Catégorie : Sciences Sociales

« Cette récession sera la plus féroce depuis la Seconde Guerre »

Éditorial du 24 janvier 2008

— Par Roland Sabra —

   Privatiser les profits et socialiser les pertes. La très libérale Grand-Bretagne en était à se demander s’il ne faudra pas nationaliser la Northern Rock, au bord de la faillite en septembre 2007 et dont les pertes vertigineuses pourraient ne pas être couvertes par un emprunt pourtant garanti par l’Etat!  Georges Bush n’a même plus ce genre d’interrogations. Les libéraux appellent au secours l’Etat quand ça va mal et le prient de bien vouloir se faire le plus discret possible quand les profits flamboient. La crise des subprimes n’est que la partie visible de l’iceberg. Les banques sont sorties de leur rôle d’intermédiaires financiers et ont pris des risques inconsidérés, en refourguant  des prêts à des particuliers peu solvables. Elles se sont ensuite empressées de  se vendre entre elles ces créances arrachées aux plus défavorisés, comme par exemple à la population noire de East New York, un quartier déshérité de Brooklyn, en les dissimulant, en les camouflant  dans des paquets plus ou moins bien ficelés (la titrisation). C’est en ouvrant ces paquets qu’elles prennent conscience de l’importance des dégâts.

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Les pervers, entre le sublime et l’abject

—- par Pierre Assouline —-

    Aussi étrange que cela puisse paraître, il n’existait pas à ce jour d’histoire des pervers en librairie. Non une histoire de la perversion, déjà étudiée par lepervers.1200642959.jpgs psychanalystes, mais bien des pervers qu’ils fussent appelés anonymes, misérables, minuscules, infâmes, antiphysiques ou pervers. C’est dire si l’essai historique d’Elisabeth Roudinesco La part cachée de nous-mêmes (229 pages, 18 euros, Albin Michel) était espéré sinon attendu. De nos jours, l’adjectif est aussi galvaudé que le nom et il courant que “perversité” soit employé en lieu et place de “perversion”. Celle-ci a la particularité de pouvoir être considérée comme sublime ou abjecte selon l’angle de vue : artistique, créateur ou lystique, et donc fécond, il est sublime ; mais lorsqu’il n’aboutit qu’à la satisfaction d’une pulsion de mort, il est abject. On voit par là que l’affaire est risquée pour celui qui se lance dans une anthopologie culturelle du bonheur dans la destruction, cette jouissance du mal que l’on s’inflige ou que l’on fait subir à l’autre dans un débordement de sens. Dans une langue très fluide exempte de jargon médical ou psychanalytique, Elisabeth Roudinesco montre bien comment la perversion est cette chose chachée en nous que nous refusons de voir, la face nocturne de l’homme.

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Édouard Glissant : Un État-nation martiniquais? Non merci, mais que vive la Nation-relation martiniquaise!

Edito du 15/01/2008

— Par Roland Sabra —

 « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans » écrivait Rimbaud et c’est tant mieux! Ils étaient sept de cet âge là, du plus noir qu’hier soir à la plus blanche que blanc à s’être lancés le défi de dire, de mettre en voix, un texte difficile, un texte dont ils n’ont pas tout compris lors de sa première écoute, mais un texte qui leur parlait d’identités anciennes et d’identité en devenir, à eux déjà plus loin que leurs parents. Ils se sont engueulés, jamais méchamment, ils ont eu des fous rires, de ces rires que l’on a quand on a dix-sept ans et que l’on n’a plus jamais plus tard. Ils étaient sept élèves du Lycée Schoelcher.  Ils ont joué avec les mots et les mots se sont joués d’eux quand ils leurs donnaient à penser plus loin qu’eux-mêmes. Glissant était là, Chamoiseau était là, leurs profs étaient là, leurs copains étaient là, les caméras filmaient, les journalistes enregistraient, mais eux ils s’en foutaient un peu car ils avaient à dire. 

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Identité : Madiana et les musées coloniaux

— par Roland Sabra —

Edito du 10-01-08


Deux lignes de forces dans ce numéro de rentrée.

Dans la solitude d’un champ de navets

La première ligne de force de ce numéro aborde la  thématique   de l’identité à partir des effets d’acculturation et même de « déculturation » de la programmation cinématographique en Martinique.

Parmi la vingtaine de films que la critique estime être les meilleurs de l’année 2007 ( cf; ci-après) Madiana en a programmé deux! On ne peut que saluer l’abnégation de Sarah Netter, la critique d’Antilla qui chaque semaine est contrainte non seulement de voir mais, et c’est le pire, de commenter les « nanards » de la programmation éliséenne.  Trouver un bon film en Martinique relève de l’expérience de la solitude dans un champ de navets. Madiana est entrain de tuer doucement mais sûrement le cinéma en Martinique. Mais le plus inquiétant est la mise en œuvre d’une acculturation aux mœurs étasuniennes en matière de relations sociales et, c’est surtout là que le bât blesse de violences sociales.

Premier effet de la présence de ce multiplexe : la disparition des salles de quartier et même de communes au profit d’une  centralisation des projections aux portes de Fort-de-France .

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Dérive et dérapages

Poster-Tabou
 Éditorial

— par Roland Sabra —

Edito du 20/12/2007

 L’anthropologue Kenja,  dans son commentaire hebdomadaire de l’actualité qu’il livre à « Antilla » l’annonce comme le premier fait qui a retenu son attention la semaine dernière : le 08 décembre à la rencontre LaKouzémi, Raphaël Confiant aurait rendu publique son adhésion à Al Quaïda, tout en renonçant à la créolité. Un an après ses propos sur les juifs qualifiés d’ « innommables » cette adhésion serait dans la droite ligne d’une dérive identitaire déjà relevée dans ces pages. Il faut suggérer que l’abandon de la créolité s’accompagne d’un passage à « l’arabïté », élargissement assuré d’un lectorat bien plus conséquent. On voudrait juste savoir quand Raphaël Confiant prendra l’avion de façon à éviter de voyager ces jours-là.

Plus affligeant, le dérapage de Daniel Boukman, lors de la lecture de « Quand les murs tombent » de Chamoiseau et Glissant à l’Atrium. On sait que la vente de la brochure qui porte ce titre est destinée à l’aide aux sans-papier et aux associations qui viennent en aide aux immigrés. Mais voilà tous les immigrés n’ont pas le même statut.

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Langue, identité et pensée unique

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Par Roland Sabra

Edito du 13-XII-07 

Tout est affaire de langage. Certes! Mais ce qui nous intéresse ici c’est la façon concrète dont cette faculté humaine est mise en œuvre dans une langue. Une langue commune est un facteur de construction de l’identité nationale,  et l’on a vu de par l’histoire des opérations  d’« assistance identitaire » à l’égard des nations qui présentaient, de par leur situation politique, un déficit initial d’intellectuels autochtones : les lettrés allemands, français, anglais ou russes ont prêté leur concours à la fondation des identités nationales en Europe. Mais si la langue est à la base de l’identité nationale celle-ci ne s’y résume pas. La possession du sol est elle aussi indispensable. Si celle-ci vient à manquer les rêves d’unités qu’ils soient africains avec le panafricanisme, arabe avec le panarabisme connaîtront le même sort que les langues dites construites par opposition aux langues naturelles. De belles utopies. Dès lors la pan-créolité dont Rodolf Etienne fait l’éloge, se trouve confrontée à des difficultés autrement plus ardues que celles qu’ont tentées d’affronter Africains et Arabes. Ce que possédaient les uns et les autres, à savoir l’unité linguistique et où territoriale, force est de constater que les créoles en sont dépourvus.

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Propos d’éco

Par Roland Sabra

Edito du 05-12-2007

A l’origine le mot « économie » signifie « administration de la maison. L’origine du mot est grecque : oikos veut dire maison et nomos règle. Le sens du mot a évolué et s’applique  aujourd’hui à des ensembles humains plus important, comme une nation.  Les études économiques doivent permettre d’éclairer les décisions prises par le pouvoir politique de la Maison Martinique, par exemple. Si les sciences sociales étudient les Hommes vivant en société l’économie est donc une  de ces disciplines. La « somme » que publie Jean Crusol s’inscrit dans cette veine. Il dresse une large fresque historique en insistant sur la pluralité des expériences historiques et il met surtout en évidence la question qui va devenir de plus en plus brûlante, de la reconversion que certains ne veulent pas voir. La crise de la banane n’aura été d’aucun effet.  Si l’article de Michel Herland, ci-contre « explore les conditions qui permettent à certains petits États insulaires de la zone intertropicale de parvenir à la prospérité économique », les pistes de développement que dégage Jean Crusol et qui reposent sur les avantages comparatifs que détient la Martinique, ne font que souligner ce que Madinin’Art a déjà repérer dans plusieurs articles comme incurie du pouvoir politique local.

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Insularité, indépendance et développement

 

par Michel Herland—

Michel Herland

Cet article explore les conditions qui permettent à certains petits États insulaires de la zone intertropicale de parvenir à la prospérité économique. Le concept de petit État insulaire est d’abord précisé en s’appuyant sur les travaux antérieurs du Commonwealth et de la  CNUCED. L

es handicaps de la faible dimension se traduisent par une vulnérabilité accrue aux accidents conjoncturels ou aux catastrophes naturelles. Néanmoins l’examen des performances différentes de ces États en matière de niveau de vie et de « développement humain » ainsi que du point de vue de leur capacité à affronter la « contrainte extérieure » permet de faire émerger quelques facteurs clefs de leur développement. Au-delà des avantages naturels spécifiques dont bénéficient certaines de ces îles (pétrole, minerais, etc.), les institutions semblent jouer un rôle déterminant. À la lumière de ces résultats, il est possible, en conclusion, de proposer certaines règles à suivre par un territoire insulaire dépendant – à l’instar des DOM – qui souhaiterait atteindre à la souveraineté politique.


Les économistes n’ont pas grand-chose à dire à propos du développement des départements d’outre-mer.

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La stratégie européenne « énergie-climat » dite du « 3 fois 20 en 2020 ».

 

Conférence à l’UPEG de Patrick Criqui, chercheur au CNRS, 28 /11/07(notes de Armand Chanel).

Selon les études scientifiques du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui ont servi de base à la conférence internationale des Nations Unies sur le climat à Bali en décembre 2007 qui doit préparer « l’après-Kyoto », si on laisse faire la trajectoire spontanée de l’économie, la concentration en CO2 (principal gaz à effet de serre ) atteindra 1000 ppmv (parties par million en volume), ce qui provoquera un réchauffement de + 6° C en 2050, ce qui est insupportable !

Il faudrait raisonnablement limiter le réchauffement à + 2° et pour cela revenir à un niveau d’émission, en 2050, qui soit globalement inférieur de 20 à 30 % inférieur à celui de 1990 (considéré comme référence lors du protocole de Tokyo). Ce qui est un énorme effort à faire pour les pays développés du fait de la croissance entre temps des pays émergents, notamment de la Chine.

L’Europe appuie cette stratégie mondiale, où pour concilier la légitime expansion des PVD avec la nécessaire limitation des émissions au niveau mondial, les pays riches doivent donner l’exemple, techniquement, économiquement, socialement.

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La Peinture en Martinique

Présentation par l’auteur de l’ouvrage

— Par Gerry L’Étang —

L’effervescence dont la peinture est l’objet depuis quelques années en Martinique, méritait qu’un ouvrage ambitieux présente les acteurs de cette efflorescence et donne accès à leurs œuvres. C’est ce qu’a voulu Alfred Marie-Jeanne (Président du conseil régional de Martinique) lorsqu’il a lancé le chantier de ce volume, qui fait écho à l’impressionnant essor de cet art dans le pays.
L’organisation soutenue de vernissages, de foires, la présence régulière de peintres dans les médias révèlent en effet une véritable floraison d’artistesi. Comme en rend compte la sortie de périodiques (revue, magazines) consacrés aux arts en général et à la peinture en particulierii, ainsi que la parution de monographies concernant des peintres martiniquaisiii.
Comprendre ce phénomène, l’accompagner, valoriser cet art et ses talents, offrir une étude globale sur la peinture en Martinique sont les objectifs de ce livre.
Dans la première partie, « Histoire et figures historiquesiv », René Louise exprime, au cours d’une « Histoire générale de la peinture en Martinique », sa vision de l’évolution de cet art, de ses prémices à nos jours.

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« La perversion est au service de la société et de l’espèce »

— Par Roland Sabra —

Edito du 29-XI-07

 


Suite de l’édito

Vincent Mac Doomr

 … Qu’un des plus grands économistes du 20 ème siècle ait été homosexuel n’ajoute ni n’enlève rien à son talent. A moins de considérer que son hétérodoxie théorique ne soit pas sans rapport avec ses penchants amoureux. C’est ce que la lecture de Freud laisse entendre. Mais l’homosexualité travaille aussi les corps constitués comme en témoignent les « scandales à répétition qui soulèvent régulièrement les églises (cf ci-dessous). Ce phénomène rémanent réduit la portée les « explications » du délégué interministériel Patrick Karam qui motive la mission contre l’homophobie qu’il confie à M Auerbach-Schiffrin en avançant : « Dans nos sociétés créoles traditionnelles et très catholiques il existe une homophobie du même type que celle que l’on trouvait dans la société française avant 1968« . C’est encore la vieille thèse du retard dans le développement que l’on nous sert dans sa resucée sociologique!

Vincent Mc Doom interviewé dans le supplément TV de France-Antilles le déclarait tout bonnement : « Ceux qui ne m’acceptent pas, ont des problèmes avec leur sexualité« .

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Une mystification, et puis des chiffres et des lettres pour débattre

Poster-Tabou

— Par Roland Sabra —

Edito du 20/11/2007

 Il y a longtemps que le psychanalyste Guillaume Suréna n’était pas intervenu avec autant de force dans le débat politique en Martinique. Il le fait non pas de cette place singulière qui est la sienne – ils sont, semble-t-il,  très peu en Martinique à pouvoir tenir cette place –  il le fait comme membre de la Cité. Mais l’un ne va pas aisément sans l’autre. Et c’est précisément de cela dont il est question de la place de l’Un et de celle de l’Autre. Les mots d’ordre « Tous créole« , « Tous ensemble » sont issus de la même veine : celle du désir fusionnel, celle de la négation de l’altérité, celle de haine de la différence, celle qui excluant toute référence au discours les pose  comme nécessairement équivalents. Le discours du Maître et le discours de l’Esclave dans ce méli-mélo unisexe tant à la mode, dans une version tropicalisée du metro-sexuel, cet urbain qui marchandise sa part de féminité chez Garnier et l’Oréal. Que cette différence, ou distinction, selon Irène Théry ( cf.

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Un universitaire antillais à l’honneur

 — par Roland Sabra —

EDITORIAL du 15-XI-07

 

Frédéric Régent

Frédéric Régent

Ce n’est pas si fréquent. Le Monde des livres du 09 XI-07  qui consacre sa double page intérieure à l’esclavage et à la colonisation fait  sa  « Une »   avec le ivre de Frédéric Régent qui vient de paraître chez Grasset. On trouvera sur internet de nombreuses recensions, toutes aussi élogieuses les unes que les autres, de ce travail qui s’annonce donc comme remarquable. Mais Frédéric Régent n’en n’est pas à son coup d’essai. Né en 1969,  Il se définit comme «  Etant à la fois descendant d’esclaves et de colons. ». Il est docteur en histoire de l’Université Paris I -Panthéon-Sorbonne. Auteur de différents articles sur l’expédition d’Egypte, l’esclavage et la Guadeloupe pendant la Révolution, co-auteur avec Jacques Adélaïde-Merlande et René Bélénus de La rébellion de la Guadeloupe 1801-1802 (Archives départementales de la Guadeloupe, 2002), il enseigne aujourd’hui l’histoire à l’Université des Antilles et de la Guyane après avoir été professeur au collège de Trois-Rivières. Heureux élèves! Il est l’auteur, chez Grasset en 2004, de Esclavage, métissage, liberté (La révolution française en Guadeloupe, 1789-1802), aujourd’hui reconnu comme un livre de référence.

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La France et ses esclaves. De la colonisation aux abolitions, 1620-1848 de Frédéric Régent

Esclavage, colonisation.  Blessures françaises

Qualifié par le Parlement de  » crime contre l’humanité « , l’esclavage devient un sujet de société – sans cesser d’être un objet d’histoire. Frédéric Régent publie une synthèse magistrale de ce douloureux passé. Parallèlement, un dictionnaire passe en revue tous les aspects de la vie quotidienne dans la France coloniale. Longtemps occultée, la question de la servitude en terre d’islam commence à intéresser des chercheurs. Qualifié par le Parlement de  » crime contre l’humanité « , l’esclavage devient un sujet de société – sans cesser d’être un objet d’histoire. Frédéric Régent publie une synthèse magistrale de ce douloureux passé. Parallèlement, un dictionnaire passe en revue tous les aspects de la vie quotidienne dans la France coloniale. Longtemps occultée, la question de la servitude en terre d’islam commence à intéresser des chercheurs.

Lire :  Vers une histoire générale de l’esclavage français ? — Par Silyane Larcher —

C’est une très vieille histoire, dont subsistent peu de vestiges : à partir du début du XVIIe siècle, 4 millions d’êtres humains ont connu l’esclavage sur des terres françaises. La moitié d’entre eux avaient été capturés en Afrique puis envoyés à fond de cale sur des navires négriers, en direction des colonies.

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« Le bêtisier du sociologue », de Nathalie Heinich

La sociologie s’amuse


[samedi 07 novembre 2009 – 14:00] Sociologie

Le bêtisier du sociologue
Nathalie Heinich

Éditeur : Klincksieck

160 pages / 14,25 € sur
Résumé : Les sociologues ne sont pas exempts de bêtises comme le souligne cet ouvrage qui ne manquera pas de faire polémique.

Peut-on s’amuser en lisant un(e) sociologue parlant de son quotidien professionnel ? Assurément avec ce recueil portant sur des erreurs de raisonnement pris dans le domaine de la sociologie. Voilà une occasion de se détendre en savourant le dernier ouvrage de Nathalie Heinich, ou l’offrir, à l’approche de Noël, à un collègue sociologue familier des sorties de route professionnelles dans l’espoir d’un pilotage plus sûr après sa lecture.

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L’approche freudienne des addictions

Psychothérapeute et docteur en psychanalyse, Odile Lesourne vient de publier La Genèse des addictions, sous-titré Essai psychanalytique sur le tabac, l’alcool et les drogues. Son expérience de psychothérapeute à la Salpêtrière l’a confrontée à des alcooliques, fumeurs et toxicomanes qui restaient, d’après ce qu’elle nous en rapporte, silencieux à propos de leur pratique addictive. Face à cette difficulté thérapeutique, l’auteur fait l’hypothèse que l’addiction ne répond pas « aux mêmes règles de fonctionnement que le conflit névrotique » avant de conclure qu’il faut la penser autrement. C’est ainsi qu’elle propose, en plus des trois structures que sont la névrose, la psychose et la perversion, une quatrième structure appelée addiction. Ces « tendances » (addictives) seraient communes à tout le monde et seraient « soit réalisées a minima, soit refoulées ou contre-investies ». Est-ce à dire que nous serions tous sur deux structures à la fois : par exemple, un névrosé ou « normal-névrosé », psychotique ou pervers doublé d’un addict « réalisé a minima« ?


L’addiction comme structure issue du clivage du Moi

Cette hypothèse induirait que les conduites liées à l’addiction auraient une même origine, identifiée par la psychothérapeute comme étant le clivage du Moi.

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Infanticides : dans le huis clos des familles

Trop de nourrissons décédés ne sont même pas déclarés nés et certaines morts sont certifiées  » naturelles « . Les statistiques ne reflètent pas la réalité

 

Six cadavres de nouveau-nés ont été découverts le 17 octobre dans une cave à Valognes (Manche). Depuis la révélation de l’affaire Courjault, en 2006, les cas d’infanticide à la naissance (néonaticide) semblent se multiplier, au point que cela deviendrait presque banal. Pourtant, ces petits corps que l’on a à peine cachés ne représentent que la partie immergée et médiatisée de drames familiaux qui se nouent à huis clos.

Dès 2003, les pouvoirs publics s’émeuvent de ces cas d’infanticide. A la demande de la direction générale de l’action sociale (DGAS), et avec le soutien de la direction générale de la santé (DGS) et de la mission de recherche  » droit et justice  » du ministère de la justice, une enquête est menée par mon équipe au sein de l’unité Inserm 750 auprès des tribunaux de Bretagne, d’Ile-de-France et du Nord – Pas-de-Calais. Elle visait à réexaminer tous les décès de nourrissons de moins de 1 an survenus entre 1996 et 2000 et pour lesquels le parquet avait été saisi.

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« Les psychoses », ou de quelques questions à l’occasion d’un séminaire.

par Roland Sabra —


Francis Bacon, Autoportrait

Les nosologies sont filles des pratiques culturelles. Alors qu’en France il est plus ou moins d’usage de parler de psychoses infantiles, l’OMS ne retient le diagnostic de psychose que pour les adultes. Vérité ici, erreur au-delà… Un semblant d’accord toutefois à propos de psychoses : le mot ne s’emploie qu’au pluriel, c’est dire l’ambition du séminaire qu’organise à Schoelcher le GAREFP du 30 octobre au 3 novembre sur le thème. Voici quelques unes des questions que nous aimerions voir débattues.

Psychose est un terme générique qui recouvre, la liste n’est pas exhaustive, schizophrénie, syndrome maniaco-dépressif, bouffée délirante, paranoïa, autisme… il s’oppose à celui de névroses, lui aussi au pluriel et qui recouvre des comportements qui ne provoquent pas de graves confusions mentales. Le critère de gravité, sous-jacent à ce classement, est souvent inefficace dans la réalité. Il existe des confusions mentales non handicapantes et de sévères névroses suffisamment invalidantes pour rendre impossible la vie professionnelle voire tout simplement sociale.

Un autre critère est quelque fois retenu, celui du rapport à la réalité. Si le névrosé sait parfaitement que 2 + 3 = 5 et s’il en est profondément malheureux le psychotique serait persuadé que 2+ 3 = 6 tout en étant ravi de cela.

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« La perversion est au service de la société et de l’espèce »

Vincent Mac Doomr

— Par Roland Sabra —

   Les homosexuel(le)s sont-ils, sont-elles des pervers, des perverses? La connotation morale du terme est de peu d’utilité pour la question. Dans un pays où les filles se promènent  à moitié nues dans les rues, tout en ayant dans la tête des kilomètres de crinoline la question pourrait paraître surréaliste.  Ce numéro de la Lettre est consacré à la question de la perversion, à l’occasion du débat (enfin!) qui suivra la projection à Fort-de-France du film « Des hommes et des dieux« .

Qu’est-ce que la perversion? La réponse pourrait en dérouter plus d’un. Au delà  la question de l’homosexualité n’assiste-ton pas à une redéfinition du masculin et du féminin? ( lire le dossier) La propension, de plus en plus répandue,  à se déguiser en femme pendant Carnaval, le port ostentatoire  de bijoux féminin, la mode du piercing, les boucles d’oreilles, une homophobie prégnante mais un succès assuré pour les « Makoums », des rapports entre sexes marqués par la violence, tout cela ne relève-t-il pas d’une symptomatologie qui renvoie à une identité mal assurée?

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Comment les pouvoirs publics ont tenté de minimiser le rapport Belpomme sur le chlordécone en Martinique

— Par Roland Sabra —

Début 2007 l’Association PUMA ( Pour Une Autre Martinique) demande à un cancérologue réputé Dominique Belpomme de faire le point sur la situation créée par l’usage intensif du chlordécone en Martinique. . En août 2007 Il a co-signé, avec le Pr Luc Montagnier, le premier à avoir identifié le virus du Sida, un opus intitulé « The multitude and diversity of environmental carcinogens ».Que celui qui a eu l’audace de le traiter de charlatan fasse la liste de ses propres publications scientifiques.

Fin avril et début mai 2007. Le Pr Belpomme se rend en Martinique pour collationner l’ensemble des informations concernant les abus d’usage de chlordécone. Nul travail d’enquête scientifique, il s’agit simplement de rassembler, d’examiner de confronter différentes études avec l’idée que le regroupement de ces informations éparses pourrait donner une cohérence alarmante et obliger les pouvoirs publics à réagir.

Juillet 2007, dans une note interne la MIIC (Mission interministérielle et Interrégionale Chlordécone) qui est informée du travail du Pr Belpomme, redoute les effets dévastateurs du rapport qui n’est pas encore rédigé précise : «  La crise est extrêmement grave.[…]

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Pesticides: des élus antillais appellent à rompre « l’omerta »

 

Plusieurs élus martiniquais et guadeloupéens ont appelé « à faire toute la lumière » sur l’utilisation des pesticides dans l’agriculture antillaise, réclamant « des certitudes scientifiques » face aux risques sanitaires pointés par un rapport présenté ce matin à l’Assemblée.

« Il ne faut pas que l’omerta française étouffe cette affaire là », a déclaré Victorin Lurel, Secrétaire national du PS à l’Outre-mer, lors de la présentation à la presse ce matin, à l’Assemblée nationale, du rapport du cancérologue Dominique Belpomme (ici en intégralité au format PDF) sur le « désastre sanitaire et agricole » provoqué par l’utilisation du chlordécone en Martinique, pesticide interdit en 1993.

Pour un commission d’enquête parlementaire
M. Lurel, également député et président du conseil régional de Guadeloupe, a de nouveau réclamé avec force la constitution d’une commission d’enquête parlementaire, à laquelle le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Christian Estrosi, s’était déclaré lundi « tout à fait favorable ». Les élus martiniquais et guadeloupéens sont partagés entre « éthique de vérité et éthique de responsabilité », a estimé M. Lurel, pour qui « il faut dire les choses avec sobriété », en s’appuyant sur des « certitudes scientifiques ».

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« Sept magazine » ou l’éloge de la soumission

Poster-Tabou

par Roland Sabra

Edito du 13/09/2007

« Sept magazine » depuis quelques numéros présente la photo de celui qui signe l’éditorial du journal. L’édito dans un journal informe du positionnement de la rédaction. C’st toujours intéressant de découvrir l’idéologie sous-jacente véhiculée par un journal. Dans le numéro 14– du 1 » &u 19 septembre Pierre-Edouard Picord intitule son texte « La paille et la poutre.. » et il commence par évoquer divers articles parus dans la presse française qu’il appelle « presse nationale »(sic) et qui relèvent d’ « une campagne [qui] sous couvert de dénoncer la contamination des terres antillaises par le chlordécone [a pour] objectif de mobiliser l’opinion contre les indemnisations promises par le gouvernement. »

L’argument est grossier qui consiste à menacer les populations d’une coupure du cordon ombilical d’avec « Mamam fwans » si elles écoutent ceux qui remettent en question un type de développement qui maintient dans la dépendance. Mais Pierre-Edouard Picord n’en a cure son boulot dans son papier est de défendre les intérêts économiques de ce qu’il appelle pudiquement la filière banane sans jamais s’interroger sur le contenu sociologique et économique de cette réalité.

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Le chlordécone, peau de banane de Barnier

Par Renaud Lecadre —

Pollution. Le ministre a dénoncé l’usage du pesticide, tout en indemnisant largement les producteurs antillais.

 

Eric de Lucy

De retour des Antilles, Michel Barnier vante une « banane propre» , une «banane durable» . Constatant ce week-end les dégâts du cyclone Dean qui a détruit la quasi-totalité des plantations bananières, le ministre de l’Agriculture ne s’est pas contenté de promettre des aides aux producteurs, mais s’est dit partisan d’une remise à plat : «Je crois que c’est le moment d’aller vers de nouvelles pratiques, pour utiliser moins de pesticides.»

Pandémie.  L’ouragan est l’occasion de faire table rase du passé. L’utilisation massive du chlordécone, destiné à éradiquer le charançon (coléoptère très coriace sous les tropiques), bien qu’interdit depuis 1993, a contaminé l’ensemble des Antilles françaises. Avec ce paradoxe final : la plupart des cultures vivrières (patates douces, ignames…) et l’essentiel des ressources aquatiques (crabes, langoustes…) sont polluées à leur tour ; seule la banane (protégée par sa peau) reste consommable sans modération, alors que sa production est à l’origine de la pandémie.

Dans le doute, l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire) a été chargée de fixer des seuils autorisés de chlordécone contenus dans les aliments, bien que les études sur sa dangerosité soient toujours en cours.

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Epandage d’indemnités pour éliminer les polémiques

Sarkozy va dédommager les bananiers antillais, gros pollueurs, après l’ouragan Dean.

— Par RENAUD LECADRE —

Toujours prompt à réconforter ostensiblement la moindre victime, Nicolas Sarkozy à reçu hier à l’Elysée une délégation d’élus locaux de Martinique et Guadeloupe, après le passage dévastateur de l’ouragan Dean. Signe de mobilisation générale, le chef de l’Etat avait également convié ses ministres compétents : Intérieur, Agriculture, Tourisme, Dom Tom. Manquait seulement – absence remarquable – le super ministère de l’Environnement.

La réparation des dégâts pourrait s’élever à 300 millions d’euros, selon Christian Estrosi, ministre des Dom Tom, le premier à s’être rendu au chevet des Antillais, aussitôt rejoint par François Fillon, lequel s’est prudemment abstenu de tout chiffrage. Le lobby de la banane revendique la moitié de la somme, les plantations ayant été détruites en quasi-totalité. Leur réclamation tombe au plus mal, Martinique et Guadeloupe étant surtout victimes d’une pollution généralisée due à un pesticide employé sans vergogne pendant un quart de siècle.

Mansuétude.  L’objet du délit s’appelle le chlordécone, phytosanitaire destiné à éradiquer le charançon (coriace coléoptère amateur de bananes). Un produit dangereux, interdit aux Etats-Unis dès 1976, qui a bénéficié d’une étonnante mansuétude dans les Antilles françaises.

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« Homosexualités théorie et pratiques »

— Par Louis-Georges Tin —

Dans un livre paru en 1970, le sociologue américain Laud Humphreys plongeait au coeur des pratiques homosexuelles dans les toilettes publiques. Ce classique paraît enfin en français, et c’est l’occasion de revenir sur la vitalité des études  » gaies et lesbiennes « .

Exquis. Le titre original, tout simplement exquis : Tearoom Trade. Vous vous attendez sans doute à un essai sur les salons de thé, les petits cakes et l’art de la conversation dans les îles britanniques. Vraiment ? Vous n’y êtes guère ! En argot anglais,  » tearoom  » désigne les  » tasses « , c’est-à-dire les pissotières. L’ouvrage s’attache donc aux pratiques sexuelles entre hommes dans les toilettes publiques. En sociologue exact, Laud Humphreys décrit avec précision ces relations anonymes qu’il a observées dans les années 1960 aux Etats-Unis. Comme il le dit lui-même, il n’a  » pas de préjugé moral ou intellectuel contre cette activité « , ce qui permet à l’analyse de se déployer avec justesse, dans la lignée des recherches des sociologues Howard Becker ou Erving Goffman.

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