— Par François Vatin —
Pour Alain Caillé, dont le goût pour la théorie du don se trouve sérieusement éclairé par la lecture d’Octave Mannoni. « Donner, recevoir, rendre », c’est une affaire de jeu de tennis ! Comment n’y avions-nous pas pensé plus tôt ? Mais, dans les échanges humains, comme au jeu de tennis, il arrive que l’on ne puisse rendre…
1. Psychologie de la colonisation. L’histoire d’une œuvre
En 1950, paraît aux éditions du Seuil dans la collection « Esprit : Frontière ouverte » un ouvrage promis à un avenir étrange d’un auteur lui-même inclassable : La psychologie de la colonisation, d’Octave Mannoni. L’ouvrage reprend et développe un ensemble d’articles parus en 1947-1948 dans la revue Psyché2, mais aussi dans la Revue de psychologie des peuples, dans Chemin du monde et dans Esprit3. Son auteur, qui avait fait une carrière de professeur de lettres et de philosophie à La Martinique, la Réunion et surtout Madagascar, où il était resté dix-huit ans, était en train d’entamer, en métropole, une nouvelle carrière, celle de psychanalyste dans l’orbite de Jacques Lacan.