Catégorie : Sciences Sociales

Le point de vue d’OVH.com sur la loi renseignement

renseignementMardi 5 mai, les députés ont voté l’adoption de la loi renseignement par 438 voix pour et 86 contre. En attendant la suite du processus législatif, Octave Klaba, fondateur et Chairman d’OVH, revient en détail sur les conséquences réelles de cette loi, pour les hébergeurs, les FAI et leurs clients.

OVH a menacé de s’exiler hors de France, si la loi renseignement était adoptée. La loi vient d’être votée par l’Assemblée nationale. Qu’allez-vous faire maintenant ?

Je souhaite d’abord m’exprimer sur la loi elle-même. Cette loi n’est pas bonne pour notre pays. Pourquoi ?
Parce qu’elle va changer nos comportements, notre manière de vivre au quotidien, notamment lorsqu’on utilise les téléphones et l’Internet. Nous allons avoir le sentiment d’être sur écoute constamment et cela va créer une psychose dans la population. Manuel Valls le Premier ministre disait « Nous sommes en guerre », et effectivement avec la loi renseignement, le stress vient d’être transmis à l’ensemble du pays. En bref, si le gouvernement voulait que la population se sente menacée, c’est réussi. Très rapidement et automatiquement, nous allons intégrer les mécanismes de l’autocensure.

→   Lire Plus

8 mai 1945 : répression sanglante à Sétif

setif_1945Le 8 mai 1945, le jour même de la victoire alliée sur le nazisme, de violentes émeutes éclatent à Sétif, en Algérie.
Origines du drame

Quand la victoire de la démocratie sur la barbarie nazie est apparue imminente, certains musulmans d’Algérie ont espéré que serait enfin mis en application le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Parmi eux Messali Hadj, chef du PPA (Parti Populaire Algérien), interdit depuis 1939. Mais celui-ci est jeté en prison par les autorités françaises et 20.000 de ses partisans défilent le 1er mai 1945 à Alger en sa faveur.

Le matin du 8 mai, une nouvelle manifestation survient à Sétif aux cris de «Istiqlal [Indépendance], libérez Messali». Les militants du PPA ont la consigne de ne pas porter d’armes ni d’arborer le drapeau algérien mais un scout musulman n’en tient pas compte et brandit le drapeau au cœur des quartiers européens.

→   Lire Plus

L’Université de Guyane, c’est enfin maintenant

— Par René Ladouceur —

universite_de_guyaneEn 1967, Jean-Jacques Servan Schreiber, dans son célébrissime livre Le Défi Américain, pronostiquait avec 13 ans d’avance l’irruption du micro-ordinateur et démontrait que « l’arme absolue » mise en œuvre par les Américains pour dominer le monde était l’investissement dans les universités. « L’Amérique tire en ce moment un profit massif du plus rentable des investissements : la formation des hommes« , écrivait ce visionnaire, qui dirigeait alors l’hebdomadaire l’Express. A l’époque, voici 48 ans, les Etats-Unis comptaient déjà 45% d’une génération diplômée de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, la France commence à peine à atteindre ce chiffre.

Pour ce qui est de la Guyane, son université a été créée le 1er janvier dernier. Curieusement, l’atmosphère d’allégresse qui a accueilli l’annonce de cette création s’est peu à peu transformée en climat on ne peut plus serein. L’Université de Guyane n’a toujours pas été inaugurée mais elle se structure. Calmement, tranquillement, sereinement, presque discrètement. Silence, on travaille. Les recrutements du personnel administratif comme ceux du personnel enseignant vont bon train, comme si l’université avait spontanément intégré sa feuille de route, à savoir une université éperdument guyanaise, à la fois française et sud-américaine, arc-boutée sur les problématiques géostratégiques, culturelles, sociales, économiques, historiques ; une université résolument tournée vers le plateau des Guyanes, les réseaux internationaux et vers la construction d’avenir pour les jeunes lycéens, pour les étudiants, pour notre compétitivité, notre réussite socio-économique.

→   Lire Plus

« Regarde les hommes tomber »

— Par Alain et Stéphane Louis-Gustave —
hommes_tomberDouloureuse Amérique
Ces derniers mois, les bavures mortelles de la police américaine portant sur des noirs désarmés se succèdent à un rythme qui peut sembler inhabituel.
Pour ne s’en tenir qu’à l’année en cours, au moins six cas ont été rapportés et on ne peut certifier que tous les cas sont portés à la connaissance du public.
Cette situation devient si insoutenable que le Time du 9 avril a consacré sa couverture et six pages à ce problème avec ce superbe titre, « La vie d’un noir a de la valeur » .
Car, 150 ans après l’abolition réglementaire de l’esclavage, 50 ans après la loi pour les droits civiques censée asseoir définitivement l’égalité entre blancs et noirs, et 6 ans après l’élection du premier Président noir des États-Unis, il est de moins en moins tolérable de devoir constater que les noirs, qui représentent une part significative de la population, font l’objet d’un traitement manifestement inéquitable de la part des forces de police (et aussi de la justice). Plusieurs points méritent d’être soulignés.
Premièrement, il est évident que malgré le temps, malgré des progrès réels acquis de haute lutte et illustrés par des icônes aussi symboliques que Martin Luther-King, Condelezza Rice, Colin Powel, Richard Wright, Paul Robeson, Alvin Ailey, David Dinkins (1er maire noir de New-York) et d’autres encore, la communauté noire n’est pas encore bien acceptée aux USA (loin s’en faut).

→   Lire Plus

Pourquoi le cyclotron en Martinique ?

cyclotronLe choix du site d’implantation du cyclotron dans nos régions fait l’objet d’un énorme battage médiatique en Guadeloupe. En Martinique, nous n’avons pas voulu risquer d’éloigner le débat de l’essentiel : sécurité des populations, des patients, égalité des chances face au cancer, robustesse technique et financière du montage. Compte tenu d’une demande conjointe des autorités médicales des 3 régions pour que la ministre diligente des missions d’experts, nous avons préféré que ces missions se déroulent sereinement, afin que la décision soit prise sans interférences, sur des bases objectives, saines, factuelles.
Les rapports d’experts sont rendus. L’heure est venue de partager librement…
Le Tep-scanner, c’est le meilleur scanner pour le cancer. On injecte un isotope au patient qui repère les cellules cancéreuses en se fixant sur elles. C’est désormais un des pivots du choix de traitement. Après sa fabrication dans un cyclotron, ce fameux isotope, dont la durée d’action est courte, doit être acheminé en 4 heures vers le TEP scanner pour l’examen. Un cyclotron est donc nécessaire aux Antilles car le temps de vol depuis la métropole est trop long. Sans Cyclotron aux Antilles aujourd’hui, de nombreux patients partent en métropole.

→   Lire Plus

UAG vs Ceregmia : le Canard s’en mêle

canard_ceregmiaExtraits « Le Canard Enchaîné » 6 mai 2015 :

« Députés écumants »

Christophe Prémat, le rapporteur PS du texte se sentant désavoué, préfère démissionner : « On m’a fait comprendre qu’il y avait un accord politique avec les grands élus datant de juillet… »

Le député UMP Patrick Hetzel se montre tout aussi dégoûté : « Lurel considère que l’université, c’est sa chose…»

La députée Isabelle Attard renchérit : « Je déteste que l’Assemblée soit prise en otage par les intérêts d’élus locaux, de notables, qui donnent le sentiment de ne pas vouloir faire le ménage. »

Certains craignent que ce ne soit le préalable d’une ultime partition en deux facs séparées de Guadeloupe et de Martinique. Voila qui promet pour la nouvelle lecture de ce texte de loi sur l’université des Antilles, le 21 mai !
A cette bagarre institutionnelle s’ajoutent de vilaines histoires d’argent. Ainsi les dérives financières d’un labo économique de la fac à Fort-de-France, le Ceregmia, ont été décrites depuis 2003 dans des rapports successifs de la Cour des comptes, de l’Inspection générale de l’Éducation nationale et même du Sénat!

→   Lire Plus

José Martí, la croissance de l’esprit

jose_marti-400— Par Graziella Pogolotti —

La revue Lettres de Cuba rend hommage à José Martí à la occasion du 120 anniversaire de sa mort en combat à Dos Rios.

C’est l’un des endroits que l’on doit visiter une fois dans la vie, car les expériences référées ne sont pas les mêmes que les expériences vécues, concrètes. « Grand bonheur » a annoté José Martí dans son journal au moment du débarquement et l’homme qui arrive à Cuba à ce moment est celui que je voudrais que chacun d’entre nous puisse rencontrer à cet instant, en dehors de la rhétorique, des discours, dans un moment de méditation. Martí a été sans aucun doute un géant, mais il était aussi un homme comme nous tous, fragile et vulnérable et c’est ce qui se manifeste dans les deux journaux qu’il remplit, d’abord sur son séjour dans La Española et ensuite sur son trajet depuis Playitas jusqu’à la veille de Dos Rios. Dans l’excellente édition publiée par la maison d’édition Abril nous pouvons compter le texte des deux journaux et une série d’annexes que l’on peut lire horizontalement, réalisant avec Martí le passage des jours jusqu’à la veille de son moment final.

→   Lire Plus

«Nous, femmes journalistes politiques et victimes de sexisme…»

sos_sexismeNous ne sommes pas la Génération Giroud. Au tournant des années 70, la cofondatrice et rédactrice en chef de l’Express, première femme à diriger un grand hebdomadaire généraliste, avait mis le pied à l’étrier d’une flopée de ses jeunes et belles congénères. Entre cliché machiste et efficacité éditoriale, Françoise Giroud était alors persuadée que les hommes politiques se dévoileraient plus facilement face à des femmes. Quarante ans plus tard, nous, la génération de femmes journalistes chargées de couvrir la politique française sous les présidences Sarkozy et Hollande, vivons au quotidien cette ambiguïté, souvent entretenue par les hommes politiques.

Aux «Quatre-Colonnes», la petite salle où circulent députés et bons mots au cœur de l’Assemblée nationale, c’est un député qui nous accueille par un sonore : «Ah mais vous faites le tapin, vous attendez le client.» Ou un autre qui nous passe la main dans les cheveux en se réjouissant du retour du printemps. Au Sénat, c’est un parlementaire qui déplore que nous portions un col roulé et pas un décolleté. C’est un candidat à la primaire face à une grappe de micros masculins qui décide de nous répondre un jour d’été «parce que elle, elle porte une jolie robe».

→   Lire Plus

Chronique d’un lieu de pensée, Fonds Saint-Jacques

— Par Jean Benoist —

fds_st_jacques_chroniqueDurant quinze années, le Centre de recherches caraïbes de l’université de Montréal a été présent aux Antilles, par ses chercheurs et ses étudiants. Installé à la Martinique dans le beau lieu historique de l’ancien monastère de Fonds St-Jacques, le centre a d’abord permis le sauvetage et la restauration du lieu. Puis,il a réalisé de multiples travaux en anthropologie, linguistique, archéologie, géographie,démographie, zoologie et écologie et publié un grand nombre de livres et d’articles.
Créé en 1968, lors d’une période charnière de la présence du Québec au monde, il a été un lieu de rencontre de la francophonie et il a donné naissance à de nombreux liens entre les Antilles et le Québec. Dans ce livre, on suit ses activités au quotidien, on suit les efforts de ceux qui ont oeuvré à l’essor du Centre, on voit débuter la carrière des chercheurs et des enseignants qui s’y sont formés, et on découvre certains de leurs travaux.
Mais ce livre dépasse le cas particulier du centre de recherche de Fonds St-Jacques, pour devenir l’étude du milieu de la recherche.

→   Lire Plus

Cibler l’humain pour mieux aliéner le travailleur, nouveau credo managérial

— Par Danièle Linhart, sociologue, directrice de recherche au CNRS —

travail_pour_travailAu moment où la souffrance au travail s’impose comme un problème majeur, le management moderne persiste à placer, dans son discours au sujet des salariés, leur épanouissement au cœur de son projet. Un consensus nouveau serait né entre patrons et employés. Or, selon Danièle Linhart dans son dernier ouvrage, « la Comédie humaine du travail », « le drame du travail contemporain » réside précisément dans « le fait qu’il joue sur les aspects les plus profondément humains des individus », au lieu de mobiliser leurs registres professionnels. Aux antipodes du vieux taylorisme déshumanisant ? Seulement en apparence, montre ici la sociologue.

Au cours des années 1970, les directions du personnel se sont transformées en directions des ressources humaines (DRH). En 1999, le syndicat patronal CNPF (Conseil national du patronat français) a changé de dénomination pour s’appeler MEDEF (Mouvement des entreprises de France). Avec le recul, on peut y voir les prémisses du nouveau modèle managérial qui consiste à considérer les salariés, non pas tant comme des professionnels, dotés d’expérience, de règles de métier, de connaissances, mais avant tout comme des humains, des hommes et des femmes, avec leurs émotions, leurs désirs de réalisation, leurs besoins et leur fragilité, ce qui autoriserait leurs employeurs à s’approprier les entreprises: l’entreprise, c’est avant tout ses dirigeants bien plus que les salariés qui y travaillent et œuvrent en son sein.

→   Lire Plus

Le pouvoir hypnotique de la domination

Le 29 avril 1945, les femmes votent pour la première fois !

— Par Maud Vergnol —

domination_masculine-2C’était il y a soixante-dix ans jour pour jour. C’était hier. La fin de l’exclusion civique des femmes, et le début d’un admirable mouvement d’émancipation. Mais l’insidieuse offensive patriarcale qui refait surface aujourd’hui n’a rien à envier à ses inspirateurs du siècle dernier, pour qui « séduire et être mère, c’est pour cela qu’est faite la femme ». Le 24 mars, l’eurodéputé du Front national Dominique Martin ne disait rien d’autre en proposant d’encourager les femmes à « revenir au foyer » avec un salaire parental d’éducation pour lutter contre le chômage et améliorer l’éducation des enfants. C’était il y a quelques semaines… Le langage est plus policé. Les arguments plus sournois. Mais « le pouvoir hypnotique de la domination », comme le nomme Virginia Woolf, est toujours agissant. « De Wall Street aux champs de canne à sucre, les normes entre les deux sexes se font au détriment des femmes », relève un rapport de l’ONU publié lundi, qui s’inquiète de l’effet dévastateur des politiques d’austérité sur l’égalité hommes-femmes.

→   Lire Plus

Bore-out. Mourir d’ennui, l’enfer quotidien des sous-employés

— Par Marion  Esquerré —
sou_employesÊtre payé à ne rien faire ? Le rêve ? En réalité, c’est bien davantage un cauchemar qu’une sinécure qui, imposé aux salariés sur une longue période, peut conduire au bore-out, à l’épuisement.

Une suractivité sur une longue période peut conduire au « burn-out » ou syndrome d’épuisement professionnel, dont la reconnaissance dans la société a fortement progressé en une quinzaine d’années. En revanche, le « bore-out » ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, sorte d’image en miroir du « burn-out », reste un sujet tabou. Pourtant, il peut mener aux mêmes situations: fatigue profonde, dépression, déclenchement de maladies en tous genres, jusqu’à la tentative de suicide.
Céline, psychologue de formation, spécialisée en gériatrie, a frôlé cet état. Pour son premier emploi, elle tenait un bureau d’information pour personnes âgées. Son bureau était au premier étage d’une petite mairie sans ascenseur. « Je ne recevais pratiquement personne de la semaine, sans compter que, le lundi, mon bureau était même inaccessible pour cause de fermeture de la mairie … Toute action que je proposais était refusée. » À l’époque, il n’y a ni Internet haut débit, ni réseau de téléphonie mobile.

→   Lire Plus

Qu’est-ce qu’un « engagé » ?

— Par Joseph Jos, Edouard Ancet, Erick Dédé (Association Tous Créoles) —

Toutes les vérités ne seraient-elles pas bonnes à dire. Telle est, par la formulation de ces deux adages, la mésaventure survenue à un homme soucieux de vérité historiquement établie, Roger de Jaham.
Chercheurs et historiens modernes rejoignent chroniqueurs et mémorialistes des lendemains de la « Découverte » de l’Amérique, sur un constat commun : les colonies européennes d’Amérique ont vu passer, à côté des esclaves noirs, des « engagés blancs » ou « trente-six mois » , espèces d’hommes qui se vendaient en Europe comme esclaves pendant trois ans dans les colonies » (Définition de l’Abbé Guillaume-Thomas François Raynal, (1713-1796), cité par Mme Liliane Chauleau, Directrice Honoraire des Archives départementales de la Martinique).
La plupart des Français qui émigrent aux colonies, incapables de payer leur voyage aux îles, doivent s’engager à servir ceux qui payent les frais du voyage, pour une durée de 3 ans, dans les colonies françaises. Ces colons français sont appelés les « engagés » ou les « trente-six mois » .
Le Père Du Tertre, dans son Histoire Générale des Antilles, a fortement dénoncé le sort qui leur était fait dans les premières années de la colonisation de la Guadeloupe, habitée par les Français : « Il y a eu, autrefois, des maîtres si cruels qu’on a été obligé de leur interdire d’en acheter jamais ; et j’en ai connu un, à la Guadeloupe qui en a enterré plus de cinquante sur la place, qu’il avait fait mourir à force de travailler… car, bien que ces pauvres engagés fussent extraordinairement affaiblis par la misère et la faim, on les traitait plus mal que des esclaves et l’on ne les poussait au travail qu’à coups de bâton et de hallebardes » .

→   Lire Plus

« Il n’y a pas de France sans impertinence »

— Par Alain Mabanckou —

En récompensant Charlie Hebdo pour son « courage dans la liberté d’expression », le Pen America a provoqué la colère de six de ses membres, qui s’en sont publiquement émus. Le romancier Alain Mabanckou dit son incompréhension devant cette forme d' »ignorance ».

Je serai présent au « Pen World Voices Festival » organisé par le Pen American Center du 4 au 10 mai pour célébrer les littératures du monde. Et c’est le 5 mai 2015 que cet organisme, fondé en 1922 pour la promotion de la littérature et la défense de la liberté d’expression décernera un prix à l’hebdomadaire Charlie Hebdo.

J’ai appris avec stupéfaction que six de mes confrères, Peter Carey, Michael Ondaatje, Francine Prose, Teju Cole, Rachel Kushner et Taiye Selasi ont décidé de boycotter la cérémonie de la remise de ce prix à l’hebdomadaire français dont le drame du massacre de la rédaction par des terroristes est encore dans nos mémoires. Ces écrivains sont, comme qui dirait, des « poids lourds » dans la littérature d’expression anglaise. Leur attitude et leurs déclarations ne sont donc pas passées inaperçues et, paradoxalement, ce sont elles qui mettent en danger la liberté d’expression!

→   Lire Plus

Crise à l’université, Médiapart manipulé ?

— Par Edouard de Lépine —
mediapart_manipQuelques jours après le passage à la Martinique du directeur de Médiapart, Edwy Plénel, a paru dans ce journal un curieux article sur l’Université des Antilles. Cet article met gravement et nommément en cause Fred Célimène pour lequel j’ai le plus grand respect, entre autres à cause de l’énorme travail qu’il a réalisé en un peu plus d’un quart de siècle, à l’intérieur de l’Université et aux alentours, dans la Caraïbe. Un travail que je suis naturellement prêt à comparer avec celui de n’importe lequel de ces conjurés d’un gran sanblé qui n’ose pas dire son nom. À commencer par la seule performance de celle qui n’aura mis que quelques mois à casser l’Université des Antilles-Guyane que nous avions mis un demi-siècle à construire.
Ému et surpris par les premiers articles parus dans Médiapaart et repris dans la presse locale, j’avais adressé au directeur de ce journal que j’ai la chance de connaître, à une adresse probablement inexacte, un document qu’il n’a manifestement pas reçu. C’est pourquoi je me proposais de profiter de son passage à la Martinique, pour lui en toucher un mot, lui remettre un épais dossier sur ce sujet et même essayer de mettre sur pied une rencontre avec Fred Célimène.

→   Lire Plus

« Français, cessez de vous sentir coupables ! », crie Bernard Maris dans un essai posthume

—Par Sylvain Attal —

maris_aimer_la_francePeu de temps avant son assassinat au siège de « Charlie Hebdo », le journaliste et économiste Bernard Maris avait envoyé son dernier manuscrit à son éditeur. Une déclaration d’amour lucide et inquiète à la France.

Bernard Maris, assassiné avec ses amis de « Charlie Hebdo » le 7 janvier 2015, manque déjà à ceux qui l’ont connu et, forcément, aimé. Son dernier essai « Et si on aimait la France » (Grasset) – sans point d’interrogation, il y tenait – nous vient d’outre-tombe. Il est terriblement émouvant, poignant même, par son côté prémonitoire.

Maris, économiste et journaliste, s’y montre tel qu’il était : un homme de gauche, écologiste, humaniste et iconoclaste, mais surtout profondément libre de toute attache partisane, et hermétique à tous les prêt-à-penser de l’époque.

Le texte du manuscrit (inachevé) est parvenu à son éditeur quelques jours avant la fatale conférence de rédaction de « Charlie ». Maris, qui en était satisfait, avait choisi le titre.

Car il s’agit bien d’une déclaration d’amour à la France, exempte de tout chauvinisme. La France éternelle qui « n’est rien sans la grandeur » (de Gaulle).

→   Lire Plus

Pour n’oublier jamais !

— Par Janine Bailly —

liberation_des-camps-70Le 70ème anniversaire de la Résistance, de la Victoire et de la Libération des camps de concentration, donne lieu actuellement sur tout le territoire à diverses manifestations, tant nationales que locales, rappelant ce que fut la barbarie nazie, et comment on en vint à bout. Les équipes éducatives sont vivement encouragées à s’inscrire dans cet important mouvement commémoratif, « par l’élaboration de projets adaptés au niveau scolaire des élèves, en privilégiant un axe intergénérationnel » (Éduscol, portail des professionnels de l’Éducation)
La Martinique n’a pas démérité puisque ce furent deux cents élèves, venus de plusieurs collèges et lycées de l’île, qui purent assister à la séance organisée ce vendredi 24 avril au cinéma Madiana. Séance passionnante, suivie avec une grande attention, et dans un silence respectueux, par des adolescents avides d’écouter, d’apprendre et d’interroger, auprès de leurs aînés, un passé douloureux qu’ils ont certes découvert en classe, mais qui leur reste peut-être encore trop abstrait ou impénétrable. 
D’abord il y eut la projection du téléfilm documentaire réalisé par Philippe Baron et diffusé pour la première fois en 2013, Le Métis de la République, qui retrace le destin tragique de Raphaël Elizé. 

→   Lire Plus

Marges et prix : les goinfreries de la grande distribution

— Par Gérard Le Puil —

hypermarketLe travail réalisé par l’Observatoire permet de voir comment s’effectue le pillage du travail des paysans et d’une bonne partie de l’industrie alimentaire par les grandes enseignes de la distribution.
Avec une marge brute de 3,39€ sur un kilo de longe de porc, Carrefour, Leclerc et des autres distributeurs tirent plus d’agent de la simple vente d’un bout de viande que les 3,13€ revenant à l’éleveur pour avoir nourri le cochon et à l’abattoir pour l’avoir tué et débité. C’est ce que révèle le dernier rapport de l’Observatoire des marges et des prix.

Le troisième rapport de « l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires » a été remis le 21 avril au ministre de l’Agriculture par Philippe Chalmin, le président de l’Observatoire. Cet organisme a été mis en place par la droite au pouvoir en 2010, pour mesurer les conséquences de la Loi de modernisation économique (LME) votée par la majorité de l’époque en 2008. La LME a donné plus de moyens aux enseignes de la grande distribution pour piller les paysans et mettre une pression permanente sur les petites et moyennes entreprises de l’industrie agroalimentaire.

→   Lire Plus

« We want Sex Equality », le mercredi 29 avril de 18h00 à 21h00

A la salle case à vents – Atrium – avec le partenariat de ciné woulé

we_want_sex_equality

Comment avancent les droits des femmes dans le monde du travail ?

Au printemps 1968 en Angleterre, une ouvrière d’une succursale de Ford, sous l’impulsion de son supérieur et partant d’une simple demande d’augmentation de salaire promise par sa direction depuis longtemps pour elle et ses collègues, va mener un mouvement visant à instaurer l’égalité de salaire entre les hommes et les femmes…

We Want Sex Equality ou Les Dames de Dagenham au Québec (Made in Dagenham) est un film britannique réalisé par Nigel Cole et sorti en 2010 (2011 en France). Scénarisé par William Ivory, ce film historique traite de la première grève des ouvrières de l’usine automobile du constructeur américain Ford à Dagenham, ainsi que des négociations que conduisirent ses meneuses pour obtenir une complète égalité salariale entre hommes et femmes, notamment auprès de la secrétaire d’État travailliste Barbara Castle⋅ Il met en scène Sally Hawkins dans le rôle principal, ainsi que Daniel Mays, Miranda Richardson et Rosamund Pike⋅

La véritable histoire de « WeWant Sex Equality »
La grève
Pour la première fois en Angleterre, des femmes décident de faire grève.

→   Lire Plus

L’islam est dévoyé par des extrémistes sans connaissance religieuse véritable

— Par Shawki Allam (Grand mufti d’Egypte)—

muftiDe nombreuses régions du monde ont été victimes d’extrémistes violents agissant au nom de l’islam, les récentes tueries à Paris étant les plus choquantes de ces attaques. Les responsables et commentateurs occidentaux et orientaux sont hantés par la question de savoir où se trouvent les modérés. Nombreux sont ceux qui désespèrent de trouver des partenaires progressistes et pacifiques reconnus dans le monde musulman.

Pourtant, réconcilier l’islam avec le monde moderne est depuis longtemps un impératif pour les musulmans. Ce processus remonte notamment au XIXe siècle, lorsque ce que l’on appelle le mouvement de la réforme islamique prit naissance à l’université Al-Azhar du Caire, le principal établissement d’enseignement de l’islam.

Au Dar Al-Iftaa, l’organisme suprême égyptien pour les édits juridiques islamiques que je préside, nous débattons en permanence de la question de l’application de l’islam dans le monde moderne. Nous publions des milliers de fatwas, ou édits juridiques officiels, affirmant le droit des femmes à la dignité, à l’éducation, à l’emploi ou à l’exercice d’une fonction politique, ou condamnant la violence et la terreur motivées par des motifs religieux.

→   Lire Plus

« Nous étions 550 à bord… et j’ai déboursé 2 100 dollars »

— Par Émilien Urbach —

boatpeopleDans les rues de Paris, les réfugiés aux trajectoires multiples ont tous en commun d’avoir été confrontés au commerce odieux des passeurs. 
Entre les mafias organisées, la complicité des autorités locales ou encore les transits à dos d’âne, leurs récits révèlent une réalité complexe.

Son visage noir tanné par la fatigue émerge d’un sac de couchage vert foncé. Ils sont quatre, emmitouflés dans des duvets et couettes de récupération, au milieu de centaines de tentes Quechua, sous un pont de fer, à deux pas de la station du métro La-Chapelle, à Paris. Tesfay a 26 ans et arrive d’Érythrée. Il se réveille de sa deuxième nuit parisienne après un périple de cinq mois en partance du Soudan. Quelques centaines de mètres plus bas, Tisoko, un jeune Malien de 16 ans, se réchauffe sur un banc aux premiers rayons de soleil, le long du canal Saint-Martin. Comme Tesfay, il a traversé la Méditerranée dans un de ces bateaux en provenance des côtes libyennes. Non loin de là, deux jeunes Indiens attendent également de pouvoir entrer à la permanence d’accueil et d’orientation des mineurs isolés étrangers.

→   Lire Plus

Boat-people en Méditerrannée : le monologue européen

—Par Aminata Dramane Traoré & Nathalie M’Dela-Mounier*—

mounier_&_traore « Il faut en finir définitivement avec des relations totalement déséquilibrées et essentiellement tournées vers les intérêts de l’Europe, de la finance et du commerce. Au risque de voir notre monde sombrer. Le naufrage serait alors global. « 

L’infernale comptabilité macabre
Assez ! Trêve de diversion !
Ils sont, ils étaient, ils seront des centaines, des milliers, des centaines de milliers à partir pour ne jamais arriver. Et comme d’habitude, après le temps de l’émotion et de l’indignation viendra celui de l’oubli et de l’indifférence. Ils sont,  ils étaient,  ils seront tous oubliés parce que des politiques économiques inégalitaires et assassines  continueront à secréter le chômage et la pauvreté de masse, les conflits armés et le réchauffement climatique.
Au cours des vingt dernières années, presque 30 000 personnes ont péri aux portes de l’Europe dont 3 500  en 2014. Depuis le début janvier de cette année 2015 que l’Europe a proclamé « l’année du développement », on estime à 1700 le nombre de morts, voire plus car cette compatibilité macabre est hasardeuse.
L’Europe ne peut contribuer à remédier à cette tendance mortifère de l’évolution du monde globalisé qu’en admettant ce que Michèle Rivasi, députée européenne du parti Europe Ecologie les Verts (EELV), rappelle à propos du Mali : « la nécessité d’analyser l’échec du développement économique qui a délégitimé la démocratie.

→   Lire Plus

Martinique : climat économique contrasté et marché du travail dégradé

iedomP O R T R A I T à Télécharger sur le site de l’IEDOM

Quelques signes d’amélioration contrariés en fin d’année
Après une année 2013 en repli, l’économie martiniquaise semble montrer quelques signes d’amélioration en 2014. Cette évolution est toutefois contrariée en fin d’année.
Alors qu’il était en amélioration depuis la fin de l’année 2012, l’indicateur du climat des affaires se détériore en fin d’année 2014. L’atonie de la demande et l’absence de perspectives pénalisent l’activité économique. Le marché du travail reste dégradé et l’activité est contrastée dans la plupart des secteurs. L’agriculture et l’agroalimentaire enregistrent des résultats mitigés ; l’absence de projets d’envergure pénalise les secteurs du BTP et de l’industrie ; l’activité commerciale se dégrade en fin d’année. Dans le tourisme, seule la croisière connaît un regain de dynamisme, contrairement à l’hôtellerie qui tend à se détériorer.
En dépit d’une conjoncture morose, les concours des banques au financement de l’économie sont mieux orientés. Cette évolution est en grande partie imputable aux entreprises, dont les crédits d’investissement progressent significativement en 2014, mais concernent, pour une large part, le renouvellement de l’outil de production plus que de nouveaux projets.

→   Lire Plus

Parentalité : et si on les éduquait…au lieu de chercher à les dresser… !

— Par Gracienne Laurence —

L’enfant est-il un être humain ? Bien fou serait celui qui répondrait par la négative à une question aussi simple que banale. Donc on reconnaît à l’enfant un statut de personne, on lui reconnaît des droits comme à toute autre personne. Donc la déclaration universelle des droits de l’homme le concerne et le protège de tout châtiment corporel c’est-à-dire tout acte commis pour le punir et qui s’il était appliqué à un adulte serait une agression illégale.
Le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies donne la définition suivante des châtiments corporels comme : « Tout châtiment impliquant l’usage ou la force physique et visant à infliger un certain degré de douleur ou de désagrément, aussi léger soit-il. La plupart de ces châtiments donnent lieu à l’administration d’un coup (« tape », « gifle », « fessée ») à un enfant, avec la main ou à l’aide d’un instrument (fouet, baguette, ceinture, chaussure, cuiller de bois,/ Ce type de châtiment peut aussi consister, par exemple, à donner un coup de pied, secouer et projeter un enfant, le griffer, le pincer, lui tirer les oreilles, ou encore à forcer un enfant à demeurer dans une position inconfortable, à lui infliger une brûlure, à l’ébouillanter ou à l e forcer à ingérer quelque chose(par exemple laver la bouche d’un enfant avec du savon ou l’obliger à avaler des épices piquantes) ».

→   Lire Plus

« L’habitation n’était pas un camp de concentration »

Jeudi 23 avril 2015 18 h à l’Atrium

Docteur en histoire, Bruno MAILLARD est chercheur associé au CRESOI-Université de la Réunion, chargé d’enseignement à l’université de Paris-Est Créteil. Il co-signe avec Frédéric RÉGENT, maître de conférences en histoire à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et avec Gilda GONFIER, directrice de la médiathèque du Gosier (Guadeloupe), ce livre-évènement « Libres et sans fers, Paroles d’esclaves français » qui donne enfin la parole aux esclaves.

Ces trois chercheurs ont pu retrouver des témoignages inédits d’esclaves s’exprimant « libres et sans fers », selon l’expression consacrée des tribunaux, lors de procès tenus en raison de larcins, de rixes, de mauvais traitements, parfois de meurtres, entre 1787 et 1848, soit les cinquante dernières années de l’esclavage. Grâce à des interrogatoires et des dépositions d’esclaves qui n’avaient jamais été exploités jusqu’à présent, ces historiens ont pu reconstituer le quotidien de ces hommes, femmes et enfants en Martinique, à La Réunion et en Guadeloupe au XIXe siècle. La majorité d’entre eux travaillaient dans les champs ou les plantations.

 « Le travail que nous avons mené est d’inscrire ces esclaves dans leur humanité »

 Ces précieux textes nous éclairent sur les conditions de vie des esclaves dans les habitations et en dehors, sur les liens qui les unissaient entre eux (solidarité mais aussi violence) ou à leurs maîtres et commandeurs, leur culture et les moments privilégiés où ils pouvaient échapper aux impératifs de leur statut.

→   Lire Plus