Catégorie : Sciences Sociales

« Ces enfants en Echcec scolaire massif » de Julie Ostan-Casimir. Entretien avec Serge Harpin.

enfants_echec_scolaire Julie Ostan-Casimir est psychoogue clinicienne. Docteur en psychopathologie et psychologie clinique ( 2006) , elle travaille depuis 27 ans en Institut Médico-Pédagogique et Institut Médico-Professionnel. Elle nous livre dans cet ouvrage son expérience clinique auprès d’enfants et adolescents en échec scolaire massif.

Entretien entre Serge HARPIN et Julie OSTAN-CASIMIR autour de son livre

Ces enfants en échec scolaire massif, K.Editions, 2009

Serge HARPIN : 1/Vous êtes psychologue à clinicienne, vous travaillez depuis 27 ans en IMP. Vous venez de publier un ouvrage sur le thème de « l’échec scolaire massif ».

Julie OSTAN-CASIMIR : Oui, je suis psychologue clinicienne et je travaille en Institut Médico-Pédagogique (IMP). J’ai publié un livre sur l’échec scolaire dit massif, selon l’expression consacrée, car j’ai souhaité parler d’enfants scolarisés en maternelle et maintenus dans une classe de cette maternelle pour être orientés vers une Classe d’Intégration Scolaire (CLIS), puis vers l’Institut Médico-pédagogique. J’ai préféré présenter ces enfants à partir de leur échec scolaire, que de les présenter déficients au départ. J’ai préféré présenter ces enfants à partir de leur échec scolaire plutôt que de les présenter déficients au départ.

→   Lire Plus

Le désir, la jeune fille et la mère

 Par DOMINIQUE SELS écrivaine

Encore les seventies. J’étais adolescente. Je voudrais dire mon amitié à Roman Polanski,

j’espère qu’il va vite se tirer de là. Les mères n’osaient profiter de la liberté qui nous était naturelle, elles s’y hasardaient, alternant hardiesse et revirements vertueux. Je sais des histoires où la fille fut importunée par le désir de sa mère, sur elle projeté ; la mère la mène vers un homme mûr ; favorise un rapprochement ; son fantasme accompli par procuration, elle crie, soit chasse sa fille, soit s’indigne contre le monstre qui en aura abusé, et qui est en fait tombé dans le panneau. C’est pas la faute à Voltaire, toujours la faute à la fille ou à l’homme : pourvu qu’on n’attaque pas la moralité de la mère.

Protégeons les filles de leur mère plutôt que de Polanski. J’espère qu’aujourd’hui, les filles rencontrent des cinéastes pour une leçon de scénario ou de mise en scène, non pour des photos. Mesdames, n’en avez-vous pas assez de jouer les niaises depuis des millénaires ? Depuis quand un peintre ne couche-t-il pas avec son modèle ?

→   Lire Plus

La gestion d’un territoire dans la perspective du développement durable et solidaire : Le cas de la Martinique

 — par Emmanuel JOS —

Introduction : précisions conceptuelles et problématique

Au début de cet exposé, il convient d’apporter quelques précisions sur la signification des termes que nous seront amenés à utiliser.

1 – Définitions :

Gestion du territoire : le terme de gestion renvoie le plus souvent au domaine budgétaire et financier. Le gestionnaire d’un établissement est souvent celui qui s’occupe des finances. Dans un sens plus large, qui sera celui retenu ici, gérer signifie prendre en charge, exercer une responsabilité sur, administrer, utiliser un certain nombre de moyens pour parvenir à une fin. La gestion du territoire signifie alors tirer le meilleur parti du territoire en fonction d’objectifs que l’on s’est assigné.

Dans ce sens gestion du territoire se rapproche d’aménagement du territoire sauf que par aménagement du territoire on aura tendance à entendre : choix des localisations d’équipements, d’investissements, d’activités sur un territoire donné. Ces choix procèdent de décisions politiques autrement dit de ceux qui détiennent le pouvoir. Ceux qui détiennent le pouvoir de décision ou plus largement le pouvoir d’influence, ce sont bien entendu les élus mais pas seulement eux, il y a tous ceux qui exercent une influence effective sur les choix qui sont fait.

→   Lire Plus

« Si on ne repense pas le travail, il faut s’attendre à pire que des suicides »

— Par Christophe Dejours, psychanalyste —

Auteur de « Suicide et travail : que faire ? » (PUF, 2009), Christophe Dejours, psychanalyste, appelle à repenser le travail pour sortir des logiques gestionnaires qui détruisent le tissu socio-professionnel tout en faisant croire qu’elles traitent les problèmes des salariés.

Pourquoi parle-t-on plus aujourd’hui du suicide au travail ?

Christophe Dejours : Parce que les suicides sur les lieux de travail n’existaient pas avant. Ils sont apparus il y a une douzaine d’années, sans avoir été relayés. Le tournant s’est opéré en 2007, avec les cas de suicides chez Renault et Peugeot.

Les premiers suicides dont j’ai entendu parler constituaient pour moi une forme de décompensation psycho-pathologique parmi d’autres. C’est la répétition des choses qui est devenue hallucinante. Non seulement, il y avait un suicide sur les lieux de travail mais généralement il ne se passait rien après. Ces suicides au travail marquent incontestablement une sorte de bascule qui frappe le monde du travail.

Pour un suicide lié au travail combien de tentatives de suicide et de personnes internées en raison du travail ?

→   Lire Plus

Est-il, ici, légal d’être nègre ?

— Par Philippe YERRO, Stéphane TEROSIER, Pascal DELYON, Clarisse LAPART —

 

 

Les voies du Seigneur sont impénétrables. Il aura fallu l’humiliation d’un petit ange par un fonctionnaire trop zélé devant les caméras de RFO, pour que nous puissions mesurer l’ampleur de l’esclavage mental dans ce pays. Les réactions suscitées par ce regrettable incident nous mènent à tirer le double constat d’une société travaillée en profondeur par le déni de l’Afrique et de la négritude fondamentale du peuple martiniquais, mais qui a nourri l’émergence de générations actives, fière de leur histoire nègre, déterminées à dénoncer l’iniquité et la profitasyon. Et à faire en sorte que les choses changent, ici et maintenant.
Si reproches nous adressons au Proviseur du Lycée J. Gaillard, ce n’est pas de vouloir faire régner l’ordre dans son établissement. C’est d’avoir associé, par nature, le désordre à la coiffure africaine. Si, de son point de vue, à la Pointe des Nègres la négritude n’a pas sa place, c’est qu’il s’est cru autorisé d’une décision du Conseil d’Administration de l’établissement, en dépit de l’illégalité manifeste qu’elle pouvait revêtir. Passons sur les faits que les propos télévisés (« Ni locks, ni tresses, ni nattes ») semblent ne s’appuyer sur aucune des résolutions du CA invoquées par le Proviseur (lire les propos de M.

→   Lire Plus

Est-il, ici, légal d’être nègre ?

— Par Philippe YERRO,Stéphane TEROSIER,Pascal DELYON,Clarisse LAPART,—

 

 

Les voies du Seigneur sont impénétrables. Il aura fallu l’humiliation d’un petit ange par un fonctionnaire trop zélé devant les caméras de RFO, pour que nous puissions mesurer l’ampleur de l’esclavage mental dans ce pays. Les réactions suscitées par ce regrettable incident nous mènent à tirer le double constat d’une société travaillée en profondeur par le déni de l’Afrique et de la négritude fondamentale du peuple martiniquais, mais qui a nourri l’émergence de générations actives, fière de leur histoire nègre, déterminées à dénoncer l’iniquité et la profitasyon. Et à faire en sorte que les choses changent, ici et maintenant.
Si reproches nous adressons au Proviseur du Lycée J. Gaillard, ce n’est pas de vouloir faire régner l’ordre dans son établissement. C’est d’avoir associé, par nature, le désordre à la coiffure africaine. Si, de son point de vue, à la Pointe des Nègres la négritude n’a pas sa place, c’est qu’il s’est cru autorisé d’une décision du Conseil d’Administration de l’établissement, en dépit de l’illégalité manifeste qu’elle pouvait revêtir. Passons sur les faits que les propos télévisés (« Ni locks, ni tresses, ni nattes ») semblent ne s’appuyer sur aucune des résolutions du CA invoquées par le Proviseur (lire les propos de M.

→   Lire Plus

Chlordécone : un procès menacé

–__-

Un vice de procédure pourrait annuler la plainte de producteurs et consommateurs guadeloupéens pour empoisonnement au chlordécone, un pesticide utilisé aux Antilles pendant vingt ans, suspecté d’être à l’origine de cancers. La cour d’appel de Paris doit se prononcer jeudi matin.

 

Y aura-t-il un procès du chlordécone? La cour d’appel de Paris doit se prononcer jeudi sur la recevabilité ou non de la plainte pour « mise en danger d’autrui » déposée en février 2006 par l’Union régionale des Consommateurs et l’Union des producteurs de Guadeloupe, avec le soutien des Verts. Ce qu’ils dénoncent: la contamination de la population au chlordécone, pesticide utilisé durant une vingtaine d’années dans les champs de bananiers pour combattre le charançon, et suspecté d’avoir de graves conséquences sur la santé.

L’alerte est donnée dès le milieu des années 1970. Plusieurs études s’inquiètent de ses effets sur l’homme. Cancérigène, mais aussi perturbateur endocrinien, voilà la réputation sulfureuse que traîne le chlordécone. Aux Etats-Unis, le produit est d’ailleurs interdit dès 1976. La France attend 1990 pour suivre l’exemple, en accordant même une dérogation aux Antilles jusqu’en 1993.

→   Lire Plus

La taxe carbone, nouvelle pensée unique ?

— par Istvan Felkaï —

 

Le débat sur la taxe carbone s’est envenimé ces derniers jours en France. En Belgique aussi, l’idée de cette taxe est avancée par une partie du monde politique et suscite autant d’intérêt autant que de polémiques.

La controverse agite la gauche, les Verts et la famille socialiste française. Certains opposants se demandent si cette taxe carbone n’est pas le ferment d’une nouvelle pensée unique. Non pas qu’il faille remettre en cause la nécessité de la lutte contre les gaz à effet de serre et les changements climatiques.

Au contraire. Mais, à défaut de puissants correctifs dont les mécanismes sont aléatoires pour aider les revenus modestes et moyens (comme le souhaite Michel Rocard), cette taxe pénaliserait les milieux populaires, et l’injustice sociale, que craignent les socialistes, serait criante. De quoi pénaliser surtout les usagers captifs de leur véhicule, soit parce qu’ils habitent loin de leur lieu de travail, soit parce qu’il n’y a pas toujours de transports en commun, notamment en zone rurale. 

Seraient pénalisés également les habitants de logements mal isolés et n’ayant pas les moyens d’investir dans de nouveaux chauffages (malgré les aides publiques, pompes à chaleur, panneaux solaires et autres chauffages non polluants se vendent à prix prohibitifs…).

→   Lire Plus

« Bintou » : tragédie urbaine et émergence d’une metteuse en scène

 — Par Alvina Ruprecht —

Création 2009 Prix de la Presse au Festival Off d’Avignon 2009


Nous connaissons déjà l’œuvre de Koffi Kwahulé, à mon avis un des meilleurs auteurs dramatiques de langue française de sa génération. Souvent jouées à Avignon, ses pièces construisent un monde symbolique qui décortique les soubassements du pouvoir où les anges exterminateurs mènent leurs victimes à leur perte. Un monde terrifiant qui cerne la psyché ébranlée de ces êtres pris dans un monde en transformation qu’ils essaient de cerner mais que souvent, ils ne comprennent pas.Bintou nous place devant une de ces expériences limites. Ce texte très puissant, issu du monde de la culture populaire urbaine est d’une actualité brulante, il est structuré comme une tragédie grecque. Un chœur syncopé nous accueille dès le départ dans cette descente vers les enfers. Bintou, une jeune révoltée genre Antigone, défie les dieux, refuse la tradition de ses parents et ensorcelle les membre de sa bande qui se laissent mener vers leur propre destruction. Un réquisitoire contre l’excision, une mise en évidence des conflits profonds qui déchirent les jeunes de l’immigration, un texte lyrique, féroce, réaliste et mythique à en couper le souffle.

→   Lire Plus

Marie-Jeanne et le photovoltaïque

–__-

 

Alfred Marie-Jeanne, Député de la Martinique est intervenu à l’Assemblée Nationale, à l’occasion des questions au gouvernement pour interroger  le ministre de l’environnement à propos  des projets d’installations photovoltaïques sur les terres agricoles en Martinique.

« Ma question s’adresse à M. Jean-Louis Borloo. Malgré la prolifération des plans et schémas tels 1e plan d’occupation des sols, le plan local d’urbanisme, le schéma d’aménagement régional ou le schéma de cohérence territoriale, la surface agricole utile de la Martinique régresse de façon inexorable. Ces dernières années, la déperdition est de l’ordre de mille hectares par an. Il nous reste, en tout et pour tout, seulement 25 000 hectares, superficie inférieure à la masse critique pour un développement endogène et durable.

L’installation non encadrée par la loi du photovoltaïque sur les terres agricoles, amplifie le phénomène. Il y a dix-neuf mois, l’Assemblée a adopté à mon initiative deux amendements dont l’un donnait l’avantage au développement du photovoltaïque sur les équipements publics, pour éviter son déploiement anarchique au sol.

Compte tenu de la raréfaction du foncier et de l’avalanche des dossiers, j’ai déposé un amendement demandant l’interdiction du photovoltaïque sur les terrains agricoles en Martinique.

→   Lire Plus

« Avec Franz Fanon : percevoir, écouter, écrire, dire l’humain. »

  — Par Nabile Farès,  psychanalyste, Paris —

 

 

 

 

 

 

  1. Histoires, guerres et transmissions : violences, dégâts, détresses et traumatismes.

 

 

 

 

 

De nombreux mots pour dire que les textes de Franz Fanon, ceux que chaque lectrice, lecteur, rencontre en librairie, en bibliothèque, en discussion, témoignent d’une vive perception, écoute, écriture, et diction des violences et silences, impunités, qui, à travers les séparations, apartheids, mises à l’écart, viols, forclusions, destitutions structurales et singulières des civilités, ont marqué l’histoire, les sociétés, les individus d’aujourd’hui,  ne laissant nulle personne contemporaine, enfants, nouveaux-nés, femmes, hommes, personnes agées, nulle formation politique, dictature, tyrannie, démocratie, république, à l’abri des conséquences et reconstructions mémorielles et historiques qu’exigent de telles destructions et exclusions  historico- psychiques. Individus et sociétés sont marquées à la surface d’eux-mêmes, d’elles-mêmes et dans les profondeurs, strates, couches, de cette réalité historique et psychique liée : celle-ci étant plurielle, multiple, de surface lisible ou dite, par exemple, par la mise en ghettos, les différences territoriales de logements, de salubrité, les stigmatisations langagières et coutumières, les différences affirmées par la richesse et la pauvreté, les accès ou non aux soins, à la culture, auc cultures, les mises en retard, en question, refus, des langues, leurs acquisitions bénéfiques et différenciées, les ostracismes et anathèmes raciaux sous des légitimations religieuses porteuses de pensées, idéologies faillibles, les mises à mort et enfermements dits exemplaires, les destitutions et inégalités des représentations et histoires, les perturbations et aliénations de soi par des représentations et affirmations, dominations issues de l’Autre par introjection et précipitation du bourreau, du justicier, du vengeur héroïque, d’un maitre, essentiellement dominateur et cruel,  entrainant abandon et chute, détresse de ce que serait une prise en compte affirmation et protection de l’humain.

→   Lire Plus

A propos de la violence dans les collèges.

 

— Par George HUYGHUES DES ETAGES, psychologue, auteure d’ouvrages éducatifs –

Incivilités, ports d’armes, rackets, agressions diverses à l’encontre de professeurs comme d’élèves : voici le lot quotidien de beaucoup de collèges. L’inquiétude des enseignants, des parents et des élèves eux-mêmes va croissant à tel point que certains enfants craignant le passage en 6ème avouent préférer redoubler leur CM2 et que d’autres (des filles en particulier) « prennent leurs précautions » en “s’armant” pour parer à toute éventualité.

Il faut dire que la violence, qui est l’expression de l’agressivité que nous portons tous naturellement en nous, commence très tôt, dès la conception pourrait-on dire. C’est cette force qui nous pousse à agir pour obtenir la satisfaction de nos besoins vitaux, ce dynamisme qui nous permet de lutter, de nous affirmer, de survivre et que nous retrouvons positivement dans la compétition, l’émulation. Mais, si elle n’est pas circonscrite, canalisée, sublimée, dérivée vers des objets et des buts louables, elle devient excessive et – sous l’influence de la frustration, de l’insatisfaction excessive – se transforme en agressivité négative et inadaptée.

→   Lire Plus

Guyane: les ravages de l’orpaillage


–__-

 L’eau du fleuve qui passe devant notre village est sale. Sale et blanchâtre depuis plusieurs mois. Il devient gênant de laver son linge, de se laver, de laver son enfant qui va boire cette eau en se baignant. C’est à cause d’un nouveau chantier d’orpaillage, très grand, sur la crique Lipolipo

«La terre de Guyane ne sera plus violée impunément», promettait Nicolas Sarkozy, il y a un an, à Camopi, un village amérindien de ce département d’outre-mer, en annonçant un plan de renforcement de la lutte contre l’orpaillage clandestin. Mais pour les villages établis sur le fleuve Maroni, près de la frontière du Surinam, la situation n’a fait que s’aggraver et ils dépérissent, victimes de la pollution et de la violence provoquées par les garimpeiros, les chercheurs d’or clandestins. L’ONG Survival (www.su

Réalisé par É.Pa Kindy Opoya.

«Je suis née en 1986 à Talhuen, un village à environ deux heures de pirogue en amont de Maripasoula. Je suis assistante de vie scolaire. Aujourd’hui, le quotidien dans nos villages, c’est la peur des garimpeiros. La peur, jour et nuit. Ils ont envahi notre vie.

→   Lire Plus

A bas le développement durable ! Vive la décroissance conviviale !

 

— Par Serge Latouche —

 

 

 

«Il n’y a pas le moindre doute que le développement durable est l’un des concepts les plus nuisibles». Nicholas Georgescu-Roegen, (correspondance avec J. Berry, 1991) (1).

 

On appelle oxymore (ou antinomie) une figure de rhétorique consistant à juxtaposer deux mots contradictoires, comme «l’obscure clarté», chère à Victor Hugo, «qui tombe des étoiles…». Ce procédé inventé par les poètes pour exprimer l’inexprimable est de plus en plus utilisé par les technocrates pour faire croire à l’impossible. Ainsi, une guerre propre, une mondialisation à visage humain, une économie solidaire ou saine, etc. Le développement durable est une telle antinomie.

 

En 1989, déjà, John Pessey de la Banque mondiale recensait 37 acceptions différentes du concept de «sustainable development» (2). Le seul Rapport Bruntland (World commission 1987) en contiendrait six différentes. François Hatem, qui à la même époque en répertoriait 60, propose de classer les théories principales actuellement disponibles sur le développement durable en deux catégories, «écocentrées» et «anthropocentrées», suivant qu’elles se donnent pour objectif essentiel la protection de la vie en général (et donc de tous les êtres vivants, tout au moins de ceux qui ne sont pas encore condamnés) ou le bien-être de l’homme (3).

→   Lire Plus

Martinique et Guadeloupe : le manque de concurrence comme origine de la crise

—  Par Agnès Verdier-Molinié, Samuel-Frédéric Servière —

mardi 24 février 2009

martinique-gwadaDerrière l’augmentation importante des prix à la consommation par rapport à la métropole (de 20 à 60% selon les produits), le véritable problème des DOM est bel et bien issu des monopoles et du manque de concurrence.

 

Monopoles publics parce que les administrations des Antilles ont la haute main sur un certain nombre de services publics (ports, aéroports etc.) qui s’interfacent avec le monde extérieur et renchérissent d’autant le coût des produits importés (taxes et redevances aéroportuaires, octroi de mer etc.).
Monopoles privés, qui vont à l’encontre des règles de concurrence saine et non faussée prônées par Bruxelles y compris dans ces régions dites « ultra-périphiques » (RUP).

 

Pour pallier le renchérissement du coût de la vie lié aux monopoles publics et privés, la métropole dispense subsides et régimes dérogatoires officiellement pour contre-balancer les difficultés supposées nées de l’insularité. Exercice budgétaire après exercice budgétaire, ces financements publics sont distribués à fonds perdus.

 

L’économie de ces îles semble stagner et pourtant les transferts d’argent public n’ont jamais été aussi importants : près de 13,3 milliards € en 2009 vers les DOM/TOM, soit une augmentation de 3,4% par rapport à 2008.

→   Lire Plus

L’outre-mer coûte près de sept milliards à l’État

 — par Cécile Crouzel —

La Guadeloupe coûte déjà 2,5 milliards d’euros à l’État et la Martinique 1,8 milliard.

–__-

Le pouvoir et le président de la République en particulier sont la cible des protestations sur l’île. Crédits photo : AFP

Avec un taux de chômage qui dépasse les 20 %  et une proportion de RMistes presque quatre fois plus élevée qu’en métropole, les Antilles souffrent de nombreux handicaps économiques. Pourtant, l’État ne lésine pas sur les moyens qu’il accorde à l’outre-mer. L’effort global programmé jusqu’à présent pour 2009 est de 16,7 milliards d’euros. Pour la Guadeloupe, la facture s’élève à 2,5 milliards, et pour la Martinique à 1,8 milliard. «Toutefois, ces chiffrages agrègent tous les coûts, y compris ceux liés aux missions régaliennes de l’État, comme l’Éducation, la Justice, la police, qui existent dans l’ensemble des départements français», nuance Éric Doligé, sénateur UMP rapporteur du budget de l’outre-mer. Or ces charges «habituelles» ne sont pas négligeables : en Guadeloupe, l’État dépense près de 700 millions d’euros pour l’enseignement scolaire. «Il est donc plus juste de se concentrer sur le coût, pour l’État, des mesures spécifiques à ces territoires», explique Jérôme Cahuzac, député socialiste, rapporteur de ce budget à l’Assemblée.

→   Lire Plus

Delta Airlines : les vraies raisons de l’échec

— par Jean Crusol —
delta_airlines

C’est la faute à l’euro…

Delta Airlines va interrompre les dessertes qu’elle assurait, depuis décembre 2006, entre Atlanta et les Antilles Françaises. Selon les explications données par la Présidente de Comité Martiniquais du Tourisme et par le Vice Président du Conseil Régional, voici la raison : « quand nous avons commencé cette opération en décembre 2006, le taux de change entre le dollar Us et l’euro était très attractifs. Depuis, le dollar a beaucoup baissé. Nos tarifs hôteliers désormais trop élevés pour la clientèle américaine. Delta a donc décidé de partir. Ce n’est pas de notre faute, et nous n’y pouvons rien ». C’est la faute à l’euro! Un peu court comme explication…et bien loin de la vérité.

Voyons d’abord ce que vaut cette explication. En décembre 2006, un euro valait 1,321 dollars Us, en février 2008, il vaut 1,474 dollars Us. Cela signifie qu’une chambre à 200 euros la nuit qui valait 264,2 dollars en décembre 2006, vaut 294,8 dollars en 2008. Soit une différence de 30,6 dollars ou 11% d’augmentation 15 mois. Une telle différence pourrait avoir une influence si la clientèle touristique américaine attirée par notre destination était de bas de gamme.

→   Lire Plus

« La part de l’autre », de MarlèneParize

— Par Elodie Quidal, professeur de philosophie au lycée Frantz Fanon, Martinique.

Ce livre, où se mêlent histoire et mythologie, est écrit du coeur de notre présent – présent des Antilles, de la France, de ce monde ouvert à de multiples transversalités qui est le nôtre. Marlène Parize y défend une proposition radicale contre tous les nationalismes et communautarismes, contre tous les mépris de soi: il est temps, il est grand temps de reconnaître, au sein même de notre modernité, de notre république, de nos valeurs, la trace de ces « lieux creusets » où est née, et naît encore, l’énergie qui nous porte à présent.

Jean Bourgault, professeur de philosophie au lycée Jeanne d’Arc, Rouen.

Plus que des héritiers de l’esclavage et de la colonisation, les Antillais sont le réceptacle des cultures et des philosophies de tous les continents. Parce qu’ils ont connu toutes les douleurs, ils se doivent de porter l’humanité à un autre niveau de conscience : continuer à se chercher et à se trouver sur le mode de l’ouverture « en abandonnant nos croyances d’avant la veille » (F.

→   Lire Plus

Traite des blancs, traites des noirs, par Rosa Amelia Plumelle-Uribe,

 

l’Harmattan, octobre 2008, 230 p.

par Maria Poumier

Sur l’origine de l’humanité, faute de la moindre science, on ne doit s’appuyer que sur la phylogenèse de nos mythes fondateurs. Ainsi, au lieu d’en rester à l’histoire médusante de la pomme et du serpent, qui fait que l’on soupçonne Dieu de malveillance imméritée en nous interdisant les fruits de l’arbre de la science, on devrait plutôt écouter sa conscience, et reconnaître que c’est le crime de cannibalisme contre nos semblables qui nous rassemble tous dans l’humanité pécheresse et à juste titre chassée du paradis. Comme les rats, comme les cochons, mais de façon bien plus systématique qu’eux, ce qui nous a rendus plus forts que d’autres espèces animales c’est que nous ne reculons pas devant le crime contre nos frères, et que c’est même notre nourriture hallucinogène, notre drogue vitale.

Les préhistoriens africains vont plus loin dans le dévoilement de notre inconscient coupable : ils affirment que du tronc noir, dans les contrées paradisiaques où l’on peut vivre nu et se nourrir simplement des fruits qui pendent aux branches, se sont détachés de pauvres types, des erreurs de la nature, blanchâtres et mauvais, probablement le fruit de quelque péché de leurs parents.

→   Lire Plus

« L’invention de la culture hétérosexuelle » par Louis-Georges Tin

(Ed. Autrement) 

Introduction

Pour éclaircir le propos, on pourrait établir une comparaison avec la nourriture. Dans toutes les sociétés humaines, il y a bien sûr des pratiques alimentaires, et elles sont indispensables à la survie des individus. Pour autant, toutes les sociétés ne construisent pas nécessairement une culture gastronomique, comme c’est le cas en France. L’art de la table, du vin et des fromages, les rituels, le service, la convivialité, les livres de recettes, les guides, les classements et les étoiles pour les bons restaurants, les émissions culinaires à la télé, sont autant d’éléments qui définissent la gastronomie à la française. D’autres sociétés développent des pratiques alimentaires moins diverses et moins ritualisées, elles se fondent sur les ressources matérielles nécessaires pour vivre. Certes, ces pratiques s’organisent selon des principes et des codes, et  elles s’inscrivent parfois dans des célébrations où l’alimentation occupe une place particulière. Pour autant, elles ne produisent pas ce que l’on pourrait appeler véritablement une culture de la gastronomie. Dans ces contextes nombreux, et pas seulement dans les sociétés anciennes ou éloignées, en Amazonie ou en Nouvelle Guinée, l’alimentation est à la fois nécessaire et secondaire, et on ne se croit pas obligé d’en faire un objet d’euphorie, un rite permanent, une exaltation collective.

→   Lire Plus

Entre cynisme et arrogance

Poster-Tabou

Par Roland Sabra

Edito du 13/10/2008

La crise financière des pays riches a éclipsé la crise alimentaire qui frappe les pays pauvres de puis 2007. Les deux sont pourtant liées, ne serait-ce que par les spéculations du monde de la finance sur les matières agricoles, comme par exemple le stockage de denrées alimentaires pour alimenter la pénurie et faire monter les prix, comme par exemple le développement des bioénergies autrement juteuses en termes de profits que la production  de denrées alimentaires. Chaque année 100  millions de tonnes  de ces denrées sont consacrées à faire le plein des réservoirs automobiles et sont donc retirées du marché alimentaire. « Tu peux crever de faim mais ne touche pas à ma bagnole » tel semble être le mot d’ordre des populations des pays riches…

L’indice FAO des prix alimentaires montre une hausse de 12% en 2006 par rapport à l’année précédente, de 24% en 2007 pour exploser à 50% au cours des sept premiers mois de l’année 2008. Dans le même temps les subventions agricoles octroyées aux agriculteurs des pays riches desservent les agriculteurs des pays pauvres, les produits subventionnés des pays riches étant inaccessibles et insurmontables pour les pays en voie de développement.

→   Lire Plus

Obama et la possibilité d’une sortie de la crise financière

par Roland Sabra

Ce n’est qu’un début… Pourquoi les bourses plongent-elles? On connait l’origine de la crise actuelle : la déréglementation et/ou le détournement des règles des activités de crédits dans le monde de la finance. Les banques pour échapper à ce qui restait de réglementation en ce qui concerne l’octroi de crédits, notamment dans l’immobilier, ont créé des succursales, des sociétés annexes, qui démarchaient les plus pauvres et leur refourguaient des crédits, en dehors de tout contrôle, dont elles savaient qu’ils étaient irrécouvrables. Ce qui à leurs yeux n’étaient pas bien grave puisqu’elles avaient la claire intention de s’en débarrasser au plus tôt. Elles les ont donc soit dissimulé hors bilan, soit  revendus, cachés dans des paquets beaucoup plus présentables, à d’autres banques ou des compagnies d’assurances. Elles se sont donc arnaquées entre elles. Dès lors comment faire confiance à une consœur qui se fait si facilement rouler tout en roulant les autres? Le marché interbancaire, marché sur lequel les banques se refinancent mutuellement à court terme se tarit. Aucune ne veut prêter à une voisine dont on risque d’apprendre dans les heures qui suivent la faillite et donc l’impossibilité de recouvrer la créance.

→   Lire Plus

« La judéophobie des Modernes », de Pierre-André Taguieff

p_a_t-1 Métamorphoses de la haine

Comment les discours  » anti-occidentaux  » recyclent de vieux clichés judéophobes

Depuis de longues années Pierre-André Taguieff construit une œuvre imposante, au carrefour de l’histoire des idées, de la sociologie et de l’intervention politique. Directeur de recherches au CNRS, enseignant à Sciences-Po, il a contribué, en une trentaine de livres, à renouveler l’analyse du racisme dans la société contemporaine. Il a notamment souligné les insuffisances de l’antiracisme, montrant qu’on se trompe d’adversaire et de combat, si l’on croit vivre dans les années 1930 et n’avoir affaire qu’à des répétitions du nazisme.

Travaillant sur des sujets conflictuels, porteurs de querelles passionnées, ne répugnant pas à la polémique, Taguieff suscite critiques et controverses. La somme tout à fait remarquable qu’il publie aujourd’hui, La judéophobie des modernes, ne fera pas exception. Car le politologue s’y emploie à démontrer comment fonctionne le changement majeur intervenu au cours des dernières décennies : la haine envers les juifs passe désormais par la détestation de l’Occident. Autrefois, les racistes européens haïssaient dans le juif celui qu’ils jugeaient extérieur (non chrétien, oriental, sémite…). Aujourd’hui, c’est au contraire en détestant l’Occident qu’on va haïr le peuple juif, car il symbolise désormais ce qu’on veut détruire (judéo-christianisme, capitalisme, libéralisme, impérialisme).

→   Lire Plus

 » Chronique d’un empoisonnement annoncé. Le scandale du Chloredécone aux Antilles françaises. » de Louis Boutrin et Raphaël Confiant.

— Par Lucien Degras —

Article à paraître dans le numéro 15 de KAZ A SYANS, bulletin du Centre de culture scientifique, technique et industrielle de la Guadeloupe ARCHIPEL DES SCIENCES.

 L’Harmattan, 2007, 238 pages.

  L’ouvrage comporte six chapitres : Chronologie d’un empoisonement, Le lobby des latifundistes békés, Une catastrophe écologique sans précédent, Une grave menace pour la santé publique, Responsables et coupables ?, Propositions… pour sortir de l’impasse ! Sa bibliographie s’étend sur dix pages avec une section Ouvrages : de Mandela, à Hulot en passant par Glissant, le cancérologue Belpomme, le climatologue Denhez et bien des spécialistes de la pollution ; une section Documentation et contributions : nombreux articles de Boutrin, rapports de l’Association Martiniquaise pour la Recherche Epidémiologique en Carcinologie, de l’INSEE, l’article de Snegaroft… ; une section Rapports et textes administratifs, dont les rapports de Ballan et Mestres, Joël Beaugendre, Bonan et Prime, A. Kermarrec, entre autres ; une section de Références bibliographiques étrangères et enfin une section Presse écrite donnant les titres de nombreux périodiques. Cet ouvrage s’appuie, on le voit, sur une large base documentaire.

→   Lire Plus

Les psychanalystes savent-ils débattre?

 

— Par Roland Sabra —

Sous la direction de Daniel Widlöcher, vient de paraître aux Editions Odile Jacob un ouvrage qui porte comme titre cette question. A travers quatre exemples de débats qui ont traversé, sans omettre d’y laisser des traces durables la psychanalyse; autour de l’enfant entre Anna Freud et Mélanie Klein en 1943; autour du lacanisme et du kleinisme en 1972; autour d’une innovation théorique, l’attachement de John Bowlby, entre Laplanche, Widlöcher et Fornagy en 2000; et plus récemment en 2004, entre Jacques-Alain Miller et Daniel Widlöcher sur l’avenir de la psychanalyse;  à travers l’étude de ces débats donc l’ouvrage tente de répondre au souhait formulé dès 1912 par le disciple préféré de Freud, Sandor Ferenczi qui faisait l’hypothèse que les psychanalystes, une fois « guéris » de leurs névroses ( notez le pluriel), par leur propre psychanalyse, pourraient dépasser les rivalités, les ambitions et la mauvaise foi habituelles« .

Je vous laisse deviner ce qu’il en est! Pour vous éclairer, sachez que  selon la graphie retenue, phantasme ou fantasme, vous avez à faire à deux écoles différentes, que l’ego, n’est pas le soi, ni le moi,  encore moins Je et surtout pas le Sujet.

→   Lire Plus