Habile geste pour fuir la crise
–Par Olivier Bobineau, Sociologue des religions–
Des commentateurs et certains ecclésiastiques considèrent que la démission de Benoît XVI est courageuse et moderne dans la mesure où le dirigeant romain reconnaît par cet acte qu’il n’a plus » la force » de gouverner l’Eglise, ce qui est rarissime dans l’histoire du catholicisme. En un mot, le capitaine fait preuve de responsabilité politique en quittant le navire. Notre thèse est opposée : cette démission montre l’agonie d’un vieil empire qui connaît de plein fouet une crise majeure du pouvoir. Il convient d’abord de tirer une leçon politique des trois démissions volontaires antérieures avant d’apprécier la crise contemporaine du pouvoir catholique, puis de proposer trois hypothèses quant à l’avenir de l’Eglise.
Première démission, historique s’il en est : celle du pape Pontien au IIIe siècle. En effet, Maximin le Thrace, lorsqu’il se fait acclamer empereur en mars 235, tourne le dos à la tolérance et fait des chefs chrétiens la cible de ses attaques. Arrêté, Pontien est déporté en Sardaigne. Ne pouvant plus gouverner son Eglise, il renonce à sa fonction le 28 septembre 235.