— Par MARIO CIFALI Psychanalyste et écrivain —
Qu’il s’agisse du rejet des veuves ou de leur suicide, du mariage forcé des enfants, de l’infanticide ou du viol mortel, dans maintes situations les femmes indiennes sont brutalisées par une seule et même politique relationnelle.
A la différence de Montaigne, je ne peux soutenir : «Il n’y a rien de barbare et sauvage en cette nation, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage.» Connaître les us et coutumes d’un peuple ne signifie pas accepter ses violences. Où que ce soit, la barbarie n’est pas justifiable sous couvert de croyance. Entendre que la vie doit être martyrisée, parce qu’ainsi elle donne accès à la félicité de l’au-delà, glace le sang. «Souffre et meurs ici bas, tu bénéficieras des béatitudes de l’autre monde» : cette parole d’un traditionaliste indien en dit long. Elle appelle la réplique : «Pourquoi ne meurs-tu pas à l’instant ?» En Inde, l’esprit déifiant qui tourmente les hommes, les femmes et les enfants est souverain. En lui, un imaginaire, mâtiné de superstitions, décide des conduites des individus.