Déclaration
La loi visant en fait à interdire de filmer les violences policières fait l’objet d’une vive et légitime opposition en France. À dire vrai, si l’article le plus contesté de ce projet de loi entrait dans les faits ce serait, même avec les amendements tactiques discutés, l’une des atteintes aux libertés les plus graves depuis la guerre d’Algérie.
Cette loi a une apparence. Elle serait une mesure destinée à protéger les membres des forces de l’ordre des appels à la vindicte populaire.
Elle a une réalité plus sinistre. Empêcher la diffusion de vidéos sur des violences policières qui n’ont cessé d’émailler les derniers mois dans l’hexagone comme aux colonies.
Dans ces dernières, il est de notoriété publique que la lumière jetée sur les méfaits de la répression est l’instrument principal de lutte contre l’impunité qui a trop souvent bénéficié à leurs auteurs.
L’hypocrisie de l’argument officiel n’a échappé à personne. L’arsenal juridique permettant de punir les éventuelles mises en danger de l’intégrité des policiers est trop abondant pour qu’on puisse croire à la nécessité de le compléter.
Sortir de la vue de la population les hauts faits de la répression, réduire à néant les affaires de brutalités contre Keziah, les gilets jaunes éborgnés leurs mains arrachées, les Adama Traore et Chouviat torturés à mort : tel est le but poursuivi.