Catégorie : Poésies

« Salam Shalom » de Widad Amra

— Par Pierre Pinalie—

 Salam Shalom de Widad AMRA

Il s’agit d’une belle poésie qui s’étire et se chante comme une cantate longue et fine, une expression émise par une femme apparaissant en tant que symbole ethnique, linguistique et géographique. Sous sa plume, on se sent quelque peu au centre du monde, comme si la terre avait un axe autour duquel nous tournons tous, et le désir de l’auteur s’envole vers un espoir de paix. La série de jugements politiquement exprimés révèle une atmosphère difficile où le fanatisme crée des horreurs à l’image des doigts d’un artiste chilien coupés par l’abominable dictateur d’un pays où la liberté fut muselée pendant longtemps.

 

Il y a dans le titre un très émouvant bilinguisme fondamental dans lequel deux langues, deux sociétés, deux philosophies expriment la paix entre les humains. Il y a là, donc, la plus profonde prière pour l’amour des uns pour les autres sur une planète où, malheureusement, l’attentat et la haine se répètent dans la quotidienneté. Widad, l’auteur, est le fruit d’un métissage réalisé sur une île où flotte, chez certains incurables malades, un racisme aussi condamnable que celui que pratiquaient les esclavagistes d’hier.

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« Salam Shalom » de Widad Amra

—de Roland Sabra —

Salam Shalom ( Arshav)

Un livre de Widad AMRA

Arshav voilà le mot que l’on a envie d’ajouter au beau titre que nous offre Widad Amra. Shalom Arshav, la Paix Maintenant, est en effet un mouvement extra-parlementaire fondé en 1978 par 348 officiers de réserve et soldats de Tsahal qui, inquiets de l’évolution politique, déclaraient : «  nous aurions du mal à accepter un gouvernement qui préférerait exister dans les frontières du « Grand Israël » plutôt qu’exister en paix avec ses voisins. Un gouvernement qui préférerait les colonies au-delà de la ligne Verte au règlement de ce conflit historique par la normalisation des relations dans notre région nous poserait un problème quant à l’attitude que nous devrons avoir. Une politique qui provoquerait la perpétuation de la domination d’un million d’Arabes porterait atteinte au caractère juif et démocratique de l’Etat, et nous aurions du mal à nous identifier avec la voie choisie par l’Etat d’Israël. »

L’opuscule que nous livre Widad Amra est singulier. D’abord parce qu’il s’agit d’un texte personnel, tout à fait particulier, écrit à la première personne, ensuite parce qu’il sort totalement de l’ordinaire et qu’il mérite d’être remarqué par ses traits peu communs, et enfin parce qu’il recèle une densité, une épaisseur assez rare.

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« Le Tremble », de Denise Bernhardt

 

« Le Tremble »
poesie

La forêt est si dense
Que les chemins serpentaires
Se coulent sous les feuillages
Et des berceaux de lumière
Ont fait leurs nids dans les ronciers.
Le tremble des acacias
Veillera sur nos étreintes blotties
Sous les surgeons des châtaigniers.
Viens, l’herbe est si douce
Et ton sexe de jeune daguet
Se fait velours sous mes doigts.
Glisse -toi comme j’aime
Par effraction d’amour
Dans la ville interdite
Toute laquée de pourpre
Pour que se dilue ton histoire
En strates de plaisir.
Nos ardeurs ont mêlé nos racines
Ne pars pas, ne pense pas !
Ma vie toute entière tient entre tes mains
Tu es le maître de la lampe.
Je veux laisser mes doigts se prendre
A la résille drue de tes cheveux,
Et que ta langue me butine
Comme un papillon de nuit,
Je veux que nos cuisses se débattent
Telles des truites vives
Sur les herbes humides,
Et que tes caresses, mon amour
Soient une moisson de goémons
Ruisselants sur nos corps.
Ne pars pas,
Chaque absence déchire
Des fragments de ciel.
Écoute le silence des pierres
Tout un monde palpite
Dans leur danse immobile.

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