— Tribune de Christiane Taubira, ancienne ministre de la justice —
L’ancienne ministre de la justice attend des autorités plus que des mots, pour remédier à « trente ans d’incurie en politique de santé publique ».
Tribune. « C’est la rouille sur le rasoir qui menace votre gorge. Une insulte superflue », écrivait l’Américaine Maya Angelou [1928-2014] dans The Heart of a Woman, en 1981 (Random House, traduit aux éditions le Livre de poche en 2009 : Tant que je serai noire).
Les mots ne sont pas agressifs en soi, ils ont même une tonalité réfléchie. Ailleurs, et pas plus loin que dans le pays voisin [au Brésil], on meurt bien davantage qu’en Guyane. Ce qui est vrai. Cela change-t-il quelque chose à la douleur des familles qui ont perdu un proche, un seul, juste un, mais quelqu’un qu’elles aiment ? Cela change-t-il quelque chose à la stupeur et l’inquiétude de ces personnes qui découvrent qu’on a « évacué sanitaire », sans doute pour son bien, certainement pour sa chance, l’un ou l’une des leurs, sans les prévenir ?
Un petit air de fiction
Cela change-t-il quelque chose à l’anxiété de celles et ceux qui ont côtoyé une personne admise en réanimation sans que, les jours suivant les jours, personne ne les contacte pour des nouvelles, des recommandations ou des consignes ?