— Par Roland Tell —
Dans la chronique des jours du passé, lorsqu’il faut revivre le « temps de l’Amiral Robert », le souvenir de Soeur Rose paraît toujours aussi frais, au point d’être dressé dans l’esprit, tel un monument à sa gloire.
Condamné à une fin donnée, dès l’âge de six ans, à l’hôpital de Trinité, le triste augure de mort a moqué ses présages, puisque les soins continus de Soeur Rose ont guéri l’enfant malade pour de longs âges encore. Qu’avait-il dans les poumons, pour se trouver, tout seul en 1942, dans cette maison d’amour, à l’hôpital de Trinité, où régnait Soeur Rose, originaire du Québec ? Certes, il faut revenir à ce temps de faiblesses pulmonaires et de crachements de sang, pour dire, une dernière fois, la somme de biens prodigués par Soeur Rose, par ses prières répétées, par ses médicaments, ses potions vinaigrées, ses ventouses aux aspirations de pieuvre, ses frictions adoucissantes.
Aux temps passés de l’Amiral Robert, à l’hôpital de Trinité, une dévotion d’enfant de six ans se dirigeait progressivement vers une sainte visible – merveilleuse vision sur laquelle se fixaient continûment ses yeux exorbités de fièvre, en ce temps, jamais en repos, de sa cruelle maladie.