Catégorie : Sciences Sociales

L’égalité réelle en Outre-mer doit devenir la priorité de la nation

patrick_karamTRIBUNE – Patrick Karam, ancien délégué interministériel et président du Conseil représentatif des Français d’Outre-mer (CREFOM) appelle à ce que « l’égalité réelle en Outre-mer doit devenir la priorité de la nation ».

Depuis 1946, et le passage des vieilles colonies aux départements et aux collectivités d’outre-mer, l’effort collectif de la nation comme les progès en développement réalisés en outre-mer ont été importants.

Malgré cela, les retards restent encore substantiels, comme l’a dénoncé récemment la Cour des Comptes en matière de santé (retard de 23 ans à La Réunion en terme de baisse de la mortalité infantile en 2011 ; retard de 27 ans en Martinique ; de 39 ans à Mayotte !).

La situation économique et sociale demeure précaire : en 2009-2012, le PIB/habitant dans les DOM représente, en moyenne, 62 % du niveau de l’hexagone, soit 83,2 % de la région métropolitaine la plus pauvre (Picardie) en 2012. Il s’échelonne cette année-là, dans les quatre DOM « historiques », entre la moitié (Guyane) et les deux tiers (Martinique : 68,5 %) de la moyenne hexagonale et seulement 25,7 % de ce niveau à Mayotte (2011).

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Esclavage : en Guadeloupe, une mémoire troublée

— Par Natalie Levisalles —

memorial_acte_400Réfléchir sur la tragédie sans diviser, c’est l’objectif du Mémorial Acte inauguré ce dimanche. Mais après dix ans de péripéties, ce beau projet fait encore l’objet de rivalités et de règlements de comptes locaux.

Rouge, jaune, blanc… les couleurs des casques de chantier claquent sur le bleu-gris du ciel tropical. Des ouvriers vernissent le sol, des livreurs transportent caisses et châssis, un charpentier monte la proue d’un bateau, un jardinier arrose bois d’Inde et balisiers. Au milieu des pelleteuses, du bruit et de la poussière, on termine l’installation avant l’inauguration, ce dimanche par François Hollande, du Mémorial Acte de Pointe-à-Pitre, dans le très beau bâtiment tout juste achevé en bord de mer.

L’ouverture du Mémorial Acte (Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage), le premier du genre dans la Caraïbe, et le premier de la France d’outre-mer, est un moment important en Guadeloupe. C’est aussi l’aboutissement d’un processus, démarré en 2004, qui a été long et compliqué. Et qui l’est toujours. Pour donner une idée de l’ambiance, disons que les officiels ont éprouvé la nécessité, il y a quelques semaines, d’attribuer publiquement la copaternité du projet à Luc Reinette (Comité international des peuples noirs, CIPN, indépendantiste) et à Victorin Lurel (socialiste, président du conseil régional et ex-ministre des Outre-Mer).

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Martinique. Trop de blabla tue le climat

— Par Cathy Céïbe —
flambiFrançois Hollande a enfoncé des portes ouvertes, en rappelant que « les pays les pauvres étaient les plus touchés par les cyclones et les désordres climatiques ».
Les appels se suivent et se ressemblent. Après Manille, en février, où François Hollande avait appelé à un accord « ambitieux, équitable et universel » dans la perspective de la conférence mondiale sur le climat (COP21) qui se tiendra à Paris en décembre, le président français a récidivé, samedi, à Fort-de-France, à l’occasion de sa visite officielle aux Antilles.

Fort de France (Martinique), envoyée spéciale. Aux Philippines, l’actrice Marion Cotillard et la sénatrice philippine avaient donné lecture d’un appel pétri de déclarations de principes mais vide de propositions concrètes. En Martinique, lors du Sommet climat Caraïbes auquel ont participé des chefs d’États de la région, c’est Ségolène Royal pour la France qui s’est prêté à l’exercice. « La région Caraïbe, ne contribuant que de manière marginale aux émissions de gaz à effet de serre, fera pourtant partie des zones les plus durement touchées. Ses populations ressentent déjà les effets du dérèglement climatique qui pourrait (…) modifier le régime des précipitations, la salinisation des aquifères (…) une réduction de la productivité agricole », a lu la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie.

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17 mai 2015 : Journée internationale de lutte contre l’homophobie

journee_inter_contre_homophLe 17 mai aura lieu la journée internationale de lutte contre l’homophobie2. A cette occasion, KAP Caraïbe souhaite sensibiliser les martiniquais-es aux discriminations en lien avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
En 2015, malgré l’évolution des mentalités et les progrès obtenus dans la reconnaissance des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), les discriminations subsistent et il demeure toujours difficile d’annoncer ou de vivre librement son homosexualité notamment en Martinique.
Il est toujours nécessaire de lutter contre l’homophobie.
C’est dans cet esprit que KAP Caraïbe organisera 3 évènements autour de cette date:

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« Université dépecée, jeunesse bousillée »

—Par Lisa David —

Aux cris de « Université dépecée, jeunesse bousillée », « ratification de l’U.A mais dératisation », brandissant leurs pancartes, ils se sont fait voir et entendre, pour que l’Université des Antilles soit enfin ratifiée. Ils n’étaient pas très nombreux les étudiants, universitaires et représentants syndicaux qui sont venus à l’aéroport Aimé Césaire où l’avion du Président de la République, François Hollande, s’est posé à minuit ce 8 mai. Le Député Alfred Marie Jeanne est resté à coté d’eux pour attendre l’arrivée du Président. Le Sénateur Serge Larcher, un des auteurs du rapport sénatorial qui souligne les malversations du CEREGMIA, s’est arrêté pour échanger avec les manifestants. Le Député et président du Conseil Régional Serge Letchimy, est passé dans sa voiture, vitre fermé. Le Président ne les a ni vus, ni entendus, tout avait été prévu pour que les problèmes de la jeunesse martiniquaise ne viennent pas perturber son voyage de pré-campagne pour 2017⋅

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Écouter l’interview de Corinne Mencé-Caster

 

Ils avaient choisis de s’installer non loin de la salle de l’ancien aéroport, où les élus, les journalistes tous officiels, étaient conviés pour aller faire la coutume au Président de la République.

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Mémorial ACTe, le plus ambitieux lieu de mémoire jamais dédié à l’esclavage

memorial_acteVisite en avant-première du plus ambitieux lieu de mémoire jamais dédié à l’esclavage.Un équipement culturel sans précédent aux Antilles.

Le site abrita, plus d’un siècle durant, l’usine sucrière Darboussier, fermée en 1980 puis démolie, à l’exception de sa seule annexe administrative, une bâtisse jaunie de style colonial, où furent réglées les payes de générations d’ouvriers locaux. Connu de tous les Antillais pour avoir englouti des quantités de tiges de canne à sucre en plein centre de Pointe-à-Pitre, à deux pas de la préfecture, ce phare industriel de l’île de la Guadeloupe cède aujourd’hui sa place à un imposant bâtiment moderniste tout juste sorti de terre, long de 240 m et fort de 7.124 m², dont 2.500 m2 dédiés aux expositions mémorielles et artistiques. Le « centre Beaubourg » de l’île? La formule circule.

Il s’agit du flambant Mémorial ACTe, le centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage*, projet porté par la Région Guadeloupe tout au long des années 2000. Érigée en bord de mer à la façon d’un navire, sa façade altière, toute minérale, rappelle celle du récent MuCem, à Marseille (musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée).

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Corinne Mencé-Caster est une femme d’honneur et de courage, une démocrate

Écœurant article d’Édouard Delépine contre Corinne Mencé-Caster

mence_caster— Par Maurice Belrose —

L’article de 8 pages publié récemment par Mediapart sur l’affaire CEREGMIA et dont « Justice » a fait une présentation commentée dans son numéro du 30 avril, a provoqué l’ire d’Edouard Delépine, lequel a publié le 29 avril, dans « France-Antilles » [et Madinin’Art] un article écœurant mettant en cause la présidente de l’université des Antilles et de la Guyane, Corinne Mencé-Caster.

L’article est intitulé « Crise à l’université, Médiapart manipulé? » Ce qui frappe d’emblée dans ce titre, c’est le point d’interrogation, signe du manque de courage du cher Edouard, qui n’ose pas affirmer catégoriquement que Mediapart a été manipulé tout en laissant entendre subtilement qu’il y a eu manipulation. Notre historien et dirigeant PPM révèle qu’il a connu Edwy Plénel, le directeur de Médiapart, alors que celui-ci « avait 7-8 ans », et il évoque l’époque lointaine où ils vendaient à la criée le « journal trotskiste Rouge », dans lequel, lui Delépine, publiait des articles signés Andrès Lerouge. Il dit évidemment le plus grand bien d’Edwy Plénel en tant journaliste et en tant qu’homme, affirmant qu’il le tient pour « le digne fils de son père, Alain Plénel ».

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Le point de vue d’OVH.com sur la loi renseignement

renseignementMardi 5 mai, les députés ont voté l’adoption de la loi renseignement par 438 voix pour et 86 contre. En attendant la suite du processus législatif, Octave Klaba, fondateur et Chairman d’OVH, revient en détail sur les conséquences réelles de cette loi, pour les hébergeurs, les FAI et leurs clients.

OVH a menacé de s’exiler hors de France, si la loi renseignement était adoptée. La loi vient d’être votée par l’Assemblée nationale. Qu’allez-vous faire maintenant ?

Je souhaite d’abord m’exprimer sur la loi elle-même. Cette loi n’est pas bonne pour notre pays. Pourquoi ?
Parce qu’elle va changer nos comportements, notre manière de vivre au quotidien, notamment lorsqu’on utilise les téléphones et l’Internet. Nous allons avoir le sentiment d’être sur écoute constamment et cela va créer une psychose dans la population. Manuel Valls le Premier ministre disait « Nous sommes en guerre », et effectivement avec la loi renseignement, le stress vient d’être transmis à l’ensemble du pays. En bref, si le gouvernement voulait que la population se sente menacée, c’est réussi. Très rapidement et automatiquement, nous allons intégrer les mécanismes de l’autocensure.

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8 mai 1945 : répression sanglante à Sétif

setif_1945Le 8 mai 1945, le jour même de la victoire alliée sur le nazisme, de violentes émeutes éclatent à Sétif, en Algérie.
Origines du drame

Quand la victoire de la démocratie sur la barbarie nazie est apparue imminente, certains musulmans d’Algérie ont espéré que serait enfin mis en application le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Parmi eux Messali Hadj, chef du PPA (Parti Populaire Algérien), interdit depuis 1939. Mais celui-ci est jeté en prison par les autorités françaises et 20.000 de ses partisans défilent le 1er mai 1945 à Alger en sa faveur.

Le matin du 8 mai, une nouvelle manifestation survient à Sétif aux cris de «Istiqlal [Indépendance], libérez Messali». Les militants du PPA ont la consigne de ne pas porter d’armes ni d’arborer le drapeau algérien mais un scout musulman n’en tient pas compte et brandit le drapeau au cœur des quartiers européens.

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L’Université de Guyane, c’est enfin maintenant

— Par René Ladouceur —

universite_de_guyaneEn 1967, Jean-Jacques Servan Schreiber, dans son célébrissime livre Le Défi Américain, pronostiquait avec 13 ans d’avance l’irruption du micro-ordinateur et démontrait que « l’arme absolue » mise en œuvre par les Américains pour dominer le monde était l’investissement dans les universités. « L’Amérique tire en ce moment un profit massif du plus rentable des investissements : la formation des hommes« , écrivait ce visionnaire, qui dirigeait alors l’hebdomadaire l’Express. A l’époque, voici 48 ans, les Etats-Unis comptaient déjà 45% d’une génération diplômée de l’enseignement supérieur. Aujourd’hui, la France commence à peine à atteindre ce chiffre.

Pour ce qui est de la Guyane, son université a été créée le 1er janvier dernier. Curieusement, l’atmosphère d’allégresse qui a accueilli l’annonce de cette création s’est peu à peu transformée en climat on ne peut plus serein. L’Université de Guyane n’a toujours pas été inaugurée mais elle se structure. Calmement, tranquillement, sereinement, presque discrètement. Silence, on travaille. Les recrutements du personnel administratif comme ceux du personnel enseignant vont bon train, comme si l’université avait spontanément intégré sa feuille de route, à savoir une université éperdument guyanaise, à la fois française et sud-américaine, arc-boutée sur les problématiques géostratégiques, culturelles, sociales, économiques, historiques ; une université résolument tournée vers le plateau des Guyanes, les réseaux internationaux et vers la construction d’avenir pour les jeunes lycéens, pour les étudiants, pour notre compétitivité, notre réussite socio-économique.

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« Regarde les hommes tomber »

— Par Alain et Stéphane Louis-Gustave —
hommes_tomberDouloureuse Amérique
Ces derniers mois, les bavures mortelles de la police américaine portant sur des noirs désarmés se succèdent à un rythme qui peut sembler inhabituel.
Pour ne s’en tenir qu’à l’année en cours, au moins six cas ont été rapportés et on ne peut certifier que tous les cas sont portés à la connaissance du public.
Cette situation devient si insoutenable que le Time du 9 avril a consacré sa couverture et six pages à ce problème avec ce superbe titre, « La vie d’un noir a de la valeur » .
Car, 150 ans après l’abolition réglementaire de l’esclavage, 50 ans après la loi pour les droits civiques censée asseoir définitivement l’égalité entre blancs et noirs, et 6 ans après l’élection du premier Président noir des États-Unis, il est de moins en moins tolérable de devoir constater que les noirs, qui représentent une part significative de la population, font l’objet d’un traitement manifestement inéquitable de la part des forces de police (et aussi de la justice). Plusieurs points méritent d’être soulignés.
Premièrement, il est évident que malgré le temps, malgré des progrès réels acquis de haute lutte et illustrés par des icônes aussi symboliques que Martin Luther-King, Condelezza Rice, Colin Powel, Richard Wright, Paul Robeson, Alvin Ailey, David Dinkins (1er maire noir de New-York) et d’autres encore, la communauté noire n’est pas encore bien acceptée aux USA (loin s’en faut).

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Pourquoi le cyclotron en Martinique ?

cyclotronLe choix du site d’implantation du cyclotron dans nos régions fait l’objet d’un énorme battage médiatique en Guadeloupe. En Martinique, nous n’avons pas voulu risquer d’éloigner le débat de l’essentiel : sécurité des populations, des patients, égalité des chances face au cancer, robustesse technique et financière du montage. Compte tenu d’une demande conjointe des autorités médicales des 3 régions pour que la ministre diligente des missions d’experts, nous avons préféré que ces missions se déroulent sereinement, afin que la décision soit prise sans interférences, sur des bases objectives, saines, factuelles.
Les rapports d’experts sont rendus. L’heure est venue de partager librement…
Le Tep-scanner, c’est le meilleur scanner pour le cancer. On injecte un isotope au patient qui repère les cellules cancéreuses en se fixant sur elles. C’est désormais un des pivots du choix de traitement. Après sa fabrication dans un cyclotron, ce fameux isotope, dont la durée d’action est courte, doit être acheminé en 4 heures vers le TEP scanner pour l’examen. Un cyclotron est donc nécessaire aux Antilles car le temps de vol depuis la métropole est trop long. Sans Cyclotron aux Antilles aujourd’hui, de nombreux patients partent en métropole.

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UAG vs Ceregmia : le Canard s’en mêle

canard_ceregmiaExtraits « Le Canard Enchaîné » 6 mai 2015 :

« Députés écumants »

Christophe Prémat, le rapporteur PS du texte se sentant désavoué, préfère démissionner : « On m’a fait comprendre qu’il y avait un accord politique avec les grands élus datant de juillet… »

Le député UMP Patrick Hetzel se montre tout aussi dégoûté : « Lurel considère que l’université, c’est sa chose…»

La députée Isabelle Attard renchérit : « Je déteste que l’Assemblée soit prise en otage par les intérêts d’élus locaux, de notables, qui donnent le sentiment de ne pas vouloir faire le ménage. »

Certains craignent que ce ne soit le préalable d’une ultime partition en deux facs séparées de Guadeloupe et de Martinique. Voila qui promet pour la nouvelle lecture de ce texte de loi sur l’université des Antilles, le 21 mai !
A cette bagarre institutionnelle s’ajoutent de vilaines histoires d’argent. Ainsi les dérives financières d’un labo économique de la fac à Fort-de-France, le Ceregmia, ont été décrites depuis 2003 dans des rapports successifs de la Cour des comptes, de l’Inspection générale de l’Éducation nationale et même du Sénat!

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José Martí, la croissance de l’esprit

jose_marti-400— Par Graziella Pogolotti —

La revue Lettres de Cuba rend hommage à José Martí à la occasion du 120 anniversaire de sa mort en combat à Dos Rios.

C’est l’un des endroits que l’on doit visiter une fois dans la vie, car les expériences référées ne sont pas les mêmes que les expériences vécues, concrètes. « Grand bonheur » a annoté José Martí dans son journal au moment du débarquement et l’homme qui arrive à Cuba à ce moment est celui que je voudrais que chacun d’entre nous puisse rencontrer à cet instant, en dehors de la rhétorique, des discours, dans un moment de méditation. Martí a été sans aucun doute un géant, mais il était aussi un homme comme nous tous, fragile et vulnérable et c’est ce qui se manifeste dans les deux journaux qu’il remplit, d’abord sur son séjour dans La Española et ensuite sur son trajet depuis Playitas jusqu’à la veille de Dos Rios. Dans l’excellente édition publiée par la maison d’édition Abril nous pouvons compter le texte des deux journaux et une série d’annexes que l’on peut lire horizontalement, réalisant avec Martí le passage des jours jusqu’à la veille de son moment final.

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«Nous, femmes journalistes politiques et victimes de sexisme…»

sos_sexismeNous ne sommes pas la Génération Giroud. Au tournant des années 70, la cofondatrice et rédactrice en chef de l’Express, première femme à diriger un grand hebdomadaire généraliste, avait mis le pied à l’étrier d’une flopée de ses jeunes et belles congénères. Entre cliché machiste et efficacité éditoriale, Françoise Giroud était alors persuadée que les hommes politiques se dévoileraient plus facilement face à des femmes. Quarante ans plus tard, nous, la génération de femmes journalistes chargées de couvrir la politique française sous les présidences Sarkozy et Hollande, vivons au quotidien cette ambiguïté, souvent entretenue par les hommes politiques.

Aux «Quatre-Colonnes», la petite salle où circulent députés et bons mots au cœur de l’Assemblée nationale, c’est un député qui nous accueille par un sonore : «Ah mais vous faites le tapin, vous attendez le client.» Ou un autre qui nous passe la main dans les cheveux en se réjouissant du retour du printemps. Au Sénat, c’est un parlementaire qui déplore que nous portions un col roulé et pas un décolleté. C’est un candidat à la primaire face à une grappe de micros masculins qui décide de nous répondre un jour d’été «parce que elle, elle porte une jolie robe».

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Chronique d’un lieu de pensée, Fonds Saint-Jacques

— Par Jean Benoist —

fds_st_jacques_chroniqueDurant quinze années, le Centre de recherches caraïbes de l’université de Montréal a été présent aux Antilles, par ses chercheurs et ses étudiants. Installé à la Martinique dans le beau lieu historique de l’ancien monastère de Fonds St-Jacques, le centre a d’abord permis le sauvetage et la restauration du lieu. Puis,il a réalisé de multiples travaux en anthropologie, linguistique, archéologie, géographie,démographie, zoologie et écologie et publié un grand nombre de livres et d’articles.
Créé en 1968, lors d’une période charnière de la présence du Québec au monde, il a été un lieu de rencontre de la francophonie et il a donné naissance à de nombreux liens entre les Antilles et le Québec. Dans ce livre, on suit ses activités au quotidien, on suit les efforts de ceux qui ont oeuvré à l’essor du Centre, on voit débuter la carrière des chercheurs et des enseignants qui s’y sont formés, et on découvre certains de leurs travaux.
Mais ce livre dépasse le cas particulier du centre de recherche de Fonds St-Jacques, pour devenir l’étude du milieu de la recherche.

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Cibler l’humain pour mieux aliéner le travailleur, nouveau credo managérial

— Par Danièle Linhart, sociologue, directrice de recherche au CNRS —

travail_pour_travailAu moment où la souffrance au travail s’impose comme un problème majeur, le management moderne persiste à placer, dans son discours au sujet des salariés, leur épanouissement au cœur de son projet. Un consensus nouveau serait né entre patrons et employés. Or, selon Danièle Linhart dans son dernier ouvrage, « la Comédie humaine du travail », « le drame du travail contemporain » réside précisément dans « le fait qu’il joue sur les aspects les plus profondément humains des individus », au lieu de mobiliser leurs registres professionnels. Aux antipodes du vieux taylorisme déshumanisant ? Seulement en apparence, montre ici la sociologue.

Au cours des années 1970, les directions du personnel se sont transformées en directions des ressources humaines (DRH). En 1999, le syndicat patronal CNPF (Conseil national du patronat français) a changé de dénomination pour s’appeler MEDEF (Mouvement des entreprises de France). Avec le recul, on peut y voir les prémisses du nouveau modèle managérial qui consiste à considérer les salariés, non pas tant comme des professionnels, dotés d’expérience, de règles de métier, de connaissances, mais avant tout comme des humains, des hommes et des femmes, avec leurs émotions, leurs désirs de réalisation, leurs besoins et leur fragilité, ce qui autoriserait leurs employeurs à s’approprier les entreprises: l’entreprise, c’est avant tout ses dirigeants bien plus que les salariés qui y travaillent et œuvrent en son sein.

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Le pouvoir hypnotique de la domination

Le 29 avril 1945, les femmes votent pour la première fois !

— Par Maud Vergnol —

domination_masculine-2C’était il y a soixante-dix ans jour pour jour. C’était hier. La fin de l’exclusion civique des femmes, et le début d’un admirable mouvement d’émancipation. Mais l’insidieuse offensive patriarcale qui refait surface aujourd’hui n’a rien à envier à ses inspirateurs du siècle dernier, pour qui « séduire et être mère, c’est pour cela qu’est faite la femme ». Le 24 mars, l’eurodéputé du Front national Dominique Martin ne disait rien d’autre en proposant d’encourager les femmes à « revenir au foyer » avec un salaire parental d’éducation pour lutter contre le chômage et améliorer l’éducation des enfants. C’était il y a quelques semaines… Le langage est plus policé. Les arguments plus sournois. Mais « le pouvoir hypnotique de la domination », comme le nomme Virginia Woolf, est toujours agissant. « De Wall Street aux champs de canne à sucre, les normes entre les deux sexes se font au détriment des femmes », relève un rapport de l’ONU publié lundi, qui s’inquiète de l’effet dévastateur des politiques d’austérité sur l’égalité hommes-femmes.

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Bore-out. Mourir d’ennui, l’enfer quotidien des sous-employés

— Par Marion  Esquerré —
sou_employesÊtre payé à ne rien faire ? Le rêve ? En réalité, c’est bien davantage un cauchemar qu’une sinécure qui, imposé aux salariés sur une longue période, peut conduire au bore-out, à l’épuisement.

Une suractivité sur une longue période peut conduire au « burn-out » ou syndrome d’épuisement professionnel, dont la reconnaissance dans la société a fortement progressé en une quinzaine d’années. En revanche, le « bore-out » ou syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui, sorte d’image en miroir du « burn-out », reste un sujet tabou. Pourtant, il peut mener aux mêmes situations: fatigue profonde, dépression, déclenchement de maladies en tous genres, jusqu’à la tentative de suicide.
Céline, psychologue de formation, spécialisée en gériatrie, a frôlé cet état. Pour son premier emploi, elle tenait un bureau d’information pour personnes âgées. Son bureau était au premier étage d’une petite mairie sans ascenseur. « Je ne recevais pratiquement personne de la semaine, sans compter que, le lundi, mon bureau était même inaccessible pour cause de fermeture de la mairie … Toute action que je proposais était refusée. » À l’époque, il n’y a ni Internet haut débit, ni réseau de téléphonie mobile.

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Qu’est-ce qu’un « engagé » ?

— Par Joseph Jos, Edouard Ancet, Erick Dédé (Association Tous Créoles) —

Toutes les vérités ne seraient-elles pas bonnes à dire. Telle est, par la formulation de ces deux adages, la mésaventure survenue à un homme soucieux de vérité historiquement établie, Roger de Jaham.
Chercheurs et historiens modernes rejoignent chroniqueurs et mémorialistes des lendemains de la « Découverte » de l’Amérique, sur un constat commun : les colonies européennes d’Amérique ont vu passer, à côté des esclaves noirs, des « engagés blancs » ou « trente-six mois » , espèces d’hommes qui se vendaient en Europe comme esclaves pendant trois ans dans les colonies » (Définition de l’Abbé Guillaume-Thomas François Raynal, (1713-1796), cité par Mme Liliane Chauleau, Directrice Honoraire des Archives départementales de la Martinique).
La plupart des Français qui émigrent aux colonies, incapables de payer leur voyage aux îles, doivent s’engager à servir ceux qui payent les frais du voyage, pour une durée de 3 ans, dans les colonies françaises. Ces colons français sont appelés les « engagés » ou les « trente-six mois » .
Le Père Du Tertre, dans son Histoire Générale des Antilles, a fortement dénoncé le sort qui leur était fait dans les premières années de la colonisation de la Guadeloupe, habitée par les Français : « Il y a eu, autrefois, des maîtres si cruels qu’on a été obligé de leur interdire d’en acheter jamais ; et j’en ai connu un, à la Guadeloupe qui en a enterré plus de cinquante sur la place, qu’il avait fait mourir à force de travailler… car, bien que ces pauvres engagés fussent extraordinairement affaiblis par la misère et la faim, on les traitait plus mal que des esclaves et l’on ne les poussait au travail qu’à coups de bâton et de hallebardes » .

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« Il n’y a pas de France sans impertinence »

— Par Alain Mabanckou —

En récompensant Charlie Hebdo pour son « courage dans la liberté d’expression », le Pen America a provoqué la colère de six de ses membres, qui s’en sont publiquement émus. Le romancier Alain Mabanckou dit son incompréhension devant cette forme d' »ignorance ».

Je serai présent au « Pen World Voices Festival » organisé par le Pen American Center du 4 au 10 mai pour célébrer les littératures du monde. Et c’est le 5 mai 2015 que cet organisme, fondé en 1922 pour la promotion de la littérature et la défense de la liberté d’expression décernera un prix à l’hebdomadaire Charlie Hebdo.

J’ai appris avec stupéfaction que six de mes confrères, Peter Carey, Michael Ondaatje, Francine Prose, Teju Cole, Rachel Kushner et Taiye Selasi ont décidé de boycotter la cérémonie de la remise de ce prix à l’hebdomadaire français dont le drame du massacre de la rédaction par des terroristes est encore dans nos mémoires. Ces écrivains sont, comme qui dirait, des « poids lourds » dans la littérature d’expression anglaise. Leur attitude et leurs déclarations ne sont donc pas passées inaperçues et, paradoxalement, ce sont elles qui mettent en danger la liberté d’expression!

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Crise à l’université, Médiapart manipulé ?

— Par Edouard de Lépine —
mediapart_manipQuelques jours après le passage à la Martinique du directeur de Médiapart, Edwy Plénel, a paru dans ce journal un curieux article sur l’Université des Antilles. Cet article met gravement et nommément en cause Fred Célimène pour lequel j’ai le plus grand respect, entre autres à cause de l’énorme travail qu’il a réalisé en un peu plus d’un quart de siècle, à l’intérieur de l’Université et aux alentours, dans la Caraïbe. Un travail que je suis naturellement prêt à comparer avec celui de n’importe lequel de ces conjurés d’un gran sanblé qui n’ose pas dire son nom. À commencer par la seule performance de celle qui n’aura mis que quelques mois à casser l’Université des Antilles-Guyane que nous avions mis un demi-siècle à construire.
Ému et surpris par les premiers articles parus dans Médiapaart et repris dans la presse locale, j’avais adressé au directeur de ce journal que j’ai la chance de connaître, à une adresse probablement inexacte, un document qu’il n’a manifestement pas reçu. C’est pourquoi je me proposais de profiter de son passage à la Martinique, pour lui en toucher un mot, lui remettre un épais dossier sur ce sujet et même essayer de mettre sur pied une rencontre avec Fred Célimène.

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« Français, cessez de vous sentir coupables ! », crie Bernard Maris dans un essai posthume

—Par Sylvain Attal —

maris_aimer_la_francePeu de temps avant son assassinat au siège de « Charlie Hebdo », le journaliste et économiste Bernard Maris avait envoyé son dernier manuscrit à son éditeur. Une déclaration d’amour lucide et inquiète à la France.

Bernard Maris, assassiné avec ses amis de « Charlie Hebdo » le 7 janvier 2015, manque déjà à ceux qui l’ont connu et, forcément, aimé. Son dernier essai « Et si on aimait la France » (Grasset) – sans point d’interrogation, il y tenait – nous vient d’outre-tombe. Il est terriblement émouvant, poignant même, par son côté prémonitoire.

Maris, économiste et journaliste, s’y montre tel qu’il était : un homme de gauche, écologiste, humaniste et iconoclaste, mais surtout profondément libre de toute attache partisane, et hermétique à tous les prêt-à-penser de l’époque.

Le texte du manuscrit (inachevé) est parvenu à son éditeur quelques jours avant la fatale conférence de rédaction de « Charlie ». Maris, qui en était satisfait, avait choisi le titre.

Car il s’agit bien d’une déclaration d’amour à la France, exempte de tout chauvinisme. La France éternelle qui « n’est rien sans la grandeur » (de Gaulle).

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Pour n’oublier jamais !

— Par Janine Bailly —

liberation_des-camps-70Le 70ème anniversaire de la Résistance, de la Victoire et de la Libération des camps de concentration, donne lieu actuellement sur tout le territoire à diverses manifestations, tant nationales que locales, rappelant ce que fut la barbarie nazie, et comment on en vint à bout. Les équipes éducatives sont vivement encouragées à s’inscrire dans cet important mouvement commémoratif, « par l’élaboration de projets adaptés au niveau scolaire des élèves, en privilégiant un axe intergénérationnel » (Éduscol, portail des professionnels de l’Éducation)
La Martinique n’a pas démérité puisque ce furent deux cents élèves, venus de plusieurs collèges et lycées de l’île, qui purent assister à la séance organisée ce vendredi 24 avril au cinéma Madiana. Séance passionnante, suivie avec une grande attention, et dans un silence respectueux, par des adolescents avides d’écouter, d’apprendre et d’interroger, auprès de leurs aînés, un passé douloureux qu’ils ont certes découvert en classe, mais qui leur reste peut-être encore trop abstrait ou impénétrable. 
D’abord il y eut la projection du téléfilm documentaire réalisé par Philippe Baron et diffusé pour la première fois en 2013, Le Métis de la République, qui retrace le destin tragique de Raphaël Elizé. 

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Marges et prix : les goinfreries de la grande distribution

— Par Gérard Le Puil —

hypermarketLe travail réalisé par l’Observatoire permet de voir comment s’effectue le pillage du travail des paysans et d’une bonne partie de l’industrie alimentaire par les grandes enseignes de la distribution.
Avec une marge brute de 3,39€ sur un kilo de longe de porc, Carrefour, Leclerc et des autres distributeurs tirent plus d’agent de la simple vente d’un bout de viande que les 3,13€ revenant à l’éleveur pour avoir nourri le cochon et à l’abattoir pour l’avoir tué et débité. C’est ce que révèle le dernier rapport de l’Observatoire des marges et des prix.

Le troisième rapport de « l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires » a été remis le 21 avril au ministre de l’Agriculture par Philippe Chalmin, le président de l’Observatoire. Cet organisme a été mis en place par la droite au pouvoir en 2010, pour mesurer les conséquences de la Loi de modernisation économique (LME) votée par la majorité de l’époque en 2008. La LME a donné plus de moyens aux enseignes de la grande distribution pour piller les paysans et mettre une pression permanente sur les petites et moyennes entreprises de l’industrie agroalimentaire.

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