Catégorie : Sciences Sociales

L’éphéméride du 19 octobre

À Grenade, Maurice Bishop, chef du Gouvernement révolutionnaire populaire, est tué par la faction radicale de son parti. Un conseil militaire prend le pouvoir le 19 octobre 1983.

Maurice Rupert Bishop, né le 29 mai 1944 à Aruba et mort le 19 octobre 1983 à la Grenade, est un homme politique et révolutionnaire grenadin, Premier ministre de l’île entre 1979 et 1983.

Jeunesse et formation en Angleterre
Maurice Rupert Bishop est né le 29 mai 1944 à Aruba, alors colonie néerlandaise. Ses parents, Rupert et Elment Bishop, venaient de Grenade, où son père ne gagnait que 5 pence britanniques par jour. À la fin de 1930, pour améliorer sa situation financière, il déménage à Aruba pour travailler dans l’industrie du pétrole. En 1950, la famille revient à Grenade où son père ouvre un petit commerce à Saint-Georges. Il suit des études dans des écoles méthodistes puis catholiques de Grenade. Il obtient ensuite une bourse du gouvernement pour étudier dans un des établissements catholique les plus prestigieux de l’île où il devient président du club des élèves et rédacteur du journal de l’école.

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Martinique, éléments d’analyse d’une crise sociétale majeure

— Par André Lucrèce, sociologue —
En s’enfermant dans la seule problématique de la vie chère, nous pratiquons un aveuglement instinctif, s’agissant de la crise sociétale majeure qui affecte notre pays. Certes la vie chère est une des questions vitales que nous nous devons de régler, tant le différentiel entre les prix de vente des éléments de première nécessité dans l’hexagone et la Martinique, s’avère scandaleux. Nous subissons les effets d’une dépendance issue d’une colonialité qui tend à prolonger une relation politique et économique qui ne correspond pas au statut de département.

Mais cette question n’est pas la seule. Plusieurs éléments m’ont en effet interpelé à propos de l’évolution de l’humaine condition à l’œuvre dans notre société martiniquaise. J’ai souligné que certaines de mes analyses pouvaient nous faire craindre que notre société tendrait vers le statut d’une chaumière morale et intellectuelle qui se dégrade de plus en plus. J’avais également souligné que cette tendance à la décivilisation n’était pas une opinion, mais une analyse conçue à partir d’une observation attentive. Ce travail exigeait une intelligibilité plus ample et une mise à nu qui révèlent le fond des orientations signifiantes d’aujourd’hui.

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Le racisme en Martinique : une latence conflictuelle qui pourrait s’amplifier

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Les événements qui agitent en ce moment la Martinique conduisent votre serviteur à republier un récapitulatif en forme de brefs résumés de chroniques sur le racisme parues pendant près de 20 ans. Celles-ci ont été reprises dans leur intégralité dans son ouvrage « En finir avec les blessures de la peau » , 2023, vendu en librairie (12 octobre 2024).

Ainsi, dès ses premiers écrits sur le sujet, il a compris que la Martinique évoluait tranquillement vers une collectivité racialiste. Plus que tout autre pays, sa littérature croule sous le vocabulaire racialiste. Après « Négritude », « nègreries », « peau noire et masques blancs », « métissage » et autres sous-déclinaisons, il est désormais question de « noirisme », « békéisme », « mulâtrisme », « africanisme », « afro-caribéens » ….

En 2010, il écrivait : « Je ne suis pas surpris par le cours que prennent aujourd’hui les choses, sauf en ce qui concerne leur rapidité et leur ampleur. Notre rapport au racial est certainement le fait sociétal le plus important apparu au cours du mouvement social de février 2009.

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Conflit de la vie chère : alea jacta est !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Alea jacta est une locution latine signifiant « le sort en est jeté », ou « les dés sont jetés », que Jules César aurait prononcée en se préparant à franchir le Rubicon avec ses troupes, en violation de la loi romaine, pour pénétrer sur le territoire italien.

C’est une métaphore de ce qui peut se produire en Martinique en matière de franchissement de ligne rouge par le RPPRAC.

Un accord historique a été signé ce mercredi 16 octobre en Martinique entre la grande distribution, les élus et l’État pour abaisser les prix de 20 % en moyenne sur 6.000 à 7.000 produits de première nécessité dans le secteur alimentaire de l’île. Si cette décision a pu être perçue comme un geste de soulagement pour une partie de la population, elle n’a pas suffi à calmer les ardeurs du RPPRAC, un collectif à l’origine de la mobilisation du 1ᵉʳ septembre dernier, qui refuse de signer le protocole d’accord. Le mouvement réclame une baisse généralisée sur tous les produits alimentaires et a lancé un appel à poursuivre la contestation et amplifier la mobilisation de masse .

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Nouvelle crise de la vie chère en Martinique : faut-il que tout change pour que rien ne change ?

— Par Jean-Michel Salmon, Maître de conférences en économie, Faculté de Droit et d’Economie de la Martinique, expert des petites économies insulaires.—

La vie est chère à la Martinique ; très chère, trop chère. Savez-vous pourquoi ?

C’est parce que nous sommes obligés, je dis bien obligés de n’acheter que les marchandises européennes qui sont déjà chères, par elles-mêmes et qui deviennent encore plus chères du fait que, pour arriver jusqu’à nous, elles sont obligées de franchir 7000 km de mer en payant le frêt le plus cher du monde.
Ne croyez-vous donc pas que ce serait une bonne chose que les martiniquais aient le droit de commercer librement avec leurs voisins immédiats. L’Amérique centrale, l’Amérique du Sud, les Antilles-Guyane. Est-ce qu’ils ne devraient pas par exemple, avoir le droit d’acheter à côté pour 9 F ce qu’à l’heure actuelle ils sont obligés d’acheter en Franc 18 F ou 20 F ? Et bien ça, ça s’appelle LA LIBERTE COMMERCIALE.

Aimé Césaire, 24 février 1978, Discours des Trois Voies ou des Cinq Libertés

La nouvelle crise de la vie chère en Martinique a atteint un paroxysme de violence.

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Vie chère en Martinique : le dilemme de l’autonomie sans moyens

L’apparence du pouvoir politique local en Martinique , mais sans aucune réalité effective de pouvoir économique et financier.

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

D’aucuns considèrent que la sixième table ronde sur la vie chère se soldera au final par un semi échec de nature à remettre de l’huile sur le feu. Aux yeux de certains politologues, l’État français est actuellement en porte à faux en Martinique à cause de la gestion chaotique volontaire ou non du dossier de la vie chère. Alors peut -t-on craindre une politique de désengagement et une stratégie camouflée de l’État qui va finir tôt ou tard par forcément réagir avec un retour de bâton financier ?
La Martinique traverse actuellement une crise profonde, marquée par la question de la vie chère, la montée des tensions ethniques et une remise en cause de l’autorité de l’État français. La gestion de cette crise, ponctuée de violences, de manifestations et de blocages économiques, révèle une situation complexe où l’apparence d’un pouvoir local depuis la création de la collectivité unique (CTM) se heurte à une réalité financière étouffante. L’État français qui est sans conteste le principal contributeur financier à même de dénouer les blocages sur les points sensibles en négociation, et pourtant à travers la représentation du préfet, semble s’être effacé volontairement dans la gestion des négociations, cédant la place à la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), dirigée par Serge Letchimy.

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Appel à un dialogue urgent : les Intercommunalités face aux défis des mesures budgétaires de l’État

— Communiqué d’Intercommunalités de France —

Les Intercommunalités de France ont toujours affirmé l’existence d’une communauté de destin entre décideurs publics devant les comptes de la Nation. Nos collectivités locales de l’Hexagone et de l’Outre-Mer ne sont pas responsables des déficits ou de l’endettement de l’État, mais elles sont lucides face aux périls que cette situation fait peser sur les Français.
Les intercommunalités de France ont à maintes reprises proposé d’engager un dialogue franc, informé et équilibré avec l’État pour rétablir une situation dont tous se doivent d’être solidaires.
Ce dialogue leur a été refusé. Les finances locales et le travail des agents territoriaux ont été trop souvent caricaturés.
Ce dialogue leur a été refusé. Les finances locales et le travail des agents territoriaux ont été trop souvent caricaturés.
Dans ce contexte, les Intercommunalités de France se doivent de refuser les mesures budgétaires que l’État entend leur imposer dans le projet de loi de finances pour 2025.
La reprise en main des budgets locaux par l’État est inacceptable. Ces mesures budgétaires menacent les services publics locaux. Les Français les plus fragiles seront les premiers à en faire les frais : rénovation énergétique, inclusion numérique, accès à la culture et au sport, accueil des enfants, eau de qualité et en quantité, solutions de mobilité pour tous, accès à la formation et à l’emploi… Nous ne pouvons briser ce qui fonde notre vivre-ensemble.

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L’éphéméride du 17 octobre

Révolte noire aux JO de Mexico le 17 octobre 1968

Tommie Smith et John Carlos aux JO de Mexico le 17 octobre 1968 (DR)Le 17 octobre 1968, pendant les Jeux Olympiques de Mexico (12-27 octobre), les athlètes américains Tommie Smith et John Carlos, champions du 200 mètres, montent sur le podium à la 1ère et à la 3ème place.

Au moment où retentit l’hymne américain et s’élève la bannière étoilée, ils baissent ostensiblement la tête et lèvent leur poing ganté de noir.

Par ce geste qui signera la fin de leur carrière, ils affichent leur soutien au mouvement antiségrégationniste américain des Black Panthers.

L’Australien Peter Norman, sur la deuxième marche du podium, manifeste son soutien avec un badge du mouvement de protestation des droits civiques. Exclu des Jeux suivants, il sera porté en terre par ses deux amis afro-américains à sa mort en 2006.

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Accord sur la vie chère en Martinique : une avancée fragile sans l’appui du RPPRAC

Après des semaines de négociations intenses sur la crise de la vie chère en Martinique, un accord a enfin été signé ce mercredi 16 octobre, mais sans l’approbation du RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes). Cet accord, qui engage plusieurs acteurs économiques et politiques de l’île, vise à réduire les prix de produits alimentaires et à renforcer la transparence des pratiques commerciales.

Des mesures pour soulager les consommateurs

L’accord prévoit une baisse de 20 % des prix de 6000 produits alimentaires essentiels, couvrant notamment 54 familles de produits de grande consommation. Ce résultat repose sur cinq mesures structurelles, incluant la suppression de la TVA et de l’octroi de mer pour certains produits. Ces efforts devraient alléger le coût de la vie pour les foyers martiniquais dans les semaines à venir.

Parmi les engagements pris, l’État et la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) se sont accordés pour porter la TVA à taux nul sur 69 familles de produits. De plus, un mécanisme de « compensation des frais d’approche » sera mis en place pour réduire les coûts d’importation, assurant une plus grande accessibilité des denrées importées.

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Martinique : la lutte contre la vie chère, entre répression et revendications sociales

Depuis le 1er septembre, la Martinique est secouée par un mouvement de protestation contre la vie chère, une lutte qui fait écho à des mobilisations similaires remontant à plusieurs décennies. Si cette fois-ci le mouvement a été initié par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), un collectif récemment formé, il s’inscrit dans une longue tradition de contestation sociale contre les inégalités économiques qui frappent l’île.

Le coût de la vie en Martinique est un sujet récurrent, avec des prix atteignant jusqu’à 200 % de plus qu’en métropole pour certains produits alimentaires. La différence est en grande partie due à la domination des grands groupes de distribution, principalement contrôlés par les descendants des colons, appelés békés. Ceux-ci ont su maintenir un modèle économique qui profite d’un réseau complexe d’intermédiaires, souvent contrôlés par les mêmes acteurs à plusieurs niveaux (grossistes, semi-grossistes, détaillants). Cette structure leur permet de gonfler les prix à chaque étape de la chaîne de distribution, un système que Gabriel Jean-Marie, secrétaire général de la CGT Martinique (CGTM), qualifie de « racket ».

Face à cette situation, la CGTM met l’accent sur une autre revendication clé : l’augmentation des salaires et des pensions.

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Assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020

L’assassinat de Samuel Paty, parfois désigné comme l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, est une attaque terroriste islamiste perpétrée le 16 octobre 2020 dans la commune française d’Éragny-sur-Oise, située dans le Val-d’Oise.

Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, est assassiné par arme blanche et décapité peu après être sorti de son collège de Conflans-Sainte-Honorine. L’assassin, Abdoullakh Anzorov, est un citoyen russe d’origine tchétchène âgé de 18 ans et qui bénéficie du statut de réfugié, accordé à ses parents alors qu’il était mineur. Il est abattu par la police quelques minutes après l’attentat.

Dix jours auparavant, Samuel Paty montre deux caricatures de Mahomet issues du journal satirique Charlie Hebdo lors d’un cours d’enseignement moral et civique sur la liberté d’expression avec ses élèves de quatrième. L’enseignant a préalablement demandé aux élèves ne souhaitant pas regarder ces images de sortir de la salle de classe. Cela provoque la colère du père d’une collégienne qui n’assistait pas à son cours, lorsque sa fille lui en parle. Celui-ci, ainsi que le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, publient alors sur divers réseaux sociaux des vidéos dans lesquelles ils insultent Samuel Paty. Son nom et l’adresse de l’établissement scolaire où il exerce sont divulgués sur les réseaux sociaux.

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Atelier d’écriture théâtrale avec Laurent Tanguy et Fayo 21-25 octobre 2024

Textes En Paroles organise, du 21 au 25 octobre 2024, un atelier d’écriture théâtrale autour des contes des Antilles avec Laurent Tanguy et Fayo.

Basée en Guadeloupe, l’association Textes En Paroles s’est donné pour objet, depuis 2002, de promouvoir les écritures dramatiques contemporaines issues de, ou inspirées par l’univers de la Caraïbe ou des Amériques. En plus des appels à textes, son action s’appuie notamment sur des ateliers d’écriture.

Ainsi, l’atelier proposé s’inscrit en préfiguration de l’appel à textes jeunesse qui sera lancé en 2025, et est destiné à des auteurs et autrices émergents (ados à partir de 16 ans et adultes) souhaitant écrire pour le jeune public.

L’atelier se déroulera du 21 au 25 octobre 2024 et sera animé par un duo de choc : Laurent Tanguy, enseignant, auteur, interprète, metteur en scène, scénariste et animateur d’atelier d’écriture ; et Fayo, animateur conteur.

Places limitées à 10 participant.e.s.

Le lieu de l’atelier sera communiqué après inscription (zone Pointe-à-Pitre / Gosier).

Informations complémentaires
et inscription, ici :Atelier d’écriture théâtrale – Octobre 2024

Soutiens :
Direction des Affaires Culturelles de la Guadeloupe • Ministère des Outre-mer  • Fonds d’Aide aux Echanges Artistiques et Culturels • Préfecture de Guadeloupe – Fonds de Développement de la Vie Associative • Bibliothèque départementale de la Guadeloupe

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Vie chère : la députée Marine Le Pen veut supprimer l’octroi de mer

Budget 2025

Afin de  » faire baisser le coût de la vie « , la cheffe de file des députés Rassemblement national a déposé un amendement actant la suppression de la taxe qui représente jusqu’à 50% du financement des collectivités locales outre-mer. Marine Le Pen suggère une compensation par l’État  » à l’euro près  » mais ne précise pas dans le détail par quoi elle compte la remplacer.

Il sera donc bien question de l’octroi de mer. La discussion budgétaire porte finalement en son sein une  » réforme profonde [de cette] taxe particulière frappant les importations de biens et, dans certaines conditions, les biens produits localement « , dans les départements d’Outre-mer. Alors que les précédents gouvernements d’Emmanuel Macron l’avaient promise à de nombreuses reprises sans jamais la mettre en œuvre, c’est finalement un amendement du Rassemblement national (RN) qui soumet  » la réforme de l’octroi de mer  » au vote.

 A lire aussi Suppression de l’octroi de mer :  » Un cataclysme déstructurant pour l’industrie locale  » selon le Comité Citoyen du Sud Martinique

 La députée Marine Le Pen a déposé un amendement au Budget 2025 qui propose d’en exonérer  » les livraisons de biens en provenance d’un État membre de l’Union européenne, s’il n’existe pas de production locale dans le secteur d’activité concerné « .

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Chers compatriotes silencieux

— Par le Pr Aimé Charles-Nicolas, président de First Caraïbes —

Après ces nuits de chaos, je veux redire ma solidarité à tous ceux qui ont subi les pillages et les déprédations, à ceux qui, du jour au lendemain, se sont réveillés chômeurs, à tous les jobeurs qui ont perdu des journées de salaire, à ceux qui se retrouvent au chômage partiel, à ceux qui avaient réussi, non sans mal, à créer leur entreprise et qui la voient disparaitre dans un incendie volontaire.

Je formule le souhait que les discussions autour du problème complexe de la cherté de la vie en Martinique trouvent rapidement une issue favorable. En espérant que yo pa kaï brilé kaï la pou an rat ; Ayiti pa loin.

Ce ne sont pas des « dégâts collatéraux »

Il est clair que ces pillages, ces échauffourées, et ces incendies gratuits présentés comme « explicables » et « compréhensibles », voire « prévisibles » (!) risquent de décrédibiliser la revendication de lutte contre la vie chère en en faisant un prétexte. Ce que l’on comprend, c’est que ces pillages, incendies et échauffourées ne sont pas un effet indésirable de la manifestation, ils font partie de la manifestation.

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Martinique : vie chère et crise identitaire, l’explosion sociale annoncée

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

La face cachée de la vie chère en question , bientôt dévoilée avec l’explosion différée en 2025 des inégalités sociales et des tensions ethniques et identitaires en Martinique ?

La crise sociale qui secoue actuellement la Martinique n’est pas seulement une révolte contre la vie chère. Les violences, pillages et destructions d’entreprises qui ont éclaté sur l’île ne peuvent être réduits à de simples « dégâts collatéraux » comme l’analyse le professeur en psychiatrie Armand Charles Nicolas . Nous sommes bien en présence d’une psychose collective de nature identitaire et d’une crise systémique qui ne se terminera certainement pas avec la signature d’un protocole d’accord sur les moyens envisagés par les acteurs politiques et économiques pour lutter contre la vie chère. La crise sociale en Martinique, centrée autour de la vie chère, risque en effet plutôt à court et moyen terme de précipiter une crise économique et financière aujourd’hui latente aux conséquences potentiellement dévastatrices pour l’île. Cette crise à venir serait le fruit de la conjonction de plusieurs facteurs structurels, hérités du modèle politique et économique de la départementalisation, et des dynamiques idéologiques actuelles de radicalisation sociale et politique.

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La biodiversité : un urgent appel à la mobilisation globale

— Par Sabrina Solar —
La biodiversité est un pilier fondamental de la vie sur Terre, soutenant les écosystèmes qui fournissent des services vitaux pour l’humanité, tels que la nourriture, l’eau potable, et la régulation du climat. Malheureusement, tous les indicateurs mondiaux révèlent un déclin alarmant de la biodiversité, avec des conséquences qui pourraient s’avérer catastrophiques pour la planète et ses habitants. Selon l’Indice Planète Vivante (IPV), la taille moyenne des populations d’animaux sauvages a chuté de 73 % entre 1970 et 2020, soulignant une crise écologique majeure qui appelle à des actions immédiates et concertées.

État des lieux de la biodiversité

L’IPV, qui suit près de 35 000 populations de 5 495 espèces, y compris des mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens, présente des résultats préoccupants. Les données révèlent des déclins dramatiques des populations selon le milieu :

– Espèces d’eau douce : En moyenne, ces espèces ont connu une chute de 85 %.
– Espèces terrestres : Les populations ont diminué de 69 %.
– Espèces marines : La diminution atteint 56 %.

Les régions les plus touchées par ce déclin sont l’Amérique latine et les Caraïbes, où les populations animales ont chuté de 95 %.

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Insulte en direction de Mme karine Mousseau

—Communiqué de l’association féministe Culture Égalité —

Depuis plusieurs semaines le peuple martiniquais est engagé dans une lutte sociale très difficile dans laquelle l’association féministe martiniquaise Culture Égalité prend toute sa part.
Cependant, si nous avons clairement choisi notre camp, comme l’a montré avec éclat notre participation à la manifestation du samedi 12/10, Culture Egalité n’admettra jamais que des femmes, de quelque bord politique qu’elles soient, soient insultées pour avoir exprimé leur opinion et soient attaquées dans leur vie privée comme on ne le ferait pas, comme on ne le fait jamais pour les hommes.
Parce que nous nous battons contre la vie chère, certes, mais aussi contre l’ordre patriarcal, pour la construction d’une société non sexiste, une société d’égalité, respectueuse des droits de tous les êtres humains et des femmes en particulier.
Aussi, nous condamnons fermement tout propos ordurier tenu sur une femme politique, quelle qu’elle soit, et nous adjurons tout.es les responsables soucieux.ses de l’union de la population pour la victoire à se désolidariser de tels propos qui relèvent des violences à l’encontre des femmes. Violences qui s’inscrivent dans la tradition colonialiste et patriarcale que nous combattons.

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Contre la vie chère : déjà six semaines de lutte !

— Le n° 366 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Lorsqu’une fraction du peuple engage une lutte légitime, le premier devoir est de se mettre de son côté. Nous reviendrons plus tard sur ce qui a rendu, et qui rend toujours, ce réflexe difficile pour certains, impossible pour d’autres.

Aujourd’hui, la jonction entre le RPPRAC et les organisations de luttes plus anciennes n’est pas parfaite, mais des actions parallèles, voire communes, rendent le débat plus aisé.

Au stade où nous sommes des négociations entre le RPPRAC et les autorités, deux sujets étroitement liés méritent d’être évoqués : la transparence et le contrôle.

Comment parler des « marges » de la grande distribution, des grossistes, des transporteurs, etc., sans avoir accès à leurs livres de compte ? Interpellée sur cette question par notre camarade Philippe Pierre-Charles lors d’un débat à Martinique la première, la patronne du Medef a répondu : secret des affaires.

Un secret si coriace que le dépôt de ces comptes au tribunal de commerce, pourtant obligatoire, n’est pas respecté chez nous !

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L’éphéméride du 15 octobre

Joseph Gallieni fait fusiller les princes malgaches, dans la colonie de Madagascar et ses dépendances le 15 octobre 1896.

Gallieni est envoyé en 1896 à Madagascar en tant que résident général. Il arrive à Tananarive le 15 septembre. À la méthode diplomatique de son prédécesseur, le général M. Laroche, il préfère la méthode forte pour endiguer la montée de la résistance anti-coloniale. Il instaure le travail forcé des indigènes en imposant 50 jours de corvée par adulte. La cour royale, foyer de résistance contre la France, est placée sous surveillance.
Le 11 octobre 1896, lendemain du départ de l’ancien résident général Laroche, Gallieni, qui jouit des pleins pouvoirs, fait arrêter le prince Ratsimamanga et Rainandriamampandry, ministre de l’Intérieur, et les traduit devant le Conseil de guerre pour rébellion et « fahavalisme ». Le 15 octobre, à l’issue d’une parodie de procèsNote 1,8, ils sont condamnés à mort et exécutés à titre d’exemple, souhaitant faire « forte impression sur les indigènes ». Un des membres du Conseil de guerre devait confirmer par la suite que les deux accusés avaient été « condamnés sur ordre » de Gallieni.

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Martinique : couvre-feu prolongé jusqu’au 21 octobre

Face à la persistance de graves troubles à l’ordre public, le préfet de la Martinique a pris la décision de prolonger plusieurs mesures administratives afin de garantir la sécurité des personnes et des biens. Cette prolongation concerne tout d’abord le couvre-feu, désormais en vigueur sur l’ensemble du territoire martiniquais entre 21h00 et 05h00 du lundi 14 au lundi 21 octobre 2024. Cette mesure, déjà mise en place le 9 octobre, vise à protéger les habitants ainsi que les infrastructures locales dans un contexte de crise sociale marquée par des émeutes, incendies et confrontations violentes avec les forces de l’ordre. Les autorités ont précisé que le couvre-feu pourrait être reconduit si nécessaire.

Des dérogations à cette interdiction de déplacement seront possibles pour des raisons impérieuses de santé et dans le cadre d’activités professionnelles, mais les forces de l’ordre procéderont à des contrôles renforcés.

En outre, l’interdiction d’achat, de vente et de transport de carburant, de produits pétroliers, ainsi que de produits chimiques inflammables, corrosifs ou explosifs (notamment des produits ménagers) reste en vigueur jusqu’au 21 octobre 2024. Cette mesure s’applique dans toutes les stations-service et les commerces de détail du territoire.

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Une motion, deux motions, trois motions… ou l’art de combattre le pouvoir régalien

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Pour les partisans de l’autonomie de l’article 74 qui s’adressaient aux électeurs martiniquais lors des consultations électorales de janvier 2010, la conservation par l’État des pouvoirs régaliens avait été présentée comme la parade parfaite contre les dérives éventuelles d’une nouvelle collectivité. Que fallait-il craindre de l’évolution statutaire, disait-on, dès lors que la garantie contre les dérives éventuelles allait être assurée par l’État gardien du pouvoir de police, de justice et défense ? Ce fut l’argument massue utilisé pour convaincre une population réticente à franchir le pas institutionnel. Or, nul ne peut ignorer que le refus d’accepter l’autorité de la France sur nos deux îles de Guadeloupe et de Martinique a été très précisément à l’origine des revendications de rupture.

Le pouvoir régalien, un piège pour l’État.

Dès lors, la question se pose de savoir si l’État peut exercer en Martinique le pouvoir régalien qui lui est reconnu sur le papier même en cas d’autonomie, et si cette prérogative ne constitue pas en réalité un véritable piège pour les gouvernements. Votre serviteur n’avait pas craint dans plusieurs articles de signaler que dans les perspectives annoncées le pouvoir régalien n’était qu’un leurre.

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L’éphéméride du 14 octobre

Création « officielle » de l’OJAM le 14 octobre 1962

Le Manifeste de l’OJAM (OJAM pour Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique) ou « La Martinique aux martiniquais », est un manifeste rédigé en 1962 en Martinique par 18 auteurs. Il fut placardé en Martinique les 23 et 24 décembre 1962

Les 18 auteurs
Rodolphe Désiré, Renaud de Grandmaison, Henri Pied, Hervé Florent, Marc Pulvar, Joseph René-Corail, Léon Sainte-Rose, Charles Davidas, Roger Riam, Victor Lessort, Gesner Mencé, Henri Armougon, Manfred Lamotte, Guy Dufond, Guy Anglionin, Georges Aliker, Josiane Saint-Louis-Augustin et Roland Lordinot.

Conséquences et réactions
Les 18 jeunes auteurs de ce manifeste sont arrêtés, emprisonnés à Fresnes et accusés d’atteinte à la sûreté de l’État. Ils sont jugés, lors d’un procès politique en 1964 qui se soldera par un acquittement général.

En décembre 1959, 3 fils de la Martinique, BETZI, MARAJO, ROSILE, tombaient victimes des coups du colonialisme français. Ce sacrifice montra à la jeunesse de notre pays la voie de l’émancipation, de la fierté, de la dignité.
Depuis, notre peuple, si longtemps plongé dans les ténèbres de l’histoire, offre une résistance de plus en plus grande à l’oppression coloniale.

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Et si l’État réactivait le BUMIDOM…

Par Michèle Latouche

Les Compagnies républicaines de sécurité avaient été bannies de l’île après la mort d’Edmond Eloi, surnommé Rosile, Christian Marajo et Julien Betzi, lors des « événements » de 1959.

Le 24 décembre 1959, le Conseil Général adoptait une motion demandant le retrait de tous les C.R.S. et des éléments racistes indésirables.

Un certain émoi a accompagné l’arrivée depuis deux semaines de la huitième Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS 8), une unité d’élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines créée en 2021.

Cette décision a constitué pour de nombreux martiniquais un chiffon rouge qui ravive les rancœurs et les douleurs et enfouies et a force symbolique de réitération du rapport de domination de l’État sur la population et les institutions locales. Mais le rétablissement de l’ordre ne s’est pas opéré. Au contraire, du nord au sud, de ronds- points occupés aux nuits incendiaires, l’embrasement gagne.

Quel sens donner à ces manifestations spontanées et violentes, quasi concomitantes avec des mouvements sociaux revendicatifs, telles des braises couvant sous une cendre qui depuis des décennies ne parvient pas à refroidir ?

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S’extraire du présentisme pour mieux comprendre et dessiner les perspectives d’avenir de la Martinique !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

La probabilité de la signature  du protocole d’accord sur la vie chère en Martinique, bien qu’importante, ne suffira pas à mettre fin au malaise profond qui agite l’île. La crise actuelle de la vie chère aurait pu être évitée si ce n’était pas l’influence de la dictature de l’émotion , du présentisme et le culte par les élus de la métaphore du nez dans le guidon et surtout de la radicalisation qui interdisent toute analyse prospective de la situation politique et économique en Martinique. Le préfet de la Martinique a eu grandement tort de prendre l’initiative d’une table ronde sur la vie chère sous la pression d’un groupe d’activistes. Cela constitue une faute d’appréciation de la problématique de la vie chère qui s’avère structurelle et impossible à régler dans un temps court comme le dénote des négociations ardues qui traînent en longueur. Dans cette affaire de la vie chère,il y a eu sans conteste une très mauvaise appréhension de la notion de gestion de crise . Ainsi la gestion de crise permet de prendre conscience d’une réponse à la crise dans sa globalité , ce qui n’a été le cas des acteurs politiques et économiques en Martinique.

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Étudiants africains et discrimination au pays de Césaire ?

—Par Jean-Michel Salmon(*) —

A la suite d’une décision par les instances de l’Université des Antilles d’appliquer aux étudiants de Licence la réforme Macron dite des « droits différenciés », les étudiants de nationalité extra-communautaire (ne relevant pas de l’Union Européenne), avec dérogation pour « la grande Caraïbe et l’Inde »(1) ,  soit, pour la seule Faculté de Droit et d’Économie de la Martinique, une centaine d’étudiants pour la quasi-totalité Africains, sont depuis cette rentrée universitaire 2024-25 sommés de payer des droits d’inscription de l’ordre de 3 000 euros, environ dix fois plus élevés que ceux que doivent donc payer les étudiants antillais, européens, caribéens et indiens.

Ces droits sont particulièrement exorbitants pour ces étudiants africains qui ont déjà dû faire face au coût de leur voyage et doivent en sus bien entendu assumer aussi le coût global de leur résidence en Martinique (logement, alimentation, transport…). Pour pouvoir eux aussi échapper à l’application de ces droits différenciés, ils sont signé une pétition qu’ils ont adressé aux différentes instances de l’Université des Antilles.

Leur demande en exonération de ces droits différenciés – novlangue pour dire que le coût est dix fois plus élevé – doit être soutenue par les enseignants-chercheurs du pôle Martinique, pour les motifs suivants :

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