Catégorie : Poésies

Néolib’

— Par Michel Lercoulois —

Gratouille ta merde héron
Tu n’as pas meilleur domicile
Tu trouveras bien un étron
De quoi nourrir un imbécile

Tu n’es pas content bouge-toi
Ah tu veux faire le candide
Réclamer exiger tes droits
Reste dans ta bauge sordide

Non mais tu crois au pèr’ Noël
Et qu’il suffit que tu demandes
Festin royal plat en vermeil
Langoustes ortolans amandes

Tes droits on se les fout au cul
Tout cela n’est pas si facile
Et ta naïveté me tue
Tant pis si tu es trop fragile

La monde est pour les héritiers
Les malins et les sans scrupule
Plutôt que me faire pitié
Pauvre héron tu-es ridicule

Contente-toi du RSA
Et de tes pauvres jobs minables
Ne m’embête plus avec ça
Je n’aime pas les misérables

heron
Michel Lercoulois, 10 juin 2013  

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La non-poésie des non-poètes

— Par Martin Rueff Poète, philosophe —

poete-300«Poétique» est l’adjectif de la louange partagée. D’une exposition, d’une installation, d’une chanson, d’une silhouette on dira aujourd’hui qu’elles sont «poétiques». Le prédicat est ici moins descriptif qu’évaluatif. «Poétique» signifie tour à tour mystérieux, beau, profond, singulier, frappant.

Mais on assiste, aujourd’hui, en France, à un phénomène sémantique qui ne doit pas passer inaperçu : non seulement le nom «poésie» (descriptif en tant qu’il désigne une activité symbolique qu’on a pendant des siècles identifiée comme «art du langage») dont l’adjectif «poétique» (évaluatif) est tiré n’est plus considéré comme son porteur naturel, mais encore on va jusqu’à dénier aux poètes la poésie qu’on prête aux non-poètes. Ce n’est plus la poésie des poètes qui est poétique. On apporte ici un cas limite.

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Pou lapéti lajan bannann

 –– de Daniel Boukman—
Dépi an tan nanni nannan
pou yo lajan sé bon nannan
an sel larel toulong yo ni
sé anni pran neg pou zouti

Pou lapéti lajan bannann
sé misié-a pa lé sispann
vréyé monté élikopté
wouzé lanmò asou laté

Anba kalté lapli-tala
mouch-an-miel ka tombé léta
nan kò nan dlo andidan té
sé an sel lablanni kansé

Anba kalté lapli-tala
mouch-an-miel ka tombé léta
nanko nan dlo andidan té
sé an sel lablanni kansé

Pou lapéti lajan bannann
sé misié-a pa lé sispann
vréyé monté élikopté
wouzé lanmò asou laté

Fidji yo tout ka pòté mas
mé dèyè ma sé lagrimas
yo lé kontel an tan lontan
pran nou pou an bann bèlévan

An nou sispannn palé palé
palé épi palé
lé-a rivé lé-a rivé
ansanm ansanm annou lévè !

 

 

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La vie… aime la vie, la vie t’aimera

 

 

— Par Jean José Alpha —

Je réponds à l’envie de vous rappeler à mon tour, la poésie de Pablo Néruda, poète, écrivaindiplomatehomme politique et penseur chilien, que m’a fait découvrir Vincent Placoly en 1988.

Né le 12 juillet 1904 à Parral (province de Linares) au Chili, Pablo Néruda constitue avec Aimé Césaire et Rabindranath Tagore, la trilogie de penseurs reconnus par l’UNESCO, qui ont réagi aux pesanteurs de l’Histoire, par leurs actions militantes et leur œuvre littéraire. Ils ont réagi aux contradictions d’un système mondial inégal et injuste, pour élaborer une nouvelle intelligence de leur société et du monde, afin de fonder un humanisme concret et universel.

La vie

Il meurt lentement
celui qui ne voyage pas, celui qui ne lit pas,
celui qui n’écoute pas de musique,
celui qui ne sait pas trouver
grâce à ses yeux.

Il meurt lentement
celui qui détruit son amour-propre,
celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement
celui qui devient esclave de l’habitude
refaisant tous les jours les mêmes chemins,
celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements
Ou qui ne parle jamais à un inconnu

Il meurt lentement
celui qui évite la passion et son tourbillon d’émotions
celles qui redonnent la lumière dans les yeux
et réparent les coeurs blessés

Il meurt lentement
celui qui ne change pas de cap
lorsqu’il est malheureux
au travail ou en amour,
celui qui ne prend pas de risques
pour réaliser ses rêves,
celui qui, pas une seule fois dans sa vie,
n’a fui les conseils sensés.

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Concours de poésie en langue créole de la Caraïbe

 règlement concours

1. KL2 organise périodiquement un concours de poésie en langue créole de la Caraïbe.

2. Ce concours de poésie est EXCLUSIVEMENT réservé à des textes écrits en langue créole de Dominique, Guadeloupe, Guyane, Haïti, Martinique, Sainte-Lucie.

3. Ce concours est ouvert à tous créolophones d’origine ou d’adoption.

4. Ce concours est ouvert à la participation des scolaires du niveau 6ème à la terminale.

5. Un jury composé de créolophones martiniquais auxquels s’associeront des jurés créolophones de Dominique, Guadeloupe, Guyane, Haïti, Sainte-Lucie, décernera trois Prix :

Kalbas Lò 1 Kalbas Lò 2 Kalbas Lò 3

Et un prix kalbas Lò Jénès.

Toutefois, le jury se réserve le droit de citer d’autres poèmes non primés.

6. La graphie recommandée est celle dite du GEREC F., à savoir « tout ce qui s’écrit se prononce, tout ce qui se prononce, s’écrit ».

7. D’autres façons de graphier sont acceptées mais, en cas de publication des poèmes primés, KL2 se réserve le droit d’utiliser pour ce, la graphie ci-dessus recommandée.

8. Chaque participant/e au concours fait parvenir, du 18 février au 15 juillet 2013, un poème inscrit au maximum sur DEUX PAGES (soit 2 feuilles A4) de format 21×29,7cm – recto/verso, interligne 1, 5.

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« Lémistè » de Monchoachi

Monchoachi

à François Boddaert, Editions Obsidiane

 

…Je vous expose ma visée pour Lémistè dont Liber America que vous avez entre les mains, constitue un premier volet : il s’agirait d’un long parcours à travers les mythes, les magies, les rituels cérémoniels qui ont fait la présence des différentes parties ou lieux du monde, présence recouverte totalement de nos jours par la Civilisation : Amérique, Afrique-Océanie, Europe-Asie (se sont mes découpes), non évidemment dans le simple but de rapporter ceux-ci (je ne suis pas ethnologue), mais en les jouant, en les déplaçant, en les retournant, voire en les subjuguant, ceci en vue d’ébranler la vision calamiteuse du monde charriée par la dite Civilisation.

Comme tout poète, je n’ai à ma disposition pour ce faire que la langue, ou du moins j’en ai deux : la créole et la française, ce qui me permet de jouer des facultés de l’une et de l’autre, la française plus portée aux généralisations, la créole plus rythmique, plus sonore, plus imagée, plus sensible, plus traversée aussi par le souffle, non de l’esprit, mais des esprits et des magies, ce qui ne constitue pas un moindre recours pour nous ramener à une vision du monde sensible où toutes choses vivent et pas seulement l’homme.

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Les poèmes sont des gros cochons, la poésie est une grosse truie

de Benoist Magnat  

–Haïti février 2013–

 

-La pieuvre sexuelle-

 

Les gros nichons sont octopus – ils attirent le regard – vous ne vous en remettez pas – en dérive totale – les îles de vos yeux s’engloutissent – confiture de baise – les volcans chauffent la cheminée – le magma se rue vers la surface – il n’y a pas moyen d’arrêter tout ça – pour le moment seulement – Une tape sur les doigts ou sur le regard risque de tout bouleverser – on rentre sa « chose » comme les cornes d’un escargot et tout semble redevenir normal.

De fines jambes avec un en-bout de derrière bien potelé réveillent la machine – je crois entendre la mélasse s’étendre sur la crêpe – on sourit d’une envolée ou d’une partie de jambes en l’air – pour le moment c’est seulement dans l’air – on suit des yeux cette excitation mobile – on met allume-cigare en connexion – on se vidange le disque dur par des images rafraîchissantes – un coca pétillant avec une paille – une montée d’escaliers voluptueuse – un raclement de la gorge pour signaler votre existence à l’allumeuse de réverbères.

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C’était un homme

Portrait der Staline par Pablo Picasso. Fusain, 8 mars 1953

Par Michel Lercoulois.

 

Comiques du vieillard les sourcils broussailleux

Les bouquets de poils aux nasaux les yeux chassieux

Les cheveux clairsemés et la bouche édentée

Les crevasses les rides le souffle coupé

Le ventre débordant les muscles affaissés

La chair flasque et triste des dernières années

Le chef qui ploie le dos de plus en plus vouté

Le pied qui accroche à peine se soulève

Marche hésitante maladroite inquiète

D’avance fatigué et si découragé

 

À quoi bon se dit-il s’efforcer davantage

Toujours recommencer d’éternelles corvées

Il a tout essayé à chaque fois échoué

Naïveté qui ne sied plus à son grand âge

Il ne regrette pas les illusions d’antan

Mais ce qu’il eut jadis de force et de courage

Les élans stupéfiants du sexe vigoureux

Le rire des filles qu’il tenait enlacées

 

La vie était légère et le plaisir frivole

Il attend maintenant que son âme s’envole

Prêt pour le néant ou pour le souverain bien

De son corps épuisé il n’espère plus rien

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Rumeurs d’îles : La poésie vers de nouveaux horizons


Jo Ensfelder

par Rodolf Etienne
Jo Ensfelder, comédien, poète, passionné de littérature, après « Solitude cannibale », nous revient avec un nouveau recueil de poésie inspiré par les Haïkus japonais. Une inestimable douceur à consommer sans modération…
Peut-on imaginer plus douce littérature que celle qui, plus que des mots, charroie des humeurs en autant de correspondances que l’âme peut en supporter ? Peut-on imaginer plus douce musique que celle qui parle à l’âme, lui sussurant à l’oreille des douceurs tellement belle qu’elle ne saurait y résister. Peut-on, enfin, imaginer, l’aurore primordiale comme un beau pays rêvant au soleil ? Oui ! On le peut ! Jo Ensfelder, avec ses 49 Haïkus, tirés du recueil « Rumeurs d’îles », nous convie à une quasi initiation, tout au moins à une élévation de l’esprit, de l’imaginaire et de l’âme tout ensemble. Écoutons plutôt : « La mangue. Sa dévorante couleur. Patience de l’arbre. Pluie de carême. Une fleur dans la boue. Son parfum intact… » Musique des mots, pulsions de terre, rumeurs de vague, déboulante de tendresse, d’harmonie comme une avalanche d’amour sur le cœur assoiffé.

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Que l’espérance demeure

de Wébert Charles et Denise Bernhardt

Poèmes à quatre mains, publiés aux Editions du Vert-Galant.

 Par Jeannine Dion-Guérin*

De la Société des Poètes Français

 

 

Il y a, dans la chair des Haïtiens, une blessure ouverte indéfiniment empêchée de se refermer. Poétesse française et femme de cœur, Denise Bernhardt tente de s’en approcher en établissant avec les artistes, un dialogue à long cours sur le mode sensible qui lui appartient, grâce à un échange continu avec ces îliens, riches de courage et d’endurance.

En Haïti, « on parle dans la démence » et « c’est aussi simple que se laver les mains » dit Wébert Charles.

Or chacun possède sa propre « démence », qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs, et le devoir de s’y atteler :

« Libérés de nos chaînes/ Et de la malédiction/ Du temps des Origines. » D. Bernhardt

C’est ce que tenteront W Charles , natif de Port-au-Prince et D B qu’une meilleure providence a fait naître à Cannes, par le biais de poèmes à quatre mains, publiés par le Vert-Galant, sous la forme d’un livre soigné et prometteur de résilience : « Que l’espérance demeure ».

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Autiste, un poême de Patrick Mathélié-Guinlet

 

Je ne vois rien

mais ne suis pas aveugle…

Je n’entends rien

mais je ne suis pas sourd

ni muet, pour autant

je ne dis rien

mais n’en pense pas moins…

Et ce monde où je vis,

où je me réfugie,

certes vaut bien le tien !

Tu parles de folie

quand tu ne comprends rien…

Mais c’est la jalousie

qui fait parler ainsi

lorsque ta vie tu rêves

et que souvent t’en crèves

des rêves inassouvis

alors que j’ai choisi

de vivre dans les miens

que j’aime à la folie !

Change donc ton regard

car mon indifférence,

en fait, à ton égard

est juste une apparence,

plutôt ma différence

et d’or est mon silence…

C’est pas une maladie,

différent je le suis,

mais on peut être amis

dans un monde enrichi

si, au lieu de rejet,

vient un peu de respect.

Lors, à bon entendeur

si tu ouvres ton cœur,

l’autiste te salue…

 

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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Le deuil de l’été

 

Philippe PILOTIN

-C’est un 20 septembre que l’été rend toujours l’âme

Et que l’automne nous prive ainsi de sa flamme.

Cette triste nouvelle jette instantanément un froid

Que le temps devient triste et maussade à la fois.

La période de deuil dure environ six mois.

Octobre fait grise mine et se demande pourquoi.

Le thermomètre affiche un moral proche de zéro

Et ne peut cacher son amertume sous un sombréro.

Les feuilles pour manifester toute leur compassion

Errent ça-et-là dans un interminable tourbillon

Sous l’effet d’un vent glacial venu loin d’ailleurs

Pour ne point rater l’heure du sermon salvateur.

Les champignons armés de parapluies multicolores

Composent en maître de l’art le tout nouveau décor

Virant tantôt au jaune tantôt au rouge via le marron

Attirant ainsi l’œil aguerri des ramasseurs en action.

Les six précieux numéros du cadran de l’horloge

Au grand dam du désespoir ne lui font aucun éloge.

En lieu et place de l’habituelle minute de silence,

Ils affichent une heure de moins en signe de doléances.

Le roi soleil n’arbore plus son éclatant sourire de délice

Et dame nature abasourdie se pare du teint de la jaunisse.

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Respect pour ce peuple martyrisé et offensé

— Par Philippe Pilotin

Pour nos ancêtres, ayons une pensée…

Et souvenons-nous de ce qu’ils ont enduré.

L’âme tourmentée, le cœur brisé et l’esprit hanté,

Ils ont quitté par la force leur Afrique tant aimée

En gardant en eux, l’espoir un jour d’y retourner.

Mais hélas ! Ces barbares les en ont empêchés.

Derrière eux, ils ont laissé des gens peinés.

Combien de familles et de couples brisés ?

Considérés comme de la marchandise à exporter,

Ils étaient sans scrupule troqués par leur geôlier.

La plupart venaient du Bénin, du Congo ou de Guinée.

Ils étaient pourchassés, enchaînés puis enfermés.

Dès leur capture, leur identité était confisquée.

Nos mères, leurs sœurs et leurs filles étaient violées.

En partance de Ouidah ou de la belle île de Gorée,

La religion catholique a vivement approuvé.

Cette main d’œuvre à bon marché était convoitée.

Une mine de diamant pour ces conquérants assoiffés.

Attachés, méprisés et frappés durant la traversée,

Ils ont été rabaissés dans leur dignité sans aucune pitié.

Au fond de la cale des détestables et insalubres négriers,

Sans humanité, on les a entassés par centaine de milliers.

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« Tâche d’encre aux poumons » , de Jean-Durosier Desrivières

stylo

Je ne sais plus parler

Je ne sais plus parler mesdames

Mesdemoiselles et messieurs

Parce que ma tête pense et croit nécessaire

D’ordonner à ma main

De foutre à mes doigts une expansion de doigts

Qui s’arroge le droit de foutre à ma bouche

Une expansion de gueule

Qui elle se prend pour je ne sais quelle

Cheminée

Persuadée qu’elle pourra réchauffer

A la fois de l’hiver-du-gwo-pwèl-

De-la-solitude-et-de-la-mélancolie

Ainsi comprenez bien mesdames

Mesdemoiselles et messieurs

Je ne sais plus parler…

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Poèmes de Mady

Les Agoodjiés

Un lourd silence règne sur kotopka.
Un silence comme un frêle fil trop tendu
quand il casse c’est l’assaut
des cris de guerres mais des cris de femmes
Même combattant comme des lionnes
plongeant sous les pluies de balles
les vieux chasse-pots ne valent pas
les étincelants fusils neufs
Nan Ahouannaton ta bravoure n’empêchera pas votre sang de couler
Puis Abomey tomba

Panama



Porte de l’Amérique du sud
Autrefois tu étais Colombien
de nos jours tu te dis Panaméen
Tu as déjà deux bandes rouge et blanche
serais tu le cinquante-cinquième ?
Te souviens tu de 1989
ce jour où on a spolié ta souveraineté
sous un faux prétexte.

Les embarcations passant en ton sein
ne sont point régis par tes frêles mains
mais par des tentacules dégoulinantes de ketchup.

Ce qu’il est beau de voir sur tes terres
n’est point des vieux élégants arborant des panamas
chapeau que l’on ne voit qu’en étalage
il est beau de rencontrer les indigènes Kuna.

N’y allez pas pour voir de beaux bateaux de beaux chapeaux
mais pour une rencontre humaine.

Gâchis



je distille l’égoïsme
décante l’espérance
j’attends le déluge
ou j’expie mes péchés
dans l’enfer inexpugnable
des suppôts du système

J’exècre, j’excrète
je crache, sur l’épouvantable Babylone
mais je veux y placer un rouage
pour en exprimer
un dividende

j’attends une réponse
je suis prisonnier
derrière ses faux murs
prisonnier qui a une clé

je sors, et j’observe
ce qu’est la côte riche
ils marchent en ligne
avenue Coca-Colone
entre deux Mac dollar

les seuls qui m’ont parlé
m’ont demandé de l’argent
pour le mac feliz

Cela me gêne



La base de leur pensée est l’écu
leurs motivations pécuniaires
Nous avons huit soucis principaux
Nous avons huit douleurs
Au dos, à l’estomac,
aux entrailles, a l’occiput,
au porte monnaie, une à venir ,
à la fierté, au cœur.

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« Puis le choix de l’atome » : Pour une Poétique des Possibles.

 —  par Scarlett JESUS —


Le Gaïac est un bois brun verdâtre très dur. Il est aussi appelé “bois saint” ou “bois de vie” (anglais lignum vitae). On trouve cette essence dans les Amériques tropicales, par exemple dans les Antilles et au Venezuela. Guaiacum officinale et Guaiacum sanctum sont des petit arbres du genre Guaiacum de la famille des Zygophyllacées

 

 

Voici un ouvrage qui mériterait d’être lu par d’autres que les quelques rares privilégiés qui ont eu la faveur d’acquérir ce recueil sorti fin 2010. Un ouvrage qui révèle, à travers une écriture poétique contemporaine originale, un poète guadeloupéen s’inscrivant dans la lignée de MALLARMÉ, le père de la modernité poétique, et de SAINT-JOHN PERSE. Comme lui, ce poète écrit sous un pseudonyme. Il emprunte à MALLARMÉ son prénom, Stéphane, et se dote d’un patronyme quelque peu sibyllin « Od-Ray Gaïac ». Aux prénoms de ses deux parents et au nom d’un arbre des forêts guyanaises, au bois très dur, le gaïac, le poète associe d’autres éléments : un prénom féminin, Audrey, en référence possible avec une muse du 7ème art, Audrey Hepburn ; le nom d’un jazzman, Ray Charles,  précédé d’un curieux Od, peut-être l’abréviation médicale du latin oculus dexter (œil droit).

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Le printemps des poètes 2011 à la bibliothèque Schoelcher

— Par Christian Antourel —

 


 Par Christian Antourel

Chaque année au mois de mars, nous revient cette manifestation attendue dans tout l’hexagone. Intitulé cette année »Année de l’Outre-mer français » chez nous, c’est l’occasion de présenter cinq rencontres littéraires et poétiques, afin de célébrer et faire découvrir la poésie à travers cinq univers  d’auteurs.
Travelling annuel dans  l’histoire de la poésie. Le Printemps des Poètes 13 ème édition, est cette expression sans laquelle des œuvres du plus grand intérêt, resteraient cantonnées au  rôle accessoire et ornemental dans le paysage  littéraire. Au lieu de ce destin auquel  les condamnait le désengagement  d’une certaine presse spécialisée et des lecteurs non informés : Le Printemps des Poètes,  véritable ballet des mots et du geste poétique, s’impose comme le rendez-vous incontournable et promotionnel de la poésie.

 

Les intervenants ;

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WIDAD AMRA

Elle  parvient dans son écriture à recréer une époque, une histoire sociale derrière un  voile d’apparences  et de sonorités pures  jusque dans les entrelacs et les émanations   d’une humanité  à  l’infinie générosité.

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« Borlette, géoposie » de Max Jeanne

— Par Scarlett Jesus —

Max JEANNE : Honneur et respect pour HAÏTI.

par Scarlett JESUS

Haïti est l’objet d’un intérêt tout particulier en Guadeloupe. En décembre, Evelyne TROUILLOT recevait le Prix CARBET pour son roman La Mémoire aux abois. Le mois suivant, le public était invité à applaudir Ayiti, écrit et interprété par Daniel MARCELIN. Enfin, la semaine dernière, Max JEANNE publiait aux éditions NESTOR son quatrième recueil de poésies : Borlette. Ce titre, qui désigne un jeu de hasard à deux chiffres très prisé par les Haïtiens, est une métaphore pour désigner le destin d’un pays sur lequel s’abattent tous les malheurs : misère, cyclones et tremblement de terre meurtrier du 12 janvier 2010.
Le genre poétique auquel se rattache ce recueil est ouvertement affiché : il s’agit de « géopoésie ». Ce terme n’est pas tout à fait nouveau. Utilisé par Italo CARVINO en 1984, il a été repris par un autre écrivain Guadeloupéen, Daniel MAXIMIN, dans un essai, publié au Seuil en 2006, Les Fruits du cyclone, une géopoétique de la Caraïbe. Il désigne une volonté d’exprimer la culture d’une région en rendant compte du rapport particulier des habitants de celle-ci avec leur terre, le « paysage » sur lequel ils vivent.

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Hommage à Gérald Bloncourt, par Widad Amra, poétesse.

Autour de Gérald Bloncourt.
Intervention à la bibliothèque Schoelcher le Jeudi 17 Février 2011.


 

Monsieur Bloncourt

Je connais votre pays. J’aime votre pays dans ce qu’ il offre de créativité dans une grande diversité, dans ce qu’il offre de résistance dans le temps, dans ce qu’il offre de dignité, et dans ce qu’il dit de l’humanité. Et cela, au delà, de tous les Malgré. Passés et présents.

Mais vous, Monsieur Bloncourt, avec tout le respect que je vous dois, je ne vous connaissais pas.
Jusqu’à ce livre…Jusqu’au hasard amical qui a mis ce livre entre mes mains.
Et je dirais comme Jean Claude Charles, qui a écrit votre préface, mon étonnement.
«  A la fin des années 60, en Haïti, je ne connaissais pas l’existence de Gérald Bloncourt.

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Le souffle du pays, Nabd El Jazirah, de Widad Amra

 — Par Roland Sabra —

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La terre et le temps

 Après Regards d’errance en 2007, Salam shalon, en 2008, voici le troisième recueil poétique de Widad Amra. Il s’intitule  Le souffle du pays, Nabd El Jazirah.  C’est le souffle de l’île.

 

Une cinquantaine de pages sur la terre et les temps.

 

Le temps de sa terre. En ses temps .

 

En ces temps de tremblements où jamais la terre ne ment, où l’humain clame et réclame, où la mort célèbre l’âme des grands. De l’enterrement du poète au tremblement de Février. Ou l’inverse. Peu importe : « Le temps n’est pas dans la chronologie, la chronologie n’est qu’humaine ».  Des soubresauts du sol à ce temps, qui va et vient, qui se cherche quand le temps n’est plus, quand la mort engloutit terre et temps. Mais que reste l’espoir.

 

Widad Amra construit son livre en quatre temps donc.

 

Premier temps. Celui du dernier tremblement de terre, ici en sa terre. Elle nous dit l’étonnement, l’effroi et la peur de redécouvrir ce qu’elle savait depuis toujours.

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Outremer, Trois océans en poésie

         — Par Bruno Doucey —    


Aussi curieux que cela puisse paraître, aucune anthologie de poésie n’avait jusqu’alors été consacrée aux territoires de l’Outre-mer français.Bien sûr, depuis des années, des livres nous permettent de découvrir les poètes de Tahiti, de la Réunion ou des Antilles, mais aucun tour du monde en poésie n’avait encore été entrepris. C’est désormais chose faite : Outremer, trois océans en poésie se veut une invitation au voyage et à la rencontre. Celle qui permettra au lecteur de découvrir les richesses insoupçonnées des contrées ultra-marines.

Mais de quels territoires parle-t-on ? De ceux qui constituent, avec 2,6 millions d’habitants pour 120 000 km2, la France d’outre-mer. Départements, collectivités, territoires… les mots ont un sens, un passé, une histoire qui nous convient à découvrir la part métisse de nos identités, sans cesser d’élargir le champ de nos représentations.

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« Nabd El Jazirah », de Widad AMRA

— Par Isabelle Alfonso-Damico —

Nabd El Jazirah

 

widad_amra-1Parce que d’habitude, … disons en règle générale, l’auteur chouchoute son lecteur, le protège…

Parce que Widad est une femme, une mère, et même une jeune et merveilleuse grand mère…

Parce que le titre, écrit en arabe, sonnait à mes oreilles avec le souvenir, les racines, et la douceur de l’enfance…

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore tel que son sourire et son empathie à l’autre…

Je suis entrée avec douceur dans ce livre « Nabd El Jazirah »

je ne me suis pas méfiée…

Emportée par le rythme, entrainée par la passion, happée par la force de l’écriture,

j’ai été bousculée, renversée, malmenée par une plume

« Nabd el Jazirah »… le souffle cyclonique et tourbillonnant d’un délire. Me suis retrouvée littéralement scotché à mon oreiller

oui, …oui, j’étais tranquillement allongée dans mon lit, livre à la main, prête à voyager dans les racines « widadiennes.

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Traces

Par Eric Pezo. —

  Puisqu’il faut rendre à la terre ce qui appartient à la terre
Rendre à la lumière ce qui appartient à la lumière
Alors unissons nos cœurs et nos voix le temps d’une prière.

De grands marchands de rêves ont pris la route bleue
Qui mène à toutes les savanes du monde pour faire germer
Dans le ventre de la terre qui nous porte, un fleuve d’espoir.
Dans l’immense jardin de l’Art, des graines de lumière Africaines,
Caraïbéennes et d’un ailleurs fraternel habitent encore la sève
De grandes floraisons.

Au milieu de nos saisons de doute et de découragement
Leur foi, leur joie, ont su traire nos hésitations,
Jusqu’à faire roucler notre tambour intérieur,
Devant l’autel des cathédrales qui nous faisaient peur.

D’innombrables capitales résonnent encore de leur souffle
Tant leur talent a pénétré la chair des plus sceptiques, aujourd’hui conquis.
Ils ont fait de ce monde un autre théâtre où les acteurs que nous sommes
Demeurent en face de rêves possibles à condition de garder en mémoire
L’empreinte de leurs pas.

S’il fallait ici même, nommer ne serait-ce qu’une poignée d’entre eux,
Nous aurions pour la plupart d’entre nous le cœur en vertige
Tellement ils nous manquent.

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La fureur est tombée sur la ville écarlate

 par Michel Lercoulois

La fureur est tombée sur la ville écarlate
La fièvre se recuit dans des bouges saumâtres
Un gamin négligent asperge le trottoir
Exhibant sans pudeur un sexe minuscule
Des hommes apeurés reluquent les mamelles
Des filles blondes aux longues jambes nues
Les mendiants se disputent quelques reliefs pourris
Des voleurs farouches jouent leur butin aux dés
Dans les palais les ministres corrompus comptent leur or
Un roi sans joie besogne la chambrière de la reine
Un cul de jatte hagard est posé contre un mur
Les aveugles en passant le piquent de leur canne
Des bourgeoises esseulées pleurent les jours d’antan
Les maris repus de trop de chère bedonnent au fumoir
De jeunes loups naïfs aiguisent leurs couteaux
Sans savoir qu’ils seront les premiers transpercés
Les tendres demoiselles découvrent l’art du stupre
Elles veulent les mâles mûrs affamés et brutaux
Pour cultiver l’obscène entre gens de bon goût
Ailleurs dans les fabriques un vain peuple s’agite
Gens de peu pauvres et puants
Qui triment pour le pain le vin et le taudis
Où s’entasse une marmaille infâme
Aigres parfums de bouffe de merde et de pisse
Avec des cris parfois ou des vagissements
Une vieille à l’article gémit sur son grabat
Peut-être entend-elle les râles du coït
Elle qui aimait tant jadis foutre avec fougue
En bas dans la rue deux ivrognes s’embrassent
Ils mélangent leurs langues sans s’embarrasser
Des relents du pinard
La piquette des dieux
Le nectar des vieux cons
Partout dans la ville la vermine grouille
On est tous frères en Jésus-Christ, pas vrai ?

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Widad Amra à la Bibliothèque Schoelcher : la poétesse assassinée

 

— par Selim Lander —

Ma voix ténue de femme

en oriflamme

tremble de si peu de lumière.


Widad Amra est professeur de lettres au couvent de Cluny. Elle y préside aux destinées des classes à option théâtre dont on a pu admirer quelques remarquables productions lors des dernières rencontres académiques, au mois de juin dernier. Elle est aussi poète et présentait son dernier opus, Salam Shalom (L’Harmattan, 2008) à la Bibliothèque Schoelcher, le vendredi 14 novembre 2008. Alors que tant de poètes ne parviennent pas à communiquer oralement leurs œuvres, Widad Amra sait dire la poésie comme une comédienne confirmée, ce qui ne l’a pas empêché de donner de son texte une lecture pleine d’émotion et de sincérité.

Elle pratique une poésie sans contrainte de mètre ou de rime, une absence de règle qui se révèle trop souvent pleine de risque, comme le démontent tant de textes contemporains qui n’ont d’autre mérite que la bonne volonté (ou la naïveté) de leurs auteurs. Ce n’est nullement le cas ici, même si l’on doit admettre avec humilité que la poésie contemporaine présente tout autant de risque pour le critique que pour l’auteur.

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