PRINCIPE en deux mots : Les salariés passent à 4 jours par semaine, 32 heures, sans réduction de salaire, grâce à une baisse des charges pour les entreprises : les entreprises qui rendent effective cette RTT et embauchent sont exonérées des cotisations chômage.
1. Constat
Le chômage explose depuis les années 1970. Nous sommes à 6 millions de chômeurs toutes catégories confondues, dont 2 millions de chômeurs de longue durée.
Pourquoi ?
80% du chômage s’explique par la technologie, c’est à dire par les gains de productivité : nous produisons de plus en plus, de plus en plus vite, avec de plus en plus de machines (robots, logiciels). Ainsi, depuis les années 60, on produit 5 fois plus vite qu’avant.
De ce fait, on a besoin de moins de travail humain, or notre temps de travail n’a pas bougé. Dans le passé, cet ajustement s’est fait. Au début du XXe siècle, on a gagné le repos du dimanche, puis celui du samedi… On est passés de 7 à 5 jours car des machines nous remplaçaient. Aujourd’hui, les machines n’ont jamais été aussi omniprésentes – mais on bloque.
Catégorie : Echos d’éco
Echos d'éco
Regards sur l’octroi de mer régional…
— Par Léon Mastail —
Au moment où le Parlement français sera bientôt saisi, pour transposition dans le droit national français, de la décision du 17 décembre 2014 du Conseil de l’Union Européenne, relative au nouveau cadre juridique applicable entre le 1er juillet 2015 et le 31 décembre 2020 de la taxe dite « octroi de mer », il y a peut-être lieu de rappeler un anniversaire, passé de manière complètement inaperçue, celui de l’institution le 18 janvier 1985 par la Région Martinique, d’un « droit additionnel à l’octroi de mer ».
L’octroi de mer est cet impôt de consommation qui frappe :
– d’une part, l’ « importation de marchandises » et,
– d’autre part – depuis la loi n°92-676 du 17 juillet 1992 relative à l’octroi de mer…- « les livraisons de biens faites à titre onéreux par les personnes qui y exercent des activités de production ».
Mais cela, sous réserve de la possibilité dont dispose la Région, d’y exonérer certains types de produits ou d’équipements précisés, après accord des autorités communautaires, par la loi.
En place donc depuis trente ans, ce « droit additionnel à l’octroi de mer » qui se dénomme, depuis la loi du n° 2004-639 du 2 juillet 2004 relative à l’octroi de mer, « octroi de mer régional » a toujours gardé le même esprit et la même logique qui ont présidé à son institution.
Echos d'éco
Pour une restructuration (raisonnable) de la dette
Cessons de diaboliser la dette
La dette publique est utilisée comme prétexte pour culpabiliser la population : «la dette pèsera sur nos enfants», «la charge de la dette nous paralyse, elle absorbe la totalité du produit de l’impôt sur le revenu». Il n’y aurait qu’un seul moyen pour la réduire : couper dans les dépenses publiques. […] En France (comme dans la plupart des pays industrialisés), la dette publique est inférieure à la dette privée (115 % du PIB pour les ménages et les entreprises, 93,5 % du PIB fin 2013 pour la dette publique). Pour les libéraux, l’endettement privé est légitime puisqu’il permet aux entreprises de produire de la richesse. Mais les administrations publiques produisent aussi de la richesse. La dette publique permet, elle aussi, de soutenir l’activité, d’investir pour l’avenir.
Il est légitime de financer les investissements publics, qui seront utilisés pendant de nombreuses années, par du déficit public. C’est d’ailleurs la vraie «règle d’or» des finances publiques. En France, cela justifie un déficit de l’ordre de 2,5 % du PIB, en situation conjoncturelle normale. L’Etat ne doit pas seulement se préoccuper de sa propre situation financière, mais aussi de l’équilibre macroéconomique.
Echos d'éco
La BCE tente un coup d’État contre la Grèce
— Par Les Économistes Atterrés —
Les Économistes atterrés dénoncent la décision de la BCE qui viole la démocratie, renie ses propres engagements à tout faire pour éviter la déflation et pour sauver la zone Euro et fait le lit des forces politiques réactionnaires qui prospèrent toujours sur fond de crise totale. Ils appellent tous les démocrates à s’opposer avec la dernière énergie à cette décision inique de la BCE. Les choix du peuple Grec doivent être respectés.
L’illusion d’une Banque centrale européenne pratiquant un assouplissement monétaire pour sortir la zone euro de la déflation n’a duré que deux semaines. Hier, la BCE a unilatéralement décidé de ne plus accepter les titres publics grecs en contrepartie des liquidités accordées aux banques, tout particulièrement aux banques grecques. Ainsi, Mario Draghi met en péril la zone Euro, rompant son engagement à « tout faire pour préserver l’Euro ».
Les banques grecques qui continuent à acheter des obligations de l’État, ne pourront donc plus les utiliser pour se refinancer auprès de la BCE. Elles pourront certes utiliser d’autres instruments, des titres privés. Mais ceux-ci risquent de devenir rares et surtout l’Etat grec aura de plus en plus de mal à trouver des fonds pour sortir de l’étau de la Troïka.
Echos d'éco
Standard and Poor’s préfère payer une lourde amende et éviter un procès!
La justice américaine s’est penchée sur la lourde responsabilité de l’agence de notation dans la crise des subprimes. Mais Standard and Poor’s accepte de payer une lourde amende pour éviter un procès qui aurait pu être historique. L’agence Standard and Poor’s a accepté de payer une amende de 1,37 milliard de dollars aux autorités américaines pour avoir trompé les investisseurs sur la qualité des crédits immobiliers dits « subprime », à l’origine de la crise financière. S&P, si elle admet sa culpabilité, évite en payant cette amende un long procès qui aurait permis d’étaler au grand jour les pratiques des agences de notation, de dévoiler les conflits d’intérêts dans lesquels elles sont plongées autant leur incompétence.
« Toutes les parties (…) ont estimé qu’il fallait trouver un arrangement pour éviter de longs délais, des incertitudes et éviter les inconvénients attachés à une procédure longue et coûteuse », explique S&P dans un communiqué.
L’Etat fédéral, par le truchement du ministre de la Justice Eric Holder, avait porté plainte en février 2013 contre S&P. Le rôle d’une agence de notation est d’évaluer la solidité d’un produit financier autant que d’un emprunteur.
Echos d'éco
La victoire de Syriza en Grèce, une bonne nouvelle pour la démocratie
— Par Gaël Giraud (économiste, directeur de recherche au CNRS) —
Tribune. La victoire de Syriza est une bonne nouvelle pour la démocratie européenne. Ce parti a été caricaturé par certains médias comme incarnant une « gauche radicale » potentiellement antidémocratique. Il n’en est rien. Aube dorée, à l’inverse, fait un score médiocre : le peuple grec a choisi la voie de l’alternance démocratique plutôt qu’une « sortie de route » politique qui, en des circonstances voisines, fut celle de l’Europe des années 1930.
Le civisme grec est une leçon, y compris pour nous, Français, qui nous déclarons prêts, aujourd’hui et pour 30 % d’entre nous, à voter Front national. Ensuite, le nouveau ministre de l’économie et des finances, Yanis Varoufakis, fait partie de ces économistes qui ont compris que mettre fin à l’austérité budgétaire est le meilleur moyen de freiner l’hémorragie des finances publiques en période déflationniste.
Echos d'éco, Sociologie
Dans les salons de coiffure afro à Paris, la détresse derrière les tresses
—Par Stéphanie Marteau —
Château-d’Eau, 14 h 30. Une femme en boubou s’avance en traînant une valise qu’elle ouvre en plein milieu d’un salon de coiffure. Elle en sort des boîtes en plastique de bonbons Haribo remplies de riz et de poisson tièdes. Les coiffeuses l’ignorent, une cliente lui lance quelques euros et commence à dépiauter son déjeuner du bout des doigts. L’odeur des solvants utilisés par les manucures qui travaillent derrière elle ne la perturbe pas. Le tressage reprend. Sur ses genoux, un koala en peluche piqué d’aiguilles, dont la coiffeuse se saisit une par une pour coudre les mèches à même les cheveux de sa cliente. Dans le salon, il n’y a que des Noirs, de la musique camerounaise, des affiches défraîchies montrant des femmes aux coiffures improbables, des sacs de voyage énormes, des fils électriques qui pendent. Sur le trottoir, des équipes de rabatteurs alpaguent les passants. Scène de vie ordinaire à Château-d’Eau, rendez-vous de l’Afrique à Paris depuis que cette partie du 10e arrondissement, nichée entre Strasbourg-Saint-Denis et la gare de l’Est, est devenue la Mecque de la coiffure afro.
Echos d'éco
En 2016, les 1 % les plus riches possèderont la moitié de la richesse mondiale
Dans une nouvelle étude publiée en amont de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, Oxfam a calculé que l’an prochain, à moins de freiner la tendance actuelle à l’augmentation des inégalités, le patrimoine cumulé des 1 % les plus riches du monde dépassera celui des autres 99 % de la population.
L’organisation internationale de développement, dont la directrice générale, Winnie Byanyima, coprésidera l’édition 2015 de Davos, souligne aujourd’hui que l’explosion des inégalités entrave la lutte contre la pauvreté dans le monde, alors qu’une personne sur neuf ne mange pas à sa faim et que plus d’un milliard de personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. Oxfam réclame l’organisation cette année d’un sommet mondial sur la fiscalité pour réécrire les règles fiscales internationales.
L’étude « Insatiable richesse », publiée aujourd’hui par Oxfam, montre que la part du patrimoine mondial détenu par les 1 % les plus riches est passée de 44 % en 2009 à 48 % en 2014, et dépassera les 50 % en 2016. En 2014, les membres de cette élite internationale possédaient en moyenne 2,7 millions de dollars par adulte.
Echos d'éco
Bernard Maris, l’économie à la rapière
— Par Alain Nicolas —
Ferraillant avec humour et rigueur avec les tenants de la pensée unique, c’était un universitaire de pointe, un éducateur généreux, un militant pugnace. Et aussi un romancier subtil et attachant.
L’objectif que se donnait Bernard Maris, c’est avant tout de libérer les consciences.
«Pleurons sur les patrons », titrait sa chronique de Noël, où il étrillait Patrick Kron, d’Alstom, Bouy-gues, Gattaz et Kessler, avant de conclure. Un titre qui rend un son bizarre, aujourd’hui que disparaît l’Oncle Bernard, dont le rendez-vous hebdomadaire était devenu incontournable. Bernard Maris était en effet un des piliers de Charlie Hebdo, dont il avait été en 1992 un des refondateurs. Rien ne prédisposait pourtant ce jeune Toulousain brillant, diplômé de Sciences-Po en 1968, docteur en économie en 1975, promis aux plus hauts sommets académiques, à devenir un des trublions de la pensée unique en économie. Il se déclarait keynésien, et, avant la vague libérale et les « reaganomics », « les keynésiens n’étaient pas de gauche », rappelait plaisamment Guy Sorman. Au moment où la doxa néolibérale ne supporte pas la moindre discordance, conserver ces convictions vous fait classer à gauche, pas extrême mais presque.
Echos d'éco
Signez le manifeste New Deal for Europe – Appel aux Martiniquais
La Martinique est dans la France et la France dans l’Europe. La bonne santé de l’économie martiniquaise est liée à celles de la France et de l’Europe. Divers mouvements associatifs, syndicaux, fédéralistes, etc. ont joint leur forces pour lancer une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) en faveur de la relance économique.
L’ICE, une procédure demandée de longue date par les partisans d’une Europe plus démocratique est un acquis du Traité sur l’Union européenne (dit Traité de Lisbonne) : « Des citoyens de l’Union, au nombre d’un million au moins, ressortissants d’un nombre significatif d’Etats membres, peuvent prendre l’initiative d’inviter la Commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins d’applications des traités » (article 11.4).
L’ICE ayant été lancé en mars 2014 les citoyens européens ont jusqu’à la fin février 2015 pour apporter leur signature. Mais que demande-t-on exactement ?
Echos d'éco
L’économie entre catholicisme et marxisme
— Par Pierre Ivorra —
« Vers une économie «humaine« ? Desroche, Lebret, Lefebvre, Mounier, Perroux au prisme de notre temps, sous la direction de Laurent Loty, Jean-Louis Perrault et Ràmon Tortajada. Éditions Hermann, 616 pages, 34 euros. L’ouvrage collectif entend révéler l’actualité des débats entre des pensées économiques issues des cultures religieuse et philosophique.
L’ouvrage rassemble les contributions de trente-huit intervenants, universitaires pour la plupart, à l’occasion d’un colloque international qui a eu lieu en 2012. Les recherches et l’action de cinq intellectuels du XXe siècle – Henri Desroche, Louis-Joseph Lebret, Emmanuel Mounier, François Perroux, Henri Lefebvre – sont ainsi mises en perspective, et en débat. Leur modernité, leur dissidence par rapport aux pensées officielles sont interrogées. Si les quatre premiers de ce club des cinq « participent d’une logique issue de la catholicité », Henri Lefebvre, lui, inscrit son action en tant que militant et philosophe dans le cadre d’un Parti communiste français dont il a été longtemps membre et qui l’a « suspendu » en 1958 après la révélation du rapport Khrouchtchev avant qu’il en parte de lui-même.
Echos d'éco
« Shopping is cheaper than a psychologist »
— Par Anastasia Vécrin —
Consommer peut être généreux, et contribuer à la beauté du monde : c’est la proposition iconoclaste du dernier numéro de «la Revue du Mauss», que le sociologue Alain Caillé a coordonné.
« Shopping is cheaper than a psychologist », (Le shopping coûte moins cher qu’un psychologue): ce slogan publicitaire, utilisé par une marque de prêt-à-porter féminin, en 2012, laisse à penser que le fait d’acheter quelque chose pourrait avoir des fonctions thérapeutiques et souligne le rapport passionnel et personnel que l’on peut entretenir avec la consommation. Qu’est-ce qui alimente le désir de consommer ?
Au-delà des critiques du capitalisme et de l’individualisme auxquelles l’analyse de la consommation est souvent liée, le dernier numéro de la Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales) intitulé Consommer, donner, s’adonner (1) s’intéresse à la dimension du don que revêt le fait d’acheter quelque chose, avec toutes ses ambivalences et ses ambiguïtés.
Pour Alain Caillé, sociologue et directeur de la publication de la revue, la consommation peut être aussi en lien avec le partage, avec l’expression d’une singularité voire avec une «dynamique de la vie».
Echos d'éco
La première attaque contre le rouble a déjà échoué
— Par Giuseppe Masala —
Pendant des jours et des jours, les analystes mainstream nous ont dit et répété, du haut de leur pupitre télévisuel ou journalistique, que la fin du « régime » russe était proche. D’après eux, les fameux « marchés financiers » avaient décidé du haut de leur grandeur que cette nation était destinée à revivre les jours de pénurie de l’époque Boris Eltsine. Les marchés – nous expliquaient-ils – avaient émis leur sentence, et même la Russie devait, comme toutes les autres nations, s’incliner devant leur divine volonté.
Laissons de côté les doutes et les questionnements sur une telle stratégie ; le plus stupéfiant est de voir que cette affaire auparavant hypermédiatisée est aujourd’hui désertée par les grands médias italiens [et français – NdT] : c’est même le blackout total. Pourquoi donc ? Nous devrions poser la question aux journalistes qui en parlaient autant voilà quelques jours pourquoi soudain ils n’en parlent plus : d’après eux, le destin est-il déjà tout tracé, ou bien s’est-il passé quelque chose qu’il vaut mieux taire ? Une chose qui met à mal aussi bien la narration immédiate (“la Russie est en crise”), que la narration permanente, celle qui doit montrer l’aigle impérial américain toujours triomphant dans le monde entier ?
Echos d'éco
Partout les inégalités explosent. Fin de la théorie du ruissellement ?
— Par Benjamin König —
Alors que la somme des richesses créées n’a jamais été aussi importante, 2014 s’affirme comme l’année de toutes les inégalités. Même des organismes aussi libéraux que le FMI et l’OCDE s’en alarment !
Si les financiers déposaient des cadeaux au pied de la corbeille de la Bourse de Paris, nul doute que le plus demandé au père Noël du capital serait… une action d’Axa, l’entreprise la plus généreuse en France avec 2,7 milliards distribués au deuxième trimestre (celui du versement principal). Mais le père Noël n’est pas capitaliste ; au reste, les actionnaires n’ont pas besoin de cadeau cette année, car 2014 a été celle de tous les records. Pensez : rien qu’en France, plus de 80 milliards d’euros distribués par les entreprises du CAC 40 – les oies ne sont pas les seules à être gavées. « Une juste rétribution des risques et de la création de richesses », chantent-ils en choeur. Mais comment expliquer qu’en 2014 les mêmes entreprises ont vu leurs profits baisser de 8 %, pour s’établir à 48 milliards d’euros, distribuant ainsi plus de dividendes qu’elles n’ont dégagé de bénéfices ?
Echos d'éco
Et si France-Guyane en profitait pour se remettre en cause ?
— Par René Ladouceur —
Sur le quotidien France-Guyane, le vent a soufflé fort, très fort, mais les vagues qu’il a provoquées restent circonscrites à la Martinique. Le plan social mis en place pour juguler les pertes financières de France-Antilles Martinique ne frappe, en effet, que trois salariés à France-Guyane. A la rédaction cayennaise, on respire. Un peu. Mais pour combien de temps ?
Car depuis que le Tribunal mixte de commerce de Fort-de-France a placé France-Antilles Martinique en redressement judiciaire, France-Guyane et ses journalistes n’en finissent pas d’alimenter les discussions. Près d’un mois après la publication du plan social, le sujet est encore au centre de nombre de conversations Il faut dire que France-Guyane en Guyane, c’est le journal par excellence ; le journal dont l’histoire se confond avec celle de la Guyane contemporaine ; le journal qui a une valeur patrimoniale inestimable. Il a vu passer dans sa rédaction la quasi-totalité des journalistes guyanais âgés aujourd’hui de plus de 40 ans. France-Guyane, c’est un peu de nous-mêmes, enfoui dans les recoins de nos souvenirs les plus précieux.
Echos d'éco, Manifestations culturelles
La révolution n’est pas un pique-nique. Analyse du dégrisement –
— Conférence de Frédéric Lordon —
« Il ne faut pas rêver les Hommes tels qu’on voudrait qu’ils fussent mais les prendre tels qu’ils sont » dit Spinoza ; ainsi que Frédéric Lordon, Directeur de recherche au CNRS, économiste passé chez les philosophes, et qui développe un programme de recherche spinoziste en économie politique et en sciences sociales. Il a récemment publié Capitalisme, désir et servitude (La Fabrique, 2010), D’un retournement l’autre, comédie sérieuse sur la crise financière (Seuil, 2011) et La société des affects (Seuil, 2013).
Voici ici rentranscrite l’intégralité de son intervention au colloque Penser l’émancipation Paris – 19-22 février 2014 – www.penserlemancipation.net, donné à l’Université Paris Ouest-Nanterre lors de la séance pléinière dédiée au thème « Au-delà du capitalisme ».
« Je crois que du moment où j’avais reçu cette invitation à ce colloque, dont je remercie vivement les organisateurs au passage, j’avais pris le parti d’un rôle qui est celui de la dissonance et du dégrisement ; comme il en faut toujours un pour jouer le mauvais esprit je me suis dévoué. Alors je ne sais plus quel titre exactement j’ai donné mais je crois que si c’était à refaire je donnerai volontiers celui-ci : « D’une étroite ligne de crête ».
Echos d'éco
Internet en Martinique : la grande profitation
— Par Yvon Joseph-Henri, Président de l’association des Consommateurs et des Citoyens de la Caraïbe (A3C) —
Au moment où la Région se félicite du branchement haut débit de la Martinique, que penser de tous ceux qui, parce qu’ils ont le tort de vivre dans une zone reculée, se trouvent écartés d’internet ?
Quand on sait que justement qu’internet non seulement deviendra le mode de liaison des citoyens avec leurs administrations, et que ce sont les plus éloignés qui en ont le plus besoin, on s’étonne des lenteurs évoquées dans l’article lui-même : 99,2% des foyers bénéficient d’une offre internet mais 3000 d’entre eux en sont encore exclus.
Oui, mille fois oui, internet est une nécessité pour affronter la modernité, développer les entreprises en Martinique et sortir de l’isolement insulaire. Et pourtant, ce qu’on se garde de dire – ou qu’on ignore ? – c’est justement que l’offre internet recouvre tout et n’importe quoi.
Quel consommateur n’a pas constaté que les offres en métropole n’ont rien à voir en matière de débit et de prix avec ce dont nous disposons en Martinique.
Echos d'éco
Documentaire : ce poulet qui plume les aviculteurs béninois
— Par Audrey Loussouarn —
Les Dessous de la mondialisation :
« Bénin, poulet morgue ».[Vu sur Public Sénat] Nadia Blétry s’est rendue au Bénin pour comprendre l’impact des importations de poulets congelés venus de l’Occident. Le désarroi de cette population impuissante face aux grands producteurs est patent.
C’est court, trente minutes. Pour un documentaire, il n’en faut parfois pas plus pour faire passer une idée. Nadia Blétry a focalisé son attention sur ce qui mine aujourd’hui le Bénin, un des plus pauvres pays du monde, et surtout ses 10 millions d’habitants. Sa filière avicole ? Quasiment réduite à néant, elle lutte contre une concurrence déloyale des exportateurs étrangers. Car, chaque année, ce sont 150 000 tonnes de poulets « morgues », comme les appellent les locaux, qui sont importés congelés.
Echos d'éco, Sociologie
«Sur le phénomène des jobs à la con»
— Par David Graeber —
«On the Phenomenon of Bullshit Jobs»: «Sur le phénomène des jobs à la con». C’est le titre de l’article mis en ligne par David Graeber à l’été 2013.
Dans les années 30, John Maynard Keynes avait prédit que, à la fin du siècle, les technologies seront suffisamment avancées pour que des pays comme le Royaume Uni ou les Etats Unis envisagent des temps de travail de 15 heures par semaine. Il y a toutes les raisons de penser qu’il avait raison. Et pourtant cela n’est pas arrivé. Au lieu de cela, la technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus. Pour y arriver, des emplois ont du être créés et qui sont par définition, inutiles. Des troupes entières de gens, en Europe et en Amérique du Nord particulièrement, passent leur vie professionnelle à effectuer des tâches qu’ils savent sans réelle utilité. Les nuisances morales et spirituelles qui accompagnent cette situation est profonde. C’est une cicatrice qui balafre notre âme collective. Et pourtant personne n’en parle.
Pourquoi donc, l’utopie promise par Keynes – et qui était encore attendue dans les années 60 – ne s’est jamais matérialisée?
Echos d'éco
Pour limiter vos déchets, connaître les bons gestes
Semaine européenne de la réduction des déchets
La poubelle Terre http://www.midwayfilm.com/
Dans le cadre de la semaine européenne de la réduction des déchets du 22 au 30 novembre 2014, retrouvez sur le site de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) une série de conseils pratiques destinés à limiter les déchets à la maison, au bureau ou en faisant les courses.
L’Ademe recommande notamment de :
– bien acheter et bien vous équiper (emprunter ou louer des produits neufs ou d’occasion, éviter les achats de produits à usage unique, choisir les produits sans suremballage, préférer les sacs réutilisables…),
– éviter le gaspillage alimentaire (être vigilant sur les offres promotionnelles, respecter au mieux la chaîne du froid en effectuant vos achats, être attentif aux dates de péremption, assurer une bonne conservation de vos aliments…),
– moins jeter (valoriser les déchets organiques par le compostage, donner une seconde vie à certains produits comme les vêtements, les livres, les appareils électriques, utiliser moins de piles, limiter la consommation de papier…), .
Echos d'éco
L’espace public : un lieu pour débattre des choses qui nous concernent tous
— Bruno Ollivier —
Malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, la presse écrite est une composante fondamentale de notre espace public, et donc de notre démocratie. On peut faire à la presse écrite beaucoup de reproches et en plus, elle collectionne les handicaps.
En premier lieu, la presse quotidienne écrite se meurt lentement. Le phénomène est ancien. Les 2/3 des quotidiens français de 1946 ont disparu. Les Français lisent de moins en moins le journal : on vend 154 exemplaires de quotidiens pour 100 habitants en France contre 459 en Suède. Et les journaux français sont plus chers. Les lecteurs sont de plus en plus âgés. La presse quotidienne a mal résisté à la télévision, et Internet semble lui donner le coup de grâce, comme c’est et ce sera le cas d’innombrables métiers, de l’enseignement aux taxis et de la banque à la médecine.
Echos d'éco
Les économistes sont-ils des imposteurs?
— Par Aude Lancelin —
Ils influencent les politiques et ont remplacé philosophes, sociologues et historiens pour expliquer le monde. Daniel Cohen et Marcel Gauchet s’interrogent sur leurs pouvoirs, leurs mérites et leurs limites.
Hier encore on demandait à Claude Lévi-Strauss ou à Jean Baudrillard de déchiffrer l’avenir de notre civilisation, aujourd’hui on demande à Daniel Cohen ou à Jean Tirole, nouveau prix Nobel d’économie, de nous expliquer la panne de croissance. A quel moment a eu lieu la bascule ? Dans les cabinets ministériels, difficile d’entendre parler d’autre chose que de courbes et de chiffres. Chez les éditorialistes, on parle réduction de la dette et réforme du marché du travail avec la gravité intimidante de qui prétend remplacer l’argumentation par les équations.
Le ton BFM et l’esprit «Capital» – l’hebdo du business, pas celui de Marx – semblent avoir tout annexé. A l’économie, et quasi à elle seule désormais, on accorde le sérieux, le concret des choses, les clés du lendemain. Partout elle s’est peu à peu substituée à la délibération politique et aux visions non utilitaristes du monde.
Chez les jeunes économistes eux-mêmes, la révolte gronde d’ailleurs contre les prétentions écrasantes à la scientificité de leurs aînés néoclassiques.
Echos d'éco
« Changer de modèle » : nouveau thème de bavardage pour une gouvernance déphasée
— Par Serge HARPIN—
Depuis la thèse d’Etat d’Alain-Philippe BLERALD sur « L’histoire économique de la Guadeloupe et de la Martinique » (édit. Karthala, 1986), la critique de « l’économie de comptoir » et la réflexion sur les stratégies de développement en Martinique ont fait l’objet, de façon centrale ou connexe, de nombreux travaux, articles et colloques. Ils faisaient écho aux interrogations, dès les années 1960, des déçus de la Départementalisation, à celles aussi, à partir années 1990, des insatisfaits de la Décentralisation. Le débat sur ces deux sujets fortement corrélés est par conséquent loin d’être nouveau. Mais alors, qu’est-ce qui justifie que deux universitaires ès qualités, Kinvi LOGOSSAH et Hector ELISABETH, dans un texte intitulé « Plaidoyer pour une autre stratégie de développement à la Martinique » publié récemment sur le site Politique publique (09/10/2014) insinuent d’une manière aussi équivoque le contraire ? Troublante aussi cette quasi-simultanéité entre la sortie de ce texte et l’annonce deux jours après, lors de la rentrée politique du PPM, de ce thème comme un des trois axes politiques de ce parti.
Le sentiment qu’on a est que sous l’habillage d’une analyse qu’on voulait être pour la circonstance rigoureuse, objective, et savante se cache une opération de « marketing politique » et de théorisation d’un argument de campagne de ladite « Nouvelle Gouvernance ».
Echos d'éco, Parutions
« Contre-histoire du libéralisme », de Domenico Losurdo
— Par Jérémy Perrin —
Victor Hugo passe pour être l’auteur de l’observation selon laquelle « l’amour des Anglais pour la liberté se complique d’une certaine acceptation de la servitude d’autrui. » Si l’on réclame des preuves, c’est du côté de Domenico Losurdo qu’il faut se tourner, avec cette Contre-histoire du libéralisme qui paraît aux éditions La Découverte, traduction bienvenue d’un ouvrage italien, paru en 2006 aux éditions Laterza. Le philosophe d’Urbino, spécialiste de Hegel, nous y propose une enquête attentive sur les angles les moins flatteurs du libéralisme réel. Il insiste en particulier sur la permanence massive de pratiques attentatoires à toute liberté, dans les sociétés britanniques et américaines des XVIIIe et XIXe siècles.
Les premières révolutions « libérales » – celles d’Angleterre, d’Amérique et bien sûr, avant cela, de Hollande – ont largement renforcé l’esclavage. Bien loin de constituer une menace pour lui, leurs principes généreux l’ont conduit à son âge d’or – statistiquement visible à l’explosion du nombre d’esclaves. Domenico Losurdo parle ainsi d’un « accouchement gémellaire » du libéralisme et de l’esclavage racial. Ce thème constitue le point de départ de sa démarche qui, par un jeu serré de citations éclairées par quelques faits de contexte, nous conduit des colonies à la métropole, avant d’aborder la vision mondiale des libéraux classiques, puis de conclure par l’héritage supposé de cette vision dans les catastrophes politiques du siècle dernier.
Echos d'éco
Oui à une autre stratégie ou un autre modèle de développement en Martinique.
— Par Michel Branchi Economiste, ancien enseignant associé à l’Université Antilles-Guyane —
Oui à une autre stratégie ou un autre modèle de développement en Martinique. En tirant les leçons du passé et en allant de l’avant.
Kinvi Logossah, professeur des Universités, et Hector Elisabeth, ancien professeur associé à l’UAG, ont publié un « Plaidoyer pour une autre stratégie de développement à la Martinique »
S’il s’agit d’argumenter pour la mise en œuvre d’un autre modèle de développement en Martinique, nous ne pouvons qu’exprimer notre accord sur cet objectif. Et le colloque du Ceser (Conseil économique et social régional) sur le thème « l’économie de la Martinique : rupture et mutations » était le bienvenu. Encore faut-il faire un bon diagnostic de la situation économique et sociale martiniquaise en 2014.
La départementalisation dévoyée
Le modèle que Logossah et Elisabeth appellent, à mon avis, abusivement « césairien », est effectivement issu de la départementalisation voulue par les communistes martiniquais et Aimé Césaire non seulement pour éradiquer la vieille misère coloniale en arrachant par la lutte les acquis sociaux de la classe ouvrière française, mais surtout pour briser le cadre colonial et engager la Martinique sur la voie du développement (cf Thélus Léro, Sénateur martiniquais communiste en 1946).