— Par Patrick Chamoiseau —
L’éclat des tissus,
des bijoux,
les poèmes ambigus de la coiffe,
la brillance sans-manman des chaussures,
les dièses de la démarche
étaient des proclamations d’humanité
que les maîtres esclavagistes et autres coloniaux
ne pouvaient même pas soupçonner.
Les orgueilleux agencements de toiles
soignaient l’immense blessure existentielle.
Sous la domination,
cette archive de la résistance féminine allait se voir progressivement folklorisé.
Ce matrimoine est à reconstruire.
La pauvreté des habits des hommes s’explique peut-être par le fait
que (même s’ils étaient tout autant soucieux de leur réhumanisation vestimentaire)
leur créativité de résistance se déversait plus intensément
du côté des contes, de la danse, de la musique…