— Par Jean-Marie Nol —
La colonisation a toujours été un phénomène ancré dans des motivations économiques. Les grandes puissances européennes des XVIIᵉ et XIXᵉ siècles se sont lancées dans une quête effrénée de territoires, guidées par la nécessité d’accéder à des ressources naturelles et de développer des marchés captifs pour leurs produits manufacturés. Le commerce triangulaire, l’exploitation des matières premières – qu’il s’agisse du pétrole, du caoutchouc, de l’or, ou encore des denrées comme le café et le sucre – a nourri l’essor des empires coloniaux. Mais au-delà de ces moteurs économiques, les entreprises coloniales ont été justifiées par des discours idéologiques, notamment la « mission civilisatrice », qui dissimulaient une volonté d’hégémonie et d’exploitation. Ces logiques ont laissé un héritage d’inégalités mondiales et de dépendances structurelles qui continuent de marquer l’ordre international.
Aujourd’hui, un faisceau de facteurs géopolitiques, économiques et technologiques suggère que nous pourrions assister à une nouvelle vague coloniale, d’une nature certes différente, mais tout aussi coercitive. Si les méthodes de conquête directe des siècles passés semblent dépassées, elles pourraient être remplacées par des formes plus subtiles de domination économique, technologique et militaire.