— Par Robert Berrouët-Oriol(*) —
En Haïti l’actuelle crise éducative, identifiable à tous les étages de l’édifice scolaire, est la résultante de multiples maux antérieurs liés entre autres à l’exil forcé d’environ 1 400 enseignants et cadres de l’éducation nationale fuyant la dictature de François Duvalier en 1964-1965. Pour la plupart ils se sont retrouvés dans les pays de l’Afrique francophone nouvellement indépendants où ils ont contribué au développement des systèmes éducatifs des nouveaux États (voir Camille Kuyu, « Les Haïtiens au Congo », Éditions L’Harmattan, 2006). De nos jours, la crise éducative impacte très durement les conditions de vie des enseignants du secteur public en butte à d’incessants arriérés de salaire. Sur ce registre, il est utile de préciser que ces récurrents arriérés de salaires, qui affectent également la scolarisation des élèves, étaient d’un montant de 4 milliards de gourdes en 2016 selon les déclarations du ministre sortant de l’Éducation nationale Nesmy Manigat au nouveau ministre Jean Beauvois Dorsome (voir Le Nouvelliste du 7 avril 2016). Étant donné la croissance négative du PIB (produit intérieur brut) depuis six ans, il est logique et vraisemblable de poser que les arriérés de salaires ont doublé ou triplé chaque année de 2016 à 2024.