Catégorie : Sciences Sociales

Bicentenaire de la Dette d’Haïti : Reconnaissance, Réparations et Mémoire

— Par Jean Samblé —

Le 17 avril 2025 marquera le bicentenaire de l’ordonnance royale de 1825, par laquelle le roi Charles X a imposé à Haïti une indemnité exorbitante pour reconnaître son indépendance. Cette décision historique, qui a marqué un tournant dans les relations entre la France et Haïti, a entraîné une domination financière de la France sur Haïti pendant près d’un siècle, instaurant un mécanisme néocolonial d’exploitation qui pèse encore aujourd’hui sur les mémoires.

À cette occasion, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME), en partenariat avec les Archives Nationales, organise un événement exceptionnel le 17 avril 2025 aux Archives Nationales, situées au 59 rue Guyemer à Pierrefitte-sur-Seine, pour revenir sur cet événement inouï et injuste. Cet événement permettra de reconnaître officiellement l’injustice historique de cette dette imposée à Haïti, une question qui n’a jamais été véritablement reconnue par l’État français, et qui a influencé les relations entre les deux pays pendant plus d’un siècle.

Programme de la manifestation du bicentenaire

  1. Exposition documentaire : Des documents originaux relatifs à l’indemnité de 1825 seront exposés, permettant au public de se confronter à l’ampleur de cet emprisonnement économique et historique imposé à Haïti.

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Réduire la dépense publique : les collectivités locales en ligne de mire

40 milliards d’économies à trouver pour le budget 2026 : l’État coupe dans la dépense publique , les territoires d’outre-mer vont trinquer !

— Par Jean-Marie Nol —

Le gouvernement français s’apprête à lancer l’un des chantiers budgétaires les plus ambitieux de ces dernières années. Objectif : réduire le déficit public à 4,6 % du PIB d’ici 2026. Vers une cure d’austérité dans le projet de budget 2026 ?
Une trajectoire de redressement imposante, qui exigera, selon le ministre de l’Économie Eric Lombard, pas moins de 40 milliards d’euros d’efforts supplémentaires. Cet effort de réduction de la dépense publique «très considérable» reposera «essentiellement sur des économies» selon le ministre. Eric Lombard, qui est l’ancien directeur de la Caisse des dépôts se refuse à qualifier ces 40 milliards d’euros d’efforts de «cure d’austérité». «Ce n’est pas le bon mot, car la réalité est que nous dépensons en dépenses publiques 57% de la richesse nationale. C’est 10% supérieur à la moyenne européenne, affirme-t-il. Nous dépensons beaucoup et nous pensons que nous pouvons dépenser mieux.» Le gouvernement entend toujours ramener le déficit public à 5,4% du PIB cette année, un objectif «tenable car nous avons décidé la semaine dernière de diminuer de 5 milliards d’euros les dépenses».

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Les Ateliers Numériklub by Parallel 14 Academy, au Lamentin

Des ateliers fun et créatifs pour les jeunes les 22-23 et 24-25 avril

Les jeunes martiniquais sont appelés à jouer un rôle clé dans l’avenir numérique de l’île. Pour répondre à ce défi, Parallel 14 Academy propose les ateliers Numériklub, une expérience unique qui allie créativité et apprentissage dans un cadre ludique et pédagogique, permettant aux jeunes de se positionner comme acteurs majeurs de cette évolution numérique. Les vacances de Pâques sont l’occasion idéale pour que ces jeunes de 10 à 18 ans découvrent l’univers du numérique et du numérique.

Leader dans la formation aux métiers de l’animation 3D, du jeu vidéo, des effets spéciaux et de la communication visuelle, Parallel 14 Academy dispense ces ateliers Numériklub en groupes réduits à 8 participants pour une attention personnalisée. Les jeunes bénéficient d’un encadrement par une équipe professionnelle accueillante et dynamique, dans un cadre propice à la stimulation de la créativité. L’objectif est double : développer de nouvelles compétences et créer de nouvelles passions, voire des vocations. Cette initiation se fait grâce à une pédagogie ludique et adaptée aux différents âges.

Ainsi, les 22-23 et 24-25 avril, les ateliers au choix : ● Dessin numérique : pour dessiner sur une tablette numérique ● Modélisation 3D : pour modéliser en trois dimensions un personnage mangaka ● Programmation de jeux vidéo : pour créer son propre jeu vidéo

Infos Pratiques :

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Le « Grand Dérangement » : une mémoire en marche au Morne-Rouge

L’inauguration du Chemin des Acadiens, au cœur du Morne-Rouge, marque une étape essentielle dans la reconnaissance d’un épisode longtemps méconnu de l’histoire martiniquaise : celui de l’arrivée des Acadiens, ces réfugiés de la Nouvelle-France, chassés de leurs terres lors du « Grand Dérangement », entre 1755 et 1763.

Lire aussi sur Madinin-Art : : Capitulation de Port-la-Joye et début de la déportation de l’île Saint-Jean le 17 août 1758.

Le Grand Dérangement, c’est le nom donné à la déportation massive des Acadiens, ces colons français établis depuis le XVIIe siècle dans les provinces atlantiques du Canada actuel (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard). Victimes d’une politique de nettoyage ethnique menée par les Britanniques, environ 14 000 personnes furent arrachées à leurs villages, leurs maisons incendiées, leur bétail confisqué, leurs familles dispersées à travers les colonies britanniques, l’Angleterre et la France.

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Max Romeo, figure emblématique du reggae roots, s’est éteint à 80 ans

Le chanteur jamaïcain Max Romeo, de son vrai nom Maxwell Livingston Smith, est décédé le vendredi 11 avril 2025, à l’âge de 80 ans, dans un hôpital privé de Saint Andrew, en Jamaïque, des suites de complications cardiaques. Il avait été hospitalisé quelques jours auparavant pour des difficultés respiratoires.

Né en 1944 dans la paroisse de Saint Ann, Max Romeo grandit dans un contexte rural et travaille dans une plantation de canne à sucre avant de s’orienter vers la musique. À l’âge de 18 ans, il rejoint la capitale Kingston, où il intègre le groupe vocal The Emotions, qui rencontre un certain succès dans les années 1960. C’est à cette époque qu’il adopte le pseudonyme de « Romeo », en lien avec ses premières chansons de style lovers rock, aux accents romantiques.

Il entame une carrière solo à la fin des années 1960. En 1969, son titre Wet Dream, à la tonalité sexuelle explicite, devient un tube au Royaume-Uni, malgré – ou à cause – de sa censure sur de nombreuses radios, dont la BBC.

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Entre héritage et avenir : les bases idéologiques et doctrinales de l’autonomie antillaise en question ?

— Par Jean-Marie Nol —

Les Antilles françaises, terres de mémoire et de métissage, ont vu naître deux des courants intellectuels les plus profonds du monde postcolonial : la Négritude, portée par Aimé Césaire , Léopold Léopold Sédar , Léon – Gontran Damas, et la Créolité, défendue notamment par Édouard Glissant, Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau. Si ces mouvements se sont d’abord déployés dans le champ littéraire, ils ont très vite pris une dimension politique, en tant qu’idéologies structurantes d’une pensée antillaise en quête de souveraineté culturelle et de reconnaissance. Cependant, à l’heure où les territoires ultramarins sont confrontés à de profondes tensions économiques et sociales, ces grands récits de la réaffirmation identitaire semblent aujourd’hui entrer en décalage avec les réalités concrètes du terrain. En particulier, leur capacité à nourrir un projet d’autonomie économique demeure incertaine.

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Guadeloupe : L’urgence économique sans illusion politique

Pourquoi l’économie de la Guadeloupe sera demain avec l’autonomie sur le fil du rasoir ?

— Par Jean-Marie Nol —

La Guadeloupe traverse une période de profonde remise en question, non seulement sociétale et politique, mais surtout économique. Si les débats publics sont souvent polarisés autour de la thématique identitaire et de la question institutionnelle – faut-il rester un département-région d’outre-mer ou évoluer vers un autre statut ? – il semble que cette interrogation détourne l’attention du problème fondamental : un modèle économique qui montre des signes structurels d’épuisement, d’inefficacité et d’inadaptation. Il devient dès lors urgent de réfléchir à une réforme en profondeur de ce modèle, sans attendre un hypothétique changement institutionnel qui ne saurait en aucun cas être la panacée pour régler les problèmes inhérents au mal – développement. Bien au contraire, en l’état actuel de la crise des finances publiques de la France hexagonale qui n’a plus les ressources financières nécessaires pour injecter de l’argent public dans le circuit économique de la Guadeloupe pour pallier l’absence de trésorerie et les déficits des collectivités locales , le changement statutaire article 74 serait un dangereux recul pour la population de la Guadeloupe.

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Légère hausse de la mortalité infantile en France depuis 2011

Une mortalité infantile deux fois plus élevée dans les DROM que dans l’hexagone

En 2024, le taux de mortalité infantile en France s’élève à 4,1 décès pour 1 000 naissances vivantes, soit environ 2 700 enfants morts avant leur premier anniversaire. Cela signifie qu’en moyenne, un enfant sur 250 décède au cours de sa première année de vie. Un quart de ces décès survient le jour même de la naissance, la moitié entre 1 et 27 jours, et le dernier quart entre 28 jours et un an (période post-néonatale).

Entre 1993 et 1995, la mortalité infantile avait fortement chuté (-25 %), notamment grâce à la baisse de la mortalité post-néonatale (-41 %), sous l’effet des campagnes de prévention contre la mort subite du nourrisson (couchage sur le dos, lit dégagé, etc.). De 1995 à 2011, cette baisse s’est poursuivie, mais de façon plus modérée.

Depuis 2011, on observe une légère remontée du taux, passé de 3,5 ‰ à 4,1 ‰ en 2024. Cette hausse est due principalement à une augmentation des décès survenant entre 1 et 27 jours (de 1,5 ‰ à 2,0 ‰), tandis que la mortalité le jour de la naissance et après 28 jours reste stable.

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Les droits de douane entre l’UE et les États-Unis en sept questions

Le président américain Donald Trump ayant annoncé sa volonté de conduire une politique plus protectionniste et surtout « réciproque », les droits de douane sont à nouveau à l’ordre du jour du commerce mondial. On vous explique en sept questions les enjeux et les effets potentiels pour les Européens de la politique américaine.

L’imposition de droits de douane relève de la compétence exclusive de la Commission européenne en matière de commerce extérieur. La France, par exemple, en tant qu’État membre, ne peut pas seule imposer des droits de douane.Membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) comme le sont les États-Unis, l’Union européenne (UE) n’est autorisée à appliquer des droits de douane qu’en réponse à des pratiques discriminatoires non conformes aux règles de l’OMC. Les règles édictées par l’OMC interdisent l’instauration de droits de douane entre pays membres, les droits de douane étant supposés enfreindre la libre circulation des marchandises. Ils peuvent cependant être mis en œuvre en cas de réponse à des mesures de dumping ou d’autres pratiques discriminatoires non conformes aux règles de l’OMC.

De tels droits de douane sont, en outre, la prolongation d’un ancien principe, la préférence communautaire, populaire surtout au début de la construction européenne.

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Un coup de pouce de la Caf pour financer votre Bafa

Le brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa) et le brevet d’aptitude aux fonctions de directeur (BAFD) sont indispensables pour travailler dans un centre de loisirs ou une colonie de vacances.

La formation se déroule en 3 temps :

  • une formation générale de 8 jours ;
  • un stage pratique de 14 jours ;
  • un approfondissement de 6 jours ou une qualification de 8 jours.

Ces étapes peuvent être effectuées en internat (avec hébergement) ou en demi-pension (sans hébergement, avec le repas du midi).

Rappel

Pour devenir animateur, vous pourrez vous inscrire en formation au Bafa dès l’âge de 15 ans et 6 mois et être âgé d’au moins 16 ans au premier jour de la session de formation générale.

S’inscrire au Bafa

Pour vous inscrire, rendez-vous sur le site dédié au Bafa/BAFD. Si vous avez moins de 18 ans, vous devez fournir une autorisation parentale. Différents organismes de formation vous sont proposés.

Financer son Bafa

La formation au Bafa est payante et peut être coûteuse. Son coût n’est pas fixe, il varie selon les organismes. Le budget va de 700 € à 1 000 € pour la formation complète.

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Violences systémiques dans les milieux artistiques : un rapport choc pour un changement en profondeur

— Par Sabrina Solar —

Le rapport de la commission d’enquête sur les violences dans les milieux artistiques, publié le 9 avril 2025, met en lumière une réalité accablante : des abus systématiques et persistants au sein des secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. Cette enquête, présidée par Sandrine Rousseau, a permis de recueillir de nombreux témoignages et d’analyser les mécanismes profonds qui permettent à ces violences de perdurer. Le rapport final, rédigé par Erwan Balanant, dresse un état des lieux alarmant et propose 86 recommandations destinées à changer en profondeur ce milieu longtemps marqué par l’omerta et l’impunité.

Une culture de la violence systématique et une omerta persistante

L’enquête a mis en évidence un phénomène généralisé de violences sexistes et sexuelles, ainsi que de harcèlements, qui s’enracinent dans une culture patriarcale et sexiste propre au monde de la création artistique.

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Guadeloupe : le crépuscule d’une classe moyenne

— Par Jean-Marie Nol —

La classe moyenne guadeloupéenne désormais coincée entre déclassement économique, désillusions sociales et insécurité croissante .

Autrefois pilier de la société antillaise moderne, héritière des « trente glorieuses » et de la départementalisation, la classe moyenne guadeloupéenne vacille dangereusement sous l’effet conjugué de la crise économique et de la poussée de la violence juvénile .

La société antillaise telle qu’on la connaissait aurait -t-elle disparue ?

Bien qu’aucune statistique ne confirme clairement sa lente décomposition et son inexorable paupérisation , le sentiment de déclassement y est de plus en plus prégnant, tout comme l’angoisse liée au pouvoir d’achat, à la perte de repères sociaux et à l’insécurité grandissante. Ce malaise s’apparente à une érosion lente mais continue, qui bouleverse les équilibres d’une société guadeloupéenne en mutation.

Selon une étude récente de l’INSEE, plus d’un tiers des Guadeloupéens appartient à cette catégorie dite « moyenne », coincée entre les 45 % les plus modestes et les 15 % les plus aisés.

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Sciences attaquées : nouvelle mobilisation Stand Up For Science

— Par Marie Vabre —

Digne d’un roman de George Orwell, Donald Trump mène chaque jour une guerre dystopique contre la science – mais pas seulement  : détentions ou expulsions de scientifiques et d’étudiant·es, licenciements en masse, intimidations, censures, gels de financements, entraves à la collaboration scientifique internationale, etc. Aucune discipline n’est épargnée : études de la diversité et sciences sociales, du climat et de l’environnement, recherche médicale en santé publique… Les enquêtes menées actuellement sur plus de 50 universités sont délétères.

L’administration Trump s’en prend à tous les postes et les organes perçus comme des opposants, considérant que leur travail va à l’encontre de son idéologie, son agenda conservateur et ses intérêts financiers. “La nouveauté, c’est la vitesse et l’intensité. En trois mois à peine, on assiste à une mise sous pression qui dépasse largement le précédent mandat“, observe Virginie Adane, maîtresse de conférences en histoire moderne à Nantes Université.

Le SOS des scientifiques états-uniens

De nombreux organismes de recherche et de régulation ont subi les attaques violentes du DOGE, le département de l’efficacité gouvernementale d’Elon Musk.

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Jean-Claude Montredon (1949–2025)

Percussionniste et batteur martiniquais

Jean-Claude Montredon est né le 23 septembre 1949 à Fort-de-France, en Martinique. Il grandit rue de la Batterie, dans un environnement familial où la musique occupe une place centrale. Sa mère, Clotilde, l’encourage dans cette voie, lui offrant notamment un poste à galène qu’il assemble lui-même. C’est grâce à cet appareil qu’il capte les ondes de Voice of America et découvre le jazz — une révélation qui influencera durablement son orientation musicale.

Dès l’âge de 12 ans, il se consacre aux percussions, explorant d’abord les congas, les bongos puis les timbales. Parallèlement, il pratique l’aïkido, discipline au sein de laquelle il fait la connaissance du chanteur Francisco. Ce dernier le met en contact avec plusieurs figures majeures de la musique martiniquaise, dont Henri Guédon, Eugène Mona et Léon Sainte-Rose. Ces rencontres fondatrices lui permettent de s’insérer dans un réseau d’artistes affirmés et d’acquérir une solide formation sur le terrain.

En 1967, une étape décisive est franchie lorsqu’il rejoint l’orchestre de Marius Cultier, pianiste et compositeur influent. Cultier le pousse à délaisser les percussions pour la batterie, malgré le fait qu’il soit gaucher.

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Pour un modèle agricole enfin, et réellement vivrier !

— Par Max Dorléans (GRS) —

Alors qu’aujourd’hui, toute la classe politique européenne dominante discute des orientations économiques (et politiques) à mettre en œuvre pour faire face aux attaques (augmentation des droits de douane sur les produits européens) de Donald Trump, nous ne devons pas continuer d’être des spectateurs passifs, et ne pas se saisir nous aussi, des turbulences dans la mondialisation capitaliste, pour réfléchir au modèle économique dominant qui nous a été depuis belle lurette imposé. Et notamment au modèle agricole de casi monoproduction de bananes et de canne à sucre.

En effet, avec la crise multidimensionnelle du capitalisme mondialisé, comment peut-on ne pas poser clairement la question de notre dépendance alimentaire, notamment à la question de que faire pour construire un modèle agricole radicalement différent, basé sur ce à quoi doit servir avant tout l’agriculture, à savoir nourrir la population. Un modèle bannissant donc la culture dominante de bananes et de canne, pour mettre en place une production agricole vivrière satisfaisant les besoins alimentaires essentiels de la population.

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Une interview qui fera date : celle du professeur Justin Daniel sur Martinique 1ère

— Par Pierre-Alex Marie-Anne —

Le 20 Mars 2025 est à marquer d’une pierre blanche, pour la première fois, on a pu entendre sur le média TV officiel une analyse objective de la situation de la Martinique. Le constat qui en ressort est que notre petite île se meurt sous l’effet combiné de son effondrement démographique et de l’impuissance à agir de l’actuelle gouvernance de la CTM, sur fond de développement exponentiel du narcotrafic. Pour l’éminent professeur, le modèle de gouvernance hérité de l’après-guerre est épuisé ; la logique qui le sous-tendait, celui de l’État providence a atteint ses limites, l’État n’ayant plus les moyens d’assurer le financement des transferts publics et sociaux qui le caractérisaient. Il considère d’ailleurs que si ce système à,permis des progrès substantiels en matière de conditions de vie, il n’a pas pour autant supprimé les déséquilibres et inégalités structurelles pré-existants dans la société coloniale, d’où les tensions actuelles exacerbées qui prennent une coloration identitaire et socio-raciale. Cette donnée fondamentale devrait en conséquence être au centre des préoccupations et de l’action des responsables de cette collectivité majeure pour selon ses termes: «dégager pour ce territoire une vision, une ambition et des perspectives».

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La responsabilité locale avec l’autonomie sans une réforme du modèle économique est une impasse !

— Par Jean-Marie Nol —

L’idée d’une autonomie accrue pour les territoires antillais revient régulièrement sur le devant de la scène politique, portée tantôt par des convictions identitaires, tantôt comme une réponse aux blocages du modèle actuel. Pourtant, dans un contexte de déclin économique accéléré, de désagrégation sociale et d’effritement des repères institutionnels, poser la question de l’autonomie sans réforme préalable du modèle économique relève non seulement d’une illusion dangereuse, mais aussi d’un déni de réalité.

Aujourd’hui, la Guadeloupe et la Martinique ne sont pas au bord d’une simple crise conjoncturelle ; elles sont engagées dans un basculement structurel profond, dont les racines plongent dans plusieurs décennies de dépendance aux transferts financiers de l’État, à une économie extravertie et à un modèle institutionnel figé. Le spectre de la récession n’est plus théorique. La récession économique qui s’annonce en Guadeloupe et en Martinique n’est plus un scénario de science-fiction. Elle est en marche, inexorable, fruit d’un enchaînement de facteurs internationaux, nationaux et locaux, dont les effets cumulatifs révèlent l’ampleur d’un déclin bien plus profond qu’une simple baisse conjoncturelle d’activité. Ce que vivent aujourd’hui les Antilles françaises, c’est un basculement systémique, un effritement progressif de leur modèle économique, social et institutionnel.

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Cacao, les nouveaux défis d’une culture millénaire

— Par Christian Cilas (*) —

Riche et complexe, l’histoire du cacaoyer remonte à environ 3500 av. J.-C. Les Olmèques, l’une des premières civilisations mésoaméricaines, sont souvent considérés comme les premiers à l’avoir cultivé. Ils utilisaient les fèves pour préparer une boisson amère, qui était fréquemment agrémentée d’épices et de piments. Des recherches encore plus récentes indiquent que le recours aux fèves de cacao existait déjà dans la haute Amazonie (actuellement l’Équateur et le Pérou) aux alentours de 5000 av. J.-C.. Les premières plantations organisées, néanmoins, semblent avoir été réalisées dans la région de Soconusco par les Aztèques et les Mayas, parfois avec des systèmes de drainage et d’irrigation.

Le cacao tenait chez les Mayas une place centrale : ils y voyaient un don des dieux et s’en servaient dans des cérémonies religieuses, souvent mélangé avec de l’eau, du miel et des épices pour créer une boisson festive, appelée “xocolatl”. Les fèves de cacao étaient également utilisées comme monnaie, ce qui témoigne de leur valeur économique. Les Aztèques, qui ont succédé aux Mayas, bien que les deux civilisations aient coexisté pendant plusieurs siècles, ont continué cette tradition.Lorsque

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Quand la République ferme les yeux sur le racisme : Indignation à géométrie variable !

— Par Éric Cabéria & Christian Jean-Étienne (*)

L’agression antisémite d’un rabbin à Orléans a suscité des condamnations immédiates des plus hautes autorités de l’État. Mais lorsqu’il s’agit de racisme anti-Noirs ou anti-Arabes, la République regarde ailleurs. Jusqu’à quand ?

Samedi dernier 29 mars 2025, la 8 ème édition des marches de la solidarité, baptisée journée mondiale contre le racisme et le fascisme, rassemblait plus de 90 000 personnes dans les rues, une manifestation appelée par 220 associations et syndicats contre le racisme et l’extrême droite. Une manifestation puissante, portée par des citoyens conscients de l’urgence d’une société plus juste. Mais un incident en marge — l’agression d’un rabbin par un adolescent de 16 ans — a suffi à mobiliser l’appareil d’État : le Président, le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, tous ont pris la parole, dénonçant avec vigueur « le poison de l’antisémitisme ».

Soit. L’antisémitisme est une abomination. Il doit être combattu avec détermination.

Mais où est cette même vigueur quand le racisme vise les Noirs ou les Arabes ? Où sont les déclarations solennelles, les condamnations officielles, les tweets républicains, quand la négrophobie frappe ?

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La récession économique aux Antilles n’est plus une option à écarter avec la crise mondiale.

— Par Jean-Marie Nol —

La récente décision du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douane substantiels, notamment une taxe de 20 % sur les produits européens et 10% sur les produits de la Guadeloupe et Martinique , suscite de vives inquiétudes quant à une possible récession mondiale accompagnée d’une poussée inflationniste. Les experts et économistes s’accordent à dire que ces mesures protectionnistes pourraient avoir des conséquences néfastes sur l’économie mondiale et, en particulier, sur la France.

Les marchés financiers ont réagi négativement à l’annonce de ces tarifs douaniers. Les indices boursiers américains et internationaux ont connu des baisses significatives, reflétant les craintes d’une escalade des tensions commerciales et d’un ralentissement économique global. Les investisseurs se tournent vers des valeurs refuges, telles que l’or, témoignant de l’incertitude ambiante.

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a mis en garde contre les effets délétères de ces guerres commerciales sur la croissance mondiale et l’inflation. Selon l’OMC, les politiques commerciales de Donald Trump pourraient réduire le commerce mondial de marchandises d’environ 1 % en volume cette année, augmentant le risque de récession mondiale.

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L’éphéméride du 5 avril

Il y a cinquante-deux ans, le 5 avril 1971, le manifeste des 343 : un acte de désobéissance civile

— Par l’Union des Femmes de Martinique —

Le 5 avril 1971, le Nouvel Observateur crée le scandale en France avec un numéro qui révèle les noms de 343 femmes révélant avoir avorté illégalement. La contraception, légalisée depuis 1967, est quasi inexistante et l’Église comme l’Ordre des médecins refusent toute idée d’une modification de la loi de 1920 qui interdit l’avortement.

Or les femmes avortent quand même. Les plus aisées partaient à l’étranger, celles qui n’ont pas les moyens ont recours à toutes sortes de pratiques dans des conditions humaines déplorables et au péril de leur vies.

Ce 5 avril 1971, Le Mouvement de Libération des Femmes (MLF), pose un acte de désobéissance civile et pour la première fois la question d’un « droit à l’avortement » est posé sur le devant de la scène. Cet acte de bravoure sera suivi des procès de Bobigny d’octobre – novembre 1972, Michele Chevalier mère de Marie Claire (16 ans) dénoncée par son violeur pour avoir pratiqué un avortement clandestin et 4 autres adultes sont défendues par Gisèle Halimi.

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Pollution de l’air : les zones à faibles émissions (ZFE) en quatre questions

La suppression des zones à faibles émissions (ZFE) a été votée en commission à l’Assemblée nationale le 27 mars 2025, dans le cadre du projet de loi de simplification de la vie économique. Mais en quoi consistent exactement les ZFE ? Pourquoi sont-elles remises en cause ? L’essentiel en quatre questions.

Une ZFE est un espace dans lequel le trafic des véhicules les plus polluants est limité. La ZFE a remplacé la zone à circulation restreinte (ZCR) avec la loi d’orientation des mobilités (LOM) de décembre 2019. Les ZFE ont été mises en place dans les agglomérations pour répondre aux normes européennes de qualité de l’air lorsqu’elles sont dépassées (40 000 décès par an sont dus aux émissions de particules fines selon Santé publique France). L’objectif est d’inciter les automobilistes à acheter des véhicules moins polluants.

À cet égard, l’État a été condamné plusieurs fois et sous astreinte à prendre des mesures contre la pollution de l’air (décision du Conseil d’État du 24 novembre 2023, notamment).

La loi climat et résilience du 22 août 2021 a étendu les ZFE à toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants en cas de dépassements des valeurs recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins trois années sur les cinq dernières années civiles.

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Campagne de renouvellement vaccinal pour les plus âgés et les plus vulnérables

Une nouvelle campagne de vaccination aura lieu au printemps 2025. Destinée à protéger dans la durée les personnes les plus âgées et les plus vulnérables, elle est organisée conformément à l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS). À qui s’adresse ce renouvellement vaccinal ? On vous donne toutes les informations.

Qui est concerné ?

Selon l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) du 27 février 2025, le renouvellement vaccinal prévu au printemps 2025 vise à protéger les personnes les plus à risque de développer une forme grave de la maladie, notamment à l’approche de la période estivale durant laquelle une circulation du virus a été observée les années précédentes.

Sont concernées :

  • les personnes âgées de 80 ans et plus ;
  • les personnes immunodéprimées, quel que soit leur âge ;
  • les personnes résidant en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ou en USLD (unités de soins de longue durée), quel que soit leur âge ;
  • et toute personne à très haut risque selon chaque situation médicale individuelle et dans le cadre d’une décision médicale partagée avec l’équipe soignante.

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De rockstar à tueur : l’affaire Cantat sous un nouveau jour

— Par Sarha Fauré —

De rockstar à tueur : le cas Cantat est une série-documentaire saisissante qui plonge dans l’histoire complexe et tragique de Bertrand Cantat, le chanteur du groupe mythique Noir Désir, et de l’affaire qui a bouleversé la France : la mort de l’actrice Marie Trintignant. Réalisée par Anne-Sophie Jahn, Zoé de Bussierre, Karine Dusfour et Nicolas Lartigue, cette mini-série en trois épisodes de 40 minutes, disponible depuis le 27 mars 2025 sur Netflix, explore l’évolution de cette affaire au fil des années et le traitement médiatique qui en a été fait. Elle interroge non seulement les circonstances de la mort de Trintignant, mais aussi les mécanismes sociaux et médiatiques qui ont permis à Bertrand Cantat de rester une figure admirée pendant longtemps, malgré sa responsabilité dans cette tragédie.

L’histoire tragique de Marie Trintignant et Bertrand Cantat

Le 26 juillet 2003, dans un hôtel à Vilnius, en Lituanie, Marie Trintignant est rouée de coups par son compagnon, Bertrand Cantat. Dix-neuf coups violents qui la plongent dans le coma, et six jours plus tard, elle succombe à ses blessures.

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Les Antilles face à l’évolution d’une société du risque d’ici 2030 ?

— Par Jean-Marie Nol —

Les Antilles sont confrontées à une transformation sociétale et économique profonde qui, si elle n’est pas anticipée et gérée avec lucidité, pourrait entraîner une crise systémique durable. L’érosion de la démographie, l’affaiblissement du tissu économique local, l’exil des forces vives et la fragmentation sociale sont autant de défis qui modifient structurellement ces territoires ultramarins.La société antillaise moderne se désagrège lentement mais sûrement sous l’effet de la crise économique et de la révolution technologique, et cette mutation profonde s’observe à travers divers phénomènes , notamment l’augmentation du nombre de divorces tardifs, la baisse de la natalité et la montée du célibat. Ces tendances dessinent une réalité sociale nouvelle où les relations humaines se transforment sous l’impulsion du progrès technologique et de l’évolution des mentalités.

La désagrégation progressive de la société antillaise sous l’effet de la crise est une réalité inéluctable, dont les symptômes se manifestent à travers de multiples dynamiques économiques, sociales et démographiques. La dernière étude de l’Insee met en exergue une baisse tragique de la population en Guadeloupe et en Martinique, laissant présager une crise du vieillissement et des migrations qui viendra encore fragiliser des territoires déjà en proie à de profondes difficultés.

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