Catégorie : Poésies

Hissant les couleurs… Like : a Rolling Stone

— Patrick Mathelié-Guinlet —

“Like” : a Rollling Stone…

Pour un “like” de plus,
prêt à tous les mensonges
car le nombre de vues
de ceux qui vont te suivre
est un mal qui te ronge…

Pour un “like” de plus,
un frelaté “je t’aime”,
t’es même plus toi-même !
Addiction qui rend ivre :
sans ça tu ne peux vivre…

Tu ne sais même plus
qui tu es dans le fond :
l’image fabriquée
a d’un coup remplacé
toute réalité !

Comptent seuls à tes yeux
tous ces pouces levés
qui font de toi un dieu…
Sache que l’opinion
est vite versatile

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Krazman

— Par Daniel M. Berté —

Ki malè latè ka péyé
Kanada jòdi pri-difé
Koré-di-sid li ka néyé
Konsi lanati détratjé

Kisa ka fè latè vin fol
Konsidiré i ped kontrol
Ka fè labankiz fonn o pol
Ka fè’y jwé an si mové rol

Kou latè za pran an plim fal
Kalamité za ka ba’y bal
Katastrof ka suiv an pagal
Kriz ka suiv kriz an gran rafal

Koz latitid lé zabitan
Koupé-raché fet san manman
Krim ki fet dépi si lontan
Klima vin chanjé atjolman

Krizman ka vini pli frékan
Krazé-brizé pres permanan
Kalot latè ka pran souvan
Kan lé zéléman an mouvman

Kisa ki fo fè aprézan
Konsians sitiyasion a pran
Konprann ki fo pa nou ped tan
Kolé kò pou rété krazman

Daniel M. Berté 160723

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Un 14 juillet en pétard mais j’ai rêvé que mon île pourrait se défiler

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
J’ai rêvé que mon île, larguant la longue et lourde chaîne qui l’ancre à ce continent européen avec lequel elle n’a rien en commun si ce n’est un usage de la langue coloniale,

partait à la dérive au mitan du vaste océan, loin du bruit et de la fureur de ce théâtre qu’est le monde actuel et de la mauvaise tragi-comédie qui s’y joue…

J’ai rêvé que sur mon île on ne se préoccupait plus que du chant des oiseaux, du gazouillis des poètes et musiciens, de la luxuriante beauté des fleurs et paysages, d’amour fraternel et de chaleur humaine, bref de faire de cette vie la fête perpétuelle qu’elle devrait être, n’en déplaise aux contempteurs moralistes de tout poil politique, sanitaire ou religieux !

J’ai rêvé que sur ce paradis tropical on vivait de l’abondance des cadeaux de la Terre-Mère qu’on respecterait et cesserait d’empoisonner, dans le partage, l’amour et la libération de l’esclavage de l’argent en l’absence de tout besoin.

On peut me taxer d’irréalisme ou d’isolationnisme mais je désire seulement que mon île soit un asile, non de fous, mais pour tous ces rêveurs d’utopie du bonheur qui y vivent :

île oasis de paix et de joie au milieu du désert, à l’écart d’un monde devenu fou de haine, de peur et d’oppression,

île flottante au milieu d’un dessert de délices sucrés…

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« Ivre d’amour » &  » Bienfaisante amnésie »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

IVRE D’AMOUR !

J’ai fait sauter le bouchon cacheté
de tes secrets les plus cachés…
Ayant ainsi brisé ta réserve
comme on ouvre une “cuvée réservée”
de champagne millésimé,
je me suis enivré sans réserve
à ton âme pétillante…

Cette merveilleuse boisson
me monte à la tête !
À tes lèvres, sans aucune modération,
ce doux nectar de tes paroles je bois
pour oublier tout le reste

et tout ce qui n’est pas toi,
je le jette aux oubliettes !
De toi je ne veux jamais dessoûler,
connaître la solitude d’une gueule de bois…

Ta présence à mes côtés
est une perpétuelle fête…
Chaque jour, je presse le bouton “reset”.
Mon amour, du bonheur c’est toi ma recette !

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An zafè flanm

— Par Daniel M. Berté —

Pou an zafè bel flanm
Boul moun ka vréyé-flanm
Pou sèten sé sové-no-zanm
Dot paré a tiré lé zanm

I pou rivé abò bato
Konsi la Madòn Lajoso
Bouton-frédi anlè lapo
Oben sé ka’y an bel kado

Flanm-tala poko débatjé
Difé o péyi za limé
An komin adan tout kawtié
Pawol savé za ka tonbé

An sakré lensendi-palé
Ki pa bò Foyal démaré
I ba’y grenpé Montàn Pelé
Pa Lanmanten i déviré

Pa koté Robè i alé
Epi Sentmari i monté
Pa bò Sentespri i pasé
Epi Senpiè i déviré

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« Aborigène » & Marée

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Aborigène

Si la Terre n’était plus si ronde,
il faudrait réinventer le monde !
N’a-t-il pas suffi de le rêver,
c’est ainsi que tout a commencé…

Ocre rouge ou jaune, blanc et noir
mêlés sur les faces des danseurs
racontent les anciennes histoires
du temps de ce Serpent Arc-en-Ciel,
peintes sur les écorces sacrées…

Et leurs ombres jaillissent aux lueurs
vacillantes de grands feux rituels,
leurs pieds nus qui la terre martèlent
s’accordent aux battements de son cœur…

Les sons graves du didgeridoo
sont la voix, le souffle des ancêtres
que ces danses un instant font renaître,
magiques, au pays des kangourous…

Marée

Va-et-vient d’océan,
mouvement incessant
de l’inlassable amant
du sable de nos îles…

Le plus souvent tranquille,
se faisant caressant,
mots d’amour susurrant
dans un souffle de vent…

Mais parfois écumant
de violence sauvage
et de force brutale
quand sévit l’ouragan !

Ce coït ancestral
de l’eau avec la terre
dont naissent les chimères
des rêves de bonheur

fait surgir dans la tête
et le cœur du poète
un désir de voyage
et de lointain ailleurs…

Patrick Mathelié-Guinlet

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Flè-Sézè

— Par Daniel M. Berté —

I ni an bel boutjé
Konpozé par an spésialis
Lanati natirel ek lanati imèn épi
Flè-langajman

I ni an flè
Koupé épi an woch
Vréyé dèyè chien-lari
Flè-ferman

I ni an flè
Pou sa ritouvé kò’w
Epi nanm-ou osi
Flè-pèdi

I ni an flè
Yo tjuiyi an gran van
Ek ki très rézistan
Flè-latanpet

I ni an flè
Ki té kroché an woché
Vag-lanmè baloté
Flè-laminè

I ni an flè
Koupé dan an péyi
Eti moun té ka pé
Flè-chien

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« Retour à la parole sauvage » de Monchoachi

Un Art subtil de la guerre, Monchoachi nous invite à entrer dans la ronde

—Note de lecture de Mireille Jean-Gilles —

Un livre à avaler d’un seul coup vloup,
comme un sèk,
ou à déguster à petites gorgées,
tel un feu qui vous vivifie …

Retour à la parole sauvage, c’est d’abord un beau livre, une beauté épurée, presque une page blanche en guise de couverture, avec quelques très petites lettres, vertes, d’un vert sauvage, entre deux lignes, vertes, elles aussi, Retour à la parole sauvage, c’est un recueil d’essais d’une beauté profonde, plus immédiatement accessible que les poèmes de Monchoachi qui, eux, ont besoin d’obscurité pour s’épanouir, dialoguer avec l’Invisible, et dans Retour à la parole sauvage, la poésie volant la vedette à la pensée s’impose d’emblée, pure, effilée, transparente, même si le poète aurait désavoué ce mot, lui qui aime tant frayer avec l’ombre, pour in fine débusquer ce qui ne se montre pas, ne se nomme pas, ici, à la faveur d’un recueil d’essais voulu par les Editions Lundimatin, c’est encore la poésie qui apparaît, qui semble vouloir tenir la pensée en bride,.

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Lariya

— Par Daniel M. Berté —

Lariya ka élé
Pou pé sa di bonjou
Bonjou mennen ki-nov
Ki-nov mennen milan

Lariya ka kozé
Bouch-anba-bra palé
Chui-chui-chui mirmiré
Pou pé makòkòté

Lariya ka maché
Manniè vitman présé
A la bonda rimen
Janr mi-ta’w-mi-ta-mwen

Lariya ka kriyé
An manniè anrajé
Paré a balancé
Dé kout-kouto filé

Lariya ka pran-pié
Zwel tiyanmay ka jwé
Foutbol friyapen blé
Kous serso ka woulé

Lariya ka karnavalé
Kat jou diran san rété
Tout manmay dégizé
Ka dansé ek vréyé monté

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Quelques aspects de la poésie de Roger Parsemain

Intervention au Mai-Poésie 2023 de Balisailles

— Par Georges-Henri Léotin —

Nous voudrions articuler cette présentation de Roger Parsemain à partir de 3 grands axes :

I) La poésie de Parsemain comme ouverture au monde

II) Histoire et Géographie chez R.P.

III) Poésie et sacré chez R.P.

*

I. La poésie comme ouverture au monde…

Le rapport de l’Homme avec le monde, avec la nature, peut être un rapport de domination, d’exploitation. L’Homme se veut alors comme « maître et possesseur » de la nature, selon la formule cartésienne bien connue. A l’inverse de cette prétention à la domination et à l’asservissement, la poésie peut être un moyen d’ouverture au monde, un accès à tout ce qui nous échappe dans notre quotidien quand notre rapport à la nature est purement utilitaire et technique. Écoutons Parsemain qui nous invite à nous émerveiller d’une aurore :

« Ouvre les yeux
Pour découvrir le don du jour
Avec le couteau de l’absinthe
Pupille verte d’une victoire brève
Au zinc du premier bar ouvert »

(Ma ville fervente, p.53)

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« Artiste ! » & « Optimisme »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

« Artiste ! »

Atteindre l’impossible,
de lui faire sa cible :
rêve inimaginable
pour n’être pas minable…

Lorsque d’Art il s’agit,
susciter la magie…
Comme au vent roseau plie,
tutoyer la folie
sans y perdre l’esprit…

Inventer l’inédit
quand tout a été dit !
De l’amour être épris
pour n’être point maudit…

Toujours être surpris
pour éviter l’ennui
et conserver l’envie
pour demeurer en vie !

« Optimisme »

Si la vie est comme un festin,
encore faut-il s’attabler…
Je ne crois pas que le destin
soit d’avance déterminé !

Simple affaire de volonté,
de motivation et d’envie.
D’un homme c’est la liberté
que de pouvoir rêver sa vie

et d’ensuite vivre ses rêves
en y mettant son énergie
avant que son temps ne s’achève
car rien d’avance n’est écrit…

J’ai balancé mon horoscope,
écrasé ma dernière clope,
me suis levé, bien décidé
d’à belles dents la vie croquer !

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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O lé manman !

— Par Daniel M. Berté —

Zot ki ba-nou lavi
Chasé tou no sousi
Pou-nou té réyisi
Nou ka di-zot mèsi

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki ba-nou manjé
Brè lavé ripasé
Anlè sonmey véyé
Lè-nou malad swagné

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki aprann-nou di
Bonjou bonswè mèsi
Salié tout lé zanmi
Osi lé zenkoni

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki travay an kann
An jaden an bannann
O marché té ka vann
Pout té sa ba-nou viann

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki pousé lékol
Pou-nou té pran lanvol
Pou-nou té ni bon rol
Dan an lavi ki fol

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki té ka trimen
Gran bonnè-bon-maten
Trapé mal-do mal-ren
Pou té sa ba-nou pen

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki fè lenstriksion
Vréyé-nou lésision
Fè-nou fè atansion
A fè dé bòn’aksion

O lé manman !
A janmen an tjè-nou

Zot ki ba-nou larel
Pou té rété fidel
O valè ésansiel
Ka ba’y bon potansiel

O lé manman !

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Le temps d’un baiser… Déclaration

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

 

Le temps d’un doux baiser,
yeux clos, bouches collées,
le reste est oublié…

Étreinte fusionnelle
où fuient à tire-d’aile
les raisons de querelle.

La magie de l’amour
qui rend aveugle et sourd
à tout ce qui l’entoure,

exerce son pouvoir
sur les amants d’un soir,
les remplissant d’espoir

pour affronter la vie,
mus par la même envie
les sauvant de l’ennui !

Le temps que l’on s’effleure,
faisant fi des problèmes,
et se dise qu’on s’aime

comme graine qu’on sème
pour que pousse une fleur
qui s’appelle bonheur…

 

Déclaration

Ton sourire est la fleur de sel
sur le gâteau sec de ma vie…
À fleur de peau, la fleur de celle,
unique objet de mes envies…

Ton amour, le rayon de miel
éclairant le gris de mon ciel…
Ma lumière au bout du tunnel
et je me sens pousser des ailes !

Est-ce que tu es bien réelle
ou ne fais-je que te rêver ?
Dur pourrait être le réveil
si tu n’es pas à mes côtés…

Mais au matin tu es si belle,
cheveux d’or jonchant l’oreiller
telle caresse d’un soleil
qui me fait sortir du sommeil,
de toi rêvant tout éveillé !

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Les discours d’ouverture et de fermeture du festival Mai.Poésie

—Par Serge Florent, président de BALISAILLE —
Discours d’ouverture du présient de Balisaille

Monsieur Fred-Michel THIRAULT, Maire de la Ville du Saint-Esprit,
Monsieur Christophe POMEZ, Directeur des Affaires Culturelles
Mesdames, Messieurs les Elus
Mesdames, Messieurs les Poètes d’ici et d’ailleurs,
Mesdames, Messieurs Membres de Balisaille,
Chers amis,
Vous qui nous faites l’honneur et l’amitié de partager ce moment de convivialité, soyez les bienvenus.

Notre rassemblement ici et aujourd’hui, témoigne de notre engagement commun pour la promotion de la Poésie.

Mesdames et Messieurs, Je suis très heureux et honoré d’avoir été choisi par mes pairs pour ouvrir ce Mai-Poésie.

La poésie est une forme d’art majeur qui permet d’exprimer des émotions et des sentiments les plus intimes. Il est donc très important de redonner à la poésie la place qu’elle mérite et de promouvoir sa pratique en Martinique.

Ce festival est une belle occasion d’explorer les différentes formes de poésie et de se connecter à sa propre créativité. Nous aurons la chance d’entendre des poètes de toutes les régions et de tous les âges, qui partagent des visions et des expériences uniques.

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Prix international de l’invention poétique, 2e édition

Le samedi 20 mai 2023, en clôture du « Festival Mai. Poésie » organisé par l’association BALISAILLE, le jury a procédé à la remise du Prix international de l’invention poétique aux finalistes des catégories « français » et « créole ».

Cette année, le nombre de textes en français reçus a été très important. Plus de 140 manuscrits, soit trois fois plus que l’an dernier. Cela témoigne du succès grandissant du « Festival Mai. Poésie » dont la notoriété s’étend désormais au-delà de la Caraïbe. La prédominance de la langue française persiste cependant et les productions en créole montrent une carence de l’offre des autres espaces créolophones, puisque la majorité des textes proviennent encore une fois d’Haïti. Pour les prochaines éditions, notre défi sera de redoubler d’effort afin de recueillir plus de textes en créole et solliciter davantage les poètes.

Le jury s’est réuni le dimanche 14 mai par zoom et une première sélection a retenu sept textes en français et cinq en créole. La deuxième réunion du jury s’est déroulée en présentiel à Sainte-Luce le mardi 16 mai. Après un débat animé et devant la qualité de trois manuscrits restant en discussion en français, le jury a voté majoritairement pour le texte de NATHANAËL et a décidé de décerner des mentions aux deux autres.

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Le nègre, le gibier des nations

— Yves Untel Pastel, écrivain-poète, Martiniquais de l’autre-bord —

Le nègre, le gibier des nations

Nègres de la terre,
Nègres de toutes terres
Nous sommes de ce peuple de damnés
Partout condamnés pour n’être
Que ce que nous sommes : nègres !
Nègres du monde, damnés de toute terre
Nous sommes ce troupeau de gibiers pourchassés
Bétails attaqués en leurs terres, braconnés, exilés ailleurs
Les lions féroces de partout nous traquent sans relâche
Que ces mangeurs de nègres soient des hommes blancs
Monstres à sang froid d’occident
Ou des tigres rampant venus du levant
Ou des panthères noires, ces autres nègres impériaux, impitoyables
Traîtres vénaux et avides, vassaux cupides et fratricides !
Nègres du monde, viande rouge, tranchée sur les étals mercantiles
Nous n’avons nulle part où trouver un juste repos
Nulle rivière fraîche ou apaiser nos soifs
Nulle paisible prairie où paître
Sans craindre d’être déchiquetés
Tous ces ports où nous échouons
Sont des portes qui donnent sur l’enfer
Des centres de rétention
Où notre chair est massacrée
Où notre âme est abreuvée de fiel
Où notre destin touche au chaos.

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Un jour mémorial

— Par Yves Untel Pastel, écrivain-poète, Martiniquais de l’autre-bord—

Un jour mémorial

Et l’homme noir fut couché
Et l’homme noir de lui-même se dressa
Et la barbarie cisela ses jambes
Et son esprit libre d’entrave
Se hissa par-dessus les nuées
Et sa rebelle dignité habita le temps
Tonnerre grondant depuis le flot des millénaires.
Et je suis la sève montante de cette humanité-là
Pollen, fragment de toute l’humaine essence
Et nul ne me tiendra dans les chaînes
Que l’on dissèque mon corps
Qu’on le broie dans milles étaux
Qu’on le pile, qu’on le vanne,
Qu’on l’émiette qu’on le disperse
Pour nourrir les champs de toutes les barbaries
Mon âme s’échappe par les dents des rouages infâmes
Mon âme s’évade comme l’air entre les mains de mes bourreaux.

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Forfaiture en réseau

— Par Marie-Joe Lirus —

… ! J’ai besoin d’un AVOCAT qui ne me trahira pas,
Dis-moi ! où il est ?

… ! J’ai besoin d’un MEDECIN qui ne me trahira pas,
Où est-il ?

… ! J’ai besoin d’un CURÉ qui ne me trahira pas,
…?

… ! J’ai besoin d’un PASTEUR qui ne me trahira pas,
…?

… ! J’ai besoin d’un ÉLU qui ne me trahira pas,
…?

… ! J’ai besoin d’un POLITIQUE qui ne me trahira pas,
… ?

… ! J’ai besoin d’un COMMERCANT qui ne me trahira pas,
… ?

… ! J’ai besoin d’une POLICE qui ne me trahira pas,
….?

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Dé rèbel

— Par Daniel M. Berté —

An gran neg lévé an wayom Dawomé
Pou afronté solda mové lawmé fransé
Ki té sòti lotbò pou té kolonizé
An péyi éti moun té za an libèté

Non’y sété Prens Kondo ki vin Wa Béyanzen
I pran zanm pou lité, mété kò’y a goumen
Lè’y té lé négosié, menm manniè ki Tousen
YO tjenbé’y, ekzilé’y adan Matnik o lwen

Lè’y rivé Matinik an péyi dominé
Dan la popilasion i viv yonndé lanné
Riviré an péyi’y, sé sa’y té ka mandé
Men i fini pa mò, koté lavil d’Algé

Etiomi, Sénnocom, Ménousoué, Dononcoué, Klan Béyanzen Matnik
Mécougnon, Kpotassi, Abopanou, Klan Béyanzen Matnik
Ouanilo, Adandédjan, Pierre Fanon, Falégué, Klan Béyanzen Matnik
Frédéric, Gabriel, Andréa, Klan Béyanzen Matnik

An lot gran neg lévé lot koté Latlantik
Sézè! An mapipi an konba politik
An sakré met-matjè an domenn powétik
Ki pòté an fon tjè’y, Matinik épi Lafrik

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« Qui ne risque rien, n’a rien… » & « Révolution : rêve ou volition? »

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

« Qui ne risque rien, n’a rien »…

Les expériences dangereuses
sont les plus enrichissantes.
Dans les ronces épineuses
se trouvent des baies succulentes.

Les personnes à l’humeur rugueuse
sont souvent les plus intéressantes.
Les femmes dont difficile est la conquête
ne feront pas des compagnes ennuyeuses et bêtes.

Toujours en tout se mérite l’excellence…
Qui ne risque rien, ne doit rien attendre de l’existence.
Les buts à atteindre malaisés,
les rêves durs à réaliser,

les désirs difficiles à satisfaire
sont au monde les plus précieuses choses…
Ne se dévoile le parfum rare de la rose
qu’à ceux qui la cueillir osent

sans peur de s’y piquer la main.
Sans se soucier du lendemain,
la vie doit être une aventure :
c’est une loi de la Nature !

Révolution : rêve ou volition?

Avoir des rêves est nécessaire
pour vivre tout comme espérer…
Rêver sa vie n’est pas assez :
il faut aussi vivre ses rêves !

Car nous devons concrétiser
sous peine d’une frustration
rendant l’homme bien trop amer
au point que parfois il en crève…

Mais éviter la crevaison
pour respirer sans manquer d’air,
ça c’est question de volonté :
celle de passer à l’action

pour transformer les illusions
en tangible réalité…
Ça s’appelle révolution
et demande une volition
de chaque révolutionnaire !

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Café littéraire & conférence inaugurale de Mai.Poésie à Foyal

 Le mardi 16 mai 2023 au Patio19 et à Tropiques-Atrium

17h : Café poétique et dédicaces, en partenariat avec la librairie Kazabul au Patio19

Avec les auteurs et auteurices : Ar Guens Jean Mary, Witensly Lauvince et Lyonel Trouillot (Haïti), Stelle Dibandi, Fanfan Méryt, Nathanaël et Roger Parsemain (Martinique) Hector Poullet (Guadeloupe).

Patio19 :19 Rue Garnier Pagès, Fort-de-France 97200, Martinique

19 h : Tropiques Atrium

  • Conférence inaugurale présentée par Claude Dauphin, Professeur émérite de musicologie à l’UQAM et chercheur associé à l’OICRM : De la subversion et de la poétique : Musicaliser la poésie chez les Indigénistes haïtiens.

  • Récital poétique « De la poésie comme de la musique – Pwézi sé mizik, mizik sé pwézi »: avec Nelson-Rafaell Madel et Christophe Césaire- Textes choisis par Faubert Bolivar

Mercredi 17 mai

9h30-11h30 : La poésie est dans la rue-Pwézi an lari-a

  • François : Stéphane Martelly, Hermas Gbaguidi / Stelle Dibandi
  • Robert : Max Rippon, Christina Goh/ Eric Pézo
  • Saint-Esprit : Claude Dauphin, Daniel Berté, Gérard Lamoureux, Dieulermesson Petit-Frère, Ar Guens Jean Mary, Patricia Latour, Lyonel Trouillot
  • Saint-Pierre : Michel Ducasse, Françoise James Ousénie/ Malik Duranty
  • Sainte-Luce : Francis Combes, Stéphanie Melyon-Reinette /Richard Bunod
  • Collège Petit Manoir, Lamentin (8h-11h) : Hector Poullet, Françoise Foutou
  • Collège Jane Nardal, Diamant (8h30-10h30) : Roger Parsemain, Witensky Lauvince
  • 14h-16h / Centre Pénitentiaire, Ducos : Lolita Monga (quartier des femmes), Mehdi Krüger (quartier des hommes)

16h-18h : Martinique Poésie Tour-Pwézi ka Woulé 1/3

(Sur inscription auprès du secrétariat du festival) Saint-Esprit-Ducos

19h : Hommage à Monchoachi

Médiathèque Alfred Melon-Dégras (AMD), Saint-Esprit

  • Projection “Monchoachi, La parole Sovaj”d’Arlette Pacquit
  • Récital de morceaux choisis de Monchoachi par Faubert Bolivar, Nicole Cage, Malik Duranty, Simone Lagrand, Arlette Pacquit/ Ponctuation musicale Ali Boulo Santo Cissoko (maître de kora)
  • Lancement du dernier titre de Monchoachi : « Retour à la parole sauvage » (Ed.

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« Mai.Poésie » 2ème edition

Du 08 au 14 mai 2023 PoésieCommune
Du 15 au 20 mai 2023 Festival Mai Poésie

Maintenir la poésie
« Et nous entendons fidèles à la poésie, la maintenir vivante :
comme un ulcère, comme une panique,
images de catastrophes et de liberté de chute et de délivrance,
dévorant sans fin le foie du monde. »

Aimé CESAIRE, Tropiques 8-9, Octobre 1943

— Présentation par Faubert Bolivar, Directeur artistique —

La première édition de « Mai-Poésie » a été une réussite à laquelle ont fortement contribué la diversité et la qualité de nos partenaires dont chacun.e a su faire sienne l’idée du Festival.

BALISAILLE est sur la bonne voie pour réussir son pari de « re-créer les conditions propices sinon à un ré-enracinement du moins une ré-institutionnalisation de la poésie en terre martiniquaise ». Nous espérons parvenir à faire à la poésie toute sa place aussi bien dans le cœur et l’esprit de celles et ceux qui nous suivent, mais surtout dans le paysage culturel et institutionnel de l’île. Aussi, de l’avis de toustes la première édition a-t-elle été un véritable succès dont nous pouvons nous inspirer pour la suite.

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« Jazzy, que ma joie demeure » & « Nomade »

—Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Jazzy, que ma joie demeure!

Oh, ça jazze dans ma tête
comme sur un air de fête
que jouerait une trompette
débouchée et guillerette…

Lors je me sens un peu bête
bien que très heureux en fait
et j’esquisse un pas de danse,
souvenir d’adolescence…

Ça swingue, pulse et pétille
comme du champagne brut
lorsqu’on a rempli ma flûte
et tout mon être frétille !
Me voilà le cœur en rut
qu’un désir secret titille…

Pouvoir remonter le temps,
avoir vingt ans rien qu’un instant,
être fou et insouciant,
retrouver une âme d’enfant
tout naïf et innocent…

La musique adoucit les mœurs,
exalte en nous le meilleur.
C’est un vecteur de bonheur :
elle m’apaise et m’inspire…

C’est comme un éclat de rire
qui me préserve du pire.
Jusqu’à ce qu’ici j’en meure,
jazzy, que ma joie demeure !

 

Nomade

— Dis-moi donc d’où tu viens
et aussi où tu vas,
de cela j’ai besoin
pour savoir qui tu es…

— Je viens du vaste monde,
ami, mais ne sais pas
là où demain j’irai,
où mèneront mes pas…
Car nomade, je suis
seulement de passage…

Je ne possède rien
mais de rien suis l’esclave !

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An pawol-lapriyè

— Par Daniel M. Berté —

An pawol-lapriyè pou tout lé zanset
Yo mennen an kal-bato a labadjet
Ki fini pa mò, fini pa disparet
Ki YO jété an gran lanmè tjoupoutet
Senmitjè Latlantik, san tras, kon bet
San lanmes, san pawol, san kwa ni pitjet
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »

An pawol-lapriyè pou tout lé zanset
Ki anlè bitasion soufè anba kout fret
Ki YO trété tout lavi-yo kon vié bet
Ka travay an kann anba lopsion an met
Ki mò dan ladech san tanbou ni tronpet
Anba pinision, kolié, kawkan, kat-pitjet
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »
« Dié-o-fas mizérikod pou yo »

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« Jouanacaëra – 50 pas » (poésie) de Jean-Marc Terrine

— Par Fernand Tiburce Fortuné —

Il faut d’abord féliciter le percussionniste musicien, parolier et chanteur, Charly Labinsky. Une entente musicale et poétique symbiotique. Un ansanm ansanm merveilleux de précision et de ponctualité. Textes et sons tombaient pile au bon moment pour se confondre et faire un seul, là où il le fallait. Un beau travail de compérage.

Il faut remercier Isambert Duriveau, premier lecteur, tout en retenue, tout en émotion qui a parlé de l’auteur et dit comment il complimentait cette poésie essentielle. Il a noté avec justesse que l’ouvrage est de belle facture et a bien fait d’insister sur le fait que la poésie n’est pas un objet marchand commun, et par ce biais, il a complimentait l’éditeur.

Je dois dire que j’ai lu avec un plaisir non dissimulé l’ouvrage « Laso tè », co-écrit par Jean-Marc Terrine et Isambert Duriveau. Je suis heureux de voir réunis ensemble ces deux complices qui ont su trouver les mots les plus appropriés, les plus beaux, les plus sensibles pour dire leur amour de la terre, cette terre du Pays-nôtre. Découvrir au fond d’eux-mêmes, les mots les plus vrais pour parler de nos Gens de la Glèbe.

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