Catégorie : Poésies

« Artiste ! » & « Optimisme »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

« Artiste ! »

Atteindre l’impossible,
de lui faire sa cible :
rêve inimaginable
pour n’être pas minable…

Lorsque d’Art il s’agit,
susciter la magie…
Comme au vent roseau plie,
tutoyer la folie
sans y perdre l’esprit…

Inventer l’inédit
quand tout a été dit !
De l’amour être épris
pour n’être point maudit…

Toujours être surpris
pour éviter l’ennui
et conserver l’envie
pour demeurer en vie !

« Optimisme »

Si la vie est comme un festin,
encore faut-il s’attabler…
Je ne crois pas que le destin
soit d’avance déterminé !

Simple affaire de volonté,
de motivation et d’envie.
D’un homme c’est la liberté
que de pouvoir rêver sa vie

et d’ensuite vivre ses rêves
en y mettant son énergie
avant que son temps ne s’achève
car rien d’avance n’est écrit…

J’ai balancé mon horoscope,
écrasé ma dernière clope,
me suis levé, bien décidé
d’à belles dents la vie croquer !

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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O lé manman !

— Par Daniel M. Berté —

Zot ki ba-nou lavi
Chasé tou no sousi
Pou-nou té réyisi
Nou ka di-zot mèsi

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki ba-nou manjé
Brè lavé ripasé
Anlè sonmey véyé
Lè-nou malad swagné

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki aprann-nou di
Bonjou bonswè mèsi
Salié tout lé zanmi
Osi lé zenkoni

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki travay an kann
An jaden an bannann
O marché té ka vann
Pout té sa ba-nou viann

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki pousé lékol
Pou-nou té pran lanvol
Pou-nou té ni bon rol
Dan an lavi ki fol

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki té ka trimen
Gran bonnè-bon-maten
Trapé mal-do mal-ren
Pou té sa ba-nou pen

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki fè lenstriksion
Vréyé-nou lésision
Fè-nou fè atansion
A fè dé bòn’aksion

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki ba-nou larel
Pou té rété fidel
O valè ésansiel
Ka ba’y bon potansiel

O lé manman !

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Le temps d’un baiser… Déclaration

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

 

Le temps d’un doux baiser,
yeux clos, bouches collées,
le reste est oublié…

Étreinte fusionnelle
où fuient à tire-d’aile
les raisons de querelle.

La magie de l’amour
qui rend aveugle et sourd
à tout ce qui l’entoure,

exerce son pouvoir
sur les amants d’un soir,
les remplissant d’espoir

pour affronter la vie,
mus par la même envie
les sauvant de l’ennui !

Le temps que l’on s’effleure,
faisant fi des problèmes,
et se dise qu’on s’aime

comme graine qu’on sème
pour que pousse une fleur
qui s’appelle bonheur…

 

Déclaration

Ton sourire est la fleur de sel
sur le gâteau sec de ma vie…
À fleur de peau, la fleur de celle,
unique objet de mes envies…

Ton amour, le rayon de miel
éclairant le gris de mon ciel…
Ma lumière au bout du tunnel
et je me sens pousser des ailes !

Est-ce que tu es bien réelle
ou ne fais-je que te rêver ?
Dur pourrait être le réveil
si tu n’es pas à mes côtés…

Mais au matin tu es si belle,
cheveux d’or jonchant l’oreiller
telle caresse d’un soleil
qui me fait sortir du sommeil,
de toi rêvant tout éveillé !

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Les discours d’ouverture et de fermeture du festival Mai.Poésie

—Par Serge Florent, président de BALISAILLE —
Discours d’ouverture du présient de Balisaille

Monsieur Fred-Michel THIRAULT, Maire de la Ville du Saint-Esprit,
Monsieur Christophe POMEZ, Directeur des Affaires Culturelles
Mesdames, Messieurs les Elus
Mesdames, Messieurs les Poètes d’ici et d’ailleurs,
Mesdames, Messieurs Membres de Balisaille,
Chers amis,
Vous qui nous faites l’honneur et l’amitié de partager ce moment de convivialité, soyez les bienvenus.

Notre rassemblement ici et aujourd’hui, témoigne de notre engagement commun pour la promotion de la Poésie.

Mesdames et Messieurs, Je suis très heureux et honoré d’avoir été choisi par mes pairs pour ouvrir ce Mai-Poésie.

La poésie est une forme d’art majeur qui permet d’exprimer des émotions et des sentiments les plus intimes. Il est donc très important de redonner à la poésie la place qu’elle mérite et de promouvoir sa pratique en Martinique.

Ce festival est une belle occasion d’explorer les différentes formes de poésie et de se connecter à sa propre créativité. Nous aurons la chance d’entendre des poètes de toutes les régions et de tous les âges, qui partagent des visions et des expériences uniques.

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Prix international de l’invention poétique, 2e édition

Le samedi 20 mai 2023, en clôture du « Festival Mai. Poésie » organisé par l’association BALISAILLE, le jury a procédé à la remise du Prix international de l’invention poétique aux finalistes des catégories « français » et « créole ».

Cette année, le nombre de textes en français reçus a été très important. Plus de 140 manuscrits, soit trois fois plus que l’an dernier. Cela témoigne du succès grandissant du « Festival Mai. Poésie » dont la notoriété s’étend désormais au-delà de la Caraïbe. La prédominance de la langue française persiste cependant et les productions en créole montrent une carence de l’offre des autres espaces créolophones, puisque la majorité des textes proviennent encore une fois d’Haïti. Pour les prochaines éditions, notre défi sera de redoubler d’effort afin de recueillir plus de textes en créole et solliciter davantage les poètes.

Le jury s’est réuni le dimanche 14 mai par zoom et une première sélection a retenu sept textes en français et cinq en créole. La deuxième réunion du jury s’est déroulée en présentiel à Sainte-Luce le mardi 16 mai. Après un débat animé et devant la qualité de trois manuscrits restant en discussion en français, le jury a voté majoritairement pour le texte de NATHANAËL et a décidé de décerner des mentions aux deux autres.

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Le nègre, le gibier des nations

— Yves Untel Pastel, écrivain-poète, Martiniquais de l’autre-bord —

Le nègre, le gibier des nations

Nègres de la terre,
Nègres de toutes terres
Nous sommes de ce peuple de damnés
Partout condamnés pour n’être
Que ce que nous sommes : nègres !
Nègres du monde, damnés de toute terre
Nous sommes ce troupeau de gibiers pourchassés
Bétails attaqués en leurs terres, braconnés, exilés ailleurs
Les lions féroces de partout nous traquent sans relâche
Que ces mangeurs de nègres soient des hommes blancs
Monstres à sang froid d’occident
Ou des tigres rampant venus du levant
Ou des panthères noires, ces autres nègres impériaux, impitoyables
Traîtres vénaux et avides, vassaux cupides et fratricides !
Nègres du monde, viande rouge, tranchée sur les étals mercantiles
Nous n’avons nulle part où trouver un juste repos
Nulle rivière fraîche ou apaiser nos soifs
Nulle paisible prairie où paître
Sans craindre d’être déchiquetés
Tous ces ports où nous échouons
Sont des portes qui donnent sur l’enfer
Des centres de rétention
Où notre chair est massacrée
Où notre âme est abreuvée de fiel
Où notre destin touche au chaos.

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Un jour mémorial

— Par Yves Untel Pastel, écrivain-poète, Martiniquais de l’autre-bord—

Un jour mémorial

Et l’homme noir fut couché
Et l’homme noir de lui-même se dressa
Et la barbarie cisela ses jambes
Et son esprit libre d’entrave
Se hissa par-dessus les nuées
Et sa rebelle dignité habita le temps
Tonnerre grondant depuis le flot des millénaires.
Et je suis la sève montante de cette humanité-là
Pollen, fragment de toute l’humaine essence
Et nul ne me tiendra dans les chaînes
Que l’on dissèque mon corps
Qu’on le broie dans milles étaux
Qu’on le pile, qu’on le vanne,
Qu’on l’émiette qu’on le disperse
Pour nourrir les champs de toutes les barbaries
Mon âme s’échappe par les dents des rouages infâmes
Mon âme s’évade comme l’air entre les mains de mes bourreaux.

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Forfaiture en réseau

— Par Marie-Joe Lirus —

… ! J’ai besoin d’un AVOCAT qui ne me trahira pas,
Dis-moi ! où il est ?

… ! J’ai besoin d’un MEDECIN qui ne me trahira pas,
Où est-il ?

… ! J’ai besoin d’un CURÉ qui ne me trahira pas,
…?

… ! J’ai besoin d’un PASTEUR qui ne me trahira pas,
…?

… ! J’ai besoin d’un ÉLU qui ne me trahira pas,
…?

… ! J’ai besoin d’un POLITIQUE qui ne me trahira pas,
… ?

… ! J’ai besoin d’un COMMERCANT qui ne me trahira pas,
… ?

… ! J’ai besoin d’une POLICE qui ne me trahira pas,
….?

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Dé rèbel

— Par Daniel M. Berté —

An gran neg lévé an wayom Dawomé
Pou afronté solda mové lawmé fransé
Ki té sòti lotbò pou té kolonizé
An péyi éti moun té za an libèté

Non’y sété Prens Kondo ki vin Wa Béyanzen
I pran zanm pou lité, mété kò’y a goumen
Lè’y té lé négosié, menm manniè ki Tousen
YO tjenbé’y, ekzilé’y adan Matnik o lwen

Lè’y rivé Matinik an péyi dominé
Dan la popilasion i viv yonndé lanné
Riviré an péyi’y, sé sa’y té ka mandé
Men i fini pa mò, koté lavil d’Algé

Etiomi, Sénnocom, Ménousoué, Dononcoué, Klan Béyanzen Matnik
Mécougnon, Kpotassi, Abopanou, Klan Béyanzen Matnik
Ouanilo, Adandédjan, Pierre Fanon, Falégué, Klan Béyanzen Matnik
Frédéric, Gabriel, Andréa, Klan Béyanzen Matnik

An lot gran neg lévé lot koté Latlantik
Sézè! An mapipi an konba politik
An sakré met-matjè an domenn powétik
Ki pòté an fon tjè’y, Matinik épi Lafrik

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« Qui ne risque rien, n’a rien… » & « Révolution : rêve ou volition? »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

« Qui ne risque rien, n’a rien »…

Les expériences dangereuses
sont les plus enrichissantes.
Dans les ronces épineuses
se trouvent des baies succulentes.

Les personnes à l’humeur rugueuse
sont souvent les plus intéressantes.
Les femmes dont difficile est la conquête
ne feront pas des compagnes ennuyeuses et bêtes.

Toujours en tout se mérite l’excellence…
Qui ne risque rien, ne doit rien attendre de l’existence.
Les buts à atteindre malaisés,
les rêves durs à réaliser,

les désirs difficiles à satisfaire
sont au monde les plus précieuses choses…
Ne se dévoile le parfum rare de la rose
qu’à ceux qui la cueillir osent

sans peur de s’y piquer la main.
Sans se soucier du lendemain,
la vie doit être une aventure :
c’est une loi de la Nature !

Révolution : rêve ou volition?

Avoir des rêves est nécessaire
pour vivre tout comme espérer…
Rêver sa vie n’est pas assez :
il faut aussi vivre ses rêves !

Car nous devons concrétiser
sous peine d’une frustration
rendant l’homme bien trop amer
au point que parfois il en crève…

Mais éviter la crevaison
pour respirer sans manquer d’air,
ça c’est question de volonté :
celle de passer à l’action

pour transformer les illusions
en tangible réalité…
Ça s’appelle révolution
et demande une volition
de chaque révolutionnaire !

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Café littéraire & conférence inaugurale de Mai.Poésie à Foyal

 Le mardi 16 mai 2023 au Patio19 et à Tropiques-Atrium

17h : Café poétique et dédicaces, en partenariat avec la librairie Kazabul au Patio19

Avec les auteurs et auteurices : Ar Guens Jean Mary, Witensly Lauvince et Lyonel Trouillot (Haïti), Stelle Dibandi, Fanfan Méryt, Nathanaël et Roger Parsemain (Martinique) Hector Poullet (Guadeloupe).

Patio19 :19 Rue Garnier Pagès, Fort-de-France 97200, Martinique

19 h : Tropiques Atrium

  • Conférence inaugurale présentée par Claude Dauphin, Professeur émérite de musicologie à l’UQAM et chercheur associé à l’OICRM : De la subversion et de la poétique : Musicaliser la poésie chez les Indigénistes haïtiens.

  • Récital poétique « De la poésie comme de la musique – Pwézi sé mizik, mizik sé pwézi »: avec Nelson-Rafaell Madel et Christophe Césaire- Textes choisis par Faubert Bolivar

Mercredi 17 mai

9h30-11h30 : La poésie est dans la rue-Pwézi an lari-a

  • François : Stéphane Martelly, Hermas Gbaguidi / Stelle Dibandi
  • Robert : Max Rippon, Christina Goh/ Eric Pézo
  • Saint-Esprit : Claude Dauphin, Daniel Berté, Gérard Lamoureux, Dieulermesson Petit-Frère, Ar Guens Jean Mary, Patricia Latour, Lyonel Trouillot
  • Saint-Pierre : Michel Ducasse, Françoise James Ousénie/ Malik Duranty
  • Sainte-Luce : Francis Combes, Stéphanie Melyon-Reinette /Richard Bunod
  • Collège Petit Manoir, Lamentin (8h-11h) : Hector Poullet, Françoise Foutou
  • Collège Jane Nardal, Diamant (8h30-10h30) : Roger Parsemain, Witensky Lauvince
  • 14h-16h / Centre Pénitentiaire, Ducos : Lolita Monga (quartier des femmes), Mehdi Krüger (quartier des hommes)

16h-18h : Martinique Poésie Tour-Pwézi ka Woulé 1/3

(Sur inscription auprès du secrétariat du festival) Saint-Esprit-Ducos

19h : Hommage à Monchoachi

Médiathèque Alfred Melon-Dégras (AMD), Saint-Esprit

  • Projection “Monchoachi, La parole Sovaj”d’Arlette Pacquit
  • Récital de morceaux choisis de Monchoachi par Faubert Bolivar, Nicole Cage, Malik Duranty, Simone Lagrand, Arlette Pacquit/ Ponctuation musicale Ali Boulo Santo Cissoko (maître de kora)
  • Lancement du dernier titre de Monchoachi : « Retour à la parole sauvage » (Ed.

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« Mai.Poésie » 2ème edition

Du 08 au 14 mai 2023 PoésieCommune
Du 15 au 20 mai 2023 Festival Mai Poésie

Maintenir la poésie
« Et nous entendons fidèles à la poésie, la maintenir vivante :
comme un ulcère, comme une panique,
images de catastrophes et de liberté de chute et de délivrance,
dévorant sans fin le foie du monde. »

Aimé CESAIRE, Tropiques 8-9, Octobre 1943

— Présentation par Faubert Bolivar, Directeur artistique —

La première édition de « Mai-Poésie » a été une réussite à laquelle ont fortement contribué la diversité et la qualité de nos partenaires dont chacun.e a su faire sienne l’idée du Festival.

BALISAILLE est sur la bonne voie pour réussir son pari de « re-créer les conditions propices sinon à un ré-enracinement du moins une ré-institutionnalisation de la poésie en terre martiniquaise ». Nous espérons parvenir à faire à la poésie toute sa place aussi bien dans le cœur et l’esprit de celles et ceux qui nous suivent, mais surtout dans le paysage culturel et institutionnel de l’île. Aussi, de l’avis de toustes la première édition a-t-elle été un véritable succès dont nous pouvons nous inspirer pour la suite.

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« Jazzy, que ma joie demeure » & « Nomade »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Jazzy, que ma joie demeure!

Oh, ça jazze dans ma tête
comme sur un air de fête
que jouerait une trompette
débouchée et guillerette…

Lors je me sens un peu bête
bien que très heureux en fait
et j’esquisse un pas de danse,
souvenir d’adolescence…

Ça swingue, pulse et pétille
comme du champagne brut
lorsqu’on a rempli ma flûte
et tout mon être frétille !
Me voilà le cœur en rut
qu’un désir secret titille…

Pouvoir remonter le temps,
avoir vingt ans rien qu’un instant,
être fou et insouciant,
retrouver une âme d’enfant
tout naïf et innocent…

La musique adoucit les mœurs,
exalte en nous le meilleur.
C’est un vecteur de bonheur :
elle m’apaise et m’inspire…

C’est comme un éclat de rire
qui me préserve du pire.
Jusqu’à ce qu’ici j’en meure,
jazzy, que ma joie demeure !

 

Nomade

— Dis-moi donc d’où tu viens
et aussi où tu vas,
de cela j’ai besoin
pour savoir qui tu es…

— Je viens du vaste monde,
ami, mais ne sais pas
là où demain j’irai,
où mèneront mes pas…
Car nomade, je suis
seulement de passage…

Je ne possède rien
mais de rien suis l’esclave !

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An pawol-lapriyè

— Par Daniel M. Berté —

An pawol-lapriyè pou tout lé zanset
Yo mennen an kal-bato a labadjet
Ki fini pa mò, fini pa disparet
Ki YO jété an gran lanmè tjoupoutet
Senmitjè Latlantik, san tras, kon bet
San lanmes, san pawol, san kwa ni pitjet
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »

An pawol-lapriyè pou tout lé zanset
Ki anlè bitasion soufè anba kout fret
Ki YO trété tout lavi-yo kon vié bet
Ka travay an kann anba lopsion an met
Ki mò dan ladech san tanbou ni tronpet
Anba pinision, kolié, kawkan, kat-pitjet
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »

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« Jouanacaëra – 50 pas » (poésie) de Jean-Marc Terrine

— Par Fernand Tiburce Fortuné —

Il faut d’abord féliciter le percussionniste musicien, parolier et chanteur, Charly Labinsky. Une entente musicale et poétique symbiotique. Un ansanm ansanm merveilleux de précision et de ponctualité. Textes et sons tombaient pile au bon moment pour se confondre et faire un seul, là où il le fallait. Un beau travail de compérage.

Il faut remercier Isambert Duriveau, premier lecteur, tout en retenue, tout en émotion qui a parlé de l’auteur et dit comment il complimentait cette poésie essentielle. Il a noté avec justesse que l’ouvrage est de belle facture et a bien fait d’insister sur le fait que la poésie n’est pas un objet marchand commun, et par ce biais, il a complimentait l’éditeur.

Je dois dire que j’ai lu avec un plaisir non dissimulé l’ouvrage « Laso tè », co-écrit par Jean-Marc Terrine et Isambert Duriveau. Je suis heureux de voir réunis ensemble ces deux complices qui ont su trouver les mots les plus appropriés, les plus beaux, les plus sensibles pour dire leur amour de la terre, cette terre du Pays-nôtre. Découvrir au fond d’eux-mêmes, les mots les plus vrais pour parler de nos Gens de la Glèbe.

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« Sargastique” en diable ! & Oups!, (Chat) J’ai pété un cable !

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
« Sargastique” en diable !

Ô la mer corrompue
déposant son obole
d’algues brunes qui puent
sur nos rives et nos sols…

Et ces relents viciés
que transporte le vent
empêchent bêtes et gens
de même respirer !

À quel démon sorti
du fond de l’océan
doit-on le châtiment
de son souffle maudit

changeant le paradis
d’une île tropicale
en escale infernale
que tout le monde fuit ?

Éole, dieu des vents,
exauce ma prière :
délivre notre terre
de ces sargasses amères.

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Sézè sé ki piébwa ?

— Par Daniel M. Berté —

« A force de regarder les arbres, je suis devenu arbre et mes longs pieds d’arbre ont creusé dans le sol de larges sacs à venin de hautes villes d’ossements… » Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal

« A fos gadé piébwa, man vini an piébwa »
Sé sa Emé Sézè di dan liv i matjé
Men i pa di lamenm ki piébwa i té yé
Man pété tet pou sav kilès i divini

Ki piébwa ki ni “pié’y ki trasé an fon tè
Dé gran sak vlen di gran lavil ki fet an zo”
Man gadé dan « Kayé pou an déviré Bòkay » 
Pou wè si’y té vini piébwa ki man konnet :

Gayak ki moun ka pwan pou yo pé sa fè ma
Mawoganni ki ka pousé adan lé fon
Fonmajé ki piébwa ki ka palé tou ba 
Bawobab ki tala ka monté Mòn Aka ?

Akasia tou piti ki pa ka fè gwo pié
Pié-koko ki anmen balé niaj an sièl gri
Griyavié-bwa ki ka pousé adan gran bwa
Bwa Moudong ki anlè bòdaj Laviè Léza ?

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 » Mémoires et Révoltes au féminin »

— Par Yonban Ladouce & Naelle Nanda & Sarah Sambin & Marie Annick M’Nemosyme & Valiha Rakotonirainy —

Cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe

Anthologie de recueils

Avant propos par Thierry Sinda

Conçue pour commémorer le 20e anniversaire du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs, cette anthologie publie cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe. Elle est la première anthologie francophone de l’Afrique, de la Caraïbe et de l’Océan Indien au féminin. « Elle n’est pas, nous dit le maître d’œuvre Thierry Sinda, représentative de toute la poésie féminine des Afriques, ce qui serait par ailleurs illusoire, mais d’une tendance non négligeable de ce qui se fait en toute authenticité, et non sans talent, par les poétesses vivant dans ces aires géographiques ayant comme matrice l’Afrique-mère ». Y figurent des poétesses de tout âge, de différentes origines, de différents tempéraments qui méritent d’être lues et entendues : Yonban Ladouce du Cameroun, Naelle Nanda du Gabon, Sarah Sambin de Guadeloupe, Marie Annick M’Nemosyme de la Réunion, et Valiha Rakotonirainy de Madagascar. Elles mettent en exergue leur mémoire lointaine ou immédiate pour exprimer leurs révoltes.

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Yo di-mwen ki ou dé…

— Par Daniel M. Berté —

Yo di-mwen ki ou déklaré
Lavi Matnik sé pa lavi
Ou désidé foukan ayè
Pou profité dousin lot-la

Yo di-mwen ki ou déplasé
Pas ou pilé kracha Siryen
Ou janbé dlo, pati lotbò
Pou chèché lavi kay lot-la

Yo di-mwen ki ou débatjé
Adan frédi épi vergla
Ou lékété épi glisé
Ek tonbé an dalo lot-la

Yo di-mwen ki ou dérasiné
Ka dòmi dérò anba pon
Ou ka jis mandé chien meg pen
Ek pléré an péyi lot-la

Yo di-mwen ki ou débantjé
Kon Kris anglé Vandrédi-sen
Ou an lanmen douvan, lot dèyè
Ka maché an lari lot-la

Yo di-mwen ki ou débiélé
Ka palé tout lasent jounen
Ou ka kriyé ki yo piayé’w
Ek ka jouré lavi lot-la

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 » La vie » & « L’après midi d’un smart-phone »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

L’après-midi d’un smart-phone

Miroir sans tain
où se reflète le monde entier :TR7S
le beau et le laid,
le bon et le mauvais,
le faux comme le vrai,
le pire et le meilleur,
le rire avec les pleurs,
l’espoir comme la peur
et l’amour et l’envie
et la mort et la vie
dans cette petite vitre, non triées
les images et les pensées
de toute une pauvre humanité
en quête de reconnaissance
bien plus, hélas, que de connaissance…
S’exhiber à tout prix
en tous lieux tout le temps
et se faire admirer
par tant de faux amis
pour mieux s’admirer soi-même :
ah que je m’aime, que je m’aime !
Se tirer le portrait
et l’offrir en pâture
dans l’espoir avéré
de recevoir un Oscar sauvage
tel un autre Dorian Gray
qui ne peut plus se voir en peinture
mais à la fin qui est le vrai ?
Car le phone rusé joue du pipeau
et vous tombez de haut
quand par un bel après-midi
ce Pan vous laisse en plan…

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Première « Déblosaille » poétique à Saint-Esprit

— Par Selim Lander —

En préfiguration du deuxième festival de poésie organisé par l’association Balisaille au mois de mai prochain, une réunion bien sympathique, à laquelle était conviés tous les amateurs de la chose poétique, a eu lieu dimanche 19 mars. Ce fut d’abord l’occasion de rendre hommage à quelques poètes et poétesses locaux souvent injustement oubliés, disparus depuis peu pour la plupart, qui ont chanté la Martinique dans leurs œuvres, ses joies et ses peines. En voici la liste qui, fatalement, ne parlera pas de la même manière à tous nos lecteurs :

Gilbert Gratiant  (1895-1985)
Ina Césaire (1942-)
Georges Devassoigne (1931-2015)
José Le Moigne  (1944-)
Marie-Magdeleine Carbet (1902-1996)
Nelly Martin ( ?-?)
Rose-Eliane Landès (1955-2010)
Guylaine Avenel alias Clo-Dja ( ?-?)

« Heureux ceux qui sont mort pour la terre charnelle », écrivait Péguy dans le poème Ève (1913). Il écrivait aussi « Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement / Et cette obéissance et cette humilité ». Si Péguy parlait des soldats morts pour la patrie, le poète qui glorifie son pays dans ses vers (sans cacher pour autant ses revers) ne mérite-t-il pas lui aussi un tel éloge ?

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Aksidans-tjè

— Par Daniel M. Berté —

Man fann tjè-mwen anlè woch lendiférans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man pété tjè-mwen adan mòn-rédi rifizans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man krazé tjè-mwen anlè masonn ripousans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man kòché tjè-mwen asou pitjet méprizans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man blésé tjè-mwen anlè vè-boutey frédiyans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man dépotjolé tjè-mwen anlè karapas lensolans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man déchiré tjè-mwen asou fil-bawblé lignorans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

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Paul Rosine, Paulo… ou le parachèvement d’un artiste musicien.

Pianiste, chanteur, compositeur, auteur, arrangeur, chef d’orchestre.

— Par Manuel Césaire —

Mes quelques mots ne se réclament d’aucune exhaustivité.

D’autres avant moi ont discouru et disserté.

D’autres après moi, le feront car il faudra continuer à analyser, à comparer pour tenter de saisir, de comprendre l’arborescence de son œuvre et de son génie musical.

Un génie martiniquais et universel.

Ou encore un génie musical universel mis au service de sa « martiniquanité », de son identité profonde.

C’est sur cet aspect que je souhaite m’attarder, aujourd’hui.

Les influences dans l’œuvre de Paulo Rosine, on les entend, bien entendu.

De la musique classique au jazz, en passant par la musique de film et les musiques latino-américaines, ces influences stylistiques, ces procédés d’écriture sont identifiables dans l’orchestration générale, tant pour la section des cordes frottées (violons/alto/violoncelle) que pour la section de cuivres.

Paulo Rosine adaptera souvent la répartition des voix en fonction des pupitres disponibles. 

Le procédé d’harmonisation de la section de cordes s’apparente à la technique du quatuor à cordes. Néanmoins et faute d’avoir un 1er violon, un 2nd violon, un violon alto et un violoncelle, Paulo adaptera son harmonisation en fonction des instruments qu’il a « à sa disposition » ce, avec la contrainte des tessitures.

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« Le fil rouge », poésie de Marie Boniface

Concours de poésie Vieux-Habitants (Guadeloupe) en l’honneur du printemps des poètes 4 mars 2023 Thème: Frontières

« Les frontières, je les aime, je les déteste. »

Gilles LAPOUGE

Le fil rouge – Prix du Coup de Cœur.

Le fil rouge

Le souffle trouillard ricane.
La langue de ma nuit
Le rend coriace aux confins du désir.

Aussi torride que le froid racorni du snack,
Mon désir nocturne caresse tes cheveux
Dans l’antre abyssale de la cachoterie.

Samedi soir à ton phallus je m’attache.
Mes yeux brûlants léchant ton interdit,
Je pénètre l’invisible frontière.
Éclaboussé à l’oreille des plus affûtés,
Notre secret se met à héler.

Dans la cachette,
On s’écharpe, on s’aime
Et l’amour, on le fait.
Les frontières, je les aime, je les déteste
Comme cet entêté de fil rouge.
Notre amour rayonne dans sa clandestinité
Au milieu du froid minuit de la Pelée.

 

Marie Boniface

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Fè ladjè ?

— Par Daniel M. Berté —

Ou a bo vréyé vié pawol
Ou a bo fè kon an fanm fol
Ou a bo kanpé mové wol
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo di ki man kapon
Ou a bo kriyé-mwen kouyon
Ou a bo trété-mwen di kon
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo aplé-mwen lèlè
Ou a bo di man tjoupèpè
Ou a bo di man makoumè
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo di malédision
Ou a bo fè profitasion
Ou a bo konmet agrésion
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo fè tout mové senn
Ou a bo di man pa ni grenn
Ou a bo fè-mwen bon lapenn
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo vréyé minision
Ou a bo pété esplozion
Ou a bo fè déflagrasion
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo di man kakazwa
Ou an bo kriyé-mwen bwabwa
Ou a bo di man ababa
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo kontinié wouklé
Ou a bo soté maté rélé
Ou a bo fè tousa ou lé
Man pa djè pré a fè ladjè… épi’w Doudou

Daniel M.

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