Aux origines de nos problèmes
— Par Max Dorléans ( G.R.S.) —
Se poser en octobre 2023 la question d’une agriculture martiniquaise à vocation fondamentalement vivrière nécessite de comprendre le modèle agricole actuel et son fonctionnement, ainsi que les forces ayant intérêt à la reproduction de son mode d’existence.
Ce modèle ne tombant pas du ciel, il importe de saisir l’origine de la distorsion entre une vocation nourricière et sa vocation exportatrice, d’autant plus que cette dernière marginalise, exclut et condamne un nombre grandissant d’agriculteurs/trices.
Répondre à cette interrogation exige de saisir le système colonial qui a engendré un mal-développement, parce que le colonisateur français – comme les autres colonisateurs – n’avait pas d’autre préoccupation que la sienne, ses besoins. Nullement ceux des peuples autochtones, ni non plus de ceux qui y ont été amenés de force via la traite négrière, et qui ont produit sous le régime de l’esclavage.
Banane et canne à sucre, et construction de notre dépendance alimentaire.
La colonisation consista donc principalement dans la production pour l’exportation de café, cacao, sucre de canne jusqu’à la période plus récente postérieure à la départementalisation, autour des années 1960, où ce fut production toujours pour l’exportation, mais de bananes et de rhum.