Qu’est-ce qui se cache derrière l’utilisation de l’expression «bobos» ?
—Par Sylvie Tissot, sociologue à l’université paris-VIII.—
Rien n’est mieux partagé que le discours anti-bobo. L’ironie ou l’agressivité peuvent varier, mais chacun a un jour, d’un air entendu, utilisé ce mot pour parler d’un quartier, d’un restaurant, d’idées politiques, de modes vestimentaires ou de pratiques alimentaires. Nul besoin d’expliquer le terme, les bobos, c’est les autres ; et, pour certains, le nouveau repoussoir, l’incarnation d’un progressisme hypocrite, d’une branchitude désinvolte et indifférente aux vrais problèmes.
Du point de vue des sciences sociales, le mot « bobo » peut sembler utile pour décrire la manière dont se sont transformés les quartiers populaires des grandes villes. Le bobo serait ce nouvel habitant relativement doté, au moins en bagage scolaire, en quête d’architecture ancienne ou d’un loft à rénover pour y bricoler un mode de vie bohème tout en veillant à augmenter la valeur de son bien. Le bobo serait responsable de ce que les chercheur-e-s nomment maintenant la gentrification, c’est-à-dire la requalification de quartiers anciens dont les prix de l’immobilier explosent à la suite de l’arrivée des classes moyennes.
La réponse est oui : nous sous-estimons la gravité de la situation, car ce qui se passe échappe à nos mesures.
Ce qui est en jeu, c’est le moral et la confiance . Le moral des entrepreneurs guadeloupéens , avec moins de stocks et aussi moins d’investissement, et on voit ce qui se passe avec la décélération du crédit, notamment aux petites et moyennes entreprises, le moral des ménages, et on voit la chute de la construction, et aussi le freinage de la consommation.Ce moral est essentiel, en liaison avec ce qui se passe ailleurs en France Métropolitaine , avec les impôts,avec les charges , avec le chômage. En même temps, et ceci échappe encore plus aux statistiques de l’INSEE et des analyses de conjoncture de l’IEDOM , tous les agents économiques sont plus aux aguets et réactifs que jamais et ce alors que la situation exige d’être surtout pro-actifs.