— Par Pap Ndiaye —
Pour l’historien Pap Ndiaye, la lutte contre le racisme en France est affaiblie par les controverses entre les différents mouvements qui mènent ce combat
Le monde intellectuel et militant de l’antiracisme est affaibli et profondément divisé -à propos de questions omniprésentes dans l’espace public français : il y a parmi elles, d’une manière insistante, la question des formes d’organisation adéquate de l’antiracisme, miné par des querelles intestines sur le singulier et l’universel, et des accusations de communautarisme. A un -moment où l’on est en droit d’attendre un front uni contre les extrêmes droites identitaires, jamais l’antiracisme français n’a semblé aussi insignifiant, aussi balkanisé.
En France, la mémoire des luttes antiracistes est en partie effacée, sans doute parce qu’elle ne s’appuie pas sur une histoire de victoires. Par contraste, aux États-Unis, le mouvement pour les droits civiques constitue une ressource inépuisable de fierté, de souvenirs transmis, de patrimonialisation (un jour férié honore la mémoire de Martin Luther King), qui a joué un rôle dans Black Lives Matter – » les vies noires comptent « , un mouvement contre les violences policières contre les Noirs – .