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Importés d’Europe de l’Est et du Sud, sous le statut du détachement, 150 000 travailleurs, au bas mot, triment en France dans des conditions relevant souvent de l’esclavage moderne. Reportage sur le chantier d’Iter, financé par le CEA, en Provence, et dossier.
Manosque, Cadarache (Alpes-de-Haute-Provence), envoyé spécial. Tels des marins perdus lançant un ultime SOS, huit ouvriers portugais sont venus, en mai dernier, frapper à la porte de « la CGT » à Manosque. Embauchés à Lisbonne par la boîte d’intérim Travel Works Trabalho Temporario, ils avaient été transportés vers la France dans une fourgonnette, nourris sur le chantier avec un morceau de pain et un concombre, entassés, pour 25 euros par jour et par personne, dans un appartement loué par leur patron, la société SAMT, sous-traitante de Razel, filiale du groupe du BTP Fayat. Ces salariés en CDD de six mois n’avaient touché, pour deux mois de travail, que 150 euros ! « C’était de l’esclavage », s’indigne Christian Ribaud, qui était alors le secrétaire général adjoint de l’UL CGT de Cadarache. Un syndicaliste, aujourd’hui retraité d’Areva, d’autant plus choqué par cette histoire que le chantier de construction sur lequel trimaient ces intérimaires était celui du réacteur Jules-Horowitz (RJH) nouveau fleuron de la recherche, financé par le prestigieux Commissariat à l’énergie atomique (CEA).
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La réponse est oui : nous sous-estimons la gravité de la situation, car ce qui se passe échappe à nos mesures.
Ce qui est en jeu, c’est le moral et la confiance . Le moral des entrepreneurs guadeloupéens , avec moins de stocks et aussi moins d’investissement, et on voit ce qui se passe avec la décélération du crédit, notamment aux petites et moyennes entreprises, le moral des ménages, et on voit la chute de la construction, et aussi le freinage de la consommation.Ce moral est essentiel, en liaison avec ce qui se passe ailleurs en France Métropolitaine , avec les impôts,avec les charges , avec le chômage. En même temps, et ceci échappe encore plus aux statistiques de l’INSEE et des analyses de conjoncture de l’IEDOM , tous les agents économiques sont plus aux aguets et réactifs que jamais et ce alors que la situation exige d’être surtout pro-actifs.