— Préface d’Aurélia Gaillard, professeure de littérature française du XVIIIe siècle à l’université Bordeaux Montaigne —
Lecteur, si vous cherchez des définitions, des limites aux mots et aux notions, un savoir sur l’amour, un enseignement sur l’amour, passez votre chemin, ceci n’est pas un livre pour vous. Ceci, même s’il est aussi un livre de savoir, avec des études réflexives, des bibliographies critiques, est d’abord un livre pour promeneur et curieux, non pas pour amateur plutôt que connaisseur, même si d’amateur il est forcément question dans un dictionnaire sur l’amour, mais pour la connaissance qui surgit de l’innutrition et de la méditation, pour un enseignement de l’amour et non sur l’amour, pas tant un savoir, donc, qu’une éducation. Le titre d’ailleurs affiche la couleur : Dictionnaire universel de l’éducation à l’amour, l’amour s’éduque donc – nous éduque tandis que nous nous éduquons à l’amour.
Un célèbre tableau de la Galleria Borghese à Rome, intitulé L’Éducation de l’Amour (1565) par Titien, présente Vénus en train de nouer un bandeau sur les yeux du dieu Amour. Pour Titien comme pour une large part de l’iconographie du thème à la Renaissance, il s’agit d’abord d’affirmer la dimension sacrée et pas seulement profane de l’amour, sa nécessaire élévation du plan charnel au plan spirituel.