Il est plus que temps de cesser de rêver à atteindre l’autosuffisance alimentaire du fait du changement climatique !
— Par Jean-Marie Nol —
La Guadeloupe, comme nombre de territoires ultramarins, se trouve aujourd’hui à un tournant critique de son développement économique notamment à partir de l’agriculture du fait des effets dévastateurs du changement climatique. Longtemps bercée par l’espoir d’une autosuffisance alimentaire fondée sur une agriculture locale dynamique, l’île doit désormais affronter une réalité implacable : toutes les filières agricoles se portent déjà mal et le changement climatique va bouleverser profondément les fondements de ce modèle. Les cyclones de plus en plus fréquents et dévastateurs, les épisodes de pluies diluviennes ou, à l’inverse, de sécheresses prolongées, condamnent toute velléité de stabilité agricole. La situation à Mayotte, récemment frappée par le cyclone Chido, est emblématique de ce phénomène. En quelques heures, l’archipel a vu disparaître jusqu’à 100 % de ses cultures. Les bananiers, maniocs, arbres fruitiers et champs de vanille ont été arrachés ou noyés, laissant derrière eux un paysage désolé où « tout est à refaire ». Ce constat accablant se répète à La Réunion, où le cyclone Garance a anéanti 80 % des cultures agricoles, plongeant la filière dans une crise sans précédent.