Catégorie : Poésies

« Sargastique” en diable ! & Oups!, (Chat) J’ai pété un cable !

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
« Sargastique” en diable !

Ô la mer corrompue
déposant son obole
d’algues brunes qui puent
sur nos rives et nos sols…

Et ces relents viciés
que transporte le vent
empêchent bêtes et gens
de même respirer !

À quel démon sorti
du fond de l’océan
doit-on le châtiment
de son souffle maudit

changeant le paradis
d’une île tropicale
en escale infernale
que tout le monde fuit ?

Éole, dieu des vents,
exauce ma prière :
délivre notre terre
de ces sargasses amères.

→   Lire Plus

Sézè sé ki piébwa ?

— Par Daniel M. Berté —

« A force de regarder les arbres, je suis devenu arbre et mes longs pieds d’arbre ont creusé dans le sol de larges sacs à venin de hautes villes d’ossements… » Aimé Césaire – Cahier d’un retour au pays natal

« A fos gadé piébwa, man vini an piébwa »
Sé sa Emé Sézè di dan liv i matjé
Men i pa di lamenm ki piébwa i té yé
Man pété tet pou sav kilès i divini

Ki piébwa ki ni “pié’y ki trasé an fon tè
Dé gran sak vlen di gran lavil ki fet an zo”
Man gadé dan « Kayé pou an déviré Bòkay » 
Pou wè si’y té vini piébwa ki man konnet :

Gayak ki moun ka pwan pou yo pé sa fè ma
Mawoganni ki ka pousé adan lé fon
Fonmajé ki piébwa ki ka palé tou ba 
Bawobab ki tala ka monté Mòn Aka ?

Akasia tou piti ki pa ka fè gwo pié
Pié-koko ki anmen balé niaj an sièl gri
Griyavié-bwa ki ka pousé adan gran bwa
Bwa Moudong ki anlè bòdaj Laviè Léza ?

→   Lire Plus

 » Mémoires et Révoltes au féminin »

— Par Yonban Ladouce & Naelle Nanda & Sarah Sambin & Marie Annick M’Nemosyme & Valiha Rakotonirainy —

Cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe

Anthologie de recueils

Avant propos par Thierry Sinda

Conçue pour commémorer le 20e anniversaire du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs, cette anthologie publie cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe. Elle est la première anthologie francophone de l’Afrique, de la Caraïbe et de l’Océan Indien au féminin. « Elle n’est pas, nous dit le maître d’œuvre Thierry Sinda, représentative de toute la poésie féminine des Afriques, ce qui serait par ailleurs illusoire, mais d’une tendance non négligeable de ce qui se fait en toute authenticité, et non sans talent, par les poétesses vivant dans ces aires géographiques ayant comme matrice l’Afrique-mère ». Y figurent des poétesses de tout âge, de différentes origines, de différents tempéraments qui méritent d’être lues et entendues : Yonban Ladouce du Cameroun, Naelle Nanda du Gabon, Sarah Sambin de Guadeloupe, Marie Annick M’Nemosyme de la Réunion, et Valiha Rakotonirainy de Madagascar. Elles mettent en exergue leur mémoire lointaine ou immédiate pour exprimer leurs révoltes.

→   Lire Plus

Yo di-mwen ki ou dé…

— Par Daniel M. Berté —

Yo di-mwen ki ou déklaré
Lavi Matnik sé pa lavi
Ou désidé foukan ayè
Pou profité dousin lot-la

Yo di-mwen ki ou déplasé
Pas ou pilé kracha Siryen
Ou janbé dlo, pati lotbò
Pou chèché lavi kay lot-la

Yo di-mwen ki ou débatjé
Adan frédi épi vergla
Ou lékété épi glisé
Ek tonbé an dalo lot-la

Yo di-mwen ki ou dérasiné
Ka dòmi dérò anba pon
Ou ka jis mandé chien meg pen
Ek pléré an péyi lot-la

Yo di-mwen ki ou débantjé
Kon Kris anglé Vandrédi-sen
Ou an lanmen douvan, lot dèyè
Ka maché an lari lot-la

Yo di-mwen ki ou débiélé
Ka palé tout lasent jounen
Ou ka kriyé ki yo piayé’w
Ek ka jouré lavi lot-la

→   Lire Plus

 » La vie » & « L’après midi d’un smart-phone »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

L’après-midi d’un smart-phone

Miroir sans tain
où se reflète le monde entier :TR7S
le beau et le laid,
le bon et le mauvais,
le faux comme le vrai,
le pire et le meilleur,
le rire avec les pleurs,
l’espoir comme la peur
et l’amour et l’envie
et la mort et la vie
dans cette petite vitre, non triées
les images et les pensées
de toute une pauvre humanité
en quête de reconnaissance
bien plus, hélas, que de connaissance…
S’exhiber à tout prix
en tous lieux tout le temps
et se faire admirer
par tant de faux amis
pour mieux s’admirer soi-même :
ah que je m’aime, que je m’aime !
Se tirer le portrait
et l’offrir en pâture
dans l’espoir avéré
de recevoir un Oscar sauvage
tel un autre Dorian Gray
qui ne peut plus se voir en peinture
mais à la fin qui est le vrai ?
Car le phone rusé joue du pipeau
et vous tombez de haut
quand par un bel après-midi
ce Pan vous laisse en plan…

→   Lire Plus

Première « Déblosaille » poétique à Saint-Esprit

— Par Selim Lander —

En préfiguration du deuxième festival de poésie organisé par l’association Balisaille au mois de mai prochain, une réunion bien sympathique, à laquelle était conviés tous les amateurs de la chose poétique, a eu lieu dimanche 19 mars. Ce fut d’abord l’occasion de rendre hommage à quelques poètes et poétesses locaux souvent injustement oubliés, disparus depuis peu pour la plupart, qui ont chanté la Martinique dans leurs œuvres, ses joies et ses peines. En voici la liste qui, fatalement, ne parlera pas de la même manière à tous nos lecteurs :

Gilbert Gratiant  (1895-1985)
Ina Césaire (1942-)
Georges Devassoigne (1931-2015)
José Le Moigne  (1944-)
Marie-Magdeleine Carbet (1902-1996)
Nelly Martin ( ?-?)
Rose-Eliane Landès (1955-2010)
Guylaine Avenel alias Clo-Dja ( ?-?)

« Heureux ceux qui sont mort pour la terre charnelle », écrivait Péguy dans le poème Ève (1913). Il écrivait aussi « Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement / Et cette obéissance et cette humilité ». Si Péguy parlait des soldats morts pour la patrie, le poète qui glorifie son pays dans ses vers (sans cacher pour autant ses revers) ne mérite-t-il pas lui aussi un tel éloge ?

→   Lire Plus

Aksidans-tjè

— Par Daniel M. Berté —

Man fann tjè-mwen anlè woch lendiférans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man pété tjè-mwen adan mòn-rédi rifizans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man krazé tjè-mwen anlè masonn ripousans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man kòché tjè-mwen asou pitjet méprizans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man blésé tjè-mwen anlè vè-boutey frédiyans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man dépotjolé tjè-mwen anlè karapas lensolans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

Man déchiré tjè-mwen asou fil-bawblé lignorans-ou
Men sa’w konprann?… Man san fouté…
I kontinié bat

→   Lire Plus

Paul Rosine, Paulo… ou le parachèvement d’un artiste musicien.

Pianiste, chanteur, compositeur, auteur, arrangeur, chef d’orchestre.

— Par Manuel Césaire —

Mes quelques mots ne se réclament d’aucune exhaustivité.

D’autres avant moi ont discouru et disserté.

D’autres après moi, le feront car il faudra continuer à analyser, à comparer pour tenter de saisir, de comprendre l’arborescence de son œuvre et de son génie musical.

Un génie martiniquais et universel.

Ou encore un génie musical universel mis au service de sa « martiniquanité », de son identité profonde.

C’est sur cet aspect que je souhaite m’attarder, aujourd’hui.

Les influences dans l’œuvre de Paulo Rosine, on les entend, bien entendu.

De la musique classique au jazz, en passant par la musique de film et les musiques latino-américaines, ces influences stylistiques, ces procédés d’écriture sont identifiables dans l’orchestration générale, tant pour la section des cordes frottées (violons/alto/violoncelle) que pour la section de cuivres.

Paulo Rosine adaptera souvent la répartition des voix en fonction des pupitres disponibles. 

Le procédé d’harmonisation de la section de cordes s’apparente à la technique du quatuor à cordes. Néanmoins et faute d’avoir un 1er violon, un 2nd violon, un violon alto et un violoncelle, Paulo adaptera son harmonisation en fonction des instruments qu’il a « à sa disposition » ce, avec la contrainte des tessitures.

→   Lire Plus

« Le fil rouge », poésie de Marie Boniface

Concours de poésie Vieux-Habitants (Guadeloupe) en l’honneur du printemps des poètes 4 mars 2023 Thème: Frontières

« Les frontières, je les aime, je les déteste. »

Gilles LAPOUGE

Le fil rouge – Prix du Coup de Cœur.

Le fil rouge

Le souffle trouillard ricane.
La langue de ma nuit
Le rend coriace aux confins du désir.

Aussi torride que le froid racorni du snack,
Mon désir nocturne caresse tes cheveux
Dans l’antre abyssale de la cachoterie.

Samedi soir à ton phallus je m’attache.
Mes yeux brûlants léchant ton interdit,
Je pénètre l’invisible frontière.
Éclaboussé à l’oreille des plus affûtés,
Notre secret se met à héler.

Dans la cachette,
On s’écharpe, on s’aime
Et l’amour, on le fait.
Les frontières, je les aime, je les déteste
Comme cet entêté de fil rouge.
Notre amour rayonne dans sa clandestinité
Au milieu du froid minuit de la Pelée.

 

Marie Boniface

→   Lire Plus

Fè ladjè ?

— Par Daniel M. Berté —

Ou a bo vréyé vié pawol
Ou a bo fè kon an fanm fol
Ou a bo kanpé mové wol
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo di ki man kapon
Ou a bo kriyé-mwen kouyon
Ou a bo trété-mwen di kon
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo aplé-mwen lèlè
Ou a bo di man tjoupèpè
Ou a bo di man makoumè
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo di malédision
Ou a bo fè profitasion
Ou a bo konmet agrésion
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo fè tout mové senn
Ou a bo di man pa ni grenn
Ou a bo fè-mwen bon lapenn
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo vréyé minision
Ou a bo pété esplozion
Ou a bo fè déflagrasion
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo di man kakazwa
Ou an bo kriyé-mwen bwabwa
Ou a bo di man ababa
Man pa djè pré a fè ladjè…
Ou a bo kontinié wouklé
Ou a bo soté maté rélé
Ou a bo fè tousa ou lé
Man pa djè pré a fè ladjè… épi’w Doudou

Daniel M.

→   Lire Plus

Kouri vidé an lari Sentespri

(épi lé personaj ek chanté tradisionel)

—Par Daniel M. Berté —

An won Kalipso-a
Travesti… pou gran ek piti… pa rété-la ! sòti !
« Démaré, déméré, démaré vidé-a ! »

Lari Djédon
Bwabwa… an vidé-a sé li ki wa… ou pé di sa papa !
« Lapooo déchiré ! Lapo bonda vaval déchiré !»

Won lagrann Fontèn
Djab-rouj… ki sòti jis Mòn Rouj… abiyé toutan rouj !
« Ou ! ou ! vwasi le lou ! Ou ! ou ! vwasi le lou ! » 

Lari Chelchè
Karolin-zié-kokli… i ka pòté nonm-li… ki boulé o wiski !
« Banmba kola ! Ròzémé, Ròzémé manmay-la ! »

Bò lanméri
Mèdsen-lopital… ki sòti Bodkannal… pou kouri kannaval!
« Mi bissuiya ! Rosé ! Yanna pou lé zanfan ! Rosé ! »

Won man Bonè
Mawriaj-birles… yo ka fè an lanmes… pou an béni-konmes !
«Rena ou anmen poul ! Lanméri Fodfrans-la, sé pa an poulayé »  

→   Lire Plus

« Une âme d’ânée… », « Poétique Polémique vs Politique » & « Décolonialisme » par Patrick Mathelié-Guinlet

Une âme d’ânée…

Je suis une tête de mule,
résistant qui fait des émules
mais le grand nombre des années
pèse sur moi comme une ânée !

Si l’âne, ce pauvre animal,
non content d’être un exploité,
est injustement méprisé
alors qu’il ne fait aucun mal,

chargé de tous maux de la terre
et voué comme une âme damnée
depuis sa naissance à l’enfer,
on n’a jamais pu lui ôter

sa faculté à résister…
Aussi, n’ayant jamais cessé
de considérer comme un frère
cet autre damné de la terre,

je persiste à me rebeller
et à ne point me laisser faire
par les champions de l’oppression,
de la carotte et du bâton !

À la mémoire de Cadichon*
j’ai voulu écrire ces vers
pour qu’on cesse d’être sévère
avec cet âne doux et bon…

* l’âne intelligent, héros des “Mémoires d’un âne” de la comtesse de Ségur.

→   Lire Plus

Doulè an dé…

— Par Daniel M. Berté —

Doulè ka défonsé-mwen, débousolé-mwen
Doulè ka démonté-mwen, dékonekté-mwen
Doulè ka dérayé-mwen, dékourajé-mwen
Doulè ka dékalé-mwen, défòrmé-mwen
Doulè ka démantibilé-mwen, dégrenné-mwen
Doulè ka dékalbiché-mwen, dégradé-mwen
Doulè ka dépotjolé-mwen, dévidé-mwen
Doulè ka dérasiné-mwen, démantlé-mwen
Doulè ka déchiktayé-mwen, démanbré-mwen
Doulè ka débiélé-mwen, dépouyé-mwen
Doulè ka déservélé-mwen, déplimé-mwen
Doulè ka dézékilibré-mwen, déréglé-mwen
Doulè ka dékatjé-mwen, dézakòwdé-mwen
Doulè ka dékalfoutjé-mwen, dézawsonné-mwen
Doulè ka dékalfouné-mwen, dézaksé-mwen
Doulè ka dézabiyé-mwen, défolmanté-mwen
Doulè ka dématé-mwen, dézespéré-mwen
Doulè ka dékoupé-mwen, dézoriyanté-mwen
Doulè ka défwisiyé-mwen, dévoré-mwen
Doulè ka déprélé-mwen, dévitalizé-mwen
Doulè ka dévasté-mwen, démoralizé-mwen,
Doulè ka déjwenté-mwen, déchiré-mwen
Doulè ka dékapité-mwen, démouné-mwen
Doulè ka déberté-mwen, dé-telman-mwen ki…
Doulè sé mwen, mwen sé Doulè

Daniel M. Berté 40122

→   Lire Plus

Un stage d’écriture avec Lyonel Trouillot

— Par Selim Lander —

L’association Balisaille a organisé à la médiathèque de Saint-Esprit un stage d’écriture poétique animé par Lionel Trouillot, écrivain haïtien internationalement connu dont l’œuvre multiforme – romans, poèmes, essais – a été couronnée de plusieurs prix.

Une vingtaine de participants se sont retrouvés tous les soirs de semaine ou presque, plus un samedi, du 18 au 28 janvier, bravant courageusement pour ceux qui se trouvaient éloignés de Saint-Esprit les difficultés de la circulation. Une écrasante majorité de femmes parmi les participants, les hommes étant sans doute moins nombreux de nos jours à posséder à la fois l’envie et la capacité de s’exprimer avec des mots et ceux qui néanmoins le sont étant davantage attirés par d’autres formes que la poésie au sens strict, terme quelque peu suranné à leurs yeux. La poésie qui pourtant, de nos jours, n’a plus vraiment de règle.

On pouvait le vérifier en assistant ce samedi 28 janvier, jour de clôture du stage, à la « restitution » orale des « travaux » des participants, travaux parmi lesquels l’on n’a repéré aucun texte conforme à ce que l’on entendait par « poésie » à l’époque où les vieilles personnes comme l’auteur de ce compte-rendu fréquentaient les bancs des écoles.

→   Lire Plus

« Juste un air de blues » & « Qui a peur de Virginia Woolf? » de Patrick Mathelié-Guinlet

Juste un air de blues

C’est juste un air de blues
qui t’arrache les tripes
pour sortir de la bouse
de ton trop mauvais trip…

Dire ton désespoir
et ton manque de pot
quand tu n’as plus de mots
tant l’avenir est noir !

Tu contes ton histoire
sans la moindre pudeur,
conjurant ton malheur
pour soigner ton cafard

avec cet air de blues
joué sur ta guitare
car tu sais bien que boire
n’ôte pas la mémoire…

Oui, juste un air de blues
qui te colle à la peau
comme un parfum de “loose”
quand t’en as plein le dos…

Qui a peur de Virginia Woolf?

Lorsque le sale air de la peur
n’est que l’affreuse puanteur
de ceux qui ont chié dans leur froc,
paralysés et sous le choc…

Peur de son ombre et peur de tout,
peur des autres : la peur des coups,
peur des monstres au fond du placard,
de l’inconnu, la peur du noir !

Peur de manquer, de la misère,
peur de l’avion, peur de l’enfer,
peur des sorciers, peur animale
de ce qui peut causer du mal…

Peur du vide, peur de la foule,
de perdre et même de gagner
mais aussi la peur de passer
pour la plus mouillée de ces poules…

Et puis ceux qui du loup ont peur,
de ne pas être à la hauteur,
peur de la mort, du lendemain…
Mais de tout ça, je me fous bien
car enfin je n’ai peur de rien !

→   Lire Plus

« Sa peur… », « Une âme d’enfant » de Patrick Mathelié-Guinlet

“Sa peur… »

Je veux vous parler de la peur de l’homme :
peur de tout, de son ombre, peur d’un rien…
De sa peur, minant son esprit par le doute assiégé…
De sa peur, pompier éteignant le feu de son âme…
De sa peur, habillant de vanité son corps et son cœur…
Sa peur qui lui fait perdre ses moyens
et même sa moyenne aux examens !
Sa peur de ne pas être à la hauteur,
du coup le rendant presque nain…
Sa peur de manquer, peur du lendemain
qui rend l’homme si pingre et mesquin…
Sa peur de l’autre, l’inconnu, l’étranger,
peur de tout ce qui est différent
qui le rend agressif, égoïste et méchant…
De sa peur d’aimer, tout simplement !
Et pour résumer toutes ses peurs en un seul
mot comme en sang, le plus effroyablement glaçant :
la mort les recouvre en linceul…
Quand la seule chose en somme
dont on doit avoir peur vraiment,
c’est bien de la peur elle-même…!

→   Lire Plus

Bonnaniversè Diyanman !

(Pou lé 160 an lavil Diyanman)

— Par Daniel M. Berté —

Diyanman !
Sé kon lakay manman
La ni dé bon zanfan
Ki ni bon santiman
Bonnaniversè jan Diyanman
Tjenbé! Woulé douvan!

Diyanman « ter présièz »
Ka briyé vil koket
Diyanman pier présièz
Ki ni dé bel faset

I ni faset ékléran
Lans-Kafa, Omilàn,
Fon-Mannwel, Topiniè,
Sé Diyanman réyonan

I ni faset étenselan
Fon-Kamiy, Bitay,
Mar-Pwarié, Chalopen,
Sé Diyanman resplandisan

I ni faset réyonan
Jaka, La-Michel,
Tomaren, Ti-Léza,
Sé Diyanman éklatan

I ni faset chatwayan
Toray, La-Dizak,
Mòn-Blan, La-Longet,
Sé Diyanman flanbwayan

→   Lire Plus

« Sagesse », « Ombre et Lumière », de Patrick Mathelié-Guinlet

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Sagesse

Savoir attendre :
prendre le temps
de regarder autour de soi…

Savoir entendre :
prendre le temps
d’écouter les gens

mais aussi les voix
de la Nature, les mots
des arbres et des animaux,

les murmures du vent
et ceux de l’océan,
des rivières le chant…

Et puis de tout cela
savoir apprendre
l’amour, la Vie
et toute sa poésie !

Ombre et lumière

À l’heure où les ombres chinoisent
et qu’en nombre elles cherchent noise
aux dernières lueurs du jour,
dans l’obscurité métastase
l’odeur de mystère alentour…

→   Lire Plus

Bel ek bon lanné 2023 ba tout moun

— Par Daniel M. Berté —

Tan 2023

Nou za pasé an patjé mové pas
– Nou pa ped fwa
Nou za sibi an kantité vié traka
– Nou pa ped lespwa
Nou za pran an chay kalot laviya
– Nou pa ped lavwa

Nou za pran kou ki kou
Nou za pran kalot ki kalot
Nou za pran fè ki fè

An tan Lesklavaj…
Nou lévé… Vidjò !
An tan Wobè …
Nou lienné… Fò !
An tan Kovid…
Nou kakolé… A mò !

An tan tout mové tan…
– Nou toujou fè fos an vansan
– Nou toujou fè bek an gouman
– Nou toujou fè fron an rézistan

Nous za pasé dé bel moman
– Nou té dan lanchantman
Nou za viv dé bel labonm
– Nou té dan lakontantman
Nou za pran-pyé-nou a fon
– Nou té dan lépànwisman

Nou za rigolé an rigolad
Nou za anmizé an anmizman
Nou za fété an fétaj

An tan La-nwel…
– Nou kantiké… Vidjò !
An tan Kannaval…

– Nou vidéyé… Fò !
An tan Grann-vakans…
– Nou vakansé… A mò !

→   Lire Plus

Amanda Gorman : «La poésie est une tradition vivante, même si elle reste souvent le domaine de mâles blancs, âgés ou morts»

— Par Pascaline Potdevin —

Lors de l’investiture de Joe Biden, elle a frappé les esprits en lisant un de ses propres poèmes. Engagée dans l’alphabétisation, cette globalchangemaker d’Estée Lauder est devenue une icône millennial et une voix puissante en Amérique.

Ses mots sont limpides, pesés avec soin et énoncés sans l’ombre d’un balbutiement. Au téléphone, depuis la côte Ouest de l’Amérique, les phrases d’Amanda Gorman étincellent à côté de notre anglais un peu rouillé. Elle balaie nos gênes d’un éclat de rire : «Ça me rappelle une anecdote : quand j’étais petite, je n’arrivais pas à prononcer les “r”. Je faisais de l’espagnol, mais mes professeurs me disaient que j’aurais dû prendre le français car vos “r” sont plus doux. C’est moi qui ai raté le coche en n’apprenant pas votre langue. Alors ne vous excusez pas !»

L’investiture de Joe Biden

Derrière ces «r» réfractaires, on trouve un des fondements de l’histoire d’Amanda Gorman : celle d’une enfant noire souffrant d’un problème d’audition et d’élocution, devenue, à 22 ans, la plus jeune poétesse à déclamer un texte lors de l’investiture du plus vieux des présidents américains – Joe Biden, un homme blanc de 78 ans (lui-même jadis handicapé par un bégaiement).

→   Lire Plus

Nwèl Bò Kay, La complainte du sapin de Noël & Cochonneries, de Patrick Mathlié-Guinlet

Nwèl Bò Kay

Pas de boules accrochées
à un sapin coupé
mais un beau cocotier
tout plein de noix sucrées.

Et pas de cheminée
par où pourrait passer
Père Noël et sa hotte
pour y remplir nos bottes
mais un nèg’ gros sirop
apportant des cadeaux.

Et l’exotique pomme
a remplacé l’orange.
C’est ainsi que les hommes
fêtent leurs petits anges
aux tropiques dans les D.O.M.

La complainte du sapin de Noël

Dans la verdeur de ma jeunesse
on m’a coupé le pied sous l’herbe,
on m’a coupé de mes racines,
de ma vie j’ai perdu le fil
et puis de fil en aiguilles…
Je me suis fait enguirlander,
ce n’est pas vraiment cool
même si c’est en foule
qu’on vient pour m’admirer.
Maintenant ils m’ont mis les boules…
lorsque je songe à ma famille,
à la forêt où je suis né
et que jamais, au grand jamais,
je sais que je n’les reverrai !…
À cause de leur stupide coutume
à laquelle ils m’ont sacrifié
sans respect, remords ni regret,
je suis rempli d’amertume
et je ne peux me “résinier”.

→   Lire Plus

Atjolman

— Par Daniel M. Berté —

Atjolman ki ti-poul sav ki fo pa yo suiv ti-kanna
pou yo pa mò néyé dapré sa proveb di…

Atjolman ki poul pa ka’y dòmi a sizedswè
an pié kako ankò pis sa vini ra kon zé bourik…

Atjolman ki manman-poul okouran ki fo’y véyé piti’y
pou pies mangous rafin pa fè bawouf anlè yo…

Atjolman ki poul ka rifizé manjé ravet ankò
pis yo ba’y labitid sèvi’y o pirina…

Atjolman ki poul pa ka graté fimié pou trapé vètè ankò
pis i ka viv nouri-lojé-blanchi an kay-poul klimatizé…

Atjolman ki poul pa ka pran lapenn chanté ankò
lè’y ponn an zé an razié pis I ka viv andidan…

Atjolman ki “poul épi diri”, tianmay pa lé sa ankò
pis YO ba-yo gou ambergè lotbò pito…

Atjolman ki poul san fouté di sav si sé ti-van o gran-van
ka fè latjé’y panché pou fè moun malpalé…

Atjolman ki’w fini kouté ou li an zafè listwè poul
kontè manti-mantè té ka konté pou vèglé’w…

Atjolman ou ka’y sav poutji poul pa ni rézon douvan kouto
lè’w ka’y konprann ki ou sé an poul…

Atjolman ou ka’y sav sa ki fè, ou ka’y santi fè,
ou ka’y taté fè, ou ka’y tété fè, ou ka’y pran fè.

→   Lire Plus

« Conte sur les doigts » & « Memento… » de Patrick Mathelié-Guinlet

Conte sur les doigts…

Je dois compter sur les doigts d’une main
les amis sur lesquels compter demain.
Amis très chers, l’amitié est sans prix
quand tellement éphémère est la vie !

Et puis quand on aime, on ne compte pas
ceux partageant le meilleur et le pire,
mes rêves et mes espoirs, mes délires
et mon cœur en morceaux choisis de poésie
que je leur ai donnés à lire…

Parmi eux, quelques uns sont partis
trop tôt pour ce mystérieux pays
dont on ne doit jamais revenir…
Mais me restent des doigts pour écrire
et faire vivre leur souvenir

qui demeure pour toujours encré
sur la peau dénudée de mon cœur
comme sur cette feuille en papier
où j’effeuille nos moments de bonheur
tels pétales de la plus précieuse fleur :
LA VIE !

→   Lire Plus

Et si on parlait d’amour?

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Oasienne

Comme une Isis pour Osiris,
tu es l’eau de mon oasis,
humectant mon cœur desséché
de la fraîcheur de tes baisers…

Longtemps, j’errai dans un désert
en proie à des pensées amères,
soliloquant de dune en dune
sous le feu glacé de la lune…

J’ai survécu à la folie
des éfrits et mauvais génies
qui soufflent le vent de la haine
dans leurs murmures acouphènes…

Je bois à ta bouche adorable
tes mots doux comme des caresses…
Dans ce monde aride de sable,
de l’amour tu es ma déesse !

 

Arc-en-ciel

→   Lire Plus

« Poème confiné d’Outre-mer  » de Lolita Monga

Jeudi 24 novembre à 19h dans les Jardins de la Médiathèque Alfred Melon-Degras.

Lolita MONGA, accompagnée de Rémi CAZAL, propose une expérience poétique et musicale exceptionnelle ponctuée d’harmonies australes et de percussions.

Synopsis :
Sur une musique mêlant racines et machines, harmonies australes et percussions, Poème Confiné d’outre-mer nous convie à un voyage intérieur. C’est un texte-chair qui renoue avec les sens confisqués. Si le corps reste immobile, la pensée, elle, chemine et substitue à la géographie de l’île de la Réunion, une géographie du corps, celui de la femme. Ressurgit alors une mémoire-racine enfouie, qui vient « posséder » la carte du corps, la carte de l’île, la carte du monde.

En amont, un atelier d’écriture poétique pour adultes sera proposé ce Mardi 22 novembre à 18h30.

Inscriptions souhaitées au 0596 61 00 07.

Rdv autour de l’œuvre de Lolita Monga, Jeudi 24 novembre à 19h dans les Jardins de la Médiathèque Alfred MELON-DEGRAS.

Jeudi 24 novembre 2022, 19h
(Jardins de la Médiathèque Alfred MELON-DEGRAS)

A propos du spectacle
Poème Confiné d’outre-mer témoigne d’une période inédite dans le monde entier : celle de la pandémie du COVID 19 et du premier confinement.

→   Lire Plus