Catégorie : Sciences Sociales

La violence en Guadeloupe : Symptôme d’une déliaison sociale

La flambée  des violences en Guadeloupe est l’indice d’un affaissement de l’autorité et non plus d’une fracturation sociale .

— Par Jean-Marie Nol —

La flambée de violences que connaît actuellement la Guadeloupe ne peut se comprendre uniquement comme le symptôme d’une fracture sociétale classique comme en France hexagonale. Elle apparaît d’abord comme le signe inquiétant d’un affaissement général de l’autorité , d’un délitement de la valeur travail, et d’une perte de repères collectifs qui laissent la société guadeloupéenne livrée à elle-même. Penser qu’une société réputée pacifiée par le progrès social et l’existence d’un certain niveau de vie d’une importante classe moyenne serait à l’abri d’un basculement dans la violence extrême est une illusion dangereuse. L’histoire locale, marquée par l’esclavage, la période coloniale et des épisodes de guerres meurtrières, démontre que les sociétés créoles n’ont jamais été totalement éloignées de la brutalité. En analysant les choses sous cet angle de vue, faudrait -il alors se référer à l’épigénétique ou encore à la neuro -psycho généalogie ? Quoiqu’il en soit, la violence à laquelle nous assistons en Guadeloupe interpelle jusqu’à la sidération.

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La loi Duplomb : Quels sont les dangers de ce texte pour la santé et la biodiversité ?

— Par Sabrina Solar —

Le 8 juillet 2025, l’Assemblée nationale a adopté la proposition de loi Duplomb, qui a suscité de vives inquiétudes parmi les défenseurs de l’environnement et les syndicats agricoles. Ce texte, légèrement modifié lors de la commission mixte paritaire (CMP), introduit plusieurs reculs environnementaux majeurs, notamment en ce qui concerne les pesticides, l’élevage industriel et les méga-bassines. Retour sur les principales dispositions de cette loi controversée.

Une réintroduction inquiétante des néonicotinoïdes

L’une des mesures les plus alarmantes concerne l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, interdit depuis 2020 en raison de sa dangerosité pour les pollinisateurs. La loi Duplomb autorise désormais sa réintroduction par décret, en cas de « menace grave compromettant la production agricole », à condition qu’aucune alternative viable ne soit disponible. Cette décision, sans garantie de contrôle à long terme, a été fortement critiquée par les associations écologistes, qui soulignent le risque pour la biodiversité et la santé publique. Le texte prévoit seulement une réévaluation de la situation après trois ans, ce qui n’est pas suffisant pour apaiser les craintes.

Thomas Gibert, porte-parole de la Confédération Paysanne, a réagi en affirmant que cette loi constitue une véritable « écocidée », et que des mesures aussi destructrices risquent de dégrader encore davantage l’environnement, la santé des citoyens et les conditions de travail des agriculteurs.

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Woulo pou konba travayè Préchê

— Communiqué De la CGTM de la Métallurgie de Martinique —

Les travailleurs de la Chambre syndicale de la Métallurgie de la Martinique apportent leur soutien total à la lutte courageuse des grévistes de la mairie du Prêcheur entamée depuis le 23 juin dernier.

En 2024, après des années de dur labeur, ils ont pu enfin arracher un accord prévoyant un plan d’amélioration de leurs situations : titularisations pour certains, augmentation du nombre d’heures effectuées pour d’autres.

Mais aujourd’hui, le maire refuse de l’appliquer sous prétexte de restrictions budgétaires et de COROM (contrat de redressement outremer) signé avec l’Etat. Il n’entend faire aucune concession. C’est un véritable mépris pour les camarades en grève.

De leur côté, les salariés de la mairie : titulaires, précaires, temps partiels imposés, refusent de faire les frais d’un tel désengagement. Ils refusent aussi d’être les victimes de choix politiques dont ils n’ont jamais bénéficié, mais qui ont assurément bénéficié aux gros patrons sous forme de subventions et d’aides diverses.

Ils ont 1 000 fois raison.

Nous, salariés de la Chambre syndicale de la Métallurgie, saluons la lutte courageuse des travailleurs de la mairie du Prêcheur.

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Pourquoi ce silence sur le dysfonctionnement de la chloration de l’eau du robinet ?

Par Florent Grabin, président de l’association écologique P.U.M.A.
Il y a des silences qui pèsent lourdement, dont les conséquences sanitaires, sont incalculables.

Le 20 mai 2025 nous avons alerté par courrier Monsieur le Président du Conseil Exécutif de la CTM, que nous avions été informés par une indiscrétion qu’entre le mois d’avril et mai 2025, qu’il y a eu un dysfonctionnement de chloration dans la production de l’Eau de Vivé au Lorrain.

Nous lui avons fait comprendre notre émoi face à un éventuel risque sanitaire si cette information s’avérait exacte. Dans le même temps nous avions relevé dans un article : Les fortes pluies perturbent la distribution de l’eau potable dans le Nord-Atlantique, qu’il y avait un mensonge par omission. Pourquoi ne pas avoir parlé de la chloration qui est un élément capital pour désinfecter l’eau lors de son stockage et transport ?

Le 20 mai 2025, nous avions saisi Monsieur le Préfet de Région de la Martinique sous le même thème en lui adressant la copie du courrier CTM, tout en lui précisant : nous vous saurions gré de bien vouloir nous communiquer la courbe de chlore injectée entre avril et mai 2025 avant distribution dans le réseau.

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Pani doktè ba la psikatri …Kanno a ka pwan dlo

CDMT CGTM UGTM

CENTRE HOSPITALIER MAURICE DESPINOY

PSYCHIATRIE EN DANGER

Les Syndicats CDMT, CGTM, UGTM du CENTRE HOSPITALIER MAURICE DESPINOY, appellent les Agents et la population à une mobilisation massive le :

JEUDI 24 JUILLET 2025.

L’heure est grave. Nous déplorons depuis plusieurs mois le manque quasi-total de psychiatres, entrainant des délais d’attente inacceptables dans les CENTRES MEDICO-PSYCHOLOGIQUES(CMP), des non prises en charge aux urgences, dans les Services de Soins, ainsi que dans le MEDICO-SOCIAL.

Pas de médecins au CHMD pour soigner NOS FAMILLES

La continuité des soins ne peut plus être assurée.

Cette situation a pour conséquences une Population et des soignants en danger, par une montée de la violence et des incivilités, avec l’intervention des forces de l’ordre, relayées dans les Médias.

Que font nos Tutelles sensées nous donner les moyens de soigner la population.

Plus aucune vie ne doit être perdue ni retirée

Suite à plusieurs demandes de rencontre avec le Directeur Général de l’AGENCE REGIONALE DE SANTE laissées sans suite,

RENDEZ-VOUS dès 06h30 au Rond-Point MANGOT-VULCIN devant la CITE HOSPITALIERE, pour une OPERATION MOLOKOI EN DIRECTION DE L’ARS

La santé mentale est notre affaire à tous y compris celle des élus.

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Maintenant !

— RS n° 404 lundi 21 juillet 2025 —

« Résister est un verbe qui doit se conjuguer au présent ». Cette phrase que l’on attribue à Rosa Luxemburg, a, par définition, toujours le mérite de l’actualité.

Il n’y a pas de résistance capable de se muer en offensive sans programme. Les programmes, eux, ne sortent pas tout faits d’un livre déjà écrit. Ils ne naissent pas non plus de l’activité solitaire d’un cerveau génial.

Les programmes, sans lesquels l’action n’est qu’une agitation désordonnée, se forgent dans le débat collectif, constamment renouvelé à la chaleur des luttes communes.

Plusieurs évènements en cours en Martînique méritent d’être analysés à l’aune de ce bon sens pas aussi partagé qu’on le voudrait. Voyons cela.

Le débat à l’initiative de RESPÉ et du GRS

Tout entière tournée sur la question du programme et des moyens pour le faire avancer, la réunion du 13 juillet fut éminemment positive, même si elle n’a pas atteint tous ces objectifs en termes de forces représentées.

Parmi les 53 participant·e·s (33 sont restées pour la collation conviviale qui a prolongé certains échanges), nous avons eu le plaisir de partager des réflexions avec des militantes et militants venu·e·s soit à titre personnel (des camarades de la CDMT, du PPM, de la CGTM, du PCM).

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21 juillet : Journée mondiale de la malbouffe – Un miroir critique de notre époque

— Par Sabrina Solar —

Chaque 21 juillet, une journée mondiale singulière et encore méconnue est discrètement inscrite au calendrier : celle de la malbouffe. Si elle nous vient des États-Unis sous l’appellation Junk Food World Day, elle ne célèbre en rien une tradition culinaire ; elle met en lumière un fléau alimentaire globalisé aux conséquences sanitaires redoutables. Cette journée est, paradoxalement, l’occasion de réfléchir à nos choix nutritionnels dans un monde dominé par la rapidité, la sédentarité et l’ultra-industrialisation.

Une alimentation déséquilibrée devenue norme

La « malbouffe » n’est pas une simple exagération de nutritionnistes anxieux. C’est un terme qui recouvre une réalité massive : celle d’aliments trop gras, trop sucrés, trop salés, souvent ultra-transformés, pauvres en nutriments essentiels et pourtant omniprésents dans nos assiettes, dans nos rues et sur nos écrans.

Historiquement, la malbouffe s’est imposée dans les années 1960, dans un contexte de hausse des prix des produits frais, de transformation industrielle de l’agroalimentaire, et de mutation des modes de vie. Fast-foods, plats préparés, snacks et boissons sucrées ont peu à peu remplacé les repas faits maison, longtemps garants d’un certain équilibre diététique.

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PFAS : comment les éliminer pour de bon ?

— Par Julie Mendret & Julie Mendret —

Les PFAS, ces polluants éternels, se retrouvent dans nos sols et nos eaux, menaçant durablement la santé humaine et l’environnement. Entre séparation, destruction et innovations biologiques, les solutions émergent… mais restent encore trop peu déployées.

Des mesures d’encadrement et d’interdiction des émissions de PFAS, indispensables pour limiter leur diffusion dans l’environnement, sont d’ores et déjà en route. Selon une loi adoptée en février 2025, la France doit tendre vers l’arrêt total des rejets industriels de PFAS dans un délai de cinq ans.

Récemment, une enquête menée par le Monde et 29 médias partenaires a révélé que la décontamination des sols et des eaux contaminées par ces substances pourrait coûter de 95 milliards à 2 000 milliards d’euros sur une période de vingt ans.

Comme pour d’autres contaminants organiques, on distingue deux grandes familles de procédés de traitement.

Deux grandes approches de traitement

Certaines technologies consistent à séparer et parfois concentrer les PFAS du milieu pollué pour permettre le rejet d’un effluent épuré, mais elles génèrent par conséquent des sous-produits à gérer qui contiennent toujours les polluants.

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Réinventer le tourisme pour un développement durable et inclusif

—Par Jean Samblé, à partir des analyses de Lilia Burunciuc, Directrice régionale de la Banque mondiale pour la Caraïbe —

Pendant plus de soixante ans, les pays de la Caraïbe ont bâti leur modèle touristique sur un trio aussi séduisant que fragile : le soleil, la mer et le sable. Ce triptyque, qui a forgé l’image de carte postale de la région dans le monde entier, continue d’attirer des millions de visiteurs. Pourtant, derrière cette apparente réussite, le secteur souffre de déséquilibres profonds. Il est aujourd’hui à un tournant.

Dans une tribune récente, Lilia Burunciuc, Directrice régionale de la Banque mondiale pour la Caraïbe, dresse un constat lucide : le modèle touristique actuel, basé sur la quantité plutôt que sur la qualité, est économiquement inefficace, socialement inégalitaire, et écologiquement intenable. La crise du COVID-19 n’a fait qu’amplifier cette réalité, exposant la vulnérabilité extrême d’économies trop dépendantes d’un tourisme de masse peu structurant.

Un poids économique important, mais des retombées limitées

Le tourisme représente en moyenne plus de 22 % du produit intérieur brut (PIB) des pays caribéens, et emploie environ 2,75 millions de personnes, notamment des jeunes et des femmes.

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Quand l’IA pousse les banques hors d’Afrique

Les dessous inavouables de la recolonisation de l’Afrique et les raisons du départ accéléré des banques françaises du continent Africain !

— Par Jean-Marie Nol —

Les banques jouent un rôle crucial dans l’économie d’un pays. Alors se pose la question de savoir pourquoi et comment les banques françaises accélèrent leur départ du continent africain , notamment sous la pression de l’intelligence artificielle ? 

Les grandes banques françaises, longtemps perçues comme des piliers incontournables du financement en Afrique, amorcent depuis quelques années un retrait accéléré du continent. Ce mouvement, loin d’être anecdotique, s’inscrit dans un bouleversement profond du secteur bancaire mondial sous l’effet de l’intelligence artificielle et de la transformation numérique. Alors que les banques jouent traditionnellement un rôle de premier plan dans la collecte de l’épargne, l’octroi de crédits, la création de monnaie et la stabilité financière, leur désengagement en Afrique surprend et suscite de vives interrogations. Pendant des décennies, elles ont permis le financement d’entreprises locales, soutenu des investissements structurants et contribué à la bancarisation progressive des populations. Pourtant, malgré la vitalité démographique et les perspectives de croissance du continent, les grandes institutions françaises choisissent de quitter l’Afrique en cédant leurs filiales ou en réduisant drastiquement leurs opérations.Ce

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L’exposition aux écrans désormais interdite dans les lieux d’accueil des jeunes enfants

Une commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans avait été mise en place en janvier 2024 par le président de la République. Dans le rapport de cette commission, publié le 30 avril 2024, il était notamment indiqué que : « un consensus net s’est exprimé au sein de la commission sur la nécessité de préserver de façon volontariste les plus jeunes enfants de l’exposition aux écrans, avec une vigilance particulièrement renforcée lors des premières années de la vie ». Les membres de la commission proposaient notamment de « renforcer la recommandation en vigueur de ne pas exposer les enfants de moins de 3 ans aux écrans ».

Depuis le 3 juillet 2025, il est indiqué au sein de la charte nationale pour l’accueil du jeune enfant qu’il est « interdit d’exposer un enfant de moins de 3 ans devant un écran (smartphone, tablette, ordinateur, télévision) compte tenu des risques pour son développement ».

Jusqu’alors, il était signalé dans cette charte qu’ « il n’est pas recommandé de laisser un enfant de moins de 3 ans devant un écran (smartphone, tablette, ordinateur, télévision) compte tenu des risques pour son développement ».

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La propagande sexiste.

 — Par Jean Gabard —

Le mot propagande et le mot idéologie rappellent des concepts d’un autre âge. Ces mots font penser au nazisme ou au communisme et sont connotés péjorativement. Aujourd’hui, avec le progrès de la démocratie, la tendance est plutôt de se sentir à l’abri de ces idées aussi extrêmes et de ces méthodes aussi grossières. Et pourtant, une idéologie n’est-elle pas plus efficace lorsqu’elle est subtile et que l’on a la conviction d’être suffisamment libre de penser pour n’en suivre aucune ? 

Aujourd’hui une croyance domine. Elle a séduit une très grande partie de la population des pays occidentaux. Il faut dire qu’elle bénéficie d’atouts importants. Dénonçant une idéologie sexiste rétrograde, elle ne peut que faire l’unanimité. Quand la devise de la République est « liberté, égalité, fraternité » et qu’est affirmé le principe de non-discrimination en raison du sexe, l’égalité femme-homme ne peut qu’être évidente. Quand le président de la république lui-même en fait l’objectif de son premier mandat et qu’est mis en place un ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations ainsi qu’un Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, celui qui la conteste fait figure de marginal, de sexiste, de réactionnaire, de « masculiniste ».

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Le néant du néant… 

— Par Camille Loty Malebranche —

 Tout néant étant néant de quelque étant en sa singularité et jamais de la grande configuration matérielle et immatérielle de l’être en général, l’entendement humain ne peut que regarder de près l’impossibilité de l’absence dans cet ordre de la Présence qu’est l’Être. Présence qui évoque le monde dans tous ses schèmes possibles : matériel, immatériel, physique et métaphysique, connu et inconnu, connaissable et inconnaissable…

 À ce stade de notre réflexion, il faut saisir que l’Être est Nature qui – malgré ses conditions et spécificités matérielle ou immatérielle, tangible ou intangible – reste perceptible. L’Être est Nature, c’est-à-dire présence constituée comprise d’une manière telle, que même quand elle est indéfinie voire indéfinissable, on peut quand même préciser ce qu’elle n’est pas, par pressentiment et éprouvement de ce qu’elle est, de ce qu’elle inspire.

Nous savons que tout ce qui est, constitue une présence et est donc impossibilité pour le postulat même d’un néant comme antithèse ontologique. Le néant devient donc absence d’un étant spécifique, un non-être étantitaire et non une antithèse ontologique. Le néant ne peut et ne saurait s’imposer à l’être qui le renvoie au néant, à l’impossible. 

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Voyage au cœur des pétroglyphes

Samedi 19 juillet, de 9h à 14h | Site archéologique de Vivé, au Lorrain

Le CAP Nord Martinique invite le grand public à une expérience culturelle immersive au sein du site archéologique de Vivé, l’un des plus précieux témoins de l’histoire amérindienne de la Martinique. Entre nature, histoire et transmission, petits et grands sont conviés à une matinée de découvertes dans le Parc Caribéen de la Vie Amérindienne, un espace pédagogique et sensible dédié aux premiers habitants de l’île.

Classé à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 1er février 1994, le site de Vivé est le plus anciennement habité de la Martinique. Connu depuis les années 1930 et fouillé à plusieurs reprises, il a révélé des sépultures à offrandes néolithiques, du mobilier domestique, des outils en pierre polie, et des vestiges préservés grâce à une éruption volcanique survenue en 295 après J.-C. Véritable référence de l’archéologie amérindienne, il retrace les modes de vie anciens et la richesse symbolique des civilisations précolombiennes.

Le programme de la matinée permettra au public de plonger au cœur de ce patrimoine exceptionnel, à travers la découverte des pétroglyphes amérindiens, ces gravures mystérieuses inscrites dans la roche.

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Haïti en 2025 : une spirale de violence incontrôlable et un État en déliquescence

— Par Jean Samblé —

Haïti traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire contemporaine. Le pays, déjà miné par des décennies de crises politiques, économiques et sociales, est désormais plongé dans une spirale de violence sans précédent, principalement orchestrée par des gangs armés qui ont progressivement étendu leur contrôle sur de larges portions du territoire. Les derniers rapports de l’Organisation des Nations Unies (ONU) dressent un constat accablant : entre janvier et juin 2025, plus de 3 141 personnes ont été tuées, portant le total des assassinats à 4 864 en neuf mois, sans compter les milliers de blessés et les centaines d’enlèvements signalés.

Une violence qui se propage au-delà de la capitale

Si Port-au-Prince reste l’épicentre de l’insécurité, la situation se détériore rapidement dans les provinces, notamment dans les départements du Centre et du Bas Artibonite, jusqu’ici relativement épargnés. La ville de Mirebalais, par exemple, a vu 100 000 habitants fuir face aux attaques à répétition des gangs depuis début 2024. Plus récemment, 27 500 personnes ont été déplacées en moins d’une semaine dans cette même région, à la suite d’attaques dans la zone de Sarazin, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

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«Entretiens avec Edwy Plenel» le 22 juillet 18h à Tropiques-Atrium

— RS n° 403 lundi 14 juillet 2025 —

Quel militant.e n’a pas une flopée de questions à poser à Edwy Plenel par les temps compliqués que nous vivons ? Où va la France ? Où va le monde ? Le génocide en Palestine, l’extrême droitisation et les résistances, la question morale, les turpitudes de la presse dominante et les alternatives, la géopolitique des «blocs», l’internationalisme des peuples, le regard français sur son empire colonial, la place du chlordécone dans la panoplie des crimes sanitaires et écologiques de France, le péril climatique et les moyens d’y faire face, les affaires, la corruption, Médiapart dans tout ça.

Que de questions ! Comment trier pour tirer le maximum de l’opportunité d’un entretien avec le co-fondateur de Médiapart, observateur passionné du cours des choses, auteur d’une multitude d’études (livres, articles), militant révolutionnaire puis journaliste exigeant, toujours engagé dans le combat pour l’égalité et la démocratie, anticolonialiste de toujours, amoureux de son pays d’enfance, la Martînique ? C’est le défi que devra relever RESPÉ, avec l’aide du public que nous voulons à la hauteur de la grande salle Aimé Césaire de Trooiques-Atrium.

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Œuvres spoliées, mémoire confisquée : le combat pour la restitution du patrimoine culturel

— Par Jean Samblé —

Depuis plusieurs décennies, la question de la restitution des œuvres d’art et des objets patrimoniaux expropriés pendant la colonisation ou au gré d’expéditions militaires agite les relations entre les anciennes puissances coloniales et les États spoliés. Ce débat, longtemps cantonné aux cercles d’historiens ou de diplomates, occupe désormais le devant de la scène politique et culturelle. Face à l’exigence croissante de réparation symbolique et de justice historique, des gestes de restitution se multiplient en Europe. Mais ces actes, encore trop souvent limités et juridiquement contraints, peinent à répondre aux enjeux profonds qu’ils soulèvent : souveraineté culturelle, mémoire collective, rôle des musées, universalité du savoir et reconnaissance des traumatismes coloniaux.

Une spoliation de masse aux origines coloniales

De l’Afrique à l’Asie, en passant par le Moyen-Orient, des dizaines de milliers d’œuvres d’art, de statues, de manuscrits, de objets sacrés ou rituels ont été extraits de leurs contextes d’origine au cours des XIXe et XXe siècles. Par pillage pur et simple, par acquisition sous contrainte ou par le biais de traités inéquitables, ces objets ont rejoint les vitrines des musées européens, devenant des trophées d’un empire ou les symboles d’une domination.

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L’Afrique au cœur de l’Unesco : Progrès, défis et nouvelles inscriptions

Biens africains : 9% des inscrits au Patrimoine mondial mais 25% de ceux « déclarés en péril »

L’Afrique, avec ses paysages variés et sa richesse culturelle incomparable, continue de se faire une place de plus en plus grande sur la scène du patrimoine mondial de l’Unesco. Pourtant, bien que le continent représente environ 9 % des sites inscrits, il demeure sous-représenté par rapport à la richesse de son héritage. Le récent ajout de deux nouveaux sites africains, le paysage culturel Did-Gid-Biy des Monts Mandara au Cameroun et le Mont Mulanje au Malawi, marque un tournant dans la reconnaissance de ce patrimoine unique.

Des progrès notables pour l’Afrique

La directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a mis un accent particulier sur l’Afrique, soulignant la nécessité de renforcer la place du continent au sein du patrimoine mondial. Depuis 2018, plusieurs initiatives ont été mises en place pour pallier les inégalités. L’Unesco consacre aujourd’hui plus d’un quart de son budget total (27 %) à la préservation des sites africains, un engagement qui commence à porter ses fruits. La liste des sites africains inscrits a récemment atteint 108, un progrès certes notable, mais encore insuffisant face aux défis auxquels sont confrontés les pays du continent.

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Respire, Humanité

Appel pour une civilisation du discernement

— Présenté par Pierre Pastel — Sociologue, auteur de « Je veux parler à un humain »1 —

Introduction

« Je veux parler à un humain » n’était pas un cri isolé.

C’était un murmure universel porté par des milliards d’âmes lucides, parfois silencieuses, souvent invisibles, mais pleinement conscientes de l’état alarmant de notre monde.

Aujourd’hui, je m’adresse à elles, à vous, à nous,

À celles et ceux qui refusent de voir notre humanité diluée dans les logiques de guerre, de domination et d’illusion.

Le moment est venu de reprendre la main sur la gouvernance mondiale, non pour imposer,

mais pour construire un vivre-ensemble radicalement nouveau, fondé sur la lumière, la lucidité, l’interdépendance sacrée.

Nous devons conjuguer nos structures profondes et nos intentions stratégiques, pour faire émerger un monde où l’on ne respire plus la peur, mais la vie partagée.

C’est dans ce souffle que s’inscrit cet appel.

Une voix claire, adressée à toutes les consciences —

et en premier lieu à celles et ceux qui détiennent les leviers du monde.

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Nouvelle Caledonie :  » Imité ka détenn… »

— Par Jean-Marie Nol —

Il aura fallu dix jours et une nuit entière pour sceller un accord politique historique entre les représentants calédoniens et l’État français, donnant naissance à un texte qui, s’il ne met pas fin aux incertitudes, ouvre résolument une nouvelle ère institutionnelle. Derrière le titre consensuel de « Projet d’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie » se dessine une architecture complexe, mêlant souveraineté partielle, reconnaissance identitaire, révision du partage des compétences et projection économique. Le fondement du texte repose sur la création d’un « État de la Nouvelle-Calédonie », inscrit dans la Constitution française, disposant d’une nationalité propre, d’une Loi fondamentale, et susceptible d’être reconnu par la communauté internationale. Une avancée considérable qui marque une rupture avec le modèle colonialiste implicite de la dépendance, mais qui, à bien des égards, pose aussi les jalons d’un futur incertain, traversé de ressentiments toujours présents, de tensions latentes et de défis économiques colossaux.

Cette évolution calédonienne, si elle réussit à franchir l’étape référendaire de 2026, pourrait constituer un précédent majeur pour l’ensemble des territoires ultramarins. L’instauration d’une double nationalité – française et calédonienne – est une innovation institutionnelle d’ampleur jusque là absente du droit français .

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Guadeloupe : la crise de l’eau, entre effondrement du service public et marché noir

— Par Sabrina Solar —

En Guadeloupe, une crise de l’eau chronique et systémique continue de bouleverser la vie quotidienne de près de 400 000 habitants. Malgré une ressource en eau abondante sur l’île, plus de 60 % des foyers subissent des coupures prolongées et régulières, parfois plusieurs semaines d’affilée.

Cette situation, ancienne mais aggravée depuis 2024, est due à un réseau vétuste (avec jusqu’à 70 % de fuites), une gestion défaillante, des pollutions récurrentes, et une gouvernance locale minée par les conflits, les détournements et les retards de financement.

Un réseau au bord de la rupture

Certaines canalisations datent de plusieurs décennies, avec un taux de renouvellement ridiculement bas (0,5 % par an, loin des standards nationaux). Les pertes annuelles dépassent 50 millions de m³ d’eau potable. La moitié des stations de traitement des eaux usées est hors normes, aggravant les risques de contamination.

Coupures, colères et contournements

Face à des coupures à répétition, les habitants vivent dans l’inconfort, la frustration et parfois l’humiliation : impossibilité d’assurer l’hygiène de base, tensions psychologiques, explosion des coûts pour accéder à une eau potable sûre.

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Nomination controversée, à Toulouse, d’un prêtre condamné pour viol

Quand la « miséricorde » prime sur la prudence

— Par Jean Samblé —

La nomination de l’abbé Dominique Spina au poste de chancelier du diocèse de Toulouse, officialisée début juin 2025, continue de susciter une vive polémique au sein de la communauté catholique et au-delà. Condamné en appel en 2006 pour le viol d’un lycéen de 16 ans, ce prêtre revient aujourd’hui à un poste stratégique de l’administration diocésaine, au nom, selon l’archevêque Guy de Kérimel, de la « miséricorde ».

Une décision justifiée par le fait que l’abbé Spina aurait, selon les mots du prélat, « purgé sa peine » et « n’aurait rien à se reprocher depuis près de trente ans ». En somme, une rédemption discrète, transformée aujourd’hui en promotion. L’affaire n’a toutefois rien de discret : elle interroge les fidèles, choque les victimes d’abus et met à mal les engagements pris par l’Église après la publication du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE) en 2021.

Un poste administratif, mais hautement sensible

Le diocèse tente de relativiser : le poste de chancelier serait une simple fonction d’archiviste.

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Que célèbre-t-on le 14 juillet ?

— Par Service-Public —

Déclarée fête nationale en 1880, la date du 14 juillet marque la célébration de la République française. Vie-publique.fr vous propose de revenir sur les origines et le sens de cette journée.

1- Que s’est-il passé le 14 juillet 1789 ?

En 1789, les États généraux composés des représentants élus de la noblesse, du clergé et du Tiers-État sont réunis le 5 mai à la suite des doléances parvenues au roi Louis XVI. Le 27 juin, le roi accepte le rassemblement des trois ordres qui se proclament « Assemblée nationale constituante » le 9 juillet.

Dans le même temps, des troupes royales se concentrent autour de Versailles et de Paris. Le renvoi du ministre Necker le 11 juillet et la rumeur de l’intervention des troupes royales finissent par convaincre la population parisienne de s’organiser et des appels aux armes sont lancés.

Le matin du 14 juillet, une foule composée notamment d’artisans et de boutiquiers se dirige vers les Invalides où sont stockées les armes. Ces Parisiens prennent ensuite la direction de la Bastille pour récupérer de la poudre.

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Faire Peuple : Le Nouveau Pacte Calédonien de Bougival

Résumé détaillé de l’accord sur l’avenir de Nouvelle-Calédonie, conclu à Bougival en juillet 2025.

Préambule : Le Pari d’une Confiance Renouvelée

S’inscrivant dans la continuité des accords de Matignon-Oudinot (1988) et de Nouméa (1998), ce nouvel accord vise à écrire une nouvelle page de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie. Il reconnaît les acquis historiques tout en prenant acte des profondes blessures laissées par les événements de mai 2024. L’objectif est de reconstruire un projet de société et un avenir stable, en s’appuyant sur les valeurs de dialogue, de paix et de destin commun. Le succès de cet accord repose sur l’engagement de tous les partenaires et la volonté des Calédoniens de « faire peuple ».

I. Principes Fondamentaux et Nouveau Statut
L’accord propose une solution politique pérenne pour garantir la stabilité du territoire.

* Un État au sein de la République : Il est convenu de créer une organisation institutionnelle sui generis (unique en son genre) : l’État de la Nouvelle-Calédonie. Cet État sera partie intégrante de l’ensemble national français, son statut sera inscrit dans la Constitution de la République française et il pourra être reconnu par la communauté internationale.

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Kanaky : les réactions de Serge Letchimy, Emmanuel Tjibaou, Veylma Falaeo… et d’autres

Serge Letchimy : L’accord sur la Nouvelle Calédonie illustre la voie possible : conjuguer reconnaissance des identités locales et égalité nationale »

Le président du Conseil exécutif de la Martinique, Serge Letchimy, salue l’annonce de l’accord institutionnel trouvé à Bougival entre l’État français et les forces politiques de Nouvelle-Calédonie. Cet accord crée un « État de la NouvelleCalédonie » inscrit dans la République, prévoyant notamment la création dune nationalité calédonienne.

Cette avancée historique ouvre le champ à un renouveau politique et économique et Serge LETCHIMY se réjouit que la France ait su répondre aux spécificités calédoniennes dans le cadre de la République, en reconnaissant l’existence d’un « État dans l’État », au service de la paix, de la stabilité et de l’émancipation politique. Cette réussite témoigne de la capacité de la République à conjuguer unité nationale et reconnaissance des singularités.

Cet accord résonne de manière particulière avec la dynamique engagée au sein de l’ensemble des pays d’outre-mer signataires de l’Appel de Fort-de-France et plus particulièrement en Martinique où les élus, réunis en Congrès au cours de 5 sessions, se sont mobilisés pour définir les modalités d’exercice d’un pouvoir normatif local, tout en restant pleinement dans la République, et ont adopté une résolution visant à inscrire dans la Constitution un nouveau cadre institutionnel.

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