J’avais peut-être 11 ans. En sortant du catéchisme je vis paraître une dame en pantalon moulant sur le pont de la Rivière-aux-Herbes. Elle avait la cinglante nonchalance des félines Antillaises. Ses courbes passant à ma portée, je humai le miel de sa peau qui perlait sous le déodorant bon marché. Dans un roulement de hanches, elle attaqua le morne et ses fesses prodigieuses dansèrent le « Basse-Terre-Pointe-à-Pitre ». A haute voix j’ai béni le petit Jésus pour cet aperçu du paradis, mais ma pieuse maman, furieuse du miracle, m’attrapa par l’oreille tandis que s’envolait la créature divine.
Ces jours-ci, à la plage, c’est ma femme qui me tance quand elle sent mon œil concupiscent planqué derrière mes lunettes noires. A cause de vous, mesdames, j’ai la vie dure, dure, dure. Je fais tout mon possible pour vous ignorer et quand je vous regarde c’est droit dans les yeux pour éviter toute tension entre nous. Alors pourquoi me persécuter ? Combien de tôbôk reçus par votre faute, de salive ravalée in extremis ? Pourquoi m’imposer, à moi, ange du Seigneur communié-confirmé-renoncé mais déchu, tout ce qu’évite de cacher votre maillot de bain quasi invisible ?