Catégorie : Sciences Sociales

Alfred Marie-Jeanne s’est-il piégé lui-même ?

— Par Yves-Léopold Monthieux 

Ainsi donc, après plusieurs reports, l’affaire dite du Green Parrot qui met en cause l’ancien président de la Région Martinique semble s’acheminer vers une décision définitive. Qu’on laisse tranquille Alfred Marie-Jeanne, c’est le souhait de la plupart des Martiniquais qui sont généralement convaincus que l’ancien président de l’ex-Région n’a jamais cherché à s’enrichir dans ses fonctions, en particulier à l’occasion de cette affaire où il a pu se laisser abuser. Que ses partisans fassent pression pour qu’il ne soit pas condamné, c’est de bonne guerre. Mais de là à parler de justice politique … Ce n’est pas d’aujourd’hui que date le choix des défenseurs des personnes poursuivies dans cette affaire, de jouer l’opinion publique. Cette méthode n’est pas étrangère aux reports successifs. C’est d’ailleurs pour échapper à cette pression que le dépaysement de l’affaire en métropole a été décidé par la Cour de cassation.

Il se pourrait que le Président se soit piégé lui-même en raison de la bienveillance qui lui avait été accordée par l’État dans une affaire similaire qui avait concerné La Grenade. Dans l’exercice du contrôle de la légalité des actes administratifs, l’État s’était finalement désisté de la requête qu’il avait intentée auprès du Tribunal administratif pour faire annuler la précédente décision, entachée d’irrégularité.

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Ouverture du procès d’Alfred Marie-Jeanne, à Paris

—Par Jean Samblé —

Le procès d’Alfred Marie-Jeanne, ancien président de la Région Martinique et figure du mouvement indépendantiste martiniquais, s’ouvre ce lundi 28 avril 2025 au tribunal judiciaire de Paris. Il est accusé de « prise illégale d’intérêt », de « faux » et d' »usage de faux » dans le cadre de l’attribution d’un marché public destiné à la reconstruction d’une école à la Dominique, après un séisme survenu en 2004. Aux côtés de Marie-Jeanne, sa fille, Maguy, et son compagnon de l’époque, Mark Frampton, sont également jugés. Cette affaire remonte à plus de vingt ans, mais elle a traversé plusieurs étapes judiciaires avant d’aboutir à ce procès tant attendu.

Le dossier concerne un marché public attribué par le Conseil régional de la Martinique à un cabinet d’architectes dans les années 2000, dirigé par Frampton, qui était alors le gendre d’Alfred Marie-Jeanne. L’attribution de ce marché a fait l’objet de soupçons de favoritisme et de conflits d’intérêts. L’affaire a été initialement portée à la connaissance des autorités en 2007 par une dénonciation anonyme, baptisée « Green Parrot », qui a lancé une série d’enquêtes.

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Quand les élites antillaises naviguent en eaux troubles…

— Par Jean-Marie Nol —

L’indigence et la décadence intellectuelle qui touche aujourd’hui à la marge les Antilles, notamment la Guadeloupe , est un phénomène préoccupant qui s’inscrit dans une tendance plus large affectant l’ensemble de l’humanité. Plusieurs études récentes menées dans les pays développés, notamment ceux de l’OCDE, révèlent que l’intelligence humaine est en déclin. Depuis une dizaine d’années, les capacités de compréhension, de raisonnement et de résolution de problèmes nouveaux diminuent sensiblement. Ce constat dépasse de loin les fluctuations politiques ou économiques : il reflète une transformation profonde du rapport au savoir, à l’éducation et à l’information. Les Antilles, bien que périphériques à la scène de la révolution technologique mondiale, ne sont pas épargnées par cette évolution inquiétante.

La transformation radicale des modes d’apprentissage, induite par la révolution numérique, la banalisation des réseaux sociaux et la perte de prestige des institutions éducatives, a altéré en profondeur le processus de construction intellectuelle. Le raisonnement structuré, pierre angulaire de toute pensée critique, est aujourd’hui en voie de disparition. Dans un tel contexte, les sociétés qui, comme la Guadeloupe et la Martinique, ne repensent pas leurs modèles éducatifs risquent l’effondrement intellectuel à moyen terme.

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Superbe reprise de « Mémoire d’îles »

— Par Selim Lander —

On est en droit de penser que beaucoup de lecteurs de Madinin’Art ont déjà vu cette pièce d’Ina Césaire mettant en scène deux demi-sœurs martiniquaises, Aure, chabine et qui s’efforce de rester distinguée, Hermance, foncée et qui ne fait pas de chichis. N’ayant pas la même mère elles ont reçu une éducation différente, la première devenue institutrice, signe d’élévation sociale à cette époque (elle est censée être née en 1914), la seconde restée une femme du peuple. La pièce joue à fond sur ce contraste entre les milieux, les deux caractères sont bien typés, la langue n’est pas la même chez chacune, pas plus que l’élocution et le maintien.

Cette pièce d’Ina Césaire, avec ses notations anthropologiques (justifiant le titre Mémoire d’îles), souvent représentée à la Martinique, a été déjà commentée et sur Madinin’art en particulier (1). Nous ne nous étendrons donc pas davantage, sauf pour souligner le jeu exceptionnel des comédiennes. On parle « d’incarner » un personnage : Catherine Césaire et Suzy Singa sont Aure et Hermance, de la tête aux pieds. Il faut dire que les années ont passé depuis qu’elles ont créé cette pièce (sous la houlette bienveillante de José Exelis).

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Flexibilité électrique : et si c’était ça, l’avenir de notre système énergétique ?

— Par Etienne Latimier (*) —

Les débats sur l’énergie en France voient monter en puissance, depuis quelques mois, la notion de flexibilité électrique. De plus en plus d’entreprises françaises développent des outils dédiés à mieux piloter la demande en électricité. Comprendre pourquoi cette notion, pourtant ancienne, prend aujourd’hui une ampleur nouvelle, implique d’observer les deux grandes tendances qui dessinent l’avenir du système énergétique français : la décarbonation et le déploiement des énergies renouvelables.

D’un côté, la France poursuit son effort de décarbonation de l’économie dans le but d’atteindre au plus vite ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La Stratégie nationale bas carbone (SNBC) vise la neutralité carbone à l’horizon 2050. Cet enjeu requiert d’électrifier un maximum d’usages qui utilisaient des énergies thermiques.

À lire aussi : Autoconsommation électrique : pourquoi de plus en plus de Français s’y mettent

Une consommation en hausse, une production électrique à réinventer

En premier lieu la mobilité, en encourageant le passage des véhicules thermiques aux électriques, mais aussi l’industrie, qui s’appuie encore beaucoup sur les fossiles à des fins de production de chaleur, et enfin le chauffage, pour lequel le gaz concerne encore 15 millions de foyers en France.

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Face aux grands défis de demain, quel sera le tissu économique de la Guadeloupe ?

— Par Jean-Marie Nol —

L’économie guadeloupéenne, déjà marquée par des fragilités structurelles et une forte dépendance à la fonction publique, s’apprête à affronter une révolution d’ampleur inédite. Avec le développement technologique actuel, l’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans nos vies. Son impact se ressent particulièrement dans le secteur économique à travers l’innovation, la croissance de la productivité et l’aide à la prise de décision.

Toutefois, à l’instar de toute nouvelle technologie, l’utilisation de l’IA dans l’économie présente des limites et de gros défis restent encore à relever. Qu’est-ce que l’IA nous réserve dans l’économie  de la Guadeloupe à horizon 2035 ?

Que nous réserve l’emploi dans le secteur public dans les prochaines décennies ?

L’irruption de l’intelligence artificielle (IA) et de l’automatisation dans tous les secteurs de l’activité humaine annonce une transformation profonde du tissu économique de l’archipel guadeloupéen à l’horizon 2035. Cette transformation du marché du travail s’annonce comme l’une des plus importantes depuis la fin de l’ère esclavagiste et l’avènement de la première révolution industrielle .

Plusieurs tendances technologiques alimentent cette mutation. L’IA générative en est un moteur récent : depuis l’apparition de modèles comme ChatGPT fin 2022, les investissements dans l’IA générative ont été multipliés par huit et améliorent sans cesse les capacités d’automatisation.

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Une vision prospective de la Guadeloupe en 2035 : L’avenir s’invente aujourd’hui !

— Par Jean-Marie Nol —

Nous ne pouvons pas prévoir l’avenir, mais nous pouvons – et devons – nous y préparer. Telle est la conviction qui anime désormais nombre d’économistes, de responsables élus et de citoyens face à l’accélération des mutations sociétales , économiques, sociales, technologiques, climatiques, environnementales et géopolitiques. Dans ce monde en perpétuelle transformation, où l’interconnexion est devenue la norme, aucune région, aussi petite soit-elle sur la carte mondiale, ne peut se permettre l’inaction. En ce sens, la Guadeloupe, archipel caribéen tourmenté par une identité fracturée et complexe parce que plurielle , est appelée à prendre part pleinement à ce mouvement de préparation stratégique. Penser l’horizon 2035, ce n’est pas céder à l’utopie, mais au contraire se donner les moyens d’une résilience organisée, lucide, tournée vers des futurs souhaitables. C’est le postulat de l’irréversibilité du changement démographique qui sert de fil directeur à la corrélation entre les faits économiques et la mutation démographique de la société antillaise.

La démographie est l’étude des populations et de leurs évolutions. De nombreux indicateurs sont définis et utilisés par les démographes leur permettant cette étude qui porte à la fois sur le passé des populations, leur présent mais aussi et surtout leur futur.

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Pawol Fanm

Jusqu’au samedi. 26 avril à 21h30
Hôtel de la CTM et Tropiques-Atrium
À propos
Pawol Fanmest une manifestation qui célèbre des femmes inspirantes et engagées du cinéma et de la télévision, en mettant en valeur leurs créations et en popularisant leurs messages. Cet événement vise à sensibiliser, inspirer et éveiller les consciences, tout en offrant plus de visibilité aux femmes. Il se veut le vecteur d’une révolution intérieure.
La marraine de cette édition, France ZOBDA, sera présente la soirée du 25 avril. Venez l’écouter, échanger avec elle et découvrir son extraordinaire parcours.

Samedi 26 avril – Tropiques-Atrium –
2 séances de projections à Tropiques Atrium de films réalisés par des femmes portant un message fort. Ces projections seront aussi suivies de courts moments d’échanges avec les réalisatrices présentes.

PROMOTION
2 tickets de cinéma pour 20€ avec le code : PROMO10

A 14h – Séance n°1 Courts Ô Féminin
6 courts métrages réalisés ou co-réalisés par des femmes martiniquaises en présence de : Florence COMBALUZIER, Nadia CHARLERY, Dr Aurélie MERLIN et d’un représentant de l’association KAP Caraïbe

PROJET H – MAHARAKI
DORLIS – Enricka MH MOUTOU
CONTE POUR ELLE – Florence COMBALUZIER
ZANMI – Nadia CHARLERY
16 SOUPAPES – Nadia CHARLERY
ABYSSE – Peggy EBRING & Junsunn LO

A 17h30 La Fête des Pères

Synopsis :
Après le succès de son premier long-métrage « Le Mythe de la Femme Noire », Ayana O’Shun nous présente « La Fête des Pères ».

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Le Global comme Croyance

— Par Cyrille Morant —
Introduction :
Cet article est né d’un engagement, et s’il est un peu long, c’est parce que nous cherchons à comprendre, à digérer ce qui nous arrive en ce moment, à mettre des mots sur ce que nous vivons. 
Depuis plusieurs années, notre association récupère des vélos abandonnés, les répare et les transmet à ceux qui en ont besoin. Aujourd’hui pourtant, nous sommes contraints de nous infliger une violence : en l’espace de trois semaines à peine, nous avons dû jeter plus de 130 vélos. Non parce qu’ils étaient irrécupérables, mais parce qu’on nous l’a imposé. Ces destructions nous sont imposées dans un silence assourdissant, une incompréhension totale et sous la menace de poursuite en justice. 
Nous faisons face à une attaque frontale contre notre action, sans qu’aucun dialogue constructif ne soit possible. Un tiers nous interdit catégoriquement d’agir selon nos convictions, refuse toute discussion et nous menace de poursuites judiciaires si nous osions simplement le nommer ici ou ailleurs. Cette situation n’est pas sans rappeler 2021, où une tentative d’arrêter notre action avait déjà eu lieu.

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Les Antilles hors du champ de la nouvelle politique géostratégique de la France ?

— Par Jean-Marie Nol —

La réorientation stratégique de la France vers l’espace indopacifique constitue un virage géopolitique majeur, aux conséquences profondes, notamment pour les régions et collectivités d’outre-mer historiquement ancrées dans l’espace caraïbéen, telles que la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin ou Saint-Barthélemy. Oui, les régions d’outre-mer de la zone Antilles risquent un déclassement économique et financier au profit des collectivités du Pacifique et de l’océan Indien. Ce recentrage stratégique de la France vers l’axe indopacifique, motivé par des enjeux de souveraineté, de rivalités internationales et d’accès aux ressources, entraîne une redistribution des priorités politiques, diplomatiques et budgétaires. Les Antilles, moins exposées aux tensions géostratégiques, pourraient voir diminuer l’attention et les investissements de l’État, au bénéfice de territoires considérés comme plus sensibles ou stratégiques. Cela pourrait accentuer les fragilités économiques déjà présentes aux Antilles et alimenter un sentiment de relégation, voire de rupture, avec le centre décisionnel hexagonal.

Si la France affiche désormais une ambition claire de puissance régionale dans l’océan Indien, en réponse à la montée des rivalités internationales, cette nouvelle priorité semble reléguer les Antilles françaises à la périphérie des préoccupations de l’État, au profit d’un arc géostratégique s’étendant de Mayotte à La Réunion, en passant par la Nouvelle Calédonie et la Polynésie .La

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Jorge Maria Bergoglio: Ce pape qui venait de l’Argentine

— Par Robert Lodimus —

« L’engagement politique naît de la réflexion sur la foi qui exige un changement. »

(Leonardo Boff)

Mercredi 13 mars 2013. La terre entière a les yeux rivés sur la Place Saint-Pierre. Le conclave délibère depuis 24 heures pour élire le 266ème pape qui remplacera Benoît XVI. La surprise est générale. Cette annonce de démission inattendue est tombée comme un couperet sur la tête de la journée du 11 février 2013. Pour la première fois dans l’histoire de l’Église catholique romaine, un pape renonce à poursuivre son pontificat jusqu’aux portes de l’éternité. Vers 19h06, alors que le manteau foncé de l’angélus achevait de se déployer sur la ville de Rémus et Romulus, une fumée blanchâtre s’échappe de la cheminée de la chapelle Sixtine. La foule, composée de fanatiques et de curieux, dont la plupart venus de loin, applaudit. Les bras sont levés. Et les mains pointées vers le ciel, en signe de remerciements au divin Créateur. La Cité de l’État du Vatican a trouvé son nouveau Chef en la personne du cardinal argentin Jorge Maria Bergoglio.

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Mort du pape François : l’hommage « embarrassé » de ceux qui l’ont combattu

— Par Jean Samblé —

À peine la nouvelle de la mort du pape François annoncée, ce lundi 21 avril, que les hommages officiels ont afflué des quatre coins du globe. Chefs d’État, responsables politiques, dignitaires religieux… tous saluent aujourd’hui une « figure spirituelle », un « artisan de paix » ou un « ami fidèle des plus fragiles ». Mais derrière ces formules policées, une réalité saute aux yeux : une partie de ces condoléances résonne d’autant plus creux qu’elles émanent de personnalités qui, tout au long de son pontificat, n’ont cessé de l’attaquer, parfois avec une rare virulence.

Pendant plus de dix ans, Jorge Mario Bergoglio, premier pape venu du Sud global, n’a cessé de bousculer les conservatismes. De son plaidoyer en faveur de l’accueil des migrants à ses appels à la justice sociale, en passant par ses critiques des logiques néolibérales et de l’armement mondial, François n’a eu de cesse de placer l’Évangile du côté des pauvres, des réfugiés, des opprimés. Un positionnement que beaucoup, notamment dans les rangs de l’extrême droite, n’ont jamais digéré.

Des adversaires devenus endeuillés officiels

À Rome, Giorgia Meloni, cheffe d’un gouvernement qui mène une politique migratoire dure, a salué sur X un pape qui a su « cultiver, réparer, protéger ».

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Édulcorants : la fausse promesse du « sans sucre »

— Par Sabrina Solar —

Face aux méfaits bien connus du sucre, nombreux sont ceux qui se tournent vers ce qu’ils pensent être une alternative plus saine : les édulcorants. Ces additifs alimentaires au pouvoir sucrant élevé sont partout, des sodas “zéro calorie” aux yaourts allégés, en passant par les chewing-gums ou les produits destinés aux diabétiques. Mais si leur promesse semble alléchante, la réalité est bien moins sucrée qu’il n’y paraît.

Une illusion sans bénéfice réel

L’aspartame, le sucralose, l’acésulfame K ou encore les glycosides de stéviol sont devenus des habitués de nos étiquettes alimentaires. Présentés comme des alliés pour perdre du poids ou contrôler la glycémie, ces édulcorants n’ont pourtant jamais démontré de bénéfices solides sur ces plans. Plusieurs études récentes l’ont confirmé : leur efficacité pour maigrir ou prévenir le diabète est au mieux négligeable, au pire contre-productive.

Pire encore, leur consommation régulière entretient le goût pour le sucré et pourrait même conduire, à long terme, à une prise de poids via des mécanismes complexes qui affectent notamment la régulation de l’appétit.

Des risques qui s’accumulent

Si les bénéfices ne sont pas prouvés, les risques, eux, deviennent de plus en plus visibles.

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Haïti au bord de l’effondrement : l’ONU lance un appel pressant à la communauté internationale

— Par Jean Samblé —

Haïti traverse l’une des pires crises de son histoire contemporaine. Entre violences armées, effondrement des institutions publiques, et crise humanitaire aiguë, le pays semble s’enfoncer dans un chaos de plus en plus incontrôlable. Les Nations unies, par la voix de plusieurs de ses hauts représentants, alertent sur une situation alarmante et appellent la communauté internationale à une action urgente, avant qu’il ne soit trop tard.

Une violence en constante escalade

Depuis plusieurs mois, les gangs armés intensifient leur emprise sur Haïti, notamment dans la capitale Port-au-Prince et ses alentours. Selon Volker Türk, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, « la situation des droits de l’homme en Haïti a atteint un nouveau point de crise ». Lors de la présentation de son rapport annuel devant le Conseil des droits de l’homme à Genève, il a décrit une réalité terrifiante : des bandes armées qui s’unissent, se renforcent, et affrontent les forces de l’ordre avec une puissance de feu souvent supérieure.

Ces groupes criminels, qui opèrent désormais comme de véritables milices, mènent des attaques coordonnées, s’emparent d’infrastructures vitales et imposent leur loi à des pans entiers du territoire.

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Les crabes du lundi de Pâques

 Par Yves Untel Pastel —

Nous aimions aller sur la plage
À la trêve de Pâques.
La Martinique tout entière
Déferlait en bord de mer,
Le lundi de Pâques.

Et c’était un jour de liesse,
Un jour maudit pour les crabes.
C’était l’hécatombe des crustacés,
Tant on faisait bombance de crabes.

Mais ce temps est mort.
Les mangroves puent
Et les vents mêmes
Se bouchent les naseaux.
Ils vont tous mourir au large,
Troupes de mustangs incommodés.

La marée brasse la mangrove.
Le poison est partout.
Il transpire du silence.
Et dans la mangrove,
La mort lente s’installe.

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Que faire de ses encombrants (déchets volumineux) ?

Encombrants (déchets volumineux)

Les encombrants ne peuvent pas être jetés avec les ordures ménagères. Ils doivent être triés et collectés selon certaines conditions. Nous faisons le point sur la réglementation.

Les encombrants sont des déchets qui, du fait de leur poids et de leur volume, ne sont pas pris en charge par le service de collecte des ordures ménagères de la mairie.

La loi n’établit pas de liste des encombrants, mais en pratique il s’agit des éléments suivants :

  • Meubles (table, chaise, armoire…)
  • Matelas et sommiers
  • Appareils de gros électroménager (lave-linge, réfrigérateur, gazinière…).

Certains déchets, bien que volumineux, ne sont pas considérés comme des encombrants :

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Boycoteurs, boycotteuses… qui êtes vous ?

Des appels au boycott des produits en provenance des États-Unis s’élèvent depuis quelques semaines en réponse à la volonté du Président Trump de durcir leurs relations diplomatiques et économiques avec leurs principaux partenaires. Qui est tenté par ce boycott et pour quelles raisons ?

Une étude publiée en avril 2025 par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) révèle que 45% des Français se sentent concernés par le boycott des produits ou des marques en provenance des États-Unis. Elle s’appuie sur une enquête menée en mars 2025 auprès de 2 000 majeurs résidant en France hexagonale.

Pourquoi boycotter ?

Afin de protester contre la politique étrangère du gouvernement de Donald Trump, 18% des personnes interrogées déclarent boycotter les produits états-uniens et 27% en ont l’intention. Les répondants sont enclins à boycotter les produits d’une entreprise :

  • qui épuise les ressources naturelles au détriment des populations locales (pour 75% d’entre eux) ;
  • qui offre de mauvaises conditions de travail à ses employés (70%) ;
  • qui néglige la protection de l’environnement (68%) ;
  • qui cherche à rémunérer toujours plus ses dirigeants et ses actionnaires (64%) ;
  • qui soutient des actions politiques qu’ils désapprouvent (62%) ;
  • originaire d’un pays dont ils réprouvent la politique (56%).

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Martinique : la nécessaire protection des tortues

Les tortues marines font face à de nombreuses menaces, causées par l’être humain mais aussi par la nature. Elles sont braconnées pour leur viande, leur carapace ou leurs œufs. Elles souffrent aussi d’autres problèmes liés aux activités humaines : pollution, prises accidentelles dans les filets de pêche, collisions avec des bateaux, lumières des villes qui les désorientent, destruction de leurs habitats, ou encore attaques de chiens et d’animaux introduits comme la mangouste. Ces dangers touchent les tortues à toutes les étapes de leur vie. Le changement climatique (hausse des températures, modification des courants marins, acidification des océans) aggrave encore la situation. L’ensemble de ces menaces combinées est appelé « effet cocktail ».

Toutes ces pressions ont entraîné une forte baisse des populations de tortues marines. Ces animaux ont une stratégie de reproduction basée sur la quantité : ils pondent beaucoup d’œufs très tôt, mais peu de jeunes survivent. Ce déséquilibre entre naissances et morts rend leurs populations fragiles. Face à ce constat, la communauté internationale, les gouvernements, les scientifiques et les gestionnaires ont mis en place des mesures de protection et des actions de conservation.

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Guadeloupe, Martinique : le malaise méritocratique face à la crise

De la nécessité , par des temps incertains, d’une nouvelle réflexion sur les enjeux politiques et économiques de demain .
— Par Jean-Marie Nol —

La France traverse une période de vérité budgétaire. François Bayrou, Premier ministre, l’a affirmé avec gravité lors de sa dernière conférence de presse : « La France ne produit pas assez et ne travaille pas assez. » Dans le constat qu’il a dressé des finances du pays, François Bayrou estime que si la France « manque de moyens » pour financer ses politiques notamment sociales , et que si la production par habitant de la France était dans la même gamme que celle de nos voisins européens, nous n’aurions pas de déficit budgétaire ».Pour répondre à l’enjeu du déficit public, attendu à 5,4% du PIB en 2025 et prévu à 4,6% en 2026, la dette – 3.305,3 milliards d’euros en 2024, soit 113% du PIB – est « un piège dangereux, potentiellement irréversible », « inacceptable parce que nous ne pourrons pas en supporter durablement la charge » qui pourrait « atteindre 100 milliards d’euros en 2029 », a déclaré François Bayrou.

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Renaissance du cacao en Martinique : quand l’or brun refleurit aux Antilles

— Par Sarha Fauré —

Pendant que les consommateurs d’Europe s’étonnent de la flambée des prix du chocolat – conséquence directe des bouleversements climatiques en Afrique de l’Ouest et de l’envolée des cours du cacao –, une autre réalité se dessine, plus discrète mais porteuse d’espoir : aux Antilles françaises, et notamment en Martinique, le cacao connaît une véritable renaissance.

Après des siècles d’oubli et de déclin, l’île redonne vie à une culture ancestrale, autrefois florissante, désormais portée par des producteurs passionnés, des coopératives engagées et une volonté de faire rayonner le savoir-faire local jusque dans les tablettes artisanales de la métropole. Le cacao martiniquais revient sur le devant de la scène.

Un passé glorieux, un long déclin

Il fut un temps où la Martinique produisait jusqu’à 6 000 tonnes de cacao par an, soit plus de la moitié de la production antillaise sous Louis XIV. Le cacao était alors l’une des richesses majeures de la colonie, prisé jusque dans les salons de Versailles. Les premiers cacaoyers avaient été introduits par les Amérindiens, bien avant la colonisation. Mais au fil des siècles, la culture du cacao a cédé sa place à celle de la canne à sucre, plus rentable à l’époque.

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Le crabe, roi de la semaine sainte aux Antilles : un plat, une histoire, un héritage

— Par Sarha Fauré —

Aux Antilles françaises, et plus particulièrement en Martinique et en Guadeloupe, la célébration de Pâques ne saurait se concevoir sans la présence du crabe. Alors que dans de nombreuses cultures, les fêtes pascales riment avec chocolat et œufs décorés, aux Antilles, c’est le crabe de terre, préparé avec savoir-faire et patience, qui occupe le devant de la scène. Mais cette tradition culinaire, si joyeuse et festive aujourd’hui, prend racine dans une histoire douloureuse, celle de l’esclavage, de la privation… et aussi de la résistance.

Un héritage issu des chaînes de l’histoire

La place centrale du crabe durant la semaine dite « Sainte » remonte à l’époque coloniale, où l’Église catholique imposait aux esclaves africains le strict respect du carême. Durant cette période de quarante jours précédant Pâques, la consommation de viande leur était formellement interdite. Livrés à eux-mêmes, sans moyen ni accès à des aliments nobles, les esclaves durent se tourner vers la nature pour survivre.

Parmi les ressources disponibles, le crabe de terre, abondant dans les mangroves, les champs et les bords de rivière, devint leur principale source de protéines.

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La Semaine sainte et la « libération » des esclaves de Case-Pilote

— Par — Par Yves-Léopold Monthieux — —

Cette tribune reprend en partie celle parue le 17 août 2016 intitulée « 23 avril 1848 : libération des esclaves de Case-Pilote ».

Qui, étant d’un certain âge, ne se souvient de la Semaine sainte telle que pratiquée en Martinique, notamment les Jeudi saint, Vendredi saint et Samedi Gloria. Les cloches des églises faisaient relâche tandis que les croix, statues et images étaient voilées. Pour remplacer les cloches les enfants de chœur se répandaient dans les rues en faisant crisser des crécelles, sorte de moulinet en bois qui s’appelait rara en Martinique. Ce mot provient peut-être du mot ara qui est une variété de perroquet de l’Amérique tropicale. D’où l’expression courante à l’époque « parler comme un rara lasimèn sinte ». On retrouve le mot à Haïti pour désigner une musique mystique jouée, notamment, au cours de la Semaine sainte, ce qui peut être considéré comme un point commun avec la Martinique. Une autre pratique, le « battre Judas », consistait pour les fidèles de la paroisse à circuler dans les rues en frappant sur des boîtes vides symbolisant Judas, l’apôtre qui a trahi Jésus.

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La Caraïbe de l’Est face à de nouveaux défis économiques : un appel à l’action

— Par Jean Samblé —

Timothy Antoine, gouverneur de la Banque centrale de la Caraïbe orientale (ECCB), alerte les pays de la région sur les menaces croissantes que représentent l’inflation et les tensions commerciales alimentées par les politiques protectionnistes du président américain Donald Trump. Ces mesures pourraient gravement compromettre la stabilité économique des États membres de l’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECS).

Les droits de douane imposés par Washington risquent d’avoir des répercussions sévères sur les petites économies caribéennes, particulièrement celles qui dépendent massivement des importations pour leur approvisionnement alimentaire et en matériaux de construction. Ces hausses tarifaires, combinées à une reprise économique encore fragile après la pandémie, placent la région dans une situation de grande vulnérabilité.

Les économies insulaires, fortement tournées vers le tourisme, commencent à peine à se relever des effets du COVID-19. Aujourd’hui, elles doivent faire face à une nouvelle crise potentielle, qui pourrait s’avérer encore plus difficile à surmonter sans une réponse régionale coordonnée.

Parmi les mesures américaines envisagées, figure une taxe d’un million de dollars sur tout navire construit en Chine entrant dans les ports des États-Unis.

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L’avenir incertain du modèle départemental : autonomie ou déclin ?

Peut – on encore sauver le système social de la départementalisation aux Antilles ?
— Par Jean-Marie Nol —
Le modèle départemental, jadis symbole d’égalité républicaine et de continuité territoriale entre l’Hexagone et les Antilles, vacille aujourd’hui sous le poids des contradictions politiques, des réalités économiques et des nouvelles aspirations sociales. Plus d’un demi-siècle après la départementalisation, son avenir paraît plus incertain que jamais, menacé par un faisceau de tensions et de mutations profondes qui forment, pour reprendre l’expression imagée, un véritable triangle des Bermudes institutionnel. Dans cet espace tourmenté, les élus ultramarins se débattent avec l’idée d’autonomie, sans jamais parvenir à concilier les exigences du développement local avec les contraintes d’un État central de plus en plus désengagé. Et d’ailleurs, c’est sur cette volonté de désengagement  que repose la bienveillance de l’État français à l’égard du processus d’évolution statutaire aux Antilles. Cette spirale de déconstruction du modèle départemental, bien plus qu’un simple débat technocratique, incarne l’un des défis majeurs de notre époque : comment repenser l’action publique avec la mise en œuvre de l’autonomie dans des territoires insulaires frappés de plein fouet par la crise, sans rompre les liens fragiles qui les unissent à la République ?

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Bicentenaire de la Dette d’Haïti : Reconnaissance, Réparations et Mémoire

— Par Jean Samblé —

Le 17 avril 2025 marquera le bicentenaire de l’ordonnance royale de 1825, par laquelle le roi Charles X a imposé à Haïti une indemnité exorbitante pour reconnaître son indépendance. Cette décision historique, qui a marqué un tournant dans les relations entre la France et Haïti, a entraîné une domination financière de la France sur Haïti pendant près d’un siècle, instaurant un mécanisme néocolonial d’exploitation qui pèse encore aujourd’hui sur les mémoires.

À cette occasion, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME), en partenariat avec les Archives Nationales, organise un événement exceptionnel le 17 avril 2025 aux Archives Nationales, situées au 59 rue Guyemer à Pierrefitte-sur-Seine, pour revenir sur cet événement inouï et injuste. Cet événement permettra de reconnaître officiellement l’injustice historique de cette dette imposée à Haïti, une question qui n’a jamais été véritablement reconnue par l’État français, et qui a influencé les relations entre les deux pays pendant plus d’un siècle.

Programme de la manifestation du bicentenaire

  1. Exposition documentaire : Des documents originaux relatifs à l’indemnité de 1825 seront exposés, permettant au public de se confronter à l’ampleur de cet emprisonnement économique et historique imposé à Haïti.

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