— Par Yves-Léopold Monthieux —
A entendre les mots utilisés pour commémorer le cinquantième anniversaire de Février 74, les anciens de Chalvet n’hésitent pas à puiser dans un large éventail de vocables pour exprimer la glorification de leurs héros et l’exécration du colonisateur. Au diable les précautions sémantiques, donc. Mais que de contradictions ! Aucune d’elles ne sera pourtant relevé par un audiovisuel complaisant, qui n’hésite pas de participer à la surenchère du vocabulaire victimaire. Maintenant que les derniers témoins s’apprêtent à s’en aller, le temps serait donc venu d’inscrire dans le marbre leur histoire des « on dit » de Chalvet.
Bilan de l’hécatombe : un mort
Le choix offert au verbe est immense, mais pourquoi choisir ? On prend tout : « abattre », « tuerie », « massacre », « assassinat », « boucherie », « carnage », « extermination ». Chacun peut se servir et prendre part au bombardement sémantique. Bilan de l’hécatombe : un mort, un blessé grave, peut-être deux, trois ou quatre blessés légers. Autant de victimes de trop, bien évidemment. Est-il permis cependant d’ajouter un autre blessé grave, au bras sectionné, échappé de justesse à la mort ?