Catégorie : Echos d’éco

« Capitalisme, désir et servitude » de Frédéric Lordon

A quand la fin du salariat ?

— par Michel Pennetier—

spinoza-2Comme le dit Aristote, la philosophie, le savoir, la science commence par l’étonnement, un questionnement sur ce qui apparaît évident à tous .

Ainsi Lordon : pourquoi le salariat ? Qu’est-ce qui fait que la masse des gens consentent à se soumettre aux intérêts de quelques autres, les patrons, les entrepreneurs ?

I-Spinoza

En termes spinozistes, la question prend tout son sens anthropologique :

Comment se fait-il que le « désir d’un homme qui est son essence » selon Spinoza, puisse se pervertir, se retourner contre lui-même au point de se soumettre entièrement au désir d’un autre, au service d’un désir-maître ?

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Medef : Gattaz promet la lutte finale!

— Par Hubert Huertas —

gattazLe bon M.Gattaz, élu avec le pourcentage collectiviste de 95% à la tête du Medef a des idées très combattives. Alors que le gouvernement n’en finit pas de faire les fonds de tiroirs pour financer, notamment le pacte de compétitivité de 20 milliards d’allègements pour les entreprises, il réclame en supplément une baisse de 100 milliards sur leurs charges et leurs impôts.

        Comment y parvenir ? Très simple… On baisserait les impôts des entreprises et on augmenterait celui des particuliers. On enlèverait cinquante milliards payées  pour les cotisations sociales, et on augmenterait la CSG et la TVA.

        Ensuite et conjointement, parvenu à ce résultat, on baisserait encore les impôts des entreprises à hauteur de cinquante nouveaux milliards.

        Pierre Gattaz considère que la France est « un jardin envahi de ronces », avec son code du travail trop complexe, « et de cailloux »,  avec ses prélèvements trop lourds.

        Pierre Gattaz en veut par ailleurs à l’Éducation nationale. Il cite le sujet du bac de sa fille, en science économique et sociale : « Vous montrerez de quelle manière les conflits sociaux peuvent être facteurs de cohésion sociale ».

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Rio, Istanbul et le convivialisme

Par Alain Caillé, directeur de La Revue du MAUSS, Christophe Fourel président de l’Association des lecteurs d’Alternatives Economiques, Ahmet Insel professeur émérite à l’université de Galatasaray (Istanbul), Paulo Henrique Martins (Recife, Brésil) président de l’Association latino-américaine de sociologie, Gus Massiah Economiste altermondialiste, cofondateur des forums sociaux mondiaux et Patrick Viveret Essayiste. Tous signataires du Manifeste convivialiste.

rio_istanLe plus étonnant mais aussi le plus révélateur dans les énormes manifestations qui secouent le Brésil ou la Turquie actuellement, c’est l’étonnement des pouvoirs en place, qu’ils soient de droite ou de gauche. Comme l’avoue Gilberto  Carvalho, le chef de cabinet de la présidente du Brésil, Dilma Roussef, «le gouvernement n’arrive pas à comprendre ce qui se passe». De même, en Turquie, Recep Tayyip Erdogan ne sait pas voir ou ne veut pas voir dans les soulèvements de la jeunesse urbaine, autre chose que le résultat d’un complot de l’étranger. Que se passe-t-il ? Vers quoi tendent ces mouvements ? Pour esquisser une réponse à cette question, il faut à la fois les mettre en relation avec les mouvements similaires qui les ont précédés, expliquer pourquoi ils ne sont guère intelligibles dans le cadre des catégories politiques héritées, et commencer à dégager la perspective dans laquelle ils peuvent commencer à faire sens, non seulement dans une logique de contestation ou de désespoir, mais comme annonciateurs d’alternatives politiques souhaitables et plausibles.

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Défendre et valoriser nos associations

— Par Charles Celénice, Pour l’URASS (Union Régionale des Associations du secteur Social et Médico-Social) de Martinique, le vice-président chargé de la vie associative —

action_socialeLa grave crise que connaît la Martinique depuis plusieurs décennies ne s’estompe pas, bien au contraire. Dans ce contexte, les associations d’action sociale et solidaire ont fort à faire. Les soutenir concrètement est devenu un impératif, car elles ont conquis une place incontournable dans l’activité socio-économique, au gré d’une courte histoire de seulement quatre siècles.
La société primitive, dans le cadre de laquelle la vie s’organisait en Martinique, a dû céder aux forces esclavagistes. Les capacités productives ont fait un bon, au prix d’une féroce exploitation et de la vie de millions d’africains déportés. Cela a contribué de façon significative à la richesse des classes dominantes européennes, et à la relative prospérité des populations de ces puissances colonisatrices. En brisant les chaînes qu’on leur avait mises, nos ancêtres ont imposé le passage de la société de plantation esclavagiste, à une société où dominent des rapports sociaux capitalistes plus contemporains. Cela a été un mouvement d’affranchissement social.

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Banque alimentaire : le trésor du cœur

 —Par Serge Pognon, président de la Banque alimentaire de la Martinique

 bank_alimentaireJ’ai encore en mémoire la réussite presque insolente de ce Monsieur, fort élégant, quittant le matin sa maison au volant de sa belle et luxueuse voiture. De son épouse flamboyante et riante. De ses enfants dodus, repus et rayonnants de bonheur. Ils faisaient tous plaisir à voir, tant ils donnaient l’impression que le soleil se levait derrière leur immense villa et ne brillait que pour eux…

 Et puis, ce fut l’éclipse sociale, la faillite de l’entreprise. Un ciel brusquement assombri. Un déluge de factures et autres traites impayées. Un fleuve d’huissiers arrivant par vague pour échouer violemment contre la porte. Derrière celle-ci se terrait cette famille, subitement dans la tempête, aussi triste que malheureuse. Un bonheur dispersé par une tornade économique. Une famille emportée par un torrent de dettes.

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Qu’est-ce qu’une politique familiale de gauche ?

— Par Jeanne Fagnani Sociologue, directrice de recherche honoraire au CNRS et Dominique Méda Professeure de sociologie à l’université Paris-Dauphine —

familleLe gouvernement a récemment proposé une réforme de la politique familiale (diminution du quotient familial et développement de l’accueil des jeunes enfants) qui a relancé le débat sur la fonction de celle-ci et les différentes formes qu’elle peut prendre. Si tout le monde s’accorde sur le fait que la politique familiale vise à aider les familles – et plus particulièrement à rétablir l’équilibre entre les ménages qui ont une famille à charge et les autres -, une politique familiale de gauche poursuit selon nous trois objectifs supplémentaires : combattre les inégalités sociales entre ménages ; promouvoir le bien-être de tous les enfants en corrigeant les inégalités qui existent dès le plus jeune âge ; améliorer l’égalité entre les femmes et les hommes. Elle exige la mise en œuvre simultanée de trois volets.

Un volet fiscal. Notre système fiscal est injuste.

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Guadeloupe : Qui va demain payer la crise à venir ?

— Par Jean-Marie NOL —

 CalculetteCroissance, chômage, moral des entreprises, consommation : tous les voyants de l’économie de la Guadeloupe seront bientôt au rouge VIF . Le pays sous-estime-t-il la gravité de sa situation ?
La réponse est oui : nous sous-estimons la gravité de la situation, car ce qui se passe échappe à nos mesures.
Ce qui est en jeu, c’est le moral et la confiance . Le moral des entrepreneurs guadeloupéens , avec moins de stocks et aussi moins d’investissement, et on voit ce qui se passe avec la décélération du crédit, notamment aux petites et moyennes entreprises, le moral des ménages, et on voit la chute de la construction, et aussi le freinage de la consommation.Ce moral est essentiel, en liaison avec ce qui se passe ailleurs en France Métropolitaine , avec les impôts,avec les charges , avec le chômage. En même temps, et ceci échappe encore plus aux statistiques de l’INSEE et des analyses de conjoncture de l’IEDOM , tous les agents économiques sont plus aux aguets et réactifs que jamais et ce alors que la situation exige d’être surtout pro-actifs.

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Pour une « fertilisation croisée » des sciences économiques et des sciences sociales

— Par André Orléans et Nicolas Postel (Association française d’économie politique) —

afepLe débat sur le nécessaire pluralisme de l’enseignement et de la recherche en économie a connu une certaine actualité, y compris dans ces colonnes, et c’est là un point extrêmement positif.

La crise profonde que traversent nos économies interroge les responsabilités que chacun porte sur cet échec de gouvernance, et il n’y a aucune raison pour que les enseignants-chercheurs en économie s’en dédouanent.

Joseph Stiglitz soulignait ainsi dans un entretien au mensuel Alternatives économiques (avril 2010) : « Les économistes ont fourni le cadre intellectuel utilisé par les régulateurs financiers pour justifier leur inaction, et par les banquiers centraux pour affirmer que les bulles étaient impossibles (…). Durant ces vingt-cinq dernières années, les économistes ont affirmé qu’il n’était pas nécessaire de réguler la finance. Tout cela a contribué à rendre la crise possible (…). La théorie économique est devenue un monde autosuffisant, une fausse représentation de la réalité, mais que chacun peut comprendre (…). Les économistes fonctionnent de la même façon . Ils se parlent entre eux et définissent ce qu’ils considèrent comme des hypothèses raisonnables, et tout ce qui ne leur convient pas est exclu du champ de l’analyse.

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Retraites, et si on s’intéressait aux femmes…

— Par Christiane Marty Fondation Copernic —

plafond_de_verreL’effectif de population active est un paramètre très influent pour l’équilibre financier du système de retraites car, couplé au taux de chômage, il détermine le nombre de cotisants. Alors que le rapport Moreau sur l’avenir des retraites doit être remis la semaine prochaine au Premier ministre, tout exercice de projection du besoin futur de financement nécessite de faire des hypothèses sur l’évolution des taux d’activité des femmes et des hommes. Or les hypothèses de l’Insee sur lesquelles s’appuie le Conseil d’orientation des retraites (COR) se révèlent très conservatrices, et même régressives, vis-à-vis de l’emploi des femmes : elles n’intègrent aucune hausse de leur activité à l’avenir, sauf ponctuellement pour les plus de 50 ans, conséquence attendue des réformes passées. Alors que jusqu’à ce jour, l’activité des femmes ne cessait de progresser – ce qui a permis une réduction (encore insuffisante) des inégalités entre les sexes -, alors que la part des femmes dans la population active se rapprochait de la parité (47,7 % en 2010), cette dernière est projetée à la baisse à partir de 2015 !

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Alain Madelin : le Medef doit arrêter « de tendre sa sébile à l’État »

— Propos recueillis par Marc Vignaud —

sebileL’ex-ministre de Juppé est sévère sur les revendications du Medef. Fin des 35 heures, baisses de charges… Deux mauvaises idées, selon ce grand libéral.

Être libéral ne revient pas à défendre le patronat. Pas pour Alain Madelin en tout cas. L’ancien ministre libéral, aujourd’hui à la tête d’un fonds d’investissement, estime que le Medef a tout faux. La TVA sociale qu’il réclame, ou sa version gouvernementale – le crédit d’impôt compétitivité-emploi ,- revient à faire « payer aux consommateurs une part de leurs salaires ». Quant aux 35 heures, elles sont négociables dans chaque entreprise depuis 2008 ! Les vraies solutions libérales seraient ailleurs.

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Même plafonné, le quotient familial reste un privilège pour les plus riches

 Par Christiane Marty, membre du conseil scientifique d’Attac —

 Inégalitaire, ce dispositif doit être supprimé et remplacé, à enveloppe constante, par un forfait égal pour chaque enfant.

famille_richeLe gouvernement a tranché entre deux pistes envisagées pour la «réforme » de politique familiale. Il renonce heureusement à moduler les allocations familiales en fonction du revenu, ce qui préserve le principe d’universalité de ces prestations, et il annonce une modification du quotient familial. Ce dispositif, qui prend en compte les enfants dans le calcul de l’impôt sur le revenu, est largement reconnu comme inégalitaire.

Du fait du système de part et demi-part attribuées au titre des enfants, il aboutit en effet à des réductions d’impôt par enfant qui augmentent plus que proportionnellement avec le revenu des parents. Ainsi l’avantage fiscal lié au quotient familial est très concentré au bénéfice des foyers disposant des revenus les plus élevés : en 2009, les 10 % de foyers qui ont les plus hauts revenus se sont partagé 46% du total de la réduction d’impôt liée au quotient familial (soit 6,4 milliards d’euros).

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LUREL sait-il de quoi il parle ?

— Par Jean-Marie Abillon —

I/ Concernant la banane dite « bio » de Saint-Domingue.-

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  Le label « banane bio » décerné à la banane de Saint-Domingue ne semble être délivré que par son gouvernement via son Ministère de l’Agriculture (voir document FAO«RÉPUBLIQUE DOMINICAINE» ( ).

·       « On ne peut pas faire de banane complètement biologique aux Antilles françaises, explique Sébastien Zanoletti, directeur de l’innovation de l’Union des groupements de producteurs de banane de Guadeloupe et Martinique (UGPBAN). C’est un climat tropical humide où se développe la cercosporiose, la « maladie des feuilles », et nous n’avons pas de pesticide « bio » homologué dans l’Union européenne contre cela… Même en expérimentation, ça ne donne pas grand chose. Le « bio » est possible dans les pays plus secs, comme la République dominicaine ou le Pérou. Alors aux Antilles, on essaie de s’en rapprocher le plus possible. » (cité par RFI  (jeudi 07 avril 2011  )

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Une ONG britannique victime des sanctions des États-Unis contre Cuba

—Par Salim Lamrani* —

cuba_solidarity_campaignL’organisation non gouvernementale britannique « Cuba Solidarity Campaign » a vu ses fonds destinés à l’achat d’un ouvrage sur les sanctions économiques contre Cuba saisis par le Département du Trésor.

            « The Economic War against Cuba. A Historical and Legal Perspective on the U.S. Blockade » a été publié par Monthly Review Press, maison d’édition basée à New York, en avril 2013, traduit du français « Etat de siège ». Les sanctions économiques des États-Unis contre Cuba [1] . L’ouvrage dresse une perspective historique et juridique des sanctions économiques que les États-Unis imposent à Cuba depuis 1960 et évalue notamment leur impact dans des domaines tels que la santé, affectant gravement les catégories les plus vulnérables de la population cubaine en empêchant l’île d’avoir accès aux médicaments et équipements médicaux fabriqués sur le territoire étasunien.

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Les aliments, la faim et la science

 — Par Ismael Clark Arxer —

 corne_abondanceIl existe certainement une relation sensible entre ces questions délicates mais, au-delà de sa simple constatation, le plus important est sans doute de ce demander : Quel est le caractère de celle-ci ? Quelle est son évolution prévisible ?

Le Monde est confronté une situation particulière depuis quelque temps, dans laquelle les prix des denrées alimentaires augmentent progressivement d’année en année et il paraît que cette tendance se maintiendra dans le futur. Plusieurs facteurs interviennent dans ce panorama complexe, s’entrelaçant et se combinant pour conformer une image généralement adverse.

L´un de ces facteurs négatifs est la réduction observée dans certaines cultures essentielles. Par exemple, c’est un fait que lors de l’année 2012 on a enregistré une diminution de la production mondiale de blé, de l´ordre de plus de cinq pour cent.

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Conditions du travail : « La grande distribution commence à craquer »

— Par Agnès Chareton —

grande_distriINTERVIEW – Marlène Benquet, sociologue au CNRS, a enquêté dans les coulisses d’une grande enseigne de distribution. Derrière la caisse, auprès des ressources humaines et des syndicats, elle a voulu comprendre pourquoi il y avait « si peu de résistance » malgré la dégradation des conditions de travail. Elle livre son expérience dans Encaisser, aux éditions La découverte.

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Économistes en crise

 crise— Par Claire Gatinois —

La crise cherche un héraut. Un gourou, un prophète, un magicien, peut-être. Un personnage assez visionnaire pour sortir le Vieux Continent de ses problèmes de dette, de croissance et de chômage. Un « docteur » capable de redonner à l’économie américaine la vigueur et l’allant auxquels elle nous avait habitués. Voilà plus de cinq ans que dure la crise, une crise économique qui s’est muée en une crise des économistes. Beaucoup cherchent et espèrent. Mais la plupart rejoignent le camp des « atterrés », des consternés, des catastrophistes ou des déclinistes. Où est le Keynes du XXIe siècle ? L’Adam Smith de l’ère Internet ?

Pendant toutes ces années, beaucoup d' »experts » ont dénoncé ce qu’on avait trop ou pas assez fait, mais bien peu ont su prédire la catastrophe et auncun n’a ébauché de thèse convaincante pour nous sortir du pétrin.

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Loi sur l’emploi : risque et sacrifice

— Par STÉPHANE LARDY Secrétaire confédéral de Force ouvrière en charge de l’emploi et de la formation professionnelle —

travailLes débats au Parlement à peine achevés (le vote définitif au Sénat doit avoir lieu demain), il est utile de revenir sur les fondements idéologiques qui ont prévalu à la construction de l’accord du 11 janvier 2013, dit de «sécurisation de l’emploi». Disons-le d’emblée, personne ne croit vraiment que ce texte, et la loi qui en résulte, fera baisser le chômage. Ainsi, le caractère historique de cet accord n’est pas à rechercher dans ses effets directs de lutte contre ce fléau mais il parachève une construction doctrinale patiemment élaborée sous couvert de mondialisation et de chômage de masse.

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Taxer les smartphones pour financer la culture

 

smartphoneAurélie Filippetti a défendu cette mesure préconisée par l’ancien journaliste Pierre Lescure, qui a remis ce lundi son rapport sur «l’acte II de l’exception culturelle française». La ministre de la Culture et de la communication a également confirmé la suppression de l’Hadopi.

Pierre Lescure a remis ce lundi à François Hollande son rapport sur les nécessaires adaptations de l’exception culturelle française. Trois propositions –  sur près de quatre-vingts – retiennent l’attention. La plus importante porte sur une modification radicale du mode de financement de la culture. Depuis l’invention de l’exception culturelle, au début des années 1980, les distributeurs de biens culturels – salles de cinéma, chaînes de télévision, radios ou fournisseurs d’accès Internet – reversent un pourcentage de leurs recettes pour financer la création d’œuvres cinématographiques, audiovisuelles ou musicales.

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Diamond Rock, chronique d’une liquidation annoncée

— Par Philippe Pierre-Charles, CDMT-Hôtellerie —

Le discours embrouillé de Max Tanic, directeur de feu la SHED, société gestionnaire de l’hôtel, depuis des mois n’aura trompé que quelques journalistes bien distraits. C’est sans surprise et presqu’avec soulagement que les salarié-e-s ont accueilli la nouvelle de la mise en liquidation. Qui pouvait croire à une procédure de « redressement » d’un hôtel en « chimpontong » , privé même d’eau et d’électricité, sans clients recherchés, en pleine saison dite basse, ayant épuisé les fonds de la SEMAVIL en paiement de salaires sans activité malgré toute la bonne volonté et les réclamations du personnel ? Dans la mer mouvementée du Diamant, le personnel a été mené en bateau, non pas vers le Rocher, mais vers un naufrage annoncé! C’est le Titanic de Tanic, mais hélas pas seulement de lui!
Toutes nos inconséquences martiniquaises peuvent être jugées là. Au départ, il y avait bien un geste courageux d’une municipalité : à travers sa société d’économie mixte, relever le défi abandonné par la multinationale française, le groupe Accor, parti maximiser ses profits sous d’autres cieux.

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«Eradiquer les paradis fiscaux» rendrait la rigueur inutile

paradis_fiscalPar THOMAS COUTROT Attac , VINCENT DREZET (Snui) Solidaires finances publiques, PIERRE KHALFA Coprésident de la Fondation Copernic. Membres du Collectif pour un audit citoyen de la dette publique, CHRISTOPHE DELECOURT CGT Finances

Jérôme Cahuzac, célébré jusqu’à sa chute comme le «moine soldat de la rigueur», était un cynique adepte de l’évasion fiscale. Grand écart dévastateur pour la politique de François Hollande, qui affirme maintenant vouloir désormais «éradiquer les paradis fiscaux». Cette ambition nouvelle et bienvenue est-elle envisageable sans remettre en cause le rôle prééminent des marchés financiers dans nos sociétés ? A notre avis, non.

L’évasion fiscale n’est pas qu’une «faute morale» (pour citer M. Cahuzac) attribuable à quelques brebis galeuses, ni une simple affaire de «délinquance financière». Il faut admettre que si, comme c’est établi par les spécialistes, la moitié du commerce international de biens et services transite par les paradis fiscaux, nous ne sommes pas confrontés à des pratiques délictueuses marginales mais à une logique systémique. L’éradication des paradis fiscaux et de l’évasion fiscale rebattrait toutes les cartes du jeu économique.

Leur essor prodigieux découle directement de la libéralisation des mouvements de capitaux intervenue dans les années 80.

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Homo economicus, un guide incertain

—Par Daniel Cohen—

economicsEn tant qu’humains, nous sommes en conflit intérieur permanent entre désir de gratification immédiate et gestion prudente de nos vies. Ce conflit s’exprime aussi au niveau sociétal. Comment faire en sorte que l’homo economicus en nous prenne les meilleures décisions possibles au plan personnel comme au plan économique ?

Épicure, dont les aspirants au bonheur se croient souvent les disciples, est en accord avec l’idée moderne, qui sera notamment énoncée par Jeremy Bentham au XVIIIe siècle, selon laquelle il faut chercher le plaisir et éviter la douleur. Épicure prend pourtant grand soin de distinguer les plaisirs « en mouvement », liés à la satisfaction d’un besoin, et donc mêlés de douleur, et les plaisirs « en repos », statiques, purs, qui supposent les désirs satisfaits. Platon, dans le Gorgias, est plus radical. La recherche du bonheur souffre à ses yeux d’une contradiction fondamentale : le bonheur a besoin du désir, alors que celui-ci exclut le bonheur. Pour Platon, le bonheur, s’il faut l’appeler ainsi, est la récompense d’une « bonne vie », pas son but.

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Travailleurs détachés: dans la spirale sans fin du dumping social

:
travailleurs_detachesImportés d’Europe de l’Est et du Sud, sous le statut du détachement, 150 000 travailleurs, au bas mot, triment en France dans des conditions relevant souvent de l’esclavage moderne. Reportage sur le chantier d’Iter, financé par le CEA, en Provence, et dossier.

Manosque, Cadarache (Alpes-de-Haute-Provence), envoyé spécial. Tels des marins perdus lançant un ultime SOS, huit ouvriers portugais sont venus, en mai dernier, frapper à la porte de « la CGT » à Manosque. Embauchés à Lisbonne par la boîte d’intérim Travel Works Trabalho Temporario, ils avaient été transportés vers la France dans une fourgonnette, nourris sur le chantier avec un morceau de pain et un concombre, entassés, pour 25 euros par jour et par personne, dans un appartement loué par leur patron, la société SAMT, sous-traitante de Razel, filiale du groupe du BTP Fayat. Ces salariés en CDD de six mois n’avaient touché, pour deux mois de travail, que 150 euros ! « C’était de l’esclavage », s’indigne Christian Ribaud, qui était alors le secrétaire général adjoint de l’UL CGT de Cadarache. Un syndicaliste, aujourd’hui retraité d’Areva, d’autant plus choqué par cette histoire que le chantier de construction sur lequel trimaient ces intérimaires était celui du réacteur Jules-Horowitz (RJH) nouveau fleuron de la recherche, financé par le prestigieux Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

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En finir avec la compétitivité

— Par Jean-Marie Harribey, Michel Husson, Pierre Khalfa, Jacques Rigaudiat, pour la Fondation Copernic —

La France souffrirait d’un déficit de compétitivité justifiant un « choc de compétitivité », basé, selon le patronat, sur un transfert massif des cotisations sociales sur les ménages par le biais d’une augmentation de la CSG et/ou de la TVA et d’une réduction des dépenses publiques.

Dans cette perspective, les résultats du commerce extérieur sont vus sans que jamais la stratégie des firmes dans la mondialisation ne soit évoquée. Or, les firmes allemandes utilisent systématiquement la sous-traitance internationale et achèvent l’assemblage en Allemagne. Une part importante des exportations allemandes correspond à du simple réexport du produit fini. De plus, l’utilisation des prix de transfert entre sociétés membres d’un même groupe permet de localiser le bénéfice final dans un pays à fiscalité avantageuse, voire dans un paradis fiscal. Un tiers des échanges de la France correspond à un commerce entre filiales d’un même groupe. Les statistiques des exportations nationales s’en trouvent largement biaisées. Ainsi, plus de la moitié du déficit commercial de la France vis-à-vis de l’Allemagne (10 milliards d’euros) serait due à une manipulation des prix de transferts.

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Etude sur l’obsolescence programmée, dérive de la société de consommation

Votre téléviseur tombe en panne après 5 années d’utilisation, votre machine à laver également sans parler de votre lecteur MP3 ou encore de votre imprimante : est-ce une fatalité ou plutôt une technique des fabricants appelée « obsolescence programmée » ?
Les biens d’aujourd’hui semblent durer moins longtemps qu’avant,tout semble plus fragile et sensible, à l’instar des appareils électroménagers courants qui ont une durée de vie actuelle de à 8 années alors qu’il y a encore quelques années, la durée de vie de ces mêmes appareils était de 10 à 12 années.

De nombreux consommateurs ont sûrement déjà fait l’expérience de l’obsolescence programmée,sans peut-être en connaître le terme et encore moins les causes et conséquences.

 SOMMAIRE
I. L’obsolescence programmée, qu’est ce que c’est ?
II.Le critère déterminant : la programmation de la durée de la vie du produit
III.Les différentes catégories d’obsolescence programmée
IV.Les exemples d’obsolescence programmée connus
V.Les conséquences de l’obsolescence programmée surl’environnement
VI.Et le consommateur dans tout ça ?
VII.Une réponse législative en France et ailleurs
VIII.Recommandations

I. L’OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE, QU’EST CE QUE C’EST ?
A travers l’obsolescence programmée, il s’agit pour les fabricants de réduire délibérément la durée de vie des biens et des produits après une certaine durée d’existence afin d’inciter les consommateurs à racheter ce même produit3.

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Les rayons vides du Venezuela

Le pays est exsangue, et l’enjeu de l’élection de dimanche est aussi de choisir entre une économie rentière, redistributive et sociale, ou libérale et productive.

De [l’] envoyée spéciale [ du Point] à Caracas, Claire Meynial

Le sourire fatigué traduit tout de même un amusement attendri devant l’ignorance de l’étranger. Du sucre ? « No hay. » De la farine de blé ? « No hay. » Du papier toilette ? « No hay », pas plus que tout ce qui y ressemble, serviettes en papier ou essuie-tout. « Il n’y a pas » non plus de riz. En revanche, la jeune femme qui passe la serpillière dans ce supermarché d’un quartier chic de l’est de Caracas indique la farine de maïs pour les arepas, ces crêpes épaisses qui constituent la base de l’alimentation au Venezuela. Ce soir, les seuls rayons qui resteront bien garnis seront ceux des boissons alcoolisées : la prohibition s’applique jusqu’au 15 avril, lendemain de la présidentielle.

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