— Par Collectif —
Voilà deux mois que le gouvernement ne sait plus que faire pour venir à bout d’un mouvement auquel il ne comprend rien. Après avoir usé jusqu’à la lie la rhétorique anticasseur, il inaugure depuis la semaine dernière une nouvelle stratégie afin d’écraser ce qui lui résiste. Cette stratégie consiste à isoler, sur les suggestions des services de renseignement, des «groupes organisés» constitués policièrement en «associations de malfaiteurs», puis à les accuser de faits dont on exagère la gravité afin de pétrifier tant la population que ceux qui luttent. Ainsi, on annonçait jeudi 19 mai l’arrestation à Rennes d’un groupe de 20 «casseurs», jeunes «radicalisés» appartenant à la «mouvance anarcho-autonome», une «association de malfaiteurs» qui s’apprêtait à «saboter» le métro de la ville. Renseignements pris, le sabotage en question était une action de blocage économique décidée en assemblée générale interprofessionnelle et menée de concert avec la CGT-Route qui bloquait les axes routiers en périphérie de la ville. L’«association de malfaiteurs» se réunissait dans les locaux de Sud-Solidaires et s’apprêtait, en fait, à coller des autocollants sur les composteurs de billets, voire, pour les plus extrémistes, à y introduire de la mousse expansive.
Catégorie : Sciences Sociales
Education Formation
Ecole en péril: la Guyane passe en zone d’éducation prioritaire renforcée
— Par Faïza Zerouala —
Après des semaines de mobilisation, d’annonces et de contre-annonces, de changement de recteur, la ministre de l’éducation vient d’annoncer le passage en REP+, l’éducation prioritaire renforcée, de l’ensemble de l’académie de la Guyane. Cette décision tente d’apporter des réponses à la situation catastrophique de l’éducation.
La bataille des mots a été virulente. Les uns parlaient de « malentendu », les autres de « mensonge d’État ». Depuis presque une semaine, la communauté éducative ainsi que des parents et les syndicats étaient mobilisés pour obtenir le classement de l’académie entière de Guyane en zone d’éducation prioritaire renforcée, en REP+, selon la terminologie officielle en vigueur. Le mardi 24 mai, 600 personnes ont manifesté devant le rectorat, 80 % des enseignants étaient en grève selon le porte-parole de l’intersyndicale locale.
La protestation a payé, la ministre de l’éducation nationale a expliqué le mardi 24 mai à l’assemblée nationale (visible ici à partir de 44 minutes ), après une question de Gabriel Derville, député de Guyane au nom des autres parlementaires du département, que toute l’académie passerait dès la rentrée prochaine en éducation prioritaire renforcée, à l’exception d’un collège.
Psy_choses etc., Sciences Sociales
Psychopathologie du racisme : le cas Ralf Gonflant
Un rapport presque imaginaire du docteur Nimbus
« La haine n’est qu’une défaite de l’imagination », Graham Greene.
Ralf Gonflant (le nom est changé) est venu nous consulter à la demande de la justice après avoir fait l’objet de plusieurs plaintes portant sur des agressions à caractère raciste. C’est un homme dans la force de l’âge appartenant à la classe moyenne supérieure, un intellectuel qui exerce sa profession avec succès, tout en menant parallèlement une carrière artistique qui lui a conféré une renommée dépassant le cadre étroit de l’île où il est né et où s’est déroulée toute sa carrière.
Ce patient est métissé. Psychothérapeute mais jamais auparavant confronté à la pathologie du racisme, ce fait m’a tout d’abord surpris. Il me semblait qu’un métis devait moins que tout autre succomber à ce mal. N’est-il pas lui-même, fruit de l’union de plusieurs races, l’incarnation du caractère artificiel de leur séparation ?
Parutions
Antan lontan
La Guadeloupe et la Martinique à travers les cartes postales anciennes
Par Michel Herland
La réédition de deux ouvrages de Gisèle Pineau et André Lucrèce respectivement consacrés à la Guadeloupe et à la Martinique est l’occasion d’un voyage dans le passé riche d’enseignements. Les premières cartes postales ne ressemblent en rien à celles que l’on trouve aujourd’hui sur les présentoirs des boutiques pour touristes. Pas de paysage de rêve – mer bleue, sable blond et cocotiers –, pas de fleurs exotiques, pas de pin-up plus ou moins dénudée assortie d’une légende égrillarde. Il y a un siècle en arrière, on ne connaissait pas la photographie en couleurs, ce qui rendait sans intérêt les photos de paysages ou de fleurs. Quant aux jeune femmes et dames, elles se baignaient tout habillées – comme nous le montrent, justement, les cartes postales anciennes. Celles-ci nous apportent en effet un témoignage proprement irremplaçable sur la vie de nos ancêtres. Il y avait bien, à cette époque, le journal L’Illustration, mais ce dernier couvrait surtout les grands événements ; ses reporters ne visitaient pas les coins reculés et s’intéressaient peu à la vie sans grandeur des classes laborieuses.
Education Formation, Sociologie
Ambitions pour l’histoire et la mémoire
— Par Myriam Cottias, présidente du Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage —
L’année 2016 ouvre une nouvelle décennie pour le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CNMHE). Créé en 2006, à la suite de la loi du 10 mai 2001 déclarant l’esclavage atlantique et dans l’Océan indien crime contre l’humanité, les trois comités qui se sont succédés, présidés par Maryse Condé puis Françoise Vergès et moi-même, ont ouvert des voies de réflexion mais aussi permis des réalisations très concrètes.
Récit national et reconnaissance
Plutôt que de demeurer dans le registre de l’accusation ou de la victimisation, le CNMHE, depuis 2013, a oeuvré très concrètement. Il a poursuivi son action pour faire reconnaître l’histoire de la déportation de près de 13 millions d’êtres humains et celle de l’esclavage, des esclaves non pas comme histoire marginale mais comme histoire de France, motrice de son développement économique, politique, social ; partie prenante de l’élaboration des valeurs politiques de la République française ; ciment, malheureusement, des préjugés, des discriminations et du racisme.
Faire reconnaître l’histoire, transmettre le savoir, diffuser les connaissances, valoriser les initiatives citoyennes, fédérer les différentes mémoires autour de la commémoration de l’esclavage, voilà les mots d’ordre principaux du CNMHE.
Politiques
A «l’Obs», un licenciement très politique
— Par un collectif —
A l’état d’urgence, à la déchéance de la nationalité, au 49.3, il manquait encore une vilenie pour achever le quinquennat, et la voici : la presse aux ordres. A un an de la présidentielle, le premier hebdomadaire de la gauche française, l’Obs, a brutalement décidé d’engager une procédure de licenciement à l’égard de sa numéro 2, Aude Lancelin. On a du mal à croire que les raisons de cette éviction puissent revêtir un caractère «managérial», comme s’obstine à le soutenir curieusement la direction du journal.
On lit, en effet, dans la presse qu’il y aurait eu un conflit entre la prétendue ligne de M. Croissandeau, dite «de toutes les gauches», et celle d’Aude Lancelin que certains ont voulu mensongèrement réduire à la «gauche de la gauche». Il suffit de lire les éditoriaux dudit directeur de la rédaction pour s’apercevoir que «toutes les gauches», ce sont, en fait, les seules «gauches» de Hollande, Valls et Macron…
Nous autres savons très bien, au contraire, que l’un des seuls lieux réellement ouverts à toutes les gauches dans ce journal était précisément les pages dédiées aux idées, aux interventions intellectuelles, aux débats, dont Aude Lancelin avait plus particulièrement la charge.
Echos d'éco
Dix millions de tonnes de nourriture sont gaspillées tous les ans en France
L’ensemble des pertes et gaspillages alimentaires, tous les acteurs et toutes les filières alimentaires confondus, représentent en masse 10 millions de tonnes de produits perdus et gaspillés pour l’alimentation humaine. Une partie est valorisée en alimentation animale (moins de 2 millions de tonnes, soit moins de 20% des pertes et gaspillages). Pour se comparer aux résultats de l’INRA5 ou du programme européen FUSIONS6, il faudrait les retirer.
La valeur théorique des pertes et gaspillages est évaluée à 16 milliards d’euros, soit 36% du budget dédié au paiement des intérêts de la dette française – cette valeur correspond au prix de vente des produits perdus et gaspillés à chaque étape et ne prend pas en compte les valorisations qui peuvent être réalisées par les acteurs en alimentation animale, énergie (méthanisation) ou compost. Cette valeur est théorique dans la mesure où la réduction des pertes et gaspillage pourrait nécessiter des actions ayant un coût direct (investissement, temps humain pour mettre en place des actions de réduction, communication) ou indirect (pertes d’activités pour un secteur du marché par exemple, dans le cas d’un commerçant qui diminuerait son offre pour réduire ses pertes et gaspillages) qui n’a pas été étudié.
Echos d'éco
La grande Caraïbe au cœur de l’économie maritime
— Par Max Pierre-Fanfan, Journaliste/Réalisateur, Écrivain —
L’inauguration du troisième jeu d’écluses du canal de Panama aura lieu le dimanche 26 juin 2016 en présence du président de la République de Panama, Juan Carlos Varéla, de l’administrateur du canal Jorge Quijano, de 70 chefs d’État et de gouvernements de pays étrangers. En marge de cet événement de portée mondiale, le cluster GAT Caraïbes a organisé le premier salon caribéen du transport et de la logistique du 11 mai au 13 mai au Palais des congrès de Madiana en Martinique.
Ce fut un moment historique, à marquer d’une pierre blanche. « Nous étions restés – et cela beaucoup trop longtemps – le dos tourné à la mer », a avoué le vice-président du Cluster Maritime Martinique, Alain Linise.
Avec l’ouverture de la troisième écluse du canal de Panama; ainsi que le projet du grand canal interocéanique du Nicaragua (à horizon 2020); la construction du port de Mariel à Cuba; la Grande Caraïbe se retrouve au cœur de l’économie maritime. Une révolution qui favorise le développement des activités logistiques et conséquemment, renforcera le positionnement stratégique de cette région du globe.
Politiques
L’Alliance Française de La Havane fait un tabac
— Par Michèle Jacobs-Hermès —
Le Palacio Gomes qui abrite l’Alliance française a été inauguré le 11 mai 2015 par François Hollande.
Cuba a le vent en poupe. Les touristes européens et canadiens, notamment, s’y précipitent. Au cœur de ce pays, le réseau des Alliances Françaises joue sa partition. Avec succès. L’apprentissage du français y attire de très nombreux habitants de l’île, désireux de bien accueillir les étrangers francophones.
Les jeunes, ici, sont assoiffés de culture !
Ici, le « Mes de la culture francesa » doublé du festival de « Cine Francés en Cuba » font un tabac ! Aux manettes, l’Alliance de La Havane qui fête le 1er anniversaire de sa nouvelle implantation.
François Hollande était venu en personne pour inaugurer, en 2015, le Palacio Gomez, restauré sous le regard vigilant de Eusebio Lea Spengler, le grand historien de la rénovation de La Havane. Il a été mis à disposition par le gouvernement cubain pour devenir le siège principal de l’Alliance française dans la capitale. Le Président de la République française avait alors déclaré, carrément, que le bâtiment était
« la plus belle Alliance au monde » !
Ecologie
Le frein au développement du Nord-Caraïbe
— Par Florent Grabin, pour l’association PUMA —
Qu’attend-on pour soulager les usagers du Nord-Caraïbe, et faciliter le développement économique de cette côte ?
La CTM, les mairies de Case-Pilote et Schoelcher pourraient dès à présent prendre en charge une étude de faisabilité assurée par des techniciens chevronnés, moyen peu onéreux et rapide afin de pouvoir s’engager au plus vite dans la phase réalisation.
Il existe actuellement trois possibilités qui permettront de faire un choix pour faciliter la vie des riverains de ce secteur et la libre circulation des automobilistes.
1ère proposition, le viaduc
En ce qui concerne »le serpent de mer » de la traversée de Fond-Lahaye il y a un gros dysfonctionnement persistant dans nos instances locales.
Depuis de très nombreuses années on veut faire fantasmer la population sur un ouvrage exceptionnel dont l’évaluation financière seule fait frémir et toujours reculer la prise en compte. Il n’a manifestement toujours pas été étudié pour en traiter tous les aspects plus que délicats : un viaduc en bord de plage avec des camions à plus de 20 mètres au-dessus habitats : que de contraintes!
Education Formation
Nous jeunes Martiniquais, Américains, Français et Européens…
— Par les élèves de Terminales littéraires du lycée Joseph-Zobel de Rivière-Salée —
« Il n’est plus possible de fermer les yeux »
Ainsi vit la terre, les hommes l’habitent, l’utilisent, et la brisent. Tandis que le libéralisme arrive à son stade ultime, les biens communs, eux, rencontrent leurs échéances. Ces biens par nature inaliénables : l’eau, la terre et les semences, Patrimoines de l’Humanité, sont, sous la pression du libéralisme, de l’exaltation du pouvoir et de la recherche obsédée du profit, happés par le marché. Avec la complicité du politique, il se donne le droit de faire de chaque être naturel, vivant et culturel une propriété privée.
Aujourd’hui cette question s’impose comme l’une des plus importantes du monde actuel, suite à de nombreuses réflexions philosophiques et morales sur la problématique du vivant et le devenir de l’humanité. Il n’est plus possible de fermer les yeux et de passer outre la question des OGM et du brevetage du vivant. Bien trop de citoyens ne se voient pas offrir l’occasion d’être informés sur les jeux de convoitises et d’appropriation du vivant ainsi que les enjeux qu’ils suscitent sur l’avenir du monde.
Politiques
Parlementaires martiniquais et Loi-Travail
Tribune – GRS – Philippe Pierre-Charles & Jacqueline Tally |
Ainsi donc il suffisait d’attendre un peu. La CDMT dans les premières semaines du débat sur la « loi travail » avait invité tous les Parlementaires martiniquais à venir s’exprimer dans un rassemblement de travailleuses et travailleurs à la maison des syndicats sur ce sujet. La même CDMT, lors d’une rencontre avec Mr Yann Monplaisir, à l’initiative de ce dernier au nom de la CTM, avait demandé à connaître la position de cette institution sur la fameuse loi. Aucune réponse n’est venue ni de la majorité, ni de l’opposition, ce qui est soi un bon début de réponse !
C’est la proposition d’une motion de censure de la gauche du PS contre le gouvernement, qui a permis de déduire les positions des députés au delà des rumeurs n’allant d’ailleurs pas dans le même sens. Ignorons ceux-ci et tenons nous au fait : Serge Letchimy et Bruno Nestor Azérot ont refusé de signer la dite motion. Alfred Marie-Jeanne et Jean-Philippe Nilor l’ont signée.
On sait que cette motion présentée par l’aile gauche des socialistes n’avait guère de chance d’être votée, mais avait au moins le mérite de rendre palpable, enfin, la position des uns et des autres : entre la solidarité avec les travailleurs mobilisés contre la loi, et la défense inconditionnelle d’un gouvernement anti-ouvrier.
Politiques
PS : Ce n’est pas à une instance éthique de régler un problème politique
— Par un collectif de députés socialistes —
Nous étions cinquante-six députés de gauche et écologistes à signer ce mercredi 11 mai un projet de motion de censure afin d’exprimer notre opposition à la loi Travail, élaborée à contresens de nos engagements et qui produit une profonde fracture dans notre pays.
Le Premier secrétaire de notre parti a saisi la Haute autorité éthique afin d’examiner cette situation inédite. Ainsi choisit-il de traiter devant une instance éthique un problème politique grave.
Nous sommes fondés à nous étonner de cette « judiciarisation » du débat politique. Il serait plus conforme à notre démocratie de discuter devant le prochain conseil national des raisons qui conduisent de nombreux socialistes à agir ainsi en conscience et en responsabilité.
Nos désaccords doivent être clairement exposés :
– un projet de loi voulant réformer le code du travail provoque une tension dans la société française qui n’a pas d’équivalent depuis 1981 dans les périodes où la gauche est au pouvoir. Des mouvements sociaux se multiplient contre cette loi et s’installent dans la durée. Dans le même temps, des actes de violences inacceptables se produisent à travers le pays.
Education Formation, Politiques
Au secours papa blanc
—Tribune de Thierry Renard pour le Front de Gauche —
Le problème du transfert du lycée Schœlcher est arrivé maintenant au niveau étatique. Cette information nous a été donnée de façon si naturelle que l’on pense que cette ingérence est normale. Il n’en est rien.
Avant les élections de la CTM, il aurait été impossible aux représentants de l’État de s’immiscer dans les affaires relevant des compétences de la Région Martinique.
Depuis la loi de décentralisation de 1982, la compétence pour le bâti des lycées a été transférée aux Régions. Ce sont donc les Régions qui sont les seules habilitées à décider où elles veulent implanter des lycées, qu’ils soient de transit ou non. Alors, que se passe-t-il chez nous ?
Il faut savoir que depuis la loi du 27 juillet 2011 qui crée la CTM, on nous fait croire que nous aurons plus de pouvoir de décision. Décider nous même, pour nous même. C’est la base d’une certaine autonomie que l’on nous a vendu le 24 janvier 2010.
Or, ce que l’on a omis de dire à la population, c’est que dans le texte créant la CTM, on a donné au représentant de l’Etat, « Monsieur le Préfet », un pouvoir de Gouverneur.
Santé
Virus Zika: un premier décès en Martinique
Un premier décès dû au virus Zika a été enregistré en fin de semaine dernière en France, avec la mort d’un octogénaire en Martinique.
Un premier décès lié au virus Zika a été enregistré en fin de semaine dernière en Martinique, a-t-on appris vendredi auprès de l’Agence régionale de santé (ARS) de l’île. Selon un communiqué de l’ARS, « le patient, âgé de 84 ans, était hospitalisé depuis une dizaine de jours en réanimation pour un syndrome de Guillain Barré ».
Cette annonce fait suite à une expertise rendue le 18 mai par les cliniciens qui ont suivi ce patient, en vue d’évaluer les causes de ce décès. Les cliniciens ont conclu « que le décès est directement lié au Zika avec pour cause initiale un syndrome de Guillain-Barré associé au Zika », a précisé l’ARS.
Une « stabilité » dans l’évolution de l’épidémie
« Ce décès est le seul enregistré depuis le début de l’épidémie en Martinique », selon le communiqué. Dix-neuf patients atteints par un syndrome de Guillain-Barré et confirmés biologiquement ont été enregistrés en Martinique depuis le début de l’épidémie.
Politiques, Sociologie
« Les intellectuels se terrent, ils se taisent »
— Par Livie Pierre-Charles * —-
Telle est la remarque faite par un écrivain célèbre de chez nous, parue dans le quotidien France Antilles du 09 avril dernier. Plus tard, dans l’édition du 16 avril de ce même quotidien, une universitaire déclare : « Nous vivons aussi une crise intellectuelle ».
Mais qu’est ce qu’un intellectuel?
« C’est une personne qui a un goût affirmé pour les activités de l’esprit », nous précise LE LAROUSSE. Ces activités de l’esprit se ramènent pourrait-on dire à la production d’idées.
Dans son célèbre ouvrage intitulé « La cabale des dévots », Jean François REVEL, philosophe contemporain présente les intellectuels comme une caste dite « supérieure », en tout cas différente du commun des mortels, en ce qu’elle créée et manie avec une remarquable aisance des concepts qui se solidifient en théories, lesquelles inspirent des comportements individuels autant que des « croyances » de masse.
A l’image de l’honnête homme du 16ème siècle, l’intellectuel se pose en homme cultivé, ayant des lumières de tout, un éclaireur du peuple en quelque sorte avec comme outil essentiel, l’étendue de ses connaissances –livresques la plupart du temps.
Sociologie
Réparation oui, réconciliation encore plus…
—Par David Macaire, archevêque de la Martinique —
L’égise et la question de l’esclavage(1)
L’Eglise s’est toujours intéressée au sujet! Et bien avant l’époque contemporaine. Il y a eu des chrétiens propriétaires d’esclaves, mais jamais les papes n’ont officiellement autorisé et justifié l’esclavage. Pendant et après l’esclavage, les Eglises chrétiennes de tout le continent américain ont été quasiment les seules institutions à prendre en charge, éduquer, soigner, émanciper les esclaves et leurs descendants. C’est pour cela que les peuples ont fait corps avec leurs Eglises. Combien de religieux et de religieuses ont donné leur vie pour cela! ? J’en ai moi-même connus. Je trouve d’ailleurs dommage que l’on ignore, dans l’Histoire officielle, le courant anti-esclavagiste qui a existé dans l’Eglise tout au long de la traite négrière, c’est-à-dire dès le début. Et qui a porté des fruits. En 2012, en publiant la biographie du Père Gaston Jean-Michel, avec l’historien Gilles Danroc, nous avons tenu à faire mémoire des hommes et des femmes d’Eglise qui ont su se montrer « anti système » , au prix d’âpres combats, parfois au prix de leur vie.
Echos d'éco, Politiques
Salaire des patrons: l’appel des 40 au CAC 40
— Collectif —
Parce que nous vivons une période inédite dans l’histoire du capitalisme contemporain. Alors que, dans les années 60, les rémunérations des PDG représentaient 40 fois le salaire moyen pratiqué dans les plus grandes entreprises américaines, cet écart a explosé pour atteindre aujourd’hui plus de 200 au sein de ces dernières et 120 dans les sociétés françaises.
Parce que le gouvernement a fait en 2013 le pari de l’autorégulation et que celui-ci a échoué. Rien qu’en 2015, la rémunération totale des patrons du CAC 40 a augmenté entre 5 % et 11 % selon les évaluations, pour atteindre un montant moyen de 4,2 millions d’euros par an, soit 240 Smic.
Parce que le principal argument patronal pour justifier de telles pratiques – celui d’un marché mondial des très hauts dirigeants qui nécessiterait un alignement des salaires par le haut – n’est corroboré par aucune étude économique sérieuse et aucune réalité concrète.
Parce que plusieurs institutions internationales, comme l’OCDE et le FMI, s’alarment depuis plusieurs années du poids croissant des inégalités et de leurs conséquences négatives sur le potentiel de croissance de nos économies occidentales.
Cinéma, Parutions
« Les Noirs dans le cinéma français », une étude pointue de Régis Dubois
Cet ouvrage poursuit deux objectifs. D’une part analyser l’image du « Noir » et son évolution dans l’imaginaire cinématographique français depuis un siècle. D’autre part, mettre en lumière la présence des Noirs et Métisses dans le cinéma hexagonal depuis les premières vues des frères Lumière jusqu’au triomphe d’Intouchables, en évoquant notamment les rôles interprétés par Josephine Baker, Habib Benglia, Darling Légitimus, Robert Liensol, Isaac de Bankolé, Firmine Richard, Jacques Martial, Alex Descas, Mouss Diouf, Aïssa Maïga, Edouard Montoute, Stomy Bugsy, Eriq Ebouaney, Joeystarr ou Omar Sy.
Ce livre consacre par ailleurs un chapitre au « cinéma noir français » pour essayer de comprendre pourquoi et comment s’est constitué un cinéma identitaire, pour ne pas dire communautaire, réalisé par des cinéastes afro-ascendants depuis une trentaine d’années.
Un dictionnaire regroupant les principaux acteurs et réalisateurs concernés parachève ce projet.
Régis Dubois est enseignant en histoire du cinéma et a déjà publié de nombreux ouvrages sur le 7e art, dont Images du Noir dans le cinéma américain blanc (L’Harmattan, 1997), Le Cinéma des Noirs américains, entre intégration et contestation (Le Cerf/Corlet 2005), Une histoire politique du cinéma (Sulliver, 2007) ou Hollywood, cinéma et idéologie (Sulliver, 2008).
Les chroniques de Jean-Marie Nol
Douze défis majeurs pour la Guadeloupe et la Martinique
— Par Jean-Marie Nolarie Nol, économiste financier —
Petit bréviaire des 12 défis majeurs à relever pour la Guadeloupe et la Martinique dès 2017 mais à l’horizon 2025 .
« Le bon sens a de l’avenir ! » proclame la publicité d’une banque. Mais à quel horizon ?
L’exercice de prospective n’est pas des plus aisés. Il est pourtant indispensable. S’essayer à imaginer l’avenir économique de la Guadeloupe et de la Martinique à dix ans permet de dépasser la navigation à vue qui est trop souvent synonyme de manque de stratégie et d’idées fortes. Parmi les déterminants de la croissance de long terme, plusieurs éléments méritent un intérêt particulier car, souvent, ils tranchent avec des croyances bien établies dans les milieux des décideurs économiques et surtout politiques.
…. Quels sont ces 12 nouveaux défis de la Guadeloupe et surtout de la Martinique ?
1) – Le défi de l’occidentalisation du mode de vie
L’alimentation de la Guadeloupe et de la Martinique n’ est plus majoritairement traditionnelle .
S’agissant du niveau d’activité physique, une étude note qu’il est «peu élevé » chez les hommes mais « particulièrement bas » chez les femmes.
Education Formation
Outre-mer : Près d’un jeune sur trois illettré ou quasi illettré
— Source AFP —
Cette étude dévoilée mercredi 18 mai met en lumière un problème social souvent passé sous silence en France. Après avoir soumis 770 000 Français de toutes régions, âgés de 16 à 25 ans, à plusieurs tests, les responsables du programme au sein de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) ont découvert que près d’un jeune sur dix éprouve des difficultés de lecture et 4,3 % sont en situation d’illettrisme. Cette cellule rattachée au ministère de l’Éducation a profité de la Journée défense et citoyenneté pour mener cette étude. La fréquence des difficultés est plus prononcée dans les départements du Nord, entourant l’Ile-de-France ou plus encore en outre-mer et les garçons sont plus concernés que les filles.
Quelque 9,9 % des jeunes gens testés en 2015 présentent de « très faibles capacités de lecture » ou « des difficultés sérieuses » (4,3 %). Ces 4,3 % « peuvent être considérés en situation d’illettrisme », selon les critères de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme. Ils se caractérisent par « un déficit important de vocabulaire ».
Parutions, Sociologie
Les résistances à l’esclavage en Guyane XVIIe-XIXe siècles
— Par Jacqueline Zonzon, Sarah Ebion, Lydie Ho Fong Choy Choucoutou, Sidonie Latidine —
Fidèle à son projet d’œuvrer pour la diffusion du savoir historique, l’Association des professeurs d’histoire-géographie de Guyane (aphg-g), en partenariat avec le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement (ccee) de Guyane et le soutien du Rectorat Guyane et de la Région Guyane, organise la deuxième édition du concours du Jeune historien guyanais. Il s’adresse aux élèves des écoles primaires, des collèges et des lycées de l’académie de Guyane.
Cette initiative vise à s’inscrire tout naturellement dans les deux missions de l’institution scolaire : la transmission des connaissances et l’éducation à la citoyenneté, telles que nous les avons développées lors du premier concours en 2013-2014.
La deuxième édition du concours du Jeune historien guyanais porte sur les résistances à l’esclavage en Guyane, du xviie au xixe siècle. Cette thématique vise à faire découvrir un aspect méconnu de l’histoire l’esclavage, et à montrer que la lutte pour la reconquête de la liberté est universelle.
Ce dossier pédagogique est un outil dans lequel l’enseignant trouvera des documents écrits propres à la Guyane – conservés dans les archives guyanaises et hexagonales – et une iconographie empruntée à l’aire de l’Amérique des plantations.
Sociologie
Sortons des clichés à propos de Nuit debout
—Collectif de chercheurs en sciences sociales —
Un collectif de chercheurs a réalisé une enquête place de la République pour mieux connaître les participants. Les résultats font mentir les idées reçues, notamment sur l’entre-soi supposé du mouvement
Sur Nuit debout, on a tout entendu : « La moyenne d’âge est de 25 ans », « un entre-soi de bobos parisiens », « aucun vrai prolétaire », mais « une bourgeoisie blanche urbaine », »des SDF et des punks à chien qui boivent de la bière », »un rassemblement d’étudiants déclassés, de militants de l’ultra-gauche et de semi-professionnels de l’agitprop »… Ces énoncés, souvent tranchants, mobilisent des catégories toutes faites, disent quoi penser, clament ce que le mouvement est, doit ou ne doit pas devenir, hiérarchisent les endroits ou les moments de la place, le « vrai » et le » faux » Nuit debout. On plaide ici pour une autre approche : commencer par établir les faits, en enquêtant collectivement.
Depuis les premiers jours de Nuit debout, une trentaine de chercheurs se sont relayés à Paris, place de la République. Nous y avons travaillé durant six soirées, entre le 8 avril et le 13 mai, de 17 heures à 22 h 30.
Politiques
Que recherche « l’ami » Manscour ?
—Par Jean-Claude Duverger —
J’aurai pu ne pas répondre, ignorer complètement les dires et écrits du député européen. Seulement, ma qualité de chef de file d’un groupe composé de 18 élus (que certains trouvent trop sages, trop tolérants, trop permissifs.), m’impose d’interroger ce flirt étrange qu’engage Monsieur Manscour qui veut s’apparenter à une posture politique. Monsieur le député européen, jusque-là considéré comme un ami – même si pendant les 5 dernières années où Serge Letchimy letchimy a été violemment attaqué sur sa personne, sa famille, sa politique… cet « ami » n’a jamais levé son petit doigt pour venir au secours d’EPNM et du coup de l’éminente socialiste qu’est @Patricia Telle – donc tout au moins à un sympathisant, me fait penser en lisant sa tribune à une chanson que nous avons tous fredonné : « préféré ou ni afè épi ènmi’w… »
En effet, quelle mouche l’a piqué au point d’interrompre son sommeil et sa léthargie le rendant aussi chimérique ?
Mais revenons au contenu de ce qui se veut être une « analyse ».
Mr le Député découvre que : « Les martiniquais aspirent à un climat politique apaisé… » De ce qui est une évidence, il en fait une pensée profonde.
Sociologie
Voile, une antique aliénation!
— Par Mohamed KACIMI —
Quand on connaît le peu de concessions ou d’attention accordées par la classe politique, de gauche comme de droite, à la communauté musulmane de France, on est surpris par sa délicatesse, sa prévenance et son souci de la rhétorique dans cette affaire du voile. Convaincu, pour ma part, qu’on ne peut parler de respect de liberté, de culte ou de croyance quand il s’agit d’imposer un signe d’avilissement à des filles et des femmes dans l’espace public, j’ai été, par curiosité, à la rencontre d’enseignants et de militants associatifs dans plusieurs villes de France. Chaque fois mes interlocuteurs, tous convaincus de la pertinence et d’une urgence d’une loi, me disaient sur le ton de la confidence : «Oui, on sait, mais on ne peut pas. Vous savez, les pauvres…»
Tout le monde aura compris que par «pauvres» on entend cette communauté qui a été d’abord traînée dans la boue à l’époque coloniale, puis roulée dans la farine depuis la fameuse Marche des beurs. Toutefois, ce n’est pas en concédant à ces «démunis» un instrument d’aliénation qu’on leur mettra du baume au coeur.