Catégorie : Psy_choses etc.

« Homosexualités. Maillons de la chaîne d’Éros à Thanatos » par Stéphane Lelong

Comment se fait-il qu’un couple hétérosexuel puisse avoir un enfant qui deviendra homosexuel ? Pourquoi dans une même fratrie y en a-t-il qui seront « hétéros » et d’autres « homos » ? L’homosexualité féminine répond-elle symétriquement à l’homosexualité masculine ? Les homosexualités ont-elles le monopole d’une structure psychique particulière? Au-delà de ces questions centrales en psychanalyse, ce livre porte aussi sur une réflexion d’actualité : les nouvelles formes familiales. Le Mariage pour tous, ouvrant la possibilité d’adopter, puis la PMA pour toutes et peut-être à terme la légalisation de la GPA, feront-ils perdre l’âme de la famille traditionnelle ? Le désir d’enfant convoquant l’une des formes d’homoparentalité éclaire dans l’après-coup le noyau infantile du futur homosexuel. L’auteur met en tension homosexualités et homoparentalités dans le droit fil psychanalytique, en prenant ses distances avec les préjugés attachés à la sexualité et les discours séducteurs à la mode.

Psychanalyste, Stéphane Lelong est docteur en médecine, pédopsychiatre, psychiatre. Psychologue clinicien, il est docteur en psychopathologie fondamentale et psychanalyse. Il dirige la collection : « Clinique psychanalytique et Institutions » aux éditions L’Harmattan où il est auteur de : Fantasme maternel et folie (1998) ; Un psychanalyste dans le secteur psychiatrique (2005) ; L’inceste en question (2009) ; Période d’adolescence (2 tomes, 2013)

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L’inconscient du politique

Pierre KAUFMANN, , Paris, Presses universitaires de France, 1979, 203 p., bibliogr.

— Par Annie Geffroy —

Le dernier ouvrage de Pierre Kaufmann développe l’analyse esquissée en 1977 dans « Amour et pouvoir » (1). Contre ce qu’il estime être des réductions ou des contresens, P.K. entreprend une défense et illustration de la démarche freudienne : non, Freud n’est pas « un stratège hypocrite de la répression » (p. 19) ; dans sa conception finale, relativiste, de l’appareil psychique, l’Œdipe n’est pas un constituant a-historique, mais « la trace de l’insertion dans la première organisation sociale de l’antagonisme pulsionnel » (2).

Que devient cette trace dans les organisations sociales ultérieures ? Pour la rechercher, P.K. propose (chap. 1, « Ébauche d’une méthode ») d’observer une société au moment où elle se brise : la pathologique, ici la crise révolutionnaire, nous éclairera sur les facteurs dissimulés mais pourtant à l’œuvre dans l’état normal, quotidien, S’appuyant sur deux récits de révolution (février 1917 en Russie par Trotski, 1788-1789 en France par Saint-Just), il dégage deux faits : la crise se caractérise par la multiplication de rumeurs, la diffusion soudaine de formations mythiques, et par la redistribution entre les acteurs sociaux d’un sentiment de culpabilité, qui « se déplace du révolté qui s’en affranchit à l’agent de la répression » (p 31).

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« Les nouvelles beautés fatales », de Vannina Micheli-Rechtman

Les troubles des conduites alimentaires comme pathologies de l’image

Préface de Georges VIGARELLO

Les troubles des conduites alimentaires, anorexie et boulimie, sont un phénomène contemporain et sociétal en pleine expansion accéléré par l’utilisation massive des réseaux sociaux. Ils appartiennent à un nouveau domaine d’expression de la souffrance intime que l’auteure désigne comme « pathologies de l’image ».

 Les troubles des conduites alimentaires, anorexie et boulimie, sont un phénomène contemporain et sociétal en pleine expansion, accéléré par l’utilisation massive d’Internet. Ils appartiennent à un nouveau domaine d’expression de la souffrance intime que l’auteure désigne comme « pathologies de l’image ».

À partir de son expérience clinique de psychiatre spécialiste des addictions, de psychanalyste et de philosophe, l’auteure analyse les liens entre les troubles des conduites alimentaires et les représentations du corps des femmes. La prolifération spectaculaire des images, qui vont jusqu’aux photos de soi produites par soi, via les réseaux sociaux, et leurs simulacres retouchés dans les magazines de mode, participe au développement d’une relation pathologique de la femme avec son propre corps.

Ainsi l’anorexie et la boulimie permettent de mieux saisir notre époque où l’image, le corps, la mode, la beauté et le paraître constituent les termes de l’inscription postmoderne des sujets.

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« Nous sommes des psychologues et nous ne serons jamais des vendeurs de soins psychiques »

— Collectif —

Alors que le dispositif MonPsy entrera en vigueur le 5 avril, plus de 2 000 psychologues dénoncent, dans une tribune au « Monde », la gabegie du gouvernement et expliquent pourquoi ils entendent boycotter ce protocole, qu’ils étaient pourtant nombreux à appeler de leurs vœux.

Tribune. Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron et Olivier Véran se félicitent d’une réforme concernant le remboursement de consultations auprès d’un psychologue qu’ils présentent avec emphase comme une avancée historique pour les personnes en situation de détresse psychique.

Que l’on ne s’y trompe pas. Beaucoup de psychologues sont favorables à un dispositif de remboursement des séances au nom d’une égalité d’accès aux soins psychiques. Et puis, ne boudons pas notre plaisir : notre métier est enfin reconnu d’utilité publique, loin des clichés sulfureux qu’il charrie encore parfois. Pour autant, le dispositif MonPsy, qui entrera en vigueur à partir du 5 avril, est inacceptable et dangereux pour nous comme pour nos futurs patients.

L’ensemble de la profession n’a cessé de le dire, mais nos demandes et propositions sont restées lettre morte. Si bien que nous, psychologues libéraux et exerçant en institution, sommes aujourd’hui déterminés à boycotter ce protocole dont nous étions pourtant nombreux à louer les motifs initiaux.

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Psychiatrie de la race : visioconférence le 25 mars 2022

— Par Joël Des Rosiers, psychiatre et psychanalyste —

Présentation : La race n’est pas, comme le prétendent les nationalistes raciaux, une particularité immédiate, une donnée naturelle. Il s’agit plutôt d’une régression vers la nature comme pure violence, vers le particularisme caché qui, dans l’ordre existant, constitue précisément l’universel. « La race est aujourd’hui l’affirmation de soi de l’individu, intégré dans le collectif barbare.» (Horkeimer et Adorno : 1944). Au cours des deux premières décades du XXIe siècle, une floraison d’études historiques sur la race a été publiée. Pourtant, le silence collectif des psychiatres et des psychanalystes sur cette réalité sociétale limite notre capacité à explorer, enseigner et traiter les effets, tant interpersonnels qu’intrapsychiques des traumatismes racialisés, des préjugés implicites et des privilèges.

Dès le XVIIIe siècle, parallèlement au développement d’un savoir médical sur les corps noirs devenus objets d’études pour des raisons économiques, politiques et sanitaires, se développe sur un mode plus ambigu un savoir psychiatrique sur les mêmes objets dépréciés dont la souffrance psychique n’est reconnue que sur le mode du désaveu et de la dénégation. Proposée par Michel Foucault (1979), la biopolitique décrit « la manière dont on a essayé, depuis le XVIIIe siècle, de rationaliser les problèmes posés à la pratique gouvernementale par les phénomènes propres à un ensemble de vivants constitués en population : santé, hygiène, natalité, longévité, races…» Nous chercherons à démêler comment le discours de la race s’autorise du discours médical.

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Des incidences de la nomination aux Antilles, avec Jeanne Wiltord

Samedi 12 Février 2022 de 9h15 à 11h15

L’entrée en fonction pour un être parlant de son nom par la consistance du symbolique, l’inscrit à l’ordre de la transmission suivant une lignée ancestrale. Cette fonction de la nomination, marquée aux Antilles par le contexte historique de la CER (Colonisation Esclavagiste Racialisée), réalise l’être parlant, au-delà du nom propre, à une nomination imaginaire de la couleur de peau qui privilégie le regard. La dimension de l’imaginaire surmonte dès lors la dimension du symbolique et vient organiser le lien social et le rapport du sujet à la parole.

Quelles peuvent être les incidences subjectives de la nomination repérables aux Antilles dans la clinique du lien social et au fil d’une pratique de la clinique individuelle ? Pour un sujet contemporain aux Antilles quels sont les enjeux du nom de famille en tant qu’il se distingue de la fonction du nom propre ?

L’Association Lacanienne Internationale Antilles vous invite à la visio-conférence, qu’elle organise sur la question de la nomination imaginaire posée aux Antilles et introduite à la psychanalyse par Jeanne Wiltord,

Samedi 12 Février 2022 de 9h15 à 11h15

invitée

Jeanne WILTORD

A partir de son ouvrage « Mais qu’est-ce que c’est donc un Noir »

Ed.

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Journée mondiale de l’orgasme : 91% des femmes l’ont déjà simulé

— Par Gael Brulin —

À l’occasion de la Journée mondiale de l’orgasme, on apprend que 91% des femmes interrogées ont déjà simulé un tel accès de plaisir. 11% reconnaissent même le faire à chaque rapport sexuel.

Ce mardi 21 décembre 2021 marqu{ait] l’entrée en scène de la saison hivernale. C’est aussi la Journée mondiale de l’orgasme. Dans ce cadre, le site de rencontres adultérine Gleeden a lancé une enquête auprès de ses membres. Ont été précisément sollicités en ligne “2686 femmes et 2561 hommes hétérosexuels en France, Belgique, Suisse ayant déclaré être actuellement en couple”.  Sur cet échantillon de plus de 5 200 personnes, il s’est avéré que 91% des femmes ont déjà simulé l’orgasme au moins une fois. À l’inverse, seuls 29% des hommes ont reconnu une telle pratique.

11% des femmes simulent à chaque rapport sexuel

En entrant dans le détail, on apprend que 11% des femmes interrogées simulent à chaque rapport sexuel, contre 1% des hommes sondés. Quant à savoir pourquoi les orgasmes sont simulés, ce ne sont pas les mêmes raisons qui arrivent en tête selon les genres.

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L’inconscient ou l’oubli de l’histoire. Profondeurs, métamorphoses et révolutions de la vie affective

D’Hervé Mazurel
La Découverte, 2021
Description
Et si l’inconscient lui-même n’échappait pas à l’histoire ? En le situant au-delà du social, au-delà de l’histoire, Freud a laissé la psychanalyse prisonnière d’un postulat encombrant. Il a fait comme si la structure de la personnalité qu’il observait chez ses patients viennois à la fin du XIXe siècle touchait à l’homme éternel et non aux représentants d’une époque, d’une culture, d’un univers social particuliers.
Nourri d’histoire des sensibilités, de sociologie psychologique et d’anthropologie critique, ce livre voudrait montrer en quoi notre vie psychique profonde est tout imprimée d’histoire. Pour s’en convaincre, il n’est qu’à scruter, sur la longue durée, les lentes transformations du refoulement pulsionnel et du contrôle des émotions. Elles sont étroitement corrélées aux révolutions silencieuses de nos mœurs, aux altérations souterraines de notre vie affective, aux déplacements discrets des désirs et des interdits, des seuils de pudeur et des frontières de l’intime. De là il faut conclure à l’existence de troubles d’époque et de névroses de classe. Et puis songer aussi au perpétuel renouvellement des fantasmes à partir desquels se meuvent les êtres intérieurs, aux variations du symbolisme des rêves, calquées sur les évolutions de l’imaginaire social et non sur des archétypes universels, ou encore aux mutations sourdes des complexes psycho-affectifs (dont l’œdipe) au gré des métamorphoses de la famille, de la parenté et des rapports de genre.

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Du dé-boulonnage des statues

Le samedi 27 Novembre 2021 9h15-11h15

Le système de la CER, qui s’étend sur deux siècles et demi de l’histoire de France et qui concerne notamment les Antilles, n’a cessé de prendre appui du regard dans le silence des mots. L’édification de statues visant à le représenter ainsi que les actes de démolition actuels de ces mêmes statues, semblent une tentative d’effacement de la violence de ce système, qui ne cesse pas de ne pas s’écrire.

Ce système est-il produit d’un discours ? Échappe-t-il aux lois de la parole et du langage ? Comment, dans ce face à face irréductible, inscrire la parole en position tierce ?

L’Association Lacanienne Internationale Antilles vous invite à une visio-conférence sur les questions que peut poser à des psychanalystes le déboulonnage des statues aux Antilles.

Le samedi 27 Novembre 2021

9h15-11h15

Présidente de séance : Roberte Copol-Dobat

Discutante : Jeanne Wiltord

9h15 Accueil

9h30 -10h Pour introduire la question de la violence.

Victor LINA, Psychanalyste

10h-10h30 La place du sujet dans la société postcoloniale martiniquaise.

Marie-Nadiège YERRO, Psychanalyste

10h-30-11h15 Débat

secrétariat <secretariat@ali-antilles.com>

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Principe de précaution

— Par Jean Gabard —

Il est aujourd’hui possible de faire valoir le principe de précaution quand un produit ou une mesure présente des risques pour l’environnement, pour la santé, ou simplement quand il y a doute sur ces derniers. Ne serait-il pas possible d’étendre ce principe aux questions de société et particulièrement quand il s’agit de l’éducation de nos enfants ?

Pendant des millénaires les humains ont veillé à ce qu’il y ait toujours au moins un homme aux côtés de la génitrice pour l’éducation d’un enfant et cela a peut-être commencé bien avant que l’on connaisse l’existence du géniteur, lorsque la femme, capable de ce qui apparaissait alors magique, était perçue comme une déesse. Il se pourrait que les humains aient déjà senti la nécessité de cette présence masculine pour compenser la toute-puissance fantasmatique féminine1. Quand les hommes font le lien entre l’acte sexuel et la naissance, ils vont, dans la plupart des cultures, se croire supérieurs2 et se donnent des raisons de dominer la femme et la nature qui, elle aussi, n’est plus divinisée. Avec la révolution du Néolithique, le patriarcat s’installe et la mère est placée sous l’autorité du père3.

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PsyEnfantAdo : un soutien psychologique gratuit pour les 3-17 ans

La crise sanitaire a eu un impact préjudiciable sur la santé mentale et psychologique des jeunes de moins de 18 ans, particulièrement touchés par des symptômes anxieux ou dépressifs. Le dispositif de soutien psychologique d’urgence « PsyEnfantAdo », lancé début juin 2021, s’adresse aux enfants et adolescents de 3 à 17 ans inclus en souffrance psychologique légère à modérée. Il prévoit la prise en charge à 100 % de 10 séances maximum avec un psychologue. Initialement prévu jusqu’au 31 octobre 2021, ce dispositif est prolongé jusqu’au 31 décembre 2021.

Qui sont les bénéficiaires ?

Le dispositif de soutien psychologique PsyEnfantAdo concerne :

  • les enfants et les adolescents de 3 à 17 ans inclus ;
  • bénéficiaires de l’assurance maladie ou de l’aide médicale de l’État ;
  • dont la santé psychique a été affectée par la crise sanitaire et qui présentent :
    • des modifications visibles du comportement et/ou de l’état psychique suscitant l’inquiétude de l’entourage (famille, milieu scolaire, médecin généraliste, pédiatre, service de protection maternelle et infantile (PMI)…) ;
    • une souffrance psychique d’intensité légère à modérée, sans signe de gravité.

Comment en bénéficier ?

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Les hommes, leurs amours et leurs sexualités – Patrick De Neuter

En matière d’amour, de désir, de plaisir, de jouissance et de séduction, les usages et les mœurs évoluent de jour en jour. L’auteur analyse les difficultés du couple du point de vue des hommes, à partir de son expérience clinique, de la mythologie et de l’apport de diverses disciplines, dont la littérature.

De la plus haute Antiquité à nos jours, le mythe de l’enlèvement de la jeune Europe, princesse phénicienne, par Zeus, son arrière-arrière-grand-père, déguisé en taureau, a connu de multiples variantes dans la littérature, la mosaïque, la gravure, la peinture et la sculpture. L’auteur s’est demandé dans quelle mesure ce mythe, traditionnellement considéré comme le reflet des désirs inconscients, était encore valable pour les hommes, jeunes et moins jeunes, aujourd’hui. À partir de sa clinique psychanalytique et psychothérapeutique individuelle et de couple, enrichie de nombreuses lectures dans diverses disciplines, il envisage, dans le registre des désirs et des fantasmes conscients et inconscients de chaque « un », diverses thématiques abordées par le mythe comme : le ravissement amoureux, le rapt et le viol, les diverses jouissances, les amours incestueuses, le désir de paternité, la défloration, l’infidélité conjugale, les difficultés du vieillissement, le patriarcat, la domination et la soumission dans le couple et l’identification à l’animal.

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Le Covid-19 a fait bondir les cas de dépression et d’anxiété

Selon une étude publiée samedi dans The Lancet, les cas de troubles dépressifs majeurs et troubles anxieux ont augmenté respectivement de 28% et 26% en 2020.

Les cas de dépression et d’anxiété ont augmenté de plus d’un quart dans le monde en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19, selon une étude publiée samedi 9 octobre dans The Lancet. L’étude est la première à évaluer les impacts mondiaux de la pandémie sur les troubles dépressifs majeurs et les troubles anxieux, en les détaillant par âge, sexe et localisation dans 204 pays et territoires en 2020. Les résultats montrent qu’en 2020, les cas de troubles dépressifs majeurs et troubles anxieux ont augmenté respectivement de 28% et 26%.

«Cela souligne un besoin urgent de renforcer les systèmes de santé», estime le principal auteur de l’étude Damien Santomauro, du Queensland Center for Mental Health Research, School of Public Health, en Australie. «Même avant la pandémie, les systèmes de soins de santé mentale de la plupart des pays manquaient de ressources et étaient désorganisés. Répondre à cette demande supplémentaire (…) sera difficile, mais il n’est pas envisageable de ne rien faire», ajoute-t-il.

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« La psychiatrie française s’est en partie étiolée depuis 30 ans sous l’influence américaine »

— Par Aude Mazoue —

Au lendemain des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie en France, les professionnels du secteur jettent un regard sans complaisance sur leur spécialité, passée de « pionnière et innovante » à moribonde. L’hégémonie américaine explique en partie ce déclin français. 

Au cœur de la tourmente franco-américaine, le DSM, (abréviation de l’anglais : « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders »). Ce manuel, qui répertorie les troubles mentaux, les diagnostics et les statistiques, élaboré par les Américains s’est invité dans la psychiatrie française dans les années 1980. « Au fil du temps, les normes que ce manuel véhicule ont fini par prévaloir dans le champ de la psychiatrie française. » 

L’ouvrage de référence, utilisé aux États-Unis par des cliniciens, des chercheurs, des compagnies d’assurances, des entreprises pharmaceutiques et les pouvoirs publics, est régulièrement actualisé en fonction des données collectées. Mais à l’occasion de sa dernière mise à jour en 2013, le document a suscité une grande défiance des praticiens français. Une majorité d’entre eux redoutent, en effet, que la classification américaine prive la psychiatrie de sa subjectivité.

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 Isolement et contention : « la honte de la psychiatrie »

Les assises de la santé mentale et de la psychiatrie se tiendront les 27 et 28 septembre sans que certains thèmes majeurs n’y soient abordés.

La honte en psychiatrie, c’est l’inflation des contentions physiques (l’équivalent des camisoles de jadis) et des isolements psychiatriques. Cette honte est celle des professionnels qui attachent et qui enferment, faute de mieux. Cette honte est celle des usagers et de leurs familles qui vivent des situations indignes et traumatisantes. Attacher et isoler redouble et aggrave les isolements psychiques et sociaux des personnes déjà fragilisées par leurs troubles psychiques.

L’inflation des contentions s’est faite progressivement à mesure que les moyens matériels, physiques et humains s’amenuisaient. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté le rappelle à longueur de rapports.

Cette inflation a aussi été permise par une dé-formation des professionnels en psychiatrie qui, plutôt que de soulager les grandes angoisses avec des paroles et du lien en plus des traitements chimiques, s’est appuyée sur des procédures standardisées et déshumanisées telles qu’elles sont actuellement valorisées dans les hôpitaux.

En juin 2020, le Conseil constitutionnel a demandé au gouvernement de revoir une première fois le contrôle des prescriptions de contention et d’isolement pour se mettre en conformité avec la loi.

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En 2021, les Françaises restent les Européennes les moins satisfaites sexuellement

Enquête Ifop publiée le vendredi 3 septembre 2021 (6h00)

Quel est l’état de la sexualité des Européennes dans un contexte pandémique des plus nocifs pour leur bien-être mental en général et leur activité et sociabilité sexuelle en particulier ? Les discours féministes amplifiés depuis 2017 par le mouvement #MeToo ont-ils eu un impact sur leur répertoire sexuel et notamment leur rapport à certaines pratiques popularisées par la pornographie (ex : biffle, éjaculation faciale…) ? En 2021, leur place dans les jeux sexuels est-elle plus active au point d’inverser – avec certains jeux comme le pegging – les rôles « pénétrant/pénétré » structurant traditionnellement les scripts de la sexualité hétérosexuelle ?

A l’occasion du lancement de Pokmi, première plateforme décentralisée de contenu pour adulte basée sur une cryptomonnaie (le « Poken »), The Poken Company a commandé au pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop un « observatoire de la sexualité féminine » permettant de mettre en carte les sexualités des Européennes tout en mettant en évidence certaines tendances par rapport au passé. Réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 5025 femmes vivant dans les cinq plus grands pays européens (Espagne, Italie, France, Allemagne, Royaume-Uni), le premier volet de cet observatoire (diffusé vendredi 3 septembre) se penche notamment sur le degré de bien-être sexuel et sentimental des Européennes à l’heure du Covid-19, la fréquence de leur activité sexuelle et les différences de pratiques sexuelles entre les grandes aires culturelles.

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Santé mentale. Les psychologues en grève pour un véritable remboursement

Les psychologues se mobilisent,  à 10 heures, devant les grilles de la préfecture de la Martinique. Ils sont en colère contre les annonces du gouvernement concernant leur profession.

— Par Florent Le Du —
La profession se mobilise, ce jeudi 10 juin, dans toute la France. Elle dénonce le mépris du gouvernement et ses insuffisances, et réclame une amélioration de la prise en charge de sa spécialité.

«   Pendant qu’on chante leurs louanges, les psychologues sont oubliés. » En hausse depuis le début de la crise sanitaire, les troubles dépressifs ou anxieux touchent aujourd’hui 30 % de la population. Une épidémie dans l’épidémie qui a rappelé le besoin d’améliorer la prise en charge de la santé mentale en France et le rôle primordial des psychologues pour prévenir et soigner ces troubles. Le ministre de la santé, Olivier Véran, pendant le Ségur de la santé en juillet 2020 – lors duquel les psychologues n’ont pas obtenu de revalorisation –, a évoqué le besoin de rendre « plus facile et universel » l’accès aux psychothérapies. Une nécessité alors que ces consultations ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale et que le service public a été abandonné au profit du libéral.

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Crime esclavagiste et engagement sociétal et mémoriel

Du constat à la perspective de changements1

Par Pierre Pastel Sociologue/ Psychothérapeute

Contre la barbarie esclavagiste et ses résurgences délétères, la pertinence de tout acte mémoriel réside dans le passage à l’acte politique, économique, institutionnel et éducatif.

Nous n’ignorons pas que c’est l’acte qui, à la suite de l’engagement, construit en définitive l’espace. Si l’intention est la maxime de l’action, l’action confirme, affirme l’intention. Nous sommes parvenus à ce carrefour où la profession de foi doit rencontrer la volonté politique. Commémorer, dans le désir d’expérimenter un « vivre-mieux-ensemble », c’est tout mettre en œuvre pour que « ce que l’histoire nous a légué comme indignité » ne se reproduise plus jamais. La mémoire ne peut être une posture, au risque de dissimuler une imposture. Elle doit être un agir sincère et sans équivoque pour que nos humanités fragmentées produisent un meilleur monde par tous et pour tous.

Voilà déjà plus de 20 ans que le sociologue Pierre Pastel, à travers ses travaux et ses diverses communications, tente d’établir la « ligne de cœur » entre l’urgence d’un cheminement intérieur de chaque citoyen et la traduction dans le marbre du réel de notre projet humain commun sociétal.

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La Vie psychique du racisme. 1. L’empire du démenti

— Par Séverine Kodjo-Grandvaux —

Pointant les limites et les apports de la pensée de Mannoni, Livio Boni et Sophie Mendelsohn explorent sa réflexion sur le « démenti » (déni de réalité) pour comprendre pourquoi il est si difficile de penser la question raciale aujourd’hui. Dans Le Racisme revisité (Denoël, 1997), Mannoni contestait l’ « illusoire neutralité » avancée par les universalistes, qui n’est qu’un « privilège de l’homme blanc » et un « symptôme de son refus à comprendre certains aspects de la situation » . Dans le démenti, on s’arrange pour ne pas avoir à faire à ce qui dérange et qui affecte une représentation idéale de soi. On nie l’évidence de ce qu’on ne veut pas voir, et l’on discrédite ceux qui tentent de le montrer. C’est le « je sais bien que… mais quand même… » : « Je sais bien que les races n’existent pas, mais quand même… »

Dès lors, comment faire face à ce processus par lequel l’on tente, collectivement, de se protéger d’une image de soi indésirable ? Affronter son passé colonial, dans le contexte français, revient, par exemple, à penser la part d’ombre des Lumières, engagées dans la traite négrière et l’esclavage.

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« La majorité des problèmes de santé mentale débute avant l’âge de 14 ans »

L’ensemble de la communauté pédopsychiatrique française lance, dans une tribune au « Monde », un cri d’alarme sur la situation de la pédopsychiatrie, déjà en grande difficulté avant la pandémie et qui l’est encore plus actuellement, pénalisée par la pénurie de spécialistes.

Tribune. La pédopsychiatrie en France a besoin de l’aide du président de la République. Les besoins pour assurer la santé mentale de la jeunesse de notre pays sont criants. Ce n’est pas tant la supplique d’une profession trop longtemps oubliée des pouvoirs publics qui nous incite à interpeller Emmanuel Macron – vous avez commencé à y répondre et nous y sommes sensibles –, mais bien la perspective d’une carence massive des soins psychiques adaptés et essentiels pour notre jeunesse qui s’annonce, du fait d’un manque croissant de professionnels formés. Un rapport sénatorial très complet en témoignait déjà en 2017.

La majorité des problèmes de santé mentale débute avant l’âge de 14 ans. Ils sont d’autant plus susceptibles d’impacter l’avenir de l’enfant qu’ils ne sont pas détectés, ni traités, ce qui est actuellement le cas d’une large proportion d’entre eux, comme le souligne un récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

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L’art du dialogue lacanien

«Foucault, Duby, Dumézil, Changeux, Thom. Cinq grands entretiens au Champ freudien»

Un recueil d’entretiens à la revue « Ornicar ? », menés de 1977 à 1982, rappelle les grandes heures du débat d’idées – sous le patronage de la pensée psychanalytique française.

Lacan a toujours insisté pour que les psychanalystes ne s’isolent pas, mais s’ouvrent aux autres disciplines. Son enseignement porte la trace d’un intérêt constant pour les différents champs du savoir.

La psychanalyse a une affinité fondamentale avec la conversation. Ce volume invite à raviver les connexions.

Présentation :

Sont ici réunis cinq grands entretiens avec des figures de l’effervescence théorique d’une époque où la psychanalyse conversait à bâtons rompus avec les autres disciplines : Foucault, Dumézil, Duby, côté philosophie, anthropologie, histoire ; Changeux et Thom, côté biologie, épistémologie.

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« Soi-même comme un roi. Essai sur les dérives identitaires. », d’Elisabeth Roudinesco

Elisabeth Roudinesco est historienne et directrice de recherche à l’UFR GHES. Experte en histoire de la psychanalyse, elles est l’auteure de plusieurs ouvrages qui ont fait date, notamment Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan. Esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, Dictionnaire de la psychanalyse et Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre (Prix Décembre, 2014).

Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s’affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s’est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d’autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ? Le phénomène d' » assignation identitaire  » monte en puissance depuis une vingtaine d’années, au point d’impliquer la société tout entière.

En témoignent l’évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l’idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d’une formidable richesse – issus des œuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida – ont été réinterprétés jusqu’à l’outrance afin de conforter les idéaux d’un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d’une politique racisée.

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« J’ai vécu ma vie comme une guerrière »: ce jour où Eva Thomas a brisé le tabou de l’inceste

Grenoble – Elle fut l’une des premières victimes d’inceste à témoigner à visage découvert à la télévision: Eva Thomas raconte à l’AFP son combat vers la paix intérieure, retrouvée après s’être battue « comme une guerrière » dans un « sursaut de survie ».

En septembre 1986, les téléspectateurs d’Antenne 2 et des « Dossiers de l’écran » s’émeuvent en direct devant le récit du viol dont cette psychopédagogue a été victime trois décennies plus tôt. « J’ai témoigné comme on se jette dans le vide. Mais j’étais déterminée à briser le silence« , souligne Eva Thomas, aujourd’hui octogénaire. 

Dans son appartement niché sous les toits de Grenoble, elle explique avoir voulu « tendre la main » à toutes les victimes qui, comme elle, avaient expérimenté « la solitude la plus absolue« . « Je n’ai pas vécu ma vie comme une victime, mais comme une guerrière« . 

Un soir d’été 1957, Eva Thomas est violée par son père alors qu’elle vient d’obtenir son brevet. Dès lors, elle s’emploie à fuir ce jardinier « doux et calme » qui n’avait jamais élevé la voix et endossé pour ses enfants le rôle « de la tendresse« . 

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« Au lieu de sortir, je regarde “En thérapie” : les addicts du divan

— Par Guillemette Faure —

Qu’ils aient déjà ou pas mis les pieds dans le cabinet d’un psy, impossible de les faire décrocher des séances de Philippe Dayan, le thérapeute de la série « En thérapie », sur Arte.

Avec ses 35 épisodes qui racontent le défilé de patients chez leur psy, la série d’Arte En thérapie est devenue la préférée de ceux qui ne regardent pas la télé, de ceux qui commencent leurs phrases par « moi qui déteste les séries d’habitude ». Grâce à la couverture médiatique, aux affiches sur les Abribus, parce que, « tu te rends compte, ça s’est vendu dans 19 pays », grâce au bouche-à-oreille, ils se sont imposé de regarder au moins quelques épisodes avant de tomber dedans. Ils ont trouvé douillet, à l’époque du couvre-feu, de pouvoir se réfugier dans un monde où chacun est écouté atten­tivement, un monde de gens conversant sans masque assis si près l’un de l’autre. Depuis, ils en parlent comme d’une série incontournable au point de faire culpabiliser ceux qui ne comprennent pas pourquoi ils n’y trouvent pas leur compte.

Lire la critique d’« En thérapie » : La subtile mise en scène d’un trauma personnel et collectif

A quoi on les reconnaît

Ils l’ont regardé en ligne avant que ça passe à la télé.

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Principe  de  précaution

— Jean Gabard, Auteur conférencier —

Il est aujourd’hui possible de faire valoir le principe de précaution quand un produit ou une mesure présente des risques pour l’environnement, pour la santé, ou simplement qu’il y a doute sur ces derniers. Ne serait-il pas possible d’étendre ce principe aux questions de société et particulièrement quand il s’agit de l’éducation de nos enfants?

Pendant des millénaires, les enfants ont été éduqués par une femme et un homme et cela a commencé bien avant que l’on connaisse l’existence du géniteur. Les humains du Paléolithique s’étaient en effet rendu compte que l’enfant avait plus de facilités à se séparer de la mère divinisée et à devenir autonome s’il y avait un homme (souvent le frère), à côté de celle-ci. Quand les hommes ont fait le lien entre l’acte sexuel et la naissance, ils se sont crus supérieurs et ont voulu dominer la femme et la nature. La mère était mise sous l’autorité du père et avec la révolution du Néolithique le patriarcat s’installait.

La domination masculine est actuellement rejetée, à juste titre, mais elle pouvait cependant se comprendre à une époque où, comme le dit Gabrielle Robin: «si le modèle d’identification, au lieu d’être le père – ou Dieu le Père – avait été la mère – ou la Grande Déesse – , les humains, pris dans les rets de la toute-puissance maternelle, auraient perdu tout espoir de devenir autonomes [2]

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