mélenchon, et Marine le Pen aurait été absente au second tour.

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« Santé et libertés, faut-il choisir ? », de Dominique Polton & Jean-Philippe Vinquant

Cet ouvrage ouvre le débat sur les liens étroits et complexes à définir entre santé et libertés. Quelles sont les limites éventuelles des mesures de santé publique ? Quels sont les droits et les devoirs du citoyen vis-à-vis de celles-ci ?

En France, la gestion de la crise sanitaire a donné lieu à plusieurs confinements, ayant un impact sur les libertés individuelles de chaque citoyen : les libertés d’aller et venir, d’entreprendre, de réunion sont remises en cause au nom de la protection de la santé publique. Sécurité sanitaire versus libertés, quel est le bon équilibre ? Cette question fait débat depuis le début de la pandémie. Si la communauté médicale a majoritairement soutenu les mesures les plus restrictives – même si elle est aujourd’hui plus partagée -, d’autres voix se sont élevées pour alerter sur leurs conséquences sociales et humaines, moins visibles que les morts de la pandémie.

Extraits :

// Les relations entre santé et liberté(s) sont une question complexe, à l’origine de nombreuses réflexions et travaux en sciences humaines et sociales et de vifs débats de société. La crise sanitaire que nous traversons les exacerbe ; elle nous oblige à interroger notre conception de la liberté : quel équilibre trouver entre la préservation de ce droit fondamental des individus et la protection de la population – notamment de ses membres les plus fragiles –, contre les conséquences de ce risque sanitaire inédit ?

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Un spécialiste de Spinoza frappé de bannissement, 365 ans après le philosophe

— Par Clément Daniez —

Le chercheur Yitzhak Melamed a été déclaré « persona non grata » par le rabbin de la synagogue portugaise d’Amsterdam. Une décision qui suscite stupeur et colère.

« J’ai d’abord cru à une blague », confie Yitzhak Melamed. Dimanche 28 novembre, cet expert de Baruch Spinoza (1632-1677) a appris avec stupeur qu’il n’était plus le bienvenu à la synagogue portugaise d’Amsterdam. Celle-là même à l’origine, en 1656, du bannissement du célèbre philosophe néerlandais. Dans une lettre cinglante, le rabbin Joseph Serfaty l’y « déclare persona non grata ». Sa faute ? « Avoir dédié sa vie à l’étude des travaux de Spinoza et au développement de ses idées », précise la missive, envoyée via Internet. 

Rendue publique par le professeur Melamed, la lettre a mis en émoi le petit cercle des spinozistes. L’auteur de l’Éthique, un monument de la philosophie, suscite donc encore le courroux de rabbins d’Amsterdam. Et voici que l’histoire se répète : l’un des spécialistes de sa pensée se trouve à son tour banni ! « J’ai reçu des centaines de marques de soutien, du monde entier, dont des amis prêts à exiger du rabbin qu’il leur interdise à eux aussi de poser un pied dans la synagogue », s’amuse Yitzhak Melamed, basé à l’université Johns-Hopkins de Baltimore, aux États-Unis. 

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Nous ne voulons pas de votre « mesure »

Par Monchoachi

Le corps de l’homme est le nœud : il est l’originaire, le lieu natif d’où tout se met en mouvement et se propulse. Il est le support sur lequel tout vient se nouer. Traversé par la parole, il est la matrice en laquelle s’articule son rapport au temps, à l’espace et à la terre. Il est l’ultime où tout se joue. Il ne faut donc pas s’étonner qu’à chaque phase importante de l’évolution du monde, le corps constituât l’enjeu majeur, la mise décisive.

Déjà le christianisme, avec le génie particulier qui est le sien avait à juste titre saisi ce qu’a de véritablement crucial le corps. Il s’en est d’emblée emparé comme emblème; mais un emblème chargé d’ambigüité puisqu’il s’agit d’un corps martyrisé, châtié. Il l’a ensuite, de nouveau en toute ambigüité, métamorphosé en corpus dei (corps de dieu), ce qui constitue pour le moins une manière de l’absenter car le dieu de la religion de l’Unique n’a pas de corps, autrement dit: ou wèy, ou pa wèy, disparèt’ pran-y. Toutefois, l’exhibition du corps de Jésus, complaisamment orchestrée tout au long par l’art occidental du Moyen-âge, permettait par ailleurs au christianisme d’étendre son emprise à toute la terre, en particulier à la terre dite « païenne » (en laquelle, ne l’oublions pas, l’Europe du Moyen-âge se trouve incluse); autrement dit, d’étendre son emprise partout là où le corps est incontournable comme axe accordant l’homme au monde.

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En ces temps obscurs…

Par Marie- Laurence Delor

Le fait le plus marquant de la période, pour l’observateur avisé, c’est l’irruption dans le débat public, grâce aux médias sous pression des réseaux sociaux, de problématiques régressives jusque là marginales, portées par une nébuleuse rouge-vert-noir (1). La notion de « régression », telle que nous en usons ici, n’est pas réductible à son sens courant d’opposition au « progrès ». Si elle recouvre l’idée d’un retour en arrière, d’une certaine façon proche de la psychologie expérimentale et de la psychanalyse (2), elle réfère surtout ici à des tendances inquiétantes et à leur banalisation à la faveur du silence des politiques et de la capitulation des intellectuels. Nous en avons repéré deux, à notre avis, principales :

1. La dictature de la croyance

La dictature de la croyance telle qu’elle se présente aujourd’hui est à la jonction du narcissisme libéral (3), de la crise de la politique et de l’explosion des réseaux sociaux. Des réseaux sociaux qui fonctionnent toujours plus selon le faux postulat d’égalité en dignité et en vérité de toute parole : une corruption de la liberté d’expression et de la démocratie.

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La marionnette Amal, porte-voix des enfants en exil, dans les pas des migrants à Calais

Calais – La marionnette géante Amal, porte-voix des enfants en exil, a fait étape dimanche à Calais, haut-lieu de transit migratoire vers l’Angleterre, avant de traverser elle aussi la Manche pour conclure un périple de 8.000 km, a constaté un correspondant de l’AFP.

La voyage de la marionnette de 3,5 m de haut, qui représente une fillette syrienne, a débuté en juillet en Turquie et doit s’achever à Manchester, après la Grèce, l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne et une traversée de France. 

Son odyssée, « The Walk » (La Marche), est destinée à sensibiliser l’Europe au sort des migrants et notamment des enfants non-accompagnés ou séparés de leur famille. Avec un message: « Ne m’oubliez pas« , explique la fondation britannique « Good chance Theatre« , née en 2015 dans la « Jungle » de Calais, à l’origine du projet.  

Sur les plages des Hauts-de-France, face à des côtes anglaises parfois à peine distantes de 30 kilomètres, Amal est venue partager la dernière épreuve des migrants qui y affluent dans l’espoir de traverser le détroit du Pas-de-Calais. 

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Philo au bac: meilleure note retenue entre celle de l’épreuve et le contrôle continu

Paris – Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a annoncé mercredi soir que pour l’épreuve de philosophie de la session 2021 du baccalauréat, les élèves de Terminale pourront conserver la meilleure note entre celle de l’épreuve et celle du contrôle continu.

Pour tenir compte des conséquences de la crise sanitaire, « l’épreuve terminale de philosophie continue à être organisée et on maintiendra la meilleure des deux notes entre le contrôle terminal et le contrôle continu« , a expliqué M. Blanquer sur France 2. « Il y a beaucoup d’élèves qui ont des mauvaises notes en contrôle continu et certains ont besoin de l’épreuve pour se rattraper, c’est une chance« , a-t-il assuré. 

Depuis dimanche, Jean-Michel Blanquer ouvrait la voie à un aménagement des épreuves du baccalauréat, mais a toujours refusé le passage intégral au contrôle continu. 

Depuis le mois de novembre, pour enrayer les chaînes de contamination au Covid-19 dans les établissements, les lycéens ne vont pas à l’école à temps plein. Ils sont en demi-jauge, avec une alternance de classes en présentiel et distanciel. 

« Même si on a réussi pendant toute l’année à garder les écoles et les collèges et les lycées ouverts ou en partie ouverts, les choses n’ont pas été complètement normales, donc c’est normal d’aménager« , a souligné mercredi le ministre. 

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Édouard Jourdain : « Le capitalisme est plein d’idées chrétiennes devenues folles »

— Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire —

Philosophe et politiste, spécialiste de la pensée de Pierre-Joseph Proudhon, Édouard Jourdain enseigne à l’École Nationale des Ponts et Chaussées. Il vient de publier « Théologie du capital » (PUF), ouvrage dans lequel il analyse le caractère religieux de l’économie moderne.

« Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles », remarquait le siècle dernier l’écrivain anglais Gilbert Keith Chesterton. Pour Édouard Jourdain, c’est dans l’économie que cette caractéristique se déploie le plus. De la monnaie à la dette, en passant par la comptabilité, le philosophe analyse ce que le capitalisme a de religieux.

Marianne : Pour vous l’économie moderne ou chrématistique relève du « théologico-politique ». Pouvez-vous expliquer pourquoi ?

Édouard Jourdain :Il faut déjà bien comprendre ce que l’on appelle l’économie moderne, en l’occurrence le capitalisme, mais dont on peut retrouver des éléments dans ce que l’on a appelé improprement le communisme. Certains ont pu le qualifier de capitalisme d’État, puisqu’il se contentait de transférer la propriété sans toucher à ses attributs, légitimant par exemple le même objectif de croissance économique.

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Dany-Robert Dufour : « Le monde de demain risque d’être bien pire que le monde d’aujourd’hui »

— Propos recueillis par Matthieu Giroux —

Philosophe atypique, Dany-Robert Dufour a développé au fil des années une œuvre importante à la croisée de la philosophie du langage, de la philosophie politique et de la psychanalyse. Il publie « Fils d’anar et philosophe » (R&N éditions), un livre d’entretien avec Thibault Isabel qui revient sur son cheminement philosophique et sur les rencontres qui ont marqué sa vie.

Marianne : Vous présentez votre jeunesse et en particulier votre jeunesse étudiante comme une parenthèse enchantée mêlant engagements politiques et accomplissements intellectuels. Un parcours comme le vôtre est-il encore possible pour un jeune homme du XXIe siècle malgré la morosité qui caractérise notre époque ?

Dany-Robert Dufour :Disons que j’ai eu de la chance, beaucoup de chances. Chance d’avoir eu un père singulier, qui s’était forgé une langue bien à lui, poétique et populaire, une mère aimante mais pas surprotectrice, un frère aîné qui m’a mis le pied à l’étrier, c’est-à-dire la main à l’encrier philosophique et littéraire. Chance aussi d’avoir eu vingt ans en 1968, plutôt qu’en 1940. En fait, c’est cette époque des années soixante qui fut une parenthèse enchantée.

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« Dans un couple, il est extrêmement important de laisser l’autre respirer »

— Par Nicolas Truong —

Parce que le couple a pris une place centrale dans la vie affective, le philosophe Pierre Zaoui analyse, dans un entretien au « Monde », la puissance d’un lien qui ne peut subsister que si l’on peut s’en échapper.

Pierre Zaoui, né en 1968, enseigne la philosophie à l’université Paris-VII-Denis-Diderot. Auteur de La Traversée des catastrophes. Philosophie pour le meilleur et pour le pire (Seuil, 2010), il a publié en juillet « Théorie du couple » dans la Revue du crieur (160 pages, 15 €), analyse philosophique de la relation à deux qu’il prolonge dans un entretien au Monde.

Pourquoi l’homme est-il, selon vous, « cet animal qui vit en couple et ne rêve que d’y échapper » ?

Je ne parle évidemment que de l’homme et de la femme modernes. Car, pendant très longtemps, l’homme fut un animal d’un tout autre type – et il l’est encore dans maintes régions du monde, même en France : un animal qui vit en clan ou en famille, un animal politique qui vit dans une cité, voire un animal solitaire dans les périodes de haute spiritualité. Mais pour ce qui est d’aujourd’hui, il est curieux de constater combien le couple est presque devenu l’horizon transcendantal ou l’axe de structuration fondamental du désir humain.

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Castoriadis, ou l’imagination au pouvoir

— Par Philippe Petit —

Les Éditions du Sandre publient les deux derniers volumes des œuvres de Cornelius Castoriadis. L’occasion de nous plonger dans la pensée du philosophe, historien, économiste, psychanalyste et défenseur d’une démocratie radicale, décédé en 1997.

Contrairement à celle de Sartre, qu’il n’appréciait guère, la renommée du philosophe et psychanalyste Cornelius Castoriadis (1921-1997) ne faiblit pas avec le temps. On le cite souvent dans la presse et sa réputation posthume perdure. Le relire aujourd’hui n’est donc pas inutile. D’autant qu’un éditeur courageux, ayant entrepris de publier ses œuvres complètes, les deux derniers volumes (Écrits politiques 1945-1997, VII et Écrits politiques 1945-1997, VIII), parus récemment, redonnent vie à ses écrits politiques et écologiques. Et la correspondance, qui les accompagne, produit sur le lecteur un réel effet de proximité. On y retrouve le ton inimitable de ce penseur total qui s’intéresse à tout. À la science, aux techniques, à la politique, à la culture. Qui entend prendre « la défense de l’homme contre lui-même ». Et ne rien lâcher sur l’exigence de rationalité propre à l’activité intellectuelle.

Du trotskisme à « Socialisme ou barbarie »

Son parcours n’est pas étranger à cette persévérance.

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«Valeurs religieuses» ou «valeur de l’Homme» : l’échange politico-philosophique entre Macron et Sissi

Emmanuel Macron a reçu lundi à l’Élysée le président égyptien al-Sissi. Lors d’une conférence de presse, les deux hommes ont débattu devant les journalistes de la hiérarchie entre la religion et les droits de l’homme.

«Les valeurs religieuses doivent avoir la suprématie sur les valeurs humaines», a affirmé le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. «La valeur de l’homme est supérieure à tout», lui a répondu Emmanuel Macron lors d’un échange politico-philosophique lundi 7 décembre.

La conférence de presse des deux chefs d’État lundi à Paris touchait à sa fin quand un journaliste égyptien a posé une ultime question. Les deux hommes ont remis leurs oreillettes et ont écouté la question, qui évoquait notamment les caricatures de Mahomet, leur donnant l’occasion, rarissime dans ces exercices de conférence de presse, d’avoir un échange indirect courtois, mais ferme, sur la hiérarchie entre la religion et les lois.

Montrant les divergences philosophiques entre la France et l’Égypte, alliés de longue date, alors qu’Emmanuel Macron a remercié quelques minutes le président Sissi, accueilli en grande pompe, pour son soutien quand la France a fait l’objet d’une virulente campagne de haine internationale pour avoir défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d’expression.

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« L’écologie ne nous rassemble pas, elle nous divise. Tant mieux… »

— Par Pierre Charbonnier, philosophe —

Le philosophe estime, dans une tribune au « Monde », que la stratégie de la communion universelle pour promouvoir la lutte pour le climat, employée notamment par Nicolas Hulot, est inefficace.

Tribune. Nous avons récemment assisté à un nouvel élan de générosité écologique. Que ce soit du côté de Nicolas Hulot [auteur d’une tribune dans Le Monde, 6 mai] ou d’un collectif de personnalités publiques [qui ont également signé une tribune dans Le Monde, 6 mai], l’impératif environnemental nous a une fois de plus été présenté comme une mission qui transcende les intérêts individuels, les choix idéologiques, les langages politiques. L’écologie, nous dit-on dans ces tribunes et appels, est une finalité universelle qui réunit l’ensemble des humains à travers leur appartenance commune à une Terre. Elle exige l’unanimité, la prééminence de la pure morale et de la science, que seules l’ignorance et l’avidité voilent à notre regard.

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La stratégie de la communion universelle est assez ancienne dans la mouvance environnementaliste, mais aujourd’hui elle crée le malaise, en particulier dans les rangs écologistes les plus conséquents, car l’unanimité dont elle se prévaut est feinte, incantatoire, et inefficace.

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