Catégorie : Sciences Sociales
Santé, Sociologie
Un intersexué obtient le droit d’avoir la mention «sexe neutre» sur son état civil
Le tribunal de grande instance de Tours a décidé que l’état civil de cette personne intersexuée de 64 ans enregistrée comme étant de sexe masculin devra être modifié pour la mention « sexe neutre ». Une première en France.
Ni homme, ni femme. Le tribunal de grande instance (TGI) de Tours (Indre-et-Loire) a ordonné à l’état civil de la mairie de Tours de modifier l’acte de naissance d’une personne intersexuée mais enregistrée comme étant de sexe masculin pour y apposer la mention «sexe neutre», dans un jugement rendu le 20 août 2015, révèle, aujourd’hui, le quotidien 20 Minutes.
«Le sexe qui [lui] a été assigné à sa naissance apparaît comme une pure fiction (…) imposée durant toute son existence», écrit le magistrat dans son jugement que 20 Minutes a pu consulter. «Il ne s’agit aucunement de reconnaître l’existence d’un quelconque ‘troisième sexe’mais de prendre acte de l’impossibilité de rattacher l’intéressé à tel ou tel sexe», ajoute le magistrat.
Née, selon son médecin, avec un «vagin rudimentaire», un «micropénis», mais pas de testicules, cette personne souffre d’avoir été mise dans la case masculine dès sa naissance, précise 20 Minutes.
Echos d'éco
Gagner plus de 66.000 euros par an ne rendrait pas plus heureux
Angus Deaton, le «Nobel» d’économie a démontré en 2010 que l’argent fait le bonheur… jusqu’à 75.000 dollars par foyer et par an.
Pour le nouveau «Nobel» d’économie, l’argent fait le bonheur…mais pas au-delà de 75.000 dollars bruts (environ 66.000 euros) par foyer et par an. «Peut-être que 75.000 dollars est un seuil au-delà duquel des hausses de revenus n’améliorent plus la capacité des individus à faire ce qui compte le plus pour leur bien-être émotionnel, comme de passer du temps avec ceux qui leur sont chers, éviter la douleur et la maladie, et profiter de leurs loisirs», rapportaient Angus Deaton et le prix Nobel d’Économie 2002, l’Américano-israëlien Daniel Kahneman. Pour obtenir cette conclusion, les deux experts se sont appuyés sur un sondage de l’institut américain Gallup-Healtways qui a interrogé, en 2008 et en 2009, 450.000 Américains.
Cette phrase prononcée, en 2010, avait beaucoup fait parler à l’époque. Non pas en raison de la notoriété d’Angus Deaton mais parce qu’elle intervenait en pleine crise économique grecque. Il est intéressant de constater qu’aujourd’hui que cette somme de 75.000 dollars par an (soit 6250 dollars par mois) équivaut aujourd’hui à près de 5500 euros mensuels contre près de 4900 euros en 2010.
Féminismes, Santé
Rose contre Chlordécone ?!
—Par Muriel Ameller & Huguette Bellemare pour Culture Egalité —
Au milieu de cette nouvelle campagne d’Octobre Rose où l’on souligne la responsabilité des femmes dans les soins à prendre de leur santé par le dépistage du cancer du sein, nous devons, aux Antilles et particulièrement en Martinique, demander des comptes aux autorités.
Certes, une politique « d’auto-surveillance » a dû être élaborée au fil des années car la plupart des femmes qui développent un cancer du sein n’ont presque jamais connu de signes avant-coureurs. Le seul moyen de prévention accessible est le dépistage systématique et gratuit après 50 ans, par mammographie.
Cependant, est-ce suffisant ? Quoique ce cancer progresse et touche des femmes de plus en plus jeunes, ses causes ne sont jamais recherchées.
Sociologie
Quand les chemises tombent, les masques aussi
Les salariés d’Air France qui ont arraché la chemise de deux cadres dirigeants ont dévoilé bien plus que leurs torses. Ils ont ce faisant contribué à mettre en lumière la tragédie des plans sociaux qui s’imposent aux salariés. Ils ont aussi divulgué la mascarade du « dialogue social » entre « partenaires sociaux ». Quelques semaines après le vote de la loi Rebsamen sur le dialogue social et les annonces du rapport Combrexelle qui va donner lieu à une nouvelle loi début 2016, le conflit à Air France tombe bien mal pour le gouvernement.
D’une chemise, l’autre
L’acharnement politique et médiatique contre les syndicalistes et les salariés d’Air France s’explique en partie par les millions de dépenses publicitaires, dont la compagnie arrose les grands médias du pays. Il est également dû à la gêne de l’État quant aux choix très contestables qu’il fait pour maximiser les remontées de dividendes et dont il n’a pas intérêt à tenir la population informée. De fait, la part minoritaire de l’État dans Air France (300 millions d’euros) ne pèse pas grand-chose face à son rôle d’actionnaire majoritaire d’ADP (Aéroport de Paris) dont il détient 5 milliards d’euros du capital.
Santé
Drépaction Martinique 2015 : du 8 au 15 novembre 2015
Drépanositoz, sé zafè nou tout !
Le Drépaction s’installe en Martinique !
La drépanocytose : cette pathologie méconnue due à une anomalie de l’hémoglobine a le triste privilège d’être la maladie génétique la plus répandue dans le monde et aussi la plus mal connue. Elle touche, en Martinique, 2 000 malades et plus de 40 000 porteurs sains avérés, c’est-à-dire des transmetteurs.
Sur le plan national, 1 enfant naissant sur 2 546 est atteint par la forme la plus grave de ce fléau. Conséquences : une morbidité excessive et des crises extrêmement douloureuses qui plongent le malade dans un abyme de souffrance physique et morale, une espérance de vie du malade amputée au moins de 30 ans et un absentéisme récurrent pour les écoliers et les salariés…
La drépanocytose est galopante et en dehors des populations dites à risque, de par le métissage, elle commence à concerner tout le monde. Elle a été classée en quatrième priorité de santé publique et une journée mondiale lui a été consacrée. Pourtant, on en parle peu et la maladie continue de faire des ravages.
Sociologie
Le secteur culturel générateur de croissance
— Par Christian Boutant, délégué régional SACEM président de la commission Culture du CCEE (Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement) —
Il convient de situer le marché de la consommation des biens culturels, artistiques et les loisirs de manière plus général comme facteur d’activation, de cohésion sociale, d’un nouveau comportement sociale et civique propice à un apaisement et à un développement complet et efficace.
Le « coup de gueule » de l’organisateur d’évènements Michael LETON à la suite des mésaventures qu’il a connues pour ses soirées musicales et dansantes à l’hôtel des Trois Ilets est un élément d’importance.
Nous avons pris le parti de ne pas considérer cela comme un mini-événement qui alimente le temps du buzz les rédactions , mais de considérer qu’il s’agit d’un nouveau point de départ d’une formulation de questions et de problématiques sur le sujet .
Loin de nous l’idée de cautionner toutes éventuelles dérogations aux obligations auprès des autorités , en l’occurrence auprès de la municipalité car il demeure anormal celle – ci ne soit pas informée au préalable d’un tel événement sur son territoire.
Féminismes, Parutions, Sociologie
Comment devient-on un homme ?
— Par Lucile Quillet —
L’historienne Anne-Marie Sohn a décrypté 200 ans de construction de l’identité masculine dans le livre La Fabrique des garçons. Entretien.
Un an après la parution de La Fabrique des filles (1), les éditions Textuel récidivent avec le pendant testostéroné de leur étude des stéréotypes genrés. Dans La Fabrique des garçons (2), l’historienne Anne-Marie Sohn décrypte les mécanismes fondateurs de l’identité masculine dans l’éducation des petits garçons. Car les hommes ne naissent pas hommes, ils le deviennent. Entretien.
Lefigaro.fr/madame. – On entend beaucoup parler des stéréotypes dont souffrent les femmes, mais peu de ceux qui concernent les hommes. Pourquoi ce silence ?
Anne-Marie Sohn. – Même s’ils s’interrogent sur eux-mêmes, les hommes parlent peu de leurs stéréotypes. Seulement une poignée d’hommes, qui se disent féministes, récusent à haute voix les traits de la domination masculine. On remet difficilement ces clichés en question car le masculin fait figure d’universel, son identité semble naturelle. Grammaticalement déjà, on utilise le masculin pour définir l’humanité toute entière. La construction de la masculinité a transformé la culture en nature. Aussi, les processus de fabrication des garçons sont moins visibles que ceux des filles.
Sociologie
« Mémoire et oubli » : l’intervention de Stéphan Martens à « Tous créoles »
Intervention de Stéphan Martens, ancien recteur de l’académie de la Guadeloupe, à l’occasion de la présentation de son livre Mémoire et oubli (Presses Universitaires du Septentrion, 2015)
À l’invitation de l’association « Tous Créoles ! »,
Fort-de-France, le 3 octobre 2015
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Merci pour votre invitation et votre accueil à l’occasion de la sortie de l’ouvrage Mémoire et oubli, Controverses de la Rome Antique à nos jours, que j’ai codirigé avec Michel De Waele, professeur d’histoire à l’Université Laval Québec.
En raison de l’histoire, ce sujet est bien sûr particulièrement prégnant dans les Antilles. Aimé Césaire expliquait, à juste titre, qu’un « peuple sans mémoire est un peuple sans avenir », ce que l’historien Georges Bensoussan, responsable des éditions du mémorial de la Shoah, a traduit, à propos de l’histoire de l’esclavage, en déclarant : « Pour tourner la page il faut la lire avant ». Alors, pour permettre aux nouvelles générations de (re)construire un « vivre ensemble », il faut leur donner les moyens de comprendre ce passé.
Je n’aborderai pas aujourd’hui en détail les contributions de l’ouvrage, mais tenterai brièvement de tracer quelques pistes de réflexion avant de laisser place au débat avec vous.
Santé
Au Venezuela, la santé publique s’écroule
Le fleuron de la politique sociale d‘Hugo Chavez n’a pas résisté à la crise et à la corruption
— Par Marie Delcas —
Sous le soleil de midi, -Emilia Lares, 72 ans, fait la queue depuis quarante minutes, devant la pharmacie de la place d’Altamira, dans l’est résidentiel de Caracas. » Mes réserves d’insuline s’épuisent « , explique-t-elle, angoissée. Tous ses amis malades sont dans le même état, » qu’ils souffrent d’hypertension, de problèmes cardiaques ou de cancer « .
Sa voisine âgée de 24 ans s’inquiète, elle, pour sa pilule » de plus en plus difficile à dénicher « . Les préservatifs ont depuis longtemps disparu des rayons. Selon la Fédération pharmaceutique vénézuélienne, le déficit de médicaments atteint 70 % des besoins du pays. Le secteur santé est au bord du coma.
A l’autre bout de Caracas, dans le quartier populaire de Coche, -Geomar, 19 ans, se remet de son opération. A l’aube, ce samedi-là, il s’est présenté au service des urgences avec deux balles de 9 mm logées dans la cuisse droite. » L’ambulance qui aurait dû l’emmener vers un hôpital mieux équipé a tardé pendant cinq heures.
Parutions, Sciences Sociales
« Qu’est-ce qui nous unit ? », de Roger-Pol Droit
Une recension de Marc Knobel, Historien, Directeur des Etudes au CRIF
Nos sociétés se déchirent. Polémiques, affrontements innombrables, violences, destructions, désolations, petitesses en tout genre, opposant les uns aux autres, des guerres dévastatrices, la terreur et le terrorisme, jusqu’aux décapitations. Ce sont toutes les images quelquefois horribles d’une humanité qui semble désincarnée, presque déshumanisée.
Cette omniprésence du conflit dans nos vies a achevé de nous convaincre que ce qui nous divise est désormais plus fort que ce qui nous unit.
C’est ce dernier versant, celui du lien humain, qu’a choisi d’explorer le philosophe Roger-Pol Droit.
Qu’est-ce qui nous unit? (Plon, 2015) La question est urgente, elle est aussi pertinente.
Roger-Pol Droit explore alors brillamment et (nous) interroge, qu’est-ce que ce « nous » dont les contours sont brouillés, dont les contours sont à explorer, parce que les conflits et les affrontements jalonnent notre présent.
C’est ainsi, pour reprendre l’actualité la plus récente que les murs et les barbelés érigés pour empêcher les migrants de frapper à la porte de l’Europe font douter de la solidarité, des émotions et de la souffrance qu’il est possible de partager.
Education Formation
Atelier d’étude du créole martiniquais 2015-2016
Sous l’égide du Centre International Recherches Echanges Coopération Caraïbes Amériques (CIRECCA), animé par l’écrivain Daniel Boukman, l’atelier d’étude du créole martiniquais 2015 – 2016 ouvre ses portes.
Cet atelier aura lieu sur le Campus de Schoelcher, de 18h 30 à 19h 45, une fois par semaine, à l’exclusion du samedi et du dimanche.
L’atelier comprendra trois niveaux
*niveau 1: s’adresse aux débutants non créolophones optant pour une initiation au créole martiniquais.
*niveau 2: est destiné aux créolophones natif-natal ou d’adoption ayant une connaissance basique du créole martiniquais.
*niveau 3: concerne les créolophones natif-natal ou d’adoption ayant une connaissance et pratique suffisantes du créole martiniquais.
En fonction de ces niveaux, les différents aspects du fonctionnement du créole martiniquais seront traités : graphie, lexique, grammaire, syntaxe ; analyse, production de textes, étude sémantique, stylistique.
Pour de plus amples informations, à contacter
cireccamartinique@gmail.com
beaba972@gmail.com
0596 61 85 62 0696 94 32 20
Echos d'éco
L’évasion fiscale des multinationales a encore de beaux jours devant elle
L’OCDE a publié aujourd’hui les résultats de son plan d’action pour lutter contre les pratiques d’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices des entreprises multinationales (ou plan BEPS – Base Erosion and Profit Shifting en anglais). Les 15 points de ce plan d’action devraient être formellement adoptés par les ministres des finances du G20 au Pérou cette semaine.
Les organisations de la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires, impliquées dans le suivi du projet BEPS expriment leur déception face au document présenté par l’OCDE. Selon elles, l’objectif initial de réformer les règles du système fiscal international pour« que les entreprises multinationales paient leurs impôts là où les activités économiques sont effectuées et là où la valeur est réellement créée » n’est pas atteint :« La réforme BEPS n’empêchera pas les entreprises multinationales de se jouer des règles fiscales pour échapper à l’impôt. Les leçons n’ont pas été tirées des derniers scandales d’évasion fiscale comme Luxleaks, qui pourront continuer à se reproduire » regrette Manon Aubry, responsable de plaidoyer justice fiscale et inégalités à Oxfam France.
« Si les pays de l’OCDE avaient vraiment voulu réformer le système fiscal international, ils auraient examiné plus en profondeur les méthodes qui visent à répartir entre les différents pays les bénéfices des multinationales en fonction de l’activité réelle de ces dernières.
Sociologie
Syriens, nou kontan wè zot !
— Par Roger de Jaham —
Devant l’afflux massif de réfugiés en Europe, la plupart des pays se sentent étouffés, pris au dépourvu, piégés, sans réponses adéquates, en position instinctive de rejet. La République fédérale d’Allemagne (RFA), au contraire, a été prompte à saisir tout le profit à long terme qu’elle pouvait espérer de cette immigration.
Sans nier la dimension humanitaire de sa vision (Angela MERKEL est issue de l’Allemagne de l’est et donc sensibilisée aux souffrances humaines imposées par la dictature du communisme), la chancelière s’est en effet rapidement aperçue que d’accueillir ces malheureux réfugiés par centaines de milliers constituerait une chance unique pour son pays. Car si rien n’est fait, après avoir culminé à 82,5 millions d’habitants en 2003, la population allemande chutera à 79,8 millions en 2017, puis à 70,8 millions en 2040 (c’est seulement dans 25 ans). La faute à un indice de fécondité particulièrement faible et à une immigration insuffisante pour le compenser. À quoi s’ajoute le vieillissement de la population, puisque de 27% en 2013, les plus de 60 ans représenteront 37% en 2040.
Cette décroissance de la population, couplée au vieillissement démographique, aggravent évidemment le poids des retraites.
Politiques
Sa la CTM pé poté ba nou ?
Contribution au débat
Proposée par le Conseil National des Comités Populaires.
Peut-on croire sérieusement que la CTM (collectivité Territoriale de Martinique) qui sera effectivement installée au lendemain des élections de Décembre, quelle que soit l’équipe qui en arrivera aux commandes, sera en mesure de porter solutions aux énormes difficultés que nous connaissons ? Non ! Absolument non ! Pourquoi, dans ces conditions, des personnes se battent-elles avec tant d’acharnement pour en prendre le contrôle ? Cela vaut-il que notre peuple s’y intéresse ?
Nous souhaitons, à travers cette « contribution au débat », porter des éléments de réponse à ces questions. Mais, plus globalement, notre objectif est de dépasser les polémiques centrées sur la CTM, pour nous pencher sur la question essentielle : « Comment nous donner réellement les moyens de connaître une vie meilleure ? »
Notre objectif à tous est, sans nul doute, de nous donner les moyens de changer en mieux notre vie. La question est donc de savoir si la CTM (collectivité territoriale de Martinique) qui sera installée en Décembre peut être une institution nous permettant d’atteindre ce but.
Féminismes
Les Femen vont-elles trop loin ?
— Par Catherine Vincent —
Qui ne les a jamais vues, à la télévision, dans les journaux, sur les réseaux sociaux ? Seins nus barrés d’un slogan, les Femen s’imposent là où on ne les attend pas. Le 12 septembre, c’était à Pontoise (Val-d’Oise), où se tenait un Salon musulman consacré cette année à la femme. Deux militantes ont fait irruption à la tribune, avec, peint sur leurs torses : « Personne ne me soumet, personne ne me possède, je suis mon propre prophète », avant d’être violemment évacuées de la scène. Très médiatisé, l’événement était en cohérence avec le combat de ces activistes contre le patriarcat et les religions, qu’elles estiment constituer « un formidable outil de domination » masculine. Etait-il pour autant efficace ? En s’attaquant frontalement à la religion musulmane, les Femen n’attisent-elles pas la flamme xénophobe du Front national ? Plus globalement, la radicalité « sextrémiste » des Femen sert-elle le féminisme, ou peut-elle devenir contre-productive ?
En termes de visibilité, leur succès est indéniable. Depuis 2009, date de leur première manifestation seins nus, en Ukraine, contre la pornographie en ligne, les Femen n’ont cessé de grandir.
Parutions, Sciences Sociales
L’humanité au pluriel : la génétique et la question des races
— Par Simone Gilgenkrantz —
Fils de…
Fils de bourgeois ou fils d’apôtre
Tous les enfants sont comme les vôtres
Fils de César ou fils de rien
Tous les enfants sont comme le tien
Jacques Brel (1967)
Le nouveau livre de Bertrand Jordan, L’humanité au pluriel – La génétique et la question des races, tombe à pic [1]. Et ceci n’est pas dû au hasard. Comme il existe des « lanceurs d’alerte », on trouve parmi les scientifiques des « veilleurs » qui, patiemment, au fil des livres qu’ils écrivent, jettent un éclairage lucide et clair sur les mirages et les pièges tendus au grand public par les acquis des sciences biologiques. La génétique n’en manque pas et Bertrand Jordan est de ceux-là.
À l’heure des tests ADN en vue du regroupement familial, au moment où la génétique va devenir personnelle [2] et où chacun voudra connaître son génome – comme on s’est appliqué récemment à établir son arbre généalogique -, au moment où s’accomplit le projet HapMap, qui recense à travers le monde les variations courantes dans la séquence de l’ADN de toutes les populations humaines du globe, il fallait bien qu’un généticien revisite la question des races, malgré tout ce qu’elle charrie derrière elle de stigmatisation, de haine et de tabous.
Ecologie
Péyi nou sé pa an pak cochons !
— Par Roger de Jaham —
Jeu des erreurs : quelle différence y aurait-il entre ces deux photos ? Aucune ! À part le fait qu’elles ont été prises à près de trois mois d’intervalle.
Le 6 juillet 2015, j’avais adressé un message à la direction de l’Environnement et du Cadre de vie de la Communauté d’agglomération de l’Espace-sud Martinique, avec la première photo, pour dénoncer le fait que la déchèterie de la pointe Courchet au François ne disposait plus de panneau de signalisation, celui-ci ayant été « enlevé à Pâques par des pêcheurs de crabes pour faire des ratières », m’a-t-on avoué sur les lieux…
L’Espace-sud m’a chaleureusement remercié pour ce signalement, puis a transféré mon message « à la personne en charge de la gestion des déchèteries ». La seconde photo permet de penser que depuis juillet 2015 cette personne est en congé administratif, ou encore en congé de maladie, ou de maternité, ou encore en grève, puisque près de trois mois après, la signalisation de cette déchèterie n’a toujours pas été remplacée !
Nous nous plaignons souvent du manque de civisme de certains, qui jettent leurs déchets n’importe où, détériorant ainsi gravement notre environnement.
Politiques
Lettre ouverte à Nadine Morano
— Par Nicolas Huguenin* —
Madame,
Je n’ai pas regardé votre prestation télévisuelle hier soir. Je sortais d’un concert où de magnifiques artistes avaient interprété des œuvres de Liszt, de Brahms et de Chopin, et, après tant de beauté sonore, l’idée de vous entendre débiter vos âneries avec une voix de poissonnière lepénisée me répugnait légèrement. Non, complètement, en fait. Mais ce matin, j’ai quand même pris sur moi et j’ai regardé huit (longues) minutes de votre intervention. Et permettez-moi de vous dire, madame, que la maladie dont vous souffrez – dite « maladie de la bouillie de la tête » – vous fait dire n’importe quoi.
Vous parlez de « race blanche » et de religion, en associant l’une et l’autre. Passons sur le fait que la « race blanche » n’existe pas, et que plus personne n’en parle depuis que les derniers théoriciens nationaux-socialistes ont été pendus à Nuremberg. Mais associer une religion à une couleur de peau, là, il fallait le faire ! Les Albanais sont blancs et musulmans. Desmond Tutu est noir et chrétien. Le pays musulman le plus peuplé du monde est l’Indonésie, habitée par… des jaunes.
Education Formation
Le conflit du Séminaire Collège : atypique ou emblématique?
— Par Philippe Pierre-Charles, secrétaire général de la CDMT —
Le conflit qui a secoué l’établissement privé catholique n’a pas défrayé la chronique à cause de son ampleur ou de sa durée, mais au contraire du fait de sa rareté et de questions liées aux particularités de ce type d’établissements, à leurs rapports avec l’inspection académique d’un côté, et avec la hiérarchie de l’église de l’autre.
L’origine de l’affaire est somme toute assez banale. Une directrice plus jeune et moins expérimentée que des enseignantes qui sont sous son autorité, non son autorité pédagogique mais apparemment son autorité administrative. Le manque d’assurance, la faible expérience en matière de management de la dite directrice sont probablement à l’origine de ce que ses supporters appellent pudiquement des “problèmes de communication” et que les victimes ont vécu comme du harcèlement moral. Tournant le dos à un usage bien établi dans l’enseignement, suivant lequel à chaque fin d’année une concertation s’établit entre collègues et avec la direction pour déterminer la répartition des classes entre maitres et maitresses, la directrice a décidé toute seule, sans réunion de l’équipe pédagogique ni justification, se contentant de proposer qu’on sollicite de la rencontrer en cas de problème.
Echos d'éco
La face cachée des soldes
Soldes du 01/10 au 11/11 2015 en Martinique
— Par Chloé Dubois —
Un rendez-vous qui n’a plus rien de magique Un documentaire ne manque pas de rappeler qu’il repose sur l’exploitation des ouvriers et la manipulation des consommateurs.
Soldes exceptionnels, rabais, promotions et autres prix cassés réinventent nos modes de consommation. En se plongeant dans le monde de l’industrie textile, Rémi Delescluse, le réalisateur de « Soldes : tout doit disparaître », passe de l’autre côté de la vitrine et s’interroge sur l’existence même de ces « produits pas chers ».
Les soldes : « un mot de six lettres, un mot magique », c’est ainsi que les soldes ont longtemps été promu à l’opinion, comme souligné dans les premières minutes du film. Très attendu par les classes populaires, ce rendez-vous a longtemps permis aux commerçants d’écouler leurs invendus, à prix bradés et même parfois à perte. Les revendeurs assuraient ainsi la visibilité de leur nouvelle collection tout en offrant la possibilité aux consommateurs de faire de bonnes affaires. Un rendez-vous qui n’a plus rien de magique – ni d’exceptionnel d’ailleurs, et dont le présent documentaire ne manque pas de rappeler qu’il repose sur l’exploitation des ouvriers et la manipulation des consommateurs.
Sociologie
Formation animateur en pratiques artistiques et solidaires
Module 2 – « Animateur en pratiques artistiques et solidaires »
Conception et gestion d’un projet d’animation à travers l’outil artistique
les 10, 12, 13, 14, 15, 16 et 17 Octobre 2015
de 09h à 13h et de 14h à 17h00
soit 49 heures
Inscription gratuite
Centre Culturel de Sonis
Rond point Ignace
97139 Abymes
Sociologie
Conférence sur « Mémoire et oubli » organisée par « Tous créoles! »
L’avenir du passé. Pour une mémoire vivante
— Par Stephan Martens (1)—
Pour Josy-Anne
De l’Afrique du Sud à la Lituanie, de l’Allemagne nazie aux États-Unis, le livre Le Mur de Mémoire d’Anthony Doerr, raconte le temps de la mémoire qui relie les personnages dans six nouvelles, tous hantés par la perte ou la résurgence du passé, et confrontés à ce manque vertigineux de ce qui a été mais n’est plus. À l’image d’Alma, une veuve septuagénaire de Cape Town, qui perdant la mémoire se fait implanter des cartouches de souvenirs dans des orifices crâniens. Elle revit ainsi les meilleurs et les pires instants de sa vie. Elle en a besoin pour continuer à vivre. Les courtes nouvelles montrent le besoin de procréer et l’importance de l’héritage de la mémoire : comme si, le présent n’étant pas rassurant, l’espoir venait par la mémoire2. La mémoire ouvre-t-elle alors la profondeur de l’existence, en recueillant les différents temps de vie, en faisant œuvre de sens pour la vie ? Il est vrai que les êtres, les choses et la nature sont toujours enveloppés de souvenirs et de significations, et les actions cachent des traces du passé.
Féminismes
An liénaj pou Lumina.
— Par George Arnauld* —
Résistance et solidarité
Le dimanche 20 septembre, sur les hauteurs de Rivière Pilote, 9 associations dont 2 d’Haïti (le GARR et le RNDDF) se sont « unies » pour une cause commune : la lutte contre le racisme, contre les injustices et contre les discriminations. Elles ont rassemblé des femmes et des hommes désireux/ses de perpétuer les luttes des insurgé-e-s et avides de connaître leur histoire afin de prendre conscience des vieux démons qui sont si présents dans nos sociétés et de les combattre.
Une marche de commémoration sur les traces de Lumina Sophie donc, que nos invitées haïtiennes ont ouverte en se réjouissant de cette rencontre entre nos pays, et en reliant cette page d’histoire aux cas des expulsé-e-s de la République Dominicaine.
Pour débuter cette manifestation, Ymelda a chanté « Rasanbleman » ce chant haïtien si émouvant que nous a fait connaître Toto Bissainthe. Ensuite, l’assemblée a interprété le chant de l’Insurrection du sud, « Gran mè gran », avec l’accompagnement des tambours de l’ADPKM.
La lecture ensuite de textes forts de Suzanne Césaire Roussi, dont nous avons marqué le centenaire, a su renforcer notre engagement et notre volonté d’agir « contre l’ombre », citons par exemple :
« Tant pis pour ceux qui nous croient des rêveurs,
La plus troublante réalité est nôtre.
Féminismes
Trop noire pour jouer avec moi
— Par Géraldine de Thoré* —
Vendredi 18 septembre, à la Mairie de Fort-de-France, sept associations, à l’initiative de Culture Égalité, ont organisés une conférence, « Droits humains et racisme, le cas de Haïti et de la République dominicaine », inscrite dans le mois des commémorations de l’insurrection du Sud, en septembre 1870.
Pourquoi lier insurrection du Sud et lutte contre le racisme ? En 1870 Lumina Sophie s’est dressée contre le racisme et les injustices qui frappaient la population noire en Martinique. En 2015, à notre porte, le racisme ordinaire est devenu racisme d’état en République dominicaine.
Cette conférence, sur fond historique, a permis à une centaine de personnes, d’entendre deux représentantes d’ONG haïtiennes, le GARR (Groupe d’Appui aux Réfugié-e-s et Rapatrié-e-s) et la RNDDH (Réseau National de Défense des Droits Humains) nous raconter la violence d’une implacable mécanique d’exclusion instituée au mépris des droits humains les plus élémentaires et des conventions internationales. Pourquoi ? « Parce ce que ces gens sont noires et pauvres », disent en cœur les représentantes du GARR et de la RNDDH.
La Martinique n’échappe pas à la règle.