En Guadeloupe, 80 % du dispositif d’épuration ne fonctionne pas. Une catastrophe sanitaire et environnementale, qui risque de mettre en péril toutes les eaux de baignade sur cet archipel français, d’ici dix ans.
— Par Daphné Gastaldi et Mathieux Martinière —
Petit-Bourg (Guadeloupe).– « Les odeurs, on s’est habitués, soupire Frantz Lubin. On est dedans H24. » De prime abord, sa maison paraît idéalement située, sur le front de mer de Petit-Bourg, une commune à l’est de la Basse-Terre. Si ce n’est l’odeur pestilentielle, vaguement balayée par l’air marin ce jour-là. Dans le canal qui débouche sous sa terrasse, l’eau sort à gros bouillons marron. L’embouchure est régulièrement polluée, surtout lorsque les stations débordent après les pluies. « La mairie est juste à côté et regardez l’état du canal », se désespère le Guadeloupéen de 42 ans.
La situation dure depuis deux ans maintenant. En amont, la station d’épuration de Petit-Bourg dysfonctionne et rejette ses eaux usées dans le cours d’eau jusqu’à la mer. « Il y a des jeunes qui viennent parfois pêcher ici ! », s’emporte Frantz, inquiet des risques sanitaires.