Catégorie : Sciences Sociales

Pour la réparation

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— Par Patrick Chamoiseau —
En matière de colonisation, de traite et d’esclavage,
la réparation relève d’une volonté d’aller au mieux-humain : une complexe totalité.
Dès lors, il faut la concevoir dans un écosystème  :
– Politique
– Législatif
– Foncier
– Éducationnel
– Scientifique
– Culturel
– Financier
– Psychologique
– Esthétique
– Artistique
– Symbolique
Son éthique déserte toute bonne ou toute mauvaise conscience, vengeance ou récrimination, pour s’inscrire dans la haute conscience. Elle demande, à qui en porterait la volonté étatique, la mise en place d’une instance de réflexion et de structuration.
L’écarter en s’effarouchant d’une indécence comptable
n’est qu’une manière caricaturale de ne rien entendre au concert obligé des mémoires.
Patrick CHAMOISEAU

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Gaston Flosse réélu président de Polynésie

— Par AFP—

gaston_flosseLe choix du vieux sénateur ne faisait aucun doute après la victoire de son camp aux élections territoriales. Son retour survient sur fond de résolution à l’ONU en faveur de l’indépendance polynésienne.

Le sénateur Gaston Flosse, 81 ans, a été élu président de la Polynésie française, vendredi à Papeete, par 38 voix sur 57 représentants, a constaté un journaliste de l’AFP. L’autre candidats autonomiste, Teva Rohfritsch, a obtenu 8 voix, et le candidat indépendantiste Antony Géros, vice-président sortant, a obtenu 11 voix.

A lire aussi : La Polynésie fait de nouveau Flosse route

Gaston Flosse retrouve le pouvoir après avoir déjà présidé la Polynésie de 1984 à 1987, puis de 1991 à 2004, et encore à deux reprises, pendant quelques mois, lors des multiples changements de gouvernements au cours des neuf dernières années. L’élection de Gaston Flosse ne faisait aucun doute depuis qu’il avait remporté les élections territoriales, le 5 mai. Il avait réuni 45,1% des suffrages lors de la triangulaire du second tour, loin devant son adversaire indépendantiste historique, le président sortant Oscar Temaru, et Teva Rohfritsch.

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L’Assemblée nationale supprime le mot « race » de la législation

amjLes députés ont adopté jeudi une proposition de loi du Front de gauche, dont le rapporteur était Alfred Marie-Jeanne, supprimant le mot « race » de la législation française. 

La majorité PS s’est ralliée à cette proposition soulignant qu’il s’agissait d' »une première étape ». François Hollande s’était en effet engagé pendant la campagne présidentielle à supprimer le mot « race » de la Constitution.

Le texte, débattu dans le cadre d’une « niche » parlementaire réservée aux propositions du Front de gauche, se propose donc de supprimer le mot « race » du Code pénal, du Code de procédure pénale et de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.

Le rapporteur de la proposition, Alfred Marie-Jeanne, a fait valoir que le mot « race », « ce concept aberrant, ayant servi de fondement aux pires idéologies, n’a pas sa place dans notre ordre juridique ».(lire ci-après l’intervention à la Chambre)

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Économistes en crise

 crise— Par Claire Gatinois —

La crise cherche un héraut. Un gourou, un prophète, un magicien, peut-être. Un personnage assez visionnaire pour sortir le Vieux Continent de ses problèmes de dette, de croissance et de chômage. Un « docteur » capable de redonner à l’économie américaine la vigueur et l’allant auxquels elle nous avait habitués. Voilà plus de cinq ans que dure la crise, une crise économique qui s’est muée en une crise des économistes. Beaucoup cherchent et espèrent. Mais la plupart rejoignent le camp des « atterrés », des consternés, des catastrophistes ou des déclinistes. Où est le Keynes du XXIe siècle ? L’Adam Smith de l’ère Internet ?

Pendant toutes ces années, beaucoup d' »experts » ont dénoncé ce qu’on avait trop ou pas assez fait, mais bien peu ont su prédire la catastrophe et auncun n’a ébauché de thèse convaincante pour nous sortir du pétrin.

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Code pénal : les députés introduisent un crime d’esclavage moderne

— Par AFP —
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Le nouvel amendement PS a été adopté lors de l’examen d’un projet de loi transposant plusieurs directives européennes sur la justice.

Les députés ont adopté mardi un amendement PS créant un crime d’esclavage et de servitude punis de 15 ans de réclusion pour répondre aux formes d’esclavage moderne. Après avoir demandé le retrait de cet amendement et proposé un groupe de travail, la ministre de la Justice Christiane Taubira s’en est remise à la sagesse de l’Assemblée devant l’insistance des députés PS, soutenus par leurs collègues UMP. L’amendement a été adopté lors de l’examen d’un projet de loi transposant plusieurs directives européennes sur la justice, notamment la traite des êtres humains ou les abus sexuels envers les enfants.

Le Point.fr – Publié le 15/05/2013 à 20:11

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François Dubet : « L’école est en péril »

 dangerSelon le sociologue spécialiste de l’enseignement, le système éducatif français est perclus d’incohérences, sclérosé par la machine administrative, les revendications corporatistes..

Propos recueillis par Denis Lafay (Acteurs de l’économie) | 13/05/2013, 19:27 – 7175 mots

« En panne de projet moral et éducatif ». Voilà, selon le sociologue spécialiste de l’enseignement, la principale explication à la déliquescence du système français. Un système perclus d’incohérences, sclérosé par la machine administrative, les revendications corporatistes et la rhétorique doctrinaire, ébranlé par les bouleversements sociétaux, scellé dans son immobilisme, son rejet de l’innovation, et l’indifférence pour ses meilleurs éléments. Un système que particularisent un intellectualisme inapproprié, l’abandon des devoirs, la reproduction des élites, un ostracisme inepte pour le capitalisme et l’entreprise, in fine la relégation au second rang de l’objet même de ce qui fut une vocation : donner aux jeunes les armes de se construire, de trouver une place dans la société, d’être acteurs de la démocratie.

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Loi sur l’emploi : risque et sacrifice

— Par STÉPHANE LARDY Secrétaire confédéral de Force ouvrière en charge de l’emploi et de la formation professionnelle —

travailLes débats au Parlement à peine achevés (le vote définitif au Sénat doit avoir lieu demain), il est utile de revenir sur les fondements idéologiques qui ont prévalu à la construction de l’accord du 11 janvier 2013, dit de «sécurisation de l’emploi». Disons-le d’emblée, personne ne croit vraiment que ce texte, et la loi qui en résulte, fera baisser le chômage. Ainsi, le caractère historique de cet accord n’est pas à rechercher dans ses effets directs de lutte contre ce fléau mais il parachève une construction doctrinale patiemment élaborée sous couvert de mondialisation et de chômage de masse.

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Les agressions homophobes bondissent de 27% en 2012

 — Par AFP —

 homos_kiss_in«Les homophobes à la noce»: c’est le constat alarmant que dresse l’association SOS Homophobie pour l’année 2012, marquée par une augmentation sans précédent des témoignages d’homosexuels relatant insultes et agressions, surtout à l’automne avec le lancement du débat sur le mariage pour tous.

Publié mardi à quelques jours de la journée mondiale contre l’homophobie, le rapport annuel de l’association souligne le «record» du nombre de témoignages, avec 1 977 appels sur sa ligne d’écoute en 2012, soit une hausse de 27 % par rapport l’année précédente. Dans près de 50% des cas, ces témoignages évoquent des insultes, viennent ensuite la discrimination (+16 %) et les menaces (+14 %). Pour 8%, il s’agit d’agressions physiques.

Kiss in Washington

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Conjurer ensemble l’esclavage et devenir réellement égaux

— Par Patrick Lozès (Fondateur et ancien président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN)) —

lozesLe débat sur les réparations de l’esclavage rebondit sur le terrain judiciaire après la plainte envisagée contre la Caisse des dépôts et consignations. Cette initiative non concertée et juridiquement fragile répond à une stratégie de court-terme : celle du coup médiatique.

Cette action inquiète la société française, elle divise les descendants d’esclaves notamment parce que les nombreuses associations et personnalités qui s’invertissent depuis longtemps sur cette question ont été court-circuitées.

Le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) a vocation à intervenir dans le débat sur les réparations, mais pourquoi le faire d’une manière durablement conflictuelle ?

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Taxer les smartphones pour financer la culture

 

smartphoneAurélie Filippetti a défendu cette mesure préconisée par l’ancien journaliste Pierre Lescure, qui a remis ce lundi son rapport sur «l’acte II de l’exception culturelle française». La ministre de la Culture et de la communication a également confirmé la suppression de l’Hadopi.

Pierre Lescure a remis ce lundi à François Hollande son rapport sur les nécessaires adaptations de l’exception culturelle française. Trois propositions –  sur près de quatre-vingts – retiennent l’attention. La plus importante porte sur une modification radicale du mode de financement de la culture. Depuis l’invention de l’exception culturelle, au début des années 1980, les distributeurs de biens culturels – salles de cinéma, chaînes de télévision, radios ou fournisseurs d’accès Internet – reversent un pourcentage de leurs recettes pour financer la création d’œuvres cinématographiques, audiovisuelles ou musicales.

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« L’Humanité » : appel pour une nouvelle souscription populaire

 

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— Par Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité —

Comme l’ensemble de la presse écrite, notre journal subit depuis plusieurs semaines des effets violents de la crise générale: nouvelle diminution des recettes publicitaires, baisse des recettes de diffusion –comparées à l’an passé, à la même époque–, alors que les coûts de production et de distribution connaissent de nouvelles augmentations. Ces nouvelles pressions s’exercent sur nous alors que nous avons procédé à d’importantes économies ces dernières années.

Dans l’actuel contexte, le risque d’une asphyxie financière de la presse écrite existe bel et bien. Et il n’est pas vrai qu’il existerait un modèle économique alternatif « tout numérique », comme veulent l’imposer les grands groupes, les grands oligopoles comme Google, ou encore certains cercles étatiques. Tout en travaillant au développement d’une plate-forme numérique efficiente, nous allons continuer à moderniser nos journaux, à améliorer leur contenu éditorial et leur diffusion. D’autre part, nous lancerons, dans quelques semaines, la préparation de la Fête de l’Humanité, qui se tiendra les 13, 14 et 15 septembre. Mais nous devons d’ores et déjà faire face à l’urgence.

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Chers parents d’élèves, vous nous emmerdez

Pourquoi les profs n’ont-ils plus d’autorité intellectuelle ni morale ? Pourquoi les lettres au rectorat se multiplient-elles ? Pourquoi les élèves sont-ils de plus en plus arrogants et ignares ? Pourquoi suis-je de plus en plus lâche, moi, prof qui m’étais juré de ne jamais renoncer ?

Les parents doutent de nous, se mettent à notre hauteur alors qu’il ne leur viendrait pas à l’idée d’en faire autant avec leur banquier ou leur garagiste ! Pourtant, ils savent changer une roue et rédiger un chèque ! Pourtant, nos chères mères d’élèves savent se teindre les cheveux en rouge ou noir quand elles vieillissent : sont-elles pour autant coiffeuses ?

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Taubira : « Des terres pour les descendants d’esclaves »

 

taubira_gvtINTERVIEW – Lundi, la ministre de la Justice dressera un premier bilan des « zones de sécurité prioritaires ». Concernant le débat sur l’esclavage, elle est favorable, en outre-mer, à « une politique foncière » qui vise à réparer « les confiscations des terres »…

La garde des Sceaux veut « des remembrements fonciers » pour les descendants d’esclaves.

Vous vous rendez lundi à Lyon avec Manuel Valls, dans le quartier de la Duchère, une des premières zones de sécurité prioritaires. Quel est le premier bilan?
Le bilan n’est pas exclusivement une affaire de chiffres, même s’ils sont des éléments d’appréciation. Sur Lyon-la Duchère, en six mois, le taux d’élucidation a progressé de plus de 10% [10,2]. Et il y a une baisse de la délinquance générale estimée à un peu moins de 8% [7,81%]. C’est un premier bilan encourageant. Mais au-delà de la baisse de la délinquance, cette action concertée de mobilisation de toutes les forces – justice, police, éducation nationale – vise avant tout à améliorer le cadre et la qualité de vie dans ces quartiers. Il y a plusieurs étapes dans notre démarche, l’étape répressive bien sûr, mais nous devons aussi mettre en œuvre des actions sociales fortes coordonnées entre l’État et les élus, mobiliser les associations… Avec ces ZSP, nous voulons des résultats durables sur le long terme.

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Quelles réparations pour l’esclavage ?

par Pierre-Louis Rolle

Entretien avec Lawrie Balfour professeur associé de Théorie Politique à l’Université de Virginie. Spécialiste des questions raciales en démocratie, elle a publié en 2011 Democracy’s Reconstruction Thinking Politically with W.E.B. Du Bois aux presses d’Oxford et prépare actuellement un ouvrage sur les réparations de l’esclavage et Jim Crow. Alors qu’en France le débat des réparations de la « Traite des Noirs » a été rouvert il y a quelques mois, nous lui avons posé quelques questions sur son passionnant projet :

Bully Pupit : Comment définissez-vous le concept de réparations ? Quelles pourraient en être les formes concrètes ?

Lawrie Balfour : Historiquement, l’idée de réparations était simplement ce qu’obtenait le vainqueur du perdant, lors d’une guerre. Le meilleur exemple serait les contreparties payées par l’Allemagne dans le cadre du Traité de Versailles, suivant sa défaite lors de la Première Guerre mondiale.

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La mémoire de l’esclavage troublée par l’appel à des réparations financières

—Par Elise Vincent
Depuis 2001, le 10 mai a été institué Journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Vendredi 10 mai, le chef de l’Etat devait donc s’exprimer sur le sujet. Une manière de réparer symboliquement, comme chaque année, les horreurs de la traite négrière à laquelle la France a activement participé du milieu du XVIIe à la fin du XIXe siècle, en déportant plus d’un million d’Africains.

L’occasion, aussi, de répondre par la négative aux demandes de réparation financière pour des descendants d’esclaves, formulées depuis plusieurs mois par le Conseil représentatif des associations noires (CRAN). « L’histoire ne s’efface pas. On ne la gomme pas. Elle ne peut faire l’objet de transactions au terme d’une comptabilité qui serait en tout point impossible à établir », devait déclarer François Hollande.

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Réparations financières pour les descendants d’esclaves : le casse-tête des arbres généalogiques

— Par Elise Vincent —
A l’occasion de la Journée nationale de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a réitéré sa demande de réparation pour les descendants des victimes de la traite négrière, formulée depuis plusieurs mois. Il a prévu de déposer une plainte contre la Caisse des dépôts et consignations, accusée de s’être enrichie grâce à l’esclavage. Mais le combat du CRAN est loin de faire l’unanimité, notamment à cause de la complexité d’une telle indemnisation.

Lire : La mémoire de l’esclavage troublée par l’appel à des réparations financières

Patrick Grenier-Delassagne est l’exemple typique du métissage qui rend aujourd’hui particulièrement délicat à mettre en pratique le principe des réparations financières pour l’esclavage. A 52 ans, ce scénariste et romancier s’avoue très surpris par les revendications du CRAN auxquelles il a beaucoup réfléchit. Son arbre généalogique révèle à lui seul l’ampleur des difficultés.

M. Grenier-Delassagne est originaire par son père de l’île Saint-Vincent des Grenadines, qui fait partie d’une région des Petites Antilles, dans l’océan Atlantique, au large du continent américain. Cette île a connu, comme d’autres, les plantations sucrières et l’esclavage de façon massive entre le XVIIe et le XIXe siècle.

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DSM-5: une bible controversée

 

— Par Valérie Simard —

Alors que se déroule ici la Semaine nationale de la santé mentale, la controverse s’envenime aux États-Unis autour de la publication prochaine de la cinquième mise à jour du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) surnommée la «bible des psychiatres». Rédigé par l’Association américaine de psychiatrie (APA), le DSM-5 sera dévoilé en grandes pompes le 18 mai lors d’un congrès annuel de l’association. L’objectif de ce guide est d’établir un langage commun en matière de maladies mentales.

Deux semaines avant la sortie du DSM-5, l’Institut national de la santé mentale (NIMH), le plus important institut de recherche en santé mentale dans le monde, a annoncé qu’il n’endossait plus le manuel. Dans une charge publiée sur le site Internet du NIMH, son directeur Thomas Insel déclare que l’Institut ne financera plus les projets de recherche qui reposent uniquement sur les critères DSM.

« La faiblesse est son manque de validité, observe Thomas Insel. Contrairement à nos définitions de la cardiopathie ischémique, le lymphome ou le SIDA, les diagnostics du DSM sont basés sur un consensus sur des grappes de symptômes cliniques, sans aucune mesure de laboratoire objective.

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Femme de personne

—Par AUDREY PULVAR journaliste

Combien de jours, combien d’heures, dans nos modernes pays riches, entre deux lamentations, hélas souvent justifiées et sur l’air de «c’était mieux avant», à propos du recul des libertés, de la fin de l’intime, de la relativité absolue, celle qui met tous événements et informations sur le même plan ? Beaucoup se plaignent de la vacuité du moment, du survol artificiel des «vrais problèmes», de la différence entre opinion publique et opinion publiée, par les générateurs officiels de bruit : journalistes, politiques, penseur(e)s de tout poil. Les mêmes pourtant, déplorant l’absurdité générale, résistent-ils toujours à l’envie de se ruer, sur le dernier ragot, le dernier «allô», la dernière vaine polémique, alimentant l’hydre qu’ils prétendent combattre ?

En une époque où rappeler qu’il y a peu s’achevait un siècle de luttes pour les idées vous range immédiatement sur l’étagère des vieux cons, on se surprend à relire les fulgurances et les colères de celles qui firent du féminisme leur cause. Histoire d’être bien sûr(e) qu’on n’a pas rêvé, qu’un jour, dans ce pays, après des siècles de lutte, la capacité de penser par elles-mêmes a bien été reconnue aux femmes.

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La Guadeloupe Empoisonnée

 — Par Guilhem Saltel, Co secrétaire du Parti de Gauche Gwadloup

Au mépris de la santé des habitants, la préfète de Guadeloupe a signé le 29 avril 2013  un nouvel arrêté autorisant la reprise des épandages aériens toxiques  sur les plantations de banane en Guadeloupe

C’est une catastrophe pour l’avenir de notre pays, déjà meurtri et mutilé pendant des années par le chlordécone, répandu par les mêmes pollueurs, et dont il faudra encore des dizaines d’années pour se débarrasser. Les prétendues précautions prises n’offrent, cette fois encore, aucune garantie de préservation de la santé des habitants et des promeneurs. La recommandation du Parc National, par exemple, qui avait souhaité que l’épandage s’arrête en lisière de plantation, en laissant une bande de 100 m vierge de traitement, est foulée aux pieds. La préfète, mieux compétente sans doute, a choisi ! 50 m suffiront !

Il faut rappeler des faits, têtus, qui s’opposent à ce que soit poursuivie cette politique néfaste.

D’abord, une directive européenne, qui s’impose à la France, INTERDIT la pratique de l’épandage aérien, ce qui oblige le gouvernement et ses préfets aux ordres à organiser un régime de dérogations.

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Diamond Rock, chronique d’une liquidation annoncée

— Par Philippe Pierre-Charles, CDMT-Hôtellerie —

Le discours embrouillé de Max Tanic, directeur de feu la SHED, société gestionnaire de l’hôtel, depuis des mois n’aura trompé que quelques journalistes bien distraits. C’est sans surprise et presqu’avec soulagement que les salarié-e-s ont accueilli la nouvelle de la mise en liquidation. Qui pouvait croire à une procédure de « redressement » d’un hôtel en « chimpontong » , privé même d’eau et d’électricité, sans clients recherchés, en pleine saison dite basse, ayant épuisé les fonds de la SEMAVIL en paiement de salaires sans activité malgré toute la bonne volonté et les réclamations du personnel ? Dans la mer mouvementée du Diamant, le personnel a été mené en bateau, non pas vers le Rocher, mais vers un naufrage annoncé! C’est le Titanic de Tanic, mais hélas pas seulement de lui!
Toutes nos inconséquences martiniquaises peuvent être jugées là. Au départ, il y avait bien un geste courageux d’une municipalité : à travers sa société d’économie mixte, relever le défi abandonné par la multinationale française, le groupe Accor, parti maximiser ses profits sous d’autres cieux.

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Mariage pour tous : la démocratie laïque à l’épreuve

— Par Nadia Chonville, doctorante en sociologie à l’UAG, pour TERRA NOVA Martinique —

Au niveau national, abstraction faite des divergences essentielles qui persistent entre les soutiens et les détracteurs du texte, tous les points de vue ont eu l’occasion de s’exprimer au sujet du mariage pour tous, preuve de la bonne santé de notre démocratie. Cela n’a pas été le cas en Martinique, où les organisations militantes sont entravées par l’homophobie.

DÉBAT SUR LE MARIAGE POUR TOUS : VARIATIONS RÉGIONALES

La Martinique est située dans l’une des régions du monde les plus homophobes. Ainsi, à Sainte-Lucie et à la Dominique, les deux îles voisines, les relations sexuelles entre personnes du même sexe demeurent purement et simplement interdites par la loi. En Martinique, l’homosexualité ne peut être pénalement sanctionnée, mais sa désapprobation sociale est tout à fait comparable à celle que l’on peut observer dans les îles voisines. Elle contraint les victimes d’agressions à ne pas porter plainte. Elle enferme les Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels (LGBT) dans une vie régie par la loi du silence : l’homophobie latente et active ne leur laisse le choix qu’entre la clandestinité et l’exil.

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Miroir

La nouvelle édition de la bible de la folie paraît aux Etats-Unis et deviendra, comme les précédentes, le document de référence mondial de la psychiatrie. Elle dresse la nomenclature de tous les désordres mentaux : les anciens, les sérieux, les improbables, les carrément loufoques, qui en disent sans doute plus sur les médecins qui les inventent que sur les malades censés en souffrir. Une société se contemple au miroir de ses folies et cette somme peut se lire comme une plongée déroutante dans la psyché américaine, ce pays où l’extension du domaine du pathologique semble ne jamais devoir connaître de limite – même s’il commence à susciter des débats. A juste titre : comment, entre la première édition de ce livre en 1952 et la dernière, a-t-on pu passer de 60 à 450 troubles mentaux, doctement répertoriés ? Les progrès de la nosologie psychiatrique expliquent évidemment une partie du phénomène. L’émergence et la «prise en charge» de nouvelles souffrances, comme toutes celles liées au travail, interviennent également. Mais la pathologisation excessive de la vie quotidienne, y compris dans ses désordres les plus mineurs, est un symptôme inquiétant.

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États-Unis : un bal de promo s’ouvre enfin aux Blancs et aux Noirs

— Par Nicoas Guégan —
Le lycée du comté de Wilcox vivait jusqu’alors au rythme de deux bals de promo : l’un pour les élèves blancs, l’autre pour les élèves noirs.

17 mai 1954, Washington DC, la Cour suprême des États-Unis met un terme à la ségrégation raciale qui règne encore dans certains établissements scolaires. Noirs et Blancs partagent dès lors les mêmes salles de classe. 27 avril 2013, comté de Wilcox, terre rurale de Géorgie, un groupe de lycéens organise son premier bal de fin de promo non ségrégationniste. Entre les deux dates, soixante ans se sont écoulés… Et un certain Barack Obama a été élu à la tête des États-Unis.

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Nos responsabilités face à ces monstres chimiques de nos pays devenus

— Par Jacky Dahomay —

Nous profitons de ce premier mai 2013 pour rédiger cette réflexion que nous livrons au débat.  Le grave problème que nous posons est celui-ci : comment nous, Antillais, avons-nous pu laisser ainsi se produire une telle catastrophe écologique et sanitaire sur des territoires légués par nos aïeux ? Les pratiques culturales à base de pesticides, notamment dans la banane, mais pas  seulement, ont donné la  situation dramatique d’aujourd’hui. Qui en est responsable ?

Les pêcheurs accusent l’Etat, et ils ont raison. L’Etat  savait que la chlordécone  était  un produit dangereux qui se mélangeait à d’autres produits nocifs déjà utilisés auparavant. Comment expliquer qu’il ait pu autoriser l’usage de ce produit  alors qu’il l’avait interdit, même tardivement,  sur le territoire français ? Il est clair que cela présuppose de la part de l’Etat une vision des peuples d’Outre-mer.

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Mon fils, perdu dans le cyberespace

— Par Cécile Renault Citoyenne

Le 4 avril, dans un communiqué de presse annonçant l’engagement du gouvernement en faveur du jeu vidéo, les ministres Fleur Pellerin, Aurélie Filippetti et Arnaud Montebourg y soulignaient l’importance de ce secteur pour l’avenir et l’image de la France. J’ai été envahie par un sentiment de colère, d’injustice. En effet, je me débats depuis plusieurs mois pour tenter d’enrayer la glissade de mon fils de 16 ans vers l’addiction. Nous avons tout essayé : logiciel de contrôle parental, mise sous clé de tous les ordinateurs de la maison, dialogue, sanctions, négociations, vacances dans le désert, présentation des formations supérieures liées au numérique, mais rien n’y a fait. Peu à peu, le jeu a pris toute la place. Aujourd’hui, mon fils est piégé, de manière bien banale. Rien à voir avec les cas qui font la une de l’actualité comme ces jeunes parents coréens qui ont laissé mourir de faim leur bébé en 2010, comme les hikikomori qui se laissent mourir de soif au Japon ou encore les adolescents américains qui ne font plus le distinguo entre leurs jeux et le réel et fusillent leurs proches ou des inconnus.

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