Catégorie : Sciences Sociales

Et si l’État réactivait le BUMIDOM…

Par Michèle Latouche

Les Compagnies républicaines de sécurité avaient été bannies de l’île après la mort d’Edmond Eloi, surnommé Rosile, Christian Marajo et Julien Betzi, lors des « événements » de 1959.

Le 24 décembre 1959, le Conseil Général adoptait une motion demandant le retrait de tous les C.R.S. et des éléments racistes indésirables.

Un certain émoi a accompagné l’arrivée depuis deux semaines de la huitième Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS 8), une unité d’élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines créée en 2021.

Cette décision a constitué pour de nombreux martiniquais un chiffon rouge qui ravive les rancœurs et les douleurs et enfouies et a force symbolique de réitération du rapport de domination de l’État sur la population et les institutions locales. Mais le rétablissement de l’ordre ne s’est pas opéré. Au contraire, du nord au sud, de ronds- points occupés aux nuits incendiaires, l’embrasement gagne.

Quel sens donner à ces manifestations spontanées et violentes, quasi concomitantes avec des mouvements sociaux revendicatifs, telles des braises couvant sous une cendre qui depuis des décennies ne parvient pas à refroidir ?

→   Lire Plus

S’extraire du présentisme pour mieux comprendre et dessiner les perspectives d’avenir de la Martinique !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

La probabilité de la signature  du protocole d’accord sur la vie chère en Martinique, bien qu’importante, ne suffira pas à mettre fin au malaise profond qui agite l’île. La crise actuelle de la vie chère aurait pu être évitée si ce n’était pas l’influence de la dictature de l’émotion , du présentisme et le culte par les élus de la métaphore du nez dans le guidon et surtout de la radicalisation qui interdisent toute analyse prospective de la situation politique et économique en Martinique. Le préfet de la Martinique a eu grandement tort de prendre l’initiative d’une table ronde sur la vie chère sous la pression d’un groupe d’activistes. Cela constitue une faute d’appréciation de la problématique de la vie chère qui s’avère structurelle et impossible à régler dans un temps court comme le dénote des négociations ardues qui traînent en longueur. Dans cette affaire de la vie chère,il y a eu sans conteste une très mauvaise appréhension de la notion de gestion de crise . Ainsi la gestion de crise permet de prendre conscience d’une réponse à la crise dans sa globalité , ce qui n’a été le cas des acteurs politiques et économiques en Martinique.

→   Lire Plus

Étudiants africains et discrimination au pays de Césaire ?

—Par Jean-Michel Salmon(*) —

A la suite d’une décision par les instances de l’Université des Antilles d’appliquer aux étudiants de Licence la réforme Macron dite des « droits différenciés », les étudiants de nationalité extra-communautaire (ne relevant pas de l’Union Européenne), avec dérogation pour « la grande Caraïbe et l’Inde »(1) ,  soit, pour la seule Faculté de Droit et d’Économie de la Martinique, une centaine d’étudiants pour la quasi-totalité Africains, sont depuis cette rentrée universitaire 2024-25 sommés de payer des droits d’inscription de l’ordre de 3 000 euros, environ dix fois plus élevés que ceux que doivent donc payer les étudiants antillais, européens, caribéens et indiens.

Ces droits sont particulièrement exorbitants pour ces étudiants africains qui ont déjà dû faire face au coût de leur voyage et doivent en sus bien entendu assumer aussi le coût global de leur résidence en Martinique (logement, alimentation, transport…). Pour pouvoir eux aussi échapper à l’application de ces droits différenciés, ils sont signé une pétition qu’ils ont adressé aux différentes instances de l’Université des Antilles.

Leur demande en exonération de ces droits différenciés – novlangue pour dire que le coût est dix fois plus élevé – doit être soutenue par les enseignants-chercheurs du pôle Martinique, pour les motifs suivants :

→   Lire Plus

Comment l’État a contribué à transformer les Antilles en dynamite

Un regard sur les finances des communes des DOM à la lumière de la révolte antillaise

— Mireille Pierre-Louis —
Contribution à titre personnel, mise-à-jour le 10 octobre 2024

  • Un désengagement budgétaire de l’Etat disproportionné dans les DOM
  • L’exemple d’une pression fiscale démesurée, la Guyane
  • Les effets irrémédiables de la baisse des dotations des communes
  • Un mea culpa de l’Etat… sans véritable remise à niveau des dotations de péréquation
  • L’étau se resserre autour des communes antillaises
  • Ajustements structurels/Chaos : un remède étendu aux DOM?
  • Les enseignements de la crise de 2009
  • Une pénurie de fonds publics?
  • La jeunesse antillaise laissée pour compte…
  • Le marché de l’emploi se restreint …pour les Antillais
  • Des « préjugés officiels « en guise de diagnostic
  • Une carence de l’Etat à garantir l’équité sur tout le territoire

  • Annexe : Le motif de la « vie chère »… pour parachever une mainmise?

Télécharger le fichier en version pdf

La révolte actuelle aux Antilles, provoquée par le refus de la vaccination obligatoire des soignants et du passe sanitaire, et dont les enjeux dépassent leurs frontières, fait, à maints égards, écho à celle de 2009 dans les 4 DOM, puis à celles plus récentes à partir de 2017, en Guyane, Mayotte, et à la Réunion.

→   Lire Plus

Réduction du budget des Outre-mer : tensions et incertitudes face à une baisse de 9 % en 2025

— Par Jean Samblé —

Le budget des Outre-mer pour 2025 suscite de vives inquiétudes dans les territoires ultramarins. Annoncé le 10 octobre, il prévoit une réduction de 9 % par rapport à l’année précédente, soit une diminution de 250 millions d’euros, portant le total à 2,49 milliards d’euros. Cette baisse significative intervient dans un contexte de crises sociales multiples, notamment en Martinique, où les tensions sur le coût de la vie continuent de croître.

Deux tiers du budget seront alloués aux exonérations de cotisations sociales pour stimuler l’emploi, tandis que le soutien à la compétitivité des entreprises bénéficiera d’une augmentation de 100 millions d’euros. Cependant, le programme dédié aux conditions de vie subira une baisse conséquente de 300 millions d’euros, une réduction jugée inquiétante par les députés ultramarins. Christian Baptiste, député socialiste de Guadeloupe et rapporteur spécial du budget, a souligné l’importance de maintenir une stabilité budgétaire, face aux défis structurels et au coût élevé de la vie dans ces territoires.

Cette annonce n’a pas tardé à faire réagir l’opposition. Les députés de La France insoumise et du Rassemblement national à La Réunion, notamment Jean-Hugues Ratenon, Perceval Gaillard et Joseph Rivière, ont co-signé une lettre au Premier ministre Michel Barnier pour demander une exemption de leur département des réductions de budget, notamment sur les pensions de retraite.

→   Lire Plus

Alerte sur la Martinique : une crise (de la vie chère) peut en cacher une autre !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Un cap a été franchi en Martinique avec les émeutes et violences de tout ordre qui ont émaillé l’île dans la soirée du 9 octobre 2024 . La fin de la départementalisation selon certains esprits apeurés ? Plutôt selon moi l’ultime étape d’un processus de recomposition , en profondeur, de la carte politique de la Martinique. Et la confiance désormais perdue donnera bien lieu à des conséquences financières fâcheuses pour tous les martiniquais !

La «vraie» crise de confiance ne vient pas de la vie chère , mais des partis politiques Martiniquais et de leur incapacité à créer du sens pour appréhender le réel. Loin d’être un signe de puissance de l’expression d’un peuple en colère , cette crise réitérée est l’aveu d’un échec politique. A ce propos je réitère ma mise en garde de ne pas toucher aux institutions même avec la main tremblante.

Sur le fond de la problématique de la vie chère , il s’agit de débats en Martinique de même nature que ceux traversant l’ensemble des outres-mers qui pour autant ne s’embrasent pas , témoignant certes de la réalité inflationniste accomplie mondialement , mais également de tensions politiques sur la répartition et la régulation des compétences locales en Martinique .

→   Lire Plus

Santé mentale en septembre 2024 : une hausse alarmante des troubles chez les jeunes, un système sous pression

— Par Sarha Fauré —

Le rapport mensuel de Santé publique France de septembre 2024 met en lumière une dégradation marquée des indicateurs de santé mentale, particulièrement chez les enfants et adolescents. Ces données, issues des réseaux OSCOUR® (pour les urgences) et SOS Médecins, révèlent des augmentations préoccupantes des passages aux urgences et des actes médicaux pour des troubles psychiques divers, notamment les gestes suicidaires, les idées suicidaires, et les troubles anxieux.

Situation des enfants et adolescents : une hausse alarmante

Chez les jeunes de 11 à 17 ans, les chiffres sont particulièrement inquiétants. En septembre 2024, les passages aux urgences pour gestes suicidaires ont bondi de 70 % par rapport au mois d’août, soit +587 passages. Ce phénomène, observé chaque année à cette période, est cette fois plus sévère. Entre 120 et 170 jeunes de 11 à 14 ans se sont rendus aux urgences chaque semaine pour des gestes suicidaires, une augmentation notable par rapport aux années précédentes où ces chiffres restaient bien en dessous de 100. Chez les adolescents de 15 à 17 ans, entre 200 et 250 jeunes ont été admis chaque semaine pour des raisons similaires, un niveau comparable à celui de 2022 mais largement supérieur à celui de 2021 et 2023, où les passages restaient sous les 180.

→   Lire Plus

Escalade de violences et barrages en Martinique, symptômes d’une profonde crise sociale

Vers un accord pour apaiser la crise? Des négociations sous tension!

Depuis 48 heures, la Martinique se retrouve plongée dans une tourmente sociale sans précédent, marquée par une escalade de violences. Les forces de l’ordre peinent à maintenir l’ordre sur l’île, alors que des barrages se dressent et se redressent sur plusieurs axes majeurs. Le sud de l’île est particulièrement touché, notamment autour de Rivière-Salée où les automobilistes doivent faire face à des routes encombrées de débris et de carcasses de voitures, tandis que les gendarmes tentent d’intervenir, appuyés par des véhicules blindés.

La nuit de couvre-feu n’a pas calmé les esprits. Au contraire, elle a été le théâtre d’incendies criminels, d’émeutes et de pillages d’une ampleur rarement vue. L’aéroport a été l’un des points névralgiques des tensions, où des affrontements entre manifestants et policiers ont éclaté. Des incendies ont ravagé plusieurs concessions automobiles et commerces de la région. Des magasins emblématiques comme Carrefour et Auchan ont été pillés, tandis que d’autres bâtiments, tels qu’une pharmacie au Carbet, ont été réduits en cendres.

Les témoignages affluent, et les barrages continuent de paralyser les principales routes.

→   Lire Plus

Martinique : report de la date de paiement de la taxe foncière

La taxe foncière fait partie des impôts locaux que les propriétaires doivent régler une fois par an. Elle s’applique à tout détenteur d’un bien immobilier. Toutefois, selon votre situation et la nature de votre bien, vous pouvez bénéficier d’une exonération partielle ou totale.

Qui est concerné par la taxe foncière et comment est-elle calculée ?
La taxe foncière doit être payée par toute personne propriétaire, au 1er janvier, d’un bien immobilier, qu’il s’agisse d’un appartement ou d’une maison.

Le saviez-vous ?
Les propriétaires de biens non fixés au sol, comme les caravanes, sont exemptés de cette taxe.

Le calcul de cet impôt se base sur la valeur locative cadastrale, c’est-à-dire sur le loyer annuel théorique que le bien pourrait générer s’il était loué. Ensuite, un taux d’imposition, voté par les collectivités locales (principalement les communes), est appliqué. Il est donc important pour le propriétaire de déclarer toute modification du logement, comme un agrandissement.

À noter :
L’avis d’imposition est envoyé une fois par an, généralement durant le dernier trimestre, et peut être consulté en ligne sur le site www.impots.gouv.fr.

Responsabilité en cas de vente
La taxe foncière est due pour l’année entière par le propriétaire au 1er janvier.

→   Lire Plus

Journée internationale de la fille 2024 : le 11 octobre

La vision des filles pour l’avenir

La Journée internationale de la fille 2024 sera célébrée sous le thème « La vision des filles pour l’avenir ».

Ce thème exprime à la fois la nécessité d’une action urgente et un espoir qui persiste, porté par le pouvoir de la voix des filles et leur vision de l’avenir.

La génération des filles d’aujourd’hui est touchée de manière disproportionnée par les crises mondiales liées au climat, aux conflits, à la pauvreté et au recul des acquis durement obtenus en matière de droits de l’homme et d’égalité des sexes. Trop de filles sont encore privées de leurs droits, ce qui restreint leurs choix et leur avenir.

Pourtant, des analyses récentes montrent que les filles ne sont pas seulement courageuses face à la crise, mais qu’elles sont aussi pleines d’espoir pour l’avenir. Chaque jour, elles agissent pour concrétiser la vision d’un monde dans lequel toutes les filles sont protégées, respectées et autonomes.

Mais les filles ne peuvent pas réaliser cette vision seules. Elles ont besoin d’alliés qui les écoutent et répondent à leurs besoins.

Avec le soutien, les ressources et les opportunités adéquats, le potentiel de plus de 1,1 milliard de filles dans le monde est illimité.

→   Lire Plus

Le Prix Nobel de la Paix 2024

Le prix Nobel de la paix 2024 a été attribué à l’organisation japonaise Nihon Hidankyo, un groupe réunissant les survivants des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki en 1945. Cette récompense met en lumière l’engagement incessant de l’association contre les armes nucléaires, en soulignant l’importance de maintenir le tabou autour de leur utilisation, un sujet de plus en plus préoccupant dans le contexte international actuel.

Nihon Hidankyo, fondée en 1956, représente les hibakusha, ces survivants des deux attaques nucléaires qui ont fait plus de 214 000 morts et marqué la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le groupe a consacré des décennies à sensibiliser le monde aux horreurs des armes atomiques, par des témoignages poignants et une campagne visant à leur abolition totale. Ce prix Nobel, salué par des figures comme le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, vient renforcer l’appel à un monde sans armes nucléaires.

Les discours autour de la guerre en Ukraine et les menaces récurrentes de la Russie et de la Corée du Nord d’utiliser ces armes renforcent l’urgence de protéger ce tabou. « Les armes nucléaires sont le mal absolu », a rappelé le maire d’Hiroshima, et la remise de ce prix met en lumière la responsabilité collective des nations nucléaires de garantir que de telles tragédies ne se reproduisent jamais.

→   Lire Plus

Matinik konba-la angagé. Gwadloupéyen doubout !

— Communiqué de l’UPLG —
Solidarité totale avec le peuple martiniquais
L’Union Populaire pour la Libération de la Guadeloupe (UPLG) exprime sa profonde solidarité avec le peuple martiniquais dans sa lutte légitime contre les pratiques économiques abusives qui sévissent sur les territoires colonisés. Nous dénonçons fermement les marges exorbitantes appliquées aux produits vendus en Martinique, pratiques encouragées par la bienveillance de l’État colonial.
La situation en Martinique témoigne d’un climat insoutenable né d’une gestion coloniale injuste et inefficace.
Depuis le 1er septembre, la Martinique est le théâtre de manifestations courageuses, marquées par un ras-le-bol face à la vie chère et les promesses non tenues des autorités. Les écoles ont dû fermer leurs portes, et les violences éclatent, témoignant de l’intensité de ce mouvement.
Nous sommes préoccupés par les violences commises contre les manifestants, violences qui viennent museler des voix revendicatrices de dignité et de justice sociale. Notre organisation condamne avec force ces actes répressifs et renouvelle son soutien entier aux organisations en lutte sur le terrain.
Il est clair que la situation est très difficile malgré les tentatives de dialogue à travers des tables rondes qui n’ont produit que des résultats infructueux.

→   Lire Plus

« Fidel Castro » par Gary Klang

Fidel Castro (tout comme le Che) représente à mes yeux l’un des plus grands héros de tous les temps.
— Par Gary Klang —

Avant la prise du pouvoir, j’habitais à Port-au-Prince, dans le quartier de Bourdon, et à côté de chez moi se trouvait une pension de famille qui appartenait à ma grand-tante et où logeait l’ambassadeur de Batista, un certain Valdivia. Comme à l’époque il y avait couvre-feu, car le vieux fou de Duvalier jouissait de terroriser son peuple et que tout le monde s’ennuyait, Valdivia venait tous les soirs s’entretenir avec mes parents. La zone étant isolée, il n’y avait aucun danger. Les deux voisins, qui habitaient de l’autre côté, venaient eux aussi se joindre à nous. Il s’agissait de l’avocat Georges Rigaud et d’Hubert Legros, deux opposants à Duvalier qui tuaient le temps en ourdissant des complots qui, hélas, furent tous des échecs. Je revois encore Valdivia disant en souriant malicieusement que Fidel était un hurluberlu qui n’avait aucune chance de vaincre. Mais le Destin fit mentir Monsieur l’Ambassadeur qui fut rappelé à la Havane et fusillé.

→   Lire Plus

Retour du couvre-feu en Martinique après une nuit de violences

Face à une escalade de violences sans précédent, la préfecture de Martinique a réinstauré le couvre-feu à compter du jeudi 10 octobre, de 21h à 5h du matin. Cette décision fait suite à une nuit de chaos marquée par des violences urbaines d’une intensité inédite. Le directeur de cabinet du préfet, Paul-François Chira, a annoncé sur les ondes de RCI que toutes les manifestations sur la voie publique seraient interdites sous peine de sanctions, afin de restaurer l’ordre dans l’île.

Une vague de violences d’une ampleur exceptionnelle

La nuit du 9 au 10 octobre a été le théâtre d’actes de vandalisme généralisés. Des bandes organisées ont déferlé dans plusieurs communes de l’île, semant la destruction à travers des incendies et des pillages. Le bilan est particulièrement lourd : 500 véhicules incendiés, 30 policiers et gendarmes blessés, 12 arrestations, et un mort par balle au Robert. Une vingtaine de commerces ont été pillés, dont une quinzaine également incendiés, ainsi que deux bâtiments publics entièrement détruits par les flammes.

Des barricades enflammées ont été signalées dans plusieurs zones de l’île, notamment sur la rocade de Fort-de-France, où des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des scènes de chaos.

→   Lire Plus

Retour de la CRS en Martinique : un symbole lourd de tensions

Le 21 septembre dernier, une compagnie de CRS a débarqué en Martinique pour la première fois depuis 1959, marquant un retour historique et lourd de symboles. À l’époque, l’intervention des CRS avait déclenché de violentes émeutes à Fort-de-France, dans un contexte de tensions liées à la décolonisation. Ces affrontements avaient coûté la vie à trois jeunes Martiniquais et marqué la mémoire collective de l’île. Aujourd’hui, soixante-cinq ans plus tard, la situation sociale explosive, alimentée par la lutte contre la vie chère, ravive les fantômes du passé.

Le retour de la CRS 8 dans un climat de révolte sociale

Cette nouvelle compagnie de CRS, la CRS 8, réputée pour son expertise en maintien de l’ordre et ses interventions musclées, est perçue par une grande partie de la population comme un outil de répression. Depuis son déploiement, elle est au cœur de violentes confrontations avec les militants du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes (RPPRAC), le collectif à l’origine du mouvement contre la vie chère. Le dernier incident en date a eu lieu lors d’un blocage au Lamentin, où les CRS ont été accusés d’user de la force de manière disproportionnée.

→   Lire Plus

Festival Pop & Psy 2024

Du 11 au 13 octobre au Ground Control à Paris

— Par Hélène Lemoine —

Le Festival Pop & Psy est un événement culturel et scientifique unique, à la croisée de la pop culture et de la santé mentale. Conçu en 2018 par le Dr Jean-Victor Blanc, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine et enseignant à la Sorbonne, Pop & Psy est devenu une référence dans l’éducation et la sensibilisation autour des troubles psychiques. Après plusieurs conférences et une première édition réussie en 2022, ce festival s’agrandit et revient cette année pour sa troisième édition, du 11 au 13 octobre 2024, à Ground Control à Paris.

Ce festival est fondé sur une idée simple : utiliser la puissance de la pop culture pour briser les tabous autour des troubles mentaux. Films, séries et personnalités publiques peuvent jouer un rôle déterminant pour déstigmatiser des sujets comme la dépression, la bipolarité ou la schizophrénie. À travers des personnages comme Carrie Mathison dans *Homeland* ou des prises de parole d’artistes comme Mariah Carey et Selena Gomez, la pop culture a déjà fait des avancées significatives pour changer la perception de la santé mentale dans l’imaginaire collectif.

→   Lire Plus

Réunion de la Quatrième commission de l’ONU : un pilier de la décolonisation et des questions politiques spéciales

La Quatrième Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, également connue sous le nom de Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation, joue un rôle clé dans le traitement de questions sensibles liées à la décolonisation et à d’autres sujets d’importance internationale. Ses travaux couvrent un éventail de thématiques allant de la décolonisation des territoires non autonomes aux effets des radiations atomiques, en passant par les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales. La Commission se réunit chaque année dans le cadre de l’Assemblée générale, et son programme de travail est rythmé par des sessions qui s’étendent généralement d’octobre à novembre.

Missions et enjeux de la Quatrième Commission

La Quatrième Commission a pour mandat d’examiner la situation des 17 territoires non autonomes encore sous administration coloniale, dont la Nouvelle-Calédonie, les Samoa, le Sahara occidental, Gibraltar et les Îles Vierges britanniques. Son objectif principal est de garantir que ces territoires progressent vers l’autodétermination conformément à la Déclaration de 1960 sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. Cette déclaration affirme la nécessité de mettre rapidement et inconditionnellement fin au colonialisme sous toutes ses formes.

→   Lire Plus

De la nécessité d’un nouveau paradigme commercial : Adieu Caraïbes, bonjour Amérique du Nord !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Depuis plusieurs décennies, nos élites politiques véhiculent des schémas de développement à connotation idéologique identitaire qui s’avèrent aujourd’hui être des leurres nuisibles à la compréhension de la mutation géopolitique, économique, technologique et géostratégique du monde moderne. Les Antilles françaises, représentées par la Guadeloupe et la Martinique, nourrissent l’espoir de renforcer les relations commerciales avec les autres îles de la Caraïbe. L’idée semble, à première vue, séduisante : bâtir une coopération économique régionale basée sur des proximités géographiques, historiques et culturelles. Toutefois, cet objectif, promu par nombre de personnalités politiques, économistes et juristes antillais, semble aujourd’hui de plus en plus éloigné des réalités économiques et des défis structurels auxquels ces territoires sont confrontés. En effet, nous sommes bien conscients que le contexte économique est difficile et particulièrement défavorable à la coopération régionale avec les pays de la caraïbe.

Les Antilles françaises sont des territoires particuliers au sein de la Caraïbe, car bien qu’elles partagent une localisation géographique avec les autres îles de la région, elles sont intégrées économiquement à la France et à l’Union européenne. Cela leur donne accès à des transferts publics et à des fonds européens qui leur permet de bénéficier des réglementations nationales et communautaires, des subventions agricoles et des normes commerciales de l’UE.

→   Lire Plus

L’éphéméride du 10 octobre

Fondation de l’Union Sociale et Politique des Femmes le 10 octobre 1903

La Women’s Social and Political Union (en français, Union sociale et politique des femmes) souvent désignée par son sigle WSPU, est une organisation féministe créée en 1903 et dissoute en 1917, qui a milité en faveur du droit de vote des femmes au Royaume-Uni.

Histoire
Fondation et débuts

La Women’s Social and Political Union est fondée le 10 octobre 1903 à Manchester par Emmeline Pankhurst et ses filles Christabel Pankhurst et Sylvia Pankhurst ; elles sont les leaders de ce mouvement. Les membres de la WSPU sont les premières à être connues sous le nom de « suffragettes ». Elles s’opposent aux organisations suffragistes, qu’elles estiment trop modérées. En 1905, Christabel Pankhurst crache sur un policier, ce qui entraîne plusieurs arrestations arbitraires visant la famille Pankhurst.

→   Lire Plus

Journée mondiale du Deuil périnatal le mardi 15 octobre

Le mardi 15 octobre marque la Journée mondiale du Deuil périnatal, dédiée à la sensibilisation sur une épreuve qui affecte de nombreuses familles à travers le monde. Le deuil périnatal concerne les parents qui perdent leur bébé entre la 22ème semaine de grossesse et les premiers jours suivant la naissance. Qu’il s’agisse d’une interruption naturelle ou médicale, cette perte représente une épreuve d’une intensité émotionnelle et psychologique profonde pour la mère, le père, et l’ensemble de la famille.

Cette journée vise à mettre en lumière la réalité souvent méconnue du deuil périnatal, un sujet encore insuffisamment pris en compte dans le débat public et les systèmes de santé. Elle permet aussi de rappeler l’importance d’un accompagnement personnalisé pour les familles concernées, où le rôle des soignants est primordial. Par ailleurs, des avancées administratives ont permis aux parents endeuillés de reconnaître leur enfant et de lui donner un nom, apportant ainsi une forme de reconnaissance essentielle à leur processus de deuil.

Symbole de soutien et de solidarité, le ruban rose et bleu est utilisé pour témoigner de la perte d’un nourrisson ou pour manifester son soutien aux familles endeuillées.

→   Lire Plus

Élus démissionnaires, le pouvoir à la rue

Par Guy Flandrina

Après les « injonctions » faites par le RPPRAC (Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéens) aux pouvoirs publics, la Martinique est entrée, à compter du 1er septembre 2024, dans un cycle infernal où la démocratie, le suffrage universel, ont été néantisés.

Le pouvoir s’est transposé des institutions à… la place publique !

Des personnes, non-élues, se sont autoproclamées représentantes du Peuple et les personnes mandatées par ce dernier se sont alignées sur les positions extrémistes de cette dictature de la rue. 

S’il est un fait avéré qui emporte l’unanimité des suffrages en Martinique c’est bien la problématique de la cherté de la vie. Les territoires français transocéaniques en font beaucoup plus les frais que ceux du continent. Les experts s’accordent sur un différentiel des prix allant parfois au-delà de 40%.

Les événements de février 2009 avaient déjà fait la démonstration de cette insupportable pression, singulièrement sur le pouvoir d’achat des plus démunis.

Tout de même, certains points des revendications, mis en avant par le mouvement qui mène la fronde depuis le 1er septembre 2024, ne manquent pas d’interpeller, sur les plans économique et politique.

→   Lire Plus

Élection des représentants de parents d’élèves les 11 et 12 octobre 2024

Dans les écoles, les collèges, les lycées ou les établissements d’éducation spéciale, chaque année les parents d’élèves sont invités à élire ceux qui vont les représenter au sein des instances scolaires. Pour l’année scolaire 2024-2025, ces élections ont lieu le vendredi 11 octobre ou le samedi 12 octobre 2024 dans la majeure partie du pays.

Les parents d’élèves sont des membres à part entière de la communauté éducative, selon le Code de l’éducation. Ainsi, les élections des représentants de parents d’élèves sont un temps fort de l’année scolaire ; elles permettent d’installer un véritable lien entre les familles et l’école, et elles sont l’amorce d’une relation de confiance entre membres de la communauté éducative. Ces représentants sont notamment chargés de faciliter les relations entre les parents d’élèves et les personnels de l’établissement ; ils peuvent intervenir auprès du directeur de l’établissement pour évoquer un problème particulier, ou pour assurer une médiation à la demande des parents concernés.

Tous les ans, les élections des représentants des parents d’élèves ont lieu avant la fin de la 7e semaine de l’année scolaire dans tous les établissements (écoles primaires, collèges et lycées, établissements d’éducation spéciale).

→   Lire Plus

« Complainte d’une conscience à têtes multiples »

À monsieur Grand Timonier de la caste béké !

Par Yves Untel Pastel

Vous César en votre trône siégeant sans faiblesse,
Je m’adresse à l’homme, au mortel, à votre conscience.

Vous puissant, qui êtes prêt à faire tuer et qui le pouvez
D’un seul doigt levé à l’adresse des préfets ou des malfrats,

Vous qui pouvez éliminer quand selon vous la nécessité fait loi,
Vous qui tuez déjà de mille façons nos peuples aux abois,

Vous qui vous regardez toujours comme fils de roi
Et qui nous considérez comme votre peuple de trait,

Ne croyez-vous pas que le temps est déjà venu
De laver votre conscience de cette fierté sanguine ?

Ne sentez-vous pas le poids des cadavres peser sur votre sommeil ?
Mais vous ne dormirez plus, ni vous, ni les vôtres !

Vous apprendrez à entendre les plaintes, les hurlements,
Les bruits d’agonies scellés dans vos fondations.

Vous dormirez satisfaits de vos œuvres d’affairiste séculaire
Mais vous entendrez plus vaste et entêtante
La rumeur des suppliciés sans repos escaladant vos colonnades.

Vous ne connaîtrez pas la paix des innocents, la paix des braves.

→   Lire Plus

Le fascisme à nos portes : comment le vaincre ?

— Le n° 365 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Une tentation dangereuse consiste à présenter la menace fasciste (ou fascisante, ou d’extrême droite, comme on voudra) comme une menace purement extérieure. Il suffirait alors, pour conjurer le danger, de « ne pas l’importer », de fermer les frontières, d’accélérer le combat pour l’indépendance.

« C’est penser à son aise », dirait le roi Christophe de Césaire. Et justement, dans le pays qui partage la grande île jadis baptisée Saint-Domingue par le colonisateur, des hordes de citoyen·ne·s ordinaires, avec la complicité du pouvoir officiel, reprend le chemin de la haine xénophobe et raciste contre la communauté haïtienne. On sait l’odieux massacre que cette même haine, attisée par le dictateur Trujillo, avait produit en 1937.

Saint-Domingue est loin ? Ah bon ? Et feu Ibo Simon, le chanteur guadeloupéen aux terribles appels « kont lé Ayisyen »? La Guadeloupe c’est encore loin ? Ah oui ? Et les graffitis anti-haitiens d’il y a quelques mois chez nous mêmes ?

→   Lire Plus

L’éphéméride du 9 octobre

Promulgation de la loi abolissant la peine de mort le 9 octobre 1981

La peine de mort a été abolie en France en 1981, faisant ainsi de la France le seul pays à avoir procédé à des exécutions tout en étant membre de la Communauté économique européenne, ancêtre de l’Union européenne.

Contrairement à une idée répandue, ce n’est pas Christian Ranucci mais Hamida Djandoubi, guillotiné le 10 septembre 1977 à la prison des Baumettes de Marseille, qui est la dernière personne à avoir subi la peine de mort en France.

Dernière décapitation à Fort-de-France, celle de Landry-Lambert Gau, le 22 juin 1965.

Histoire
Époque gauloise
Certains condamnés étaient conduits au lieu du supplice qui était le bord d’une falaise d’où ils étaient précipités.

César rapporte que les criminels étaient exécutés à l’occasion de grandes fêtes propitiatoires au cours desquelles ils étaient enfermés dans de grands mannequins de paille auxquels on mettait le feu1.

Époque gallo-romaine et Bas-Empire
Sous le Bas-Empire, les Romains utilisaient le crucifiement pour les voleurs et les vagabonds ; ils les envoyaient parfois contre des gladiateurs, voire des bêtes sauvages ou encore leur coupaient la tête[réf.

→   Lire Plus