Catégorie : Sciences Sociales

Sciences sociales : nouveautés du 12 juillet 2020

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Croissance, chômage, dettes … Que nous réserve la crise économique aux Antilles ?

« Tété doubout sé pou on tan »

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

La mutation de la société Antillaise va forcément s’accélèrer avec l’émergence d’une nouvelle économie reposant sur la théorie de la destruction créatrice et la restructuration de pans entiers du secteur des services. Le choix important auquel nous sommes confrontés est entre l’isolement nationaliste et la garantie du maintien de la solidarité nationale . L’épidémie elle-même et la crise économique et sociale qui en résulte sont des problèmes mondiaux. Ils ne peuvent être résolus efficacement que par un soutien massif de l’Etat français aux entreprises et ménages de la Martinique et de la Guadeloupe . Sans les mesures de l’Etat, le constat serait bien sans conteste la ruine de l’économie de la Martinique et de la Guadeloupe.

Plus généralement, cette crise nous oblige à nous poser des questions sur notre manière de vivre et de consommer. Ainsi, les mutations en cours pourraient voir leur adoption accélérée par la population. Personne n’est aujourd’hui capable de savoir ce qu’il en ressortira, mais il semble acquis que l’après coronavirus ne sera pas totalement comme l’avant.

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Coronavirus : La crise économique liée au Covid-19 s’annonce « dévastatrice » pour les Outre-mer

Un rapport sénatorial préconise une soixantaine de mesures d’aide pour soutenir les territoires ultramarins face aux conséquences économiques du Covid-19

Le constat est alarmiste. Selon un rapport de la délégation aux Outre-mer du Sénat, la crise économique liée à l’épidémie de Covid-19 s’annonce « dévastatrice pour l’ensemble des territoires ultramarins ». « Les pertes instantanées d’activité pendant le confinement sont estimées à 30 % pour l’ensemble des Outre-mer, ce qui est sans précédent », et les économies ultramarines se trouvent « confrontées à une menace d’effondrement si des mesures appropriées et d’envergure ne sont pas rapidement adoptées », insistent les auteurs du texte.

Les mesures nationales d’urgence économique s’appliquent en principe aux Outre-mer. Mais Stéphane Artano (RDSE, Saint-Pierre-et-Miquelon), Viviane Artigalas (Socialiste et républicain, Hautes-Pyrénées) et Nassimah Dindar (Union centriste, La Réunion) soulignent que « la forte proportion de très petites entreprises et entreprises unipersonnelles en outre-mer, la frilosité traditionnelle du système bancaire, le pourcentage d’entreprises déjà en grande difficulté et des différences statutaires tendent à exclure en pratique des pans entiers d’activités du bénéfice des mesures de solidarité nationale ».

Les auteurs préconisent par exemple de « renforcer l’autonomie sanitaire » de chaque territoire, d’adopter des protocoles sanitaires différenciés selon les situations locales, et de permettre, pour les Outre-mer qui le souhaitent, de « tester les populations à leur arrivée à l’aéroport ».

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Mark Lilla, Margaret Atwood, Wynton Marsalis… : « Notre résistance à Donald Trump ne doit pas conduire au dogmatisme ou à la coercition »

— Collectif —

Les mouvements en faveur de la justice sociale posent des interdits qui menacent le débat public, s’inquiète, dans une tribune au « Monde », un collectif de plus de 150 écrivains, artistes et journalistes de divers horizons politiques.

Tribune. Nos institutions culturelles sont aujourd’hui à l’épreuve. Les puissantes manifestations en faveur de la justice raciale et sociale revendiquent une réforme de la police trop longtemps différée et font plus largement entendre des appels pour davantage d’égalité et d’inclusion dans notre société, notamment dans l’enseignement supérieur, le journalisme, la philanthropie et les arts.

Mais cette nécessaire prise en compte a aussi renforcé tout un ensemble de postures morales et d’engagements politiques qui risquent d’affaiblir les règles du débat public et l’acceptation des différences au profit d’un conformisme idéologique. Autant nous avons salué la première phase de ce mouvement, autant nous voulons nous élever contre la seconde.

Les forces illibérales gagnent du terrain partout dans le monde et trouvent un puissant allié en Donald Trump, qui représente une réelle menace contre la démocratie. Notre résistance ne devrait pas conduire au dogmatisme ou à la coercition.

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Essai. Julien Cohen-Lacassagne : « Les Juifs ne vivaient pas parmi les Berbères, ils étaient Berbères »

Julien Cohen-Lacassagne signe aux éditions la Fabrique « Berbères juifs. L’émergence du monothéisme en Afrique du Nord ». Il y retrace une histoire longue, loin des mythes diasporiques. 

— Entretien réalisé par Rosa Moussaoui —

Vous affirmez, en suivant les thèses de l’historien Shlomo Sand, que le judaïsme originel fut prosélyte. Quels furent, en Afrique du nord, les vecteurs de ces campagnes de conversion ?

Julien Cohen-Lacassagne : Le monothéisme juif dans le bassin méditerranéen s’est heurté au paganisme hellénique puis romain. Cet affrontement religieux et politique fut d’autant plus important que le monothéisme suppose une lutte à mort car il ne peut coexister avec une conception païenne. Le polythéisme est inclusif, il peut agréger sans limites les divinités ou les croyances qu’il rencontre ; le monothéisme est exclusif, prosélyte et idéologiquement conquérant. Les conséquences politiques sont importantes : le monothéisme suppose une centralisation forte qui cimente les communautés de manière plus rigide que le polythéisme.

Lire une présentation détaillée de l’ouvrage sur Contretemps

Vous parlez d’un culte yahviste judaïsant, un « proto-monothéisme africain ». Comment s’est-il forgé ?

Julien Cohen-Lacassagne : Progressivement émergent des figures divines qui gagnent en importance aux dépens des autres.

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GUYANE : dans les favelas françaises

L’agglomération de Cayenne, en Guyane, compte une vingtaine de bidonvilles. Des quartiers insalubres que le nouveau préfet, Marc Del Grande, veut voir disparaître. Depuis son arrivée en juillet dernier, quatre expulsions ou évacuations ont déjà eu lieu. Une situation inacceptable pour les équipes de Médecins du Monde qui proposent une aide médicale aux habitants de ces bidonvilles, victimes d’une extrême précarité.

Un exemple : 

A l’entrée de sa maison, à même le sol, de grands sacs de farine empêchent Gaston de circuler. De son four, qu’une amie de Guadeloupe lui a amené le mois dernier et qu’il a branché à une installation électrique de fortune, émane une douce odeur de coco. Un parfum qui lui rappelle celui de son enfance, lorsqu’il habitait en Haïti avec sa mère et ses deux soeurs. Cela fait quatre ans que Gaston vit ici, dans le bidonville de la Source de Baduel, à quelques kilomètres du centre-ville de Cayenne en Guyane, avec sa femme et ses trois filles. Comme lui, ils sont plus de cinq mille à survivre entre les planches et les taules, confinés, dans la chaleur cuisante du soleil guyanais.

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Colonialisme : le réveil des mémoires en Europe

— Par Sabine Cessou (Bruxelles), Anne Le Nir (Rome), Tristan de Bourbon (Londres), Laurent Larcher —

Déboulonner les statues des figures de la colonisation, débaptiser les rues, les écoles et les places qui portent leur nom, ce phénomène relancé dans le sillage de la mort de George Floyd aux États-Unis et du mouvement « black lives matter » touche aussi les anciennes puissances coloniales européennes. Si les gestes se ressemblent, la question coloniale ne se pose pas, pour autant, de la même manière dans chacun de ces pays. En France comme au Royaume-Uni, l’indignation a prévalu face à ces mouvements de colère. Mais pas pour les mêmes raisons.

En France, l’histoire coloniale s’est renouvelée

« Ce mouvement n’est pas acceptable dans sa forme, il est antidémocratique et péremptoire. Il est autant anachronique qu’ignorant. Et enfin, c’est nous engager dans un processus sans fin qui nous conduira jusqu’à Jules César et même aux Grecs », confie Jean-Noël Jeanneney, résumant la position de nombre d’historiens, de Mona Ozouf à Michel Winock. « Il faut expliquer, expliquer et non détruire : c’est la meilleure des fidélités que l’on puisse exprimer aux victimes de la colonisation ».

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Harlem Renaissances. La modernité du New Negro

Harlem dans les années 20, le quartier noir de New York, devient la Mecque du mouvement d’avant-garde « New Negro » et la capitale d’une révolution culturelle : la Harlem Renaissance. Jazz, gospel, nouvelle littérature, revendication de l’héritage africain, contestation des hiérarchies sociales et raciales bouleversent le rapport au monde et à la modernité de la société américaine. A des milliers de kilomètres de là, dans un Paris tout juste sorti de la Grande Guerre, arrive la vague noire portée par les soldats afro-américains, les musiciens noirs à Montmartre, des artistes comme Josephine Baker et des intellectuels. Paris devient un autre foyer de cette renaissance culturelle avec la passion pour l’art primitif des cubistes ou des surréalistes, la convergence d’écrivains des colonies, les artistes afro-américains fuyant le Maccarthisme, le courant littéraire de la Négritude lancé par Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire et Léon-Gontran Damas… L’ouvrage entend rappeler et rendre hommage à cette formidable avant-garde dont les effets se font ressentir jusqu’à nos jours, dans les revendications pour « décoloniser » l’histoire et la culture. L’écrivain-poète, ayant occupés des postes de haut fonctionnaire clés à l’Unesco, Kiflé Selassié revient sur l’héritage, lui qui a rencontré, connu et partagé le quotidien de certains grands acteurs de la Harlem Renaissance à Paris tandis que les disciples d’Alioune Diop célèbrent le soixante-dixième anniversaire de Présence africaine, une maison d’édition et une librairie, haut lieu de rencontres et de débats, en droite ligne de l’Harlem Renaissance ; tout comme le salon des soeurs Nardal où se formèrent Césaire et Senghor.

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Pour refonder le service public hospitalier

— Par Les invités de Mediapart —

Au moment où le « Ségur de la santé » s’achève, cinq collectifs se sont associés pour lancer un appel à la tenue d’un « Atelier de travail et de réflexion démocratique et populaire » pour la refondation du service public hospitalier. Chercheurs en science sociale et soignants s’unissent pour réinvestir les collectifs de soin et inventer une « gouvernance » démocratique.

Au moment où le « Ségur de la santé » s’achève sur une note amère et qu’il laisse sans réponses des questions essentielles sur le devenir du service public hospitalier, cinq collectifs se sont associés pour lancer un appel à la tenue d’un « Atelier de travail et de réflexion démocratique et populaire » pour la refondation du service public hospitalier. A l’origine de cet appel : le Collectif Inter-Hôpitaux, les Economistes Atterrés, le Collectif Inter-Urgences, le Printemps de la Psychiatrie et les Ateliers Travail et Démocratie  entendent s’atteler  à recueillir la parole de celles et ceux qui ont traversé la crise sanitaire, soignants comme soignés, et à travailler à la fois à concevoir et conforter des collectifs de soin plus autonomes et à œuvrer pour la mise en place d’une  autre gouvernance de l’hôpital public. 

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Combattre le système patriarcal et la culture du viol!

Culture Égalité s’associe à toutes les actions et tous les rassemblements organisés en France et dans le monde contre le remaniement ministériel du 6 juillet.

Les nominations de Gérald Darmanin, accusé par deux fois de viol, et d’Eric Dupont-Moretti qui tient dès qu’il peut des propos gravement sexistes et antiféministes, ne nous laisseront ni silencieuses, ni abattues.

Nous sommes en colère et déterminées à maintenir la pression et à dénoncer toute forme d’impunité dès qu’il s’agit de violences à l’encontre des femmes même si les auteurs sont des ministres !

Nous continuerons à combattre ce système patriarcal et cette culture du viol que ce nouveau gouvernement nourrit par ces choix de ministres.

Restons soudées et engagées pour faire entendre nos voix.

Pé bouch fini !

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Le « nouveau » gouvernement : une insulte aux droits des femmes!

L’Union des Femmes de Martinique s’associe aux protestations et aux actions des féministes et des démocrates suite aux nominations de 2 ministres du nouveau gouvernement :
L’avocat Éric Dupond-Moretti à la Justice, connu pour obtenir l’acquittement de violeurs, de pédocriminels et de proxénètes : Affaire d’Outreau, affaire du Carlton, affaire Tron… procès pendant lesquels la culture du viol alimente sa plaidoirie, et il accuse les victimes d’être consentantes. Connu pour ses propos sexistes : niant les stratégies des violeurs, les mécanismes d’emprise et les rapports de pouvoir, il affirme « à 30 ans, on n’est plus une potiche incapable de dire non ». Contre la création du délit d’outrage sexiste, il déclare que « les femmes regrettent de ne plus être sifflées ». L’affaire Carlton, ce sont « des copains qui s’offrent du bon temps ». Lors d’un procès, il croise une policière dont il s’apprête à attaquer l’enquête : « Tiens, voilà la pom-pom girl ! ». Aux associations féministes qui luttent pour l’égalité entre les femmes et les hommes (l’AVFT), il assène « vous préparez un curieux mode de vie aux générations futures » et il reprend à son compte les rances poncifs qui dénoncent « l’hystérisation du débat », sans compter ses propos ironiques sur la féminisation des métiers…

Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur, qui est visé par une procédure judiciaire pour viol, harcèlement sexuel et abus de confiance qu’il aurait commis en 2009.

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Droits des femmes: le gouvernement de la honte

— Par Lénaïg Bredoux —

En nommant l’avocat Éric Dupond-Moretti à la justice, Gérald Darmanin à l’intérieur et Élisabeth Moreno aux droits des femmes, Emmanuel Macron inflige un camouflet à toutes celles et tous ceux qui promeuvent des rapports plus égalitaires et luttent contre les violences sexuelles.

Le soir de la cérémonie des César, on avait pris une gifle. La deuxième est arrivée lundi 6 juillet, quand le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler a prononcé ces mots : Éric Dupond-Moretti, ministre de la justice, garde des Sceaux.

À cette nomination, il faut joindre celle de Gérald Darmanin à Beauvau, ainsi que celles, à un degré moindre, d’Élisabeth Moreno à l’égalité entre les femmes et les hommes, et de Barbara Pompili à la transition écologique, pour mesurer à quel point le gouvernement de Jean Castex est une déclaration de guerre aux droits des femmes.

C’est une claque portée à tous ceux et toutes celles qui espèrent que les inégalités de genre diminuent, que les violences qui tuent une femme tous les trois jours reculent. Que le nombre de viols ne régresse pas rien qu’un peu.

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« Relance », développement, inégalités, survie et émancipation.

— Contribution au débat de Philippe Pierre Charles avec Philippe Jock, Christian Louis- Joseph et Danielle Laport.—

Quid d’ un « plan de relance économique » et de lutte contre les inégalités sociales ?

Martinique 1ère vous a choisis, madame et messieurs, pour répondre à l’invitation de la CCIM de débattre sur un « plan de relance » de l’économie de la Martinique . Danielle LAPORT l’a dit: c’est lorsque la tempête menace ou que le navire prend l’eau que les milieux dirigeants songent à s’informer de l’avis du peuple et de ses organisations ! maléré pa ni gro tjè ! on peut donc malgré tout se prêter à l’exercice en pensant surtout à la nécessité pour le mouvement des masses à affûter les outils de sa propre intervention dans un domaine qui concerne ses intérêts immédiats et à plus long terme.

Il est positif que la question des inégalités sociales soit décrite par deux d’entre vous surtout comme un frein au développement mais les pistes avancées pour agir en la matière sont à la fois maigres et bien conventionnelles. Il s’agirait d’un côté d’augmenter le pouvoir d’achat pour relancer la consommation et donc l’économie et de l’autre d’ attirer l’épargne de la petite bourgeoisie pour l’injecter dans l’économie telle qu’elle est, en la modernisant quelque peu évidemment.

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Guyane : un projet de centrale au fuel divise

Les défenseurs de l’environnement dénoncent la future installation, qui pourrait être construite par EDF

Pour le moment, ce sont des mangroves et une forêt marécageuse situées au bord de la route nationale 1 à Matoury, en périphérie de Cayenne. Dans ce secteur, à proximité du port de pêche du Larivot, une nouvelle centrale au fuel est censée commencer à produire de l’électricité d’ici à trois ans. Elle est destinée à remplacer la centrale thermique de Dégrad des Cannes : construite au début des années 1980, cette usine de moteurs diesel au fuel lourd doit fermer ín 2023, à l’expiration de la dérogation lui permettant des rejets polluants hors normes, notamment en oxyde d’azote (NOx).

En pleine crise sanitaire, et sans qu’aucune réunion ait pu se tenir, le projet a été soumis à enquête publique du 15 mai au 15 juin, le ministère de la transition écologique ayant jugé que la sécurité de l’approvisionnement électrique était en jeu. Seules quelque 350 contributions ont été envoyées par mail – la majorité étant hostile à la centrale.

Contrairement au projet de mégamine de la « Montagne d’or », la question de cette installation au fuel ne mobilise pas largement les Guyanais.

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Sera-t-on Martiniquais demain ?*

— Par  André Triboulet —
A vous lire, Monsieur (*), je peux légitimement me poser la question. Arrivé au péyi voici douze ans, prenant une place professionnelle dans une destination que j’avais délibérément choisie.
A Orly, la joie dans les bagages, l’agent de la PAF qui contrôle mon identité est originaire de Grand Rivière. Il plaisante au passage avec ses cousins douaniers Antillais. Bon voyage… Je fais donc partie de « l’arrivée régulière d’une population de race blanche », participe à « un génocide de substitution. » Serais donc responsable de l’exode bien triste d’une jeunesse en route vers des cieux plus relâchés. Je vous l’avoue, je suis resté coi à vous lire. Passant par Fort-de- France, je relis le calicot bien trop délavé sur lequel Aimé nous invite, nous adresse un horizon : « un jour, des hommes (noirs ?) de bonne volonté, feront au monde (noir ?) une face (noire ?) nouvelle. » Non, le Nègre fondamental, humaniste excédant toutes les insularités géographiques, intellectuelles et spirituelles, n’a pas fait de la Négritude un concept utile de combat fratricide. Non un combat juste et nécessaire pour sortir une population d’après-guerre, noyée dans toutes les misères ordinaires.

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Martinique terre de droit ou terre colonisée

Laboratoire Territorial d’Analyse en danger

— Communiqué de la CGTM —

Depuis plusieurs mois, même depuis son installation en janvier 2018 au quartier LA FAVORITE, le LTA est victime de dysfonctionnements générant des risques de santé pour les personnels y travaillant ; déjà quatre agents déplacés par la médecine du travail pour des affections d’ordre respiratoire et autre.

En raison de la technicité des analyses qui y sont effectuées, et de la sensibilité des matériels utilisés, ce bâtiment a été conçu pour être totalement climatisé, ce qui le rend vulnérable aux contraintes environnementales.

Très rapidement, les personnels se sont plaints des nuisances environnementales résultant du fonctionnement de la distillerie LA FAVORITE (émission de particules, odeurs de vinasses), qui se traduisent par des dépôts importants de poussières sur les bâtiments et les véhicules, ainsi que par la dégradation accélérée des matériels et de la climatisation. Une situation et un lien de causalité d’ailleurs reconnus par le conseil exécutif lors de la plénière du 30 juin et1er juillet 2020.

Des actions ont été menées par la CTM, auprès des services de l’État, qui ont conclu à la nécessité de rehausser de 10 mètres la cheminée de la distillerie LA FAVORITE ; deux injonctions de la Préfecture ont été adressées à cet industriel, avec des délais d’exécution désormais arrivés à terme.

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« Rétablissons la statue du général Dumas »

— Par Frédéric Potier et Claude Ribbe —

Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) et Claude Ribbe, écrivain, président de l’association des amis du général Dumas, plaident pour la réhabilitation d’une statue du général Dumas.

Voici leur tribune : « Deux statues de Victor Schoelcher détruites en Martinique. La mort de George Floyd qui génère des manifestations contre le racisme partout dans le monde. Et des voix qui se font entendre pour déboulonner les statues rendant hommage à des personnalités accusées d’être liées à la colonisation ou à l’esclavage… Révisionnisme historique? Légitimes protestations?

Lire aussi – Déboulonner les statues : réécriture de l’histoire ou symptôme d’une colère contre les autorités

Le racisme est une réalité qu’il est inconcevable de nier. Il est le fruit d’une histoire douloureuse dont il n’est pas interdit d’examiner les traces, lorsqu’elles peuvent être décelées dans les noms de nos rues ou la statuaire de nos villes. Nul doute que cette histoire, multiséculaire et mondiale, implique aussi, dans ses épisodes les moins glorieux, des figures par ailleurs admirées pour leur contribution à la science, à la culture ou à l’art de gouverner.

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Sciences humaines & littératures : nouveautés du 5 juillet 2020

Les sciences humaines et sociales (SHS) représentent un ensemble de disciplines étudiant divers aspects de la réalité humaine sur le plan de l’individu et sur le plan collectif, selon le système éducatif en France.
Définitions
Les sciences humaines et sociales regroupent de nombreuses disciplines qui cherchent à expliquer des phénomènes dont les explications ne relèvent pas de la biophysique, mais plutôt des influences, des faits sociaux, des autres ou de l’environnement sur les actions, comportements et attitudes humaines. Ses domaines de recherche sont nombreux, allant de la géographie à la psychologie sociale, en passant par la linguistique, la démographie, l’histoire, l’anthropologie ou la sociologie.

Actuellement, les sciences humaines et sociales peuvent converger plus ou moins avec d’autres domaines des sciences. C’est le cas avec la biologie (notamment dans le domaine de l’environnement). Certaines convergent également vers la physique et la chimie. D’autres en divergent fortement. Des champs entiers des sciences sociales font usage des mathématiques et du formalisme.

Chaque discipline des sciences humaines et sociales, a ses propres écoles de pensée et de nombreuses approches méthodologiques et théoriques. Il n’y a pas de principe universel ou une seule dénomination ; chaque champ de recherche a ses particularités.

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Quel Signal pour la jeunesse martiniquaise ?

— Par Willy Joseph-Angélique —

J’ai décidé aujourd’hui, 1 er Juillet 2020, après plusieurs mois d’observation, de sortir de mon silence. Je suis un jeune militant du PPM (Parti Progressiste Martiniquais), fier d’appartenir à cette grande famille politique pour la défense des intérêts de tous, l’émancipation et la valorisation de notre peuple martiniquais. Cette lettre ouverte s’adresse à TOUS LES DIRIGEANTS de mouvements et de partis politiques. C’est un cri d’alerte que je lance au regard des attaques ignobles et indignes proférées, en particulier, contre des jeunes engagés dans la bataille politique des élections municipales, singulièrement lors du second tour du mois de Juin. Il semblerait que ces pratiques abjectes se poursuivent dans le cadre des tractations pour les élections communautaires ! Loin de m’ériger en donneur de leçons, j’invite tout un chacun à mettre désormais en avant son programme, son idéologie et ses valeurs afin de permettre à tous les électeurs d’avoir une meilleure lisibilité des programmes. C’est cela l’enjeu des élections ! Je suis sidéré par la montée de l’abstention au cours des dix dernières années avec son point culminant en 2020 ; la crise sanitaire de la COVID-19 n’est pas, à mon avis, la seule explication.

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« Nous, les filles-mères », réalisé par Sophie Bredier

France 5 (émission « La case du siècle ») dimanche 5 juillet à 22 h 45

Peut-on imaginer à l’heure des procréations médicalement assistées, du mariage homosexuel et des nouveaux combats féministes qu’il fut une époque où l’opprobre pesait sur les « filles-mères », ces femmes rejetées et méprisées parce qu’elles avaient conçu un enfant en dehors des liens du mariage ? Mai 68 est passé par là, avec la contraception et la loi sur l’avortement, et progressivement ces « filles-mères » sont devenues des « mères célibataires » si bien que les nouvelles générations ignorent même jusqu’à ce terme.

Pourtant ce passé occulté, refoulé n’est pas si lointain. Les traces sont toujours là, à vif du combat que ces mères, abusées ou abandonnées, durent mener pour élever seules leur(s) enfant(s) alors qu’elles étaient méprisées et rejetées par la société. Il s’agit de la génération de nos parents et grands-parents.

En mêlant témoignages et archives, ce film raconte à la fois l’évolution et la permanence du regard posé sur les « filles-mères » et leurs « bâtards » et déroule les grandes étapes de la politique familiale en se focalisant sur l’histoire d’une institution méconnue : les établissements maternels.

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« Nu avec Picasso », d’Enki Bilal

Les éditions Stock publient, dans leur collection Ma nuit au musée, « la première incursion en littérature » de l’auteur et dessinateur Enki Bilal. Nu avec Picasso voit Bilal déambuler au sein de l’œuvre de Pablo Picasso, entre ses tableaux et les murs du musée qui lui est consacré, à Paris.

Quelle est cette main inconnue et surpuissante qui attrape Enki Bilal au beau milieu de la nuit et le projette sur un lit de camp ?
Quel est ce lieu mystérieux et hanté dans lequel il a atterri ?
Qui sont ces créatures, minotaure, cheval ou humains déformés, que l’artiste rencontre en essayant de trouver son chemin dans ce labyrinthe sombre et inquiétant ?
Que lui veulent-elles ? Et dans quel état sortira-t-il de cette incroyable nuit ?

Dans une déambulation hallucinée, Enki Bilal croise tant les personnages de Picasso, ses muses, ses modèles, que le grand maître lui-même et Goya, son idole. Son errance dans les couloirs du Musée Picasso prend la forme d’une rêverie éveillée qui nous fait toucher du doigt l’œuvre du peintre espagnol d’une façon sensorielle et envoûtante, pour aboutir en épiphanie à la présentation de Guernica, la grande toile du maître.

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Le président LREM de la région Guadeloupe visé par une enquête du PNF

Le président LREM de la région Guadeloupe, Ary Chalus, fait l’objet d’une enquête préliminaire du parquet national financier (PNF), a indiqué celui-ci vendredi à l’AFP, confirmant une information de Mediapart.

D’après le site d’information en ligne, cette enquête s’intéresse à l’activité de député de Ary Chalus et notamment à l’utilisation par ce membre du bureau exécutif du parti présidentiel de son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM). Ary Chalus, âgé de 58 ans, est président de la région Guadeloupe et a été député de 2012 à 2017. Il a aussi été conseiller général de Guadeloupe et maire de Baie-Mahault.

Cette enquête aurait été ouverte après un signalement de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui a procédé à une revue de situation de l’ensemble des patrimoines des parlementaires et a signalé le cas de plusieurs d’entre eux au PNF.

Dans un communiqué cité par la presse régionale, Ary Chalus répond qu’il «trouve étrange que cet article apparaisse subitement trois ans après la fin de (son) mandat de député». «D’autant que je n’ai, à ce jour, reçu aucune alerte ni demande d’audition de la part de la HATVP sur l’utilisation de l’IRFM au cours de ma députation», ajoute-t-il.

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Transmettre et Être : Fabriquer le sujet, pérenniser la société

Numéro coordonné par Max Bélaise

«En Occident comme dans toutes les civilisations, l’homme doit naître une seconde fois – naître à ce qui le dépasse, lui et ses parents». Cette pensée de Pierre Legendre est intéressante pour l’ambition que se donne ce numéro d’Archipélies: réfléchir à la question de la transmission. Elle n’est pas que théorique et ne doit pas faire l’objet que de l’attention de théoriciens des sciences humaines.
Loin s’en faut. Des artistes, des éducateurs, des politiques s’en préoccupent. Ils sont particulièrement soucieux du délitement culturel que l’absence de transmission peut provoquer. Dans ce numéro, l’intérêt des contributeurs porte sur l’un des corollaires de cet acte de transmettre: instituer le sujet dans cette «liquidité culturelle» créole. Comment transmettre des savoirs, des connaissances, afin que cet héritier du traumatisme de la violence esclavagiste soit ce sujet résilient qui résiste contre tout ce qui peut menacer sa condition d’être libre, autonome et pensant? Une ambition qui nous semble avoir toujours été portée par les clercs de ces territoires.

 Sommaire

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40,3 millions d’hommes, de femmes et d’enfants victimes de l’esclavage en 2016 !

La fondation australienne Walk Free a publié son Global Slavery Index 2018.Ce document rappelle que tous les pays du monde abritent esclavage, servitude et travail forcé. Il reprend les chiffres de l’enquête de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et de l’Organisation Internationale pour les Migrations (IOM) avec qui Walk Free avait témoigné devant l’ONU en septembre 2017. Plus de 40 millions de personnes ont été victimes d’esclavage moderne dans le monde en 2016, affirmait l’Organisation Internationale du Travail à l’Assemblée Générale de l’ONU le 19 septembre 2017.
En 2016, sur les 40 millions, 25 millions ont été victimes de travail forcé et 15 millions de mariage forcé. 71% des victimes étaient des femmes ou des filles. On sait qu’elles constituent les populations les plus vulnérables de tous les pays. Dans sa précédente étude, parue en 2012, l’OIT ne recensait pas les victimes de mariage forcé et affichait 21 millions de victimes de travail forcé, contre 25 millions en 2016, soit une augmentation de près de 25% en quatre ans. Ce travail forcé rapporte plus de 150 milliards de dollars par an à ses auteurs dans le secteur privé.

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Black Lives Matter : la France face à ses impensés historiques

— Par Grégoire Mallard, professeur d’anthropologie et de sociologie, Institut de Hautes études internationales et du développement (Genève) —

La résonance du slogan «Black Lives Matter» en France impose d’enseigner aux jeunes générations les rapports entre l’État français et les populations «racisées». Cela permettra de mieux comprendre le sens des mobilisations actuelles au regard de notre passé colonial.

Tribune. Les mobilisations récentes du mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis ont manifestement donné une dimension transnationale et un sens politique renouvelé aux mobilisations françaises contre les violences policières, qu’il faudrait d’ailleurs nommer les «violences d’Etat» comme le propose Didier Fassin, dans la mesure où celles-ci engagent tout un système et une politique qui vont bien au-delà des actes de policiers isolés. On l’a vu sur la place de la République le 13 juin, cette transnationalisation reconfigure le lien entre mouvements sociaux – au premier rang desquels figure le Comité Adama –, partis politiques et monde universitaire. Or cette transnationalisation a fait immédiatement débat.

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Du côté des critiques, des politistes et des éditorialistes de tous bords, du Figaro jusqu’à France Inter – par la voix de Thomas Legrand dans la matinale du 25 juin –, ont critiqué l’amalgame entre les contextes américain et français.

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