Catégorie : Echos d’éco

Refonder l’économie de la culture

— Par Françoise Benhamou, économiste —

cultureL’inventaire à la Prévert des projets abandonnés ou différés aura laissé le « milieu » sans voix. On l’avait pourtant connu plus revendicatif. Peut-être le deuxième temps de l’exception culturelle devait-il commencer ainsi, rompant avec le registre émotif et quasi religieux du discours culturel pour tenter d’inventer un autre projet.

La première étape d’une « refondation » impose de questionner ces polarités confortables entre payant et gratuit, populaire et élitiste, public et privé, Etat et marché, local et central, protection du patrimoine et promotion de la création. La faible lisibilité des politiques culturelles réside aussi dans l’empilement des réformes et des taxes, dans le désordre des partages de responsabilité, et dans la part excessive des établissements nationaux installés à Paris, capitale qui cumule les avantages. Comment comprendre que, d’après le département des études et de la prospective du ministère de la culture, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse ait été subventionné en 2010 à 12 % par l’Etat et à 66,5 % par la Ville, et celui de Paris à 46,5 % par l’Etat et à 30 % par la Ville ?

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2014, année à risques pour l’économie mondiale

— Par Claire Guélaud —

eco_mondialeLe redressement se confirme au tournant de l’année 2013-2014, mais il ne se produit pas partout au même rythme. Dans les économies avancées, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sortent du lot.  » L’investissement y est soutenu, les carnets de commandes sont pleins, l’emploi augmente et l’industrie repart. C’est une vraie reprise « , analyse Patrick Artus, économiste en chef de Natixis. Ailleurs, en particulier dans la zone euro, la reprise est  » poussive  » même si les grands pays devraient tous renouer avec la croissance. Dans les pays émergents, qui, observait mi-décembre 2013 Denis Ferrand (Coe-Rexecode),  » ont encore contribué à près des trois quarts de la croissance mondiale au troisième trimestre 2013 « , l’activité a plutôt résisté en Asie à partir du sursaut chinois de l’été et ralenti ailleurs. Ces divergences devraient durer.

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Chahuté sur les carburants, Lurel présente ses voeux aux outre-mer

pompe_a_essenceVictorin Lurel, ministre des Outre-mer est revenu mercredi sur la crise du prix des carburants lors de ses vœux diffusés sur l’ensemble des chaînes de télévision et des radios du réseau public Outremer 1ère.

«Je travaille sur de nouveaux décrets depuis mon arrivée au ministère. J’ai repoussé leur publication de plusieurs mois pour permettre la plus large concertation. Et ils ont d’ailleurs été modifiés pour tenir compte des souhaits des acteurs», déclare Victorin Lurel au sujet des décrets de régulation des carburants dans les DOM entré en vigueur mercredi.

«Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a plus de concertation. Celle-ci se poursuivra sur les arrêtés de méthode et j’inviterai, avec mes collègues ministres, l’ensemble des acteurs de la filière à une nouvelle réunion de travail dans les premiers jours de janvier», précise le ministre. Cette réunion de concertation, annoncée lundi, est prévue le 9 janvier

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Carburants : quand l’exigence de transparence rime avec défiance.

— Tribune de l’Association Force Ouvrière Consommateurs (AFOC) —

raffinerieLe gouvernement a élaboré un projet de décret sur la fixation des prix des carburants qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2014.

Ce projet va diminuer la marge des compagnies pétrolières.

Ces dernières s’arrogent le droit régalien de s’opposer au décret du ministre jugé « politique » et sur l’air « NE TOUCHE pas à mes marges » ont engagé un bras de fer avec le ministre LUREL « qui ne les écoute pas » et en appellent au Premier ministre.

L’objectif inavoué est de préserver leur bénéfice et de répercuter la baisse autoritaire sur les marges des gérants des stations-service, véritables amortisseurs de crise et alliés contre nature avec les pétroliers.

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Le puzzle reconstitué de trois siècles de pensée économique

Quels sont les enseignements à tirer des théories sur les crises du capitalisme ?
— Par Paul Boccara, économiste.—
paul_boccaraAu début du XXIe siècle, reviennent au premier plan les préoccupations sur les crises dans le capitalisme, après l’effondrement des idées sur le déni de leur importance et de leur caractère nécessaire, en raison de l’exacerbation des crises mondiales depuis 2008. Ainsi, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, dans le Triomphe de la cupidité (2010), a pu déclarer : « Si la nouvelle économie et la théorie économique n’avaient pas totalement anéanti les fluctuations économiques, elles les avaient domptées. Du moins le disait-on. La grande récession a pulvérisé ces illusions en 2008… Des idées bien établies sur la théorie économique (…) sont tombées dans l’abîme. » Il propose de revenir à Keynes et à son principe d’« insuffisance de la demande globale ». Mais la question est bien plus complexe. Il convient, pour examiner cette complexité, de revisiter l’ensemble des théories sur les bases de la suraccumulation du capital et des crises périodiques plus ou moins décennales, sur trois siècles de pensée économique.

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Guadeloupe : des stations-service réquisitionnées après trois jours de grève

pompe_a_essence La préfète de la Guadeloupe Marcelle Pierrot a annoncé vendredi la réquisition, durant deux heures samedi, de deux stations-service afin qu’elles assurent l’approvisionnement en carburant des véhicules des services d’urgence.
Les gérants de stations-service de Guadeloupe sont en grève depuis vendredi.
Les stations-services réquisitionnées de 08h00 à 10h00 samedi sont situées à Basse-Terre et à Pointe-à-Pitre.
« La préfète invite la population à privilégier le covoiturage et rappelle que l’approvisionnement à ces stations-service est strictement réservé aux services d’urgence dont l’accès se fera sous le contrôle des forces de l’ordre », précise la préfecture dans un communiqué.
Les locataires-gérants de stations-service avaient décidé lundi de « fermer leurs entreprises pour une durée illimitée après les fêtes de Noël ».
Ils protestent contre un projet de décret révisant les modalités de fixation du prix des carburants par arrêté préfectoral mensuel, s’affirmant victimes des pressions exercées par les compagnies pétrolières, qui menaceraient de rompre leurs contrats et de reprendre l’exploitation de leurs stations-service en gestion directe.
Selon le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, le projet de décret vise à apporter une plus grande transparence dans les modalités de fixation du prix des carburants en réduisant, de fait, la marge financière des compagnies pétrolières opérant outre-mer.

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Vers plus de transparence dans la fixation du prix des carburants

— Par David Dahomay —

pompe_a_essenceAfin que chacun puisse se faire son opinion sur l’actualité liée au carburant, et sur les menaces de grève des gérants de stations-service.

*CP – Décret carburant

*Arrêté n°2011-761 du 22 juin 2011

*Projet arrêté interministériel carburant

Pour ma part, je considère comme une petite « révolution copernicienne » ce projet de décret visant à réglementer les prix des produits pétroliers, qui permettra d’imposer aux pétroliers la transparence dans leurs coûts réels et leurs marges. En effet, selon notamment l’article 10 du projet de décret :

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Oublions les «trente glorieuses», une prospérité sans croissance est possible

—| Par Lucas Chancel (Chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri-SciencesPo)) et Damien Demailly (Coordinateur du programme « Nouvelle prospérité » à l’Iddri-SciencesPo) —

stag_ecoDans la grande majorité des pays industrialisés, les taux de croissance sont en baisse depuis quarante ans. Pour les générations nées après les « trente glorieuses » – un Français sur deux –, les appels au retour d’une « croissance forte » semblent désuets et irréalistes. D’autant plus que les taux de croissance des décennies à venir pourraient être plus faibles encore que lors des décennies passées, pour au moins quatre raisons.

D’abord, la désindustrialisation de nos économies contribue à ralentir tendanciellement la croissance, les gains de productivité étant plus faibles dans les services que dans l’industrie. Les récents drames humains associés aux plans de productivité dans des entreprises de télécommunications rappellent qu’il est difficile d’accroître la productivité dans le secteur des services sans mettre en danger la santé des travailleurs ou la qualité du service rendu.

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Qu’est-ce que l’Ecotaxe ?

camion_pollueurDéfinition
La taxe poids lourds est l’un des projets adopté par la Loi Grenelle Environnement.
Le ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement a mis au point cette écotaxe en partenariat avec le consortium Ecomouv’, société chargée de la mise en place de la taxe.  Ce système de taxation écologique est une redevance kilométrique qui vise à faire payer aux poids lourds l’usage du réseau routier national non non soumis à des péages, plus particulièrement les routes nationales et certaines départementales. D’après le ministère des Transports, seul 1% du réseau routier français sera soumis à cette écotaxe, mais tous les camions, y compris étrangers, devront s’en acquitter. A noter que l’écotaxe ne concerne pas les véhicules agricoles, les véhicules de transport de personnes, les véhicules de pompiers, de police, de militaires, ceux appartenant à l’État ou aux collectivités, les véhicules et matériels agricoles. L’activité des forains et des cirques n’entre pas non plus dans le champ d’application de l’écotaxe.

Application
L’écotaxe a été adoptée en 2009, sous la précédente majorité. Cette mesure concerne tous les véhicules de transport de marchandises de plus de 3.5 tonnes empruntant les 15 000 km de réseau routier national non  concédé (autoroutes gratuites, routes nationales), ainsi que certaines routes départementales qui pourraient subir un report de trafic.

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« Quelles politiques de l’emploi pour lutter contre le chômage? »

eric_heyerUne conférence d’Eric HEYER 

qui se tiendra à l’Hôtel Bâtelière, à Schoelcher  

Mardi 05 Novembre à 18h00,


Eric HEYER est Directeur adjoint du département Analyse et Prévision de l’Observatoire Français de la conjoncture économique, centre de recherche anciennement présidé par Jean-Paul FITOUSSI.
Il est spécialiste du marché du travail et intervient régulièrement dans les médias sur les problématiques liées à l’emploi.
Il est auteur de nombreux ouvrages sur la conjoncture économique. Cette rencontre sera suivie d’une séance de débat avec l’intervenant, et s’inscrit dans le cadre du Cycle de Conférences « Mission 2020 », au cours duquel de nombreuses personnalités, locales ou extérieures, interviendront sur des thématiques variées liées au développement de la Martinique.

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La société de précarisation

— Par  Cynthia Fleury —

sans_travail-360C’était en 1986, et déjà Ulrich Beck parlait de paupérisation civilisationnelle en expliquant que la dynamique historique ne serait pas celle de la sécurisation pour tous, mais bien plutôt de la démocratisation du risque. Certes, les clivages entre précaires et ceux qui ne le sont pas sont toujours présents, mais l’émergence des risques systémiques, invisibles, radioactifs, cumulatifs, a brisé la ligne de partage. « Ce que nous a appris la contamination radioactive, c’est que c’en est fini de l’autre, fini de nos précieuses possibilités de distanciation. On peut exclure la misère, on ne peut plus exclure les dangers de l’ère nucléaire. C’est là leur nouvelle force culturelle et politique. Leur pouvoir est le pouvoir du danger qui abolit toutes les zones de protection et toutes les différenciations de l’âge moderne. » La société du risque mondialisée, c’est cela : le « big business » de notre insécurisation, réelle ou supposée. Il n’est pas impossible que l’enseignement du risque systémique nous fasse entrevoir les vieilles réalités sociales (comme la migration de la misère) comme désormais inextricables. « La France doit prendre sa part de la misère du monde, mais n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde », dit un ministre de l’Intérieur, citant un ancien premier ministre.

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Plus de la moitié des retraités des DOM en-dessous du seuil de pauvreté !

—Par Michel Branchi, économiste —

Résumé de l’intervention de Michel Branchi au 23ème rencontres gérontologiques de l’Amdor 2000 des 3 et 4 octobre 2013 (Hôtet Bâtelière)
retraites_cotisL’Association Martiniquaise pour la Promotion de l’âge d’or(AMDOR 2000) a organisé les 3 et 4 octobre 2013 ses 23èmes Rencontres gérontologiques sur le thème particulièrement judicieux « Personnes âgées et Nouvelles pauvretés-Nouveaux défis ». Michel Branchi, économiste et ex-Commissaire de la Concurrence et de la Consommation, a fait une communication ayant pour objet : «  Eléments sur le pouvoir d’achat des retraités des DOM-Le cas de la Martinique ». Nous en publions ci-après un résumé.
Eléments sur le pouvoir d’achat des retraités dans les DOM- Le cas de la Martinique : Plus de la moitié au moins des retraités des DOM en-dessous du seuil de pauvreté !
La loi sur les retraites de 1945 s’est appliquée avec retard dans les DOM et n’a atteint son régime de croisière qu’à partir des années 1960, estime-t-on notamment à l’Institut national des études démographiques (INED).
Le chômage, la pauvreté  et la précarité sont élevés dans ces pays et d’un niveau beaucoup plus important qu’en France.

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En salut à Philippe Frémeaux

Invité par l’équipe de Matnik Solid  (Plan d’actions pour le développement de la Martinique).L’économiste Philippe Frémeaux a donné une conférence devant une salle comble.
Patrick Chamoiseau lui a adressé ce mot de bienvenue.

philippe_fremeauxAu nom de la collectivité régionale,
de ses agents, de ses élus et de son Président,
permettez-moi, mon cher Philippe Frémeaux, de vous souhaiter la bienvenue.
Vous avez spontanément répondu à notre invitation et accepté sans crainte d’effectuer ce très long déplacement. Nous vous en sommes reconnaissants. Vous êtes, nous le savons, attentif à la question antillaise. Vous connaissez la Guadeloupe. Vous avez parfaitement étudié la grande grève de 2009 et su en proposer une lecture stimulante. Je vous en sais gré, car pour moi ce phénomène est l’évènement poétique le plus considérable des dix dernières années, et c’est bien pour cela qu’il nous reste ici totalement illisible.
Je n’ai donc rien à vous apprendre de la Martinique que vous ne sachiez déjà. J’aimerais juste rappeler, à ceux qui nous ont fait l’amitié de venir si nombreux ce soir, le cadre dans lequel se situe votre communication.

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Haïti cherche désespérément 20 milliards de dollars d’investissements

—Par Le Monde.fr avec AFP —
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Plus de trois ans après le violent tremblement de terre qui a détruit Haïti, faisant plus de deux cent cinquante mille morts, les dirigeants haïtiens cherchent un peu plus de 20 milliards de dollars pour relever le pays de la terrible catastrophe.

« Selon nos calculs, le pays a besoin de 20 milliards de dollars d’investissements directs pendant cinq à dix ans pour devenir un pays émergent », a estimé Grégory Mevs, l’un des plus grands entrepreneurs d’Haïti, à la tête du Conseil consultatif présidentiel sur le développement économique et l’investissement (CCPDEI), qu’il codirige avec l’ancien président états-unien Bill Clinton.

Haïti est le pays le plus pauvre du continent américain, avec un taux de chômage évalué à plus de 70 % de la population active, et où la majorité de la population vit avec moins de 1 dollar par jour. Au cours de l’année 2012, seulement 200 millions de dollars ont été investis dans le pays, selon le Centre pour la facilitation des investissements (CFI).

HAÏTI SOUFFRE DE SON IMAGE

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Le développement de l’activité économique demeure l’affaire de l’Etat, pas celle des assemblées locales.

— Par Pierre Suédile —

decentralisationDans un contexte de crise économique qualifiée par certains de structurelle, les Français assistent à une sorte de translation de responsabilités de la collectivité publique nationale vers les collectivités territoriales. D’aucuns s’imaginent qu’il s’agit d’un processus de nature à mieux prendre en compte les intérêts des hommes et des femmes, mais en réalité il procède de la démarche générale qui consiste pour l’Etat central à se retirer sur la pointe des pieds. S’il est juste de placer la régionalisation – décentralisation de 1982-1983 dans le vaste mouvement commencé en 1960 par la déconcentration, il n’en reste pas moins que la réforme de 2003 s’inscrivait déjà dans une approche plus insidieuse. La création des Services extérieurs de l’Etat (DDE, DDASS, DDA,…) tels que désignés jusqu’à une date récente et le renforcement des pouvoirs préfectoraux répondaient en effet à une volonté d’efficacité au profit du citoyen. La décision prise au plus près des populations correspondait dès lors davantage aux besoins, et ce dans un temps plus court. Dans ce cadre juridique, l’Etat demeurait le seul responsable du développement en termes d’équipement et de dynamisation des activités économiques.

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Osons la décroissance du temps de travail et des revenus les plus riches !

—Par Geneviève Azam, Conseil scientifique d’Attac, et Thierry Brulavoine, Mouvement des objecteurs de croissance.—

decroissancePour « sauver le régime des retraites par répartition », rapports, projections, déclarations, décisions se suivent en démantelant le principe de ce régime. Mais un non-dit perdure : comment penser la protection sociale en général et les retraites en particulier dans un contexte radicalement modifié par rapport à celui de l’après-guerre ? Rappelons qu’en mettant en place d’audacieux instruments de protection sociale, le Conseil national de la Résistance avait su préconiser une rupture politique visant à prévenir tout retour de la barbarie, aboutissant à un contrat social fondé sur la redistribution des fruits de la croissance économique.

Or, depuis soixante ans, la globalisation capitaliste a mis en concurrence les sociétés du monde entier, la production de richesse nécessite la captation toujours plus importante de ressources naturelles et la crise écologique délimite désormais l’impossibilité de poursuivre une croissance globale infinie sans mettre en péril les écosystèmes et la paix entre les peuples. « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! 

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La « Croissance » sans fin

—Par Jean-Pierre Dupuy (philosophe, professeur à l’université de Stanford (Californie))—

croissance_sans_finRien n’illustre mieux la vacuité du discours politique aujourd’hui, droite et gauche confondues, que l’usage grammatical qui est fait du mot « croissance ». Toute croissance est croissance de quelque chose. Sans mention de son objet, le substantif n’a pas de sens, contrairement à des mots comme « république », « amour » ou « liberté ». La « croissance » selon les politiques est sans objet. Elle-même est leur objet : ce qui est placé devant eux, qu’ils veulent saisir, parfois avec les dents, mais qui leur échappe insolemment. Je l’appellerai donc Croissance, avec une majuscule.

On me dira que je finasse et que l’usage dont je parle repose sur une omission que tout le monde comprend. La Croissance, c’est la croissance du PIB, le produit intérieur brut. Sans doute. Mais combien ont réfléchi au fait que nous ne parlons pas, alors, d’une variable d’état, comme la croissance d’un arbre ou celle d’un enfant, mais d’une variable de flux, comme le débit d’un fleuve ou la vitesse d’un courant d’air.

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Pour les banques, l’impunité perpétuelle

—Par FABIEN HASSAN Ecole normale supérieure —

banqueDébut août, l’ex-trader français de Goldman Sachs, Fabrice Tourre, a été jugé coupable pour avoir vendu des produits financiers qu’il savait «toxiques», en 2007, dans l’affaire Abacus. Les médias ont retenu le plus savoureux : les mails envoyés par le trader à sa petite amie, et notamment l’extrait dans lequel il se vante d’avoir vendu des produits complexes et sans valeur à «des veuves et des orphelins». Ce genre de propos n’attire pas la sympathie d’un jury populaire, et la SEC (l’autorité boursière américaine) a donc insisté sur ces éléments. Dans le scandale du Libor en 2012, la FSA, homologue britannique de la SEC, avait aussi utilisé ce type de messages. La presse mondiale avait adoré ce mail, envoyé suite à une manipulation de taux : «Mec, je t’en dois une belle ! Passe un soir après le boulot et j’ouvre une bouteille de Bollinger [une marque de champagne].» La condamnation de Tourre suscite pourtant un malaise. C’est la banque Goldman Sachs qui aurait «donné» son trader, en envoyant aux autorités les fameux mails, écrits en français, et leur traduction en anglais.

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Les retraites que nous voulons

— Par Karima Delli Eurodéputée, Europe Ecologie-les Verts et Alain Lipietz membre d’EE-LV —

retraitesLe 27 août, Jean-Marc Ayrault a présenté le détail de la réforme gouvernementale des retraites. Réformette dans la stricte logique de notre régime par répartition : on a besoin de redistribuer plus d’argent ? On augmente les cotisations, avec les problèmes de compétitivité et le biais en défaveur des activités de main-d’œuvre que cela pose depuis 1945. Elle remédie marginalement aux injustices actuelles (femmes, étudiants, pénibilité…), en introduit de nouvelles au détriment des «parents tardifs» de 3 enfants. Pas de quoi hurler ni se réjouir. Plus inquiétante est la promesse d’une hausse future de la durée de cotisation. Et ce vieux sophisme («puisque l’espérance de vie augmente, il faut cotiser plus longtemps») nous préoccupe.

Oui, on continue en France à vivre plus longtemps (ce n’est déjà plus le cas partout), mais on vit moins longtemps en bonne santé. Les «maladies industrielles» ont explosé : troubles musculo-squelettiques, maladies cardio-vasculaires, risques psychosociaux, maladies chroniques et neurodégénératives, pour la plupart liés à notre mode de vie dont le travail occupe la plus grande part.

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Y aurait-il enfin de la place pour la musique, le culturel et la créativité dans les PIB des DFA ?

 — par Alain Maurin, maître de conférences en économie à l’Université des Antilles et de la Guyane —

 alain_maurinKassav’ qui continue à enchanter un immense public disséminé dans le monde et qui aligne encore des performances, entre autres le renouvellement de son répertoire, les tournées dans les grandes villes de la planète et la création de revenus et d’emplois.

 Malavoi, l’autre groupe mythique à rayonnement international, qui enregistre encore des triomphes sur les scènes internes et externes de la communauté des domiens.

 Mario Canonge, Grégory Privat, Denis Lapassion, Christian Laviso, …, ou l’art de naviguer dans les répertoires rhizomes et de sublimer les mélanges musicaux avec comme ingrédients principaux les souffles martiniquais, guyanais et guadeloupéens.

 Florence Naprix et l’équipe de Jérôme et Stéphane Castry qui livrent actuellement l’une des plus belles couleurs du zouk depuis les heures de gloire des années 1980 et 1990.

 Dominique Coco, Akiyo, Wozan Monza, K’Koustik, Soft, Martine Sylvestre, Eric Cosaque, Jomimi, Casimir Reynoir dit Négoce, Alchimik’S, …, Victor O, Guy Marc Vadeleux, Bwakoré, Baylavwa, Ronald Tulle, Kolo Barst, Marcé, Tony Polomack, Kannigwé, Guy Vadeleux, Gilles Rosine, Karlos Rotsen, Tony Chasseur, Bamboolaz,…, Chris Combette, Yann Cléry, Louis Caristan, Dominique Leblanc, Emile Romain, Eric Bonheur, Djingo, Spoity Boys, Fondering, Etoumba, Komanti,…, têtes d’affiche du bouillonnement des musiques populaires dans les DFA, valeurs sûres pour transformer les étincelles musicales en flammes économiques.

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Les problèmes d’argent rendent-ils moins intelligent ?

—Par Pierre Barthélémy—

pauvresLes pauvres sont-ils moins intelligents ? La question peut sembler provocante, mais de nombreux travaux de psychologie ont montré que les personnes vivant dans la pauvreté avaient une tendance malheureuse à s’engager dans des comportements risquant de renforcer leurs problèmes, comme ne pas participer aux campagnes de dépistage du cancer, oublier leurs rendez-vous médicaux ou, plus simplement, mal gérer leurs maigres finances et multiplier les crédits à la consommation.

Les explications à ces mauvaises décisions qui entretiennent le cercle vicieux de la misère invoquent en général le contexte socio-économique (faible niveau d’éducation, infrastructures déficientes, etc.). Mais une étude publiée dans le numéro de Science du 30 août propose une autre hypothèse, cognitive celle-là : si les pauvres ne font pas les bons choix, c’est parce que vivre quotidiennement au bord du gouffre financier les rend incapables de se concentrer sur d’autres problématiques que leurs soucis d’argent.

DES CHOIX IMPULSIFS

Pour appuyer leur théorie, les auteurs de cette étude – deux économistes et deux psychologues – ont mené deux expériences intéressantes. La première a été réalisée auprès de commerçants d’une grande galerie marchande du New Jersey (Etats-Unis), gagnant entre 20 000 et 70 000 dollars par an.

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Les héritiers sont de retour. « Le Capital au XXIe siècle », de Thomas Piketty

—Par Julie Clarini—
heritiersOn démarre avec Balzac, romancier d’un autre siècle, et on termine en compagnie de Jacques Rancière, philosophe défenseur d’une forme exigeante de la démocratie. Ce n’est pas si courant, avouons-le, quand il s’agit d’un ouvrage d’économie savant qui offre tous les gages de rigueur imposés par l’académie. C’est que son auteur, Thomas Piketty, ne conçoit pas d’étudier les inégalités économiques et leur évolution en se retirant du monde : la question interroge trop profondément le sens que nous prêtons à l’idée démocratique. Or, point de politique hors du champ des représentations. Aussi est-ce là qu’il porte le fer – et le coup fait mouche.

Jamais vous n’auriez pensé à comparer notre monde, l’aube du XXIe siècle, à celui de Proust ? La proposition prend en effet à revers ce en quoi nous voulons croire : que la croissance moderne a favorisé le travail par rapport à l’héritage, la compétence par rapport à la naissance. Le Capital au XXIe siècle s’emploie à prouver que les deux sociétés se ressemblent plus qu’il n’y paraît. Les rentiers regagnent, jour après jour, de leur superbe ; l’héritage retrouve, peu s’en faut, l’importance qu’il avait… au temps du Père Goriot.

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« Capitalisme, désir et servitude » de Frédéric Lordon

A quand la fin du salariat ?

— par Michel Pennetier—

spinoza-2Comme le dit Aristote, la philosophie, le savoir, la science commence par l’étonnement, un questionnement sur ce qui apparaît évident à tous .

Ainsi Lordon : pourquoi le salariat ? Qu’est-ce qui fait que la masse des gens consentent à se soumettre aux intérêts de quelques autres, les patrons, les entrepreneurs ?

I-Spinoza

En termes spinozistes, la question prend tout son sens anthropologique :

Comment se fait-il que le « désir d’un homme qui est son essence » selon Spinoza, puisse se pervertir, se retourner contre lui-même au point de se soumettre entièrement au désir d’un autre, au service d’un désir-maître ?

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Medef : Gattaz promet la lutte finale!

— Par Hubert Huertas —

gattazLe bon M.Gattaz, élu avec le pourcentage collectiviste de 95% à la tête du Medef a des idées très combattives. Alors que le gouvernement n’en finit pas de faire les fonds de tiroirs pour financer, notamment le pacte de compétitivité de 20 milliards d’allègements pour les entreprises, il réclame en supplément une baisse de 100 milliards sur leurs charges et leurs impôts.

        Comment y parvenir ? Très simple… On baisserait les impôts des entreprises et on augmenterait celui des particuliers. On enlèverait cinquante milliards payées  pour les cotisations sociales, et on augmenterait la CSG et la TVA.

        Ensuite et conjointement, parvenu à ce résultat, on baisserait encore les impôts des entreprises à hauteur de cinquante nouveaux milliards.

        Pierre Gattaz considère que la France est « un jardin envahi de ronces », avec son code du travail trop complexe, « et de cailloux »,  avec ses prélèvements trop lourds.

        Pierre Gattaz en veut par ailleurs à l’Éducation nationale. Il cite le sujet du bac de sa fille, en science économique et sociale : « Vous montrerez de quelle manière les conflits sociaux peuvent être facteurs de cohésion sociale ».

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Rio, Istanbul et le convivialisme

Par Alain Caillé, directeur de La Revue du MAUSS, Christophe Fourel président de l’Association des lecteurs d’Alternatives Economiques, Ahmet Insel professeur émérite à l’université de Galatasaray (Istanbul), Paulo Henrique Martins (Recife, Brésil) président de l’Association latino-américaine de sociologie, Gus Massiah Economiste altermondialiste, cofondateur des forums sociaux mondiaux et Patrick Viveret Essayiste. Tous signataires du Manifeste convivialiste.

rio_istanLe plus étonnant mais aussi le plus révélateur dans les énormes manifestations qui secouent le Brésil ou la Turquie actuellement, c’est l’étonnement des pouvoirs en place, qu’ils soient de droite ou de gauche. Comme l’avoue Gilberto  Carvalho, le chef de cabinet de la présidente du Brésil, Dilma Roussef, «le gouvernement n’arrive pas à comprendre ce qui se passe». De même, en Turquie, Recep Tayyip Erdogan ne sait pas voir ou ne veut pas voir dans les soulèvements de la jeunesse urbaine, autre chose que le résultat d’un complot de l’étranger. Que se passe-t-il ? Vers quoi tendent ces mouvements ? Pour esquisser une réponse à cette question, il faut à la fois les mettre en relation avec les mouvements similaires qui les ont précédés, expliquer pourquoi ils ne sont guère intelligibles dans le cadre des catégories politiques héritées, et commencer à dégager la perspective dans laquelle ils peuvent commencer à faire sens, non seulement dans une logique de contestation ou de désespoir, mais comme annonciateurs d’alternatives politiques souhaitables et plausibles.

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