— Par Boris Thiolay, ( envoyé spécial, Lepoint.fr) —
Dans un pays accablé de tant de maux, la tradition séculaire de l’esclavage, officiellement interdit, reste un fléau. Avec courage, une association lutte pour rendre la liberté à au moins 300 000 personnes et traîner leurs « maîtres » en justice. Un combat sans relâche.
Lentement, il égrène l’identité de ses protégés : « Akadaye ag Abdullahi, sa soeur Tattché, Tamezanat et ses trois enfants… » Sur la feuille dépliée avec soin figurent ainsi 25 noms de famille. Une trentaine de personnes en tout. Cette liste est un raccourci poignant du destin d’Intamat ag Ikadewan, un homme enjoué de 55 ans, issu de la communauté bellah, c’est-à-dire les esclaves noirs de clans touareg du nord du Mali. Les noms cités sont ceux d’anciens captifs qu’il a libérés, à lui seul, depuis plus de trente-cinq ans, dans les régions de Menaka et de Gao.