Catégorie : Sciences Sociales

Pourquoi le taux de marge des entreprises a-t-il baissé ?

Par Liêm Hoang Ngoc, économiste, député européen (PSE)

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La perte de compétitivité de l’économie française est souvent présentée comme la conséquence de la dégradation du taux de marge des entreprises. Lestées par un coût du travail trop élevé, celles-ci ne dégageraient pas suffisamment de marges d’autofinancement pour engager les investissements nécessaires afin de réorienter l’offre sur une trajectoire hors coût, à l’allemande.

La restauration des marges d’aujourd’hui serait donc les investissements de demain et la compétitivité hors coût d’après-demain. Tel est, en somme, l’énoncé du « théorème Gallois », avatar du « théorème Schmidt » de 1974, lorsque le chancelier allemand avait popularisé l’adage selon lequel « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ».

Or, que nous enseigne l’analyse de l’évolution récente du taux de marge en France ? Une hausse tendancielle du taux de marge a jalonné ces trente dernières années, accompagnant la montée du capitalisme néolibéral.

Cette hausse tendancielle du taux de marge ne s’est pas accompagnée d’une hausse, mais d’une baisse tendancielle des taux d’investissement, contredisant intuitions et prédictions courantes. Au cours de cette phase, une part croissante des bénéfices a été redistribuée au détriment de l’investissement, sous forme de dividendes.

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« Prof du privé et homo, la lettre de l’enseignement catholique m’a beaucoup blessé »

par mammouth-mon-amour

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Pour la première fois depuis des années, la tension est palpable entre l’enseignement catholique et la rue de Grenelle. Quelle mouche a donc piqué Eric de Labarre, secrétaire général de l’Enseignement catholique, en adressant sa lettre aux 8 300 chefs des établissements catholiques pour les inviter à  proposer un débat sur le mariage pour tous dans leurs classes ? Depuis des années, l’institution se contente de mettre en avant ses difficultés à joindre les deux bouts, son manque de postes et son obligation de limiter ses places (en 2011, on estimait qu’entre 30 à 40 000 familles avaient vu leurs demandes d’inscriptions refusées). « Depuis les années 1990, seuls 10 à 15 % des parents viennent chez nous pour la dimension religieuse », nous confiait même Eric de Labarre en novembre 2007, dans un article sur le match public/privé. Pour preuve, cela fait longtemps qu’il n’est même plus obligatoire de présenter un certificat de baptême pour inscrire son enfant dans le privé…

Visiblement, les temps ont changé. A quelques jours de la prochaine manifestation contre le mariage gay, les esprits s’échauffent.

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Le Collectifdom porte plainte contre Nicolas Bedos pour injures publiques raciales


balanceLe CollectifDom a porté plainte lundi 7 janvier 2013 pour injures publiques raciales contre l’humoriste Nicolas Bedos après la publication de deux chroniques sur le site internet de l’hebdomadaire Marianne.
Le Collectifdom retient trois expressions :
dans la chronique « Indolence insulaire », les expressions « enculé de nègre » et « indolence insulaire » et dans « Un voyage en Chirac », l’expression « autochtones oisifs ».
« Les termes méprisants contenus dans ces chroniques constituent, pour les originaires des Antilles, une grave atteinte à leur honneur », ont estimé les  avocats du Collectifdom des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais, Me Eddy Arneton et Me Jules Ramaël.
Ces expressions employées par l’humoriste ne peuvent être justifiées par l’humour car « l’humour n’autorise en aucune façon l’injure raciale », note dans  sa plainte le Collectifdom qui estime en outre que « les stéréotypes et amalgames utilisés par le chroniqueur sont légion ».
La plainte avec constitution de partie civile a été déposée à Paris auprès du doyen des juges d’instruction. Il reviendra au tribunal de trancher le débat sur le caractère ou non d’injure raciale des expressions employées.

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Tourisme : Pérégrination sur l’île sœur.

Par Michel Herland.

Les responsables du tourisme martiniquais sont eux-mêmes de merveilleux touristes qui se déplacent fréquemment en dehors de notre île pour observer ce qui se réalise ailleurs et pour vendre la destination Martinique aux gens d’ailleurs. Mais ces responsables ont-ils vraiment des yeux pour voir ? Si la réponse est positive – ce qu’on leur souhaite quand même – comment font-ils pour ne pas voir que leur produit n’est – en l’état – tout simplement pas vendable à des touristes habitués, comme ils le sont eux-mêmes, à des destinations autrement attrayantes.

Le moins qu’on puisse faire en faveur des touristes qui nous rendent visite, c’est leur donner l’impression qu’on s’est donné du mal pour les accueillir. Prenons par exemple le tourisme de croisière, puisqu’il est (à nouveau) question de le relancer  en Martinique. D’emblée l’accostage au quai des Tourelles, sorte de no-man’s-land à l’allure vaguement industrielle, ne peut que doucher les enthousiasmes les mieux trempés. Et s’il existe un autre terminal à la Pointe Simon, nettement mieux placé pour qui voudrait découvrir Fort-de-France, celui-ci, bizarrement, ne reçoit qu’une minorité de paquebots.

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Martinique : Pour les marins-pêcheurs, la lutte a été payante.

Après 14 jours de mobilisation des marins-pêcheurs, et une dernière journée marathon de réunion avec les élus et parlementaires locaux, un accord a été signé dans la nuit de dimanche 30 au lundi 31 décembre. Les marins-pêcheurs obtiennent donc une aide d’extrême urgence de 3,5 millions sur les 5 millions d’euros qu’ils demandaient. L’État versera 2 millions, les deux collectivités, Conseil Régional et Conseil Général, 1 500 000 euros.
Le mouvement commencé le 17 décembre était dirigé par une intersyndicale. De nombreux marins-pêcheurs non syndiqués ont suivi activement le mouvement.
Après une première mobilisation devant le bâtiment des Affaires Maritimes à Fort-de-France, les pêcheurs sont restés mobilisés à partir du 20 décembre sur le port, bloquant les entrées de la Pointe des Grives.
Le facteur déclenchant de leur mobilisation a été l’arrêté pris le 1 décembre 2012 par les services de l’État qui leur interdit de pêcher la langouste de la Pointe Caracoli à Trinité et la Pointe Cerisier au François, zone riche en langoustes, pour cause de contamination des crustacées par la chlordécone. Cet arrêté avait été pris sans concertation avec les organisations des pêcheurs, suite aux études de l’IFREMER, l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation en Mer.

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La galette des rois, une coutume « très française »

Interview de Michèle Barrière, historienne de la gastronomie, par Audrey Salor

Michèle Barrière, historienne de la gastronomie, revient sur une tradition héritée de l’antiquité où se mêlent rite païen et culture chrétienne.

D’où vient la tradition de la galette des rois ?

– Elle remonte à une fête antique : à Rome, on célébrait les saturnales en mangeant des cadeaux dans lesquels se trouvait une fève. Ce rite païen fêtait le solstice d’hiver, à partir duquel les jours rallongent, et donc l’ouverture sur le printemps.

Cette tradition s’est par la suite conjuguée avec le monde chrétien et la légende des Rois mages. L’Église catholique célèbre par ailleurs la « fête des fous » : une journée lors de laquelle le bas clergé est autorisé à se parer du pouvoir de ses supérieurs.

A partir du XIVe siècle, on commence à « tirer les rois ». Cette tradition ne concerne alors que les élites. Si la forme ronde de la galette (On parle de galette au nord et de brioche, en forme de couronne, au sud) et sa dorure à l’œuf symbolisent le passage vers le soleil, il n’est pas question de pâte feuilletée telle que nous la connaissons aujourd’hui.

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L’engagement de François Hollande de retirer le mot « race » de la Constitution

 

par Claude Ribbe
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Le 10 mars 2012, lors d’une réunion consacrée à l’Outre-mer, François Hollande déclarait :« Il  n’y a pas de place dans la République pour la race. Et c’est pourquoi je demanderai au lendemain de la présidentielle au Parlement de supprimer le mot « race » de notre Constitution. »

Le 6 mai 2012, il était élu Président de la République par une majorité de Français qui, par leur vote, ont de fait approuvé cette initiative.
Les Outre-mer, en votant jusqu’à 72 % pour le candidat socialiste, ont à l’évidence très largement plébiscité la proposition de révision constitutionnelle.
Il y avait eu quelques réactions négatives à l’extrême droite. Elles se fondaient toutes sur le même raisonnement :
La suppression du mot « race » ne fera pas disparaître le racisme. Donc il ne faut pas supprimer le mot  de « race » de la Constitution.
C’est ce qu’on appelle en logique un sophisme : un tour de prestidigitation intellectuelle permettant d’aboutir à une conclusion non démontrée à partir d’une affirmation vraie.
La suppression du mot « race » de la Constitution ne fera pas disparaître le racisme.

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Au plaisir des femmes

 Par Frédéric Joignot

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« Mon coeur bat la chamade, et sous son regard scrutateur, j’ai déjà viré au rouge pivoine… Il n’est pas seulement beau, il représente le summum de la beauté masculine. Et il est là, devant moi. »

Cinquante nuances de Grey, livre de la Britannique E. L. James, débute comme un roman à l’eau de rose. Il en a le style. L’histoire aussi. Anastasia Steele, étudiante en littérature, naïve et désargentée, toujours vierge à 22 ans, interviewe pour le journal de la faculté Christian Grey, un chef d’entreprise milliardaire de 27 ans.

Coup de foudre entre l’oie blanche et le « dieu grec ». Il la raccompagne en hélicoptère et l’emmène dans son immense appartement. Là, « Ô mon Dieu », Anastasia découvre une croix de bois bardée de menottes de cuir, tandis que le golden boy lui propose de devenir sa « soumise ». Anastasia finit par accepter : « Faire plaisir à Christian. Tout d’un coup, je me rends compte, que, oui, c’est exactement ce que je veux. C’est une révélation. » Quelques séances de fouet plus tard, assorties de clichés – « Je gémis et mes mains se crispent dans ses cheveux » -, l’héroïne vit le doute amoureux.

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Les expatriations fiscales, entre mythe et réalité

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Rapport du syndicat Solidaires Finances Publiques
(ex SNUI-SUD Trésor)
Les expatriations fiscales au coeur du débat fiscal

Les expatriations fiscales sont souvent convoquées dans le débat fiscal, surtout s’il porte sur le patrimoine.Pour les partisans d’une réduction des impôts directs, qu’il s’agisse des impôts des personnes physiques (impôt sur le revenu, impôt de solidarité sur la fortune voire droits de donation et de succession)ou des personnes morales (impôt sur les sociétés, taxe professionnelle, désormais remplacée par la contribution économique territoriale), les expatriations de contribuables contribueraient donc à dégrader les recettes fiscales et l’activité économique, elles s’expliqueraient par un niveau excessif d’imposition.
Pour les partisans d’un système fiscal plus progressif assis notamment sur une plus grande place des impôts directs, les expatriations auraient une incidence marginale sur les recettes publiques et l’activité économique.
Au-delà des slogans et des affirmations, un constat s’impose : il est difficile d’y voir clair, d’analyser les raisons et d’estimer l’impact réel des expatriations, notamment celles qui sont présentées comme des expatriations fiscales.Notre organisation, convaincue qu’une fiscalité plus juste est nécessaire, a souhaité faire le point sur cette question sensible qui occupera à n’en pas douter une place importante dans le débat public.

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Hollande : « L’Outre-mer est dans la République »

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Pour présenter ses vœux aux Ultramarins, François Hollande a choisi d’être interviewé sur France O, jeudi soir. Réaffirmant l’importance de l’Outre-mer dans la République, il a énuméré les mesures spécifiques qu’il compte prendre envers les citoyens des DOM-TOM.

Des taux de chômage et d’insécurité record, la vie chère, des flux migratoires à renforcer ou encore les catastrophes naturelles… François Hollande n’a éludé aucun sujet lors de son interview jeudi soir sur la chaîne publique France O. Et le chef de l’Etat a d’abord réagi à l’actualité, commentant les dégâts provoqués par les cyclones Dumile à la Réunion et Freda en Nouvelle-Calédonie. « La République réparera autant qu’il soit possible les dégâts causés par ces cyclones », a assuré le chef de l’Etat.

Autre sujet évoqué : le sort des quatre otages français au Sahel, et plus particulièrement ceux de Thierry Dol, un martiniquais, et de Francis Collomp, dont l’épouse est réunionnaise. Alors que Laurent Fabius a reçu les familles des deux hommes jeudi soir, François Hollande a répété sa volonté de les faire libérer.

Vie chère et taux de chômage record

L’essentiel de l’interview a toutefois été consacré aux sujets qui préoccupent les Ultramarins : le chômage et le coût de la vie.

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Rapport mondial sur les salaires 2012/13. Salaires et croissance équitable

 

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Résumé analytique
Bureau international du Travail · Genève
Grandes tendances des salaires
La crise continue de peser sur les salaires
La croissance des salaires moyens réels est demeurée bien inférieure aux niveaux d’avant la crise; elle s’est enfoncée dans le rouge dans les économies développées,cependant, elle est restée importante dans les économies émergentes. Les salaires moyens mensuels ajustés pour tenir compte de l’inflation – ce qu’on appelle les salaires moyens réels – ont augmenté globalement de 1,2 pour cent en 2011, alors qu’ils avaient cru de 2,1 pour cent en 2010 et de 3 pour cent en 2007. En raison de sa taille et de sa forte performance économique, la Chine a un poids considérable dans ce calcul du chiffre mondial. Si l’on omet la Chine, les salaires moyens réels n’ont augmenté que de 0,2 pour cent au niveau mondial en 2011, en baisse par rapport à 2010 (1,3 pour cent) et 2007 (2,3 pour cent).
Différences régionales dans la croissance des salaires
Il existe d’importantes variations géographiques dans les tendances de la croissance des salaires moyens réels. Les salaires ont enregistré un double creux dans les économies développées mais leur croissance est demeurée positive tout au long de la crise en Amérique latine et dans les Caraïbes, et encore plus en Asie.

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En 2013, il faudra plus encore se méfier de la docte ignorance des experts

 

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Par Edgar Morin, sociologue et philosophe

 Dans une tribune publiée dans « Le Monde », le philosophe estime que le président Hollande est désormais « condamné à un ‘en avant' » pour dépasser le vide de la pensée politique qui touche les États.

Hélas, nos dirigeants semblent totalement dépassés : ils sont incapables aujourd’hui de proposer un diagnostic juste de la situation et incapables, du coup, d’apporter des solutions concrètes, à la hauteur des enjeux. Tout se passe comme si une petite oligarchie intéressée seulement par son avenir à court terme avait pris les commandes. » (Manifeste Roosevelt, 2012.)

« Un diagnostic juste » suppose une pensée capable de réunir et d’organiser les informations et connaissances dont nous disposons, mais qui sont compartimentées et dispersées.

Une telle pensée doit être consciente de l’erreur de sous-estimer l’erreur dont le propre, comme a dit Descartes, est d’ignorer qu’elle est erreur. Elle doit être consciente de l’illusion de sous-estimer l’illusion. Erreur et illusion ont conduit les responsables politiques et militaires du destin de la France au désastre de 1940 ; elles ont conduit Staline à faire confiance à Hitler, qui faillit anéantir l’Union soviétique.

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Sur la repentance

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par Patrick Chamoiseau

En matière de crime d’État,
la repentance est une élégance de l’âme,
une force de l’esprit qui englobe dans un même élan tous les états de la conscience.
Si la repentance affaiblit ceux qui la réclament (on doit se tenir très au-dessus des bourreaux),
elle grandit sans partage ceux qui peuvent la prononcer sans se sentir rabaissés ou honteux.
La repentance peut s’entendre car elle résonne toujours en pleine humanité,
et active ainsi pour tous une éthique renouvelée.
Ceux qui associent l’expression d’une repentance à de tels sentiments (honte, faiblesse ou tremblements) 
sont encore victimes  de l’orgueil colonial,
ou pataugent bien en-dessous des puissances et des sérénités de la haute conscience.
Face aux crimes commis en Algérie,
M. François Hollande a tort de croire qu’il y a dans la proclamation de la non-repentance une quelconque vertu.
Juste l’ombre portée (sinistre) de M. Sarkozy.

 

Patrick CHAMOISEAU

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Spinoza sé ta nou tou

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Par Georges-Henri Leotin, président de Krèy Matjè Kréyol Matnik

A propos du livre de Roland Davidas, « Que peut le corps des Antillais ? » , éd. Gawoulé

Le livre de Roland Davidas « Que peut le corps des Antillais ? » est un ouvrage proprement extra-ordinaire. Il existe bien-sûr un très grand nombre d’introductions à la lecture de Spinoza, et un nombre encore plus considérable d’études sur cet immense auteur. Ici, avec Davidas, c’est Spinoza qui parle, et qui s’adresse… aux Antillais! Pour leur dire quoi ? Le mieux est sans doute encore de laisser parler Spinoza, ou plutôt de laisser Roland Davidas faire parler Spinoza : « Les Antillais ont tendance à contempler autre chose qu’eux-mêmes ainsi que leur puissance d’agir. Ils ont tendance à contempler leur Impuissance, leur Bassesse, leur complexe d’infériorité, leurs Superstitions ainsi que leurs pouvoirs imaginaires.(…) Ils ne se conçoivent pas comme des Sujets autonomes, actifs et responsables.(…) Doutant d’eux-mêmes et de leur puissance, les Antillais ont tendance à imiter les affects des Autres. Ils sont prompts à s’identifier à l’Autre. Or, cette imitation et cette identification affectives génèrent des passions tristes, telles que l’Envie, la Jalousie ou la Haine imaginaire » (pp.5 à 7).

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Homoparentalité : « psys, taisons-nous ! »

 

Par Sylvie Faure-Pragier, auteur des « Bébés de l’inconscient : le psychanalyste face aux stérilités féminines aujourd’hui » (PUF, 2003)

Depuis que se profile le vote de la loi sur le mariage pour tous, une efflorescence d’articles psychanalytiques envahit les médias. Au coeur du débat : l’homoparentalité. Ces articles font-ils état d’une expérience clinique des problèmes rencontrés par les enfants des couples homosexuels ?
Aucunement. Les données publiées dans les pays où cette possibilité existe depuis suffisamment de temps pour que ces enfants soient devenus adultes sont superbement ignorées. Les informations et les études pourtant précieuses des auteurs américains, australiens, israéliens, belges et autres sont disqualifiées.
BIEN DES A PRIORI
En France, ces articles s’appuient essentiellement sur les théories issues de l’analyse de sujets dont les parents sont hétérosexuels. Avoir deux parents de sexes différents serait indispensable à la reconnaissance des sexes.
L’identification d’un garçon à un homme serait empêchée s’il n’avait pas de père. Du coup, certains psychanalystes en ont déduit bien des a priori sur l’homoparentalité. Selon eux, la conception hors différence des sexes abolirait le fantasme d’engendrement en réalisant le rêve d’autoreproduction qui serait au coeur de la psychose…
Pour ces psychanalystes, le symbolique est tributaire de la réalité.

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Procréation médicale assistée et savoir psychanalytique

Par Hervé Glevarec, directeur de recherche CNRS

 

Lecteur de l’œuvre de Lacan, je me pose depuis quelque temps cette question : le savoir psychanalytique, de type lacanien, n’est-il pas théoriquement bousculé par les nouvelles formes de filiation et de famille issues de la procréation médicalement assistée (PMA) ? Métaphore paternelle, Désir de la mère et Nom-du-père conviennent-ils encore quand il y a trois mères, deux pères, absence de père ou absence de mère ? Ces trois termes centraux dans la conception lacanienne du sujet humain sont-il indifférents à ces nouvelles configurations ? Ou, dit autrement, quel est le savoir que la psychanalyse possède qui l’autoriserait à caractériser un changement ou une permanence ? Disons ici que pour ce qui concerne la réalité du dispositif analytique ça ne change rien pour qui croit à l’inconscient, c’est-à-dire au désir inconscient.

Sans entrer dans des définitions de l’inconscient qui feraient sans doute désaccord, on peut s’en tenir à ceci que les psychanalystes tiennent le sujet humain pour divisé. Est-ce tout ? La psychanalyse a, bien entendu, quelque chose de plus que le sujet divisé (l’inconscient qui le divise), elle a un savoir qui concerne la filiation, qui n’est par exemple pas celui de la socialisation (les parents transmettent leur culture aux enfants).

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Les coopératives de cannabis sans but lucratif aspirent à la légalité

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953

 Par Camille Legrand

L’autoculture de cannabis croît et se multiplie. C’est la tendance observée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) qui dénombre 200 000 cultivateurs particuliers de marijuana en France. Une culture domestique généralement pratiquée à l’abri des regards et sous les néons d’un appartement. Mais pas seulement. Depuis 2009, certains se réunissent dans des « cannabis social clubs ». Des coopératives, calquées sur le modèle espagnol, au sein desquelles les adhérents font pousser et partagent leurs plants.

L’initiative est illégale, et pourtant beaucoup de ces cultivateurs d’un genre nouveau entendent se déclarer à la préfecture comme producteurs de cannabis, en février 2013 (la date n’a pas encore été arrêtée car tous les clubs doivent se mettre d’accord). Un pari audacieux quand on sait que la France compte parmi les législations les plus sévères d’Europe. « C’est bel et bien un acte de désobéissance civile. On n’attend pas que l’on nous donne une autorisation. On veut imposer notre activité », répète effrontément Dominique Broc, jardinier et fer de lance du projet.

UN MODE OPÉRATOIRE PRÉCIS

Installé à Tours, l’homme cultive ses plants avec quinze autres membres.

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« Au Kivu, on viole et massacre dans le silence »

— Par Muhammad Ali, Yamina Benguigui, Jacques Chirac, Abdou Diouf, Valérie Trierweiler —

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953A l’est de la République démocratique du Congo (RDC), soit au coeur de l’Afrique, cette région est l’une des plus belles du monde. Autour d’un lac, des cultures montent en terrasses jusqu’au sommet des collines. Eau, soleil, terres fertiles, le Kivu aurait tout pour vivre heureux.

Hélas pour lui, son sous-sol regorge de matières premières. Principalement la cassitérite, un minerai dont on tire l’étain. Mais aussi le coltan, autre minerai recherché. Et bientôt le pétrole, qui vient d’être découvert. Attirées par ces richesses faciles, des bandes de mercenaires et de pillards de toutes sortes écument le territoire depuis des décennies et martyrisent les populations.

De temps en temps, des voix s’élèvent. De temps en temps, le calme revient. Et puis recommence le silence. Et reprennent les viols et les massacres. Pour tenter de limiter ces atrocités, l’ONU a envoyé sur place, en 1999, une force de paix qui compte aujourd’hui dix-sept mille soldats. Rappelons que ces dix-sept mille casques bleus y sont au nom de la communauté internationale, c’est-à-dire en notre nom.

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Natixis condamné pour discrimination

 

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953

La banque Natixis, poursuivie pour discrimination raciale par un salarié métis, a été condamnée jeudi par les Prud’hommes de Paris à lui verser plus de 47.000 euros de dommages et intérêts, a-t-on appris auprès de plusieurs avocats.

« C’est une décision assez exceptionnelle qui vient rappeler que l’employeur a une responsabilité de faire respecter la loi, y compris celle sur la discrimination », a déclaré à l’AFP Me Annie Moreau, avocate de ce salarié de 41 ans.

Le contentieux remonte à 2005, quand ce cadre embauché en 2001 s’était vu refuser un poste qu’il convoitait au sein de Natixis. Il avait appris par des collègues que son supérieur lui avait refusé cette promotion du fait de sa couleur de peau.

Bien qu’ayant obtenu une promotion en 2008, face à l’immobilisme des dirigeants de la banque, il avait saisi la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) qui, après enquête, avait conclu à l’existence d’une discrimination.

Une analyse confirmée jeudi par le Conseil des prud’hommes de Paris qui a jugé que la décision de la banque en 2005 reposait sur « un motif discriminatoire », selon Me Moreau.

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Mariage pour tous : la Gestation pour autrui ne doit pas être le bouc émissaire

  

Par Elisabeth Badinter, philosophe Irène Théry, sociologue, EHESS

Dans une tribune (Le Monde du 12 décembre), un groupe de personnes se réclamant du féminisme a pris le parti de diviser les couples homosexuels et de désigner des boucs émissaires en opposant gestation pour autrui (GPA) et procréation médicalement assistée (PMA). Selon elles, la GPA n’aurait rien à voir avec l’infertilité et serait au centre de la domination des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres, et son évocation serait responsable de la frilosité supposée du gouvernement à légaliser l’accès des couples de femmes à la PMA.

Pourquoi tant d’amalgames alors que nul ne demande que la légalisation de la GPA en France soit inscrite dans le projet de loi ? La GPA est une pratique reconnue comme partie intégrante de la PMA par l’Organisation mondiale de la santé. Elle mérite à l’avenir un débat informé et serein. Ce débat devra dénoncer avec force tous les cas où des femmes sans droits, poussées par le besoin dans les griffes d’intermédiaires sans scrupules, sont privées de leur pouvoir de décision et interdites de toute relation avec les couples pour lesquels elles portent un enfant.

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« Mieux vaut une paire de mères qu’un père de merde »

 

Par Baptiste Legrand

 

Gays, lesbiennes, hétéros, militants ou simples curieux… Les partisans du mariage homosexuel sont une grande famille colorée. Promenade de pancarte en pancarte.

Il y avait Harlem Désir, Bertrand Delanoë, Jean-Luc Mélenchon, Roselyne Bachelot, Cécile Duflot, Noël Mamère, Pierre Bergé… Les partisans du projet de loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels ont défilé dimanche 16 octobre à Paris. 60.000 manifestants, selon la préfecture de police, 150.000, selon les organisateurs : une joyeuse cohue colorée et pleine d’humour, aux slogans inventifs.

« Touche pas à mon pote gay » Le fameux slogan de SOS Racisme est recyclé pour l’occasion, la main est repeinte aux couleurs de l’arc-en-ciel LGBT. « Ce slogan, c’est une manière de dire que tout le monde peut manifester. Moi, je suis lesbienne, mais ici il y a des gays, des hétéros, toutes les sexualités », explique la jeune Colombe, emmitouflée dans sa chapka. Ce n’est pas sa maman Elisabeth qui la contredira : elle défile elle aussi, en militante expérimentée. « Ma première manifestation pour les droits des homos, c’était en 1972 ! 

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Non aux jouets mutilants !

  

 

 

par Huguette Emmanuel Bellemare pour l’UFM,

 

–En choisissant des jouets pour nos chers petits, nous parents, et particulièrement nous les mères qui sommes le plus souvent chargées de l’acte d’achat, risquons fort, si nous n’y prenons garde, de contribuer, avec les meilleures intentions du monde, à la reproduction des inégalités sociales. Et plus précisément à la pérennisation de l’oppression de la femme.

 

En effet, on n’offre pas aux garçons et aux filles les mêmes cadeaux, car ceux-ci ont pour but de préparer chaque sexe au rôle que notre société capitaliste et patriarcale veut les voir assumer plus tard. Et les fabricants y aident, qui signalent les jouets des filles par la couleur rose et ceux des garçons par le bleu. Et aussi les marchands qui distinguent soigneusement, dans leur magasin, les rayons garçons et les rayons filles.

 

Aux filles, traditionnellement, les poupées et autres poupons, les dînettes (nous appelions cela quand j’étais petite d’un nom encore plus significatif : « les ménages » !), ou/et de façon plus modernes, les machines à laver, aspirateurs, fours, fers à repasser…. que sais-je ?

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Épandage aérien : le jugement du Tribunal administratif

 

par Jacky Dahomay

. Je vous communique en pièce jointe le jugement du Tribunal administratif  du 10 décembre dernier.
J’en profite pour vous rappeler la date de la réunion du collectif prévue le jeudi 13 décembre à 19h à la Casa del tango. La présence de tous est indispensable.  Il s’agira, ensemble, de faire le bilan de longs mois de lutte et d’en tirer les conclusions. Chacun d’entre nous, bien sûr, a son idée mais il s’agira de produire un texte collectif.
Rappelons que notre combat n’était dirigé ni contre la banane ni contre des planteurs mais contre des pratiques culturales, dont l’épandage aérien de pesticides, nuisibles à l’environnement et à la santé des Guadeloupéens. Ce qui est scandaleux, c’est qu’après la catastrophe écologique de la chlordécone, ni l’Etat ni la majorité des politiques n’avaient pensé à une réorientation de la culture de la  banane. De longues pratiques administratives, politiques, économiques, sans doute issues de l’univers « plantationnaire » du passé, ont toujours fait  fi des préoccupations telles que les nôtres. C’est donc une première en Guadeloupe que des associations de la société civile, par  leurs revendications et par leurs luttes, dans le respect des formes  démocratiques, arrivent à faire admettre qu’il y a des limites à de telles pratiques, fussent-elles issues d’une longue tradition.

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Pour un choc de solidarité !

Par Virginie Gorson-Tanguy, porte-parole du Mouvement national des chômeurs et précaires
 

Alors que le chômage et la précarité se sont installés durablement, la «conférence nationale de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale» se doit de présenter des mesures fortes, justes et efficaces. Mais la précision des objectifs dépend de la fiabilité des constats.

Il aurait fallu d’abord ne pas déconnecter emploi et pauvreté, comme le souhaitaient les organisations de chômeurs, qui n’ont pas été écoutées. En juillet, le gouvernement a parlé emploi, avec les syndicats. En décembre, il parlera pauvreté, majoritairement avec les associations. Ainsi va le dialogue social en France. Ce cloisonnement pourrait n’être qu’un détail si finalement les questions fondamentales étaient posées : comment créer de l’emploi ? Et s’il n’y a pas d’emploi pour tout le monde, comment faire pour qu’une partie de la société ne sombre pas dans la précarité durable ?

A la création du RMI, conçu comme un dispositif de secours aux personnes les plus exclues, le chômage n’était pas aussi important qu’aujourd’hui et les chômeurs de longue durée n’étaient pas aussi nombreux.

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Remettre la redistribution au cœur du débat sur la pauvreté

 

Par Bernard Gomel Economiste au Centre d’études de l’emploi Dominique Méda Professeure de sociologie à l’université Paris-Dauphine Evelyne Serverin Juriste, directrice de recherches au CNRS

La Conférence nationale contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, qui s’ouvre aujourd’hui, place le gouvernement en demeure de devoir choisir vite (en vue de la prochaine loi de finances) le sort à réserver au volet activité du Revenu de solidarité active (RSA) : faut-il conserver ce dispositif, alors qu’il ne parvient pas à assurer la redistribution envers les travailleurs à bas salaire (le taux de non-recours est de presque 70 %) et supprimer la Prime pour l’emploi (PPE), qui lui fait concurrence ? Ou faut-il revenir à la situation qui prévalait avant l’instauration du RSA, tout en recalibrant la PPE afin qu’elle touche plus efficacement les plus bas revenus, la «dégeler» et supprimer le RSA activité ?

Revenons en arrière pour comprendre les termes du choix. Le RSA devait constituer une innovation radicale : succédant à un RMI chargé de toutes les tares (faible nombre de contrats d’insertion, trappes à pauvreté…), il devait permettre de remporter la victoire contre la pauvreté, récompenser ceux qui revenaient à l’emploi et supprimer les effets de seuil.

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