Catégorie : Poésies

Kouri vidé an lari Sentespri

(épi lé personaj ek chanté tradisionel)

—Par Daniel M. Berté —

An won Kalipso-a
Travesti… pou gran ek piti… pa rété-la ! sòti !
« Démaré, déméré, démaré vidé-a ! »

Lari Djédon
Bwabwa… an vidé-a sé li ki wa… ou pé di sa papa !
« Lapooo déchiré ! Lapo bonda vaval déchiré !»

Won lagrann Fontèn
Djab-rouj… ki sòti jis Mòn Rouj… abiyé toutan rouj !
« Ou ! ou ! vwasi le lou ! Ou ! ou ! vwasi le lou ! » 

Lari Chelchè
Karolin-zié-kokli… i ka pòté nonm-li… ki boulé o wiski !
« Banmba kola ! Ròzémé, Ròzémé manmay-la ! »

Bò lanméri
Mèdsen-lopital… ki sòti Bodkannal… pou kouri kannaval!
« Mi bissuiya ! Rosé ! Yanna pou lé zanfan ! Rosé ! »

Won man Bonè
Mawriaj-birles… yo ka fè an lanmes… pou an béni-konmes !
«Rena ou anmen poul ! Lanméri Fodfrans-la, sé pa an poulayé »  

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« Une âme d’ânée… », « Poétique Polémique vs Politique » & « Décolonialisme » par Patrick Mathelié-Guinlet

Une âme d’ânée…

Je suis une tête de mule,
résistant qui fait des émules
mais le grand nombre des années
pèse sur moi comme une ânée !

Si l’âne, ce pauvre animal,
non content d’être un exploité,
est injustement méprisé
alors qu’il ne fait aucun mal,

chargé de tous maux de la terre
et voué comme une âme damnée
depuis sa naissance à l’enfer,
on n’a jamais pu lui ôter

sa faculté à résister…
Aussi, n’ayant jamais cessé
de considérer comme un frère
cet autre damné de la terre,

je persiste à me rebeller
et à ne point me laisser faire
par les champions de l’oppression,
de la carotte et du bâton !

À la mémoire de Cadichon*
j’ai voulu écrire ces vers
pour qu’on cesse d’être sévère
avec cet âne doux et bon…

* l’âne intelligent, héros des “Mémoires d’un âne” de la comtesse de Ségur.

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Doulè an dé…

— Par Daniel M. Berté —

Doulè ka défonsé-mwen, débousolé-mwen
Doulè ka démonté-mwen, dékonekté-mwen
Doulè ka dérayé-mwen, dékourajé-mwen
Doulè ka dékalé-mwen, défòrmé-mwen
Doulè ka démantibilé-mwen, dégrenné-mwen
Doulè ka dékalbiché-mwen, dégradé-mwen
Doulè ka dépotjolé-mwen, dévidé-mwen
Doulè ka dérasiné-mwen, démantlé-mwen
Doulè ka déchiktayé-mwen, démanbré-mwen
Doulè ka débiélé-mwen, dépouyé-mwen
Doulè ka déservélé-mwen, déplimé-mwen
Doulè ka dézékilibré-mwen, déréglé-mwen
Doulè ka dékatjé-mwen, dézakòwdé-mwen
Doulè ka dékalfoutjé-mwen, dézawsonné-mwen
Doulè ka dékalfouné-mwen, dézaksé-mwen
Doulè ka dézabiyé-mwen, défolmanté-mwen
Doulè ka dématé-mwen, dézespéré-mwen
Doulè ka dékoupé-mwen, dézoriyanté-mwen
Doulè ka défwisiyé-mwen, dévoré-mwen
Doulè ka déprélé-mwen, dévitalizé-mwen
Doulè ka dévasté-mwen, démoralizé-mwen,
Doulè ka déjwenté-mwen, déchiré-mwen
Doulè ka dékapité-mwen, démouné-mwen
Doulè ka déberté-mwen, dé-telman-mwen ki…
Doulè sé mwen, mwen sé Doulè

Daniel M. Berté 40122

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Un stage d’écriture avec Lyonel Trouillot

— Par Selim Lander —

L’association Balisaille a organisé à la médiathèque de Saint-Esprit un stage d’écriture poétique animé par Lionel Trouillot, écrivain haïtien internationalement connu dont l’œuvre multiforme – romans, poèmes, essais – a été couronnée de plusieurs prix.

Une vingtaine de participants se sont retrouvés tous les soirs de semaine ou presque, plus un samedi, du 18 au 28 janvier, bravant courageusement pour ceux qui se trouvaient éloignés de Saint-Esprit les difficultés de la circulation. Une écrasante majorité de femmes parmi les participants, les hommes étant sans doute moins nombreux de nos jours à posséder à la fois l’envie et la capacité de s’exprimer avec des mots et ceux qui néanmoins le sont étant davantage attirés par d’autres formes que la poésie au sens strict, terme quelque peu suranné à leurs yeux. La poésie qui pourtant, de nos jours, n’a plus vraiment de règle.

On pouvait le vérifier en assistant ce samedi 28 janvier, jour de clôture du stage, à la « restitution » orale des « travaux » des participants, travaux parmi lesquels l’on n’a repéré aucun texte conforme à ce que l’on entendait par « poésie » à l’époque où les vieilles personnes comme l’auteur de ce compte-rendu fréquentaient les bancs des écoles.

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« Juste un air de blues » & « Qui a peur de Virginia Woolf? » de Patrick Mathelié-Guinlet

Juste un air de blues

C’est juste un air de blues
qui t’arrache les tripes
pour sortir de la bouse
de ton trop mauvais trip…

Dire ton désespoir
et ton manque de pot
quand tu n’as plus de mots
tant l’avenir est noir !

Tu contes ton histoire
sans la moindre pudeur,
conjurant ton malheur
pour soigner ton cafard

avec cet air de blues
joué sur ta guitare
car tu sais bien que boire
n’ôte pas la mémoire…

Oui, juste un air de blues
qui te colle à la peau
comme un parfum de “loose”
quand t’en as plein le dos…

Qui a peur de Virginia Woolf?

Lorsque le sale air de la peur
n’est que l’affreuse puanteur
de ceux qui ont chié dans leur froc,
paralysés et sous le choc…

Peur de son ombre et peur de tout,
peur des autres : la peur des coups,
peur des monstres au fond du placard,
de l’inconnu, la peur du noir !

Peur de manquer, de la misère,
peur de l’avion, peur de l’enfer,
peur des sorciers, peur animale
de ce qui peut causer du mal…

Peur du vide, peur de la foule,
de perdre et même de gagner
mais aussi la peur de passer
pour la plus mouillée de ces poules…

Et puis ceux qui du loup ont peur,
de ne pas être à la hauteur,
peur de la mort, du lendemain…
Mais de tout ça, je me fous bien
car enfin je n’ai peur de rien !

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« Sa peur… », « Une âme d’enfant » de Patrick Mathelié-Guinlet

“Sa peur… »

Je veux vous parler de la peur de l’homme :
peur de tout, de son ombre, peur d’un rien…
De sa peur, minant son esprit par le doute assiégé…
De sa peur, pompier éteignant le feu de son âme…
De sa peur, habillant de vanité son corps et son cœur…
Sa peur qui lui fait perdre ses moyens
et même sa moyenne aux examens !
Sa peur de ne pas être à la hauteur,
du coup le rendant presque nain…
Sa peur de manquer, peur du lendemain
qui rend l’homme si pingre et mesquin…
Sa peur de l’autre, l’inconnu, l’étranger,
peur de tout ce qui est différent
qui le rend agressif, égoïste et méchant…
De sa peur d’aimer, tout simplement !
Et pour résumer toutes ses peurs en un seul
mot comme en sang, le plus effroyablement glaçant :
la mort les recouvre en linceul…
Quand la seule chose en somme
dont on doit avoir peur vraiment,
c’est bien de la peur elle-même…!

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Bonnaniversè Diyanman !

(Pou lé 160 an lavil Diyanman)

— Par Daniel M. Berté —

Diyanman !
Sé kon lakay manman
La ni dé bon zanfan
Ki ni bon santiman
Bonnaniversè jan Diyanman
Tjenbé! Woulé douvan!

Diyanman « ter présièz »
Ka briyé vil koket
Diyanman pier présièz
Ki ni dé bel faset

I ni faset ékléran
Lans-Kafa, Omilàn,
Fon-Mannwel, Topiniè,
Sé Diyanman réyonan

I ni faset étenselan
Fon-Kamiy, Bitay,
Mar-Pwarié, Chalopen,
Sé Diyanman resplandisan

I ni faset réyonan
Jaka, La-Michel,
Tomaren, Ti-Léza,
Sé Diyanman éklatan

I ni faset chatwayan
Toray, La-Dizak,
Mòn-Blan, La-Longet,
Sé Diyanman flanbwayan

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« Sagesse », « Ombre et Lumière », de Patrick Mathelié-Guinlet

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Sagesse

Savoir attendre :
prendre le temps
de regarder autour de soi…

Savoir entendre :
prendre le temps
d’écouter les gens

mais aussi les voix
de la Nature, les mots
des arbres et des animaux,

les murmures du vent
et ceux de l’océan,
des rivières le chant…

Et puis de tout cela
savoir apprendre
l’amour, la Vie
et toute sa poésie !

Ombre et lumière

À l’heure où les ombres chinoisent
et qu’en nombre elles cherchent noise
aux dernières lueurs du jour,
dans l’obscurité métastase
l’odeur de mystère alentour…

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Bel ek bon lanné 2023 ba tout moun

— Par Daniel M. Berté —

Tan 2023

Nou za pasé an patjé mové pas
– Nou pa ped fwa
Nou za sibi an kantité vié traka
– Nou pa ped lespwa
Nou za pran an chay kalot laviya
– Nou pa ped lavwa

Nou za pran kou ki kou
Nou za pran kalot ki kalot
Nou za pran fè ki fè

An tan Lesklavaj…
Nou lévé… Vidjò !
An tan Wobè …
Nou lienné… Fò !
An tan Kovid…
Nou kakolé… A mò !

An tan tout mové tan…
– Nou toujou fè fos an vansan
– Nou toujou fè bek an gouman
– Nou toujou fè fron an rézistan

Nous za pasé dé bel moman
– Nou té dan lanchantman
Nou za viv dé bel labonm
– Nou té dan lakontantman
Nou za pran-pyé-nou a fon
– Nou té dan lépànwisman

Nou za rigolé an rigolad
Nou za anmizé an anmizman
Nou za fété an fétaj

An tan La-nwel…
– Nou kantiké… Vidjò !
An tan Kannaval…

– Nou vidéyé… Fò !
An tan Grann-vakans…
– Nou vakansé… A mò !

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Amanda Gorman : «La poésie est une tradition vivante, même si elle reste souvent le domaine de mâles blancs, âgés ou morts»

— Par Pascaline Potdevin —

Lors de l’investiture de Joe Biden, elle a frappé les esprits en lisant un de ses propres poèmes. Engagée dans l’alphabétisation, cette globalchangemaker d’Estée Lauder est devenue une icône millennial et une voix puissante en Amérique.

Ses mots sont limpides, pesés avec soin et énoncés sans l’ombre d’un balbutiement. Au téléphone, depuis la côte Ouest de l’Amérique, les phrases d’Amanda Gorman étincellent à côté de notre anglais un peu rouillé. Elle balaie nos gênes d’un éclat de rire : «Ça me rappelle une anecdote : quand j’étais petite, je n’arrivais pas à prononcer les “r”. Je faisais de l’espagnol, mais mes professeurs me disaient que j’aurais dû prendre le français car vos “r” sont plus doux. C’est moi qui ai raté le coche en n’apprenant pas votre langue. Alors ne vous excusez pas !»

L’investiture de Joe Biden

Derrière ces «r» réfractaires, on trouve un des fondements de l’histoire d’Amanda Gorman : celle d’une enfant noire souffrant d’un problème d’audition et d’élocution, devenue, à 22 ans, la plus jeune poétesse à déclamer un texte lors de l’investiture du plus vieux des présidents américains – Joe Biden, un homme blanc de 78 ans (lui-même jadis handicapé par un bégaiement).

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Nwèl Bò Kay, La complainte du sapin de Noël & Cochonneries, de Patrick Mathlié-Guinlet

Nwèl Bò Kay

Pas de boules accrochées
à un sapin coupé
mais un beau cocotier
tout plein de noix sucrées.

Et pas de cheminée
par où pourrait passer
Père Noël et sa hotte
pour y remplir nos bottes
mais un nèg’ gros sirop
apportant des cadeaux.

Et l’exotique pomme
a remplacé l’orange.
C’est ainsi que les hommes
fêtent leurs petits anges
aux tropiques dans les D.O.M.

La complainte du sapin de Noël

Dans la verdeur de ma jeunesse
on m’a coupé le pied sous l’herbe,
on m’a coupé de mes racines,
de ma vie j’ai perdu le fil
et puis de fil en aiguilles…
Je me suis fait enguirlander,
ce n’est pas vraiment cool
même si c’est en foule
qu’on vient pour m’admirer.
Maintenant ils m’ont mis les boules…
lorsque je songe à ma famille,
à la forêt où je suis né
et que jamais, au grand jamais,
je sais que je n’les reverrai !…
À cause de leur stupide coutume
à laquelle ils m’ont sacrifié
sans respect, remords ni regret,
je suis rempli d’amertume
et je ne peux me “résinier”.

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Atjolman

— Par Daniel M. Berté —

Atjolman ki ti-poul sav ki fo pa yo suiv ti-kanna
pou yo pa mò néyé dapré sa proveb di…

Atjolman ki poul pa ka’y dòmi a sizedswè
an pié kako ankò pis sa vini ra kon zé bourik…

Atjolman ki manman-poul okouran ki fo’y véyé piti’y
pou pies mangous rafin pa fè bawouf anlè yo…

Atjolman ki poul ka rifizé manjé ravet ankò
pis yo ba’y labitid sèvi’y o pirina…

Atjolman ki poul pa ka graté fimié pou trapé vètè ankò
pis i ka viv nouri-lojé-blanchi an kay-poul klimatizé…

Atjolman ki poul pa ka pran lapenn chanté ankò
lè’y ponn an zé an razié pis I ka viv andidan…

Atjolman ki “poul épi diri”, tianmay pa lé sa ankò
pis YO ba-yo gou ambergè lotbò pito…

Atjolman ki poul san fouté di sav si sé ti-van o gran-van
ka fè latjé’y panché pou fè moun malpalé…

Atjolman ki’w fini kouté ou li an zafè listwè poul
kontè manti-mantè té ka konté pou vèglé’w…

Atjolman ou ka’y sav poutji poul pa ni rézon douvan kouto
lè’w ka’y konprann ki ou sé an poul…

Atjolman ou ka’y sav sa ki fè, ou ka’y santi fè,
ou ka’y taté fè, ou ka’y tété fè, ou ka’y pran fè.

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« Conte sur les doigts » & « Memento… » de Patrick Mathelié-Guinlet

Conte sur les doigts…

Je dois compter sur les doigts d’une main
les amis sur lesquels compter demain.
Amis très chers, l’amitié est sans prix
quand tellement éphémère est la vie !

Et puis quand on aime, on ne compte pas
ceux partageant le meilleur et le pire,
mes rêves et mes espoirs, mes délires
et mon cœur en morceaux choisis de poésie
que je leur ai donnés à lire…

Parmi eux, quelques uns sont partis
trop tôt pour ce mystérieux pays
dont on ne doit jamais revenir…
Mais me restent des doigts pour écrire
et faire vivre leur souvenir

qui demeure pour toujours encré
sur la peau dénudée de mon cœur
comme sur cette feuille en papier
où j’effeuille nos moments de bonheur
tels pétales de la plus précieuse fleur :
LA VIE !

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Et si on parlait d’amour?

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Oasienne

Comme une Isis pour Osiris,
tu es l’eau de mon oasis,
humectant mon cœur desséché
de la fraîcheur de tes baisers…

Longtemps, j’errai dans un désert
en proie à des pensées amères,
soliloquant de dune en dune
sous le feu glacé de la lune…

J’ai survécu à la folie
des éfrits et mauvais génies
qui soufflent le vent de la haine
dans leurs murmures acouphènes…

Je bois à ta bouche adorable
tes mots doux comme des caresses…
Dans ce monde aride de sable,
de l’amour tu es ma déesse !

 

Arc-en-ciel

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« Poème confiné d’Outre-mer  » de Lolita Monga

Jeudi 24 novembre à 19h dans les Jardins de la Médiathèque Alfred Melon-Degras.

Lolita MONGA, accompagnée de Rémi CAZAL, propose une expérience poétique et musicale exceptionnelle ponctuée d’harmonies australes et de percussions.

Synopsis :
Sur une musique mêlant racines et machines, harmonies australes et percussions, Poème Confiné d’outre-mer nous convie à un voyage intérieur. C’est un texte-chair qui renoue avec les sens confisqués. Si le corps reste immobile, la pensée, elle, chemine et substitue à la géographie de l’île de la Réunion, une géographie du corps, celui de la femme. Ressurgit alors une mémoire-racine enfouie, qui vient « posséder » la carte du corps, la carte de l’île, la carte du monde.

En amont, un atelier d’écriture poétique pour adultes sera proposé ce Mardi 22 novembre à 18h30.

Inscriptions souhaitées au 0596 61 00 07.

Rdv autour de l’œuvre de Lolita Monga, Jeudi 24 novembre à 19h dans les Jardins de la Médiathèque Alfred MELON-DEGRAS.

Jeudi 24 novembre 2022, 19h
(Jardins de la Médiathèque Alfred MELON-DEGRAS)

A propos du spectacle
Poème Confiné d’outre-mer témoigne d’une période inédite dans le monde entier : celle de la pandémie du COVID 19 et du premier confinement.

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Tjenbé red, mé moli…

(Pou la JET, Jounen Enternasional pou la Tolérans 16 Novanm)

— Par Daniel M. Berté —

Annou tjenbé red manmay, mé annou moli osi yonn-dé ti-may…

An ti-may anlè laviolans pou nou ni titak tolérans
An ti-may adan médizans pou sa ni tibren plis désans
An ti-may épi la drogans pou nou pé sové ladolésans
An ti-may adan la bonbans pou nou pa trapé tro gro pans

Annou tjenbé red manmay, mé annou moli osi yonn-dé ti-may…

An ti-may adan larogans pou nou viv épi plis klémans
An ti-may an malélivans pou sa pé ni mwens endésans
An ti-may dan lé gran balans pou nou pa kréyé autan aksidans
An ti-ma’y dan lentolérans pou pé arété lé mové puisans

Annou tjenbé red manmay, mé annou moli osi yonn-dé ti-may…

An ti-ma’y dan la makrélans pou pé viv épi tibren plis pridans
An ti-may dan la jalouzans pou ni titak plis oto-ekzijans
An ti may adan la vanjans pou nou pé sa ni mwens soufrans
An ti-may dan lé maltrétans pou montré nou ni la rikonésans

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« Mon coeur m’intime une fleur. » par Myrna Nérovique

Mon coeur m’intime une fleur,
Qui m’octroie un immense bonheur,
Dans une superbe innocence,
S’éclatant dans une indolence.

Mon coeur m’intime des sentiments,
Qui attisent mon tourment.
Et, la nuit qui décrit mon âme,
S’idolâtre dans une flamme.

Et, le rêve me donne une vie,
Je m’envole vers le paradis.
Une étoile s’élance vers moi,
Et, doucement, je retrouve la foi.

NEROVIQUE Myrna

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Lasoufrans

— Par Daniel M. Berté  —

Sé lasoufrans ovif
Ovif kon an bobo pitjé épi yenyen
Oben kon mak fè-cho YO brilé an lapo’w
Epi ka koulé pi kon larim adan nen…
Sé lasoufrans dékalant
Ka krazé, ka brizé ek ka ratibwazé
Ka kité’w frakasé kon karapas krab-Pak
Dékalé ek afalé anlè zékal-do
Sé lasoufrans méchant
Ka tjenbé, ka tòdé, ka frappé, ka tjotjo
Kon an patjé lenj sal anlè woch lariviè
Ek ka fésé’w atè ek danmé’w a dé pié
Sé lasoufrans silansièz
Ka fofilé an zo, an do ek an lolo,
An bra, bouden, bonda épi an boljounou
Ek an tet, an ti-dwet, an fenfon kò servo’w
Sé lasoufrans sournwaz
Ki ka rivé an dous, an manniè anba-fey
Dan griyen lagrimas pou fè konpè épi’w
Ek ka mòdé’w an tret kon chen ki pa ni met
Sé lasoufrans terbolizant
Ka démantibilé, dérayé, débiélé
Ka maté, makaté, matjilpaté
Ek fè’w kon griyav vet andidan djel an bef
Sé lasoufrans démoralizant
Ka fè ped lakat, ped lalin, ped larel
Ek ka mété’w pli ba ki an kabann vètè
Ek ka fè’w wè lannuit alè midi ka fann
Sé lasoufrans ovif, dékalant, ek méchant
Silansièz, sournwaz, épi terbolizant
Ek démoralizant toutansanm ka envayi mwen
Ek ka fè ki man sé atjòlman LASOUFRANS

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« Poète!, Fier d’être poète, Magie de l’écriture »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

POÈTE !

J’écris sur tout ce qui se passe
et tout ce qui ne passe pas…
J’écris sur tout ce qui m’inspire,
qu’il soit le meilleur ou le pire !

Et si je fais feu de tout bois,
rapportant tout ce que je vois,
c’est pour réchauffer tous les cœurs
et donner un peu de bonheur…

J’écris sur tout ce qui me plaît
mais aussi sur ce qui me fâche…
J’écris surtout ce qui me plaît :
dans mon art, je ne suis pas lâche !

J’écris sur tout ce qui m’amuse
comme sur tout ce qui m’agace,
ainsi je tue le temps qui passe…
Pourvu que m’inspire la muse,

tant qu’à l’écrire je m’amuse
sans que mon intérêt ne s’use,
je ne fais pas le difficile !
Et si je ne perds pas le fil,

dessus je marche en funambule,
n’étant pas coincé dans ma bulle,
jongle avec les mots dans ma tête :
c’est pour ça qu’on me dit poète !

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Où est Leïla ?

À propos de « La Ballade de Leïla Khane » adaptée par Anne-Alex Psyché

— Par Roland Sabra —

Louis Aragon, dans Le Fou d’Elsa, s’inspirant du poème Medjoûn et Leïla de Jâmi (1414-1492), réinvente l’histoire de Leyla et Medjnûn en la transposant dans la Grenade de l’Andalousie arabo-musulmane du XVe siècle finissant. Le décalque est clairement revendiqué puisqu’en arabe « Fou de Leyla » se dit Medjnoun Leyla et « Fou d’Elsa » Medjnoun Elsa. Il met en scène, dans le contexte dramatique de la chute de Grenade, en 1490-1492, coïncidant avec la découverte de l’Amérique, la société andalouse, mêlant musulmans et juifs pétris de rationalisme.

La réinterprétation du mythe par Alfred Alexandre, tisse le lien entre la Carthagène des Indes, important centre de traite des esclaves et de transit de l’or issu des pillages des empires aztèque et inca, or destiné à l’Espagne et La Carthage tunisienne que Rome accusa longtemps de sacrifier des enfants, pratique qui va initier, dans les familles de notables, la coutume d’adopter un enfant d’esclave pour cet usage.

Revenons sur le mythe.

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« La Ballade de Leïla Khane » adaptée par Anne-Alex Psyché

Par Selim Lander —

Elle elle s’appelle Leïla Khane
Et la grâce où je l’exile lui donne le courage des vents du large

Les Martiniquais connaissent bien Alfred Alexandre (né en 1970 à Fort-de-France) essayiste, romancier et auteur de théâtre, sans oublier son action en faveur des auteurs martiniquais au sein de l’association ETC (Écritures Théâtrales Contemporaines) – Caraïbe qu’il préside. La Ballade de Leïla Khane ne se rattache à aucun des genres précédents. Dans ce long poème amoureux, une certaine Leïla s’adresse à son amant, lequel rapporte ses paroles, d’où l’anaphore « Leïla dit ».

Leïla promène (ou « balade ») son interlocuteur des îles du Rosaire en face de Carthagène des Indes en Colombie, jusqu’à Santa-Maria au nord du pays, et au-delà jusqu’à Carthage dans l’actuelle Tunisie. Elle ne vient pourtant pas de l’antique Carthage, laquelle a donné son nom à la Carthagène espagnole et par ricochet à celle de Colombie. Comme l’indique l’auteur dans le prologue, son prénom évoque l’héroïne d’un conte arabo-musulman, qui rendit fou d’amour le poète Qaïs au point qu’on le surnomma « Majnoun Leïla » (le fou [d’amour] de Leïla).

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Matjé kréyol

— Par Daniel M. Berté —

Tjenbé pòtplim épi matjé
Matjé an kréyol anlè papyé
Matjé pou di Manmanw tousa ou anvi diy
Tout lanmou kiw ni ba’y

Tjenbé pwentbik épi matjé
Matjé an kréyol anlè kayé
Matjé pou di Papaw tout rikonésans-ou
Pou chimen i montréw

Tjenbé istilo épi matjé
Matjé an kréyol anlè kawton
Matjé pou di frèw ek sèw tousa ka fè
Nannan-koko la fraternité

Tjenbé lakré épi matjé
Matjé an kréyol anlè awdwaz
Matjé pou di tout yich ki sé bon valè
Ka trasé bel pasaj laviya

Tjenbé kréyon épi matjé
Matjé an kréyol anlè bristòl
Matjé pou di zanmiw ki sé lésans-sièl
Ka fè tounen motè lanmitjé

Tjenbé chabon épi matjé
Matjé an kréyol anlè masonn
Matjé pou di pèp-ou ki sé la lit ansanm
Ki ka limen limyè Libèté

Tjenbé penso épi matjé
Matjé an kréyol anlè tablo
Matjé pou di Bondié, Ala ek Dja
Tout lafwa ki moun ni an la divinité

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Desrivières-Bloncourt : poésies-images

– Par Michel Herland –

Gérald Bloncourt était né en 1926 en Haïti ; il est mort à Paris en 2018 à l’âge de quatre-vingt-onze ans, laissant une œuvre multiforme : photographies d’abord puisque ce fut son métier à « l’Huma » (il était communiste), puis devenu reporter indépendant dans divers magazines. Mais il fut également poète (1) et peintre. Sa jeunesse s’était passée en Haïti. En 1946, parce qu’il avait joué – en compagnie de René Depestre et de Jacques Stephen Alexis – un rôle déterminant dans la révolution dite « des œillets », il fut condamné à mort et finalement expulsé. Après la chute de Jean-Claude Duvalier (« Bébé Doc »), en 1986, il est retourné en Haïti.

Jean-Durosier Desrivières est né en 1972, lui aussi en Haïti. Il est diplômé de l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince et de l’Université des Antilles et de la Guyane en Martinique (où il réside actuellement). Spécialiste de littérature francophone, en particulier du poète haïtien Georges Castera fils (1936-2020), il a contribué à de nombreux ouvrages parmi lesquels le Dictionnaire des écrivains francophones classiques (2).

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 » Un sens à la vie! »,  » La vie vis la »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Un sens à la vie !

Toute une vie passée à allumer des mèches…
Toute une vie passée à décocher des flèches…
À décrocher la lune et s’envoyer en l’air
entre les coups de foudre et des coups de tonnerre !
Mettre le feu aux poudres et aux cœurs la lumière,
réveiller les consciences, inviter à l’amour

pour que la nuit s’y fasse jour
et l’homme cesse d’être sourd
à la misère de ses frères !
Puis à grand coup de mots sonores
juste pour effrayer la mort,
tenter de sculpter le silence…

Dans son sommeil telle une transe,
pouvoir rêver son existence
et dès que le soleil se lève,
faire de cette vie un rêve…
À tout cela trouver du sens !

La vie, vis la !

Si la vie, Sylvie,
prend parfois des airs de lavis
aux couleurs pâles et délavées
de rêves et d’envies
dilués dans l’eau d’un fleuve de banalité
qu’en vin l’on veut changer…

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« La ballade de Leïla Khâne », texte d’Alfred Alexandre, m.e.s. Psyché Anne-Alex

  Jeudi 27 & samedi 29  octobre à 19h. Vendredi 28 octobre à 9h (spécial scolaire) au T.A.C.

La Compagnie KUUMBA régit par l’association Ujima Spectacle présente sa première création théâtrale.
Metteur en scène : Psyché Anne-Alex
Avec
Psyché Anne-Alex (conteuse)
Yannick Eugène (la voix du désert et voix off de Majnoun)
Lindy Callegari (Leila Khane)
Création lumière : Vivianne Vermignon

Regard extérieur / mise en scène : José Exélis

La ballade de Leïla Khane est un grand poème ou peut-être un étrange bateau. Leïla nomme l’absence. Cette légende fait de l’amour une île qui évite aux amants la mort et la folie. C’est encore Leïla qui dit l’exil, les ports, les déserts, les océans et les villes.

Leïla dit que certains jours nos îles meurent
l’après-midi au bord de l’océan
Leïla dit que depuis qu’elle m’a aimé
sa soif est une soif d’îles qui nagent vers les continents
Leïla dit que longtemps elle a cru ne jamais mériter
même la caresse d’un grain de sable
cherchant du bout des doigts l’amour sur son visage

Point de vue de l’auteur

« La ballade de Leïla Khane est une variation autour du mythe de Laylâ et Majnoun

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