Catégorie : Sciences Sociales

Actualité de la décolonisation

Intervention de Alain Liméry, Porte-Parole du CNCP, Lamentin – Vendredi 21 février 2025

Notre Président Jean ABAUL nous a rappelé la sauvagerie des rapports imposés par les pays impérialistes occidentaux aux pays qu’ils dominent. Dans ma contribution, je parlerai du contexte dans lequel se pose la problématique de la décolonisation chez nous.

Notre premier constat, c’est que nous vivons un grand paradoxe !

En effet, alors que notre pays s’enfonce dans les pires difficultés dans tous les domaines, alors que le caractère colonial de la situation ne fait aucun doute, alors que sur tous les continents les Peuples dominés se dressent contre le système oppressif et ses conséquences catastrophiques pour l’ensemble du monde, dans notre pays, la plupart des dirigeants politiques continuent à espérer y porter remède en pactisant avec le Pouvoir colonial et par le biais des institutions qu’il contrôle.

Même parmi ceux qui se revendiquent du patriotisme, certains continuent à privilégier des illusions électoralistes au détriment de l’organisation du Peuple et de la lutte concrète pour l’indépendance et la souveraineté.

Les prétextes donnés pour justifier leur démarche sont toujours que «le Peuple n’est pas prêt» ou pire que «le Peuple a peur de l’indépendance».

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 « Mayotte, l’impossibilité d’une île », docu réalisé par Julie Peyrard

 Dimanche 23 février à 21h sur France 5

Le documentaire Mayotte, l’impossibilité d’une île, réalisé par Julie Peyrard, propose un état des lieux de la situation de l’île de Mayotte, quelques mois avant le passage du cyclone Chido, qui a frappé l’île en décembre 2024. À travers un format de journal de bord, ce film cherche à offrir une vision d’ensemble des problèmes sociaux, économiques et politiques qui affectent cette île, département français depuis 2011.

Le documentaire explore la vie quotidienne de différents habitants de Mayotte, qu’il s’agisse de jeunes vivant dans les bidonvilles, d’un instituteur blessé lors d’un braquage, d’une mère de famille sans papiers, ou encore de militants associatifs et de fonctionnaires. Ces témoignages permettent de mieux comprendre les tensions qui traversent l’île, notamment les conflits territoriaux entre quartiers, les difficultés d’accès aux services de base, et les défis liés à la présence importante de migrants comoriens, souvent en situation irrégulière.

En choisissant de donner la parole à un large éventail de personnes, le film montre la diversité des vécus et des opinions sur des sujets tels que la violence, la pauvreté, l’immigration ou la question de la nationalité.

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Un numéro d’Esprit sur le « travail intellectuel »

— Par Michel Herland —

« Nous disons des vertus que les unes
sont intellectuelles, les autres morales. »
Oresme, Éthique 32.


Il n’est pas trop tard pour se procurer le dernier numéro d’Esprit (janvier-février 2025) avec son dossier sur le devenir du travail intellectuel. Ce numéro est paru trop tôt pour rendre compte des ravages que le président nouvellement réélu des États-Unis d’Amérique entend exercer contre la liberté scientifique, néanmoins un article est déjà consacré à l’anti-intellectualisme dans ce pays, un article assez déroutant, au demeurant, dans la mesure où tous les exemples qu’il donne concernent les seules discriminations à l’encontre des tenants du wokisme (pour le dire vite), avant même la nouvelle ère Trump donc, et dans la mesure où l’auteur, Romain Huret, considère comme des « affabulations » toute critique à l’encontre de ce courant intellectuel, malgré les simplifications abusives, l’intolérance parfois dont il existe maints témoignages, de l’autre côté de l’Atlantique comme chez nous.

Cet article incite à accorder une attention particulière à celui qui suit, de Jean-Yves Pourchère, portant sur la « neutralité axiologique » du chercheur.

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Le décès de Frankétienne

Nous avons appris, avec une grande tristesse, le décès de Frankétienne, ce pilier incontournable de la culture haïtienne, survenu le 20 février 2025 à l’âge de 89 ans. Né Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent le 12 avril 1936 à Ravine-Sèche, dans l’Artibonite, il laisse derrière lui une œuvre multiple et marquante, qui fait de lui l’un des plus grands écrivains et artistes haïtiens contemporains.

Romancier, poète, dramaturge, peintre, musicien et enseignant, Frankétienne est surtout reconnu pour avoir fondé le mouvement spiraliste, une démarche littéraire révolutionnaire inspirée des « Chants de Maldoror » de Lautréamont. À travers des œuvres majeures comme Mûr à crever (1968), Ultravocal (1972), Dézafi (1975) et Les Affres d’un Défi, il a su réinventer la littérature haïtienne, mêlant créole et français, et abordant les questions sociales et politiques de son pays avec une audace inégalée.

Sa contribution ne se limitait pas à la littérature. En tant que peintre et musicien, Frankétienne a enrichi le paysage artistique haïtien, et a formé plusieurs générations d’artistes. Il a également occupé des fonctions publiques, notamment en tant que ministre de la Culture et a reçu de nombreux prix, dont le Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française en 2021, récompensant sa contribution exceptionnelle à la culture et à la langue française.

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Les jeunes exclus de l’accession à la propriété en Guadeloupe! Quelles conséquences ?

— Par Jean-Marie Nol —

La question de la vie chère en Guadeloupe cristallise aujourd’hui les tensions et focalise le débat public sur l’augmentation des prix de l’alimentation. Pourtant, cette préoccupation, bien que légitime, masque une réalité encore plus inquiétante : celle de l’accès à l’immobilier et à la construction, devenu un véritable parcours du combattant pour les Guadeloupéens, et plus particulièrement pour les jeunes générations. En Guadeloupe, pour deux tiers des jeunes de 21 à 35 ans, l’achat d’un logement relève presque de l’utopie.Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle s’inscrit dans un contexte économique guadeloupéen déjà fragilisé. L’augmentation des charges, des impôts et des coûts de la vie pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages, et plus particulièrement sur celui des jeunes en début de carrière. Même avec un niveau d’éducation et un revenu élevé, la plupart des jeunes sont exclus de l’accès à la propriété faute de ressources suffisantes pour pouvoir acheter leur propre maison. Et pourtant, l’accès à la propriété est un enjeu majeur pour les jeunes en Guadeloupe, une aspiration qui semble de plus en plus hors de portée.

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Airbags Takata : un scandale mortel qui continue de frapper surtout en Outre-Mer

Nou lé concerné. Alon protez nout famiy !

Le scandale des airbags Takata, qui touche des millions de véhicules à travers le monde, continue de faire des ravages en France, en particulier dans les territoires d’Outre-mer. En effet, près de 100.000 véhicules, dont une large part des modèles Citroën C3 et DS3, fabriqués entre 2009 et 2019, sont équipés de ces airbags défectueux. Ces dispositifs, qui doivent normalement protéger les conducteurs en cas d’accident, présentent un danger mortel lorsqu’ils se déclenchent. En effet, des fragments métalliques peuvent être projetés avec une violence extrême, causant des blessures graves et, dans certains cas, des décès. Depuis le début du scandale, plusieurs victimes ont perdu la vie, en grande partie dans les départements d’Outre-mer où les conditions climatiques (forte chaleur et humidité) accélèrent la dégradation des airbags.

Parmi les victimes, l’un des derniers décès en date a frappé la Guadeloupe en décembre 2024. Une femme de 42 ans a perdu la vie dans un accident survenu à cause de l’explosion d’un airbag Takata défectueux dans sa voiture, une Polo Volkswagen. Cette tragédie a révélé une faille dans le système de rappel des véhicules : bien que le véhicule ait été supposé avoir fait l’objet d’un rappel, le concessionnaire local avait assuré au couple que le modèle de la voiture n’était pas concerné.

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Réduire les terres rares dans les moteurs électriques

Un défi pour la transition énergétique

— Par Yacine Amara.(*) —

L’impératif de transition énergétique lié à la crise climatique a remis sur le devant de la scène scientifique et technique le « vecteur » électricité. L’utilisation de ce vecteur énergétique – c’est-à-dire, sous une forme utilisable en vue de la convertir en travail mécanique – permet de répondre à un nombre important de nos besoins, sans émettre de gaz polluants ou de gaz à effet de serre comme les combustibles fossiles.

Il faut bien entendu distinguer la production de l’électricité – qui est un défi en soi, en particulier pour les réseaux électriques, lorsqu’il s’agit de production d’électricité décarbonée et décentralisée de sources renouvelables – et son utilisation. L’un des exemples les plus visibles du renouveau de l’intérêt de l’électricité est celui de la mobilité électrique, qui va des vélos aux voitures et même jusqu’aux avions : on trouve aujourd’hui de petits avions (deux places) à propulsion purement électrique !

Le rôle clé des machines électriques dans la conversion d’énergie

Mais de quoi parle-t-on finalement lorsqu’on parle de moteur électrique ?

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« Fish & Click » : agir pour la propreté des océans grâce à la collecte citoyenne des déchets de pêche

— Par Sabrina Solar —

Le projet Fish & Click permet à chacun de contribuer activement au recensement des déchets de pêche retrouvés en mer et sur le littoral. L’objectif principal est de lutter contre la pollution plastique générée par les engins de pêche et de réduire leur impact sur les écosystèmes marins. L’application, simple d’utilisation, a été lancée en 2024 en Martinique, après avoir rencontré un grand succès sur les côtes des Hauts-de-France, de Normandie et de Bretagne.

Comment ça marche ?
Que vous soyez pêcheur, promeneur ou nageur, l’application Fish & Click vous invite à signaler toute détection de matériel de pêche perdu : filets, casiers, cordages, bouées ou encore hameçons. Lors de vos balades en bord de mer ou de vos sorties en mer, il vous suffit d’ouvrir l’application ou de vous connecter sur le site web pour indiquer l’emplacement exact de votre observation, le type de matériel trouvé et si des espèces y sont piégées. Le signalement est ensuite transmis à la Brigade d’Intervention Maritime, qui se charge de retirer les déchets des plages.

Pourquoi participer ?

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IA et consommation énergétique : un modèle à revoir d’urgence

Paul Caillon & Alexandre Allauzen(*) —

Les grands modèles de langage (Large Language Models ou LLM), comme ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google/DeepMind) ou encore les modèles génératifs d’images comme Midjourney, sont devenus en très peu de temps des outils incontournables avec des usages qui ne cessent de s’amplifier et de se diversifier. Il est vrai que la fluidité des échanges avec ChatGPT impressionne, et que les promesses de développement sont enthousiasmantes.

Néanmoins, ces promesses cachent des coûts de calcul, et donc énergétiques, considérables. Or, aujourd’hui l’idée dominante dans l’industrie des modèles génératifs est : “Plus grand est le modèle, mieux c’est.” Cette compétition s’accompagne d’une croissance de la consommation énergétique et, donc, de l’empreinte écologique qui ne peut plus être ignorée et qui questionne quant à sa pérennité et sa viabilité pour la société.

Pourquoi un tel coût énergétique ?

Un modèle génératif de texte comme un chatbot est un ensemble de paramètres numériques ajustés à partir de données pour accomplir une tâche spécifique. L’architecture dominante s’appuie sur les « transformers ».

Les transformers prennent une séquence en entrée, par exemple un prompt (soit votre question), pour la transformer numériquement.

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DROM : une agriculture tournée vers l’export au détriment de l’autosuffisance

Dans un rapport, le mouvement Terres de Liens critique la décision de la France de privilégier l’exportation au lieu de viser l’autosuffisance alimentaire. Dans les DROM, cette tendance est accentuée par une hyperspécialisation agricole, résultat des contraintes géographiques et de l’héritage colonial.

Terre de Liens en lumière une analyse approfondie du modèle agricole français, telle qu’elle est présentée par le mouvement *Terres de Liens*. Selon leur rapport, la France, qui pourrait théoriquement atteindre une autosuffisance alimentaire de 130%, choisit néanmoins de consacrer une grande partie de ses terres agricoles à la production destinée à l’exportation, ce qui soulève des questions sur la durabilité et l’équilibre de ce modèle. En effet, 43% des terres agricoles françaises sont utilisées pour cultiver des produits qui ne sont pas destinés à la consommation locale, mais qui seront exportés à l’étranger. Cela soulève des préoccupations concernant la sécurité alimentaire et la dépendance du pays aux importations pour satisfaire les besoins alimentaires de sa population.

Ce phénomène est particulièrement exacerbé dans les départements et régions d’Outre-mer (DROM), où les défis géographiques et historiques rendent la situation encore plus complexe.

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Avis de gros temps sur l’emploi dans le secteur bancaire aux Antilles.

— Par Jean-Marie Nol —

Le secteur bancaire en Guadeloupe et en Martinique est à un tournant majeur, à l’image des transformations qui secouent la France hexagonale . La fermeture récente de plusieurs agences du Crédit Agricole en Normandie et ailleurs met en lumière une tendance qui pourrait bien s’intensifier sous le ciel des tropiques. Après le retrait de la Société Générale de Banque aux Antilles, cette nouvelle vague de fermetures interroge sur l’avenir du paysage bancaire local. Avec la digitalisation croissante, la rentabilité en berne et les mutations des habitudes de consommation, le modèle bancaire traditionnel est mis à rude épreuve. Ces fermetures d’agences constituent un signal fort envoyé au marché : l’ère du tout-numérique est en marche et pourrait bouleverser durablement les relations entre les banques et leurs clients antillais.

Depuis plusieurs années, les Antillais ne contrôlent plus aucune banque et le secteur bancaire sur le plan local connaît une révolution silencieuse, mais profonde. Les avancées technologiques ont permis l’émergence de services numériques ultra-performants, rendant la visite en agence de moins en moins indispensable. Désormais, les clients peuvent réaliser presque toutes leurs opérations courantes en ligne, depuis le virement jusqu’à la souscription à un crédit immobilier.

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Haïti : corruption généralisée au Fonds National de l’Education

— Par Robert Berrouët-Oriol(*) —

« En Haïti, la corruption généralisée au Fonds national de l’éducation met encore en péril la scolarisation de 3 millions d’écoliers »

Professeure de créole et de littérature dans un lycée de Port-au-Prince, Marlène P-L. ne décolère pas. Depuis plusieurs mois elle ne perçoit plus le maigre salaire que le ministère de l’Éducation nationale verse de manière erratique aux 17 000 enseignants du secteur public détenteurs d’une lettre de nomination (de sources concordantes l’on estime à 88 000 le nombre total d’enseignants en poste dans les secteurs privé et public du système éducatif national). Le salaire brut versé aux enseignants du secteur public s’élève à 23 000 Gourdes par mois ; après prélèvement des taxes il est de l’ordre de 18 000 Gourdes… Dans le but de dénoncer à visière levée la précarité de leur situation professionnelle et financière, les enseignants du secteur public ont entrepris récemment à l’échelle nationale une courte grève pour réclamer une fois de plus le paiement des arriérés de salaire et exiger une significative augmentation de leur rémunération –« fòk Leta ayisyen respekte diyite ak konpetans pwofesè yo » a vivement exposé Marlène P-L.

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Ce que nos smartphones font au musée

— Par Gilles Bonnet(*) —

Cet été encore, vous avez pesté. Maugréé, râlé même, contre ces grappes de touristes amateurs d’art brandissant obstinément leur smartphone à bout de bras, et dont le seul loisir semble de surpeupler les musées en vous bouchant la vue par la même occasion. Ces deux étudiants en short et au sourire étrangement figé vous empêchent ne serait-ce que d’apercevoir le Poussin que promettait le dépliant et prennent une pose qui serait plus opportune, jugez-vous, à la sortie d’un pub qu’au cœur d’un musée. Le Rothko orangé qui clôt la série exposée dans cette autre salle où vous devinez la patte du curateur de l’exposition, soucieux d’embarquer le visiteur dans une narration cohérente, ne semble plus servir que de fond vaguement coloré à une séance de shooting pour un couple occupé à s’entre-photographier amoureusement.

Voilà que la civilisation du loisir, unie comme un seul homme, a malignement comploté et choisi le même jour que vous pour venir admirer La Nuit étoilée, qu’illuminent en l’occurrence plus de flashes que d’éclats stellaires…

L’art à l’ère du selfie : contemplation ou simple captation ?

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Avec la dette, nous sommes déjà sur le fil du rasoir : La Guadeloupe et la Martinique à l’heure des choix !

— Par Jean-Marie Nol —

La Cour des comptes a récemment tiré la sonnette d’alarme sur l’état des finances publiques françaises, mettant en avant une dérive des dépenses qui place le pays dans une situation critique. Selon le rapport publié début 2025, la dépense publique a connu une envolée incontrôlée, contribuant largement à l’aggravation du déficit, qui a atteint 6 % du PIB en 2024, bien au-delà des prévisions initiales de 4,4 %. Alors que les gouvernements successifs ont souvent justifié cette situation par une baisse des recettes fiscales, la Cour insiste sur le fait que le véritable problème réside dans l’incapacité de l’État et des collectivités à contenir leurs dépenses.

Pierre Moscovici, premier président de la Cour, n’a pas mâché ses mots en qualifiant la situation d’« hors de contrôle ». Il souligne que la dépense publique a progressé plus vite que la croissance du PIB, un phénomène qui ne peut plus être ignoré. Loin de se limiter aux seules finances de l’État, cette dérive concerne également les collectivités locales, dont les dépenses ont augmenté de manière record en 2024.

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Ola nou yé ? Faire le point pour rebondir

— Le n° 382 de « Révolution Sociliste », journal du GRS —

Eu égard aux perspectives, les moments de pause de la mobilisation revendicative sont toujours propices aux questionnements.

Ces joursci, une vidéo circule largement sur le succès d’un vaste boycott des magasins et autres restaurants de Croatie, contre la vie chère. Le boycott peut en effet, être une arme très valable, et on notera que, dans le cas d’espèce, il était porté par des forces significatives, avec la bienveillance d’un premier ministre dont les propos légitimaient l’action.

Ainsi, ce serait une grande naïveté de croire que Manuel Valls va s’attaquer sérieusement aux Békés et autres capitalistes, mais ses propos inhabituels sont à prendre en compte. Les actions judiciaires contre GBH le contraignant de publier les comptes sociaux consolidés, et révélant ainsi les marges réalisées, sont un élément qui rebat les cartes, et accélère l’obsolescence du document signé à la « table ronde » des grands décideurs.

La charge du MEDEF contre la loi Bellay, avant même le débat au Sénat, est une invite, non à écouter leur diatribe très intéressée, mais à reprendre le débat.

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Un amour de TikTokeur ! ( Parties 1, 2, 3 & 4)

— Par -Myrna Nérovique —

Partie 1

Il me plaisait, mais je ne savais pas comment lui parler. J’étais une jeune femme sans expérience. Apparemment, il avait fait Harvard et moi, je me sentais toute petite avec mon niveau master à l’Université des Antilles.

Non, toute fac a ses honneurs, mais il me plaisait et avec mon anglais rudimentaire, je me demandais s’il verrait plus que de la plastique, chez moi.

Il était polonais, moi, j’étais martiniquaise. Je ne savais pas si je pouvais lui plaire. La reine du France-Antilles, la princesse des éditions Baudelaire, la duchesse de Madinin’art.

Pour moi, c’était le roi de TikTok et de Harvard, peut-être. Un homme simple et distingué, que j’aurai aimé avoir auprès de moi.

Je n’avais plus vingt ans. Je pensais à des choses un peu plus sérieuses. Il avait une copine. Une blondinette aux yeux gris et moi, j’étais juste une jolie chabine aux yeux noirs, belle en rouge et belle en orange. Et, défrisée par-dessus le marché.

Pendant qu’on discutait, mon cœur se réchauffait en plein hivernage et s’attristait de l’éloignement de ce beau prétendant, irrésistible et cuisinier.

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Dresde 1945 : destruction, mémoire et instrumentalisation d’une tragédie

Du 13 au 15 février 1945, la ville de Dresde, l’une des plus belles cités d’Allemagne, est ravagée par une pluie de bombes incendiaires et explosives. L’attaque, menée par les forces aériennes anglo-américaines, marque un tournant dans la guerre aérienne de la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’alors épargnée par les bombardements, Dresde, surnommée « la Florence de l’Elbe » en raison de ses trésors artistiques et architecturaux, devient la cible d’une destruction systématique.

Cette offensive, désignée sous le nom de « Thunderclap », a pour objectif de perturber les lignes de communication ennemies et de démoraliser la population allemande, déjà fragilisée par la guerre. Environ 7000 tonnes de bombes sont déversées sur la ville en une quinzaine d’heures, causant des incendies dévastateurs qui engloutissent plus de la moitié des bâtiments et plusieurs zones industrielles. Les températures atteignent parfois plus de 1000°C, et une grande partie de la ville est réduite en cendres. Le nombre exact de victimes demeure incertain, mais les historiens estiment que près de 25 000 à 35 000 personnes trouvent la mort dans cette catastrophe.

Dresde, en ce début de 1945, se trouve dans une situation paradoxale.

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« Femme ! » de Cindy Richard

— Par Selim Lander —

La Martinique a eu la primeur de Femme !, une pièce écrite et mise en scène par Cindy Richard, également présente sur le plateau avec quatre autres comédiennes. Comme le nom le laisse deviner, il s’agit d’une pièce féministe et celle-ci se développe sur deux axes : 1) les combats des femmes et leurs acquis et 2) en contrepoint, toutes les violences, toutes les injustices dont elles demeurent victimes. Vaste programme qui risque de paraître indigeste, mais ce ne fut certainement pas le cas pour le public martiniquais qui a beaucoup applaudi, pendant et après.

On ne sait jamais avec ce genre de pièce à messages si le public est heureux de se voir conforté dans ses certitudes, qu’elles lui viennent de son expérience vécue ou qu’elles correspondent à son idéologie (1), c’est-à-dire à tout ce qu’il a déjà appris et retenu de son milieu familial, de ses fréquentations, des médias, de l’école, etc., ou bien s’il est séduit par le côté spectaculaire, à moins que ce ne soit les deux à la fois.

Le critique qui, fatalement, n’en est pas à sa première pièce féministe, s’intéresse surtout à la manière dont tout cela (car la pièce vise à l’exhaustivité) peut faire théâtre.

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Psychanalyse, sexualité féminine, féminisme

 — Par Dr Bernard Muldworf (*) —

Mon propos est d’examiner dans quelle mesure la psychanalyse peut être un instrument théorique intéressant, propre à éclairer de façon positive les problèmes de la « condition féminine » . Ces réflexions sont à mettre en relation avec celles de Maurice Godelier qui apportait une autre forme d’approche, celle de l’ethnologie. Dans son article, Maurice Godelier montre que la domination de l’homme sur la femme est issue de la première division sociale du travail. fondée sur la différenciation sexuelle.

L’oppression sexuelle est ainsi première, chronologiquement, mais structurellement seconde : les rapports de famille cessent rapidement d’être des rapports de production. c’est l’oppression, de classe qui devient déterminante et c’est la lutte des classes qui se constitue comme moteur du mouvement historique.

Reste à savoir comment cette domination de l’homme sur la femme, issue de la première division sociale du travail s’est perpétuée par l’intermédiaire et sous la forme de la domination sexuelle.

C’est à ce niveau, me semble-t-il, que la psychanalyse peut apporter quelques lumières.

Le postulat de base que l’ethnologie permet de mettre en place, est le suivant : nous sommes les héritiers actuels d’un androcentrisme originaire (le pouvoir de l’homme), séquelle de la première division du travail, fondée sur la différenciation sexuelle. 

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Une nouvelle Utopie refondatrice pour développer la Martinique

— Par Max Orville(*) —

La Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) traverse de sa jeune carrière, une situation financière préoccupante aux répercussions inédites pour ses entités affiliées, le tissu associatif et l’ensemble du territoire. La Chambre régionale des comptes a souligné dans son dernier rapport une baisse des investissements, une augmentation de l’endettement et une gestion financière fragile. Sur un budget de 1,5 milliard d’euros, près d’1 milliard est consacré aux frais de fonctionnement et aux engagements sociaux, laissant une marge dérisoire pour les investissements structurants.

Les satellites de la CTM, tels le Parc naturel régional Martinique (PNRM), le Pôle agroalimentaire régional de Martinique (PARM), le Comité Martiniquais du Tourisme (CMT) ou encore Martinique Développement, subissent de plein fouet, des contraintes budgétaires qui affectent leurs actions. De même, le secteur associatif, poumon de la vie citoyenne, fortement dépendant des subventions publiques, fait face à une incroyable incertitude, qui met en péril, les initiatives essentielles pour la cohésion sociale, culturelle et environnementale. Cette réalité affecte directement les évènements phares de la Martinique, à l’instar du Tour des yoles, du Festival Biguine Jazz ou du colloque Frantz Fanon, ou encore la représentation de la Martinique au Salon de l’agriculture à Paris, …

La gestion des ressources humaines au sein même de l’institution territoriale interpelle le citoyen martiniquais.

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Économie qui vacille et formation en crise : le futur du travail se dessine de façon chaotique en Guadeloupe ?

— Par Jean-Marie Nol —

Le tableau pour  l’économie de la Guadeloupe est assez sombre : les annonces de fermetures d’entreprises se sont succédé fin 2024 et les perspectives de croissance  sont tombées à « leur plus bas niveau depuis près de dix ans hors crise sanitaire », selon les données publiées par l’Insee. Un baromètre de l’IEDOM confirme cette mauvaise passe, avec des prévisions de recrutement des entreprises  guadeloupéennes pour 2025 en net repli et alors même que la formation professionnelle traverse une mauvaise passe en Guadeloupe . Pourtant la formation initiale revêt une importance cruciale pour préparer les plus jeunes à intégrer le marché du travail. Cependant, de nombreux systèmes éducatifs ne parviennent pas à fournir les compétences nécessaires pour répondre aux besoins changeants du marché. Il faut aussi rassurer nos générations futures sur nos métiers, les leurs, et l’avenir de l‘entreprise dans le monde de demain. Leur donner l’envie, l’espoir de s’épanouir quotidiennement, les inspirer et être nous-mêmes inspirés par les enjeux d’avenir de la formation !
Mais actuellement ce n’est pas le cas de la fa formation professionnelle qui mal inspirée traverse actuellement une crise profonde, mettant en péril l’avenir économique et social du territoire.

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Crise de confiance en politique : une demande de plus d’autorité et d’efficacité

— Par Jean Samblé —

Le dernier Baromètre de la confiance politique, publié par le CEVIPOF et réalisé par OpinionWay, met en lumière une crise profonde de légitimité au sein de la société française. L’enquête, qui a été menée entre janvier et février 2025, révèle des résultats alarmants quant à la perception de la politique et des institutions démocratiques par les Français.

La défiance est particulièrement marquée à l’égard du gouvernement, avec seulement 23 % des Français lui faisant confiance, un chiffre bien en deçà de celui observé en Allemagne (38 %) et en Italie (35 %). Les figures politiques, à l’instar de François Bayrou, ne suscitent guère plus de soutien, avec seulement 27 % de confiance, contre 43 % pour Georgia Meloni en Italie et 53 % pour Olaf Scholz en Allemagne.

Cette défiance semble avoir atteint son paroxysme, atteignant des niveaux jamais mesurés auparavant. La crise de confiance, qui s’est intensifiée après la dissolution de l’Assemblée nationale et les troubles politiques qui ont suivi, dénonce l’incapacité de la classe politique à résoudre les enjeux du pays. Un sentiment général de découragement est partagé par 45 % des Français, contre seulement 15 % exprimant un sentiment de bien-être.

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Bien-être animal : vers un étiquetage plus transparent pour les consommateurs

— Par Julie Chiron(*) —

L’évolution de la considération des humains à l’égard des animaux s’est également inscrite dans l’histoire du droit. Dans la tradition juridique, l’animal était assimilé par le droit comme une chose au service des humains. Du XIXe siècle aux années 1960, la protection de l’animal se limite à condamner la souffrance et les actes de cruauté, aucune norme ne concerne les conditions de vie des animaux d’élevage.

À la fin des années 1960 (Loi Mery, puis loi Grammont), de nouvelles normes de protection animale émergent et s’inscrivent dans une démarche préventive de la souffrance animale, imposant des obligations au propriétaire quant à la manière de traiter ses animaux. L’objectif est d’assurer une protection de l’animal contre les mauvais traitements mais aussi de garantir un niveau minimum de bien-être aux animaux. Le BEA s’impose désormais comme une notion clé de la protection animale, tant en droit français qu’en droit européen.

Le bien-être animal, une notion qui a évolué

D’un point de vue scientifique, l’énoncé des « Five Freedoms » (cinq libertés fondamentales : absence de faim et de soif, absence d’inconfort et de douleur, absence de douleur et de maladie, absence de peur, de détresse et liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce grâce à un environnement adapté) a, encore récemment, fait office, à tort, de définition du BEA.

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I.A : une menace pour la cohésion sociale antillaise?

Pourquoi faute d’anticipation,l’intelligence artificielle pourrait bien fracturer la cohésion sociale de la société antillaise ?

— Par Jean-Marie Nol —
La Guadeloupe, comme nombre de territoires ultramarins, se trouve à un tournant décisif face aux bouleversements induits par l’intelligence artificielle et les mutations économiques et sociales qu’elle engendre. Pourtant, malgré les signaux clairs d’un monde en profonde transformation, les élus locaux semblent incapables d’anticiper les défis à venir, ni même d’intégrer une véritable analyse prospective dans les politiques publiques. Ce constat n’est pas nouveau, mais il prend une dimension particulièrement préoccupante à l’heure où la révolution numérique redessine les rapports de force économiques, reconfigure le travail et accélère la dépendance des territoires en marge des grandes dynamiques de développement.

L’une des premières explications de cette inertie politique réside dans une culture de la gestion à court terme ( le nez dans le guidon), où les urgences du quotidien prennent systématiquement le pas sur les visions stratégiques de long terme. La gouvernance locale est souvent marquée par une logique réactive plutôt qu’anticipatrice, où les élus passent plus de temps à gérer des crises – qu’elles soient sociales, économiques ou climatiques – qu’à en prévenir les causes profondes.

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Vie de chien : une exploration sonore de notre lien aux canidés

Sur France Culture. A la demande.

Dans un podcast en huit épisodes, diffusé dans « LSD, la série documentaire », l’autrice interroge, avec rigueur, la place des canidés dans la société.

Nos compagnons à quatre pattes sont bien plus que de simples animaux de compagnie. Ils sont des amis fidèles, des protecteurs, des confidents et parfois même des symboles de nos propres souffrances. Mais que disent-ils de nous, et surtout, méritons-nous vraiment leur amour inconditionnel ? C’est la question que soulève Ovidie dans sa série documentaire sonore Vie de chien, réalisée par Julie Beressi.

Avec huit épisodes et quatre heures d’enquête minutieuse, cette série explore la place du chien dans nos sociétés sous des angles rarement abordés. De la protection des personnes marginalisées à la médiation canine, des canicides aux chiens de laboratoire sacrifiés au nom de la science, en passant par l’histoire des chiens de l’espace et la surreprésentation des femmes dans la cause animale, chaque volet dévoile une facette méconnue de notre relation aux chiens.

Un regard sociologique et politique

Si le chien est souvent perçu comme un simple compagnon, Ovidie nous invite à le considérer sous un prisme sociologique et politique.

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