Catégorie : Les chroniques de Jean-Marie Nol

Guadeloupe : Vers une transition économique face aux défis climatiques

Il est plus que temps de cesser de rêver à atteindre l’autosuffisance alimentaire du fait du changement climatique !

— Par Jean-Marie Nol —

La Guadeloupe, comme nombre de territoires ultramarins, se trouve aujourd’hui à un tournant critique de son développement économique notamment à partir de l’agriculture du fait des effets dévastateurs du changement climatique. Longtemps bercée par l’espoir d’une autosuffisance alimentaire fondée sur une agriculture locale dynamique, l’île doit désormais affronter une réalité implacable : toutes les filières agricoles se portent déjà mal et le changement climatique va bouleverser profondément les fondements de ce modèle. Les cyclones de plus en plus fréquents et dévastateurs, les épisodes de pluies diluviennes ou, à l’inverse, de sécheresses prolongées, condamnent toute velléité de stabilité agricole. La situation à Mayotte, récemment frappée par le cyclone Chido, est emblématique de ce phénomène. En quelques heures, l’archipel a vu disparaître jusqu’à 100 % de ses cultures. Les bananiers, maniocs, arbres fruitiers et champs de vanille ont été arrachés ou noyés, laissant derrière eux un paysage désolé où « tout est à refaire ». Ce constat accablant se répète à La Réunion, où le cyclone Garance a anéanti 80 % des cultures agricoles, plongeant la filière dans une crise sans précédent.

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Plaidoyer pour l’urgence d’une nouvelle étape de décentralisation en Guadeloupe.

— Par Jean-Marie Nol —

La Guadeloupe, territoire aux enjeux complexes, se trouve à la croisée des chemins avec la mutation du monde . Alors que les débats sur l’autonomie politique refont régulièrement surface, il apparaît de plus en plus clair que l’autonomie, en soi, n’est pas une solution miracle de nature à régler les problèmes et le mal développement de la Guadeloupe . Cependant, un consensus émerge parmi les observateurs et experts de la vie politique locale : la nécessité d’engager un nouveau processus de décentralisation notamment pour accompagner le changement de modèle économique . Cette démarche, loin d’être une simple réforme institutionnelle, constitue une réponse stratégique aux défis économiques, technologiques et sociétaux auxquels l’île est confrontée.

La décentralisation, par définition, vise à transférer des compétences de l’État vers des collectivités territoriales dotées d’une personnalité morale, d’une autonomie financière et de gestion. En responsabilisant les élus locaux, elle permet d’adapter les politiques publiques aux spécificités des territoires, une nécessité impérieuse pour la Guadeloupe dont les contraintes insulaires accentuent la vulnérabilité face aux chocs externes. Les précédents actes de décentralisation en France, notamment les grandes lois de 1982 et l’« acte II » de 2003, ont amorcé ce processus.

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Exil des jeunes : au-delà des dimensions politiques et sociologiques

Pourquoi vouloir analyser uniquement le phénomène de l’exil des jeunes sur le plan politique et sociologique est une erreur ?

— Par Jean-Marie Nol —

L’exil des jeunes Guadeloupéens est un phénomène complexe qui ne peut être pleinement compris en se limitant à une analyse strictement politique et sociologique. Si ces dimensions offrent des éclairages intéressants sur les dynamiques identitaires, culturelles et sociales qui traversent l’archipel, elles ne suffisent pas à saisir l’ampleur du problème. Réduire l’exode des jeunes à une lecture idéologique ou émotionnelle revient à négliger les véritables moteurs structurels de cette fuite des talents, qui sont avant tout économiques et financiers. Cette approche partielle tend à occulter les réalités concrètes auxquelles font face les jeunes Guadeloupéens, pris entre un modèle économique local obsolète et un monde en perpétuelle mutation technologique et sociétale. Dans ces conditions vouloir analyser le phénomène de l’exil des jeunes Guadeloupéens uniquement sous les angles politique et sociologique peut effectivement conduire à une vision partielle et parfois biaisée de la situation. Bien que les dimensions politiques et sociologiques apportent un éclairage précieux sur les dynamiques identitaires, culturelles et sociales à l’œuvre, elles ne suffisent pas à saisir l’ampleur et la complexité du problème.

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« Fragilité économique de la France et ses impacts sur la Guadeloupe »

Le ralentissement de l’économie française est préoccupant pour la stabilité économique et sociale de la Guadeloupe.

—Par Jean-Marie Nol —

La situation économique actuelle de la France, caractérisée par une contraction marquée de l’activité du secteur privé, soulève de vives inquiétudes non seulement pour l’Hexagone mais aussi pour ses territoires d’outre-mer, en particulier la Guadeloupe. L’indice PMI Flash de S&P Global et de la Hamburg Commercial Bank (HCOB), qui s’est effondré à 44,5 en février contre 47,6 en janvier, illustre un ralentissement prononcé de l’économie française. Un indice inférieur à 50 signale en effet une contraction de l’activité, et ce niveau constitue un plus bas de 17 mois, traduisant une fragilité accrue de la dynamique économique nationale. Cette situation, si elle persiste, risque de se propager comme une tâche d’huile aux Antilles françaises, où l’économie guadeloupéenne pourrait se trouver particulièrement exposée.Huit mois après la dissolution de l’Assemblée nationale et trois mois après la censure du gouvernement Barnier, l’instabilité politique se fait durement ressentir sur l’économie  selon le président de la chambre du commerce de l’industrie (CCI) qui s’est confié au Figaro .

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Déclin français : le poids des décisions passées et leurs conséquences

Les 5 erreurs politiques majeures qui ont fissuré le corpus sociétal de la France et fragilisé le tissu social des Antilles .

— Par Jean-Marie Nol —

Un grand pays, un pays digne de ce nom, est un pays capable de regarder en face ses erreurs  –  et elles sont grandes  – et ses difficultés –  qui ne le sont pas moins. Les sujets d’inquiétude sont présentement  innombrables. Il en est certains toutefois qui émergent avec une force criante et qui résultent des vicissitudes du passé.La capacité à gouverner dans les années qui suivent se joue pour beaucoup sur la pertinence et la précision de notre diagnostic de l’état inquiétant de la France. Lorsque s’y rejoignent l’éthique de la conviction et celle de la responsabilité, le nouvel environnement de dépression de la société française devrait nous interpeller car substantiellement approprié à la réalité des problèmes du pays. , Actuellement plus personne ne dispose de la légitimité nécessaire pour affronter des choix difficiles pour modifier la donne à court et moyen terme . Et le « way of life » proposé par la société de consommation actuelle devient illusoire car hors de portée pour toute une partie de la population. 

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Les jeunes exclus de l’accession à la propriété en Guadeloupe! Quelles conséquences ?

— Par Jean-Marie Nol —

La question de la vie chère en Guadeloupe cristallise aujourd’hui les tensions et focalise le débat public sur l’augmentation des prix de l’alimentation. Pourtant, cette préoccupation, bien que légitime, masque une réalité encore plus inquiétante : celle de l’accès à l’immobilier et à la construction, devenu un véritable parcours du combattant pour les Guadeloupéens, et plus particulièrement pour les jeunes générations. En Guadeloupe, pour deux tiers des jeunes de 21 à 35 ans, l’achat d’un logement relève presque de l’utopie.Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle s’inscrit dans un contexte économique guadeloupéen déjà fragilisé. L’augmentation des charges, des impôts et des coûts de la vie pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages, et plus particulièrement sur celui des jeunes en début de carrière. Même avec un niveau d’éducation et un revenu élevé, la plupart des jeunes sont exclus de l’accès à la propriété faute de ressources suffisantes pour pouvoir acheter leur propre maison. Et pourtant, l’accès à la propriété est un enjeu majeur pour les jeunes en Guadeloupe, une aspiration qui semble de plus en plus hors de portée.

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Avis de gros temps sur l’emploi dans le secteur bancaire aux Antilles.

— Par Jean-Marie Nol —

Le secteur bancaire en Guadeloupe et en Martinique est à un tournant majeur, à l’image des transformations qui secouent la France hexagonale . La fermeture récente de plusieurs agences du Crédit Agricole en Normandie et ailleurs met en lumière une tendance qui pourrait bien s’intensifier sous le ciel des tropiques. Après le retrait de la Société Générale de Banque aux Antilles, cette nouvelle vague de fermetures interroge sur l’avenir du paysage bancaire local. Avec la digitalisation croissante, la rentabilité en berne et les mutations des habitudes de consommation, le modèle bancaire traditionnel est mis à rude épreuve. Ces fermetures d’agences constituent un signal fort envoyé au marché : l’ère du tout-numérique est en marche et pourrait bouleverser durablement les relations entre les banques et leurs clients antillais.

Depuis plusieurs années, les Antillais ne contrôlent plus aucune banque et le secteur bancaire sur le plan local connaît une révolution silencieuse, mais profonde. Les avancées technologiques ont permis l’émergence de services numériques ultra-performants, rendant la visite en agence de moins en moins indispensable. Désormais, les clients peuvent réaliser presque toutes leurs opérations courantes en ligne, depuis le virement jusqu’à la souscription à un crédit immobilier.

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Avec la dette, nous sommes déjà sur le fil du rasoir : La Guadeloupe et la Martinique à l’heure des choix !

— Par Jean-Marie Nol —

La Cour des comptes a récemment tiré la sonnette d’alarme sur l’état des finances publiques françaises, mettant en avant une dérive des dépenses qui place le pays dans une situation critique. Selon le rapport publié début 2025, la dépense publique a connu une envolée incontrôlée, contribuant largement à l’aggravation du déficit, qui a atteint 6 % du PIB en 2024, bien au-delà des prévisions initiales de 4,4 %. Alors que les gouvernements successifs ont souvent justifié cette situation par une baisse des recettes fiscales, la Cour insiste sur le fait que le véritable problème réside dans l’incapacité de l’État et des collectivités à contenir leurs dépenses.

Pierre Moscovici, premier président de la Cour, n’a pas mâché ses mots en qualifiant la situation d’« hors de contrôle ». Il souligne que la dépense publique a progressé plus vite que la croissance du PIB, un phénomène qui ne peut plus être ignoré. Loin de se limiter aux seules finances de l’État, cette dérive concerne également les collectivités locales, dont les dépenses ont augmenté de manière record en 2024.

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Économie qui vacille et formation en crise : le futur du travail se dessine de façon chaotique en Guadeloupe ?

— Par Jean-Marie Nol —

Le tableau pour  l’économie de la Guadeloupe est assez sombre : les annonces de fermetures d’entreprises se sont succédé fin 2024 et les perspectives de croissance  sont tombées à « leur plus bas niveau depuis près de dix ans hors crise sanitaire », selon les données publiées par l’Insee. Un baromètre de l’IEDOM confirme cette mauvaise passe, avec des prévisions de recrutement des entreprises  guadeloupéennes pour 2025 en net repli et alors même que la formation professionnelle traverse une mauvaise passe en Guadeloupe . Pourtant la formation initiale revêt une importance cruciale pour préparer les plus jeunes à intégrer le marché du travail. Cependant, de nombreux systèmes éducatifs ne parviennent pas à fournir les compétences nécessaires pour répondre aux besoins changeants du marché. Il faut aussi rassurer nos générations futures sur nos métiers, les leurs, et l’avenir de l‘entreprise dans le monde de demain. Leur donner l’envie, l’espoir de s’épanouir quotidiennement, les inspirer et être nous-mêmes inspirés par les enjeux d’avenir de la formation !
Mais actuellement ce n’est pas le cas de la fa formation professionnelle qui mal inspirée traverse actuellement une crise profonde, mettant en péril l’avenir économique et social du territoire.

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I.A : une menace pour la cohésion sociale antillaise?

Pourquoi faute d’anticipation,l’intelligence artificielle pourrait bien fracturer la cohésion sociale de la société antillaise ?

— Par Jean-Marie Nol —
La Guadeloupe, comme nombre de territoires ultramarins, se trouve à un tournant décisif face aux bouleversements induits par l’intelligence artificielle et les mutations économiques et sociales qu’elle engendre. Pourtant, malgré les signaux clairs d’un monde en profonde transformation, les élus locaux semblent incapables d’anticiper les défis à venir, ni même d’intégrer une véritable analyse prospective dans les politiques publiques. Ce constat n’est pas nouveau, mais il prend une dimension particulièrement préoccupante à l’heure où la révolution numérique redessine les rapports de force économiques, reconfigure le travail et accélère la dépendance des territoires en marge des grandes dynamiques de développement.

L’une des premières explications de cette inertie politique réside dans une culture de la gestion à court terme ( le nez dans le guidon), où les urgences du quotidien prennent systématiquement le pas sur les visions stratégiques de long terme. La gouvernance locale est souvent marquée par une logique réactive plutôt qu’anticipatrice, où les élus passent plus de temps à gérer des crises – qu’elles soient sociales, économiques ou climatiques – qu’à en prévenir les causes profondes.

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Collectivités locales à l’os , ménages à bout de souffle face à la crise économique et financière aux Antilles !

— Par Jean-Marie Nol —

Les Antilles françaises traversent une période économique critique sans que nos élus ne prennent la mesure de l’urgence de la situation . Entre collectivités locales asphyxiées et ménages Martiniquais voire guadeloupéens submergés par l’endettement, la situation devient de plus en plus intenable. Alors que l’État impose de nouvelles restrictions budgétaires aux collectivités, les familles font face à une hausse vertigineuse du surendettement et des incidents bancaires. En Martinique , l’année 2025 s’annonce comme un tournant alarmant, révélateur d’une fragilité économique croissante. En effet, les
collectivités locales sont désormais contraintes à la rigueur budgétaire à l’instar de la CTM et pourtant c’était prévisible comme le dénote moults de nos articles écrits bien en amont sur cette thématique.

Les collectivités locales des Antilles, déjà sous tension, doivent désormais composer avec une baisse de leurs recettes et des exigences de réduction budgétaire imposées par l’État. Dans le cadre du budget 2025, il leur est demandé de réaliser 2,2 milliards d’euros d’économies, un effort considérable qui se traduit par une compression drastique des dépenses. Régions, départements et communes sont ainsi contraints de revoir leur gestion financière à la baisse, sacrifiant parfois des investissements essentiels et réduisant considérablement les subventions aux associations et entreprises locales.

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Coucou USA …! Décryptage de la nouvelle doctrine impérialiste et coloniale  .

— Par Jean-Marie Nol —

L’histoire de la colonisation , qui de tout temps a été associée à des épisodes de guerres de conquête , est étroitement liée à l’appropriation des ressources et à l’exploitation des richesses naturelles, souvent en réponse aux besoins des puissances dominantes à des moments clés de leur développement économique ou technologique. Ce même schéma pourrait se reproduire à l’avenir pour plusieurs raisons tenant notamment à la nouvelle géostratégie mondiale. Plus de doute dans mon esprit après les déclarations de Donald Trump visant à prendre le contrôle de Gaza et en faire une nouvelle côte d’azur du Moyen Orient sans les palestiniens , ainsi que l’annexion de la Cisjordanie occupée par Israël, alors même que les prémisses d’une nouvelle domination économique et financière se font jour sur l’Afrique, l’Amérique du Sud, une partie du sud-est asiatique et surtout la région Caraïbe qui vont faire l’objet d’une nouvelle période de colonisation aussi brutale que dans le passé. La question d’une potentielle troisième vague de colonisation au XXIe siècle va ainsi émerger comme un enjeu crucial, à la croisée des avancées technologiques majeures et des ambitions.

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Quid de la prédominance de l’économie dans la société sur l’idéologie politique ?

— Par Jean-Marie Nol —

L’intérêt marqué des élus de Guadeloupe et de Martinique pour les questions idéologiques, parfois au détriment des préoccupations économiques, s’explique par des facteurs historiques, sociaux et politiques profondément enracinés. 

Et pourtant la vérité commande de dire crûment que c’est le modèle économique actuel qui pose problème et non les institutions. Ces territoires, héritiers d’un passé colonial douloureux et complexe, sont traversés par des débats identitaires et mémoriels qui structurent fortement la vie politique locale. Cette prégnance de l’idéologie s’exerce souvent au détriment d’une approche pragmatique du développement économique, pourtant essentiel pour réduire la dépendance vis-à-vis du pouvoir central parisien.

Historiquement, les Antilles françaises ont été marquées par des luttes idéologiques, politiques et sociales visant à affirmer leur singularité face à la France . L’esclavage, la période coloniale, l’ère de la départementalisation et les mouvements autonomistes et indépendantistes ont laissé une empreinte indélébile sur les mentalités et les discours politiques. De nombreux élus antillais inscrivent leur action dans la continuité de cette histoire, faisant de la reconnaissance des droits sociaux , de la mémoire et de la culture des axes centraux de leur engagement.

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L’assemblée unique et l’autonomie en question à l’heure de la théorie du cheval mort ?

—Par Jean-Marie Nol —

La Guadeloupe et la Martinique se trouvent à un tournant décisif de leur histoire économique et sociale, confrontées à des défis majeurs qui remettent en question leur modèle de développement. Héritières d’un système issu de la départementalisation, ces îles font face à des mutations profondes dans un monde en transition. Quatre écueils se dressent sur leur chemin et menacent directement la stabilité des finances publiques : une décroissance économique persistante, un éventuel changement statutaire sans ressources financières supplémentaires, le dérèglement climatique et son cortège de catastrophes naturelles, et enfin la révolution technologique portée par la robotisation et l’intelligence artificielle. Ces défis ne sont pas des projections lointaines, mais des réalités tangibles qui s’imposent dès aujourd’hui avec une acuité grandissante.Pourtant, à l’heure où chaque dizaine de milliers d’euros dépensée fait l’objet d’intenses tractations, il n’est pas inutile de prendre en compte le coût du changement institutionnel .

Longtemps soutenues par des fonds publics abondants et une forte présence de l’État français, la Guadeloupe et la Martinique voient aujourd’hui ce modèle remis en cause. L’ère de l’argent facile touche à sa fin, et la remise en question du modèle social français menace un équilibre déjà fragile.

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De la face cachée du modèle économique et de la structure entrepreunariale en Guadeloupe : causes et conséquences ?

— Par Jean-Marie Nol —

L’histoire économique de la Guadeloupe est intrinsèquement liée à son passé colonial et aux structures socio-économiques héritées de cette période. Dès la colonisation française au XVIIe siècle, l’économie de l’île s’est développée autour de la production agricole destinée à l’exportation, en particulier le bois précieux, le coton, le tabac, le café, le cacao et enfin la canne à sucre, qui est rapidement devenue la principale ressource économique. Cette activité était basée sur un système de plantation qui reposait sur l’exploitation des esclaves africains, imposant une structure économique hiérarchique et profondément inégalitaire. La mise en place de l’« Exclusif colonial », qui obligeait les colonies à commercer uniquement avec la métropole, renforçait la dépendance économique de la Guadeloupe vis-à-vis de la France. Ce modèle économique, axé dès les débuts sur l’exportation, a non seulement limité les opportunités de diversification, mais a aussi contribué à une concentration des richesses entre les mains d’une élite blanche, les blancs créoles , qui détenaient les terres et les moyens de production.

L’abolition de l’esclavage en 1848 n’a pas radicalement changé les structures économiques de l’île.

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Clôre le débat idéologique passéiste et ouvrir celui de la déchéance programmée de la pensée intellectuelle en Guadeloupe !

— par Jean-Marie Nol —

La crise économique et sociale que traverse la Guadeloupe, et par extension la Martinique, ne se limite pas à l’impact économique multiforme exacerbé par la vie chère et la spirale inflationniste . Elle révèle une crise plus insidieuse, celle d’un effondrement intellectuel et culturel qui menace de manière durable l’avenir sociétal de ces sociétés insulaires.

En fait, l’on assiste présentement à un effondrement de la pensée et un renoncement généralisé à l’effort dans la société guadeloupéenne. Si les perturbations économiques peuvent être analysées et réparées à travers des politiques publiques adaptées, la faillite intellectuelle s’enracine dans un désert culturel et idéologique, dont les conséquences se mesurent non seulement à travers le vide des débats politiques publics, mais aussi par l’incapacité des élites locales à envisager des solutions novatrices autres que l’assemblée unique et l’évolution institutionnel face aux défis du présent et de l’avenir.

Cette crise s’incarne d’abord dans l’absence de lieux structurants et de figures intellectuelles capables de dynamiser un débat d’idées devenu caricatural. En Guadeloupe, les grandes institutions culturelles, telles que le Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre ou encore le Mémorial ACTe, sont paralysées ou marginalisées, reflétant une inaction publique chronique et un désintérêt collectif pour les enjeux de la pensée intellectuelle et culturelle .

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Un nouvel ordre économique mondial est en marche et dans cette dynamique la caraïbe est en voie de déclassement !

— Par Jean-Marie Nol —

Un nouvel ordre économique mondial est en train de se façonner, bouleversant les équilibres établis et redistribuant les cartes de la puissance entre les nations. Les anciennes dynamiques, construites autour de l’Europe, des États-Unis et de certaines régions stratégiques, cèdent progressivement la place à de nouveaux centres de gravité économique. Au cœur de ces transformations, la région de la Caraïbe, autrefois perçue comme un carrefour géopolitique et économique stratégique par l’Europe et maintenant par les Etats Unis , glisse inexorablement vers un déclassement profond. Ce phénomène, loin d’être isolé, reflète une tendance globale marquée par le recul de l’Europe et la montée en puissance de l’Indo-Pacifique et de l’Amérique du Nord notamment des Etats Unis. Et pour cause, le chiffre à retenir est 26%  et c’est le poids du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis dans l’économie mondiale. Un indicateur – 29.720 milliards de dollars de PIB en 2024- , qui suffit à montrer, à lui seul, toute la puissance américaine. En comparaison, la zone euro fait pâle figure avec 15% du PIB mondial. L’Europe, qui représentait encore un cinquième du PIB mondial, voit son influence économique et politique s’effriter.

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Guadeloupe : panne de croissance en 2025 du fait de la contraction des investissements privés et publics.

— Par Jean-Marie Nol —

En 2025, la Guadeloupe se prépare à affronter une année marquée par une stagnation économique persistante, conséquence directe de la panne de croissance et de la contraction des investissements amorcées dès 2023. Cette situation reflète les tensions structurelles et conjoncturelles pesant sur le territoire, accentuées par une instabilité politique au niveau national et un environnement international incertain. Entre ralentissement de l’investissement privé, recul des investissements publics et inertie économique de la consommation , le territoire semble pris dans une spirale négative qui pourrait avoir des répercussions durables sur le développement des politiques publiques en 2025, le tout dans un climat anxiogène d’évolution institutionnelle dont les conséquences financières futures peinent à être évaluées à ce jour.

Depuis plusieurs années, l’investissement privé, moteur traditionnel de la croissance, avec la consommation,donne des signes d’essoufflement. Après une reprise vigoureuse en 2021 (+6,5 %) et 2022 (+7,1 %), les entreprises guadeloupéennes ont vu leur capacité à investir fortement réduite à partir de 2023, avec une hausse en valeur limitée à +0,6 %. Ce ralentissement s’explique principalement par le resserrement des politiques monétaires visant à contenir l’inflation, qui a entraîné une augmentation des coûts du fret et du crédit.

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L’ atavisme , un concept utile pour comprendre l’évolution graduelle de la société antillaise ?

— Par Jean-Marie Nol —

L’histoire de la Guadeloupe et de la Martinique est profondément marquée par la période esclavagiste et coloniale, qui a façonné non seulement leurs structures économiques, mais aussi leurs dynamiques sociétales, sociales, politiques et culturelles. Ces îles, autrefois des bastions de l’économie sucrière, ont été les théâtres d’une exploitation humaine systématique, où des générations d’hommes et de femmes réduits en esclavage ont été utilisés comme main-d’œuvre pour enrichir les puissances coloniales. Aujourd’hui encore, cet héritage historique pèse lourdement sur le présent, donnant naissance à un concept fascinant, mais souvent controversé : l’atavisme.

Aujourd’hui encore les principales problématiques comme le mal développement, la vie chère et l’évolution institutionnelle qui occupent le devant de la scène en Guadeloupe et Martinique relèvent de l’atavisme , voire d’une étroite proximité avec la notion récente de  neuropsychologie- généalogie que nous avions déjà explicitée dans une tribune précédente qui demeure plus que jamais lourde de sens et d’actualité .

L’atavisme, au sens strict, désigne la réapparition de traits anciens ou archaïques dans un organisme, un comportement ou une société. Dans le contexte des Antilles, il s’agit de l’idée selon laquelle des caractéristiques économiques, sociales et culturelles héritées de la période coloniale continuent d’influencer les dynamiques sociologiques  actuelles.

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L’avenir économique et financier de la Guadeloupe ne devrait pas se jouer uniquement sur l’autonomie politique  !

— Par Jean-Marie Nol —

L’avenir de la Guadeloupe, et plus largement celui des Antilles françaises, semble se cristalliser autour d’un débat institutionnel complexe et clivant, porté par des aspirations autonomistes renouvelées. Pourtant, derrière les promesses d’un futur émancipé se cache une réalité faite d’incertitudes économiques, de dépendances structurelles et d’enjeux géopolitiques majeurs. La récente tribune du président de région Ary Chalus, plaidant pour un basculement statutaire vers l’autonomie en invoquant l’article 74 de la Constitution française, illustre parfaitement cette tension entre un idéal politique et une absence criante de planification rigoureuse.

L’appel à une autonomie accrue repose sur des arguments qui, à première vue, séduisent par leur rhétorique : consultation populaire, transparence institutionnelle, et promesse d’un épanouissement collectif. Pourtant, ces notions abstraites masquent l’absence de réponses concrètes aux défis structurels. La Guadeloupe, comme la Martinique, souffre d’une économie fragilisée par une dépendance chronique aux transferts financiers de l’État français. Les recettes fiscales locales, comme l’octroi de mer, restent insuffisantes pour pallier les besoins d’un territoire confronté à un chômage endémique, à une inflation galopante et à des infrastructures défaillantes. L’autonomie, synonyme d’une responsabilisation accrue en matière de financement public, pourrait dès lors aggraver les fractures sociales et économiques déjà profondes, d’autant que l’État n’envisage plus de moyens financiers supplémentaires en raison de la situation dégradée des finances publiques.L’économie

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Les causes économiques de la colonisation et les perspectives d’une nouvelle vague coloniale d’ici la prochaine décennie…

— Par Jean-Marie Nol —

La colonisation a toujours été un phénomène ancré dans des motivations économiques. Les grandes puissances européennes des XVIIᵉ et XIXᵉ siècles se sont lancées dans une quête effrénée de territoires, guidées par la nécessité d’accéder à des ressources naturelles et de développer des marchés captifs pour leurs produits manufacturés. Le commerce triangulaire, l’exploitation des matières premières – qu’il s’agisse du pétrole, du caoutchouc, de l’or, ou encore des denrées comme le café et le sucre – a nourri l’essor des empires coloniaux. Mais au-delà de ces moteurs économiques, les entreprises coloniales ont été justifiées par des discours idéologiques, notamment la « mission civilisatrice », qui dissimulaient une volonté d’hégémonie et d’exploitation. Ces logiques ont laissé un héritage d’inégalités mondiales et de dépendances structurelles qui continuent de marquer l’ordre international.

Aujourd’hui, un faisceau de facteurs géopolitiques, économiques et technologiques suggère que nous pourrions assister à une nouvelle vague coloniale, d’une nature certes différente, mais tout aussi coercitive. Si les méthodes de conquête directe des siècles passés semblent dépassées, elles pourraient être remplacées par des formes plus subtiles de domination économique, technologique et militaire.

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Les Antilles face au changement statutaire : pari gagnant ou bien risqué ?

Sous la contrainte des réalités économiques et géopolitiques

— Par Jean-Marie Nol —

Dans un contexte mondial en pleine recomposition géopolitique, les Antilles françaises, plus précisément la Martinique et la Guadeloupe, se retrouvent au cœur d’un débat complexe et clivant : celui de leur statut institutionnel. Alimenté par des aspirations identitaires, des tensions sociales , des blocages financiers et économiques chroniques, ce débat ressurgit à un moment où la France, fragilisée sur la scène internationale, peine à maintenir son influence dans ses territoires ultramarins et au-delà. Les choix à venir pourraient remodeler non seulement l’avenir de ces îles, mais aussi leur positionnement politique dans une région stratégique où se croisent des intérêts locaux et globaux.La conjoncture mondiale actuelle, marquée par une recomposition des rapports de force géostratégiques et économiques, n’épargne aucune région du globe. En Afrique, au Moyen-Orient, dans le Pacifique et même dans les Caraïbes, les dynamiques d’autonomie, de souveraineté et d’émancipation refont surface, alimentées par des contextes locaux et globaux en mutation. La France, historiquement impliquée dans ces régions, se trouve aujourd’hui dans une position délicate, notamment face à des puissances comme les États-Unis, qui poursuivent des politiques de protectionnisme agressif et d’affirmation  de leur domination géostratégique.

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Panorama des menaces existentielles qui pèseront bientôt sur la Martinique et la Guadeloupe !

— Par Jean-Marie Nol —
La Martinique et la Guadeloupe qui dépendent de façon politique étroite mais surtout intrinsèquement liées de façon viscérale à la situation financière, économique et sociale de la France se trouvent à un tournant décisif alors que la décennie avance de manière chaotique avec crise combinée à une revendication locale d’autodétermination  à peine voilée . Et pourtant, nous sommes confrontés sans fard à une question institutionnelle, mais surtout à des enjeux économiques complexes et interdépendants qui façonneront prochainement notre avenir. En effet, nous serons confrontés demain à un des grands défis économiques de notre époque, à savoir l’émergence d’un monde où il n’y a plus assez de travail rémunéré pour tous, à cause des bouleversements technologiques qui se profilent, et aux différentes conséquences qui en résultent, c’est à dire la fin de la recherche d’une croissance effrénée, la perte de ressources fiscales pour les collectivités locales, le déclin du modèle social français , l’augmentation du chômage du fait de la destruction créatrice, l’accroissement des inégalités, l’affirmation du pouvoir des grandes entreprises, ou encore la quête éperdument du sens de l’existence pour un grand nombre d’individus dans une société qui n’est plus essentiellement laborieuse.

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Faut-il s’inquiéter de perspectives éconmiqques peu réjouissantes?

Les perspectives économiques pour 2025 ne semblent guère réjouissantes : alors faut – il s’inquiéter ?

—Par Jean-Marie Nol —

Les perspectives économiques pour 2025 semblent incertaines dans de nombreux pays, en raison de plusieurs facteurs tels que l’inflation persistante, les tensions géopolitiques, la hausse des taux d’intérêt et les défis liés à la transition écologique et énergétique. Cependant, il est important de nuancer et de ne pas céder à un pessimisme excessif.Il est légitime de rester vigilant, mais il faut aussi garder à l’esprit que l’économie est cyclique et qu’elle peut rebondir grâce à des ajustements stratégiques. Cela passera nécessairement par une réforme du  modèle économique antillais sans le casser par une autonomie politique jugée illusoire . C’est là une stratégie prudente et nécessaire !

Les Antilles françaises, en particulier la Guadeloupe, s’inscrivent dans un cadre économique marqué par l’héritage de la départementalisation. Ce modèle, bien que actuellement à bout de souffle et critiqué pour sa dépendance à l’égard des transferts financiers de l’État français, a permis d’assurer une stabilité économique et sociale dans un environnement insulaire soumis à des contraintes structurelles importantes.

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De l’impérieuse nécessité d’organiser et orienter nos relations économiques vers le Canada

— Par Jean-Marie Nol —

Les Antilles françaises, en particulier la Guadeloupe et la Martinique, sont encore loin d’être à un tournant de leur histoire économique. L’économie de ces îles reste largement tributaire des échanges avec la France métropolitaine, un modèle hérité de l’époque coloniale qui limite leur capacité à diversifier leurs partenaires et à développer des secteurs stratégiques autonomes. Une orientation vers des relations économiques renforcées avec le Canada pourrait offrir une voie alternative pour rompre avec cette exclusivité historique et poser les bases d’un nouveau modèle de développement productif, axé sur l’agroalimentaire et l’innovation.Le président du Conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, Serge Letchimy, a récemment exprimé ses vœux pour l’année à venir, tout en dressant un bilan des actions menées au cours de son mandat. Si le discours met en lumière les réalisations économiques des douze derniers mois, il conclut sur une réflexion plus large : la nécessité de s’engager vers un nouveau modèle de développement. Et force est de constater que dans son esprit, Serge Letchimy pense surtout à une coopération renforcée avec la région Caraïbe à travers l’adhésion au CARICOM.

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